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Munafa ebook

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Read Ebook: Histoire de la Révolution française Tome 04 by Thiers Adolphe

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Ebook has 383 lines and 91234 words, and 8 pages

HISTOIRE DE LA R?VOLUTION FRAN?AISE

PAR M.A. THIERS

DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE

TOME QUATRI?ME

CONVENTION NATIONALE.

On a vu, dans le pr?c?dent chapitre, dans quel ?tat d'exasp?ration se trouvaient les partis de l'int?rieur, et les mesures extraordinaires que le gouvernement r?volutionnaire avait prises pour r?sister ? la coalition ?trang?re et aux factions du dedans. C'est au milieu de ces circonstances, de plus en plus imminentes, que Dumouriez, revenu de Hollande, rejoignit son arm?e ? Louvain. Nous l'avons vu d?ployant son autorit? contre les commissaires du pouvoir ex?cutif, et repoussant de toutes ses forces le jacobinisme qui t?chait de s'introduire en Belgique. A toutes ces d?marches il en ajouta une plus hardie encore, et qui devait le conduire ? la m?me fin que Lafayette. Il ?crivit, le 12 mars, une lettre ? la convention, dans laquelle, revenant sur la d?sorganisation des arm?es op?r?e par Pache et les jacobins, sur le d?cret du 15 d?cembre, sur les vexations exerc?es contre les Belges, il imputait tous les maux pr?sens ? l'esprit d?sorganisateur qui se r?pandait de Paris sur la France, et de la France dans les pays affranchis par nos arm?es. Cette lettre, pleine d'expressions audacieuses, et surtout de remontrances, qu'il n'appartenait pas ? un g?n?ral de faire, arriva au comit? de s?ret? g?n?rale, au moment m?me o? de si nombreuses accusations s'?levaient contre Dumouriez, et o? l'on faisait de continuels efforts pour lui conserver la faveur populaire, et l'attacher lui-m?me ? la r?publique. Cette lettre fut tenue secr?te, et sur-le-champ on lui envoya Danton pour l'engager ? la r?tracter.

Dumouriez rallia son arm?e en avant de Louvain, ramena ses colonnes dispers?es, jeta un corps vers sa droite pour garder la Campine, et pour lier ses op?rations avec les derri?res de l'arm?e hasard?e en Hollande. Aussit?t apr?s, il se d?cida ? reprendre l'offensive pour rendre la confiance ? ses soldats. Le prince de Cobourg, apr?s s'?tre empar? du cours de la Meuse depuis Li?ge jusqu'? Ma?strich, et s'?tre port? au-del? jusqu'? Saint-Tron, avait fait occuper Tirlemont par un corps avanc?. Dumouriez fit reprendre cette ville; et, voyant que l'ennemi n'avait pas song? ? garder la position importante de Goidsenhoven, laquelle domine tout le terrain entre les deux Gettes, il y dirigea quelques bataillons, qui s'y ?tablirent sans difficult?. Le lendemain, 16 mars, l'ennemi voulut recouvrer cette position perdue, et l'attaqua avec une grande vigueur. Dumouriez, qui s'y attendait, la fit soutenir, et s'attacha ? ranimer ses troupes par ce combat. Les Imp?riaux repouss?s, apr?s avoir perdu sept ? huit cents hommes, repass?rent la petite Gette et all?rent se poster entre les villages de Neerlanden, Landen, Nerwinden, Overwinden et Racour. Les Fran?ais, encourag?s par cet avantage, se plac?rent de leur c?t? en avant de Tirlemont et dans plusieurs villages situ?s ? la gauche de la petite Gette, devenue la ligne de s?paration des deux arm?es.

Dumouriez r?solut d?s lors de donner une grande bataille, et cette pens?e ?tait aussi sage que hardie. La guerre m?thodique ne convenait pas ? ses troupes peu disciplin?es encore. Il fallait redonner de l'?clat ? nos armes, rassurer la convention, s'attacher les Belges, ramener l'ennemi au-del? de la Meuse, le fixer l? pour un temps, ensuite voler de nouveau en Hollande, p?n?trer dans une capitale de la coalition, et y porter la r?volution. A ces projets Dumouriez ajoutait encore, dit-il, le r?tablissement de la constitution de 1791, et le renversement des d?magogues, avec le secours des Hollandais et de son arm?e. Mais cette addition ?tait une folie, ici comme au moment o? il ?tait sur le Moerdik: ce qu'il y avait de sage, de possible et de vrai dans son plan, c'?tait de recouvrer son influence, de r?tablir nos armes, et d'?tre rendu ? ses projets militaires par une bataille gagn?e. L'ardeur renaissante de son arm?e, sa position militaire, tout lui donnait une esp?rance fond?e de succ?s; d'ailleurs il fallait beaucoup hasarder dans sa situation, et il ne devait pas h?siter.

Notre arm?e s'?tendait sur un front de deux lieues, et bordait la petite Gette, de Neer-Heylissem ? Leaw. Dumouriez r?solut d'op?rer un mouvement de conversion, qui ram?nerait l'ennemi entre Leaw et Saint-Tron. Sa gauche ?tant appuy?e ? Leaw comme sur un pivot, sa droite devait tourner par Neer-Heylissem, Racour et Landen, et obliger les Autrichiens ? reculer devant elle jusqu'? Saint-Tron. Pour cela il fallait traverser la petite Gette, franchir ses rives escarp?es, prendre Leaw, Orsma?l, Neerwinden, Overwinden et Racour. Ces trois derniers villages, faisant face ? notre droite, qui devait les parcourir dans son mouvement de conversion, formaient le principal point d'attaque. Dumouriez, divisant sa droite en trois colonnes aux ordres de Valence, leur enjoignit de passer la Gette au pont de Neer-Heylissem: l'une devait d?border l'ennemi, l'autre prendre vivement la tombe ?lev?e de Middelwinden, foudroyer de cette hauteur le village d'Overwinden et s'en emparer, la troisi?me attaquer le village de Neerwinden par sa droite. Le centre, confi? au duc de Chartres, et compos? de deux colonnes, avait ordre de passer au pont d'Esema?l, de traverser Laer, et d'attaquer de front Neerwinden, d?j? menac? sur son premier flanc par la troisi?me colonne. Enfin, la gauche, aux ordres de Miranda, devait se diviser en deux et trois colonnes, occuper Leaw et Orsma?l, et s'y maintenir, tandis que le centre et la droite, marchant en avant apr?s la victoire, op?reraient le mouvement de conversion, qui ?tait le but de la bataille.

Ces dispositions furent arr?t?es le 17 mars au soir. Le lendemain 18, d?s neuf heures du matin, toute l'arm?e s'?branla avec ordre et ardeur. La Gette fut travers?e sur tous les points. Miranda fit occuper Leaw par Champmorin, il s'empara lui-m?me d'Orsma?l, et engagea une canonnade avec l'ennemi, qui s'?tait retir? sur les hauteurs de Halle, et s'y ?tait fortement retranch?. Le but se trouvait atteint sur ce point. Au centre et ? droite, le mouvement s'op?ra ? la m?me heure, les deux parties de l'arm?e travers?rent Elissem, Esema?l, Neer-Heylissem, et, malgr? un feu meurtrier, franchirent avec beaucoup de courage les hauteurs escarp?es qui bordaient la Gette. La colonne de l'extr?me droite traversa Racour, d?borda dans la plaine, et au lieu de s'y ?tendre, comme elle en avait l'ordre, commit la faute de se replier sur Overwinden pour chercher l'ennemi. La seconde colonne de la droite, apr?s avoir ?t? retard?e dans sa marche, se lan?a avec une imp?tuosit? h?ro?que sur la tombe ?lev?e de Middelwinden, et en chassa les imp?riaux; mais au lieu de s'y ?tablir fortement, elle ne fit que la traverser, et s'empara d'Overwinden. La troisi?me colonne entra dans Neerwinden, et commit une autre faute par l'effet d'un malentendu, celle de s'?tendre trop t?t hors du village, et de s'exposer par l? ? en ?tre expuls?e par un retour des Imp?riaux. L'arm?e fran?aise touchait cependant ? son but; mais le prince de Cobourg ayant d'abord commis la faute de ne pas attaquer nos troupes ? l'instant o? elles traversaient la Gette, et gravissaient ses bords escarp?s, la r?parait en donnant un ordre g?n?ral de reprendre les positions abandonn?es. Des forces sup?rieures ?taient port?es sur notre gauche contre Miranda. Clerfayt, profitant de ce que la premi?re colonne n'avait pas persist? ? le d?border, de ce que la seconde ne s'?tait pas ?tablie sur la tombe de Middelwinden, de ce que la troisi?me et les deux composant le centre s'?taient accumul?es confus?ment dans Neerwinden, traversait la plaine de Landen, reprenait Racour, la tombe de Middelwinden, Overwinden et Neerwinden. Dans ce moment, les Fran?ais ?taient dans une position d?sastreuse. Chass?s de tous les points qu'ils avaient occup?s, rejet?s sur le penchant des hauteurs, d?bordes par leur droite, foudroy?s sur leur front par une artillerie sup?rieure, menac?s par deux corps de cavalerie, et ayant une rivi?re ? dos, ils pouvaient ?tre d?truits, et l'auraient ?t? certainement si l'ennemi, au lieu de porter la plus grande partie de ses forces sur leur gauche, e?t pouss? plus vivement leur centre et leur droite. Dumouriez, accourant alors sur ce point menac?, rallie ses colonnes, fait reprendre la tombe de Middelwinden, et marche lui-m?me sur Neerwinden, d?j? pris deux fois par les Fran?ais, et repris deux fois aussi par les Imp?riaux. Dumouriez y rentre pour la troisi?me fois, apr?s un horrible carnage. Ce malheureux village ?tait encombr? d'hommes et de chevaux, et dans la confusion de l'attaque, nos troupes s'y ?taient accumul?es et d?band?es. Dumouriez, sentant le danger, abandonne ce champ embarrass? de d?bris humains, et recompose ses colonnes ? quelque distance du village. L?, il s'entoure d'artillerie, et se dispose ? se maintenir sur ce champ de bataille. Dans ce moment, deux colonnes de cavalerie fondent sur lui; l'une de Neerwinden, l'autre d'Overwinden. Valence pr?vient la premi?re ? la t?te de la cavalerie fran?aise, la charge imp?tueusement, la repousse, et, couvert de glorieuses blessures, est oblig? de c?der son commandement au duc de Chartres. Le g?n?ral Thouvenot re?oit la seconde avec calme, la laisse s'engager au sein de notre infanterie, dont il fait ouvrir les rangs, puis il ordonne tout ? coup une double d?charge de mitraille et de mousqueterie, qui, faite ? bout portant, accable la cavalerie imp?riale et la d?truit presque enti?rement. Dumouriez reste ainsi ma?tre du champ de bataille, et s'y ?tablit pour achever le lendemain son mouvement de conversion.

La journ?e avait ?t? sanglante; mais le plus difficile semblait ex?cut?. La gauche, ?tablie d?s le matin ? Leaw et Orsma?l, devait n'avoir plus rien ? faire, et le feu ayant cess? ? deux heures apr?s midi, Dumouriez croyait qu'elle avait conserv? son terrain. Il se regardait comme victorieux, puisqu'il occupait tout le champ de bataille. Cependant la nuit approchait, la droite et le centre allumaient leurs feux, et aucun officier n'?tait venu apprendre ? Dumouriez, de la part de Miranda, ce qui se passait sur son flanc gauche. Alors il con?oit des doutes, et bient?t des inqui?tudes. Il part ? cheval avec deux officiers et deux domestiques, et trouve le village de Laer abandonn? par Dampierre, qui commandait sous le duc de Chartres l'une des deux colonnes du centre. Dumouriez apprend l? que la gauche, enti?rement d?band?e, avait repass? la Gette, et avait fui jusqu'? Tirlemont; et que Dampierre, se voyant alors d?couvert, s'?tait report? en arri?re, au poste qu'il occupait le matin avant la bataille. Il part aussit?t ventre ? terre, accompagn? de ses deux domestiques et de ses deux officiers, manque d'?tre pris par les hulans autrichiens, arrive vers minuit ? Tirlemont, et trouve Miranda qui s'?tait repli? ? deux lieues du champ de bataille, et que Valence, transport? l? par suite de ses blessures, engageait vainement ? se reporter en avant. Miranda, entr? ? Orsma?l d?s le matin, avait ?t? attaqu? au moment o? les Imp?riaux reprenaient toutes leurs positions. La plus grande partie des forces de l'ennemi avait port? sur son aile, qui form?e en partie des volontaires nationaux, s'?tait d?band?e et avait fui jusqu'? Tirlemont. Miranda, entra?n?, n'avait eu ni le temps ni la force de rallier ses soldats, quoique Miacsinsky f?t venu ? son secours avec un corps de troupes fra?ches; il ne songea m?me pas ? en faire pr?venir le g?n?ral en chef. Quant ? Champmorin, plac? ? Leaw avec la derni?re colonne, il s'y ?tait maintenu jusqu'au soir, et n'avait song? ? rentrer ? Bingen, son point de d?part, que vers la fin de la journ?e.

L'arm?e fran?aise se trouva ainsi d?tach?e, partie en arri?re de la Gette, partie en avant; et si l'ennemi, moins intimid? par une action aussi opini?tre, e?t voulu pousser ses avantages, il pouvait couper notre ligne, an?antir notre droite camp?e ? Neerwinden, et mettre en fuite la gauche d?j? repli?e. Dumouriez, sans s'?pouvanter, se d?cide froidement ? la retraite, et d?s le lendemain matin il se pr?pare ? l'ex?cuter. Pour cela, il s'empare de l'aile de Miranda, t?che de lui rendre quelque courage, et veut la reporter en avant pour arr?ter l'ennemi sur la gauche de la ligne, tandis que le centre et la droite, faisant leur retraite, essaieront de repasser la Gette. Mais cette portion de l'arm?e, abattue par sa d?faite de la veille, n'avance qu'avec peine. Heureusement Dampierre, qui avait repass? la Gette le jour m?me avec une colonne du centre, appuie le mouvement de Dumouriez, et se conduit avec autant d'intelligence que de courage. Dumouriez, toujours au milieu de ses bataillons, les soutient, et veut les conduire sur la hauteur de Wommersem, qu'ils avaient occup?e la veille avant le commencement de la bataille. Les Autrichiens y avaient plac? des batteries, et faisaient de ce point un feu meurtrier. Dumouriez se met ? la t?te de ces soldats abattus, leur fait sentir qu'il vaut mieux tenter l'attaque que de recevoir un feu continu, qu'ils en seront quittes pour une charge, bien moins meurtri?re pour eux que cette froide immobilit? en pr?sence d'une artillerie foudroyante. Deux fois il les ?branle, et deux fois, comme d?courag?s par le souvenir de la veille, ils s'arr?tent; et tandis qu'ils supportent avec une constance h?ro?que le feu Des hauteurs de Wommersem, il n'ont pas le courage beaucoup plus facile de charger ? la ba?onnette. Dans cet instant un boulet emporte le cheval de Dumouriez: il est renvers? et couvert de terre. Ses soldats ?pouvant?s sont pr?ts ? fuir ? cette vue, mais il se rel?ve avec une extr?me promptitude, remonte ? cheval, et continue ? les maintenir sur le champ de bataille.

Pendant ce temps, le duc de Chartres op?rait la retraite de la droite et de la moiti? du centre. Conduisant ses quatre colonnes avec autant d'intr?pidit? que d'intelligence, il se retire froidement en pr?sence d'un ennemi formidable, et traverse les trois ponts de la Gette sans avoir ?t? entam?. Dumouriez replie alors son aile gauche, ainsi que la colonne de Dampierre, et rentre dans les positions de la veille, en pr?sence d'un ennemi saisi d'admiration pour sa belle retraite. Le 19, l'arm?e se trouvait, comme le 17, entre Hackenhoven et Goidsenhoven, mais avec une perte de quatre mille morts, avec une d?sertion de plus de dix mille fuyards, qui couraient d?j? vers l'int?rieur, et avec le d?couragement d'une bataille perdue.

Dumouriez, d?vor? de chagrins, agit? de sentimens contraires, songeait tant?t ? se battre ? outrance contre les Autrichiens, tant?t ? d?truire la faction des jacobins, auxquels il attribuait la d?sorganisation et les revers de son arm?e. Dans les acc?s de sa violente humeur, il parlait tout haut contre la tyrannie de Paris, et ses propos, r?p?t?s par son ?tat-major, circulaient dans toute l'arm?e. N?anmoins, quoique livr? ? un singulier d?sordre d'esprit, il ne perdit pas le sang-froid n?cessaire dans une retraite, et il fit les meilleures dispositions pour occuper long-temps la Belgique par les places fortes, s'il ?tait oblig? de l'?vacuer avec ses arm?es. En cons?quence il ordonna au g?n?ral d'Harville de jeter une forte garnison dans le ch?teau de Namur, et de s'y maintenir avec une division. Il envoya le g?n?ral Ruault ? Anvers pour recueillir les vingt mille hommes de l'exp?dition de Hollande, et garder l'Escaut, Tandis que de bonnes garnisons occuperaient Breda et Gertruydenberg. Son but ?tait de former ainsi un demi-cercle de places fortes, passant par Namur, Mons, Tournay, Courtray, Anvers, Breda et Gertruydenberg; de se placer au centre de ce demi-cercle, et d'y attendre les renforts n?cessaires pour agir plus ?nergiquement. Le 22, il livra, devant Louvain, un combat de position aux Imp?riaux, qui fut aussi grave que celui de Goidsenhoven, et leur co?ta autant de monde. Le soir, il eut une entrevue avec le colonel Mack, officier ennemi qui exer?ait une grande influence sur les op?rations des coalis?s, par la r?putation dont il jouissait en Allemagne. Ils convinrent de ne plus livrer de combats d?cisifs, de se suivre lentement et en bon ordre, pour ?pargner le sang des soldats et m?nager les pays qui ?taient le th??tre de la guerre. Cette esp?ce d'armistice, toute favorable aux Fran?ais, qui se seraient d?band?s s'ils avaient ?t? attaqu?s vivement, convenait aussi parfaitement au timide syst?me de la coalition, qui, apr?s avoir recouvr? la Meuse, ne voulait plus rien tenter de d?cisif avant la prise de Mayence. Telle fut la premi?re n?gociation de Dumouriez avec l'ennemi. La politesse du colonel Mack, ses mani?res engageantes, purent disposer l'esprit si agit? du g?n?ral ? recourir ? des secours ?trangers. Il commen?ait ? ne plus apercevoir d'avenir dans la carri?re o? il se trouvait engag?: si quelques mois auparavant il pr?voyait succ?s, gloire, influence, en commandant les arm?es fran?aises, et si cette esp?rance le rendait plus indulgent pour les violences r?volutionnaires, aujourd'hui battu, d?popularis?, attribuant la d?sorganisation de son arm?e ? ces m?mes violences, il voyait avec horreur des d?sordres qu'il avait pu autrefois ne consid?rer qu'avec indiff?rence. ?lev? dans les cours, ayant vu de ses yeux quelle machine fortement organis?e il fallait pour assurer la dur?e d'un ?tat, il ne pouvait concevoir que des bourgeois soulev?s pussent suffire ? une op?ration aussi compliqu?e que celle du gouvernement. Dans une telle situation, si un g?n?ral, administrateur et guerrier ? la fois, tient la force dans ses mains, il est difficile que l'id?e ne lui vienne pas de l'employer pour terminer des d?sordres qui ?pouvantent sa pens?e et menacent m?me sa personne. Dumouriez ?tait assez hardi pour concevoir une pareille id?e; et, ne voyant plus d'avenir en servant la r?volution par des victoires, il songea ? s'en former un autre en ramenant cette r?volution ? la constitution de 1791, et en la r?conciliant ? ce prix avec toute l'Europe. Dans ce plan, il fallait un roi, et les hommes importaient assez peu ? Dumouriez pour qu'il ne s'inqui?t?t pas beaucoup du choix. On lui reprocha alors de vouloir placer sur le tr?ne la maison d'Orl?ans. Ce qui porta ? le croire, c'est son affection pour le duc de Chartres, auquel il avait m?nag? ? l'arm?e le r?le le plus brillant. Mais cette preuve ?tait fort insignifiante, car le jeune duc avait m?rit? tout ce qu'il avait obtenu, et d'ailleurs rien ne prouvait dans sa conduite un concert avec Dumouriez. Une autre consid?ration persuada tous les esprits: c'est que, dans le moment, il n'y avait pas d'autre choix possible, si l'on voulait cr?er une dynastie nouvelle. Le fils du roi mort ?tait trop jeune, et d'ailleurs le r?gicide n'admettait pas une r?conciliation aussi prompte avec la dynastie. Les oncles ?taient en ?tat d'hostilit?; et il ne restait que la branche d'Orl?ans, aussi compromise dans la r?volution que les jacobins eux-m?mes, et seule capable d'?carter toutes les craintes des r?volutionnaires. Si l'esprit agit? de Dumouriez s'arr?ta ? un choix, il ne put en former d'autre alors, et ce fut cette n?cessit? qui le fit accuser de songer ? mettre la famille d'Orl?ans sur le tr?ne. Il le nia dans l'?migration; mais cette d?n?gation int?ress?e ne prouve rien; et il ne faut pas plus le croire sur ce point que sur la date ant?rieure qu'il a pr?tendu donner ? ses desseins. Il a voulu dire en effet que son projet de r?sistance contre les jacobins ?tait plus ancien, mais ce fait est faux. Ce n'est qu'alors, c'est-?-dire lorsque la carri?re des succ?s lui fut ferm?e, qu'il songea ? s'en ouvrir une autre. Dans ce projet, il entrait du ressentiment personnel, du chagrin de ses revers, enfin une indignation sinc?re, mais tardive, contre les d?sordres sans issue qu'il pr?voyait maintenant sans aucune illusion.

Le 22, il trouva ? Louvain Danton et Lacroix qui venaient lui demander raison de la lettre ?crite le 12 mars ? la convention, et tenue secr?te par le comit? de s?ret? g?n?rale. Danton, avec lequel il sympathisait, esp?rait le ramener ? des sentimens plus calmes, et le rattacher ? la cause commune. Mais Dumouriez traita les deux commissaires et Danton lui-m?me avec beaucoup d'humeur, et leur laissa d?couvrir les plus sinistres dispositions. Il se r?pandit en nouvelles plaintes contre la convention et les jacobins, et ne voulut pas r?tracter sa lettre. Seulement il consentit ? ?crire deux mots, pour dire qu'il en donnerait plus tard l'explication. Danton et Lacroix partirent sans avoir rien pu obtenir, et le laissant dans la plus violente agitation.

Le 23, apr?s une r?sistance assez vive pendant toute la journ?e, plusieurs corps abandonn?rent leurs postes, et il fut oblig? de quitter Louvain en d?sordre. Heureusement l'ennemi n'aper?ut rien de ce mouvement, et n'en profita pas pour achever de jeter la confusion dans notre arm?e, en la poursuivant. Dumouriez s?para alors la troupe de ligne des volontaires, la r?unit ? l'artillerie, et en composa un corps d'?lite de quinze mille Hommes, avec lequel il se pla?a lui-m?me ? l'arri?re-garde. L?, se montrant au milieu de ses soldats, escarmouchant tous les jours avec eux, il parvint ? donner ? sa retraite une attitude plus ferme. Il fit ?vacuer Bruxelles avec beaucoup d'ordre, traversa cette ville le 25, et le 27 vint camper ? Ath. L?, il eut de nouvelles conf?rences avec le colonel Mack, en fut trait? avec beaucoup de d?licatesse et d'?gards; et cette entrevue, qui n'avait pour objet que de r?gler les d?tails de l'armistice, se changea bient?t en une n?gociation plus importante. Dumouriez confia tous ses ressentimens au colonel ?tranger, et lui d?couvrit ses projets de renverser la convention nationale. Ici, abus? par le ressentiment, s'exaltant sur l'id?e d'une d?sorganisation g?n?rale, le sauveur de la France dans l'Argonne obscurcit sa gloire en traitant avec un ennemi dont l'ambition devait rendre toutes les intentions suspectes, et dont la puissance ?tait alors la plus dangereuse pour nous. Il n'y a, comme nous l'avons d?j? dit, qu'un choix pour l'homme de g?nie dans ces situations difficiles: ou se retirer et abdiquer toute influence, pour ne pas ?tre complice d'un syst?me qu'il d?sapprouve; ou s'isoler du mal qu'il ne peut emp?cher, et faire une chose, une seule chose, toujours morale, toujours glorieuse, travailler ? la d?fense de son pays.

Dumouriez convint avec le colonel Mack qu'il y aurait une suspension d'armes entre les deux arm?es; que les Imp?riaux n'avanceraient pas sur Paris, pendant qu'il y marcherait lui-m?me, et que l'?vacuation de la Belgique serait le prix de cette condescendance; il fut aussi stipul? que la place de Cond? serait temporairement donn?e en garantie, et que, dans le cas o? Dumouriez aurait besoin des Autrichiens, ils seraient ? ses ordres. Les places fortes devaient recevoir des garnisons compos?es d'une moiti? d'imp?riaux et d'une moiti? de Fran?ais, mais sous le commandement de chefs fran?ais, et ? la paix toutes les places seraient rendues. Telles furent les coupables conventions faites par Dumouriez avec le prince de Cobourg, par l'interm?diaire du colonel Mack.

On ne connaissait encore ? Paris que la d?faite de Neerwinden et l'?vacuation successive de la Belgique. La perte d'une grande bataille, une retraite pr?cipit?e, concourant avec les nouvelles qu'on avait re?ues de l'Ouest, y caus?rent la plus grande agitation. Un complot avait ?t? d?couvert ? Rennes, et il paraissait tram? par les Anglais, les seigneurs bretons et les pr?tres non asserment?s. D?j? des mouvemens avaient ?clat? dans l'Ouest, ? l'occasion de la chert? des subsistances et de la menace de ne plus payer le culte; maintenant c'?tait dans le but avou? de d?fendre la cause de la monarchie absolue. Des rassemblemens de paysans, demandant le r?tablissement du clerg? et des Bourbons, s'?taient montr?s aux environs de Rennes et de Nantes. Orl?ans ?tait en pleine insurrection, et le repr?sentant Bourdon avait manqu? d'y ?tre assassin?. Les r?volt?s s'?levaient d?j? ? plusieurs milliers d'hommes. Il ne fallait rien moins que des arm?es et des g?n?raux pour les r?duire. Les grandes villes d?p?chaient leurs gardes nationales; le g?n?ral Labourdonnaie avan?ait avec son corps, et tout annon?ait une guerre civile des plus sanglantes. Ainsi, d'une part, nos arm?es se retiraient devant la coalition, de l'autre la Vend?e se levait, et jamais la fermentation ordinairement produite par le danger n'avait d? ?tre plus grande.

A peu pr?s ? cette ?poque, et ? la suite du 10 mars, on avait imagin? de r?unir les chefs des deux opinions au comit? de s?ret? g?n?rale, pour qu'ils pussent s'y expliquer sur les motifs de leurs divisions. C'est Danton qui avait provoqu? l'entrevue.

Les querelles de tous les jours ne satisfaisaient point des haines qu'il n'avait pas, l'exposaient ? une discussion de conduite qu'il redoutait, et arr?taient l'oeuvre de la r?volution qui lui ?tait si ch?re. Il en d?sirait donc la fin. Il avait montr? une grande bonne foi dans les diff?rens entretiens, et s'il prenait l'initiative, s'il accusait les girondins, c'?tait pour ?carter les reproches dont il aurait pu ?tre l'objet. Les girondins, tels que Buzot, Guadet, Vergniaud, Gensonn?, avec leur d?licatesse accoutum?e, se justifiaient comme si l'accusation e?t ?t? s?rieuse, et pr?chaient un converti en argumentant avec Danton. Il n'en ?tait pas de m?me avec Robespierre: on l'irritait en voulant le convaincre, et on cherchait ? lui d?montrer ses torts, comme si cette d?monstration avait d? l'apaiser. Pour Marat, qui s'?tait cru n?cessaire ? ces conf?rences, personne n'avait daign? lui donner une explication, et ses amis m?mes, pour n'avoir pas ? se justifier de cette alliance, ne lui adressaient jamais la parole. De pareilles conf?rences devaient aigrir plut?t que radoucir les chefs oppos?s: fussent-ils parvenus ? se prouver r?ciproquement leurs torts, une telle d?monstration ne les e?t certainement pas concili?s. Les choses en ?taient ? ce point, lorsque les ?v?nemens de la Belgique furent connus ? Paris.

Sur-le-champ on s'accusa de part et d'autre; on se reprocha de contribuer aux d?sastres publics, les uns en d?sorganisant le gouvernement, les autres en voulant ralentir son action. On demanda des explications sur la conduite de Dumouriez. On lut la lettre du 12 mars, qui avait ?t? tenue secr?te, et ? cette lecture on s'?cria que Dumouriez trahissait, que bien ?videmment il tenait la conduite de Lafayette, et qu'? son exemple il commen?ait sa trahison par des lettres insolentes ? l'assembl?e. Une seconde lettre, ?crite le 27 mars, et plus hardie que celle du 12, excita encore davantage les soup?ons. De tous c?t?s on pressa Danton d'expliquer ce qu'il savait de Dumouriez. Personne n'ignorait que ces deux hommes avaient du go?t l'un pour l'autre, que Danton avait insist? pour tenir secr?te la lettre du 12 mars, et qu'il ?tait parti pour en obtenir la r?tractation. On disait m?me qu'ils avaient malvers? ensemble dans la riche Belgique. Aux Jacobins, dans le comit? de d?fense g?n?rale, dans l'assembl?e, on somma Danton de s'expliquer. Celui-ci, embarrass? des soup?ons des girondins et des doutes des montagnards eux-m?mes, ?prouva pour la premi?re fois quelque peine ? r?pondre. Il dit que les grands talens de Dumouriez avaient paru m?riter des m?nagemens; qu'on avait cru convenable de le voir, avant de le d?noncer, afin de lui faire sentir ses torts, et le ramener, s'il ?tait possible, ? de meilleurs sentimens; que jusqu'ici les commissaires n'avaient vu dans sa conduite que l'effet de mauvaises suggestions, et surtout le chagrin de ses derniers revers; mais qu'ils avaient cru, et qu'ils croyaient encore, pouvoir conserver ses talens ? la r?publique.

Sur-le-champ on songea, comme on le faisait toujours dans les momens de danger, ? acc?l?rer l'action du pouvoir ex?cutif et celle des tribunaux, pour se garantir ? la fois de ce qu'on appelait l'ennemi ext?rieur et int?rieur.

Ainsi la concentration des pouvoirs dans la convention, l'installation du tribunal r?volutionnaire, le commencement de l'inquisition contre les suspects, un redoublement de haine contre les d?put?s qui r?sisteraient ? ces moyens extraordinaires, furent le r?sultat de la bataille de Nerwinde, de la retraite de la Belgique, des menaces de Dumouriez, et des mouvements de la Vend?e.

L'humeur de Dumouriez s'?tait accrue avec ses revers. Il venait d'apprendre que l'arm?e de Hollande se retirait en d?sordre, abandonnait Anvers et l'Escaut, en laissant dans Breda et Gertruydenberg les deux garnisons fran?aises; que d'Harville n'avait pu garder le ch?teau de Namur, et se repliait sur Givet et Maubeuge; que Neuilly enfin, loin de pouvoir se maintenir ? Mons, s'?tait vu oblig? de se retirer sur Cond? et Valenciennes, parce que sa division, au lieu de prendre position sur les hauteurs de Nimy, avait pill? les magasins et pris la fuite. Ainsi, par suite des d?sordres de cette arm?e, il voyait s'?vanouir le projet de former en Belgique un demi-cercle de places fortes, qui aurait pass? de Namur en Flandre et en Hollande, et au centre duquel il se serait plac? pour agir avec plus d'avantage. Il n'avait bient?t plus rien ? offrir en ?change aux Imp?riaux, et il tombait sous leur d?pendance en s'affaiblissant. Sa col?re augmentait en approchant de la France, en voyant les d?sordres de plus pr?s, et en entendant les cris qui s'?levaient contre lui. D?j? il ne se cachait plus; et ses paroles, prof?r?es en pr?sence de son ?tat-major, et r?p?t?es dans l'arm?e, annon?aient les projets qui fermentaient dans sa t?te. La soeur du duc d'Orl?ans et Mme de Sillery, fuyant les proscriptions qui les mena?aient, s'?taient rendues en Belgique pour chercher une protection aupr?s de leurs fr?res. Elles ?taient ? Ath, et ce fut un nouvel aliment donn? aux soup?ons.

Trois envoy?s jacobins, un nomm? Dubuisson, r?fugi? de Bruxelles, Proly, fils naturel de Kaunitz, et Pereyra, juif portugais, se rendirent ? Ath, sous le pr?texte faux ou vrai d'une mission de Lebrun. Ils se transport?rent aupr?s du g?n?ral en espions du gouvernement, et n'eurent aucune peine ? d?couvrir des projets que Dumouriez ne cachait plus. Ils le trouv?rent entour? du g?n?ral Valence et des fils d'Orl?ans, furent fort mal re?us, et entendirent les paroles les moins flatteuses pour les jacobins et la convention. Cependant le lendemain ils revinrent et obtinrent un entretien secret. Cette fois Dumouriez se d?cela enti?rement: Il commen?a par leur dire qu'il ?tait assez fort pour se battre devant et derri?re; que la convention ?tait compos?e de deux cents brigands et de Six cents imb?ciles, et qu'il se moquait de ses d?crets, qui bient?t n'auraient plus de valeur que dans la banlieue de Paris. <> Ensuite il s'emporta contre les volontaires, qu'il appelait des l?ches; il dit qu'il ne voulait plus que des troupes de ligne, et qu'avec elles il irait mettre fin ? tous les d?sordres de Paris. <> Dumouriez cherche un moment, puis ajoute: <>

Les trois envoy?s, soit, comme l'a cru Dumouriez, qu'ils vinssent le sonder dans l'int?r?t des jacobins, soit qu'ils voulussent l'engager ? se d?voiler davantage, lui sugg?rent alors une id?e. Pourquoi, lui disent-ils, ne mettrait-il pas les jacobins, qui sont un corps d?lib?rant tout pr?par?, ? la place de la convention? Une indignation m?l?e de m?pris ?clate ? ces mots sur le visage du g?n?ral, et ils retirent leur proposition. Ils lui parlent alors du danger auquel son projet exposerait les Bourbons qui sont d?tenus au Temple, et auxquels il para?t s'int?resser. Dumouriez r?plique aussit?t que, p?riraient-ils tous jusqu'au dernier, ? Paris et ? Coblentz, la France trouverait un chef et serait sauv?e; qu'au reste, si Paris commettait de nouvelles barbaries sur les infortun?s prisonniers du Temple, il y serait sur-le-champ, et qu'avec douze mille hommes il en serait le ma?tre. Il n'imiterait pas l'imb?cile de Broglie, qui, avec trente mille hommes, avait laiss? prendre la Bastille; mais avec deux postes, ? Nogent et ? Pont-Saint-Maxence, il ferait mourir les Parisiens de faim. <>

Ses interlocuteurs lui parlent alors de ses dangers. <>

Dumouriez avait raison de ne pas redouter le sort de Lafayette; on estimait trop ses talens, et on n'estimait pas assez la fermet? de ses principes, pour l'enfermer ? Olm?tz. Les trois envoy?s le quitt?rent en lui disant qu'ils allaient sonder Paris et les jacobins sur ce sujet.

Dumouriez, tout en croyant ses interlocuteurs de purs jacobins, ne s'en ?tait pas exprim? avec moins d'audace. Dans ce moment en effet ses projets devenaient ?videns. Les troupes de ligne et les volontaires s'observaient avec d?fiance, et tout annon?ait qu'il allait lever le drapeau de la r?volte.

Le pouvoir ex?cutif avait re?u des rapports alarmans, et le comit? de s?ret? g?n?rale avait propos? et fait rendre un d?cret par lequel Dumouriez ?tait mand? ? la barre. Quatre commissaires, accompagn?s du ministre de la guerre, ?taient charg?s de se transporter ? l'arm?e pour notifier le d?cret et amener le g?n?ral ? Paris. Ces quatre commissaires ?taient Bancal, Quinette, Camus et Lamarque. Beurnonville s'?tait joint ? eux, et son r?le ?tait difficile ? cause de l'amiti? qui l'unissait ? Dumouriez.

Cette commission partit le 30 mars. Le m?me jour Dumouriez se porta au champ de Bruille, d'o? il mena?ait ? la fois les trois places importantes de Lille, Cond? et Valenciennes. Il ?tait fort incertain sur le parti qu'il devait prendre, car son arm?e ?tait partag?e. L'artillerie, la troupe de ligne, la cavalerie, tous les corps organis?s lui paraissaient d?vou?s; mais les volontaires nationaux commen?aient ? murmurer et ? se s?parer des autres. Dans cette situation, il ne lui restait qu'une ressource, c'?tait de d?sarmer les volontaires. Mais il s'exposait ? un combat, et l'?preuve ?tait difficile, parce que les troupes de ligne pouvaient avoir de la r?pugnance ? ?gorger des compagnons d'armes. D'ailleurs, parmi ces volontaires il y en avait qui s'?taient fort bien battus, et qui paraissaient lui ?tre attach?s. H?sitant sur cette mesure de rigueur, il songea ? s'emparer des trois places au centre desquelles il s'?tait port?. Par leur moyen il se procurait des vivres, et il avait un point d'appui contre l'ennemi, dont il se d?fiait toujours. Mais l'opinion ?tait divis?e dans ces trois places. Les soci?t?s populaires, aid?es des volontaires, s'y ?taient soulev?es contre lui, et mena?aient la troupe de ligne. A Valenciennes et ? Lille, les commissaires de la convention excitaient le z?le des r?publicains, et dans Cond? seulement l'influence de la division Neuilly donnait l'avantage ? ses partisans. Parmi les g?n?raux de division, Dampierre se conduisait ? son ?gard, comme lui-m?me avait fait ? l'?gard de Lafayette apr?s le 10 ao?t; et plusieurs autres, sans se d?clarer encore, ?taient pr?ts ? l'abandonner.

Le 1er avril, il transporta son quartier-g?n?ral aux Boues de Saint-Amand, pour ?tre plus rapproch? de Cond?. Il fit arr?ter le fils de Lecointre, d?put? de Versailles, et l'envoya comme otage ? Tournay, en priant l'Autrichien Clerfayt de le faire garder en d?p?t dans la citadelle. Le 2 au soir, les quatres d?put?s de la convention, pr?c?d?s de Beurnonville, arriv?rent chez Dumouriez. Les hussards de Berchiny ?taient en bataille devant sa porte, et tout son ?tat-major ?tait rang? autour de lui. Dumouriez embrassa d'abord son ami Beurnonville, et demanda aux d?put?s l'objet de leur mission. Ils refus?rent de s'expliquer devant cette foule d'officiers dont les dispositions leur paraissaient peu rassurantes, et ils voulurent passer dans un appartement voisin. Dumouriez y consentit, mais les officiers exig?rent que la porte en rest?t ouverte. Camus lui lut alors le d?cret, en lui enjoignant de s'y soumettre. Dumouriez r?pondit que l'?tat de son arm?e exigeait sa pr?sence, et que, lorsqu'elle serait r?organis?e, il verrait ce qu'il aurait ? faire. Camus insista avec force; mais Dumouriez r?pondit qu'il ne serait pas assez dupe pour se rendre ? Paris, et se livrer au tribunal r?volutionnaire; que des tigres demandaient sa t?te, mais qu'il ne voulait pas la leur donner. Les quatre commissaires l'assur?rent en vain qu'on n'en voulait pas ? sa personne, qu'ils r?pondaient de lui, que cette d?marche satisferait la convention, et qu'il serait bient?t rendu ? son arm?e. Il ne voulut rien entendre, il les pria de ne pas le pousser ? l'extr?mit?, et leur dit qu'ils feraient mieux de prendre un arr?t? mod?r?, par lequel ils d?clareraient que dans le moment le g?n?ral Dumouriez leur avait paru trop n?cessaire pour l'arracher ? son arm?e. Il sortit en achevant ces mots, et leur enjoignit de se d?cider. Il repassa alors avec Beurnonville dans la salle o? se trouvait l'?tat-major, et attendit au milieu de ses officiers l'arr?t? des commissaires. Ceux-ci, avec une noble fermet?, sortirent un instant apr?s, et lui r?it?r?rent leur sommation. <> Les hussards accoururent. <> Beurnonville le pria de lui faire partager leur sort. <>

Dumouriez leur fit donner ? manger, et les envoya ensuite ? Tournay, pour ?tre gard?s en otage par les Autrichiens. D?s le lendemain matin, il monta ? cheval, fit une proclamation ? l'arm?e et ? la France, et trouva dans ses soldats, surtout ceux de la ligne, les dispositions en apparence les plus favorables.

Toutes ces nouvelles ?taient successivement arriv?es ? Paris. On y avait connu l'entrevue de Dumouriez avec Proly, Dubuisson et Pereyra, ses tentatives sur Lille et Valenciennes, et enfin l'arrestation des quatre commissaires. Sur-le-champ la convention, les assembl?es municipales, les soci?t?s populaires, s'?taient d?clar?es permanentes, la t?te de Dumouriez avait ?t? mise ? prix, tous les parens des officiers de son arm?e avaient ?t? mis en arrestation pour servir d'otages. On ordonna dans Paris et les villes voisines la lev?e d'un corps de quarante mille hommes pour couvrir La capitale, et Dampierre re?ut le commandement g?n?ral de l'arm?e de la Belgique. A ces mesures d'urgence se joignirent, comme toujours, des calomnies. Partout on rangeait ensemble Dumouriez, d'Orl?ans, les girondins, et on les d?clarait complices. Dumouriez ?tait, disait-on, un de ces aristocrates militaires, un membre de ces anciens ?tats-majors, dont on ne cessait de d?voiler les mauvais principes; d'Orl?ans ?tait le premier de ces grands qui avaient feint pour la libert? un faux attachement, et qui se d?masquaient apr?s une hypocrisie de quelques ann?es; les girondins enfin n'?taient que des d?put?s devenus infid?les comme tous les membres de tous les c?t?s droits, et qui abusaient de leurs mandats pour perdre la libert?. Dumouriez ne faisait, un peu plus tard, que ce que Bouill? et Lafayette avaient fait plus t?t; d'Orl?ans tenait la m?me conduite que les autres membres de la famille des Bourbons, et il avait seulement persist? dans la r?volution un peu plus long-temps que le comte de Provence; les girondins, comme Maury et Cazal?s dans la constituante, comme Vaublanc et Pastoret dans la l?gislative, trahissaient leur patrie aussi visiblement, mais seulement ? des ?poques diff?rentes. Ainsi, Dumouriez, d'Orl?ans, Brissot, Vergniaud, Guadet, Gensonn?, etc., tous complices, ?taient les tra?tres de cette ann?e.

Les girondins r?pondaient en disant qu'ils avait toujours poursuivi d'Orl?ans, et que c'?taient les montagnards qui l'avaient d?fendu; qu'ils ?taient brouill?s avec Dumouriez et sans relation avec lui, et qu'au contraire ceux qui avaient ?t? envoy?s aupr?s de lui dans la Belgique, ceux qui l'avaient suivi dans toutes ses exp?ditions, ceux qui s'?taient toujours montr?s ses amis, et qui avaient m?me palli? sa conduite, ?taient des montagnards. Lasource, poussant la hardiesse plus loin, eut l'imprudence de d?signer Lacroix et Danton, et de les accuser d'avoir arr?t? le z?le de la convention, en d?guisant la conduite de Dumouriez. Ce reproche de Lasource r?veillait les soup?ons ?lev?s d?j? sur la conduite de Lacroix et de Danton dans la Belgique. On disait en effet qu'ils avaient ?chang? l'indulgence avec Dumouriez: qu'il avait support? leurs rapines, et qu'ils avaient excus? sa d?fection. Danton, qui ne demandait aux girondins que le silence, fut rempli de fureur, s'?lan?a ? la tribune, leur jura une guerre ? mort. <> Agitant son visage effrayant, mena?ant du poing le c?t? droit de l'assembl?e: <>

Le r?sultat de ces accusations r?ciproques fut: 1? la nomination d'une commission charg?e d'examiner la conduite des commissaires envoy?s dans la Belgique; 2? l'adoption d'un d?cret qui devait avoir des cons?quences funestes, et qui portait que, sans avoir ?gard ? l'inviolabilit? des repr?sentans, ils seraient mis en accusation d?s qu'ils seraient fortement pr?sum?s de complicit? avec les ennemis de l'?tat; 3? enfin, la mise en arrestation et la translation dans les prisons de Marseille, de Philippe d'Orl?ans et de toute sa famille. Ainsi, la destin?e de ce prince, jouet de tous les partis, tour ? tour suspect aux jacobins et aux girondins, et accus? de conspirer avec tout le monde parce qu'il ne conspirait avec personne, ?tait la preuve qu'aucune grandeur pass?e ne pouvait subsister au milieu de la r?volution actuelle, et que le plus profond, et le plus volontaire abaissement ne pourrait ni calmer les d?fiances, ni conjurer l'?chafaud.

Dumouriez ne crut pas devoir perdre un moment. Voyant Dampierre et plusieurs g?n?raux de division l'abandonner, d'autres n'attendre que le moment favorable, et une foule d'?missaires travailler ses troupes, il pensait qu'il fallait les mettre en mouvement, pour entra?ner ses officiers et ses soldats, et les soustraire ? toute autre influence que la sienne. D'ailleurs, le temps pressait, il fallait agir. En cons?quence, il fit fixer un rendez-vous avec le prince de Cobourg, pour le 4 avril au matin, afin de r?gler d?finitivement avec lui et le colonel Mack les op?rations qu'il m?ditait. Le rendez-vous devait avoir lieu pr?s de Cond?. Son projet ?tait d'entrer ensuite dans la place, de purger la garnison, et se portant avec toute son arm?e sur Orchies, de menacer Lille, et de t?cher de la r?duire en d?ployant toutes ses forces.

D?s le matin en effet, il remonta ? cheval, et, accompagn? par des cavaliers imp?riaux, il rentra par Maulde au milieu de son arm?e. Quelques troupes de ligne l'entour?rent et lui donn?rent encore des d?monstrations d'attachement; cependant beaucoup de visages ?taient mornes. La nouvelle de sa fuite ? Bury, au milieu des arm?es ennemies, et la vue des dragons imp?riaux, avaient produit une impression funeste pour lui, honorable pour nos soldats, et heureuse pour la fortune de la France. On lui apprit en effet que l'artillerie, sur la nouvelle qu'il avait pass? aux Autrichiens, venait de quitter le camp, et que la retraite de cette portion de l'arm?e si influente avait d?courag? le reste. Des divisions enti?res se rendaient ? Valenciennes, et se ralliaient ? Dampierre. Il se vit alors oblig? de quitter d?finitivement son arm?e, et de repasser aux Imp?riaux. Il y fut suivi par un nombreux ?tat-major, dans lequel se trouvaient les deux jeunes d'Orl?ans, et Thouvenot, et par les hussards de Berchiny, dont le r?giment tout entier voulut l'accompagner.

Le prince de Cobourg et le colonel Mack, dont il ?tait devenu l'ami, le trait?rent avec beaucoup d'?gards, et on voulut renouveler avec lui les projets de la veille, en le faisant le chef d'une nouvelle ?migration qui serait autre que celle de Coblentz. Mais apr?s deux jours, il dit au prince autrichien que c'?tait avec les soldats de la France, et en acceptant les Imp?riaux seulement comme auxiliaires, qu'il avait cru ex?cuter ses projets contre Paris; mais que sa qualit? de Fran?ais ne lui permettait pas de marcher ? la t?te des ?trangers. Il demanda des passeports pour se retirer en Suisse. On les lui accorda sur-le-champ. Le grand cas qu'on faisait de ses talens, et le peu de cas qu'on faisait de ses principes politiques, lui valurent des ?gards que n'avait pas obtenus Lafayette, qui, dans ce moment, expiait dans les cachots d'Olmutz sa constance h?ro?que. Ainsi finit la carri?re de cet homme sup?rieur, qui avait montr? tous les talens, ceux du diplomate, de l'administrateur, du capitaine; tous les courages, celui de l'homme civil qui r?siste aux orages de la tribune, celui du soldat qui brave le boulet ennemi, celui du g?n?ral qui affronte et les situations d?sesp?r?es et les hasards des entreprises les plus audacieuses; mais qui, sans principes, sans l'ascendant moral qu'ils procurent, sans autre influence que celle du g?nie, bient?t us?e dans cette rapide succession de choses et d'hommes, essaya fortement de lutter avec la r?volution, et prouva par un ?clatant exemple, qu'un individu ne pr?vaut contre une passion nationale que lorsqu'elle est ?puis?e. En passant ? l'ennemi, Dumouriez n'eut pour excuse ni l'ent?tement aristocratique de Bouill?, ni la d?licatesse de principes de Lafayette, car il avait tol?r? tous les d?sordres, jusqu'au moment o? ils avaient contrari? ses projets. Par sa d?fection, il peut s'attribuer d'avoir acc?l?r? la chute des girondins et la grande crise r?volutionnaire. Cependant il ne faut pas oublier que cet homme, sans attachement pour aucune cause, avait pour la libert? une pr?f?rence de raison; il ne faut pas oublier qu'il ch?rissait la France; que, lorsque personne ne croyait ? la possibilit? de r?sister ? l'?tranger, il l'essaya, et crut en nous plus que nous-m?mes; qu'? Saint-Menehould, il nous apprit ? envisager l'ennemi de sang-froid; qu'? Jemmapes, il nous enflamma, et nous repla?a au rang des premi?res puissances: il ne faut pas oublier enfin que, s'il nous abandonna, il nous avait sauv?s. D'ailleurs il a tristement vieilli loin de sa patrie, et on ne peut se d?fendre d'un profond regret, ? la vue d'un homme dont cinquante ann?es se pass?rent dans les intrigues de cour, trente dans l'exil, et dont trois seulement furent employ?es sur un th??tre digne de son g?nie.

Dampierre re?ut le commandement en chef de l'arm?e du Nord, et retrancha ses troupes au camp de Famars, de mani?re ? secourir celles de nos places qui seraient menac?es. La force de cette position et le plan de campagne m?me des coalis?s, d'apr?s lequel ils ne devaient pas p?n?trer plus avant jusqu'? ce que Mayence f?t reprise, retardaient n?cessairement de ce c?t? les ?v?nemens de la guerre. Custine, qui, pour expier ses fautes, n'avait pas cess? d'accuser ses coll?gues et les ministres, fut ?cout? avec faveur en parlant contre Beurnonville, que l'on regardait comme complice de Dumouriez, quoique livr? par lui aux Autrichiens; et il obtint tout le commandement du Rhin, depuis les Vosges et la Moselle jusqu'? Huningue. Comme la d?fection de Dumouriez avait commenc? par des n?gociations, on d?cr?ta la peine de mort contre le g?n?ral qui ?couterait les propositions de l'ennemi sans que pr?alablement la souverainet? du peuple et la r?publique eussent ?t? reconnues. On nomma ensuite Bouchotte ministre de la guerre, et Monge, quoique tr?s agr?able aux jacobins par sa complaisance, fut remplac? comme ne pouvant suffire ? tous les d?tails de son immense minist?re. Il fut d?cid? encore que trois commissaires de la convention r?sideraient constamment aupr?s des arm?es, et que chaque mois il y en aurait un de renouvel?.

Les membres d?sign?s pour en faire partie ?taient, Barr?re, Delmas, Br?ard, Cambon, Jean Debry, Danton, Guithon Morveaux, Treilhard, Lacroix d'Eure-et-Loir.

Ce comit?, quoiqu'il ne r?un?t pas encore tous les pouvoirs, avait cependant une influence immense: il correspondait avec les commissaires de l? convention, leur donnait leurs instructions, pouvait substituer aux mesures d?s ministres toutes celles qu'il lui plaisait d'imaginer.

Par Cambon il avait les finances, et avec Danton il devait acqu?rir l'audace et l'influence de ce puissant chef de parti. Ainsi, par l'effet croissant du danger, on marchait vers la dictature.

Revenus de la terreur caus?e par la d?sertion de Dumouriez, les partis songeaient maintenant ? s'en imputer la complicit?, et le plus fort devait n?cessairement accabler le plus faible. Les sections, les soci?t?s populaires, par lesquelles tout commen?ait ordinairement, prenaient l'initiative et d?non?aient les girondins par des p?titions et des adresses.

Plusieurs sections condamn?rent la r?union de l'?v?ch?; et celle du Mail fit, ? ce sujet, une p?tition ?nergique ? la convention. Celle de Bonne-Nouvelle vint, au contraire, lire une adresse dans laquelle elle d?non?ait, comme amis et complices de Dumouriez, Brissot, Vergniaud, Guadet, Gensonn?, etc., et demandait qu'on les frapp?t du glaive des lois. Apr?s de vives agitations, en sens contraires, les p?titionnaires re?urent les honneurs de la s?ance; mais il fut d?clar? qu'? l'avenir l'assembl?e n'entendrait plus d'accusation contre ses membres, et que toute d?nonciation de ce genre serait d?pos?e au comit? de salut public.

La section de la Halle-aux-Bl?s, qui ?tait l'une des plus violentes, fit une nouvelle p?tition, sous la pr?sidence de Marat, et l'envoya aux Jacobins, aux sections et ? la commune, pour qu'elle re??t leur approbation, et que, sanctionn?e ainsi par toutes les autorit?s de la capitale, elle f?t solennellement pr?sent?e par le maire Pache ? la convention. Dans cette p?tition, colport?e de lieux en lieux, et universellement connue, on disait qu'une partie de la convention ?tait corrompue, qu'elle conspirait avec les accapareurs, qu'elle ?tait complice de Dumouriez, et qu'il fallait la remplacer par les suppl?ans. Le 10 avril, tandis que cette p?tition circulait de section en section, P?tion, indign?, demande la parole pour une motion d'ordre. Il s'?l?ve, avec une v?h?mence qui ne lui ?tait pas ordinaire, contre les calomnies dont une partie de la convention est l'objet, et il demande des mesures de r?pression. Danton, au contraire, r?clame une mention honorable en faveur de la p?tition qui se pr?pare. P?tion, r?volt?, veut qu'on envoie ses auteurs au tribunal r?volutionnaire. Danton r?pond que de vrais Repr?sentans, forts de leur conscience, ne doivent pas craindre la calomnie, qu'elle est in?vitable dans une r?publique, et que d'ailleurs on n'a encore ni repouss? les Autrichiens, ni fait une constitution, et que par cons?quent il est douteux que la convention ait m?rit? des ?loges. Il insiste ensuite pour qu'on cesse de s'occuper de querelles particuli?res, et pour que ceux qui se croient calomni?s s'adressent aux tribunaux. On ?carte donc la question; mais Fonfr?de la ram?ne, et on l'?carte encore. Robespierre, passionn? pour les querelles personnelles, la reproduit de nouveau, et demande ? d?chirer le voile. On lui accorde la parole, et il commence contre les girondins la plus am?re, la plus atroce diffamation qu'il se f?t encore permise. Il faut s'arr?ter ? ce discours, qui montre comment la conduite de ses ennemis se peignait dans sa sombre intelligence.

Telle est la mani?re dont Robespierre explique et la d?fection de Dumouriez, et l'opposition des girondins. Apr?s avoir longuement d?velopp? cet artificieux tissu de calomnies, il propose d'envoyer au tribunal r?volutionnaire les complices de Dumouriez, tous les d'Orl?ans et leurs amis. <>

<>

<> Vergniaud demande ensuite qu'on mande la section de la Halle-aux-Bl?s, et qu'on se fasse apporter ses registres.

Le talent de Vergniaud avait captiv? jusqu'? ses ennemis. Sa bonne foi, sa touchante ?loquence, avaient int?ress? et entra?n? la grande majorit? de l'assembl?e, et on lui prodiguait de toutes parts les plus vifs t?moignages. Guadet demande la parole; mais ? sa vue la Montagne silencieuse s'?branle, et pousse des cris affreux. La s?ance fut suspendue, et ce ne fut que le 12 que Guadet obtint ? son tour la facult? de r?pondre ? Robespierre, et le fit de mani?re ? exciter les passions bien plus vivement que Vergniaud. Personne, selon lui, n'avait conspir?; mais les apparences, s'il y en avait, ?taient bien plus contre les montagnards et les jacobins qui avaient eu des relations avec Dumouriez et ?galit?, que contre les girondins qui ?taient brouill?s avec tous deux. <>

<> A ces mots, l'assembl?e se soul?ve, et demande le d?cret d'accusation contre Marat. Danton s'y oppose, en disant que des deux c?t?s de l'assembl?e on paraissait d'accord pour accuser la famille d'Orl?ans, qu'il fallait donc l'envoyer devant les tribunaux, mais qu'on ne pouvait accuser Marat pour un cri jet? au milieu d'une discussion orageuse. On r?pond ? Danton que les d'Orl?ans ne doivent plus ?tre jug?s ? Paris, mais ? Marseille. Il veut parler encore, mais, sans l'?couter, on donne la priorit? au d?cret d'accusation contre Marat, et Lacroix demande qu'il soit mis sur-le-champ en arrestation. <> Sans ?couter ces ridicules boutades, il est mis en arrestation, et on ordonne la r?daction de l'acte d'accusation pour le lendemain ? midi.

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