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Munafa ebook

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Read Ebook: Histoire de la Révolution française Tome 04 by Thiers Adolphe

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Ebook has 383 lines and 91234 words, and 8 pages

<> A ces mots, l'assembl?e se soul?ve, et demande le d?cret d'accusation contre Marat. Danton s'y oppose, en disant que des deux c?t?s de l'assembl?e on paraissait d'accord pour accuser la famille d'Orl?ans, qu'il fallait donc l'envoyer devant les tribunaux, mais qu'on ne pouvait accuser Marat pour un cri jet? au milieu d'une discussion orageuse. On r?pond ? Danton que les d'Orl?ans ne doivent plus ?tre jug?s ? Paris, mais ? Marseille. Il veut parler encore, mais, sans l'?couter, on donne la priorit? au d?cret d'accusation contre Marat, et Lacroix demande qu'il soit mis sur-le-champ en arrestation. <> Sans ?couter ces ridicules boutades, il est mis en arrestation, et on ordonne la r?daction de l'acte d'accusation pour le lendemain ? midi.

Robespierre courut aux Jacobins exprimer son indignation, c?l?brer l'?nergie de Danton, la mod?ration de Marat, et leur recommander d'?tre calmes, afin qu'on ne p?t pas dire que Paris s'?tait insurg? pour d?livrer un jacobin.

Le lendemain, l'acte d'accusation fut lu et approuv? par l'assembl?e, et l'accusation, tant de fois propos?e contre Marat, fut s?rieusement poursuivie devant le tribunal r?volutionnaire.

C'?tait le projet d'une p?tition contre les girondins qui avait amen? ces violentes explications entre les deux c?t?s de l'assembl?e; mais il ne fut rien statu? ? cet ?gard, et on ne pouvait rien statuer en effet, puisque l'assembl?e n'avait pas la force d'arr?ter les mouvemens qui produisaient les p?titions. On suivit avec activit? le projet d'une adresse g?n?rale de toutes les sections, et on convint d'une r?daction uniforme; sur quarante-trois sections, trente-cinq y avaient adh?r?; le conseil g?n?ral de la commune l'approuva, et le 15 avril les commissaires des trente-cinq sections, ayant le maire Pache ? leur t?te, s'?taient pr?sent?s ? la barre. C'?tait en quelque sorte le manifeste par lequel la commune de Paris d?clarait ses intentions, et mena?ait de l'insurrection en cas de refus. Ainsi elle avait fait avant le 10 ao?t, ainsi elle faisait ? la veille du 31 mai. Rousselin, orateur et commissaire de l'une des sections, en fit la lecture. Apr?s avoir retrac? la conduite criminelle d'un certain nombre de d?put?s, la p?tition demandait leur expulsion de la convention, et les ?num?rait l'un apr?s l'autre. Ils ?taient vingt-deux: Brissot, Guadet, Vergniaud, Gensonn?, Grangeneuve, Buzot, Barbaroux, Salles, Biroteau, Pont?coulant, P?tion, Lanjuinais, Valaz?, Hardy, Louvet, Lehardy, Gorsas, Fauchet, Lanth?nas, Lasource, Valady, Chambon.

Les tribunes applaudissent ? la lecture de ces noms. Le pr?sident avertit les p?titionnaires que la loi les oblige ? signer leur p?tition. Ils s'empressent de le faire. Pache seul, essayant de prolonger sa neutralit?, demeure en arri?re. On lui demande sa signature; il r?pond qu'il n'est pas du nombre des p?titionnaires, et qu'il a seulement ?t? charg? par le conseil g?n?ral de les accompagner. Mais, voyant qu'il ne peut pas reculer, il s'avance et signe la p?tition. Les tribunes l'en r?compensent par de bruyans applaudissemens.

Boyer-Fonfr?de se pr?sente aussit?t ? la tribune, et dit que si la modestie n'?tait pas un devoir, il demanderait ? ?tre ajout? ? la glorieuse liste des vingt-deux d?put?s. La majorit? de l'assembl?e, saisie d'un mouvement g?n?reux, s'?crie: <> Aussit?t on accourt aupr?s d?s vingt-deux d?put?s, on leur donne les t?moignages les plus expressifs d'int?r?t, on les embrasse, et la discussion, interrompue par cette sc?ne, est renvoy?e aux jours suivans.

La discussion s'engage ? l'?poque fix?e. Les reproches et les justifications recommencent entre les deux c?t?s de l'assembl?e. Des d?put?s du centre, profitant de quelques lettres ?crites sur l'?tat des arm?es, proposent de s'occuper des int?r?ts g?n?raux de la r?publique, et de n?gliger les querelles particuli?res. On y consent, mais le 18 une nouvelle p?tition contre le c?t? droit ram?ne ? celle des trente-cinq sections. On d?nonce en m?me temps divers actes de la commune: par l'un, elle se d?clare en ?tat continuel de r?volution, et par un autre, elle ?tablit dans son sein un comit? de correspondance avec toutes les municipalit?s du royaume. Depuis long-temps elle cherchait en effet ? donner ? son autorit? toute locale un caract?re de g?n?ralit?, qui lui permit de parler au nom de la France, et de rivaliser d'autorit? avec la convention. Le comit? de l'?v?ch?, dissous de l'avis des jacobins, avait aussi eu pour objet de mettre Paris en communication avec les autres villes; et maintenant la commune y voulait suppl?er, en organisant cette correspondance dans son propre sein. Vergniaud prend la parole, et attaquant ? la fois la p?tition des trente-cinq sections, les actes qu'on impute ? la commune, et les projets que sa conduite d?c?le, demande que la p?tition soit d?clar?e calomnieuse, et que la municipalit? soit tenue d'apporter ses registres ? l'assembl?e pour faire conna?tre les arr?t?s qu'elle a pris. Ces propositions sont admises, malgr? les tribunes et le c?t? gauche. Dans ce moment, le c?t? droit, soutenu par la Plaine, commen?ait ? emporter toutes les d?cisions. Il avait fait nommer pour pr?sident Lasource, l'un de ses membres les plus chauds; et il avait encore la majorit?, c'est-?-dire la l?galit?, faible ressource contre la force, et qui sert tout au plus ? l'irriter davantage.

Les officiers municipaux, mand?s ? la barre, viennent hardiment soumettre leurs registres des d?lib?rations, et semblent attendre l'approbation de leurs arr?t?s. Ces registres portaient, 1? que le conseil-g?n?ral se d?clarait en ?tat de r?volution, tant que les subsistances ne seraient pas assur?es; 2? que le comit? de correspondance avec les quarante-quatre mille municipalit?s serait compos? de neuf membres, et mis incessamment en activit?; 3? que douze mille exemplaires de la p?tition contre les vingt-deux seraient imprim?s, et distribu?s par le comit? de correspondance; 4? enfin, que le conseil g?n?ral se regarderait comme frapp? lorsqu'un de ses membres, ou bien un pr?sident, un secr?taire de section ou de club, seraient poursuivis pour leurs opinions. Ce dernier arr?t? avait ?t? pris pour garantir Marat, qui ?tait accus? pour avoir sign?, en qualit? de pr?sident de section, une adresse s?ditieuse.

La commune, comme on le voit, r?sistait pied ? pied ? l'assembl?e, et sur chaque point d?battu prenait une d?cision contraire ? la sienne. S'agissait-il des subsistances, elle se constituait en r?volution, si les moyens violens ?taient refus?s. S'agissait-il de Marat, elle le couvrait de son ?gide. S'agissait-il des vingt-deux, elle en appelait aux quarante-quatre mille municipalit?s, et se mettait en correspondance avec elles, pour leur demander en quelque sorte des pouvoirs g?n?raux contre la convention. L'opposition ?tait compl?te sur tous les points, et de plus accompagn?e de pr?paratifs d'insurrection.

A peine la lecture des registres est-elle achev?e, que Robespierre jeune demande aussit?t les honneurs de la s?ance pour les officiers municipaux. Le c?t? droit s'y oppose; la Plaine h?site, et dit qu'il serait peut-?tre dangereux de d?consid?rer les magistrats aux yeux du peuple, en leur refusant un honneur banal qu'on ne refusait pas m?me aux plus simples p?titionnaires. Au milieu de ces d?bats tumultueux, la s?ance se prolonge jusqu'? onze heures du soir; le c?t? droit, la Plaine, se retirent, et cent quarante-trois membres restent seuls ? la Montagne pour admettre aux honneurs de la s?ance la municipalit? parisienne. Dans le m?me jour, d?clar?e calomniatrice, repouss?e par la majorit?, et admise seulement aux honneurs de la s?ance par la Montagne et les tribunes, elle devait ?tre profond?ment irrit?e, et devenir le point de ralliement de tous ceux qui voulaient briser l'autorit? de la convention.

Quoique le tribunal r?volutionnaire ne f?t pas compos? alors comme il le fut plus tard, n?anmoins Marat n'y pouvait ?tre condamn?. La discussion dura ? peine quelques instans. L'accus? fut absous ? l'unanimit?, aux applaudissemens d'une foule nombreuse accourue pour assister ? son jugement. C'?tait le 24 avril. Il est aussit?t entour? par un cort?ge nombreux compos? de femmes, de sans-culottes ? piques, et de d?tachemens des sections arm?es. On se saisit de lui, et on se rend ? la convention pour le replacer sur son si?ge de d?put?. Deux officiers municipaux ouvrent la marche. Marat, ?lev? sur les bras de quelques sapeurs, le front ceint d'une couronne de ch?ne, est port? en triomphe au milieu de la salle. Un sapeur se d?tache du cort?ge, se pr?sente ? la barre et dit: <> En disant ces mots, l'horrible p?titionnaire agitait sa hache, et les tribunes applaudissaient avec un affreux tumulte. Il demande, pour le cort?ge, la permission de d?filer dans la salle. <> r?pond le pr?sident Lasource, constern? de cette sc?ne hideuse. Mais on ne veut pas attendre qu'il ait consult? l'assembl?e, et de toute part la foule se pr?cipite dans la salle. Des femmes, des hommes, se r?pandent dans l'enceinte, occupent les places vacantes par le d?part des d?put?s, r?volt?s de ce spectacle. Marat arrive enfin, transmis de mains en mains et couvert d'applaudissemens. Des bras des p?titionnaires il passe dans ceux de ses coll?gues de la Montagne, et on l'embrasse avec les plus grandes d?monstrations de joie. Il s'arrache enfin du milieu de ses coll?gues, court ? la tribune, et d?clare aux l?gislateurs qu'il vient leur offrir un coeur pur, un nom justifi?, et qu'il est pr?t ? mourir pour d?fendre la libert? et les droits du peuple.

La col?re de la Montagne provenait des obstacles qu'elle rencontrait; mais ces obstacles ?taient bien plus grands encore dans les provinces qu'? Paris, et les contrari?t?s qu'allaient ?prouver sur leur route ses commissaires envoy?s pour presser le recrutement, devaient bient?t pousser son irritation au dernier terme. Toutes les provinces ?taient parfaitement dispos?es pour la r?volution, mais toutes ne l'avaient pas embrass?e avec autant d'ardeur, et ne s'?taient pas signal?es par autant d'exc?s que la ville de Paris. Ce sont les ambitions oisives, les esprits ardens, les talens sup?rieurs, qui les premiers s'engagent dans les r?volutions; une capitale en renferme toujours beaucoup plus que les provinces, parce qu'elle est le rendez-vous de tous les hommes qui, par ind?pendance ou ambition, abandonnent le sol, la profession et les traditions de leurs p?res. Paris devait donc produire les plus grands r?volutionnaires. Plac?e en outre ? peu de distance des fronti?res, but de tous les coups de l'ennemi, cette ville avait couru plus de danger qu'aucune cit? de la France: si?ge des autorit?s, elle avait vu s'agiter dans son sein toutes les grandes questions. Ainsi le danger, la dispute, tout s'?tait r?uni pour produire chez elle l'emportement et les exc?s. Les provinces, qui n'?taient pas soumises aux m?mes causes d'agitation, avaient vu ces exc?s avec effroi, et partageaient les sentimens du c?t? droit et de la Plaine. M?contentes surtout des traitemens essuy?s par leurs d?put?s, elles croyaient voir dans la capitale, outre l'exag?ration r?volutionnaire, l'ambition de dominer la France, comme Rome dominait les provinces conquises. Telles ?taient les dispositions de la masse calme, industrieuse, mod?r?e, ? l'?gard des r?volutionnaires de Paris. Cependant ces dispositions ?taient plus ou moins prononc?es suivant les circonstances locales. Chaque province, chaque cit? avait aussi ses r?volutionnaires emport?s, parce qu'en tous lieux se trouvent des esprits aventureux, des caract?res ardens. Presque tous les hommes de cette esp?ce s'?taient empar?s des municipalit?s, et ils avaient profit? pour cela du renouvellement g?n?ral des autorit?s, ordonn? par la l?gislative apr?s le 10 ao?t. La masse inactive et mod?r?e c?de toujours le pas aux plus empress?s, et il ?tait naturel que les individus les plus violens s'emparassent des fonctions municipales, les plus difficiles de toutes, et qui exigeaient le plus de z?le et d'activit?. Les citoyens paisibles, qui forment le grand nombre, s'?taient retir?s dans les sections, o? ils allaient donner quelquefois leurs votes, et exercer leurs droits civiques. Les fonctions d?partementales avaient ?t? conf?r?es aux notables les plus riches et les plus consid?r?s, et par cela m?me les moins actifs et les moins ?nergiques des hommes. Ainsi tous les chauds r?volutionnaires ?taient retranch?s dans les municipalit?s, tandis que la masse moyenne et riche occupait les sections et les fonctions d?partementales.

La commune de Paris, sentant cette position, avait voulu se mettre en correspondance avec toutes les municipalit?s. Mais, comme on l'a vu, elle en avait ?t? emp?ch?e par la convention. La soci?t?-m?re des jacobins y avait suppl?? par sa propre correspondance, et la relation qui n'avait pas pu s'?tablir encore de municipalit? ? municipalit?, existait de club ? club, ce qui revenait ? peu pr?s au m?me, car les m?mes hommes qui D?lib?raient dans les clubs jacobins, allaient agir ensuite dans les conseils g?n?raux des communes. Ainsi tout le parti jacobin de la France, r?uni dans les municipalit?s et dans les clubs, correspondant d'un bout du territoire ? l'autre, se trouvait en pr?sence de la masse moyenne, masse immense, mais divis?e dans une multitude de sections, n'exer?ant pas de fonctions actives, ne correspondant pas de ville en ville, formant ?? et l? quelques clubs mod?r?s, et se r?unissant quelquefois dans les sections ou dans les conseils de d?partemens pour donner un vote incertain et timide.

C'est cette diff?rence de position qui pouvait faire esp?rer aux r?volutionnaires de dominer la masse de la population. Cette masse admettait la r?publique, mais la voulait pure d'exc?s, et dans le moment elle avait encore l'avantage dans toutes les provinces. Depuis que les municipalit?s, arm?es d'une police terrible, ayant la facult? de faire des visites domiciliaires, de rechercher les ?trangers, de d?sarmer les suspects, pouvaient vexer impun?ment les citoyens paisibles, les sections avaient essay? de r?agir, et elles s'?taient r?unies pour imposer aux municipalit?s. Dans presque toutes les villes de France, elles avaient pris un peu de courage, elles ?taient en armes, r?sistaient aux municipalit?s, s'?levaient contre leur police inquisitoriale, soutenaient le c?t? droit, et r?clamaient avec lui l'ordre, la paix, le respect des Personnes et des propri?t?s. Les municipalit?s et les clubs jacobins demandaient, au contraire, de nouvelles mesures de police, et l'institution de tribunaux r?volutionnaires dans les d?partemens. Dans certaines villes on ?tait pr?t ? en venir aux mains pour ces questions. Cependant les sections ?taient si fortes par le nombre, qu'elles dominaient l'?nergie des municipalit?s. Les d?put?s montagnards, envoy?s pour presser le recrutement et ranimer le z?le r?volutionnaire, s'effrayaient de cette r?sistance, et remplissaient Paris de leurs alarmes.

Dans tout le reste du Midi jusqu'? Marseille, l'esprit r?publicain mod?r? r?gnait d'une mani?re plus ?gale, et les girondins poss?daient l'attachement g?n?ral de la contr?e. Marseille jalousait la supr?matie de Paris, ?tait irrit?e des outrages faits ? son d?put? ch?ri, Barbaroux, et pr?te ? se soulever contre la convention, si on attaquait la repr?sentation nationale. Quoique riche, elle n'?tait pas situ?e d'une mani?re favorable pour les contre-r?volutionnaires du dehors, car elle ne touchait qu'? l'Italie, o? rien ne se tramait, et son port n'int?ressait pas les Anglais comme celui de Toulon. Les men?es secr?tes n'y avaient donc pas autant effarouch? les esprits qu'? Lyon et Paris, et la municipalit?, faible et menac?e, ?tait pr?s d'?tre destitu?e par les sections toutes puissantes. Le d?put? Mo?se-Bayle, assez mal re?u, avait trouv? l? beaucoup d'ardeur pour le recrutement, mais un d?vouement absolu pour la Gironde.

A partir du Rh?ne, et de l'est ? l'ouest jusqu'aux bords de l'Oc?an, cinquante ou soixante d?partemens manifestaient les m?mes dispositions. A Bordeaux enfin l'unanimit? ?tait compl?te. L?, les sections, la municipalit?, le club principal, tout le monde ?tait d'accord pour combattre la violence montagnarde et pour soutenir cette glorieuse d?putation de la Gironde, ? laquelle on ?tait si fier d'avoir donn? le jour. Le parti contraire n'avait trouv? d'asile que dans une seule section, et partout ailleurs il se trouvait impuissant et condamn? au silence. Bordeaux ne demandait ni taxe, ni denr?es, ni tribunal r?volutionnaire, et pr?parait ? la fois des p?titions contre la commune de Paris, et des bataillons pour le service de la r?publique.

Mais le long des c?tes de l'Oc?an, en tirant de la Gironde ? la Loire, et de la Loire aux bouches de la Seine, se pr?sentaient des opinions bien diff?rentes et des dangers bien plus grands. L?, l'implacable Montagne ne rencontrait pas seulement pour obstacle le r?publicanisme cl?ment et g?n?reux des girondins, mais le royalisme constitutionnel de 89, qui repoussait la r?publique comme ill?gale, et le fanatisme des temps f?odaux, qui ?tait arm? contre la r?volution de 93, contre la r?volution de 89, et qui ne reconnaissait que l'autorit? temporelle des ch?teaux, et l'autorit? spirituelle des ?glises.

C'est ici le lieu de faire conna?tre ce pays singulier, couvert d'une population si obstin?e, si h?ro?que, si malheureuse, et si fatale ? la France, qu'elle manqua perdre par une funeste diversion, et dont elle aggrava les maux en irritant au dernier point la dictature r?volutionnaire.

Lorsque la r?volution, si bienfaisante ailleurs, atteignit ce pays avec son niveau de fer, elle y causa un trouble profond. Il aurait fallu qu'elle s'y modifi?t, mais c'?tait impossible. Ceux qui l'ont accus?e de ne pas s'adapter aux localit?s, de ne pas varier avec elles, n'ont pas compris l'impossibilit? des exceptions et la n?cessit? d'une r?gle uniforme et absolue dans les grandes r?formes sociales. On ne savait donc, au milieu de ces campagnes, presque rien de la r?volution; on savait seulement ce que le m?contentement des seigneurs et des cur?s en avait appris au peuple. Quoique les droits f?odaux fussent abolis, on ne cessa pas de les payer. Il fallut se r?unir, nommer des maires; on le fit, et on pria les seigneurs de l'?tre. Mais lorsque la destitution des pr?tres non asserment?s priva les paysans des cur?s qui jouissaient de leur confiance, ils furent fort irrit?s, et, comme dans la Bretagne, ils coururent dans les bois, et all?rent ? de grandes distances assister aux c?r?monies du culte, seul v?ritable ? leurs yeux. D?s ce moment une haine violente s'alluma dans les ?mes, et les pr?tres n'oubli?rent rien pour l'exciter davantage. Le 10 ao?t rejeta dans leurs terres quelques nobles poitevins; le 21 janvier les r?volta, et ils communiqu?rent leur indignation autour d'eux. Cependant ils ne conspir?rent pas, comme on l'a cru; mais les dispositions connues du pays inspir?rent ? des hommes qui lui ?taient ?trangers des projets de conspiration. Il s'en ?tait tram? un en Bretagne, mais aucun dans le Bocage; il n'y avait l? aucun plan arr?t?; on s'y laissait pousser ? bout. Enfin la lev?e de trois cent mille hommes excita au mois de mars une insurrection g?n?rale. Au fond, peu importait aux paysans du Bas-Poitou ce qui se faisait en France; mais la dispersion de leur clerg?, et surtout l'obligation de se rendre aux arm?es, les exasp?ra. Dans l'ancien r?gime, le contingent du pays n'?tait fourni que par ceux que leur inqui?tude naturelle portait ? quitter la terre natale; mais aujourd'hui la loi les frappait tous, quels que fussent leurs go?ts personnels. Oblig?s de prendre les armes, ils pr?f?r?rent se battre contre la r?publique que pour elle. Presque en m?me temps, c'est-? dire au commencement de mars, le tirage fut l'occasion d'une r?volte dans le haut Bocage et dans le Marais. Le 10 mars, le tirage devait avoir lieu ? Saint-Florent, pr?s d'Ancenis en Anjou: les jeunes gens s'y refus?rent. La garde voulut les y obliger; le commandant militaire fit pointer une pi?ce et tirer sur les mutins. Ils s'?lanc?rent alors avec leurs b?tons, s'empar?rent de la pi?ce, d?sarm?rent la garde, et furent cependant assez ?tonn?s de leur t?m?rit?. Un voiturier, nomm? Cathelineau, homme tr?s consid?r? dans les campagnes, tr?s brave, tr?s persuasif, quitta sa ferme ? cette nouvelle, accourut au milieu d'eux, les rallia, leur rendit le courage, et donna quelque consistance ? l'insurrection en sachant la maintenir. Le jour m?me il voulut attaquer un poste r?publicain, compos? de quatre-vingts hommes. Les paysans le suivirent avec leurs b?tons et leurs fusils. Apr?s une premi?re d?charge, dont chaque coup portait parce qu'ils ?taient grands tireurs, ils s'?lanc?rent sur le poste, le d?sarm?rent, et se rendirent ma?tres de la position. Le lendemain, Cathelineau se porta sur Chemill?, et l'enleva encore, malgr? deux cents r?publicains et trois pi?ces de canon. Un garde-chasse du ch?teau de Maulevrier, nomm? Stofflet, et un jeune paysan du village de Chanzeau, avaient r?uni de leur c?t? une troupe de paysans. Ils vinrent se joindre ? Cathelineau, qui osa concevoir le projet d'attaquer Cholet, la ville la plus consid?rable du pays, chef-lieu de district, et gard?e par cinq cents r?publicains. Leur mani?re de combattre fut la m?me. Profitant des haies, des in?galit?s du terrain, ils entour?rent le bataillon ennemi, et se mirent ? tirailler ? couvert et ? coup s?r. Apr?s avoir ?branl? les r?publicains par ce feu terrible, ils profit?rent du premier moment d'h?sitation qui se manifesta parmi eux, s'?lanc?rent en poussant de grands cris, renvers?rent leurs rangs, les d?sarm?rent, et les assomm?rent avec leurs b?tons. Telle fut depuis toute leur tactique militaire; la nature la leur avait indiqu?e, et c'?tait la mieux adapt?e au pays. Les troupes qu'ils attaquaient, rang?es en ligne et ? d?couvert, recevaient un feu auquel il leur ?tait impossible de r?pondre, parce qu'elles ne pouvaient ni faire usage de leur artillerie, ni marcher ? la ba?onnette contre des ennemis dispers?s. Dans cette situation, si elles n'?taient pas vieillies ? la guerre, elles devaient ?tre bient?t ?branl?es par un feu si continu et si juste, que jamais les feux r?guliers des troupes de ligne n'ont pu l'?galer. Lorsqu'elles voyaient surtout fondre sur elles ces furieux, poussant de grands cris, il leur ?tait difficile de ne pas s'intimider et de ne pas se laisser rompre. Alors elles ?taient perdues, car la fuite, si facile aux gens du pays, ?tait impraticable pour la troupe de ligne. Il aurait donc fallu les soldats les plus intr?pides pour lutter contre tant de d?savantages, et ceux qui dans le premier moment furent oppos?s aux rebelles, ?taient des gardes nationaux de nouvelle lev?e, qu'on prenait dans les bourgs, presque tous tr?s r?publicains, et que leur z?le conduisait pour la premi?re fois au combat.

La troupe victorieuse de Cathelineau entra donc dans Cholet, s'empara de toutes les armes qu'elle y trouva, et fit des cartouches avec les gargousses des canons. C'est toujours ainsi que les Vend?ens se sont procur? des munitions. Leurs d?faites ne donnaient rien ? l'ennemi, parce qu'ils n'avaient rien qu'un fusil ou un b?ton qu'ils emportaient ? travers les champs, et chaque victoire leur valait toujours un mat?riel de guerre consid?rable. Les insurg?s, victorieux, c?l?br?rent leurs succ?s avec l'argent qu'ils trouv?rent, et ensuite br?l?rent tous les papiers des administrations, dans lesquelles ils voyaient un instrument de tyrannie. Ils rentr?rent ensuite dans leurs villages et dans leurs fermes, qu'ils ne voulaient jamais quitter pour long-temps.

Une autre r?volte bien plus g?n?rale avait ?clat? dans le Marais et le d?partemens de la Vend?e. A Machecoul et ? Challans, le recrutement fut l'occasion d'un soul?vement universel. Un nomm? Gaston, perruquier, tua un officier, prit son uniforme, se mit ? la t?te des m?contens, et s'empara de Challans, puis de Machecoul, o? sa troupe br?la tous les papiers des administrations, et commit des massacres dont le Bocage n'avait pas donn? l'exemple. Trois cents r?publicains furent fusill?s par bandes de vingt et trente. Les insurg?s les faisaient confesser d'abord, et les conduisaient ensuite au bord d'une fosse, ? c?t? de laquelle ils les fusillaient pour n'avoir pas la peine de les ensevelir. Nantes envoya sur-le-champ quelques cents hommes ? Saint-Philibert; mais, apprenant qu'il y avait du mouvement ? Savenay, elle rappela ses troupes, et les insurg?s de Machecoul rest?rent ma?tres du pays conquis.

Dans le d?partemens de la Vend?e, c'est-?-dire vers le midi du th??tre de cette guerre, l'insurrection prit encore plus de consistance.

Les gardes nationales de Fontenay, sorties pour marcher sur Chantonnay, furent repouss?es et battues, Chantonnay fut pill?. Le g?n?ral Verteuil, qui commandait la onzi?me division militaire, en apprenant cette d?faite, envoya le g?n?ral Marc? avec douze cents hommes, partie de troupes de ligne, partie de gardes nationales. Les rebelles, rencontr?s ? Saint-Vincent, furent repouss?s. Le g?n?ral Marc? eut le temps d'ajouter encore ? sa petite arm?e douze cents hommes et neuf pi?ces de canon. En marchant sur Saint-Fulgent, il rencontra de nouveau les Vend?ens dans un fond, et s'arr?ta pour r?tablir un pont qu'ils avaient d?truit. Vers les quatre heures d'apr?s midi, le 18 mars, les Vend?ens, prenant l'initiative, vinrent l'attaquer. Profitant encore des avantages du sol, ils commenc?rent ? tirailler avec leur sup?riorit? ordinaire, cern?rent peu ? peu l'arm?e r?publicaine, ?tonn?e de ce feu si meurtrier, et r?duite ? l'impuissance d'atteindre un ennemi cach?, dispers? dans tous les replis du terrain. Enfin ils l'assaillirent, r?pandirent le d?sordre dans ses rangs, et s'empar?rent de l'artillerie, des munitions et des armes que les soldats jetaient en se retirant, pour ?tre plus l?gers dans leur fuite.

La p?que avait ramen? tous les insurg?s dans leurs demeures, d'o? ils ne consentaient jamais ? s'?loigner long-temps. La guerre ?tait pour eux une esp?ce de chasse de quelques jours; ils y portaient du pain pour le temps n?cessaire, et revenaient ensuite enflammer leurs voisins par leurs r?cits. Il y eut des rendez-vous donn?s pour le mois d'avril. L'insurrection fut alors g?n?rale, et s'?tendit sur toute la surface du pays. On pourrait comprendre ce th??tre de la guerre dans une ligne qui, en partant de Nantes, passerait par Pornic, l'?le de Noirmoutiers, les Sables, Lu?on, Fontenay, Niort, Parthenay, et reviendrait par Airvault, Thouars, Dou? et Saint-Florent jusqu'? la Loire. L'insurrection, commenc?e par des hommes qui n'?taient sup?rieurs aux paysans qu'ils commandaient que par leurs qualit?s naturelles, fut continu?e bient?t par des hommes d'un rang sup?rieur. Les paysans all?rent dans les ch?teaux, et forc?rent les nobles ? se mettre ? leur t?te. Tout le Marais voulut ?tre command? par Charette. Il ?tait d'une famille d'armateurs de Nantes; il avait servi dans la marine, o? il ?tait devenu lieutenant de vaisseau, et ? la paix il s'?tait retir? dans un ch?teau appartenant ? un oncle, o? il passait sa vie ? chasser. D'une complexion faible et d?licate, il semblait peu propre aux fatigues de la guerre; mais, vivant dans les bois, o? il passait des mois entiers, couchant ? terre avec les chasseurs, il s'?tait renforc?, avait acquis une parfaite habitude du pays, et s'?tait fait conna?tre de tous les paysans par son adresse et son courage. Il h?sita d'abord ? accepter le commandement, en faisant sentir aux insurg?s les dangers de l'entreprise. Cependant il se rendit ? leurs instances, et en leur laissant commettre tous les exc?s, il les compromit et les engagea irr?vocablement ? son service. Habile, rus?, d'un caract?re dur et d'une opini?tret? indomptable, il devint le plus terrible des chefs vend?ens. Tout le Marais lui ob?issait, et avec quinze et quelquefois vingt mille hommes, il mena?ait les Sables et Nantes. A peine tout son monde fut-il r?uni, qu'il s'empara de l'?le de Noirmoutiers, ?le importante dont il pouvait faire sa place de guerre, et son point de communication avec les Anglais.

Dans le Bocage, les paysans s'adress?rent ? MM. de Bonchamps, d'Elb?e, de La Rochejaquelein, et les arrach?rent de leurs ch?teaux pour les mettre ? leur t?te. M. de Bonchamps avait autrefois servi sous M. de Suffren, ?tait devenu un officier habile, et r?unissait ? une grande intr?pidit? un caract?re noble et ?lev?. Il commandait tous les r?volt?s de l'Anjou et des bords de la Loire. M. d'Elb?e avait servi aussi, et joignait ? une d?votion excessive un caract?re obstin?, et une grande intelligence de ce genre de guerre. C'?tait dans le moment le chef le plus accr?dit? de cette partie du Bocage. Il commandait les paroisses autour de Cholet et de Beaupr?au. Cathelineau et Stofflet gard?rent leur commandement d? ? la confiance qu'ils avaient inspir?e, et se r?unirent ? MM. De Bonchamps et d'Elb?e, pour marcher sur Bressuire, o? se trouvait le g?n?ral Qu?tineau. Celui-ci avait fait enlever du ch?teau de Clisson la famille de Lescure, qu'il soup?onnait de conspiration, et la d?tenait ? Bressuire. Henri de La Rochejaquelein, jeune gentilhomme autrefois enr?l? dans la garde du roi, et maintenant retir? dans le Bocage, se trouvait ? Clisson chez son cousin de Lescure. Il s'?vada, souleva les Aubiers, o? il ?tait n?, et toutes les paroisses autour de Ch?tillon. Il se joignit ensuite aux autres chefs, avec eux for?a le g?n?ral Qu?tineau ? s'?loigner de Bressuire. M. de Lescure fut alors d?livr? avec sa famille. C'?tait un jeune homme de l'?ge de Henri de La Rochejaquelein. Il ?tait calme, prudent, d'une bravoure froide mais in?branlable, et joignait ? ces qualit?s un rare esprit de justice. Henri, son cousin, avait une bravoure h?ro?que et souvent emport?e; il ?tait bouillant et g?n?reux. M. de Lescure se mit alors ? la t?te de ses paysans, qui vinrent se r?unir ? lui, et tous ensemble se rendirent ? Bressuire pour marcher de l? sur Thouars. Les femmes de tous les chefs distribuaient des cocardes et des drapeaux; on s'exaltait par des chants, on marchait comme ? une croisade. L'arm?e ne tra?nait point avec elle de bagages; les paysans, qui ne voulaient jamais rester long-temps absens, portaient avec eux le pain n?cessaire ? la dur?e de chaque exp?dition, et, dans les cas extraordinaires, les paroisses averties pr?paraient des vivres pour ceux qui en manquaient. Cette arm?e se composait d'environ trente mille hommes, et fut appel?e la grande arm?e royale et catholique. Elle faisait face ? Angers, Saumur, Dou?, Thouars et Parthenay. Entre cette arm?e et celle du Marais, command?e par Charette, se trouvaient divers rassemblemens interm?diaires, dont le principal, sous les ordres de M. de Royrand, pouvait s'?lever ? dix ou douze mille hommes.

Le grand rassemblement command? par MM. De Bonchamps, d'Elb?e, de Lescure, de la Rochejaquelein, Cathelineau, Stofflet, arriva devant Thouars le 3 mai, et se pr?para ? l'attaquer d?s le 4 au matin. Il fallait traverser le Thou?, qui entoure la ville de Thouars presque de toutes parts. Le g?n?ral Qu?tineau fit d?fendre les passages. Les Vend?ens canonn?rent quelque temps avec l'artillerie qu'ils avaient prise aux r?publicains, et tiraill?rent sur la rive avec leur succ?s accoutum?. M. de Lescure voulant alors d?cider le passage, s'avance au milieu des balles dont son habit est cribl?, et ne peut entra?ner qu'un seul paysan. Mais La Rochejaquelein accourt, ses gens le suivent; on passe le pont, et les r?publicains sont refoul?s dans la place. Il fallait pratiquer une br?che, mais on manquait des moyens n?cessaires. Henri de La Rochejaquelein se fait ?lever sur les ?paules de ses soldats, et commence ? atteindre les remparts. M. d'Elb?e attaque vigoureusement de son c?t?, et Qu?tineau, ne pouvant r?sister, consent ? se rendre pour ?viter des malheurs ? la ville. Les Vend?ens, gr?ce ? leurs chefs, se conduisirent avec mod?ration; aucun exc?s ne fut commis envers les habitans, et on se contenta de br?ler l'arbre de la libert? et les papiers des administrations. Le g?n?reux Lescure rendit ? Qu?tineau les ?gards qu'il en avait re?us pendant sa d?tention ? Bressuire, et voulut l'engager ? rester dans l'arm?e vend?enne, pour le soustraire aux s?v?rit?s du gouvernement, qui, ne lui tenant pas compte de l'impossibilit? de la r?sistance, le punirait peut-?tre de s'?tre rendu. Qu?tineau refusa g?n?reusement, et voulut retourner aux r?publicains pour demander des juges.

Les nouvelles des d?sastres de la Vend?e concourant avec celles venues du Nord, qui annon?aient les revers de Dampierre, avec celles venues du Midi, qui portaient que les Espagnols devenaient mena?ans sur les Pyr?n?es, avec tous les renseignemens arrivant de plusieurs provinces, o? se manifestaient les dispositions les moins favorables, ces nouvelles r?pandirent la plus grande fermentation. Plusieurs d?partemens voisins de la Vend?e, en apprenant le succ?s des insurg?s, se crurent autoris?s ? envoyer des troupes pour les combattre. Le d?partemens de l'H?rault leva six millions et six mille hommes, et envoya une adresse au peuple de Paris, pour l'engager ? en faire autant. La convention, encourageant cet enthousiasme, approuva la conduite du d?partemens de l'H?rault, et autorisa par l? toutes les communes de France ? faire des actes de souverainet?, en levant des hommes et de l'argent.

Mais ce n'?tait pas tout que de lever une arm?e, et de la former aussi violemment, il fallait pourvoir aux d?penses de son entretien; et pour cela, il fut convenu de s'adresser aux riches. Les riches, disait-on, ne voulaient rien faire pour la d?fense du pays et de la r?volution; ils vivaient dans une heureuse oisivet?, et laissaient au peuple le soin de verser son sang pour la patrie; il fallait les obliger ? contribuer au moins de leurs richesses au salut commun. Pour cela, on imagina un emprunt forc?, fourni par les citoyens de Paris, suivant la quotit? de leurs revenus. Depuis le revenu de mille francs jusqu'? celui de cinquante mille, ils devaient fournir une somme proportionnelle qui s'?levait depuis trente francs jusqu'? vingt mille. Tous ceux dont le revenu d?passait cinquante mille francs devaient s'en r?server trente mille, et abandonner tout le reste. Les meubles et immeubles de ceux qui n'auraient point satisfait ? cette patriotique contribution, devaient ?tre saisis et vendus ? la r?quisition des comit?s r?volutionnaires, et leurs personnes regard?es comme suspectes.

Chaumette, procureur de la commune, fit un long discours o? il d?plora les malheurs de la patrie, provenant, disait-il, de la perfidie des gouvernans, de l'?go?sme des riches, de l'ignorance du peuple, de la fatigue et du d?go?t de beaucoup de citoyens pour la chose publique. Il proposa donc et fit arr?ter qu'on demanderait ? la convention des moyens d'instruction publique, des moyens de vaincre l'?go?sme des riches, et de venir au secours des pauvres; qu'on formerait une assembl?e compos?e des pr?sidents des comit?s r?volutionnaires, des sections, et des d?put?s de tous les corps administratifs; que cette assembl?e se r?unirait les dimanches et jeudis ? la commune, pour aviser aux dangers de la chose publique; qu'enfin on inviterait tous les bons citoyens ? se rendre dans les assembl?es de section, pour y faire valoir leur patriotisme.

Danton, toujours prompt ? trouver des ressources dans les moments difficiles, imagina de composer deux arm?es de sans-culottes, dont l'une marcherait sur la Vend?e, tandis que l'autre resterait dans Paris pour contenir l'aristocratie, et de les solder toutes deux aux d?pens des riches; et enfin, pour s'assurer la majorit? dans les sections, il proposa de payer les citoyens qui perdraient leur temps pour assister ? leurs s?ances. Robespierre, empruntant les id?es de Danton, les d?veloppa aux Jacobins, et proposa en outre de former de nouvelles classes de suspects, de ne plus les borner aux ci-devant nobles, ou pr?tres, ou financiers, mais ? tous les citoyens qui avaient de quelque mani?re fait preuve d'incivisme; de les enfermer jusqu'? la paix; d'acc?l?rer encore l'action du tribunal r?volutionnaire, et de contre-balancer par de nouveaux moyens de communication l'effet des mauvais journaux. Avec toutes ces ressources, on pouvait, disait-il, sans moyen ill?gal, sans violation des lois, r?sister au c?t? droit et ? ses machinations.

Du 8 au 10 mai, des nouvelles alarmantes se succ?dent. Dampierre a ?t? tu? ? l'arm?e du Nord. Dans l'int?rieur, les provinces continuent de se r?volter. La Normandie tout enti?re semble pr?te ? se joindre ? la Bretagne. Les insurg?s de la Vend?e se sont avanc?s de Thouars vers Loudun et Montreuil, ont pris ces deux villes, et ont ainsi presque atteint les bords de la Loire. Les Anglais d?barquant sur les c?tes de la Bretagne vont, dit-on, se joindre ? eux et attaquer la r?publique au coeur. Des citoyens de Bordeaux, indign?s des accusations port?es contre leurs d?put?s, et montrant l'attitude la plus mena?ante, ont d?sarm? une section o? s'?taient retir?s les jacobins. A Marseille, les sections sont en pleine insurrection. R?volt?es des exc?s commis sous le pr?texte du d?sarmement des suspects, elles se sont r?unies, ont destitu? la commune, transport? ses pouvoirs ? un comit?, dit comit? central des sections, et institu? un tribunal populaire, pour rechercher les auteurs des meurtres et des pillages. Apr?s s'?tre ainsi conduites dans leur cit?, elles ont envoy? des d?put?s aux sections de la ville d'Aix, et s'efforcent de propager leur exemple dans tout le d?partemens. Ne respectant pas m?me les commissaires de la convention, elles ont saisi leurs papiers et les ont somm?s de se retirer. A Lyon, le d?sordre est aussi grave. Les corps administratifs unis aux jacobins ayant ordonn?, ? l'imitation de Paris, une lev?e de six millions et de six mille hommes, ayant en outre voulu ex?cuter le d?sarmement des suspects, et instituer un tribunal r?volutionnaire, les sections se sont r?volt?es, et sont pr?tes ? en venir aux mains avec la commune. Ainsi, tandis que l'ennemi avance vers le Nord, l'insurrection partant de la Bretagne et de la Vend?e, et soutenue par les Anglais, peut faire le tour de la France par Bordeaux, Rouen, Nantes, Marseille et Lyon. Ces nouvelles arrivant l'une apr?s l'autre dans l'espace de deux ou trois jours, du 12 au 15 mai, font na?tre les plus sinistres pr?sages dans l'esprit des montagnards et des jacobins. Les propositions d?j? faites se renouvellent encore avec plus de fureur; on veut que tous les gar?ons des caf?s et des traiteurs, que tous les domestiques partent sur-le-champ; que les soci?t?s populaires marchent tout enti?res, que des commissaires de l'assembl?e se rendent aussit?t dans les sections pour les d?cider ? fournir leur contingent; que trente mille hommes partent en poste dans les voitures de luxe; que les riches contribuent sans d?lai et donnent le dixi?me de leur fortune; que les suspects soient enferm?s et gard?s en otages; que la conduite des ministres soit examin?e; que le comit? de salut public soit charg? de r?diger une instruction pour les citoyens dont l'opinion est ?gar?e; que toute affaire civile cesse, que l'activit? des tribunaux civils soit suspendue, que les spectacles soient ferm?s, que le tocsin sonne, et que le canon d'alarme soit tir?.

Danton, pour apporter quelque assurance au milieu de ce trouble g?n?ral, fait deux remarques; la premi?re, c'est que la crainte de d?garnir Paris des bons citoyens qui sont n?cessaires ? sa s?ret?, ne doit pas emp?cher le recrutement, car il restera toujours ? Paris cent cinquante mille hommes, pr?ts ? se lever, et ? exterminer les aristocrates qui oseraient s'y montrer; la seconde, c'est que l'agitation des guerres civiles, loin d'?tre un sujet d'espoir, doit ?tre au contraire un sujet de terreur pour les ennemis ext?rieurs. <>

Il est ordonn? aussit?t que quatre-vingt-seize commissaires se rendront dans les sections pour obtenir leur contingent, et que le comit? de salut public continuera ses fonctions pendant un mois de plus. Custine est nomm? g?n?ral de l'arm?e du Nord, Houchard de celle du Rhin. On fait la distribution des arm?es autour des fronti?res. Cambon pr?sente un projet d'emprunt forc? d'un milliard, qui sera rempli par les riches et hypoth?qu? sur les biens des ?migr?s. <>

La commune, de son c?t?, arr?te qu'une seconde arm?e de sans-culottes sera form?e dans Paris pour contenir l'aristocratie, tandis que la premi?re marchera contre les rebelles; qu'il sera fait un emprisonnement g?n?ral de tous les suspects, et que l'assembl?e centrale des sections, compos?e des autorit?s administratives, des pr?sidens des sections, des membres des comit?s r?volutionnaires, se r?unira au plus t?t pour faire la r?partition de l'emprunt forc?, pour r?diger les listes des suspects, etc.

<> Ici Guadet montrant le boucher Legendre, Danton, Lacroix, et tous les autres d?put?s accus?s de mauvaises moeurs et de dilapidations, ajoute: <>

Aussit?t le pr?sident Isnard se d?couvre, et demande ? faire une d?claration importante. Il est ?cout? avec le plus grand silence, et, du ton de la plus profonde douleur, il dit: <

<>

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<>

A cette double proposition, un d?sordre ?pouvantable ?clate dans l'assembl?e. Tous les membres du c?t? droit se l?vent en criant que c'est l? le seul moyen de salut, et semblent remercier l'audacieux g?nie de Guadet, qui a su le d?couvrir. Le c?t? gauche se l?ve de son c?t?, menace ses adversaires, crie ? son tour que la conspiration est enfin d?couverte, que les conjur?s se d?voilent, et que leurs projets contre l'unit? de la r?publique sont avou?s. Danton veut se pr?cipiter ? la tribune, mais on l'arr?te, et on laisse Barr?re l'occuper au nom du comit? de salut public.

Barr?re, avec sa finesse insinuante et son ton conciliateur, dit que si on l'avait laiss? parler, il aurait depuis plusieurs jours r?v?l? beaucoup de faits sur l'?tat de la France. Il rapporte alors, que partout on parle d'un projet de dissoudre la convention, que le pr?sident de sa section a recueilli de la bouche du procureur Chaumette des propos qui annonceraient cette intention; qu'? l'?v?ch?, et dans une autre assembl?e de la mairie, il a ?t? question du m?me objet; que pour arriver ? ce but, on a projet? d'exciter un tumulte, de se servir des femmes pour le faire na?tre, et d'enlever vingt-deux t?tes ? la faveur du d?sordre. Barr?re ajoute que le ministre des affaires ?trang?res et le ministre de l'int?rieur doivent s'?tre procur? ? cet ?gard des renseignemens, et qu'il faut les entendre. Passant ensuite aux mesures propos?es, il est, ajoute-t-il, de l'avis de Guadet sur les autorit?s de Paris; il trouve un d?partemens faible, des sections agissant en souveraines, une commune excit?e ? tous les d?bordemens par son procureur Chaumette, ancien moine, et suspect comme tous les ci-devant pr?tres et nobles; mais il croit que la dissolution de ces autorit?s causerait un tumulte anarchique. Quant ? la r?union des suppl?ans ? Bourges, elle ne sauverait pas la convention, et ne pourrait pas la suppl?er. Il y a, suivant lui, un moyen de parer ? tous les dangers r?els dont on est entour?, sans se jeter dans de trop grands inconv?niens; c'est de nommer une commission compos?e de douze membres, qui sera charg?e de v?rifier les actes de la commune depuis un mois, de rechercher les complots tram?s dans l'int?rieur de la r?publique, et les projets form?s contre la repr?sentation nationale; de prendre aupr?s de tous les comit?s, de tous les ministres, de toutes les autorit?s, les renseignemens dont elle aura besoin, et autoris?e enfin ? disposer de tous les moyens, n?cessaires pour s'assurer de la personne des conspirateurs.

Le premier ?lan d'enthousiasme et de courage pass?, la majorit? est trop heureuse d'adopter le projet conciliateur de Barr?re. Rien n'?tait plus ordinaire que de nommer des commissions: ? chaque ?v?nement, ? chaque danger, pour chaque besoin, on cr?ait un comit? charg? d'y pourvoir, et d?s que des individus ?taient nomm?s pour ex?cuter une chose, l'assembl?e semblait croire que la chose serait ex?cut?e, et que des comit?s auraient pour elle ou du courage, ou des lumi?res, ou des forces. Celui-ci devait ne pas manquer d'?nergie, et il ?tait compos? de d?put?s appartenant presque tous au c?t? droit. On y comptait entre autres Boyer-Fonfr?de, Rabaut Saint-?tienne, Kerv?l?gan, Henri Larivi?re, tous membres de la Gironde. Mais l'?nergie m?me de ce comit? allait lui ?tre funeste. Institu? pour mettre la convention ? couvert des mouvemens des jacobins, il allait les exciter davantage, et augmenter le danger m?me qu'il ?tait destin? ? ?carter. Les jacobins avaient menac? les girondins par leurs cris de chaque jour; les girondins rendaient la menace, en instituant une commission, et ? cette menace les jacobins allaient r?pondre enfin, par un coup fatal, en faisant le 31 mai et le 2 juin.

Cependant le temps s'?coule; on renvoie au lendemain l'examen de ces divers objets, et on convient de s'occuper de trois choses: 1? de l'enl?vement des d?put?s; 2? de la liste des suspects; 3? de l'?purement de tous les bureaux et comit?s. On s'ajourne au lendemain six heures du soir.

Le lendemain lundi 20, l'assembl?e se r?unit de nouveau. Cette fois Pache ?tait pr?sent; on lui pr?sente plusieurs listes portant des noms de toute esp?ce. Il observe qu'on ne doit pas les nommer autrement que listes de suspects, ce qui ?tait l?gal, puisque les listes ?taient ordonn?es. Quelques membres observent qu'il ne faut pas que l'?criture d'aucun membre soit connue, et qu'il faut faire recopier les listes. D'autres disent que des r?publicains ne doivent rien craindre. Pache ajoute que peu lui importe qu'on le sache muni de ces listes, car elles concernent la police de Paris, dont il est charg?. Le caract?re fin et r?serv? de Pache ne se d?mentait pas, et il voulait faire entrer tout ce qu'on exigeait de lui dans la limite des lois et de ses fonctions.

Un membre, voyant ces pr?cautions, lui dit alors que sans doute il n'est pas instruit de ce qui s'est pass? dans la s?ance de la veille, qu'il ne conna?t pas l'ordre des questions, qu'il faut le lui faire conna?tre, et que la premi?re a pour objet l'enl?vement de vingt-deux d?put?s. Pache fait observer alors que la personne de tous les d?put?s est confi?e ? la ville de Paris; que porter atteinte ? leur s?ret? serait compromettre la capitale avec les d?partemens, et provoquer la guerre civile. On lui demande alors comment il se fait qu'il ait sign? la p?tition pr?sent?e le 15 avril au nom des quarante-huit sections de Paris, contre les vingt-deux. Pache r?pond qu'alors il fit son devoir en signant une p?tition qu'on l'avait charg? de pr?senter, mais qu'aujourd'hui la question propos?e sort des attributions de l'assembl?e, r?unie pour s'occuper de l'emprunt et des suspects, et qu'il sera oblig? de lever la s?ance, si on persiste ? s'occuper de pareilles discussions. Sur de telles observations, il s'?l?ve une grande rumeur, et comme on ne peut rien faire en pr?sence de Pache, et qu'on n'a aucun go?t ? s'occuper de simples listes de suspects, on se s?pare sans ajournement fixe.

Le mardi 21, il ne se trouva qu'une douzaine de membres pr?sens ? l'assembl?e. Les uns ne voulaient plus se rendre dans une r?union aussi tumultueuse et aussi violente; les autres trouvaient qu'il n'?tait pas possible d'y d?lib?rer avec assez d'?nergie.

Ce fut aux Cordeliers qu'alla se d?charger, le lendemain 22, toute la fureur des conjur?s. Femmes et hommes pouss?rent d'horribles vocif?rations. C'?tait une prompte insurrection qu'il fallait, et il ne suffisait plus du sacrifice de vingt-deux d?put?s; on en demandait maintenant trois cents. Une femme, parlant avec l'emportement de son sexe, proposa d'assembler tous les citoyens sur la place de la R?volution; d'aller porter en corps une p?tition ? la convention, et de ne pas d?semparer qu'on ne lui e?t arrach? les d?crets indispensables au salut public. Le jeune Varlet, qui se montrait depuis si long-temps dans toutes les ?meutes, pr?senta en quelques articles un projet d'insurrection. Il proposait de se rendre ? la convention, en portant les Droits de l'Homme voil?s d'un cr?pe, d'enlever tous les d?put?s ayant appartenu aux assembl?es l?gislative et constituante, de supprimer tous les ministres, de d?truire tout ce qui restait de la famille des Bourbons, etc. Legendre se h?te de le remplacer ? la tribune pour s'opposer ? ces propositions. Toute la force de sa voix put ? peine couvrir les cris et les hu?es qui s'?levaient contre lui, et il parvint avec la plus grande peine ? combattre les motions incendiaires du jeune Varlet. Cependant on voulait assigner un terme fixe ? l'insurrection, et prendre jour pour aller exiger de la convention ce qu'on d?sirait d'elle; mais la nuit ?tant d?j? avanc?e, chacun finit par se retirer sans aucune d?cision prise.

Dans ce moment, on apprend que la commission des douze est munie de tous les renseignemens n?cessaires pour d?couvrir le complot et en poursuivre les auteurs, et on annonce un rapport de sa part pour le lendemain. La convention d?clare en attendant que la section de la Fraternit? a bien m?rit? de la patrie.

Le soir du m?me jour, grand tumulte ? la municipalit? contre la section de la Fraternit?, qui a, dit-on, calomni? le maire et les patriotes, en supposant qu'ils veulent ?gorger la repr?sentation nationale. De ce que le projet n'avait ?t? qu'une proposition, combattue d'ailleurs par le maire, Chaumette et la commune induisaient que c'?tait une calomnie que de supposer une conspiration r?elle. Sans doute ce n'en ?tait pas une dans le vrai sens du mot, ce n'?tait pas une de ces conspirations profond?ment et secr?tement ourdies comme on les fait dans les palais, mais c'?tait une de ces conspirations telles que la multitude d'une grande ville en peut former; c'?tait le commencement de ces mouvemens populaires, tumultueusement propos?s, et tumultueusement ex?cut?s par la foule entra?n?e, comme au 14 juillet et au 10 ao?t. En ce sens, il s'agissait d'une v?ritable conspiration. Mais celles-l?, il est inutile de vouloir les arr?ter, car elles ne surprennent pas l'autorit? ignorante et endormie, mais elles emportent ouvertement et ? la face du ciel l'autorit? avertie et ?veill?e.

La s?ance fut permanente, et d'heure en heure on envoyait ? la commission des douze pour avoir des nouvelles du magistrat arrach?, disait-on, ? ses fonctions. A deux heures et demie de la nuit, on apprit qu'il subissait un interrogatoire, et que Varlet avait ?t? arr?t? aussi. A quatre heures, on annon?a qu'H?bert avait ?t? mis en ?tat d'arrestation ? l'Abbaye. A cinq heures, Chaumette se rendit dans sa prison pour le voir, mais il ne put ?tre introduit. Le matin, le conseil g?n?ral r?digea une p?tition ? la convention, et la fit porter par des cavaliers dans les sections, afin d'avoir leur adh?sion. Presque dans toutes les sections on se battait; on voulait changer ? chaque instant les bureaux et les pr?sidens, emp?cher ou faire des arrestations, adh?rer ou s'opposer au syst?me de la commune, signer ou rejeter la p?tition qu'elle proposait. Enfin cette p?tition, approuv?e par un grand nombre de sections, fut pr?sent?e dans la journ?e du 25 ? la convention. La d?putation de la commune se plaignait des calomnies r?pandues contre les magistrats du peuple; elle demandait que la p?tition de la section de la Fraternit? f?t remise ? l'accusateur public, pour que les coupables, s'il en existait, ou les calomniateurs, fussent punis. Elle demandait enfin justice de la commission des douze, qui avait commis un attentat sur la personne d'un magistrat du peuple, en le faisant enlever ? ses fonctions, et enfermer ? l'Abbaye. Isnard pr?sidait en ce moment, et devait r?pondre ? la d?putation. <> Cette r?ponse solennelle et grande produisit sur l'assembl?e une impression profonde. Une foule de voix en demandaient l'impression. Danton soutint qu'elle ?tait faite pour augmenter la division qui commen?ait ? ?clater entre Paris et les d?partemens, et qu'il ne fallait rien faire qui p?t accro?tre ce malheur. La convention, croyant que c'?tait assez de l'?nergie de la r?ponse, et de l'?nergie de la commission des douze, passa ? l'ordre du jour, sans ordonner l'impression propos?e.

Les d?put?s de la commune furent donc cong?di?s sans avoir rien obtenu. Tout le reste de la journ?e du 25 et toute la journ?e du lendemain 26, se pass?rent en sc?nes tumultueuses dans les sections. On se battait de toutes parts, et les deux opinions avaient alternativement le dessus, suivant l'heure du jour, et suivant le nombre variable des membres de chaque parti. La commune continuait d'envoyer des d?put?s pour s'enqu?rir de l'?tat d'H?bert. Une fois on l'avait trouv? reposant; une autre fois il avait pri? la commune d'?tre tranquille sur son compte. On se plaignait qu'il f?t sur un mis?rable grabat. Des sections le prenaient sous leur protection; d'autres se pr?paraient ? demander de nouveau son ?largissement, et avec plus d'?nergie que ne l'avait fait la municipalit?; enfin des femmes, courant les carrefours avec un drapeau, voulaient entra?ner le peuple ? l'Abbaye pour d?livrer son magistrat ch?ri.

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