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Read Ebook: Histoire de la Révolution française Tome 05 by Thiers Adolphe
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 350 lines and 91639 words, and 7 pagesHISTOIRE DE LA R?VOLUTION FRAN?AISE HISTOIRE DE LA R?VOLUTION FRAN?AISE PAR M.A. THIERS DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE NEUVI?ME ?DITION TOME CINQUI?ME HISTOIRE DE LA R?VOLUTION FRAN?AISE. CONVENTION NATIONALE. Apr?s la retraite des Fran?ais du camp de C?sar au camp de Gavrelle, les alli?s auraient d? encore poursuivre une arm?e d?moralis?e, qui avait toujours ?t? malheureuse depuis l'ouverture de la campagne. D?s le mois de mars, en effet, battue ? Aix-la-Chapelle et ? Nerwinde, elle avait perdu la Flandre hollandaise, la Belgique, les camps de Famars et de C?sar, les places de Cond? et de Valenciennes. L'un de ses g?n?raux avait pass? ? l'ennemi, l'autre avait ?t? tu?. Ainsi, depuis la bataille de Jemmapes, elle n'avait fait que des retraites, fort m?ritoires, il est vrai, mais peu encourageantes. Sans concevoir m?me le projet trop hardi d'une marche directe sur Paris, les coalis?s pouvaient d?truire ce noyau d'arm?e, et alors ils ?taient libres de prendre toutes les places qu'il convenait ? leur ?go?sme d'occuper. Mais aussit?t apr?s la prise de Valenciennes, les Anglais, en vertu des conventions faites ? Anvers, exig?rent le si?ge de Dunkerque. Alors, tandis que le prince de Cobourg, restant dans les environs de son camp d'H?rin, entre la Scarpe et l'Escaut, croyait occuper les Fran?ais, et songeait ? prendre encore le Quesnoy, le duc d'York, marchant avec l'arm?e anglaise et hanovrienne par Orchies, Menin, Dixmude et Furnes, vint s'?tablir devant Dunkerque, entre le Langmoor et la mer. Deux si?ges nous donnaient donc encore un peu de r?pit. Houchard, envoy? ? Gavrelle, y r?unissait en h?te toutes les forces disponibles, afin de voler au secours de Dunkerque. Interdire aux Anglais un port sur le continent, battre individuellement nos plus grands ennemis, les priver de tout avantage dans cette guerre, et fournir de nouvelles armes ? l'opposition anglaise contre Pitt, telles ?taient les raisons qui faisaient consid?rer Dunkerque comme le point le plus important de tout le th??tre de la guerre. < Nous avons laiss? nos deux arm?es de la Moselle et du Rhin essayant de s'avancer, mais trop tard, vers Mayence, et n'emp?chant pas la prise de cette place. Depuis, elles s'?taient repli?es sur Saarbruck, Hornbach et Wissembourg. Il faut donner une id?e du th??tre de la guerre pour faire comprendre ces divers mouvemens. La fronti?re fran?aise est assez singuli?rement d?coup?e au Nord et ? l'Est. L'Escaut, la Meuse, la Moselle, la cha?ne des Vosges, le Rhin, courent vers le Nord en formant des lignes presque parall?les. Le Rhin, arriv? ? l'extr?mit? des Vosges, tourne subitement, cesse de couler parall?lement ? ces lignes, et les termine en tournant le pied des Vosges, et en recevant dans son cours la Moselle et la Meuse. Les coalis?s, sur la fronti?re du Nord, s'?taient avanc?s entre l'Escaut et la Meuse; entre la Meuse et la Moselle, ils n'avaient point fait de progr?s, parce que le faible corps laiss? par eux entre Luxembourg et Tr?ves n'avait rien pu tenter; mais ils pouvaient davantage entre la Moselle, les Vosges et le Rhin. On a vu qu'ils s'?taient plac?s ? cheval sur les Vosges, partie sur le versant oriental, et partie sur le versant occidental. Le plan ? suivre, comme nous l'avons dit pr?c?demment, ?tait assez simple. En consid?rant l'ar?te des Vosges comme une rivi?re dont il fallait occuper les passages, on pouvait porter toutes ses masses sur une rive, accabler l'ennemi d'un c?t?, puis revenir l'accabler de l'autre. Ni les Fran?ais, ni les coalis?s n'en avaient eu l'id?e; et depuis la prise de Mayence, les Prussiens, plac?s sur le revers occidental, faisaient face ? l'arm?e du Rhin. Nous ?tions retir?s dans les fameuses lignes de, Wissembourg. L'arm?e de la Moselle, au nombre de vingt mille hommes, ?tait post?e ? Saarbruck, sur la Sarre; le corps des Vosges, au nombre de douze mille, se trouvait ? Hornbach et Kettrick, et se liait dans les montagnes ? l'extr?me gauche de l'arm?e du Rhin. L'arm?e du Rhin, forte de vingt mille hommes, gardait la Lauter, de Wissembourg ? Lauterbourg. Telles sont les lignes de Wissembourg; la Sarre coule des Vosges ? la Moselle, la Lauter des Vosges dans le Rhin, et toutes les deux forment une seule ligne, qui coupe presque perpendiculairement la Moselle, les Vosges et le Rhin. On en devient ma?tre en occupant Saarbruck, Hornbach, Kettrick, Wissembourg et Lauterbourg. C'est ce que nous avions fait. Nous n'avions gu?re plus de soixante mille hommes sur toute cette fronti?re, parce qu'il avait fallu porter des secours ? Houchard. Les Prussiens avaient mis deux mois ? s'approcher de nous, et s'?taient enfin port?s ? Pirmasens. Renforc?s des quarante mille hommes qui venaient de terminer le si?ge de Mayence, et r?unis aux Autrichiens, ils auraient pu nous accabler sur l'un ou l'autre des deux versans; mais la d?sunion r?gnait entre la Prusse et l'Autriche, ? cause du partage de la Pologne. Fr?d?ric-Guillaume, qui se trouvait encore au camp des Vosges, ne secondait pas l'impatiente ardeur de Wurmser. Celui-ci, plein de fougue, malgr? ses ann?es, faisait tous les jours de nouvelles tentatives sur les lignes de Wissembourg; mais ses attaques partielles ?taient demeur?es sans succ?s, et n'avaient abouti qu'? faire tuer inutilement des hommes. Tel ?tait encore, dans les premiers jours de septembre, l'?tat des choses sur le Rhin. Dans le Midi, les ?v?nemens avaient achev? de se d?velopper. La longue incertitude des Lyonnais s'?tait termin?e enfin par une r?sistance ouverte, et le si?ge de leur ville ?tait devenu in?vitable. On a vu qu'ils offraient de se soumettre et de reconna?tre la constitution, mais sans s'expliquer sur les d?crets qui leur enjoignaient d'envoyer ? Paris les patriotes d?tenus, et de dissoudre la nouvelle autorit? sectionnaire. Bient?t m?me, ils avaient enfreint ces d?crets de la mani?re la plus ?clatante, en envoyant Chalier et Riard ? l'?chafaud, en faisant tous les jours des pr?paratifs de guerre, en prenant l'argent des caisses, et en retenant les convois destin?s aux arm?es. Beaucoup de partisans de l'?migration s'?taient introduits parmi eux, et les effrayaient du r?tablissement de l'ancienne municipalit? montagnarde. Ils les flattaient, en outre, de l'arriv?e des Marseillais, qui, disaient-ils, remontaient le Rh?ne, et de la marche des Pi?montais, qui allaient d?boucher des Alpes avec soixante-mille hommes. Quoique les Lyonnais, franchement f?d?ralistes, portassent une haine ?gale ? l'?tranger et aux ?migr?s, la Montagne et l'ancienne municipalit? leur causaient un tel effroi, qu'ils ?taient pr?ts ? s'exposer plut?t au danger et ? l'infamie de l'alliance ?trang?re, qu'aux vengeances de la convention. La Sa?ne coulant entre le Jura et la C?te-d'Or, le Rh?ne venant du Valais entre le Jura et les Alpes, se r?unissent ? Lyon. Cette riche ville est plac?e sur leur confluent. En remontant la Sa?ne du c?t? de M?con, le pays ?tait enti?rement r?publicain, et les d?put?s Laporte et Reverchon, ayant r?uni quelques mille r?quisitionnaires, coupaient la communication avec le Jura. Dubois-Cranc?, avec la r?serve de l'arm?e de Savoie, venait du c?t? des Alpes, et gardait le cours sup?rieur du Rh?ne. Mais les Lyonnais ?taient enti?rement ma?tres du cours inf?rieur du fleuve et de sa rive droite, jusqu'aux montagnes de l'Auvergne. Ils dominaient dans tout le Forez, y faisaient des incursions fr?quentes, et allaient s'approvisionner d'armes ? Saint-?tienne. Un ing?nieur habile avait ?lev? autour de leur ville d'excellentes fortifications; un ?tranger leur avait fondu des pi?ces de rempart. La population ?tait divis?e en deux portions: les jeunes gens suivaient le commandant Pr?cy dans ses excursions; les hommes mari?s, les p?res de famille gardaient la ville et ses retranchemens. Enfin, le 8 ao?t, Dubois-Cranc?, qui avait apais? la r?volte f?d?raliste de Grenoble, se disposa ? marcher sur Lyon, conform?ment au d?cret qui lui enjoignait de ramener ? l'ob?issance cette ville rebelle. L'arm?e des Alpes se composait tout au plus de vingt-cinq milles hommes, et bient?t elle allait avoir sur les bras les Pi?montais, qui, profitant enfin du mois d'ao?t, se pr?paraient ? d?boucher par la grande cha?ne. Cette arm?e venait de s'affaiblir, comme on l'a vu, de deux d?tachemens, envoy?s, l'un pour renforcer l'arm?e d'Italie, et l'autre pour r?duire les Marseillais. Le Puy-de-D?me, qui devait fournir ses recrues, les avait gard?es pour ?touffer la r?volte de la Loz?re, dont il a d?j? ?t? question. Houchard avait retenu la l?gion du Rhin, qui ?tait destin?e aux Alpes; et le minist?re promettait sans cesse un renfort de mille chevaux qui n'arrivaient pas. Cependant Dubois-Cranc? d?tacha cinq mille hommes de troupes r?gl?es, et leur joignit sept ou huit mille jeunes r?quisitionnaires. Il vint avec ces forces se placer entre la Sa?ne et le Rh?ne, de mani?re ? occuper leur cours sup?rieur, ? enlever aux Lyonnais les approvisionnemens qui leur arrivaient par eau, ? conserver ses communications avec l'arm?e des Alpes, et ? couper celles des assi?g?s avec la Suisse et la Savoie. Par ces dispositions, il laissait toujours le Forez aux Lyonnais, et surtout les hauteurs importantes de Fourvi?res; mais sa situation le voulait ainsi. L'essentiel ?tait d'occuper les deux cours d'eau et de couper Lyon de la Suisse et du Pi?mont. Dubois-Cranc? attendait, pour compl?ter le blocus, les nouvelles forces qui lui avaient ?t? promises et le mat?riel de si?ge qu'il ?tait oblig? de tirer de nos places des Alpes. Le transport de ce mat?riel exigeait l'emploi de cinq mille chevaux. Le 8 ao?t, il somma la ville; il imposa pour conditions le d?sarmement absolu de tous les citoyens, la retraite de chacun d'eux dans leurs maisons, la reddition de l'arsenal, et la formation d'une municipalit? provisoire. Mais dans ce moment, les ?migr?s cach?s dans la commission et l'?tat-major continuaient de tromper les Lyonnais, en les effrayant du retour de la municipalit? montagnarde, et en leur disant que soixante mille Pi?montais allaient d?boucher sur leur ville. Un engagement, qui eut lieu entre deux postes avanc?s, et qui fut termin? ? l'avantage des Lyonnais, les exalta au plus haut point, et d?cida leur r?sistance et leurs malheurs. Dubois-Cranc? commen?a le feu du c?t? de la Croix-Rousse, entre les deux fleuves, o? il avait pris position, et d?s le premier jour son artillerie exer?a de grands ravages. Ainsi, l'une de nos plus importantes villes manufacturi?res ?tait r?duite aux horreurs du bombardement, et nous avions ? ex?cuter ce bombardement en pr?sence des Pi?montais, qui allaient descendre des Alpes. Pendant ce temps, Carteaux avait march? sur Marseille, et avait franchi la Durance dans le mois d'ao?t. Les Marseillais s'?taient retir?s d'Aix sur leur ville, et avaient form? le projet de d?fendre les gorges de Sept?mes, ? travers lesquelles passe la route d'Aix ? Marseille. Le 24, le g?n?ral Doppet les attaqua avec l'avant-garde de Carteaux; l'engagement fut assez vif, mais une section, qui avait toujours ?t? en opposition avec les autres, passa du c?t? des r?publicains, et d?cida le combat en leur faveur. Les gorges furent emport?es, et, le 25, Carteaux entra dans Marseille avec sa petite arm?e. Pendant ce temps, aucun mouvement ne s'?tait op?r? aux Pyr?n?es; dans l'Ouest, on se pr?parait ? ex?cuter les mesures d?cr?t?es par la convention. Nous avons laiss? toutes les colonnes de la Haute-Vend?e se r?organisant ? Angers, ? Saumur et ? Niort. Les Vend?ens s'?taient, dans cet intervalle, empar?s des ponts de C?, et, dans la crainte qu'ils inspir?rent, on mit Saumur en ?tat de si?ge. La colonne de Lu?on et des Sables ?tait seule capable d'agir offensivement. Elle ?tait command?e par le nomm? Tuncq, l'un des g?n?raux r?put?s appartenir ? l'aristocratie militaire, et dont Ronsin demandait la destitution au minist?re. Aupr?s de lui se trouvaient les deux repr?sentans Bourdon de l'Oise, et Goupilleau de Fontenay, anim?s des m?mes dispositions et oppos?s ? Ronsin et ? Rossignol. Goupilleau surtout, n? dans le pays, ?tait port?, par ses relations de famille et d'amiti?, ? m?nager les habitans, et ? leur ?pargner les rigueurs que Ronsin et les siens auraient voulu exercer. Les Vend?ens, que la colonne de Lu?on inqui?tait, r?solurent de diriger contre elle leurs forces partout victorieuses. Ils voulaient surtout donner des secours ? la division de M. de Ro?rand, qui, plac? devant Lu?on, et isol?e entre les deux grandes arm?es de la Haute et de la Basse-Vend?e, agissait avec ses seules ressources, et avait besoin d'?tre appuy?e. Dans les premiers jours d'ao?t, en effet, ils port?rent quelques rassemblemens du c?t? de Lu?on, et furent compl?tement repouss?s par le g?n?ral Tuncq. Alors ils r?solurent de tenter un effort plus d?cisif. MM. d'Elb?e, de Lescure, de La Rochejaquelein, Charette, se r?unirent avec quarante mille hommes, et, le 14 ao?t, se pr?sent?rent de nouveau aux environs de Lu?on. Tuncq n'en avait gu?re que six mille. M. de Lescure, se fiant sur la sup?riorit? du nombre, donna le funeste conseil d'attaquer en plaine l'arm?e r?publicaine. MM. de Lescure et Charette prirent le commandement de la gauche, M. d'Elb?e celui du centre, M. de La Rochejaquelein celui de la droite. MM. de Lescure et Charette agirent avec une grande vigueur ? la droite; mais au centre, les soldats, oblig?s de lutter en plaine contre des troupes r?guli?res, montr?rent de l'h?sitation: M. de La Rochejaquelein, ?gar? dans sa route, n'arriva pas ? temps vers la gauche. Alors le g?n?ral Tuncq, faisant agir ? propos son artillerie l?g?re sur le centre ?branl?, y r?pandit le d?sordre, et en peu d'instans mit en fuite tous les Vend?ens au nombre de quarante mille. Aucun ?v?nement n'avait ?t? plus funeste pour ces derniers. Ils perdirent toute leur artillerie, et rentr?rent dans le pays, frapp?s de consternation. Dans ce m?me moment arrivait la destitution du g?n?ral Tuncq, demand?e par Ronsin. Bourdon et Goupilleau, indign?s, le maintinrent dans son commandement, ?crivirent ? la convention pour faire r?voquer la d?cision du ministre, et adress?rent de nouvelles plaintes contr? le parti d?sorganisateur de Saumur, qui r?pandait, disaient-ils, la confusion, et voulait remplacer tous les g?n?raux instruits par d'ignorans d?magogues. Dans ce moment, Rossignol faisant l'inspection des diverses colonnes de son commandement, arriva ? Lu?on. Son entrevue avec Tuncq, Goupilleau et Bourdon, ne fut qu'un ?change de reproches; malgr? deux victoires, il fut m?content de ce que l'on avait livr? des combats contre sa volont?: car il pensait, du reste avec raison, qu'il fallait ?viter tout engagement avant la r?organisation g?n?rale des diff?rentes arm?es. On se s?para, et imm?diatement apr?s, Bourdon et Goupilleau, apprenant quelques actes de rigueur exerc?s par Rossignol dans le pays, eurent la hardiesse de prendre un arr?t? pour le destituer. Aussit?t, les repr?sentans qui ?taient ? Saumur, Merlin, Bourbotte, Choudieu, et Rewbell, cass?rent l'arr?t? de Goupilleau et Bourdon, et r?int?gr?rent Rossignol. L'affaire fut port?e devant la convention: Rossignol, confirm? de nouveau, l'emporta sur ses adversaires. Bourdon et Goupilleau furent rappel?s, et Tuncq suspendu. Telle ?tait la situation des choses, lorsque la garnison de Mayence arriva dans la Vend?e. Il s'agissait de savoir quel plan on suivrait, et de quel c?t? on ferait agir cette brave garnison. Serait-elle attach?e ? l'arm?e de la Rochelle et mise sous les ordres de Rossignol, ou ? l'arm?e de Brest et confi?e ? Canclaux? Telle ?tait la question. Chacun voulait la poss?der, parce qu'elle devait d?cider le succ?s partout o? elle agirait. On ?tait d'accord pour envelopper le pays d'attaques simultan?es, qui, dirig?es de tous les points de la circonf?rence, viendraient aboutir au centre. Mais, comme la colonne qui poss?derait les Mayen?ais devait prendre une offensive plus d?cisive, et refouler les Vend?ens sur les autres colonnes, il s'agissait de savoir sur quel point il ?tait le plus utile de rejeter l'ennemi. Rossignol et les siens soutenaient que le meilleur parti ? prendre ?tait de faire marcher les Mayen?ais par Saumur, pour rejeter les Vend?ens sur la mer et sur la Basse Loire, o? on les d?truirait enti?rement; que les colonnes d'Angers, de Saumur, trop faibles, avaient besoin de l'appui des Mayen?ais pour agir; que, r?duites ? elles-m?mes, elles seraient dans l'impossibilit? de s'avancer en campagne pour donner la main aux autres colonnes de Niort et de Lu?on; qu'elles ne pourraient m?me pas arr?ter les Vend?ens refoul?s, ni les emp?cher de se r?pandre dans l'int?rieur; qu'enfin, en faisant avancer les Mayen?ais par Saumur, on ne perdrait point de temps, tandis que par Nantes, ils ?taient oblig?s de faire un circuit consid?rable, et de perdre dix ou quinze jours. Canclaux ?tait frapp? au contraire du danger de laisser la mer ouverte aux Vend?ens. Une escadre anglaise venait d'?tre signal?e dans les parages de l'Ouest, et on ne pouvait pas croire que les Anglais ne songeassent pas ? une descente dans le Marais. C'?tait alors la pens?e g?n?rale, et, quoiqu'elle f?t erron?e, elle occupait tous les esprits. Cependant les Anglais venaient ? peine d'envoyer un ?missaire dans la Vend?e. Il ?tait arriv? d?guis?, et demandait le nom des chefs, leurs forces, leurs intentions et leur but pr?cis: tant on ignorait en Europe les ?v?nemens int?rieurs de la France! Les Vend?ens avaient r?pondu par une demande d'argent et de munitions, et par la promesse de porter cinquante mille hommes sur le point o? l'on voudrait op?rer un d?barquement. Tout projet de ce genre ?tait donc encore bien ?loign?; mais de toutes parts on le croyait pr?t ? se r?aliser. Il fallait donc, disait Canclaux, faire agir les Mayen?ais par Nantes, couper ainsi les Vend?ens de la mer, et les refouler vers le haut pays. Se r?pandraient-ils dans l'int?rieur, ajoutait Canclaux, ils seraient bient?t d?truits, et quant au temps perdu, ce n'?tait pas une consid?ration ? faire valoir: car l'arm?e de Saumur ?tait dans un ?tat ? ne pouvoir pas agir avant dix ou douze jours, m?me avec les Mayen?ais. Une raison qu'on ne donnait pas, c'est que l'arm?e de Mayence, d?j? faite au m?tier de la guerre, aimait mieux servir avec les gens du m?tier, et pr?f?rait Canclaux, g?n?ral exp?riment?, ? Rossignol, g?n?ral ignorant, et l'arm?e de Brest, signal?e par des faits glorieux, ? celle de Saumur, connue seulement par des d?faites. Les repr?sentans, attach?s au parti de la discipline, partageaient aussi cet avis, et craignaient de compromettre l'arm?e de Mayence, en la pla?ant au milieu des soldats jacobins et d?sordonn?s de Saumur. Philippeaux, le plus ardent adversaire du parti Ronsin parmi les repr?sentans, se rendit ? Paris, et obtint un arr?t? du comit? de salut public en faveur de Canclaux. Ronsin fit r?voquer l'arr?t?, et il fut convenu alors qu'un conseil de guerre tenu ? Saumur d?ciderait de l'emploi des forces. Le conseil eut lieu le 2 septembre. On y comptait beaucoup de repr?sentans et de g?n?raux. Les avis se trouv?rent partag?s. Rossignol, qui mettait une grande bonne foi dans ses opinions, offrit ? Canclaux de lui r?signer le commandement, s'il voulait laisser agir les Mayen?ais par Saumur. Cependant l'avis de Canclaux l'emporta; les Mayen?ais furent attach?s ? l'arm?e de Brest, et la principale attaque dut ?tre dirig?e de la Basse sur la Haute-Vend?e. Le plan de campagne fut sign?, et on promit de partir, ? un jour donn?, de Saumur, Nantes, les Sables et Niort. La plus grande humeur r?gnait dans le parti de Saumur. Rossignol avait de l'ardeur, de la bonne foi, mais point d'instruction, point de sant?, et, quoique franchement d?vou?, il ?tait incapable de servir d'une mani?re utile. Il con?ut, de la d?cision adopt?e, moins de ressentiment que ses partisans eux-m?mes, tels que Ronsin, Momoro et tous les agens minist?riels. Ceux-ci ?crivirent sur-le-champ ? Paris pour se plaindre du mauvais parti qu'on venait de prendre, des calomnies r?pandues contre les g?n?raux sans-culottes, des pr?ventions qu'on avait inspir?es ? l'arm?e de Mayence, et ils montr?rent ainsi des dispositions qui ne devaient pas faire esp?rer de leur part un grand z?le ? seconder le plan d?lib?r? ? Saumur. Ronsin poussa m?me la mauvaise volont? jusqu'? interrompre les distributions de vivres faites ? l'arm?e de Mayence, sous pr?texte que, ce corps passant de l'arm?e de la Rochelle ? celle de Brest, c'?tait aux administrateurs de cette derni?re ? l'approvisionner. Les Mayen?ais partirent aussit?t pour Nantes, et Canclaux disposa toutes choses pour faire ex?cuter le plan convenu dans les premiers jours de septembre. Telle avait ?t? la marche g?n?rale des choses sur les divers th??tres de la guerre, pendant les mois d'ao?t et de septembre. Il faut suivre maintenant les grandes op?rations qui succ?d?rent ? ces pr?paratifs. Le duc d'York ?tait arriv? devant Dunkerque avec vingt-un mille Anglais et Hanovriens, et douze mille Autrichiens. Le mar?chal Freytag ?tait ? Ost-Capelle avec seize mille hommes; le prince d'Orange ? Menin avec quinze mille Hollandais. Ces deux derniers corps ?taient plac?s l? en arm?e d'observation. Le reste des coalis?s, dispers?s autour du Quesnoy et jusqu'? la Moselle, s'?levait ? environ cent mille hommes. Ainsi cent soixante ou cent soixante-dix mille hommes ?taient r?partis sur cette ligne immense, occup?s ? y faire des si?ges et ? y garder tous les passages. Carnot, qui commen?ait ? diriger les op?rations des Fran?ais, avait entrevu d?j? qu'il ne s'agissait pas de batailler sur tous les points, mais d'employer ? propos une masse sur un point d?cisif. Il avait donc conseill? de transporter trente-cinq mille hommes, de la Moselle et du Rhin au Nord. Son conseil avait ?t? adopt?, mais il ne put en arriver que douze mille en Flandre. N?anmoins, avec ce renfort et les divers camps plac?s ? Gavrelle, ? Lille, ? Cassel, les Fran?ais auraient pu former une masse de soixante mille hommes, et, dans l'?tat de dispersion o? se trouvait l'ennemi, frapper les plus grands coups. Il ne faut, pour s'en convaincre, que jeter les yeux sur le th??tre de la guerre. En suivant le rivage de la Flandre pour entrer en France, on trouve Furnes d'abord, et puis Dunkerque. Ces deux villes, baign?es d'un c?t? par l'Oc?an, de l'autre par les vastes marais de la Grande-Mo?r, ne peuvent communiquer entre elles que par une ?troite langue de terre. Le duc d'York arrivant par Furnes, qui se pr?sente la premi?re en venant du dehors, s'?tait plac?, pour assi?ger Dunkerque, sur cette langue de terre, entre la Grande-Mo?r et l'Oc?an. Le corps d'observation de Freytag ne s'?tait pas ?tabli ? Furnes de mani?re ? prot?ger les derri?res de l'arm?e de si?ge; il ?tait au contraire assez loin de cette position, en avant des marais de Dunkerque, de mani?re ? couper les secours qui pouvaient venir de l'int?rieur de la France. Les Hollandais du prince d'Orange, post?s ? Menin, ? trois journ?es de ce point, devenaient tout ? fait inutiles. Une masse de soixante mille hommes, marchant rapidement entre les Hollandais et Freytag, pouvait se porter ? Furnes derri?re le duc d'York, et, manoeuvrant ainsi entre les trois corps ennemis, accabler successivement Freytag, le duc d'York et le prince d'Orange. Il fallait pour cela une masse unique et des mouvemens rapides. Mais alors on ne songeait qu'? se pousser de front, en opposant ? chaque d?tachement, un d?tachement pareil. Cependant le comit? de salut public avait ? peu pr?s con?u le plan dont nous parlons. Il avait ordonn? de former un seul corps et de marcher sur Furnes. Houchard comprit un moment cette pens?e, mais ne s'y arr?ta pas, et songea tout simplement ? marcher contre Freytag, ? replier ce dernier sur les derri?res du duc d'York, et ? t?cher ensuite d'inqui?ter le si?ge. Pendant que Houchard h?tait ses pr?paratifs, Dunkerque faisait une vigoureuse r?sistance. Le g?n?ral Souham, second? par le jeune Hoche, qui se comporta ? ce si?ge d'une mani?re h?ro?que, avait d?j? repouss? plusieurs attaques. L'assi?geant ne pouvait pas ouvrir facilement la tranch?e dans un terrain sablonneux, au fond duquel on trouvait l'eau en creusant seulement ? trois pieds. La flottille qui devait descendre la Tamise pour bombarder la place, n'arrivait pas, et au contraire une flottille fran?aise, sortie de Dunkerque et emboss?e le long du rivage, harcelait les assi?geans enferm?s sur leur ?troite langue de terre, manquant d'eau potable et expos?s ? tous les dangers. C'?tait le cas de se h?ter et de frapper des coups d?cisifs. On ?tait arriv? aux derniers jours d'ao?t. Suivant l'usage de la vieille tactique, Houchard commen?a par une d?monstration sur Menin, qui n'aboutit qu'? un combat sanglant et inutile. Apr?s avoir donn? cette alarme pr?liminaire, il s'avan?a, en suivant plusieurs routes, vers la ligne de l'Yser, petit cours d'eau qui le s?parait du corps d'observation de Freytag. Au lieu de venir se placer entre le corps d'observation et le corps de si?ge, il confia ? H?douville le soin de marcher sur Rousbrugghe, pour inqui?ter seulement la retraite de Freytag sur Furnes, et il alla lui-m?me donner de front sur Freytag, en marchant avec toute son arm?e par Houtkercke, Hers?ele et Bamb?ke. Freytag avait dispos? son corps sur une ligne assez ?tendue, et il n'en avait qu'une partie autour de lui, lorsqu'il re?ut le premier choc de Houchard. Il r?sista ? Hers?ele; mais, apr?s un combat assez vif, il fut oblig? de repasser l'Yser, et de se replier sur Bamb?ke, et successivement de Bamb?ke sur Rexpoede et Killem. En reculant de la sorte, au-del? de l'Yser, il laissait ses ailes compromises en avant. La division Walmoden se trouvait jet?e loin de lui, ? sa droite, et sa propre retraite ?tait menac?e vers Rousbrugghe par H?douville. Freytag veut alors, dans la m?me journ?e, se reporter en avant, et reprendre Rexpoede, afin de rallier ? lui la division Walmoden. Il arrive ? Rexpoede au moment o? les Fran?ais y entraient. Un combat des plus vifs s'engage: Freytag est bless? et fait prisonnier. Cependant la fin du jour s'approche; Houchard, craignant une attaque de nuit, se retire hors du village, et n'y laisse que trois bataillons. Walmoden, qui se repliait avec sa division compromise, arrive dans cet instant, et se d?cide ? attaquer vivement Rexpoede, afin de se faire jour. Un combat sanglant se livre au milieu de la nuit; le passage est franchi, Freytag est d?livr?, et l'ennemi se retire en masse sur le village de Hondschoote. Ce village, situ? contre la Grande-Mo?r et sur la route de Furnes, ?tait un des points par lesquels il fallait passer en se retirant sur Furnes. Houchard avait renonc? ? l'id?e essentielle de manoeuvrer vers Furnes, entre le corps de si?ge et le corps d'observation; il ne lui restait donc plus qu'? pousser toujours de front le mar?chal Freytag, et ? se ruer contre le village de Hondschoote. La journ?e du 7 se passa ? observer les positions de l'ennemi, d?fendues par une artillerie tr?s forte, et, le 8, l'attaque d?cisive fut r?solue. D?s le matin, l'arm?e fran?aise se porte sur toute la ligne pour attaquer de front. La droite, sous les ordres d'H?douville, s'?tend entre Killem et B?veren; le centre, command? par Jourdan, marche directement de Killem sur Hondschoote; la gauche attaque entre Killem et le canal de Furnes. L'action s'engage entre les taillis qui couvraient le centre. De part et d'autre, les plus grandes forces sont dirig?es sur ce m?me point. Les Fran?ais reviennent plusieurs fois ? l'attaque des positions, et enfin ils s'en rendent ma?tres. Tandis qu'ils triomphent au centre, les retranchemens sont emport?s ? la droite, et l'ennemi prend le parti de se retirer sur Furnes par les routes de Houthem et de Hoghestade. Tandis que ces choses se passaient ? Hondschoote, la garnison de Dunkerque faisait, sous la conduite de Hoche, une sortie vigoureuse, et mettait les assi?geans dans le plus grand p?ril. Le lendemain du combat, ceux-ci tinrent un conseil de guerre; se sentant menac?s sur leurs derri?res, et ne voyant pas arriver les armemens maritimes qui devaient servir ? bombarder la place, ils r?solurent de lever le si?ge, et de se retirer sur Furnes, o? venait d'arriver Freytag. Ils y furent tous r?unis le 9 septembre au soir. Telles furent ces trois journ?es, qui eurent pour but et pour r?sultat de replier le corps d'observation sur les derri?res du corps de si?ge, en suivant une marche directe. Le dernier combat donna son nom ? cette op?ration, et la bataille d'Hondschoote fut consid?r?e comme le salut de Dunkerque. Cette op?ration, en effet, rompait la longue cha?ne de nos revers au Nord, faisait essuyer un ?chec personnel aux Anglais, trompait le plus cher de leurs voeux, sauvait la r?publique du malheur qui lui e?t ?t? le plus sensible, et donnait un grand encouragement ? la France. La victoire d'Hondschoote produisit ? Paris une grande joie, inspira plus d'ardeur ? toute la jeunesse, et fit esp?rer que notre ?nergie pourrait ?tre heureuse. Peu importent, en effet, les revers, pourvu que des succ?s viennent s'y m?ler, et rendre au vaincu l'esp?rance et le courage. L'alternative ne fait qu'augmenter l'?nergie et exalter l'enthousiasme de la r?sistance. Pendant que le duc d'York s'?tait port? ? Dunkerque, Cobourg avait r?solu l'attaque du Quesnoy. Cette place manquait de tous les moyens n?cessaires ? sa d?fense, et Cobourg la serrait de tr?s pr?s. Le comit? de salut public, ne n?gligeant pas plus cette partie de la fronti?re que les autres, avait ordonn? sur-le-champ que des colonnes sortissent de Landrecies, Cambray et Maubeuge. Malheureusement, ces colonnes ne purent agir en m?me temps; l'une fut renferm?e dans Landrecies; l'autre, entour?e dans la pleine d'Avesnes, et form?e en bataillon carr?, fut rompue apr?s une r?sistance des plus honorables. Enfin le Quesnoy fut oblig? de capituler le 11 septembre. Cette perte ?tait peu de chose ? c?t? de la d?livrance de Dunkerque; mais elle m?lait quelque amertume ? la joie produite par ce dernier ?v?nement. Les Prussiens et les Autrichiens, plac?s sur les deux versans des Vosges, en face de nos deux arm?es de la Moselle et du Rhin, venaient enfin de faire quelques tentatives s?rieuses. Le vieux Wurmser, plus ardent que les Prussiens, et sentant l'avantage des passages des Vosges, voulut occuper le poste important de Bodenthal, vers la Haute-Lauter. Il hasarda en effet un corps de quatre mille hommes, qui, passant ? travers d'affreuses montagnes, parvint ? occuper Bodenthal. De leur c?t?, les repr?sentais ? l'arm?e du Rhin, c?dant ? l'impulsion g?n?rale, qui d?terminait partout un redoublement d'?nergie, r?solurent une sortie g?n?rale des lignes de Wissembourg pour le 12 septembre. Les trois g?n?raux Desaix, Dubois et Michaud, lanc?s ? la fois contre les Autrichiens, firent des efforts inutiles et furent ramen?s dans les lignes. Les tentatives dirig?es surtout contre le corps autrichien jet? ? Bodenthal, furent compl?tement repouss?es. Cependant on pr?para une nouvelle attaque pour le 14. Tandis que le g?n?ral Ferrette marcherait sur Bodenthal, l'arm?e de la Moselle, agissant sur l'autre versant, devait attaquer Pirmasens, qui correspond ? Bodenthal, et o? Brunswick se trouvait post? avec une partie de l'arm?e prussienne. L'attaque du g?n?ral Ferrette r?ussit parfaitement; nos soldats assaillirent les positions des Autrichiens avec une h?ro?que t?m?rit?, s'en empar?rent, et recouvr?rent l'important d?fil? de Bodenthal. Mais il n'en fut pas de m?me sur le versant oppos?. Brunswick sentait l'importance de Pirmasens, qui fermait les d?fil?s; il poss?dait des forces consid?rables, et se trouvait dans des positions excellentes. Pendant que l'arm?e de la Moselle faisait face sur la Sarre au reste de l'arm?e prussienne, douze mille hommes furent jet?s de Hornbach sur Pirmasens. Le seul espoir des Fran?ais ?tait d'enlever Pirmasens par une surprise; mais, aper?us et mitraill?s d?s leur premi?re approche, il ne leur restait plus qu'? se retirer. C'est ce que voulait le g?n?ral; mais les repr?sentans s'y oppos?rent, et ils ordonn?rent l'attaque sur trois colonnes, et par trois ravins qui aboutissaient ? la hauteur sur laquelle est situ? Pirmasens. D?j? nos soldats, gr?ce ? leur bravoure, s'?taient fort avanc?s; la colonne de droite ?tait m?me pr?te ? franchir le ravin dans lequel elle marchait, et ? tourner Pirmasens, lorsqu'un double feu, dirig? sur les deux flancs, vient l'accabler inopin?ment. Nos soldats r?sistent d'abord, mais le feu redouble, et ils sont enfin ramen?s le long du ravin o? ils s'?taient engag?s. Les autres colonnes sont repli?es de m?me, et toutes fuient le long des vall?es, dans le plus grand d?sordre. L'arm?e fut oblig?e de se reporter au poste d'o? elle ?tait partie. Tr?s heureusement, les Prussiens ne song?rent pas ? la poursuivre, et ne firent pas m?me occuper son camp d'Hornbach, qu'elle avait quitt? pour marcher sur Pirmasens. Nous perd?mes ? cette affaire vingt-deux pi?ces de canon, et quatre mille hommes tu?s, bless?s ou prisonniers. Cet ?chec du 14 septembre pouvait avoir une grande importance. Les coalis?s, ranim?s par le succ?s, songeaient ? user de toutes leurs forces; ils se disposaient ? marcher sur la Sarre et la Lauter, et ? nous enlever ainsi les lignes de Wissembourg. Le si?ge de Lyon se poursuivait avec lenteur. Les Pi?montais, en d?bouchant par les Hautes-Alpes, dans les vall?es de la Savoie, avaient fait diversion, et oblig? Dubois-Cranc? et Kellermann ? diviser leurs forces. Kellermann s'?tait port? en Savoie. Dubois-Cranc?, rest? devant Lyon avec des moyens insuffisans, faisait inutilement pleuvoir le fer et le feu sur cette malheureuse cit?, qui, r?solue ? tout souffrir, ne pouvait plus ?tre r?duite par les d?sastres du blocus et du bombardement, mais seulement par une attaque de vive force. Aux Pyr?n?es, nous venions d'?prouver un sanglant ?chec. Nos troupes ?taient rest?es depuis les dernier ?v?nemens aux environs de Perpignan; les Espagnols se trouvaient dans leur camp du Mas-d'Eu. Nombreux, aguerris, et command?s par un g?n?ral habile, ils ?taient pleins d'ardeur et d'esp?rance. Nous avons d?j? d?crit le th??tre de la guerre. Les deux vall?es presque parall?les du Tech et de la Tet partent de la grande cha?ne et d?bouchent vers la mer; Perpignan est dans la seconde de ces vall?es. Ricardos avait franchi la premi?re ligne du Tech, puisqu'il se trouvait au Mas-d'Eu, et il avait r?solu de passer la Tet fort au-dessus de Perpignan, de mani?re ? tourner cette place, et ? forcer notre arm?e ? l'abandonner. Dans ce but, il songea d'abord ? s'emparer de Villefranche. Cette petite forteresse, plac?e sur le cours sup?rieur de la Tet, devait assurer son aile gauche contre le brave Dagobert, qui, avec trois mille hommes, obtenait des succ?s en Cerdagne. En cons?quence, vers les premiers jours d'ao?t, il d?tacha le g?n?ral Crespo avec quelques bataillons. Celui-ci n'eut qu'? se pr?senter devant Villefranche; le commandant lui en ouvrit l?chement les portes. Crespo y laissa garnison, et vint rejoindre Ricardos. Pendant ce temps, Dagobert, avec un tr?s petit corps, parcourut toute la Cerdagne, replia les Espagnols jusqu'? la Seu-d'Urgel, et songea m?me ? les repousser jusqu'? Campredon. Cependant la faiblesse du d?tachement de Dagobert, et la forteresse de Villefranche, rassur?rent Ricardos contre les succ?s des Fran?ais sur son aile gauche. Ricardos persista donc dans son offensive. Le 31 ao?t, il fit menacer notre camp sous Perpignan, passa la Tet au-dessus de Soler, en chassant devant lui notre aile droite, qui vint se replier ? Salces, ? quelques lieues en arri?re de Perpignan, et tout pr?s de la mer. Dans cette position, les Fran?ais, les uns enferm?s dans Perpignan, les autres accul?s sur Salces, ayant la mer ? dos, se trouvaient dans une position des plus dangereuses. Dagobert, il est vrai, remportait de nouveaux avantages dans la Cerdagne, mais trop peu importans pour alarmer Ricardos. Les repr?sentans Fabre et Cassaigne, retir?s avec l'arm?e ? Salces, r?solurent d'appeler Dagobert en remplacement de Barbantane, afin de ramener la fortune sous nos drapeaux. En attendant l'arriv?e du nouveau g?n?ral, ils projet?rent un mouvement combin? entre Salces et Perpignan, pour sortir de cette situation p?rilleuse. Ils ordonn?rent ? une colonne de s'avancer de Perpignan, et d'attaquer les Espagnols par derri?re, tandis qu'eux-m?mes, quittant leurs positions, les attaqueraient de front. En effet, le 15 septembre, le g?n?ral Davoust sort de Perpignan avec six ou sept mille hommes, tandis que P?rignon se dirige de Salces sur les Espagnols. Au signal convenu, on se jette des deux c?t?s sur le camp ennemi; les Espagnols, press?s de toutes parts, sont oblig?s de fuir derri?re la Tet, en abandonnant vingt-six pi?ces de canon. Ils viennent aussit?t se replacer au camp du Mas-d'Eu, d'o? ils ?taient partis pour ex?cuter cette offensive hardie, mais malheureuse. Certainement ce brave g?n?ral n'avait m?rit? que des lauriers par sa fermet? au milieu d'un tel revers, et si sa colonne de gauche e?t mieux agi, si ses bataillons du centre ne se fussent pas d?band?s, ses dispositions auraient ?t? suivies d'un plein succ?s. N?anmoins, la d?fiance ombrageuse des repr?sentans lui imputa ce d?sastre. Bless? de cette injustice, il retourna prendre le commandement subalterne de la Cerdagne. Notre arm?e se trouva donc encore refoul?e sur Perpignan, et expos?e ? perdre l'importante ligne de la Tet. Le plan de campagne du 2 septembre avait ?t? mis ? ex?cution dans la Vend?e. La division de Mayence devait, comme on l'a vu, agir par Nantes. Le comit? de salut public, qui recevait des nouvelles alarmantes sur les projets des Anglais sur l'Ouest, approuva tout ? fait l'id?e de porter les principales forces vers les c?tes. Rossignol et son parti en con?urent beaucoup d'humeur, et ?crivirent au minist?re des lettres qui ne faisaient attendre d'eux qu'une faible coop?ration aux plans convenus. La division de Mayence marcha donc sur Nantes, o? elle fut re?ue avec de grandes d?monstrations de joie, et au milieu des f?tes. Un banquet ?tait pr?par?, et avant de s'y rendre, on pr?luda au festin par une vive escarmouche avec les partis ennemis r?pandus sur les bords de la Loire. Si la colonne de Nantes ?tait joyeuse d'?tre r?unie ? la c?l?bre arm?e de Mayence, celle-ci n'?tait pas moins satisfaite de servir sous le brave Canclaux, et avec sa division d?j? signal?e par la d?fense de Nantes et par une foule de faits honorables. D'apr?s le plan concert?, des colonnes partant de tous les points du th??tre de la guerre devaient se r?unir au centre et y ?craser l'ennemi. Canclaux, g?n?ral de l'arm?e de Brest, partant de Nantes, devait descendre la rive gauche de la Loire, tourner autour du vaste lac de Grand-Lieu, balayer la Vend?e inf?rieure, remonter ensuite vers Machecoul, et se trouver ? L?ger le 11 ou le 12. Son arriv?e sur ce dernier point ?tait le signal du d?part pour les colonnes de l'arm?e de La Rochelle, charg?es d'assaillir le pays par le Midi et l'Est. On se souvient que l'arm?e de La Rochelle, sous les ordres de Rossignol, g?n?ral en chef, se composait de plusieurs divisions: celle des Sables ?tait command?e par Mieszkousky, celle de Lu?on par Beffroy, celle de Niort par Chalbos, celle de Saumur par Santerre, celle d'Angers par Duhoux. A l'instant o? Canclaux arriverait ? L?ger, la colonne des Sables avait ordre de se mettre en mouvement, de se trouver le 13 ? Saint-Fulgent, le 14 aux Herbiers, et le 16 enfin, d'?tre avec Canclaux ? Mortagne. Les colonnes de Lu?on, de Niort, devaient, en se donnant la main, avancer vers Bressuire et Argenton, et avoir atteint cette hauteur le 14; enfin, les colonnes de Saumur et d'Angers, partant de la Loire, devaient arriver aussi le 14 aux environs de Vihiers et Chemill?. Ainsi, d'apr?s ce plan, tout le pays devait ?tre parcouru du 14 au 16, et les rebelles allaient ?tre enferm?s par les colonnes r?publicaines entre Mortagne, Bressuire, Argenton, Vihiers et Chemill?. Leur destruction devenait alors in?vitable. On a d?j? vu que, deux fois repouss?s de Lu?on avec un dommage consid?rable, les Vend?ens avaient fort ? coeur de prendre une revanche. Ils se r?unirent en force avant que les r?publicains eussent ex?cut? leurs projets; et tandis que Charette assi?geait le camp des Naudi?res du c?t? de Nantes, ils attaqu?rent la division de Lu?on, qui s'?tait avanc?e jusqu'? Chantonay. Ces deux tentatives eurent lieu le 5 septembre. Celle de Charette sur les Naudi?res fut repouss?e; mais l'attaque sur Chantonay, impr?vue et bien dirig?e, jeta les r?publicains dans le plus grand d?sordre. Le jeune et brave Marceau fit des prodiges pour ?viter un d?sastre; mais sa division, apr?s avoir perdu ses bagages et son artillerie, se retira p?le-m?le ? Lu?on. Cet ?chec pouvait nuire au plan projet?, parce que la d?sorganisation de l'une des colonnes laissait un vide entre la division des Sables et celle de Niort; mais les repr?sentans firent les efforts les plus actifs pour la r?organiser, et on envoya des courriers ? Rossignol, afin de le pr?venir de l'?v?nement. Tous les Vend?ens ?taient dans ce moment r?unis aux Herbiers, autour du g?n?ralissime d'Elb?e. La division ?tait parmi eux comme chez leurs adversaires, car le coeur humain est partout le m?me, et la nature ne r?serve pas le d?sint?ressement et les vertus pour un parti, en laissant exclusivement ? l'autre l'orgueil, l'?go?sme et les vices. Les chefs vend?ens se jalousaient entre eux comme les chefs r?publicains. Les g?n?raux avaient peu de consid?ration pour le conseil sup?rieur, qui affectait une esp?ce de souverainet?. Poss?dant la force r?elle, ils n'?taient nullement dispos?s ? c?der le commandement ? un pouvoir qui ne devait qu'? eux-m?mes sa fictive existence. Ils enviaient d'ailleurs le g?n?ralissime d'Elb?e, et pr?tendaient que Bonchamps e?t ?t? mieux fait pour leur commander ? tous. Charette, de son c?t?, voulait rester seul ma?tre de la Basse-Vend?e. Ils ?taient donc peu dispos?s ? s'entendre, et ? concerter un plan en opposition ? celui des r?publicains. Une d?p?che intercept?e venait de leur faire conna?tre les projets de leurs ennemis. Bonchamps fut le seul qui proposa un projet hardi et qui r?v?lait des pens?es profondes. Il pensait qu'il ne serait pas possible de r?sister long-temps aux forces de la r?publique r?unies dans la Vend?e; qu'il ?tait pressant de s'arracher de ces bois, de ces ravins, o? l'on serait ?ternellement enseveli, sans conna?tre les coalis?s et sans ?tre connu d'eux; en cons?quence il soutint qu'au lieu de s'exposer ? ?tre d?truit, il valait mieux sortir en colonne serr?e de la Vend?e, et s'avancer dans la Bretagne o? l'on ?tait d?sir?, et o? la r?publique ne s'attendait pas ? ?tre frapp?e. Il conseilla de marcher jusques aux c?tes de l'Oc?an, de s'emparer d'un port, de communiquer avec les Anglais, d'y recevoir un prince ?migr?, de se reporter de l? sur Paris, et de faire ainsi une guerre offensive et d?cisive. Cet avis, qu'on pr?te ? Bonchamps, ne fut pas suivi des Vend?ens, dont les vues ?taient toujours aussi born?es, et qui avaient toujours une aussi grande r?pugnance ? quitter leur sol. Leurs chefs ne song?rent qu'? se partager le pays en quatre portions, pour y r?gner individuellement. Charette eut la Basse-Vend?e, M. de Bonchamps les bords de la Loire du c?t? d'Angers, M. de La Rochejaquelein le reste du Haut-Anjou, M. de Lescure toute la partie insurg?e du Poitou. M. d'Elb?e conserva son titre inutile de g?n?ralissime, et le conseil sup?rieur son autorit? fictive. Le 9, Canclaux se mit en mouvement, laissa au camp des Naudi?res une forte r?serve sous les ordres de Grouchy et d'Haxo, pour prot?ger Nantes, et achemina la colonne de Mayence vers L?ger. Pendant ce temps l'ancienne arm?e de Brest, sous les ordres de Beysser, faisant le circuit de la Basse-Vend?e par Pornic, Bourneuf et Machecoul, devait se rejoindre ? L?ger avec la colonne de Mayence. Ces mouvemens, dirig?s par Canclaux, s'ex?cut?rent sans obstacles. La colonne de Mayence, dont Kl?ber commandait l'avant-garde, et Aubert-Dubayet le corps de bataille, chassa tous les ennemis devant elle. Kl?ber, ? l'avant-garde, aussi loyal qu'h?ro?que, faisait camper ses troupes hors des villages pour emp?cher les d?vastations. < On ?tait arriv? le 14 ? L?ger, et la colonne de Mayence s'y ?tait r?unie ? celle de Brest, command?e par Beysser. Pendant ce temps, la colonne des Sables, sous les ordres de Mieszkousky, s'?tait avanc?e ? Saint-Fulgent, suivant le plan convenu, et donnait d?j? la main ? l'arm?e de Canclaux. Celle de Lu?on, retard?e un moment par sa d?faite ? Chantonay, ?tait demeur?e en arri?re; mais, gr?ce au z?le des repr?sentans qui lui avaient donn? un nouveau g?n?ral, Beffroy, elle s'?tait report?e en avant. Celle de Niort se trouvait ? la Ch?taigneraie. Ainsi, quoique le mouvement g?n?ral e?t ?t? retard? d'un jour ou deux sur tous les points, et que Canclaux ne f?t arriv? que le 14 ? L?ger, o? il aurait d? se trouver le 12, le retard ?tant commun ? toutes les colonnes, l'ensemble n'en ?tait pas d?truit, et on pouvait poursuivre l'ex?cution du plan de campagne. Mais, dans cet intervalle de temps, la nouvelle de la d?faite essuy?e par la division de Lu?on ?tait arriv?e ? Saumur; Rossignol, Ronsin et tout l'?tat-major avaient pris l'alarme; et, craignant qu'il n'arriv?t de semblables accidens aux deux autres colonnes de Niort et des Sables, dont ils suspectaient la force, ils d?cid?rent de les faire rentrer sur-le-champ dans leurs premiers postes. Cet ordre ?tait des plus imprudens; cependant il n'?tait pas donn? de mauvaise foi, et dans l'intention de d?couvrir Canclaux et d'exposer ses ailes; mais on avait peu de confiance en son plan, on ?tait tr?s dispos?, au moindre obstacle, ? le juger impossible, et ? l'abandonner. C'est l? sans doute ce qui d?termina l'?tat-major de Saumur ? ordonner le mouvement r?trograde des colonnes de Niort, de Lu?on et des Sables. Canclaux, poursuivant sa marche, avait fait de nouveaux progr?s; il avait attaqu? Montaigu sur trois points: Kl?ber, par la route de Nantes, Aubert-Dubayet, par celle de Roche-Servi?re, et Beysser, par celle de Saint-Fulgent, s'y ?taient pr?cipit?s ? la fois, et en avaient bient?t d?log? l'ennemi. Le 17, Canclaux prit Clisson; et, ne voyant pas encore agir Rossignol, il r?solut de s'arr?ter, et de se borner ? des reconnaissances, en attendant de nouveaux renseignemens. Canclaux s'?tablit donc aux environs de Clisson, laissa Beysser ? Montaigu, et porta Kl?ber avec l'avant-garde ? Torfou. On ?tait l? le 18. Le contre-ordre donn? de Saumur ?tait arriv? ? la division de Niort, et avait ?t? communiqu? aux deux autres divisions de Lu?on et des Sables; sur-le-champ elles s'?taient retir?es, et avaient jet?, par leur mouvement r?trograde, les Vend?ens dans l'?tonnement, et Canclaux dans le plus grand embarras. Les Vend?ens ?taient environ cent mille sous les armes. Un nombre immense d'entre eux se trouvait du c?t? de Vihiers et de Chemill?, en face des colonnes de Saumur et d'Angers; un nombre plus consid?rable encore du c?t? de Clisson et de Mortagne, sur Canclaux. Les colonnes d'Angers et de Saumur, en les voyant si nombreux, disaient que c'?tait l'arm?e de Mayence qui les leur rejetait sur les bras, et se plaignaient de ce plan qui les exposait ? recevoir un ennemi si formidable. Cependant il n'en ?tait rien, et les Vend?ens ?taient partout debout en assez grand nombre pour occuper les r?publicains sur tous les points. Ce jour m?me, loin de se jeter sur les colonnes de Rossignol, ils marchaient sur Canclaux: d'Elb?e et Lescure quittaient la Haute-Vend?e pour joindre l'arm?e de Mayence. Par une singuli?re complication d'?v?nemens, Rossignol, en apprenant les succ?s de Canclaux, qui avait p?n?tr? jusqu'au centre de la Vend?e, contremande ses premiers ordres de retraite, et enjoint ? ses colonnes de se reporter en avant. Les colonnes de Saumur et d'Angers, plac?es ? sa port?e, agissent les premi?res, et escarmouchent, l'une ? Dou?, l'autre aux ponts de C?. Les avantages sont balanc?s. Le 18, celle de Saumur, command?e par Santerre, veut s'avancer de Vihiers ? un petit village nomm? Coron. Artillerie, cavalerie, infanterie, se trouvent, par de mauvaises dispositions, accumul?es confus?ment dans les rues de ce village qui ?tait domin?. Santerre veut r?parer cette faute et faire reculer les troupes pour les mettre en bataille sur une hauteur; mais Ronsin, qui, en l'absence de Rossignol, s'attribuait une autorit? sup?rieure, reproche ? Santerre d'ordonner la retraite, et s'y oppose. Dans ce moment, les Vend?ens fondent sur les r?publicains, un horrible d?sordre se communique ? toute la division. Il s'y trouvait beaucoup d'hommes du nouveau contingent lev? avec le tocsin; ceux-ci se d?bandent; tout est entra?n? et fuit confus?ment, de Coron ? Vihiers, ? Dou? et ? Saumur. Le lendemain 19, les Vend?ens marchent contre la division d'Angers, command?e par Duhoux. Aussi heureux que la veille, ils repoussent les r?publicains jusqu'au-del? d'?rign?, et s'emparent de nouveau des ponts de C?. Tous ces ?v?nemens s'?taient pass?s le 19; l'ordre de se reporter en avant, qui avait si mal r?ussi aux deux divisions de Saumur et d'Angers, n'?tait pas encore parvenu, ? cause des distances, aux colonnes de Lu?on et de Niort. Beysser ?tait toujours ? Montaigu, formant la droite de Canclaux et se trouvant d?couvert. Canclaux voulant mettre Beysser ? l'abri, lui ordonna de quitter Montaigu et de se rapprocher du corps de bataille. Il enjoignit ? Kl?ber de s'avancer du c?t? de Beysser pour prot?ger son mouvement. Beysser, trop n?gligent, avait laiss? sa colonne mal gard?e dans Montaigu. MM. de Lescure et Charette la surprirent, et l'auraient an?antie sans la bravoure de deux bataillons, qui, par leur opini?tret?, arr?t?rent la rapidit? de la poursuite et de la retraite. L'artillerie et les bagages furent perdus, et les d?bris de cette colonne coururent ? Nantes, o? ils furent re?us par la brave r?serve laiss?e pour prot?ger la place. Canclaux r?solut alors de r?trograder, pour ne pas rester en fl?che dans le pays, expos? ? tous les coups des Vend?ens. Il se replia en effet sur Nantes avec ses braves Mayen?ais, qui ne furent pas entam?s, gr?ce ? leur attitude imposante, et aux refus de Charette, qui ne voulut pas se r?unir ? MM. d'Elb?e et de Bonchamps, dans la poursuite des r?publicains. La cause qui emp?cha le succ?s de cette nouvelle exp?dition sur la Vend?e est ?vidente. L'?tat-major de Saumur avait ?t? m?content du plan qui adjugeait la colonne de Mayence ? Canclaux; l'?chec du 5 septembre fut pour lui un pr?texte suffisant de se d?courager, et de renoncer ? ce plan. Un contre-ordre fut aussit?t donn? aux colonnes des Sables, de Lu?on et de La Rochelle. Canclaux, qui s'?tait avanc? avec succ?s, se trouva ainsi d?couvert, et l'?chec de Torfou rendit sa position encore plus difficile. Cependant l'arm?e de Saumur, en apprenant ses progr?s, marcha de Saumur et d'Angers, ? Vihiers et Chemill?, et si elle ne s'?tait pas si t?t d?band?e, il est probable que la retraite des ailes n'aurait pas emp?ch? le succ?s d?finitif de l'entreprise. Ainsi, trop de promptitude ? renoncer au plan propos?, la mauvaise organisation des nouvelles lev?es, et la puissance des Vend?ens, qui ?taient plus de cent mille sous les armes, furent les causes de ces nouveaux revers. Mais il n'y avait ni trahison de la part de l'?tat-major de Saumur, ni vice dans le plan de Canclaux. L'effet de ces revers ?tait funeste, car la nouvelle r?sistance de la Vend?e r?veillait toutes les esp?rances des contre-r?volutionnaires, et aggravait singuli?rement les p?rils de la r?publique. Enfin, si les arm?es de Brest et de Mayence n'en ?taient pas ?branl?es, celle de La Rochelle se trouvait encore une fois d?sorganis?e, et tous les contingens, provenant de la lev?e en masse, rentraient dans leurs foyers, en y portant le plus grand d?couragement. Les deux partis de l'arm?e s'empress?rent aussit?t de s'accuser. Philippeaux, toujours plus ardent, ?crivit au comit? de salut public une lettre bouillante d'indignation, o? il attribua ? une trahison le contre-ordre donn? aux colonnes de l'arm?e de la Rochelle. Choudieu et Richard, commissaires ? Saumur, ?crivirent des r?ponses aussi injurieuses, et Ronsin courut aupr?s du minist?re et du comit? de salut public pour d?noncer les vices du plan de campagne. Canclaux, dit-il, faisant agir des masses trop fortes dans la Basse-Vend?e, avait rejet? sur la Haute-Vend?e toute la population insurg?e, et avait amen? la d?faite des colonnes de Saumur et d'Angers. Enfin, rendant calomnies pour calomnies, Ronsin r?pondit au reproche de trahison par celui d'aristocratie, et d?non?a ? la fois les deux arm?es de Brest et de Mayence, comme remplies d'hommes suspects et malintentionn?s. Ainsi s'envenimait toujours davantage la querelle du parti jacobin contre le parti qui voulait la discipline et la guerre r?guli?re. L'inconcevable d?route de Menin, l'inutile et meurtri?re tentative sur Pirmasens, les d?faites aux Pyr?n?es-Orientales, la f?cheuse issue de la nouvelle exp?dition sur la Vend?e, furent connues ? Paris presque en m?me temps, et y caus?rent la plus funeste impression. Ces nouvelles se r?pandirent successivement du 18 au 25 septembre, et, suivant l'usage, la crainte excita la violence. On a d?j? vu que les plus ardens agitateurs se r?unissaient aux Cordeliers, o? l'on s'imposait encore moins de r?serve qu'aux Jacobins, et qu'ils r?gnaient au minist?re de la guerre sous le faible Bouchotte. Vincent ?tait leur chef ? Paris, comme Ronsin dans la Vend?e, et ils saisirent cette occasion de renouveler leurs plaintes accoutum?es. Plac?s au-dessous de la convention, ils auraient voulu ?carter son autorit? incommode, qu'ils rencontraient aux arm?es dans la personne des repr?sentans, et ? Paris dans le comit? de salut public. Les repr?sentans en mission ne leur laissaient pas ex?cuter les mesures r?volutionnaires avec toute la violence qu'ils d?siraient y mettre; le comit? de salut public, r?glant souverainement toutes les op?rations suivant des vues plus ?lev?es et plus impartiales, les contrariait sans cesse, et il ?tait de tous les obstacles celui qui les g?nait le plus; aussi leur venait-il souvent ? l'esprit de faire ?tablir le nouveau pouvoir ex?cutif, d'apr?s le mode adopt? par la constitution. La mise en vigueur de la constitution, souvent et m?chamment demand?e par les aristocrates, avait de grands p?rils. Elle exigeait de nouvelles ?lections, rempla?ait la convention par une autre assembl?e, n?cessairement inexp?riment?e, inconnue au pays, et renfermant toutes les factions ? la fois. Les r?volutionnaires enthousiastes, sentant ce danger, ne demandaient pas le renouvellement de la repr?sentation nationale, mais r?clamaient l'ex?cution de la constitution en ce qui convenait ? leurs vues. Plac?s presque tous dans les bureaux, ils voulaient seulement la formation du minist?re constitutionnel, qui devait ?tre ind?pendant du pouvoir l?gislatif, et par cons?quent du comit? de salut public. Vincent eut donc l'audace de faire r?diger une p?tition aux Cordeliers, pour demander l'organisation du minist?re constitutionnel, et le rappel des d?put?s en mission. L'agitation fut des plus vives. Legendre, ami de Danton, et d?j? rang? parmi ceux dont l'?nergie semblait se ralentir, s'y opposa vainement, et la p?tition fut adopt?e, ? un article pr?s, celui qui demandait le rappel des repr?sentans en mission. L'utilit? de ces repr?sentans ?tait si ?vidente, et il y avait dans cette clause quelque chose de si personnel contre les membres de la convention, qu'on n'osa pas y persister. Cette p?tition provoqua beaucoup de tumulte ? Paris, et compromit s?rieusement l'autorit? naissante du comit? de salut public. Outre ces adversaires violens, ce comit? en avait encore d'autres parmi les nouveaux mod?r?s, qu'on accusait de reproduire le syst?me des girondins, et de contrarier l'?nergie r?volutionnaire. Fortement prononc?s contre les cordeliers, les jacobins, les d?sorganisateurs des arm?es, ils ne cessaient de faire leurs plaintes au comit?, et lui reprochaient m?me de ne pas se d?clarer assez fortement contre les anarchistes. Add to tbrJar First Page Next Page |
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