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Munafa ebook

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Read Ebook: Histoire de la Révolution française Tome 05 by Thiers Adolphe

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Ebook has 350 lines and 91639 words, and 7 pages

Outre ces adversaires violens, ce comit? en avait encore d'autres parmi les nouveaux mod?r?s, qu'on accusait de reproduire le syst?me des girondins, et de contrarier l'?nergie r?volutionnaire. Fortement prononc?s contre les cordeliers, les jacobins, les d?sorganisateurs des arm?es, ils ne cessaient de faire leurs plaintes au comit?, et lui reprochaient m?me de ne pas se d?clarer assez fortement contre les anarchistes.

Le comit? avait donc contre lui les deux nouveaux partis qui commen?aient ? se former. Suivant l'usage, ces partis profit?rent des ?v?nemens malheureux pour l'accuser, et tous deux, d'accord pour condamner ses op?rations, les critiqu?rent chacun ? sa mani?re.

La d?route du 15 ? Menin ?tait d?j? connue; les derniers revers de la Vend?e commen?aient ? l'?tre confus?ment. On parlait vaguement d'une d?faite ? Coron, ? Torfou, ? Montaigu. Thuriot, qui avait refus? d'?tre membre du comit? de salut public, et qu'on accusait d'?tre l'un des nouveaux mod?r?s, s'?leva, au commencement de la s?ance, contre les intrigans, les d?sorganisateurs, qui venaient de faire, au sujet des subsistances, de nouvelles propositions extr?mement violentes. <> Les propositions combattues par Thuriot sont repouss?es. Briez, l'un des commissaires envoy?s ? Valenciennes, lit alors un m?moire critique sur les op?rations militaires; il soutient qu'on n'a jamais fait qu'une guerre lente et peu convenable au g?nie fran?ais, qu'on s'est toujours battu en d?tail, par petites masses, et que c'est dans ce syst?me qu'il faut chercher la cause des revers qu'on a essuy?s. Ensuite, sans attaquer ouvertement le comit? de salut public, il para?t insinuer que ce comit? n'a pas tout fait conna?tre ? la convention, et que, par exemple, il y avait eu pr?s de Douay un corps de six mille Autrichiens, qui aurait pu ?tre enlev? et qui ne l'avait pas ?t?. La convention, apr?s avoir entendu Briez, l'adjoint au comit? de salut public. Dans ce moment, arrivent les nouvelles d?taill?es de la Vend?e, contenues dans une lettre de Montaigu. Ces d?tails alarmans excitent un ?lan g?n?ral. <> A ces mots, l'assembl?e enti?re se l?ve, et jure encore une fois de sauver la r?publique, quels que soient les p?rils qui la menacent. Les membres du comit? de salut public, qui n'?taient point encore arriv?s, entrent dans ce moment. Barr?re, le rapporteur ordinaire, prend la parole. <> Barr?re fait ensuite conna?tre les mesures prises par le comit?. <>

Robespierre prend alors la parole: <> Des applaudissemens accueillent cette demande; on d?cide que Briez ne sera pas joint au comit? de salut public, et on d?clare par acclamation que ce comit? conserve toute la confiance de la convention nationale.

Les mod?r?s ?taient dans la convention, et ils venaient d'?tre repouss?s, mais les adversaires les plus redoutables du comit?, c'est-?-dire les r?volutionnaires ardens, se trouvaient aux Jacobins et aux Cordeliers. C'?tait surtout de ces derniers qu'il fallait se d?fendre. Robespierre se rendit aux Jacobins, et usa de son ascendant sur eux: il d?veloppa la conduite du comit?, il le justifia des doubles attaques des mod?r?s et des exag?r?s, et fit sentir le danger des p?titions tendant ? demander la formation du minist?re constitutionnel. <>

Robespierre fut applaudi, et tout le comit? dans sa personne. Les cordeliers furent ramen?s ? l'ordre, leur p?tition oubli?e; et l'attaque de Vincent, repouss?e victorieusement, n'eut aucune cons?quence.

Par cette grande et importante d?claration, le gouvernement, compos? du comit? de salut public, du comit? de s?ret? g?n?rale, du tribunal extraordinaire, se trouvait compl?t? et maintenu pendant la dur?e du danger. C'?tait d?clarer la r?volution en ?tat de si?ge, et lui appliquer les lois extraordinaires de cet ?tat, pendant tout le temps qu'il durerait. On ajouta ? ce gouvernement extraordinaire diverses institutions r?clam?es depuis long-temps, et devenues in?vitables. On demandait une arm?e r?volutionnaire, c'est-?-dire une force charg?e sp?cialement de faire ex?cuter les ordres du gouvernement dans l'int?rieur. Elle ?tait d?cr?t?e depuis long-temps; elle fut enfin organis?e par un nouveau d?cret. On la composa de six mille hommes et de douze cents canonniers. Elle devait se d?placer, et se rendre de Paris dans les villes o? sa pr?sence serait n?cessaire, et y demeurer en garnison aux d?pens des habitans les plus riches. Les cordeliers en voulaient une par d?partement; mais on s'y opposa en disant que ce serait revenir au f?d?ralisme que de donner ? chaque d?partement une force individuelle. Les m?mes cordeliers demandaient en outre qu'on f?t suivre les d?tachemens de l'arm?e r?volutionnaire d'une guillotine port?e sur des roues. Toutes les id?es surgissent dans l'esprit du peuple quand il se donne carri?re. La convention repoussa toutes ces demandes, et s'en tint ? son d?cret. Bouchotte, charg? de composer cette arm?e, la recruta dans tout ce que Paris renfermait de gens sans aveu, et pr?ts ? se faire les satellites du pouvoir dominant. Il remplit l'?tat-major de jacobins, mais surtout de cordeliers; il arracha Ronsin ? la Vend?e et ? Rossignol, pour le mettre ? la t?te de cette arm?e r?volutionnaire. Il soumit la liste de cet ?tat-major aux jacobins, et fit subir ? chaque officier l'?preuve du scrutin. Aucun d'eux, en effet, ne fut confirm? par le ministre sans avoir ?t? approuv? par la soci?t?.

A l'institution de l'arm?e r?volutionnaire, on ajouta enfin la loi des suspects, si souvent demand?e, et r?solue en principe le m?me jour que la lev?e en masse. Le tribunal extraordinaire, quoique organis? de mani?re ? frapper sur de simples probabilit?s, ne rassurait pas assez l'imagination r?volutionnaire. On souhaitait pouvoir enfermer ceux qu'on ne pourrait pas envoyer ? la mort, et on demandait des dispositions qui permissent de s'assurer de leurs personnes. Le d?cret qui mettait les aristocrates hors la loi ?tait trop vague, et exigeait un jugement. On voulait que sur la simple d?nonciation des comit?s r?volutionnaires, un individu d?clar? suspect p?t ?tre sur-le-champ jet? en prison. On d?cr?ta, en effet, l'arrestation provisoire, jusqu'? la paix, de tous les individus suspects. ?taient consid?r?s comme tels: 1? ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs ?crits, s'?taient montr?s partisans de la tyrannie du f?d?ralisme, et ennemis de la libert?; 2? ceux qui ne pourraient pas justifier de la mani?re prescrite par la loi du 20 mars dernier, de leurs moyens d'exister, et de l'acquit de leurs devoirs civiques; 3? ceux ? qui il avait ?t? refus? des certificats de civisme; 4? les fonctionnaires publics suspendus ou destitu?s de leurs fonctions par la convention nationale et par ses commissaires; 5? les ci-devant nobles, les maris, femmes, p?res, m?res, fils ou filles, fr?res ou soeurs, et agens d'?migr?s, qui n'avaient pas constamment manifest? leur attachement ? la r?volution; 6? ceux qui avaient ?migr? dans l'intervalle du 1er juillet 1789 ? la publication de la loi du 8 avril 1792, quoiqu'ils fussent rentr?s en France dans les d?lais d?termin?s.

Les d?tenus devaient ?tre enferm?s dans les maisons nationales, et gard?s ? leurs frais. On leur accordait la facult? de transporter dans ces maisons les meubles dont ils auraient besoin. Les comit?s charg?s de prononcer l'arrestation ne le pouvaient qu'? la majorit?, et ? la charge d'envoyer au comit? de s?ret? g?n?rale la liste des suspects et les motifs de chaque arrestation. Leurs fonctions ?tant d?s cet instant fort difficiles et presque continues, devinrent pour les membres une esp?ce de profession qu'il fallut solder. Ils re?urent d?s lors un traitement ? titre d'indemnit?.

A ces dispositions, sur l'instante demande de la commune de Paris, il en fut ajout? une derni?re qui rendait cette loi des suspects encore plus redoutable: ce fut la r?vocation du d?cret qui d?fendait les visites domiciliaires pendant la nuit. D?s cet instant, chaque citoyen poursuivi fut menac? ? toute heure, et n'eut plus aucun moment de repos. En s'enfermant pendant le jour dans des cages ing?nieuses et tr?s ?troites que le besoin avait fait imaginer, les suspects avaient du moins la facult? de respirer pendant la nuit; maintenant ils ne le pouvaient plus, et les arrestations, multipli?es jour et nuit, remplirent bient?t toutes les prisons de la France.

Les assembl?es de section se tenaient chaque jour; mais les gens du peuple n'avaient pas le temps de s'y rendre, et en leur absence les motions r?volutionnaires n'?taient plus soutenues. On d?cida, sur la proposition expresse des jacobins et de la commune, que ces assembl?es n'auraient plus lieu que deux fois par semaine, et que chaque citoyen qui viendrait y assister recevrait quarante sous par s?ance. C'?tait le moyen le plus assur? d'avoir le peuple, en ne le r?unissant pas trop souvent, et en payant sa pr?sence. Les r?volutionnaires ardens furent irrit?s de ce qu'on mettait des bornes ? leur z?le, en limitant ? deux par semaine les s?ances des sections. Ils firent donc une p?tition fort vive pour se plaindre de ce qu'on portait atteinte aux droits du souverain, en l'emp?chant de se r?unir toutes les fois qu'il lui plaisait. C'est le jeune Varlet qui fut l'auteur de cette nouvelle p?tition; mais on la repoussa, et on n'en tint pas plus de compte que de beaucoup d'autres demandes inspir?es par la fermentation r?volutionnaire.

Ainsi, la machine ?tait compl?te sous les deux rapports les plus importans dans un ?tat menac?, la guerre et la police. Dans la convention, un comit? dirigeait les op?rations militaires, choisissait les g?n?raux et les agens de toute esp?ce, et pouvait, par le d?cret de la r?quisition permanente, disposer ? la fois des hommes et des choses. Il faisait tout cela, ou par lui-m?me, ou par les repr?sentans envoy?s en mission. Sous ce comit?, le comit? dit de s?ret? g?n?rale avait la direction de la haute police, et se servait pour sa surveillance des comit?s r?volutionnaires institu?s dans chaque commune. Les individus l?g?rement soup?onn?s d'hostilit?, ou m?me d'indiff?rence, ?taient enferm?s; d'autres, plus gravement compromis, ?taient frapp?s par le tribunal extraordinaire, mais heureusement encore en petit nombre, car ce tribunal n'avait prononc? jusqu'alors que peu de condamnations. Une arm?e sp?ciale, v?ritable colonne mobile ou gendarmerie de ce r?gime, faisait ex?cuter les ordres du gouvernement, et enfin le peuple, pay? pour se rendre dans les sections, ?tait toujours pr?t ? le soutenir. Ainsi, guerre et police, tout aboutissait au comit? de salut public. Ma?tre absolu, ayant le moyen de requ?rir toutes les richesses, pouvant envoyer les citoyens ou sur les champs de bataille, ou ? l'?chafaud, ou dans les cachots, il ?tait investi, pour la d?fense de la r?volution, d'une dictature souveraine et terrible. A la v?rit?, il lui fallait, tous les huit jours, rendre compte ? la convention de ses travaux, mais ce compte ?tait toujours approuv?, car l'opinion critique ne s'exer?ait qu'aux Jacobins, dont il ?tait ma?tre depuis que Robespierre en faisait partie. Il n'y avait en opposition ? cette puissance que les mod?r?s, rest?s en de??, et les nouveaux exag?r?s, port?s au-del?, mais peu ? craindre les uns et les autres.

On a vu que d?j? Robespierre et Carnot avaient ?t? attach?s au comit? de salut public, en remplacement de Gasparin et de Thuriot, tous deux malades. Robespierre y avait apport? sa puissante influence, et Carnot sa science militaire. La convention voulut adjoindre ? Robespierre Danton, son coll?gue et son rival en renomm?e; mais celui-ci, fatigu? de travaux, peu propre ? des d?tails d'administration, d?go?t? d'ailleurs par les calomnies des partis, ne voulait plus ?tre d'aucun comit?. Il avait d?j? bien assez fait pour la r?volution; il avait soutenu les courages dans tous les jours de danger; il avait fourni la premi?re id?e du tribunal r?volutionnaire, de l'arm?e r?volutionnaire, de la r?quisition permanente, de l'imp?t sur les riches, et des quarante sous allou?s par s?ance aux membres des sections; il ?tait l'auteur enfin de toutes les mesures qui, devenues cruelles par l'ex?cution, donnaient n?anmoins ? la r?volution cette ?nergie qui la sauva. A cette ?poque, Danton commen?ait ? n'?tre plus aussi n?cessaire, car depuis la premi?re invasion des Prussiens on s'?tait fait du danger une esp?ce d'habitude. Les vengeances qui se pr?paraient contre les girondins lui r?pugnaient; il venait d'?pouser une jeune femme dont il ?tait ?pris, et qu'il avait dot?e avec l'or de la Belgique, au dire de ses ennemis, et suivant ses amis, avec le remboursement de sa charge d'avocat au conseil; il ?tait atteint, comme Mirabeau, comme Marat, d'une maladie inflammatoire; enfin il avait besoin de repos, et il demanda un cong? pour aller ? Arcis-sur-Aube, sa patrie, jouir de la nature, qu'il aimait passionn?ment. On lui avait conseill? cette retraite momentan?e comme un moyen de mettre fin aux calomnies. La victoire de la r?volution pouvait d?sormais s'achever sans lui; deux mois de guerre et d'?nergie suffisaient, et il se proposait de revenir, apr?s la victoire, faire entendre sa voix puissante en faveur des vaincus et d'un ordre de choses meilleur. Vaine illusion de la paresse et du d?couragement! Abandonner pour deux mois, pour un seul, une r?volution si rapide, c'?tait devenir pour elle ?tranger et impuissant.

Danton refusa donc d'entrer au comit? de salut public, et obtint un cong?; Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois, furent joints au comit?, et y apport?rent, l'un son caract?re froid et implacable, et l'autre sa fougue et son influence sur les turbulens cordeliers. Le comit? de s?ret? g?n?rale fut r?form?. De dix-huit membres on le r?duisit ? neuf, reconnus les plus s?v?res.

Tandis que le gouvernement s'organisait ainsi de la mani?re la plus forte, un redoublement d'?nergie se manifestait dans toutes les r?solutions. Les grandes mesures prises au mois d'ao?t n'avaient pas encore produit leurs r?sultats. La Vend?e, quoique attaqu?e suivant un plan r?gulier, avait r?sist?; l'?chec de Menin avait presque fait perdre les avantages de la victoire d'Hondschoote; il fallait de nouveaux efforts. L'enthousiasme r?volutionnaire inspira cette id?e, que la volont? avait, ? la guerre comme partout, une influence d?cisive, et, pour la premi?re fois, il fut enjoint ? une arm?e de vaincre dans un temps donn?.

On voyait tous les dangers de la r?publique dans la Vend?e. <

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A la suite de cet expos?, la convention r?duisit le nombre des repr?sentans en mission, r?unit les deux arm?es de Brest et de La Rochelle en une seule, dite arm?e de l'Ouest, et en donna le commandement, non ? Rossignol, non ? Canclaux, mais ? L?chelle, g?n?ral de brigade dans la division de Lu?on. Enfin, elle d?termina le jour auquel la guerre de la Vend?e devrait ?tre finie, et ce jour ?tait le 20 octobre. Voici la proclamation qui accompagnait le d?cret:

LA CONVENTION NATIONALE A L'ARM?E DE L'OUEST

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Des mesures non moins promptes et non moins ?nergiques furent prises ? l'?gard de l'arm?e du Nord, pour r?parer l'?chec de Menin, et d?cider de nouveaux succ?s. Houchard destitu? fut arr?t?. Le g?n?ral Jourdan, qui avait command? le centre ? Hondschoote, fut nomm? g?n?ral en chef de l'arm?e du Nord et de celle des Ardennes. Il eut ordre de r?unir ? Guise des masses consid?rables pour faire une irruption sur l'ennemi. Il n'y avait qu'un cri contre les attaques de d?tail. Sans juger le plan ni les op?rations de Houchard autour de Dunkerque, on disait qu'il ne s'?tait pas battu en masse, et on voulait exclusivement ce genre de combat, mieux appropri?, disait-on, ? l'imp?tuosit? du caract?re fran?ais. Carnot ?tait parti pour se rendre ? Guise aupr?s de Jourdan, et mettre ? ex?cution un nouveau syst?me de guerre tout r?volutionnaire. On venait d'adjoindre trois nouveaux commissaires ? Dubois-Cranc?, pour faire des lev?es en masse, et les pr?cipiter sur Lyon. On lui enjoignait de renoncer au syst?me des attaques m?thodiques, et de donner l'assaut ? la ville rebelle. Ainsi partout on redoublait d'efforts pour terminer victorieusement la campagne.

Mais les rigueurs accompagnaient toujours l'?nergie; le proc?s de Custine, trop diff?r? au gr? des jacobins, ?tait enfin commenc?, et conduit avec toute la violence et la barbarie des nouvelles formes judiciaires. Aucun g?n?ral en chef n'avait encore paru sur l'?chafaud; on ?tait impatient de frapper une t?te ?lev?e, et de faire fl?chir les chefs des arm?es devant l'autorit? populaire; on voulait surtout que quelqu'un des g?n?raux expi?t la d?fection de Dumouriez, et l'on choisit Custine, que ses opinions et ses sentimens faisaient consid?rer comme un autre Dumouriez. On avait saisi, pour arr?ter Custine, le moment o?, charg? du commandement de l'arm?e du Nord, il ?tait venu momentan?ment ? Paris concerter ses op?rations avec le minist?re. On le jeta d'abord en prison, et bient?t on demanda et on obtint le d?cret de sa translation au tribunal r?volutionnaire.

Qu'on se rappelle la campagne de Custine sur le Rhin. Charg? d'une division de l'arm?e, il avait trouv? Spire et Worms mal surveill?s, parce que les coalis?s, press?s de marcher sur la Champagne, avaient tout n?glig? sur leurs ailes et sur leurs derri?res. Des patriotes allemands, accourus de tous c?t?s, lui offraient leurs villes; il s'avan?a, prit Spire, Worms, qu'on lui livra, n?gligea Manheim, qui ?tait sur sa route, par m?nagement pour la neutralit? de l'?lecteur palatin, et par crainte aussi de ne pas y entrer ais?ment. Il arriva enfin ? Mayence, s'en empara, r?jouit la France de ses conqu?tes inattendues, et se fit conf?rer un commandement qui le rendait ind?pendant de Biron. Dans ce m?me moment, Dumouriez venait de repousser les Prussiens, et de les rejeter sur le Rhin. Kellermann ?tait vers Tr?ves. Custine devait alors descendre le Rhin jusqu'? Coblentz, se r?unir ? Kellermann, et se rendre ainsi ma?tre de la rive du fleuve. Toutes les raisons se r?unissaient en faveur de ce plan. Les habitans de Coblentz appelaient Custine, ceux de Saint-Goard, de Rhinfelds, l'appelaient aussi; on ne sait jusqu'o? il aurait pu aller en s'abandonnant au cours du Rhin. Peut-?tre aurait-il pu descendre jusqu'en Hollande. Mais, de l'int?rieur de l'Allemagne, d'autres patriotes le demandaient aussi; on s'?tait figur?, en le voyant avancer si hardiment, qu'il avait cent mille hommes. Percer sur le territoire ennemi et au-del? du Rhin, plut davantage ? l'imagination et ? la vanit? de Custine. Il courut ? Francfort lever des contributions, et exercer des vexations impolitiques. L?, les sollicitations l'entour?rent de nouveau. Des fous le pressaient d'aller jusques ? Cassel, au milieu de la Hesse ?lectorale, prendre le tr?sor de l'?lecteur. Les avis plus sages du gouvernement fran?ais l'engageaient ? revenir sur le Rhin, et ? marcher vers Coblentz. Mais il n'?coutait rien, et r?vait une r?volution en Allemagne.

Le proc?s tra?na en longueur; toutes les imputations ?taient si vagues, que le tribunal h?sitait. La fille de Custine, et beaucoup de personnes qui s'int?ressaient ? lui, avaient fait quelques d?marches; car, ? cette ?poque, bien que la crainte f?t d?j? grande, on osait t?moigner encore quelque int?r?t aux victimes. Aussit?t on d?non?a aux Jacobins le tribunal r?volutionnaire lui-m?me. <> Robespierre, de son c?t?, d?non?a l'esprit de chicane et le go?t des formalit?s qui s'?tait empar? du tribunal, et soutint que, seulement pour avoir voulu d?garnir Lille, Custine m?ritait la mort. Vincent, l'un des t?moins, avait vid? les cartons du minist?re, et avait apport? les lettres et les ordres qu'on reprochait ? Custine, et qui, certes, ne constituaient pas des crimes. Fouquier-Tinville en conclut un parall?le de Custine avec Dumouriez, qui perdit le malheureux g?n?ral. Dumouriez, dit-il, s'?tait rapidement avanc? en Belgique, pour l'abandonner ensuite non moins rapidement, et livrer ? l'ennemi, soldats, magasins, et repr?sentans. De m?me Custine s'?tait rapidement avanc? en Allemagne, avait abandonn? nos soldats ? Francfort, ? Mayence, et avait voulu livrer avec cette derni?re ville, vingt mille hommes, deux repr?sentans, et toute notre artillerie qu'il avait m?chamment extraite de Strasbourg. Comme Dumouriez, il m?disait de la convention et des jacobins, et faisait fusiller les braves volontaires, sous pr?texte de maintenir la discipline. A ce parall?le, le tribunal n'h?sita plus. Custine justifia pendant deux heures ses op?rations militaires. Tron?on-Ducoudray d?fendit sa conduite administrative et civile, mais inutilement. Le tribunal d?clara le g?n?ral coupable, ? la grande joie des jacobins et des cordeliers, qui remplissaient la salle, et qui donn?rent des signes bruyans de leur satisfaction. Cependant Custine n'avait pas ?t? condamn? ? l'unanimit?. Sur les trois questions, il y avait eu successivement contre lui dix, neuf, huit voix, sur onze. Le pr?sident lui ayant demand? s'il n'avait rien ? ajouter, il regarda autour de lui, et ne trouvant pas ses d?fenseurs, il r?pondit: <>

Il fut ex?cut? le lendemain matin. Ce guerrier, connu par une grande bravoure, fut surpris ? la vue de l'?chafaud. Cependant il s'agenouilla au pied de l'?chelle, fit une courte pri?re, se rassura, et re?ut la mort avec courage. Ainsi finit cet infortun? g?n?ral, qui ne manquait ni d'esprit ni de caract?re, mais qui r?unissait l'incons?quence ? la pr?somption, et qui commit trois fautes capitales; la premi?re, de sortir de sa v?ritable ligne d'op?ration, en se portant ? Francfort; la seconde, de ne pas vouloir y rentrer, lorsqu'on l'y engageait; et la troisi?me, de rester dans la plus timide inaction pendant le si?ge de Mayence. Cependant aucune de ces fautes ne m?ritait la mort; mais il subit le supplice qu'on n'avait pas pu infliger ? Dumouriez, et qu'il n'avait pas m?rit? comme celui-ci par de grands et coupables projets. Sa mort fut un terrible exemple pour tous les g?n?raux, et le signal pour eux d'une ob?issance absolue aux ordres du gouvernement r?volutionnaire.

Apr?s cet acte de rigueur, les ex?cutions ne devaient plus s'arr?ter; on renouvela l'ordre de h?ter le proc?s de Marie-Antoinette. L'acte d'accusation des girondins, tant demand? et jamais r?dig?, fut pr?sent? ? la convention. Saint-Just en ?tait l'auteur. Des p?titions des jacobins vinrent obliger la convention ? l'adopter. Il fut dirig? non-seulement contre les vingt-deux et les membres de la commission des douze, mais en outre contre soixante-treize membres du c?t? droit, qui gardaient un silence absolu depuis la victoire de la Montagne, et qui avaient r?dig? une protestation tr?s connue contre les ?v?nemens du 31 mai et du 2 juin. Quelques montagnards forcen?s voulaient l'accusation, c'est-?-dire la mort, contre les vingt-deux, les douze et les soixante-treize; mais Robespierre s'y opposa, et proposa un moyen terme, ce fut d'envoyer au tribunal r?volutionnaire les vingt-deux et les douze, et de mettre les soixante-treize en arrestation. On fit ce qu'il voulut; les portes de la salle leur furent aussit?t interdites, les soixante-treize arr?t?s, et injonction faite ? Fouquier-Tinville de s'emparer des malheureux girondins. Ainsi la convention toujours plus docile se laissa arracher l'ordre d'envoyer ? la mort une partie de ses membres. A la v?rit?, elle ne pouvait plus diff?rer, car les jacobins avaient fait cinq p?titions plus imp?rieuses les unes que les autres, pour obtenir ces derniers d?crets d'accusation.

FOOTNOTES:

CONTINUATION DU SI?GE DE LYON. PRISE DE CETTE VILLE. D?CRET TERRIBLE CONTRE LES LYONNAIS R?VOLT?S.--PROGR?S DE L'ART DE LA GUERRE; INFLUENCE DE CARNOT.--VICTOIRE DE WATIGNIES. D?BLOCUS DE MAUBEUGE.--REPRISE DES OP?RATIONS EN VEND?E.--VICTOIRE DE COLLET. FUITE ET DISPERSION DES VEND?ENS AU DELA DE LA LOIRE.--MORT DE LA PLUPART DE LEURS PRINCIPAUX CHEFS.--?CHECS SUR LE RHIN. PERTE DES LIGNES DE WISSEMBOURG.

Chaque revers r?veillait l'?nergie r?volutionnaire, et cette ?nergie ramenait les succ?s. Il en avait toujours ?t? ainsi pendant cette campagne m?morable. Depuis la d?faite de Nerwinde jusqu'au mois d'ao?t, une s?rie continuelle de d?sastres avait enfin provoqu? des efforts d?sesp?r?s. L'an?antissement du f?d?ralisme, la d?fense de Nantes, la victoire d'Hondschoote, le d?blocus de Dunkerque, avaient ?t? le r?sultat de ces efforts. De nouveaux revers ? Menin, ? Pirmasens, aux Pyr?n?es, ? Torfou et Coron dans la Vend?e, venaient d'exciter un nouveau redoublement d'?nergie qui devait amener des succ?s d?cisifs sur tous les th??tres de la guerre.

Le si?ge de Lyon ?tait de toutes les op?rations, celle dont on attendait la fin avec le plus d'impatience. Nous avons laiss? Dubois-Cranc? camp? devant cette ville, avec cinq mille hommes de troupes r?gl?es, et sept ? huit mille r?quisitionnaires. Il ?tait menac? d'avoir bient?t sur ses derri?res les Sardes que la faible arm?e des grandes-Alpes ne pouvait plus arr?ter. Comme nous avons d?j? dit, il s'?tait plac? au Nord, entre la Sa?ne et le Rh?ne, en pr?sence des redoutes de la Croix-Rousse, et non sur les hauteurs de Sainte-Foy et de Fourvi?res, situ?es ? l'ouest, et par lesquelles on aurait d? diriger la v?ritable attaque. Le motif de cette pr?f?rence ?tait fond? sur plus d'une raison. Il importait avant tout de rester en communication avec la fronti?re des Alpes, o? se trouvait le gros de l'arm?e r?publicaine, et d'o? les Pi?montais pouvaient venir au secours des Lyonnais. On avait encore l'avantage, dans cette position, d'occuper le cours sup?rieur des deux fleuves, et d'intercepter les vivres qui descendaient la Sa?ne et le Rh?ne. Il est vrai que l'ouest restait ainsi ouvert aux Lyonnais, et qu'ils pouvaient faire des excursions continuelles vers Saint-?tienne et Montbrison: mais tous les jours on annon?ait l'arriv?e des contingens du Puy-de-D?me, et une fois ces nouvelles r?quisitions r?unies, Dubois-Cranc? pouvait achever le blocus du c?t? de l'ouest, et choisir alors le v?ritable point d'attaque. En attendant, il se contentait de serrer l'ennemi de pr?s, de canonner la Croix-Rousse au nord, et de commencer ses lignes ? l'est, devant le pont de la Guilloti?re. Le transport des munitions ?tait difficile et lent; il fallait les faire venir de Grenoble, du fort Barraux, de Brian?on, d'Embrun, et leur faire parcourir ainsi jusqu'? soixante lieues de montagnes. Ces charrois extraordinaires ne pouvaient avoir lieu que par voie de r?quisition forc?e et en mettant en mouvement cinq mille chevaux; car on avait ? transporter devant Lyon quatorze mille bombes, trente-quatre mille boulets, trois cents milliers de poudre, huit cent mille cartouches, et cent trente bouches ? feu.

D?s les premiers jours du si?ge, on annon?ait la marche des Pi?montais qui d?bouchaient du petit Saint-Bernard et du Mont-C?nis. Kellermann partit aussit?t sur les pressantes instances du d?partement de l'Is?re, et laissa le g?n?ral Dumuy pour le remplacer ? Lyon. Du reste, Dumuy ne le rempla?ait qu'en apparence, car Dubois-Cranc?, repr?sentant et ing?nieur habile, dirigeait lui seul toutes les op?rations du si?ge. Pour h?ter la lev?e des r?quisitions du Puy-de-D?me, Dubois-Cranc? d?tacha le g?n?ral Nicolas avec un petit corps de cavalerie; mais celui-ci fut enlev? dans le Forez, et livr? aux Lyonnais. Dubois-Cranc? y envoya alors mille hommes de bonnes troupes, avec le repr?sentant Javoques. La mission de celui-ci fut plus heureuse; Il contint les aristocrates de Montbrison et de Saint-?tienne, et fit lever environ sept ? huit mille paysans, qu'il amena devant Lyon. Dubois-Cranc? les pla?a au pont d'Oullins, situ? au nord-ouest de Lyon, et de mani?re ? g?ner les communications de la place avec le Forez. Il fit approcher le d?put? Reverchon, qui, ? M?con, avait r?uni quelques mille r?quisitionnaires, et le pla?a sur le haut de la Sa?ne tout ? fait au nord. De cette mani?re, le blocus commen?ait ? ?tre un peu plus rigoureux; mais les op?rations ?taient lentes, et les attaques de vive force impossibles. Les fortifications de la Croix-Rousse, entre Rh?ne et Sa?ne, devant lesquelles se trouvait le corps principal, ne pouvaient ?tre emport?es par un assaut. Du c?t? de l'est et de la rive gauche du Rh?ne, le pont Morand ?tait d?fendu par une redoute en fer ? cheval, tr?s habilement construite. A l'ouest, les hauteurs d?cisives de Sainte-Foy et Fourvi?res ne pouvaient ?tre enlev?es que par une arm?e vigoureuse, et pour le moment il ne fallait songer qu'? intercepter les vivres, ? serrer la ville, et ? l'incendier. Depuis le commencement d'ao?t jusqu'au milieu de septembre, Dubois-Cranc? n'avait pu faire autre chose, et ? Paris on se plaignait de ses lenteurs sans vouloir en appr?cier les motifs. Cependant il avait caus? de grands dommages ? cette malheureuse cit?. L'incendie avait d?vor? la magnifique place de Bellecour, l'arsenal, le quartier Saint-Clair, le port du Temple, et avait endommag? surtout le bel ?difice de l'h?pital, qui s'?l?ve si majestueusement sur la rive du Rh?ne. Les Lyonnais n'en r?sistaient pas moins avec la plus grande opini?tret?. On avait r?pandu parmi eux la nouvelle que cinquante mille Pi?montais allaient d?boucher sur leur ville; l'?migration les comblait de promesses, sans venir cependant se jeter au milieu d'eux, et ces braves commer?ans, sinc?rement r?publicains, ?taient, par leur fausse position, r?duits ? d?sirer le secours funeste et honteux de l'?migration et de l'?tranger. Leurs sentimens ?clat?rent plus d'une fois d'une mani?re non ?quivoque. Pr?cy ayant voulu arborer le drapeau blanc, en avait bient?t senti l'impossibilit?. Un papier obsidional ayant ?t? cr?? pour les besoins du si?ge, et des fleurs de lis se trouvant sur le filigrane de ce papier, il fallut le d?truire et en fabriquer un autre. Ainsi les Lyonnais ?taient r?publicains; mais la crainte des vengeances de la convention, et les fausses promesses de Marseille, de Bordeaux, de Caen, et surtout de l'?migration, les avaient entra?n?s dans un ab?me de fautes et de malheurs.

Tandis qu'ils se nourrissaient de l'espoir de voir arriver cinquante mille Sardes, la convention avait ordonn? aux repr?sentans Couthon, Maignet et Ch?teauneuf-Randon, de se rendre en Auvergne et dans les d?partemens environnans, pour y d?terminer une lev?e eu masse, et Kellermann courait dans les vall?es des Alpes au devant des Pi?montais.

Une belle occasion s'offrait encore ici aux Pi?montais d'effectuer une tentative hardie et grande, qui n'aurait pu manquer d'?tre heureuse: c'?tait de r?unir leurs principales forces sur le petit Saint-Bernard, et de d?boucher sur Lyon avec cinquante mille hommes. On sait que les trois vall?es de Sallenche, de la Tarentaise et de la Maurienne, adjacentes l'une ? l'autre, tournent sur elles-m?mes comme une esp?ce de spirale, et que, partant du petit Saint-Bernard, elles s'ouvrent sur Gen?ve, Chamb?ry, Lyon et Grenoble. De petits corps fran?ais ?taient ?parpill?s dans ces vall?es. Descendre rapidement par l'une d'elles, et venir se placer ? leur ouverture, ?tait un moyen assur?, d'apr?s tous les principes de l'art, de faire tomber les d?tachemens engag?s dans les montagnes, et de leur faire mettre bas les armes. On devait peu craindre l'attachement des Savoyards pour les Fran?ais; car les assignats et les r?quisitions ne leur avaient encore fait conna?tre de la libert? que ses d?penses et ses rigueurs. Le duc de Montferrat, charg? de l'exp?dition, ne prit avec lui que vingt ? vingt-cinq mille hommes, jeta un corps ? sa droite, dans la vall?e de Sallenche, descendit avec son corps principal dans la Tarentaise, et laissa le g?n?ral Gordon parcourir la Maurienne avec l'aile gauche. Son mouvement, commenc? le 14 ao?t, dura jusqu'en septembre, tant il y mit de lenteur. Les Fran?ais, quoique tr?s inf?rieurs eu nombre, oppos?rent une r?sistance ?nergique, et firent durer la retraite pendant dix-huit jours. Arriv? ? Moustier, le duc de Montferrat chercha ? se lier avec Gordon, sur la cha?ne du Grand-Loup, qui s?pare les deux vall?es de la Tarentaise et de la Maurienne, et ne songea nullement ? marcher rapidement sur Conflans, point de r?union des vall?es. Cette lenteur et ses vingt-cinq mille hommes prouvent assez s'il avait envie d'aller ? Lyon.

Pendant ce temps, Kellermann, accouru de Grenoble, avait fait lever les gardes nationales de l'Is?re et des d?partemens environnans. Il avait ranim? les Savoyards qui commen?aient ? craindre les vengeances du gouvernement pi?montais, et il ?tait parvenu ? r?unir ? peu pr?s douze mille hommes. Alors il fit renforcer le corps de la vall?e de Sallenche, et se porta vers Conflans, ? l'issue des deux vall?es de la Tarentaise et de la Maurienne. C'?tait vers le 10 septembre. Dans ce moment, l'ordre de marcher en avant arrivait au duc de Montferrat. Mais Kellermann pr?vint les Pi?montais, osa les attaquer dans la position d'Espierre qu'ils avaient prise sur la cha?ne du Grand-Loup, afin de communiquer entre les deux vall?es. Ne pouvant aborder cette position de front, il la fit tourner par un corps d?tach?. Ce corps, form? de soldats ? moiti? nus, fit pourtant des efforts h?ro?ques, et, ? force de bras, ?leva les canons sur des hauteurs presque inaccessibles. Tout ? coup l'artillerie fran?aise tonna inopin?ment sur la t?te des Pi?montais, qui en furent ?pouvant?s; Gordon se retira aussit?t dans la vall?e de Maurienne sur Saint-Michel; le duc de Montferrat se reporta au milieu de la vall?e de la Tarentaise. Kellermann, ayant fait inqui?ter celui-ci sur ses flancs, l'obligea bient?t ? remonter jusqu'? Saint-Maurice et ? Saint-Germain, et enfin il le rejeta, le 4 octobre, au-del? des Alpes. Ainsi la campagne courte et heureuse qu'auraient pu faire les Pi?montais en d?bouchant avec une masse double, et en descendant par une seule vall?e sur Chamb?ry et Lyon, manqua ici par les m?mes raisons qui avaient fait manquer toutes les tentatives des coalis?s, et qui avaient sauv? la France.

Pendant que les Sardes ?taient repouss?s au-del? des Alpes, les trois d?put?s envoy?s dans le Puy-de-D?me pour y d?terminer une lev?e en masse, soulevaient les campagnes en pr?chant une esp?ce de croisade, et en persuadant que Lyon, loin de d?fendre la cause r?publicaine, ?tait le rendez-vous des factions de l'?migration et de l'?tranger. Le paralytique Couthon, plein d'une activit? que ses infirmit?s ne pouvaient ralentir, excita un mouvement g?n?ral; il fit partir d'abord Maignet et Ch?teauneuf avec une premi?re colonne de douze mille hommes, et resta en arri?re pour en amener encore une de vingt-cinq mille, et pour faire les r?quisitions de vivres n?cessaires. Dubois-Cranc? pla?a les nouvelles lev?es du c?t? de l'ouest vers Sainte-Foy, et compl?ta ainsi le blocus. Il re?ut en m?me temps un d?tachement de la garnison de Valenciennes, qui, d'apr?s les trait?s, ne pouvait, comme celle de Mayence, servir que dans l'int?rieur; il pla?a des d?tachemens de troupes r?gl?es en avant des troupes de r?quisitions, de mani?re ? former de bonnes t?tes de colonnes. Son arm?e pouvait se composer alors de vingt-cinq mille r?quisitionnaires, et de huit ou dix mille soldats aguerris.

Le 24, ? minuit, il fit enlever la redoute du pont d'Oullins, qui conduisait au pied des hauteurs de Sainte-Foy. Le lendemain, le g?n?ral Doppet, Savoyard, qui s'?tait distingu? sous Carteaux dans la guerre contre les Marseillais, arriva pour remplacer Kellermann. Celui-ci venait d'?tre destitu? ? cause de la ti?deur de son z?le, et on ne lui avait laiss? quelques jours de commandement que pour lui donner le temps d'achever son exp?dition contre les Pi?montais. Le g?n?ral Doppet se concerta de suite avec Dubois-Cranc? pour l'assaut des hauteurs de Sainte-Foy. Tous les pr?paratifs furent faits pour la nuit du 28 au 29 septembre. Des attaques simultan?es furent dirig?es au nord vers la Croix-Rousse, ? l'est en face du pont Morand, au midi par le pont de la Mulati?re, qui est plac? au-dessous de la ville; au confluent de la Sa?ne et du Rh?ne. L'attaque s?rieuse dut avoir lieu par le pont d'Oullins sur Sainte-Foy. Elle ne commen?a que le 29, ? cinq heures du matin, une heure ou deux apr?s les trois autres. Doppet, enflammant ses soldats, se pr?cipite avec eux sur une premi?re redoute et les entra?ne sur la seconde avec la plus grande vivacit?. Le grand et le petit Sainte-Foy sont emport?s. Pendant ce temps, la colonne charg?e d'attaquer le pont de la Mulati?re parvient ? s'en emparer, et p?n?tre dans l'isthme ? la pointe duquel se r?unissent les deux fleuves. Elle allait s'introduire dans Lyon, lorsque Pr?cy, accourant avec sa cavalerie, parvient ? la repousser, et ? sauver la place. De son c?t?, le chef d'artillerie Vaubois, qui avait dirig? sur le pont Morand une attaque des plus vives, p?n?tra dans la redoute en fer ? cheval, mais il fut oblig? de l'abandonner.

De toutes ces attaques, une seule avait compl?tement r?ussi, mais c'?tait la principale, celle de Sainte-Foy. Il restait maintenant ? passer des hauteurs de Sainte-Foy ? celles de Fourvi?res, bien plus r?guli?rement retranch?es, et bien plus difficiles ? emporter. L'avis de Dubois-Cranc?, qui agissait syst?matiquement, et en savant militaire, ?tait de ne pas s'exposer aux chances d'un nouvel assaut, et voici ses raisons: il savait que les Lyonnais, r?duits ? manger de la farine de pois, n'avaient de vivres que pour quelques jours encore, et qu'ils allaient ?tre oblig?s de se rendre. Il les avait trouv?s tr?s braves ? la d?fense de la Mulati?re et du pont Morand; il craignait qu'une attaque sur les hauteurs de Fourvi?res ne r?uss?t pas, et qu'un ?chec ne d?sorganis?t l'arm?e, et n'oblige?t ? lever le si?ge. <>

Couthon arrivait dans ce moment, 2 octobre, avec une nouvelle lev?e de vingt-cinq mille paysans de l'Auvergne. <> Il trouva Dubois-Cranc? au milieu d'une arm?e dont il ?tait le chef absolu, o? il avait ?tabli les r?gles de la subordination militaire, et o? il portait plus souvent son habit d'officier sup?rieur que celui de repr?sentant du peuple. Couthon fut irrit? de voir un repr?sentant remplacer l'?galit? par la hi?rarchie militaire, et ne voulut pas surtout entendre parler de guerre r?guli?re. <> On ?tait alors au mardi. Dubois-Cranc?, homme de m?tier, habitu? aux troupes r?gl?es, t?moigna quelque m?pris pour ces paysans confus?ment amass?s et mal arm?s; il proposa de choisir parmi eux les plus jeunes, de les incorporer dans les bataillons d?j? organis?s, et de renvoyer les autres. Couthon ne voulut ?couter aucun de ces conseils de prudence, et fit d?cider sur-le-champ qu'on attaquerait Lyon de vive force sur tous les points, avec les soixante mille hommes dont on disposait; car telle ?tait maintenant la force de l'arm?e avec cette nouvelle lev?e. Il ?crivit en m?me temps au comit? de salut public pour faire r?voquer Dubois-Cranc?. L'attaque fut r?solue dans le conseil de guerre pour le 8 octobre.

La r?vocation de Dubois-Cranc? et de son coll?gue Gauthier arriva dans l'intervalle. Les Lyonnais avaient une grande horreur de Dubois-Cranc?, que depuis deux mois ils voyaient acharn? contre leur ville, et ils disaient qu'ils ne voulaient pas se rendre ? lui. Le 7, Couthon leur fit une derni?re sommation, et leur ?crivit que c'?tait lui, Couthon, et les repr?sentans Maignet et Laporte que la convention chargeait de la poursuite du si?ge. Le feu fut suspendu jusqu'? quatre heures du soir, et recommen?a alors avec une extr?me violence. On allait se pr?parer ? l'assaut, quand une d?putation vint n?gocier au nom des Lyonnais. Il para?t que le but de cette n?gociation ?tait de donner ? Pr?cy et ? deux mille des habitans les plus compromis le temps de se sauver en colonne serr?e. Ils profit?rent en effet de cet intervalle, et sortirent par le faubourg de Vaise pour se retirer vers la Suisse.

Les pourparlers ?taient ? peine commenc?s, qu'une colonne r?publicaine p?n?tra jusqu'au faubourg Saint-Just. Il n'?tait plus temps de faire des conditions, et d'ailleurs la convention n'en voulait pas. Le 9, l'arm?e entra, ayant les repr?sentans en t?te. Les habitans s'?taient cach?s, mais tous les montagnards pers?cut?s sortirent en foule au devant de l'arm?e victorieuse, et lui compos?rent une esp?ce de triomphe populaire. Le g?n?ral Doppet fit observer la plus exacte discipline ? ses troupes, et laissa aux repr?sentans le soin d'exercer eux-m?mes sur cette ville infortun?e les vengeances r?volutionnaires.

Pendant ce temps, Pr?cy, avec ses deux mille fugitifs, marchait vers la Suisse. Mais Dubois-Cranc?, pr?voyant que ce serait l? son unique ressource, avait depuis long-temps fait garder tous les passages. Les malheureux Lyonnais furent poursuivis, dispers?s et tu?s par les paysans. Il n'y en eut que quatre-vingts qui, avec Pr?cy, parvinrent ? atteindre le territoire helv?tique.

A peine entr?, Couthon r?int?gra l'ancienne municipalit? montagnarde, et lui donna mission de chercher et de d?signer les rebelles. Il chargea une commission populaire de les juger militairement. Il ?crivit ensuite ? Paris qu'il y avait ? Lyon trois classes d'habitans: 1? les riches coupable; 2? les riches ?go?stes, 3? les ouvriers ignorans, d?tach?s de toute esp?ce de cause, et incapables de bien comme de mal. Il fallait guillotiner les premiers et d?truire leurs maisons, faire contribuer les seconds de toute leur fortune, d?payser enfin les derniers, et les remplacer par une colonie r?publicaine.

La prise de Lyon produisit ? Paris la plus grande joie, et d?dommagea des mauvaises nouvelles de la fin de septembre. Cependant, malgr? le succ?s, on se plaignit des lenteurs de Dubois-Cranc?, on lui imputa la fuite des Lyonnais par le faubourg de Vaise, fuite qui d'ailleurs n'en avait sauv? que quatre-vingts. Couthon surtout l'accusa de s'?tre fait g?n?ral absolu dans son arm?e, de s'?tre plus souvent montr? avec son costume d'officier sup?rieur qu'avec celui de repr?sentant, d'avoir affich? la morgue d'un tacticien, d'avoir enfin voulu faire pr?valoir le syst?me des si?ges r?guliers sur celui des attaques en masse. Aussit?t une enqu?te fut faite par les jacobins contre Dubois-Cranc?, dont l'activit? et la vigueur avaient cependant rendu tant de services ? Grenoble, dans le Midi et devant Lyon. En m?me temps, le comit? de salut public pr?para des d?crets terribles, afin de rendre plus formidable et plus ob?ie l'autorit? de la convention. Voici le d?cret qui fut pr?sent? par Barr?re et rendu sur-le-champ:

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<<2. Tous les Lyonnais seront d?sarm?s; les armes seront donn?es ? ceux qui seront reconnus n'avoir point tremp? dans la r?volte, et aux d?fenseurs de la patrie.

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