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Read Ebook: La Presse Clandestine dans la Belgique Occupée by Massart Jean
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 1882 lines and 120093 words, and 38 pagesLe 4 juin 1916, le gouverneur g?n?ral s'adressa ? Mgr Heylen, ?v?que de Namur, pour l'amener ? agir sur son clerg?. Apr?s avoir signal? combien il lui est p?nible de se montrer s?v?re--s?v?re, mais juste--envers les pr?tres, il invoque... parfaitement, il invoque la Convention de La Haye. Puis il ajoute: Si l'on veut obtenir que les condamnations soient ?vit?es, on ne peut l'attendre que d'une conduite calme et exempte de politique des eccl?siastiques eux-m?mes. Et c'est pour cette raison que je m'adresse ? Votre Grandeur avec la pri?re d'agir sur vos subordonn?s de mani?re qu'ils s'abstiennent dans l'exercice du minist?re sacr? et ailleurs encore de toute activit? politique, et moins encore qu'ils se rendent coupables de transgressions graves de mes prescriptions. Il importerait surtout de les d?tourner de la diffusion d'?crits inadmissibles, ? laquelle des eccl?siastiques ont r?cemment pris une grande part. M'est-il permis de prier Votre Grandeur de me faire savoir si je puis compter sur Sa collaboration dans le sens indiqu?? Au surplus, je ne demande que la tenue des garanties auxquelles l'?piscopat a souscrites, en son temps, en ce qui concerne la bonne conduite du clerg?. Voici quelques passages de la r?ponse de Mgr Heylen: Namur, 15 juin 1916. EXCELLENCE, Je suis heureux de constater, par la lettre de Votre Excellence en date du 4 juin, qu'elle se rend parfaitement compte de l'effet d?plorable et excitant que produisent sur le peuple belge les arrestations journali?res d'eccl?siastiques, leur emprisonnement, leur condamnation, la d?portation d'un certain nombre dans les prisons ou les camps de l'Allemagne. A plusieurs reprises, j'ai fait conna?tre mon sentiment sur ces objets et je le redirai aujourd'hui ? Votre Excellence, avec une enti?re franchise. Le maintien de la tranquillit? dans le pays n'est pas favoris?--loin de l?--par ces proc?d?s d'intimidation et de violence; il s'obtiendrait plus efficacement par une conduite qui serait en harmonie avec le temp?rament du peuple belge. Sur ce point, l'autorit? allemande ne peut oublier qu'elle a aussi des devoirs ? remplir, et nous n'avons pas moins le droit qu'elle-m?me d'en appeler ? la Convention de La Haye. Cette Convention n'est pas faite seulement dans l'int?r?t de l'envahisseur, mais aussi du pays occup?; ? celui-ci elle assure le respect de ce qu'il y a dans l'?me humaine de plus ?lev? et de plus noble, l'amour de la patrie, et elle impose ? l'arm?e occupante d'?viter tout outrage ? ce patriotisme; or, nous subissons ? ce sujet de douloureuses violences et c'est ce que nous d?plorons avec le plus d'amertume dans l'occupation allemande. Il semble qu'on veuille partout contrarier, ?touffer, r?primer le sentiment patriotique, dont le maintien est pourtant un droit et est, de plus, indispensable ? la tranquillit? du peuple. Je citerai seulement deux faits. Au mois de d?cembre dernier, ? l'occasion d'un envoi de vivres aux prisonniers de mon dioc?se intern?s en Allemagne, il m'a ?t? interdit de formuler le souhait qu'ils soient bient?t rendus ? leur patrie bien-aim?e; ces mots ont ?t? supprim?s de ma carte-correspondance. L'un de mes vicaires g?n?raux, cit? vers la m?me date devant la police secr?te, s'est entendu reprocher d'avoir, dans une allocution, demand? de prier pour notre Roi bien-aim? et son auguste famille... On s'autorise aussi ? faire vis-?-vis de nous ce qui n'est pas tol?r? vis-?-vis de l'arm?e allemande: d'une part, on interdit aux pr?tres belges les publications qui ne sont pas ? l'?loge de l'Allemagne et, d'autre part, on permet aux aum?niers allemands et ? d'autres de r?pandre des ?crits provocants et outrageants pour notre patrie. Les feuilles sortant de Prusse. Tous les quotidiens de Bruxelles, sans exception, ont cess? leur publication. D?s le d?but de l'occupation, von der Goltz leur fit faire des avances; elles ?chou?rent. Il n'est pas de la dignit? de la presse ind?pendante de reconna?tre la loi de l'usurpation; il est antipatriotique de se mettre au service de l'ennemi. Or, publier ce qui pla?t ? la censure prussienne et omettre ce qui lui d?pla?t; ne pas se r?jouir des avantages obtenus par les arm?es alli?es, mais les escamoter et insister, au contraire, sur les pr?tendus succ?s des troupes ennemies; ins?rer des articles impos?s par les bureaux prussiens et reproduire les bulletins des Alli?s tels que ceux-ci sortent des tripatouillages berlinois; critiquer des initiatives belges parce que ce sont les seules que la censure aime ? voir d?nigrer; ne pas mettre au pilori les massacres de Vis?, Dolhain, Li?ge, Aerschot, Diest, Louvain, Dinant, Tamines, Termonde, etc., mais s'indigner des petits abus ? charge de Belges appauvris; signaler avec complaisance les organisations de l'ennemi et rester muet devant ses exactions, c'est s'aplatir, c'est fouler aux pieds toute fiert?, c'est donner sa veulerie en exemple et c'est servir les int?r?ts de l'agression germanique. Le journalisme musel? aggrave son cas en gagnant beaucoup d'argent. Un journal veule et cupide ne peut trouver des lecteurs que parmi les gens sans grandeur morale. Merci ? tous. Un peu d'indulgence, s'il vous pla?t. Pri?re de faire circuler ce bulletin. Nos lecteurs n'auront pas ?t? sans remarquer notre insistance ? leur r?p?ter cet avis. Comme la prudence ne nous permet pas d'augmenter notre tirage autant que nos amis le d?sireraient, vu la difficult? d'introduire dans la capitale des colis trop volumineux, nous avons compt?, d?s le premier jour, sur le patriotisme de nos < Cent exemplaires doivent repr?senter au moins mille lecteurs. Or, comme nous tirons... chut! taisons-nous, les Boches ne doivent pas le savoir. Par suite d'un accident de machine, notre service a ?t? un peu d?sorganis? la semaine derni?re; nous n'avons pu faire qu'une r?paration provisoire, et, s'il arrivait quelques retards dans l'apparition du journal, nos lecteurs voudront bien nous excuser. Nous profitons de l'occasion pour remercier nos concitoyens pour toutes les marques de sympathie dont nous avons entendu les ?chos et qui nous ?taient adress?es ? l'occasion de notre soi-disant arrestation. Avis important ? nos lecteurs et propagandistes. Avis ? nos lecteurs. Toutefois, ? ceux qui croiraient devoir agr?menter cette mise au dehors d'un ma?tre coup de pied ? l'endroit vulgairement d?nomm? < LA R?DACTION. A son Excellence le Baron von Bissing, gouverneur allemand. EXCELLENCE, Vous savez d'ailleurs fort bien, Excellence, que, si certaines de ces exp?ditions ont abouti plus ou moins glorieusement, d'autres ont couvert de ridicule vos agents et leurs chefs. Encore une fois, vous perdez votre temps, cher Baron, et les b?n?fices de vos saisies et de vos confiscations ne vous paieront pas des peines que vous vous donnez et ne compenseront pas le ridicule de votre insucc?s. Plus vous vous obstinerez, plus notre propagande s'?tendra. Notre imprimerie automobile, gr?ce ? votre obligeance bien connue, se transporte d'un point ? l'autre du pays avec une facilit?, avec une essence,-- pardon, je veux dire avec une aisance --une aisance donc, que vous ne soup?onnez pas. Vous oubliez qu'en Belgique une promesse est un engagement sacr?, qui lie celui qui l'a faite aussi bien qu'un serment et mieux qu'un trait? diplomatique. Vous avez le grand tort de nous consid?rer comme annex?s. Vous pouvez nous voler, nous emprisonner, nous fusiller m?me, mais vous ne nous ferez pas taire. NOUS NE SOMMES PAS DES ALLEMANDS, NE NOUS MESUREZ DONC PAS A VOTRE AUNE. Vous avez dit r?cemment, ? ce qui nous a ?t? rapport?, que les Belges sont ind?crottables. Ce mot, qui rappelle trop les souvenirs que vos officiers ont laiss?s partout sur leur passage dans nos maisons et nos ch?teaux, aurait d? vous br?ler les l?vres, mais il est cependant l'expression malheureuse d'une id?e vraie: les Belges sont INDOMPTABLES. Ne pensez pas, cher Baron, que nous ayons la na?vet? de croire que vous allez, sur notre conseil, abandonner l'espoir de nous faire d?couvrir par vos Sherlock Holmes de contrebande. Nous savons que rien n'arr?te un Allemand lorsqu'il s'est lanc? sur une mauvaise voie, pas plus le sentiment du ridicule qu'aucun scrupule ou la certitude de la d?faite finale. C'est pourquoi nous vous pr?sentons, Excellence, ? l'occasion de vos m?comptes pass?s, pr?sents et futurs, l'expression de nos tr?s sinc?res et tout ? fait irrespectueuses condol?ances. LA LIBRE BELGIQUE. Dans la lutte de tous les instants que les Belges, prisonniers dans leur propre pays, soutiennent contre la domination allemande, les journaux sont second?s par de nombreuses brochures. Citons-en quelques-unes, simplement pour donner une id?e de leur diversit?. La propagande anti-allemande s'op?re aussi ? l'aide de cartes illustr?es, repr?sentant le Roi, la Reine, le prince L?opold, M. Max, Mgr Mercier, Miss Cavell et Ph. Baucq, etc. La carte prohib?e qui a d? vexer le plus profond?ment les Allemands est celle qui reproduit les portraits de leurs espions. Une trentaine de ceux-ci avaient eu l'ing?nieuse id?e de se faire photographier en corps. Une semaine ne s'?tait pas ?coul?e que les Belges en poss?daient une ?preuve et la faisaient reproduire en carte postale. D?s qu'un de ces sympathiques mouchards entrait dans un tram, tout le monde le d?visageait avec une insistance significative. Quoiqu'il soit d?fendu de photographier, de nombreux amateurs bravent les rigueurs de la < Sont en pr?sence: d'une part les Allemands d?tenteurs de l'autorit?, et d?cid?s ? en abuser sans le moindre scrupule, ne cherchant qu'? nous d?moraliser pour pouvoir plus facilement nous ?craser sous leur botte; d'autre part les Belges, abandonn?s ? eux-m?mes, expos?s ? toutes les rigueurs des tribunaux militaires chaque fois qu'ils font un effort pour se d?gager de l'?touffoir. Dans cette lutte, tellement in?gale que les Belges semblent vaincus d'avance, ce sont pourtant eux qui gardent le dessus; rien ne prouve mieux la victoire de nos compatriotes et la rage impuissante de nos ennemis que les peines de plus en plus excessives commin?es par les r?glements sur la presse. Un avis du gouvernement militaire de Bruxelles, le 22 novembre 1914, parlait d'emprisonnement prolong?: Avis. Je rappelle ? la population de Bruxelles et des faubourgs qu'il est strictement d?fendu de vendre ou de distribuer des journaux qui ne sont pas express?ment admis par le gouverneur militaire allemand. Les contraventions entra?nent l'arrestation imm?diate des vendeurs ainsi que des peines d'emprisonnement prolong?. Bruxelles, le 22 septembre 1914. L'arr?t? du 13 octobre 1914, sign? baron von der Goltz, mena?ait d'une punition, < L'avis du 4 novembre 1914, sign? ?galement baron von der Goltz, disait que les contrevenants seraient < Des condamnations furent effectivement prononc?es ? cette ?poque, par exemple: Louis Prost, condamn? ? six mois de prison < Mais les rigueurs allemandes n'emp?ch?rent pas l'introduction de journaux ?trangers ni la cr?ation de journaux clandestins. Dans un communiqu? officiel, reproduit par les journaux censur?s, du 14 juin 1915, M. le baron von Bissing, gouverneur g?n?ral en Belgique, se plaint de cette situation. Quelques jours plus tard, un autre communiqu? pr?cise ces notions: les contrevenants seront punis d'un emprisonnement de un jour ? trois ans et frapp?s d'une amende de 3.000 marks au maximum. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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