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Read Ebook: Mémoires du sergent Bourgogne by Bourgogne Adrien Jean Baptiste Fran Ois Cottin Paul Editor H Nault Maurice Editor
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 1181 lines and 136255 words, and 24 pagesM?moires Sergent Bourgogne PAR PAUL COTTIN MAURICE H?NAULT Archiviste municipal de Valenciennes M?MOIRES SERGENT BOURGOGNE M?MOIRES SERGENT BOURGOGNE PUBLI?S D'APR?S LE MANUSCRIT ORIGINAL PAR PAUL COTTIN MAURICE H?NAULT Archiviste municipal de Valenciennes AVANT-PROPOS Fils d'un marchand de toile de Cond?-sur-Escaut , Adrien-Jean-Baptiste-Fran?ois Bourgogne entrait dans sa vingti?me ann?e le 12 novembre 1805, ? une ?poque o? le r?ve unique de la jeunesse ?tait la gloire militaire. Pour le r?aliser, son p?re lui facilita son entr?e au corps des v?lites de la Garde, pour laquelle il fallait justifier d'un certain revenu. Un d?cret du 15 avril 1806 d?cida que 2 000 nouveaux v?lites seraient lev?s, et deux de leurs bataillons ou un de leurs escadrons attach?s ? chacune des armes dont la Garde se composait. La vieille Garde seule en re?ut, nous ?crit M. Gabriel Cottreau; ils furent r?partis dans les corps des grenadiers et des chasseurs ? pied, ainsi que dans le corps des chasseurs, des grenadiers, des dragons de l'Imp?ratrice, pour la cavalerie. En temps de paix, chaque r?giment de cavalerie avait, ? sa suite, un escadron de v?lites comprenant deux compagnies de 125 hommes chacune, et chaque r?giment d'infanterie un bataillon comprenant deux compagnies de 150 v?lites. En temps de guerre, ces compagnies se fondaient avec celles des vieux soldats, qui recevaient 45 v?lites et se trouvaient ainsi port?es au nombre de 125 hommes. Chacune d'elles laissait en d?p?t, ? Paris, 20 vieux soldats et 15 v?lites. Le costume de ces derniers ?tait, naturellement, celui du corps dans lequel ils avaient ?t? vers?s. En 1809, l'Empereur d?tacha, des fusiliers-grenadiers, un bataillon de v?lites pour servir de garde ? la Grande-Duchesse de Toscane, ? Florence. Ce bataillon continua ? compter dans la Garde imp?riale, fit les campagnes de Russie et de Saxe, et fut incorpor? au 14e de ligne, en 1814. Des v?lites, tir?s des fusiliers-grenadiers furent aussi attach?s au service du prince Borgh?se, ? Turin, et du prince Eug?ne, ? Milan. On forma d'abord les v?lites ? Saint-Germain-en-Laye, puis ? ?couen et ? Fontainebleau, o? Bourgogne suivit les cours d'?criture, d'arithm?tique, de dessin, de gymnastique, destin?s ? compl?ter l'instruction militaire de ces futurs officiers, car, apr?s quelques ann?es, les plus capables ?taient promus sous-lieutenants. Au bout de quelques mois, Bourgogne montait, avec ses camarades, dans les voitures r?quisitionn?es pour le transport des troupes; la campagne de 1806 allait commencer. Elle le conduit en Pologne o? il passe caporal . Deux ans apr?s, il prend part ? la sanglante affaire d'Essling, o? il est deux fois bless?. De 1809 ? 1811, il combat en Autriche, en Espagne, en Portugal; 1812 le retrouve ? Wilna, o? l'Empereur r?unit sa Garde, avant de marcher contre les Russes. Bourgogne ?tait devenu sergent. Nous n'avons pas besoin d'insister sur la valeur dramatique des tableaux de Bourgogne, pour ne parler que de l'orgie de l'?glise de Smolensk, de son cimeti?re recouvert de plus de cadavres qu'il n'en contient, de ce malheureux franchissant leurs monceaux neigeux pour arriver au sanctuaire, guid? par les accents d'une musique qu'il croit c?leste, tandis qu'elle est produite par des ivrognes mont?s ? l'orgue pr?t ? s'?crouler parce que ses marches de bois ont ?t? arrach?es pour faire du feu. Tout cela est inoubliable. < Pr?s des villes o? les troupes croient trouver la fin de leurs maux, le retour de l'esp?rance fait rena?tre les sentiments de piti?. Les langues se d?lient, on s'informe des camarades, on porte les plus malades sur des fusils. Bourgogne a vu des soldats garder, pendant des lieues, leurs officiers bless?s sur leurs ?paules. N'oublions pas ces Hessois qui garantissent leur jeune prince contre vingt-huit degr?s de froid, passant une nuit serr?s autour de son corps, comme le faisceau protecteur d'une jeune plante. Cependant la fatigue, la fi?vre, la cong?lation et ses plaies mal garanties par des oripeaux de toute provenance, les ravages produits sur son organisme par une tentative d'empoisonnement, en voil? plus qu'il n'en faut pour faire perdre ? notre sergent la piste de son r?giment, comme ? tant d'autres! Seul, il avance p?niblement ? travers la neige o? il dispara?t, parfois, jusqu'aux ?paules. Heureux encore d'?chapper aux Cosaques, de trouver des cachettes dans les bois, de reconna?tre, par les cadavres rencontr?s, la route suivie par sa colonne! Dans l'obscurit? d'une nuit, il arrive sur le terrain d'un combat. Il butte contre les corps amoncel?s d'o? s'?l?ve un appel plaintif: < C'est, en effet, chose digne de remarque: malgr? ses mis?res, le soldat n'accuse point celui qui est cause de ses infortunes; il reste d?vou?, corps et ?me, avec la persuasion que Napol?on saura le tirer du mauvais pas, qu'il ne tardera point ? prendre sa revanche. C'?tait une religion: < Leur dieu les ?meut toujours: en le voyant, au passage de la B?r?zina, < Enfin, au mois de mars 1813, Bourgogne se retrouve dans sa patrie, et re?oit l'?paulette de sous-lieutenant au 145e de ligne, avec lequel il repart pour la Prusse. Bless? au combat de Dessau , il est fait prisonnier. Le premier retour des Bourbons l'avait fait d?missionner aussit?t, sous le pr?texte de < La vie de famille aussi a ses ?preuves: Bourgogne le sentit apr?s la perte de sa femme, laissant deux filles ? ?lever. Il contracta un second mariage et eut encore deux enfants. ?tabli marchand mercier, comme son p?re, il quitta bient?t le magasin pour s'occuper d'affaires industrielles o? il perdit une partie de son bien. Ses habitudes simples, son heureux naturel l'aid?rent ? supporter ces revers, qui ne l'emp?ch?rent point de donner une instruction convenable ? ses filles. Il les adorait et sut leur inspirer l'amour des arts dont il ?tait ?pris: l'une s'adonnait ? la peinture, l'autre ? la musique. Dou? lui-m?me d'une jolie voix, il chantait ? la fin des repas de famille, selon la coutume aujourd'hui presque partout d?laiss?e. Il avait r?uni, dans sa demeure, une collection, relativement importante, de tableaux, de curiosit?s, de souvenirs qu'on venait voir. ? Paris, o? il se rendait quelquefois, il ne manquait point de visiter, aux Invalides, ses anciens compagnons d'armes. Il en retrouvait aussi quotidiennement plusieurs, dans sa ville natale, au caf? o? ils causaient de leurs campagnes. Au d?ner qui les r?unissait le jour anniversaire de l'entr?e des Fran?ais ? Moscou, ils buvaient, ? tour de r?le, dans un gobelet rapport? du Kremlin: les vieux soldats de la Garde avaient le culte du pass?. Mais Bourgogne n'en est pas moins oubli? au minist?re, o? l'on ne retrouve aucune trace de ses services. M. de Vatimesnil est oblig? de former un dossier qu'il envoie le 24 septembre. Deux mois apr?s, le 10 novembre, l'ancien v?lite est enfin nomm? lieutenant-adjudant de place, mais ? Brest, et non ? Cond?! C'?tait bien loin, mais enfin il avait un pied ? l'?trier, et puis la croix vint, le 21 mars 1831, l'aider ? prendre patience, sinon ? oublier le sol natal. De nouvelles d?marches sont faites pour le poste d'adjudant de place ? Valenciennes. Il n'y omet point son titre d'?lecteur, important alors. Son voeu fut enfin exauc? le 25 juillet 1832, et l'on se souvient encore, ? Valenciennes, des services qu'il rendit, notamment pendant les troubles de 1848. Ses droits ? la retraite lui valurent, en 1853, une pension de douze cents francs. Il mourut, octog?naire, le 15 avril 1867, deux ann?es apr?s le l?gendaire Coignet, qui alla jusqu'? quatre-vingt-dix ans. On voit que leur rude existence n'avait pas suffi pour h?ter leur fin. Il est vrai qu'il fallait ?tre exceptionnellement solide pour avoir surv?cu. Malheureusement, des souffrances physiques empoisonn?rent ses derniers jours. Elles ne lui enlev?rent, toutefois, ni la belle humeur, ni la philosophie qui formait le fond de son caract?re. Une de ses ni?ces, Mme Bussi?re, veuve d'un chef d'escadrons d'artillerie, ?tait d'ailleurs venue, apr?s la mort de sa seconde femme, victime du chol?ra qui s?vit ? Valenciennes en 1866, adoucir, par des soins d?vou?s, l'amertume de ses maux. Le portrait de notre h?ros, qui a pris place en t?te du volume, est la reproduction d'une lithographie repr?sentant Bourgogne ? l'?ge de quarante-cinq ans, avec l'air officiellement s?v?re et le regard un peu dur de l'adjudant de place, personnification vivante de la consigne. Mais ce que nous savons de sa bont? naturelle montre que c'est ici le cas d'appliquer le pr?cepte du po?te: Garde-toi, tant que tu vivras. De juger les gens sur la mine! Ajoutons qu'au temps de sa jeunesse il passait, non sans raison, pour un beau soldat: sa haute stature, son air martial imposaient. Nommons encore les neveux de notre h?ros, M. le docteur Bourgogne et M. Am?d?e Bourgogne; M. Loriaux, son ancien propri?taire; M. Paul Marmottan, et nous aurons fait appr?cier l'importance, comme la multiplicit? des concours apport?s ? notre oeuvre. Leur constatation reste, en m?me temps, notre premi?re garantie. M?MOIRES DU SERGENT BOURGOGNE D'Almeida ? Moscou. Ce fut au mois de mars 1812, lorsque nous ?tions ? Almeida, en Portugal, ? nous battre contre l'arm?e anglaise, command?e par Wellington, que nous re??mes l'ordre de partir pour la Russie. Nous travers?mes l'Espagne, o? chaque jour de marche fut marqu? par un combat, et quelquefois deux. Ce fut de cette mani?re que nous arriv?mes ? Bayonne, premi?re ville de France. Partant de cette ville, nous pr?mes la poste et nous arriv?mes ? Paris o? nous pensions nous reposer. Mais, apr?s un s?jour de quarante-huit heures, l'Empereur nous passa en revue, et jugeant que le repos ?tait indigne de nous, nous fit faire demi-tour et marcher en colonnes, par pelotons, le long des boulevards, ensuite tourner ? gauche dans la rue Saint-Martin, traverser la Villette, o? nous trouv?mes plusieurs centaines de fiacres et autres voitures qui nous attendaient. L'on nous fit faire halte, ensuite monter quatre dans la m?me voiture et, fouette cocher! jusqu'? Meaux, puis sur des chariots jusqu'au Rhin, en marchant jour et nuit. 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