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Munafa ebook

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Read Ebook: Mémoires du sergent Bourgogne by Bourgogne Adrien Jean Baptiste Fran Ois Cottin Paul Editor H Nault Maurice Editor

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Ebook has 1181 lines and 136255 words, and 24 pages

Partant de cette ville, nous pr?mes la poste et nous arriv?mes ? Paris o? nous pensions nous reposer. Mais, apr?s un s?jour de quarante-huit heures, l'Empereur nous passa en revue, et jugeant que le repos ?tait indigne de nous, nous fit faire demi-tour et marcher en colonnes, par pelotons, le long des boulevards, ensuite tourner ? gauche dans la rue Saint-Martin, traverser la Villette, o? nous trouv?mes plusieurs centaines de fiacres et autres voitures qui nous attendaient. L'on nous fit faire halte, ensuite monter quatre dans la m?me voiture et, fouette cocher! jusqu'? Meaux, puis sur des chariots jusqu'au Rhin, en marchant jour et nuit.

Nous f?mes s?jour ? Mayence, puis nous pass?mes le Rhin; ensuite nous travers?mes ? pied le grand-duch? de Francfort, la Franconie, la Saxe, la Prusse, la Pologne. Nous pass?mes la Vistule ? Marienwerder, nous entr?mes en Pom?ranie, et, le 25 juin au matin, par un beau temps, non pas par un temps affreux, comme le dit M. de S?gur, nous travers?mes le Ni?men sur plusieurs ponts de bateaux que l'on venait de jeter, et nous entr?mes en Lithuanie, premi?re province de Russie.

Le lendemain, nous quitt?mes notre premi?re position et nous march?mes jusqu'au 29, sans qu'il nous arriv?t rien de remarquable; mais, dans la nuit du 29 au 30, un bruit sourd se fit entendre: c'?tait le tonnerre qu'un vent furieux nous apportait. Des masses de nu?es s'amoncelaient sur nos t?tes et finirent par crever. Le tonnerre et le vent dur?rent plus de deux heures. En quelques minutes, nos feux furent ?teints; les abris qui nous couvraient, enlev?s; nos faisceaux d'armes renvers?s. Nous ?tions tous perdus et ne sachant o? nous diriger. Je courus me r?fugier dans la direction d'un village o? ?tait log? le quartier g?n?ral. Je n'avais, pour me guider, que la lueur des ?clairs. Tout ? coup, ? la lueur d'un ?clair, je crois apercevoir un chemin, mais c'?tait un canal qui conduisait ? un moulin que les pluies avaient enfl?, et dont les eaux ?taient au niveau du sol. Pensant marcher sur quelque chose de solide, je m'enfonce et disparais. Mais, revenu au-dessus de l'eau, je gagne l'autre bord ? la nage. Enfin, j'arrive au village, j'entre dans la premi?re maison que je rencontre et o? je trouve la premi?re chambre occup?e par une vingtaine d'hommes, officiers et domestiques, endormis. Je gagne le mieux possible un banc qui ?tait plac? autour d'un grand po?le bien chaud, je me d?shabille, je m'empresse de tordre ma chemise et mes habits, pour en faire sortir l'eau, et je m'accroupis sur le banc, en attendant que tout soit sec; au jour, je m'arrange le mieux possible, et je sors de la maison pour aller chercher mes armes et mon sac, que je retrouve dans la boue.

Le lendemain 30, il fit un beau soleil qui s?cha tout, et, le m?me jour, nous arriv?mes ? Wilna, capitale de la Lithuanie, o? l'Empereur ?tait arriv?, depuis la veille, avec une partie de la Garde.

Pendant le temps que nous y rest?mes, je re?us une lettre de ma m?re, qui en contenait une autre ? l'adresse de M. Constant, premier valet de chambre de l'Empereur, qui ?tait de P?ruwelz, Belgique. Cette lettre ?tait de sa m?re, avec qui la mienne ?tait en connaissance. Je fus o? ?tait log? l'Empereur pour la lui remettre, mais je ne rencontrai que Roustan, le mameluck de l'Empereur, qui me dit que M. Constant venait de sortir avec Sa Majest?. Il m'engagea ? attendre son retour, mais je ne le pouvais pas, j'?tais de service. Je lui donnai la lettre pour la remettre ? son adresse, et je me promis de revenir voir M. Constant. Mais le lendemain, 16 juillet, nous part?mes de cette ville.

Nous en sort?mes ? dix heures du soir, en marchant dans la direction de Borisow, et nous arriv?mes, le 27, ? Witebsk, o? nous rencontr?mes les Russes. Nous nous m?mes en bataille sur une hauteur qui dominait la ville et les environs. L'ennemi ?tait en position sur une hauteur ? droite et ? gauche de la ville. D?j? la cavalerie, command?e par le roi Murat, avait fait plusieurs charges. En arrivant, nous v?mes 200 voltigeurs du 9e de ligne, et tous Parisiens, qui, s'?tant trop engag?s, furent rencontr?s par une partie de la cavalerie russe que l'en venait de repousser.

Nous les regardions comme perdus, si l'on n'arrivait assez t?t pour les secourir, ? cause des ravins et de la rivi?re qui emp?chait d'aller directement ? eux. Mais ils sont command?s par des braves officiers qui jurent, ainsi que les soldats, de se faire tuer plut?t que de ne pas en sortir avec honneur. Ils gagnent, en se battant, un terrain qui leur ?tait avantageux. Alors ils se forment en carr?, et comme ils n'en ?taient pas ? leur coup d'essai, le nombre d'ennemis qui leur ?tait oppos? ne les intimide pas; et cependant ils ?taient entour?s d'un r?giment de lanciers et par d'autres cavaliers qui cherchaient ? les enfoncer, sans pouvoir y parvenir, de mani?re qu'au bout d'un moment, ils finirent par avoir, autour d'eux, un rempart d'hommes et de chevaux tu?s et bless?s. Ce fut un obstacle de plus pour les Russes, qui, ?pouvant?s, se sauv?rent en d?sordre, aux cris de joie de toute l'arm?e, spectatrice de ce combat.

Les n?tres revinrent tranquillement, vainqueurs, s'arr?tant par moments et faisant face ? l'ennemi. L'Empereur envoya de suite l'ordre de la L?gion d'honneur aux plus braves. Les Russes, en bataille sur une hauteur oppos?e ? celle o? nous ?tions, ont vu, comme nous, le combat et la fuite de leur cavalerie.

Apr?s cette ?chauffour?e, nous form?mes nos bivouacs. Un instant apr?s, je re?us la visite de douze jeunes soldats de mon pays, de Cond?; dix ?taient tambours, un, tambour-ma?tre, et le douzi?me ?tait caporal des voltigeurs, et tous dans le m?me r?giment. Ils avaient tous, ? leur c?t?, des demi-espadons. Cela signifiait qu'ils ?taient tous ma?tres ou pr?v?ts d'armes, enfin des vrais spadassins. Je leur t?moignai tout le plaisir que j'avais de les voir, en leur disant que je regrettais de n'avoir rien ? leur offrir. Le tambour-ma?tre prit la parole et me dit:

<> Et en disant cela, il frappait de la main droite sur la garde de sa longue rapi?re. <> Et nous nous m?mes en route, dans la direction de leur corps d'arm?e, qui formait l'avant-garde.

Nous arriv?mes au camp des enfants de Cond?; nous ?tions quatre invit?s: deux dragons, Melet, qui ?tait de Cond?, et Flament, de P?ruwelz, ensuite Grangier, sous-officier dans le m?me r?giment que moi. Nous nous install?mes pr?s de la voiture de la cantini?re, qui ?tait effectivement une jolie Espagnole, qui nous re?ut avec joie, parce que nous arrivions de son pays, et que nous parlions assez bien sa langue, surtout le dragon Flament, de sorte que nous pass?mes la nuit ? boire le vin du g?n?ral russe et ? causer du pays.

Il commen?ait ? faire jour, lorsqu'un coup de canon mit fin ? notre conversation. Nous rentr?mes chacun chez nous, en attendant l'occasion de nous revoir. Les pauvres gar?ons ne pensaient pas que, quelques jours plus tard, onze d'entre eux auraient fini d'exister.

C'?tait le 28; nous nous attendions ? une bataille, mais l'arm?e russe se retira et, le m?me jour, nous entr?mes ? Witebsk, o? nous rest?mes quinze jours. Notre r?giment occupait un des faubourgs de la ville.

J'?tais log? chez un juif qui avait une jolie femme et deux filles charmantes, avec des figures ovales. Je trouvai, dans cette maison, une petite chaudi?re ? faire de la bi?re, de l'orge, ainsi qu'un moulin ? bras pour le moudre; mais le houblon nous manquait. Je donnai douze francs au juif pour nous en procurer, et, dans la crainte qu'il ne rev?nt pas, nous gard?mes, pour plus de s?ret?, Rachel, sa femme, et ses deux filles en otage. Mais, vingt-quatre heures apr?s son d?part, Jacob le juif ?tait de retour avec du houblon. Il se trouvait, dans la compagnie, un Flamand, brasseur de son ?tat, qui nous fit cinq tonnes de bi?re excellente.

Le 13 ao?t, lorsque nous part?mes de cette ville, il nous restait encore deux tonnes de bi?re que nous m?mes sur la voiture de la m?re Dubois, notre cantini?re, qui eut le bon esprit de rester en arri?re et de la vendre, ? son profit, ? ceux qui marchaient apr?s nous, tandis que nous, marchant par la grande chaleur, nous mourions de soif.

Pendant le jour du si?ge, je fus, avec un de mes amis, aux avant-postes o? ?taient les batteries de si?ge qui tiraient sur la ville. C'?tait la position du corps d'arm?e du mar?chal Davoust; en nous voyant, et reconnaissant que nous ?tions de la Garde, le mar?chal vint ? nous et nous demanda o? ?tait la Garde imp?riale. Ensuite il se mit ? pointer des obusiers qui tiraient sur une tour qui ?tait devant nous. Un instant apr?s, l'on vint le pr?venir que les Russes sortaient de la ville, et s'avan?aient dans la direction o? nous ?tions. De suite, il commanda ? un bataillon d'infanterie l?g?re d'aller prendre position en avant, en disant ? celui qui le commandait: <>.

Combien sont-ils? Combien sont-ils? C'est le cri du soldat sans gloire!

Cinq minutes apr?s, ils marchaient ? la ba?onnette sur la colonne des Russes, qui fut forc?e de rentrer en ville.

En revenant ? notre camp, nous faill?mes ?tre tu?s par un obus. Un autre alla tomber sur une grange o? ?tait log? le mar?chal Mortier, et y mit le feu; parmi les hommes qui portaient de l'eau pour l'?teindre, je rencontrai un jeune soldat de mon endroit; il faisait partie d'un r?giment de la Jeune Garde.

Pendant notre s?jour autour de cette ville, je fus visiter la cath?drale, o? une grande partie des habitants s'?taient retir?s, les maisons ayant ?t? toutes ?cras?es.

Le 21, nous part?mes de cette position. Le m?me jour, nous travers?mes le plateau de Valoutina o?, deux jours avant, une affaire sanglante venait d'avoir lieu, et o? le brave g?n?ral Gudin avait ?t? tu?.

Nous continu?mes notre route et nous arriv?mes ? marches forc?es, ? une ville nomm?e Dorogobou?; nous en part?mes le 24, en poursuivant les Russes jusqu'? Viasma, qui, d?j?, ?tait toute en feu. Nous y trouv?mes de l'eau-de-vie et un peu de vivres. Nous continu?mes de marcher jusqu'? Ghjat, o? nous arriv?mes le 1er de septembre. Nous y f?mes s?jour. Ensuite, on fit, dans toute l'arm?e, la r?capitulation des coups de canon et de fusil qu'il y avait ? tirer pour le jour o? une grande bataille aurait lieu. Le 4, nous nous remettions en marche; le 5, nous rencontr?mes l'arm?e russe en position. Le 61e de ligne lui enleva la premi?re redoute.

Le 6, nous nous pr?par?mes pour la grande bataille qui devait se donner le lendemain: l'un pr?pare ses armes, d'autres du linge en cas de blessure, d'autres font leur testament, et d'autres, insouciants, chantent ou dorment. Toute la Garde imp?riale eut l'ordre de se mettre en grande tenue.

Le lendemain, ? cinq heures du matin, nous ?tions sous les armes, en colonne serr?e par bataillons. L'Empereur passa pr?s de nous en parcourant toute la ligne, car d?j?, depuis plus d'une demi-heure, il ?tait ? cheval.

? sept heures, la bataille commen?a; il me serait impossible d'en donner le d?tail, mais ce fut, dans toute l'arm?e, une grande joie en entendant le bruit du canon, car l'on ?tait certain que les Russes, comme les autres fois, n'avaient pas d?camp?, et qu'on allait se battre. La veille au soir et une partie de la nuit, il ?tait tomb? une pluie fine et froide, mais, pour ce grand jour, il faisait un temps et un soleil magnifiques.

Cette bataille fut, comme toutes nos grandes batailles, ? coups de canon, car, au dire de l'Empereur, cent vingt mille coups furent tir?s par nous. Les Russes eurent au moins cinquante mille hommes, tant tu?s que bless?s. Notre perte fut de dix-sept mille hommes; nous e?mes quarante-trois g?n?raux hors de combat, dont huit, ? ma connaissance, furent tu?s sur le coup. Ce sont: Montbrun, Huard, Caulaincourt , Comp?re, Maison, Plauzonne, Lepel et Anabert. Ce dernier ?tait colonel d'un r?giment de chasseurs ? pied de la Garde, et comme, ? chaque instant, l'on venait dire ? l'Empereur: <>, il fallait le remplacer de suite. Ce fut de cette mani?re que le colonel Anabert fut nomm? g?n?ral. Je m'en rappelle tr?s bien, car j'?tais, en ce moment, ? quatre pas de l'Empereur qui lui dit: <>

Le g?n?ral partit au galop, avec son adjudant-major, qui le suivit comme aide de camp.

Un quart d'heure apr?s, l'aide de camp ?tait de retour, et annon?ait ? l'Empereur que la redoute ?tait enlev?e, mais que le g?n?ral ?tait bless?. Il mourut huit jours apr?s, ainsi que plusieurs autres.

L'on a assur? que les Russes avaient perdu cinquante g?n?raux, tant tu?s que bless?s.

Pendant toute la bataille, nous f?mes en r?serve, derri?re la division command?e par le g?n?ral Friant: les boulets tombaient dans nos rangs et autour de l'Empereur.

La bataille finit avec le jour, et nous rest?mes sur l'emplacement, pendant la nuit et la journ?e du 8, que j'employai ? visiter le champ de bataille, triste et ?pouvantable tableau ? voir. J'?tais avec Grangier. Nous all?mes jusqu'au ravin, position qui avait ?t? tant disput?e pendant la bataille.

Le roi Murat y avait fait dresser ses tentes. Au moment o? nous arrivions, nous le v?mes faisant faire, par son chirurgien, l'amputation de la cuisse droite ? deux canonniers de la Garde imp?riale russe.

Lorsque l'op?ration fut termin?e, il leur fit donner ? chacun un verre de vin. Ensuite, il se promena sur le bord du ravin, en contemplant la plaine qui se trouve de l'autre c?t?, born?e par un bois. C'est l? que, la veille, il avait fait mordre la poussi?re ? plus d'un Moscovite, lorsqu'il chargea, avec sa cavalerie, l'ennemi qui ?tait en retraite. C'est l? qu'il ?tait beau de le voir, se distinguant par sa bravoure, son sang-froid et sa belle tenue, donnant des ordres ? ceux qu'il commandait et des coups de sabre ? ceux qui le combattaient. On pouvait facilement le distinguer ? sa toque, ? son aigrette blanche et ? son manteau flottant.

Le 9 au matin, nous quitt?mes le champ de bataille et nous arriv?mes, dans la journ?e, ? Moja?sk. L'arri?re-garde des Russes ?tait en bataille sur une hauteur, de l'autre c?t? de la ville occup?e par les n?tres. Une compagnie de voltigeurs et de grenadiers, forte au plus de cent hommes du 33e de ligne, qui faisait partie de l'avant-garde, montait la c?te sans s'inqui?ter du nombre d'ennemis qui l'attendaient. Une partie de l'arm?e, qui ?tait encore arr?t?e dans la ville, les regardait avec surprise, quand plusieurs escadrons de cuirassiers et de cosaques s'avancent et enveloppent nos voltigeurs et nos grenadiers. Mais, sans s'?tonner et comme s'ils avaient pr?vu cela, ils se r?unissent, se forment par pelotons, ensuite en carr?, et font feu des quatre faces sur les Russes qui les entourent.

Vu la distance qui les s?pare de l'arm?e, on les croit perdus, car l'on ne pouvait pas arriver jusqu'? eux pour les secourir. Un officier sup?rieur des Russes s'?tant avanc? pour leur dire de se rendre, l'officier qui commandait les Fran?ais r?pondit ? cette sommation en tuant celui qui lui parlait. La cavalerie, ?pouvant?e, se sauva et laissa les voltigeurs et grenadiers ma?tres du champ de bataille.

Le 10, nous suivons l'ennemi jusqu'au soir, et, lorsque nous nous arr?tons, je suis command? de garde pr?s d'un ch?teau o? est log? l'Empereur. Je venais d'?tablir mon poste sur un chemin qui conduisait au ch?teau, lorsqu'un domestique polonais, dont le ma?tre ?tait attach? ? l'?tat-major de l'Empereur, passa pr?s de mon poste, conduisant un cheval charg? de bagages. Ce cheval, fatigu?, s'abattit et ne voulut plus se relever. Le domestique prit la charge et partit. ? peine nous avait-il quitt?s, que les hommes du poste, qui avaient faim, tu?rent le cheval, de sorte que toute la nuit, nous nous occup?mes ? en manger et ? en faire cuire pour le lendemain.

Un instant apr?s, l'Empereur vint ? passer ? pied. Il ?tait accompagn? du roi Murat et d'un auditeur au conseil d'?tat. Ils allaient joindre la grand'route. Je fis prendre les armes ? mon poste. L'Empereur s'arr?ta devant nous et pr?s du cheval qui barrait le chemin. Il me demanda si c'?tait nous qui l'avions mang?. Je lui r?pondis que oui. Il se mit ? sourire, en nous disant: <>

La pr?diction ne manqua pas de s'accomplir, car, quatre jours apr?s, nous arrivions dans cette capitale.

Le lendemain 11 et les jours suivants, nous march?mes par un beau temps. Le 13, nous couch?mes o? il y avait une grande abbaye et d'autres b?timents d'une construction assez belle. On voyait bien que l'on ?tait pr?s d'une grande capitale.

Le lendemain 14, nous part?mes de grand matin; nous pass?mes pr?s d'un ravin o? les Russes avaient commenc? des redoutes pour s'y d?fendre. Un instant apr?s, nous entr?mes dans une grande for?t de sapins et de bouleaux, o? se trouve une route tr?s large . Nous n'?tions plus loin de Moscou.

Ce jour-l?, j'?tais d'avant-garde avec quinze hommes. Apr?s une heure de marche, la colonne imp?riale fit halte. Dans ce moment, j'aper?us un militaire de la ligne ayant le bras gauche en ?charpe. Il ?tait appuy? sur son fusil et semblait attendre quelqu'un. Je le reconnus de suite pour un des enfants de Cond? dont j'avais re?u la visite pr?s de Witebsk. Il ?tait l?, esp?rant me voir. Je m'approchai de lui en lui demandant comment se portaient les amis: <>

Voici ce qu'il me raconta:

<

<

<> Effectivement ils ?taient l?, gisants, les membres bris?s, les corps d?chir?s par la mitraille, et, comme une folle, elle allait de l'un ? l'autre, leur adressant de douces paroles. Mais aucun ne l'entendait. Cependant, quelques-uns donnaient encore signe de vie. Le tambour-ma?tre, celui qu'elle appelait son p?re, ?tait du nombre.

<> En effet les boulets nous sifflaient aux oreilles. Sans plus de fa?on, il enleva la jeune Espagnole et la transporta comme une enfant que l'on porte. Elle ?tait toujours sans connaissance. Apr?s dix minutes de marche, nous arriv?mes pr?s d'un petit bois o? ?tait l'ambulance de l'artillerie de la Garde. L?, Florencia reprit ses sens.

<>

Voil? ce que me raconta l'enfant de Cond?, Dumont, caporal des voltigeurs du 61e de ligne. Je lui fis promettre de venir me voir ? Moscou, si toutefois nous y restions; mais plus jamais je n'ai entendu parler de lui.

Ainsi p?rirent douze jeunes gens de Cond?, dans la m?morable bataille de la Moskowa, le 7 septembre 1812.

BOURGOGNE Ex-grenadier de la Garde imp?riale, chevalier de la L?gion d'honneur.

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