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Read Ebook: Pauvre Blaise by S Gur Sophie Comtesse De
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 2220 lines and 54197 words, and 45 pagesLE DOMESTIQUE Je t'ai dit, gamin, qu'on ne passait pas en blouse. Ton p?re n'est pas au ch?teau; ce n'est pas sa place ni la tienne non plus. Va le chercher ailleurs. BLAISE Mais pourtant maman m'a dit... LE DOMESTIQUE Vas-tu finir et t'en aller, raisonneur! Si tu ajoutes un mot, je t'?poussetterai les ?paules du manche de mon plumeau.>> Le pauvre Blaise se retira le coeur un peu gros, et retourna tristement ? la grille, o? l'attendait sa m?re. < BLAISE Voulez-vous que je retourne au ch?teau, maman? Je le trouverai peut-?tre aux ?curies. MADAME ANFRY Trop tard, mon ami, trop tard; j'entends claquer des fouets. Ce sont les ma?tres qui arrivent.>> Comme elle achevait ces mots, elle vit accourir Anfry, essouffl? et suant, juste au moment o? un nuage de poussi?re annon?ait l'approche de la voiture de poste. Anfry se pla?a, le chapeau ? la main, d'un c?t? de la grille; Mme Anfry se rangea avec Blaise de l'autre c?t?: la berline attel?e de quatre chevaux de poste apparut, tourna au galop et enfila l'avenue du ch?teau. Elle passa si rapidement que Blaise eut ? peine le temps d'apercevoir un monsieur et une dame au fond de la voiture, un petit gar?on et une petite fille sur le devant. Ils pass?rent sans r?pondre aux r?v?rences de Mme Anfry et aux saluts du concierge; la petite fille seule salua. Quand la voiture fut hors de vue, le mari et la femme se regard?rent d'un air chagrin; ils ferm?rent lentement la grille, rentr?rent sans mot dire dans leur maison et s'assirent pr?s d'une table sur laquelle ?tait pr?par? leur frugal d?ner. Blaise vint les rejoindre et, de m?me que ses parents, se pla?a silencieusement pr?s de la table. < --Mauvais, r?pondit Anfry; grossiers, mauvaises langues. Mauvais, r?p?ta-t-il en soupirant. MADAME ANFRY Blaise craint que les ma?tres ne soient gu?re meilleurs. ANFRY Cela se pourrait bien! Ce ne sera pas comme avec les anciens qui n'y sont plus. Blaise, mon gar?on, ajouta-t-il en se tournant vers lui, ne va pas au ch?teau; n'y va que si on te demande, et restes-y le moins possible. BLAISE C'est bien ce que je compte faire, papa; je n'ai pas du tout envie d'y aller. Quand mon cher petit M. Jacques y demeurait, c'?tait bien diff?rent; je l'aimais et il voulait toujours m'avoir... Je ne le reverrai peut-?tre jamais! Mon Dieu! mon Dieu! que c'est donc triste d'aimer des gens qui vous quittent.>> Et le pauvre Blaise versa quelques larmes. ANFRY Allons, Blaise, du courage, mon gar?on! Qui sait? tu le reverras peut-?tre plus t?t que tu ne penses. M. de Berne m'a bien promis qu'il t?cherait de me placer dans son autre terre, o? il va habiter. BLAISE Et puis il la vendra encore, et il nous faudra encore changer de ma?tres. ANFRY Mais non; tu ne sais pas et tu parles comme si tu savais. L'autre terre est une terre de famille, qui ne doit jamais ?tre vendue; tandis que celle-ci ?tait de la famille de Madame, et ils ne pouvaient pas habiter deux terres ? la fois. Est-ce vrai? --A quoi sert de parler de tout cela? dit Mme Anfry. Mangeons notre d?ner; veux-tu du fromage, Blaisot, en attendant la salade aux oeufs durs?>> Blaise accepta le fromage, puis la salade, et, tout en soupirant, il mangea de bon app?tit, car, ? onze ans, on pleure et on mange tout ? la fois. Le reste du jour se passa tranquillement pour la famille du concierge; personne ne les demanda. Quand la nuit fut venue, ils mirent les verrous ? la grille, le concierge fit sa tourn?e pour voir si tout ?tait bien ferm?, et il rentra pour se coucher. Sa femme et son fils dormaient d?j? profond?ment. PREMIERE VISITE AU CHATEAU < C'?tait de grand matin. Mme Anfry faisait son m?nage, Blaise nettoyait la vaisselle, et Anfry ?tait all? scier du bois pour les fourneaux de la cuisine et de la lingerie. Le domestique avait ouvert bruyamment la porte et restait sur le seuil; il regardait le modeste mobilier du concierge. < --Qu'est-ce que vous trouvez ? mon mobilier qui parle contre les anciens ma?tres? r?pondit vivement Mme Anfry. Est-ce qu'il y manque quelque chose? Tout n'est-il pas en bon ?tat? C'?tait de bons ma?tres, ceux qui n'y sont plus, et je n'en demande pas de meilleurs au bon Dieu. LE DOMESTIQUE Ha! ha! le bon Dieu! Comme s'il se m?lait d'un concierge et de son mobilier. MADAME ANFRY Le bon Dieu se m?le de tout, et d'un pauvre concierge tout comme d'un prince et d'un roi; et je n'entends pas qu'on se raille du bon Dieu chez moi, entendez-vous bien! LE DOMESTIQUE Voyons, voyons, Madame la concierge, il ne faut pas vous emporter pour un mot dit en plaisanterie; mais M. le comte demande le concierge et je ne le vois pas ici. MADAME ANFRY Il est au ch?teau ? scier du bois; allez le chercher l?-bas, vous lui ferez la commission. LE DOMESTIQUE Si vous y envoyiez votre gar?on, cela me donnerait le temps d'aller faire un tour au village et de faire connaissance avec les caf?s. MADAME ANFRY. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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