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Read Ebook: La Suggestibilité by Binet Alfred
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 1159 lines and 170688 words, and 24 pagesSUGGESTIBILIT? PAR ALFRED BINET Docteur ?s sciences, Laur?at de l'Institut Directeur du laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne Avec 32 figures et 2 planches hors texte. LA SUGGESTIBILIT? INTRODUCTION Appr?cier la suggestibilit? d'une personne sans avoir recours ? l'hypnotisation ou ? d'autres manoeuvres analogues, tel est, aussi bri?vement indiqu? que possible, le sujet de ce livre. Il suffit de r?fl?chir un moment pour comprendre tous les avantages de cette s?paration entre l'?tude de l'hypnotisme et celle de la suggestion. Quoi que l'on pense de l'hypnotisme,--et quant ? moi j'estime que c'est une m?thode de premier ordre pour la pathologie mentale--il est incontestable que cette m?thode d'exp?rimentation qui constitue une main-mise sur un individu, pr?sente des inconv?nients pratiques tr?s graves: elle ne r?ussit pas chez toutes les personnes, elle provoque chez quelques-unes des ph?nom?nes nerveux importants et p?nibles, et en outre elle donne aux sujets des habitudes d'automatisme et de servilit? qui expliquent que certains auteurs, Wundt en particulier, aient consid?r? l'hypnotisme comme une immoralit?. C'est pour cette raison que les pratiques en ont ?t? s?v?rement interdites dans les ?coles et dans l'arm?e, et je crois cette mesure excellente: l'hypnotisation doit rester, ? mon avis, une m?thode clinique. Jusque dans ces cinq derni?res ann?es, hypnotisme et suggestion ?taient termes presque synonymes; on ne faisait de la suggestion que sur des sujets pr?alablement hypnotis?s, ou bien, si l'on essayait de faire de la suggestion ? l'?tat de veille, c'?tait exactement par les m?mes proc?d?s que ceux de l'hypnotisme, c'est-?-dire par des affirmations autoritaires amenant une ob?issance automatique du sujet et suspendant sa volont? et son sens critique. Les m?thodes nouvelles que je vais d?crire n'ont, je crois, aucun rapport pratique avec l'hypnotisme; ce sont essentiellement des m?thodes p?dagogiques: et j'ai pu les employer pendant plusieurs mois de suite dans les ?coles, sous l'oeil attentif des ma?tres, sans ?veiller chez eux la moindre crainte que leurs ?l?ves fussent l'objet de manoeuvres d'hypnotisation; c'est qu'en effet ces m?thodes ne provoquent pas plus d'?motion ou de trouble chez les sujets qu'un exercice de dict?e ou de calcul. Je dirai plus: ces exp?riences peuvent rendre de grands services aux ?l?ves, si on a le soin de leur expliquer, quand le r?sultat est atteint, quel est le but qu'on se proposait, si on leur met sous les yeux l'erreur qu'ils ont commise, si on leur indique pourquoi ils ont commis cette erreur, comment ils ont manqu? d'attention; c'est une le?on de choses, et en m?me temps une le?on morale dont l'enfant profite souvent, j'en ai eu la preuve, car j'en ai vu plusieurs qui, ? chaque ?preuve, apprenaient ? se corriger et devenaient moins suggestibles. Certes, ce n'est pas seulement aux enfants que cette le?on serait salutaire, mais surtout aux adultes, qui trop souvent, comme on l'a vu dans ces derniers temps, perdent l'habitude d'exercer leur sens critique, de se faire une opinion personnelle et raisonn?e, et se laissent servilement suggestionner par les pol?miques de presse! CHAPITRE PREMIER HISTORIQUE Naturellement, je ne puis me porter garant de cette classification, qui ne repose pas, ? ce qu'il me semble, sur des observations r?guli?res; et il faudrait sans doute rechercher s'il est exact que les individus sur lesquels on n'a prise que par l'esprit de contradiction sont toujours des volontaires; j'en doute un peu. Mais l'essentiel est de montrer que ce projet de classification des caract?res repose sur des distinctions de suggestibilit?; les automatiques sont les plus suggestibles de tous, les sensitifs le sont d?j? moins, et enfin les actifs et les r?tifs ne peuvent ?tre suggestionn?s que dans une petite mesure, et au moyen de D?tours. Un auteur am?ricain, Bolton, a donn?, en passant, il y a quelques ann?es, une classification de caract?res, dans laquelle on retrouve encore une pr?occupation de la suggestibilit? des individus. Il faisait une exp?rience sur le rythme, exp?rience longue et minutieuse, dans laquelle il ?tait oblig? de rester longtemps en relation avec ses sujets, et de les examiner de tr?s pr?s. Il faisait entendre aux personnes des sons rythm?s de diff?rentes fa?ons, et devait ensuite, par des interrogations minutieuses, chercher ? savoir comment chaque personne avait per?u les sons, les avait group?s et rythm?s. Il fut frapp? de la mani?re fort diff?rente dont chacun se pr?tait ? l'exp?rience, et il les classa tous en trois cat?gories: 1? d'abord, ceux qui s'empressent d'accepter toutes les suggestions de l'op?rateur; ils n'ont aucune id?e ? eux, adoptent celle qu'on leur sugg?re avec une docilit? surprenante; ce sont les automatiques ou passifs de la classification pr?c?dente; 2? ceux qui cherchent ? se faire une opinion personnelle; leur attitude est celle d'un scepticisme mod?r? et raisonnable: ils donnent leurs impressions avec exactitude, ce sont les meilleurs sujets. L'opinion ? laquelle ils arrivent sur la question n'est pas toujours juste, car elle repose le plus souvent sur des donn?es incompl?tes; 3? les contrariants; c'est l'esp?ce d?testable, le d?sespoir des exp?rimentateurs. Ce sont des gens qui poussent l'esprit de contradiction jusqu'? la mauvaise foi; ils critiquent tout, le but de l'exp?rience, les conditions o? l'on op?re; ils sont subtils; ils refusent de donner leur opinion, tant qu'ils ne connaissent pas celle des autres sujets ou celle de l'exp?rimentateur; d?s qu'ils la connaissent, ils s'empressent d'en prendre le contre-pied, avec un grand entrain d'ergotage, Si on ne livre ? leur critique aucune opinion, ils refusent de dire la leur et se renferment dans un silence d?daigneux. Cette seconde classification des caract?res--quoique l'auteur n'ait pas eu le moins du monde la pr?tention d'en faire une--ressemble beaucoup ? la premi?re, avec les diff?rences oblig?es; et soit dit en passant, c'est de cette mani?re-l? seulement--en classant les r?actions des sujets d'apr?s une s?rie de points de vue,--qu'on arrivera ? ?tablir une th?orie g?n?rale des caract?res, et non en faisant des classifications th?oriques, v?ritables ch?teaux b?tis en l'air. Mais ce n'est point, pour le moment, le sujet que nous avons en vue. Nous avons voulu simplement montrer, en reproduisant les deux classifications pr?c?dentes, que la suggestibilit? en forme le fond, et qu'on ne peut pas ?tudier le caract?re sans tenir compte de cet ?l?ment essentiel. G. de Lapouge, traitant de l'in?galit? parmi les hommes, a propos? de rattacher chaque individu ou chaque groupe ? quatre grands types intellectuels: Cette classification des types intellectuels est curieuse; elle ne me para?t fond?e sur aucune recherche exp?rimentale; je l'ai reproduite parce qu'elle repose, comme celle de Tissi?, au moins en partie sur la notion de suggestibilit?. Nous pensons que le mot de suggestibilit? r?pond ? plusieurs ph?nom?nes que l'on doit provisoirement distinguer; ces ph?nom?nes sont les suivants: Je crois utile d'ajouter que les distinctions que je viens de proposer sont enti?rement th?oriques; elles r?sultent d'une simple analyse de la question et leur but est de pr?parer les voies ? des recherches exp?rimentales; l'exp?rimentation seule peut ?clairer ces diff?rents points; je me suis servi de cette analyse comme point de d?part pour instituer diff?rentes exp?riences; il faudra rechercher ensuite si l'exp?rience confirme les distinctions susdites. Nous allons maintenant reprendre chacune de ces vari?t?s de suggestibilit?, la d?finir avec soin et rechercher comment les auteurs ont pu en faire l'?tude, par des m?thodes absolument ?trang?res ? l'hypnotisme. SUGGESTIBILIT? PROPREMENT DITE OU OB?ISSANCE Etre suggestible ou ?tre autoritaire, voil? un dilemme qui se pose ? propos de chaque individu: le succ?s de toute une carri?re en d?pend et on peut dire que les autoritaires--toutes choses ?gales d'ailleurs, c'est-?-dire si la mauvaise fortune, l'inconduite, etc., ne se mettent pas en travers--ont bien plus de chance d'arriver dans la vie que les suggestibles. On ne pourrait pas citer beaucoup d'individus ayant atteint de hautes situations qui manqueraient d'autorit?. L'autorit? peut remplacer toutes les autres qualit?s intellectuelles; dans un cercle, quel est celui qu'on ?coute? ce n'est pas le plus intelligent, celui qui pourrait dire les choses les plus curieuses; c'est celui qui a le plus d'autorit?, dont le regard est volontaire, dont la parole, pleine, sonore, articule lentement des phrases interminables, dont tout le monde supporte respectueusement l'ennui. Il y a plaisir ? analyser, t?moin invisible, une conversation de cinq ou six personnes, ? laquelle on ne prend aucune part; on voit de suite quel est celui qui fait de la suggestion; celui-l? guide la conversation, en r?gle l'allure, impose son opinion, d?veloppe ses id?es; puis il y a parfois lutte; un autre, plus ferr? sur un certain terrain, prend l'avantage et r?ussit ? se faire ?couter. Un interlocuteur nouveau peut changer compl?tement l'?tat des forces, car, chose surprenante, l'autorit? est une qualit? toute relative; une personne A en exerce sur B, qui en exerce sur C, et C ? son tour tient A sous son autorit?. La mani?re d'affirmer, le ton de la voix, la forme grammaticale peuvent r?v?ler celui qui a de l'autorit?: il y a des phrases modestes comme: < Un clinicien bien connu, M. Grasset, a du reste montr? r?cemment l'inconv?nient que peut pr?senter la sch?matisation ? outrance des ph?nom?nes de suggestion. Cet auteur a suppos? que le pouvoir de direction et de coordination r?sidait dans un centre sp?cial de l'enc?phale, le centre O; et que les actes automatiques sont produits par des centres inf?rieurs r?unis par des fibres associatives, et formant un polygone qui se suffit ? lui-m?me. Cette supposition lui permet de d?finir plusieurs cas d'automatisme et de d?doublement sous une forme qui est tr?s pittoresque, mais qui, prise ? la lettre, conduirait ? de graves erreurs. Ce centre O, qui ressemble un peu trop ? la glande pin?ale dans laquelle Descartes logeait l'?me, que devient-il dans les d?doublements de personnalit? analogues ? ceux de Felida qui vit, pendant des mois, tant?t dans une condition mentale, tant?t dans une autre? Peut-on dire que l'une de ces existences est une vie automatique, et que l'autre de ces existences est une vie compl?te ? Evidemment non; et l'embarras de Grasset ? s'expliquer sur ce point montre le d?faut de la cuirasse qui existe dans la th?orie. Il n'y a point de s?paration nette entre la vie psychique sup?rieure et la vie automatique, au moins ? notre avis; la vie automatique, en se compliquant, en se raffinant, devient de la vie psychique sup?rieure, et par cons?quent, nous pensons qu'il est inexact d'attribuer ? ces formes d'activit? des organes distincts. Le premier caract?re de la suggestion est donc de supposer une op?ration dissociatrice; le second caract?re consiste dans un degr? plus ou moins avanc? d'inconscience; cette activit?, quand la suggestion l'a mise en branle, pense, combine des id?es, raisonne, sent et agit sans que le moi conscient et directeur puisse clairement se rendre compte du m?canisme par lequel tout cela se produit. L'individu ? qui on d?fend de lever le bras, rapporte Forel, est tout ?tonn? et ne comprend pas comment il peut se faire que son bras soit paralys?; ce proc?d? de paralysie, qui s'est r?alis? en lui, et qui est de nature mentale, reste pour lui lettre close; de m?me, l'hyst?rique ? qui l'on fait appara?tre une photographie sur un carton blanc, tir? d'une douzaine de cartons tous pareils, et qui retrouve ensuite ce carton, ne peut pas nous expliquer quels sont les rep?res qui la guident; ce sont des rep?res qui sont inconscients pour elle, et cette inconscience est un caract?re de la dissociation. Les premi?res exp?riences m?thodiques, de moi connues, qui ont ?t? faites sur des sujets normaux pour ?tablir les effets de la suggestion en dehors de tout simulacre d'hypnotisme, sont celles du zoologiste Yung, de Gen?ve. Cet auteur les a d?crites un peu bri?vement dans son petit livre sur le sommeil hypnotique. Il raconte que dans son laboratoire, ayant ? exercer des ?tudiants ? l'usage du microscope, il mettait sur le porte-objet une pr?paration quelconque, il d?crivait d'avance des d?tails purement imaginaires, puis il priait les d?butants de regarder, de d?crire ? leur tour ce qu'ils voyaient; tr?s souvent, dit-il, les ?tudiants ont attest? qu'il voyaient les d?tails annonc?s par leur professeur; quelques-uns m?me les ont dessin?s. Le fait est int?ressant, sans doute; mais on voudrait plus de d?tails; peut-?tre n'ont-ils fait le dessin que par pure complaisance, parce qu'ils voulaient faire plaisir ? leur futur examinateur, et il n'est pas certain qu'ils aient cru voir ce qu'ils ont dessin?. Sidis a fait dans le laboratoire de M?nsterberg, ? Harvard, des recherches analogues. Il faisait asseoir son sujet devant une table, et le priait de regarder fixement un point d'un ?cran; cette fixation avait lieu durant vingt secondes; pendant ce temps-l?, le sujet devait chasser toute id?e et s'efforcer de ne penser ? rien; puis brusquement, on enlevait l'?cran, d?couvrant une table sur laquelle divers objets ?taient pos?s, et il ?tait convenu que lorsque l'?cran serait enlev?, le sujet devait ex?cuter, aussi rapidement que possible, un acte quelconque laiss? ? son choix. L'exp?rience se d?roulait en effet dans l'ordre indiqu?; seulement, quand l'?cran ?tait enlev?, l'op?rateur donnait ? haute voix une suggestion, comme de prendre un objet plac? sur la table, ou de frapper 3 coups sur la table. Cette suggestion de mouvements et d'actes n'a pas ?t? infaillible, puisqu'elle s'adressait ? des personnes ?veill?es; cependant Sidis rapporte qu'elle r?ussissait dans la moiti? des cas. Ceux m?me qui n'ob?issaient pas paraissaient parfois impressionn?s, car il en est quelques-uns qui restaient immobiles, comme frapp?s d'inhibition, incapables d'ex?cuter le plus petit mouvement. Parmi ceux qui ob?issaient, il s'en est trouv? un, jeune homme tr?s intelligent, qui ex?cutait ? la mani?re d'un mouvement r?flexe l'acte command?. Quant aux autres, on les voyait bien ex?cuter l'acte, mais il ?tait difficile de se rendre compte de la fa?on dont ils avaient ?t? impressionn?s: si on les interrogeait, si on leur demandait pourquoi ils avaient ob?i, ils r?pondaient en g?n?ral que c'?tait par simple politesse. L'auteur a raison de douter qu'une telle explication soit valable pour un si grand nombre de cas. Analysant son exp?rience, il a cherch? ? se rendre compte des raisons pour lesquelles elle restait obscure. Pour qu'une suggestion r?ussisse ? l'?tat de veille, il faut r?unir un certain nombre de conditions qui ont pour but de procurer au sujet un ?tat de calme physique et moral et de diminuer son pouvoir de r?sistance. Or, lorsqu'on adresse ? haute voix une injonction ? une personne, on emploie la suggestion directe, qui a toujours le tort d'?veiller la r?sistance; de l? les insucc?s fr?quents. L'auteur pense que ce sont surtout les suggestions indirectes qui r?ussissent pendant l'?tat de veille, et les suggestions directes pendant l'?tat d'hypnotisme. Cette formule pr?sente une nettet? tr?s curieuse, mais nous doutons qu'elle soit absolument juste, et puisse convenir ? tous les cas. Ce qui me para?t enti?rement vrai, c'est que la r?sistance du sujet peut faire ?chouer les suggestions directes. Cette cause d'?chec est moins ? craindre pendant l'?tat d'hypnotisme, mais elle n'y subsiste pas moins, et je me rappelle plus d'un sujet rebelle qui a mis dans un grand embarras son op?rateur: un jour que Charcot montrait quelques-unes de ses hypnotis?es ? des ?trangers, il voulut faire ?crire ? l'une d'elles une reconnaissance de dette ?gale ? un million; l'?normit? du chiffre provoqua de la part de l'hypnotis?e une r?sistance invincible, et pour la d?cider ? donner sa signature il fallut se borner ? lui faire souscrire une dette de cent francs. D'autre part, j'ai bien constat? que pendant l'?tat d'hypnotisme, les suggestions donn?es sous une forme indirecte sont tr?s effectives; au lieu de dire ? une malade rebelle: < Mais revenons ? l'?tude de l'?tat normal. Il faut distinguer les suggestions de sensations et d'id?es et les suggestions d'actes; ces derni?res sont toujours difficiles ? r?aliser, car elles impliquent d'une part commandement et d'autre part ob?issance, et il est bien vrai qu'un ordre donn? sur un ton autoritaire a quelque chose d'offensant qui excite un sujet ? la r?sistance. Il y aurait donc lieu d'imaginer une forme d'exp?rience un peu diff?rente de celle de Sidis. Un petit d?tail, assez insignifiant en apparence, est ? relever dans les descriptions de cet auteur. Avant de donner sa suggestion, dit-il, il avait soin d'engager la personne ? regarder un point fixe pendant vingt secondes. Il ne dit pas pourquoi il a employ? cette fixation du regard, ni si les sujets qui n'avaient pas eu soin de regarder fixement un point ?taient plus suggestibles que les autres. Je pense que cette pratique, qui rappelle beaucoup le proc?d? de Braid pour hypnotiser, devrait ?tre ?tudi?e avec soin dans ses cons?quences psycho-physiologiques. La recherche de Sidis ne comporte point une ?tude de d?tail, de psychologie individuelle sur la suggestibilit?; elle nous apprend seulement qu'on peut faire des suggestions d'actes sur des ?l?ves de laboratoire et r?ussir ces suggestions. C'est le fait m?me de la suggestibilit? qui est mis ici en lumi?re, et pas autre chose. L'?tude de Sidis a donc ce m?me caract?re pr?liminaire que les ?tudes bien ant?rieures de Yung. Un autre auteur, B?rillon, qui s'est beaucoup occup? de l'hypnotisation des enfants comme m?thode p?dagogique, vient de publier un opuscule o? il rapporte plusieurs exemples de suggestion donn?e ? l'?tat de veille. Ces observations ne rentrent pas absolument dans le cadre de notre travail, car, ainsi que nous l'avons annonc?, nous ne nous occuperons point des suggestions dites de l'?tat de veille, lorsqu'elles sont donn?es d'apr?s les m?mes m?thodes que la suggestion de l'hypnotisme; cependant nous croyons devoir dire un mot des recherches de B?rillon, ? cause de la curieuse assertion dont il les accompagne. D'apr?s son exp?rience, des enfants imb?ciles, idiots, hyst?riques, sont beaucoup moins facilement hypnotisables et suggestibles que < Voici maintenant ce que l'auteur pense de ceux qui r?sistent aux suggestions: < < < < On sera sans doute ?tonn?, de prime abord, qu'un auteur voie dans la suggestibilit? des signes d'?ducabilit?; les hypnotiseurs nous ont du reste habitu?s aux affirmations tranchantes et inattendues. Delboeuf n'a-t-il pas soutenu que l'hypnotisme exalte la volont? humaine? Nous pensons inutile de d?crire ? nouveau ce que nous entendons par ?tat de suggestibilit?, ?tat dans lequel il y a une suspension de l'esprit critique, et une manifestation de la vie automatique, et par cons?quent nous n'insisterons pas pour prouver qu'un d?veloppement anormal de l'automatisme ne saurait en aucune fa?on ?tre une preuve d'intelligence. En somme, ce sont l? des discussions th?oriques, qui n'engendrent pas toujours la conviction, et il vaut bien mieux traiter la question sous une forme exp?rimentale. Sur ce dernier point, je crois int?ressant de remarquer que B?rillon se contente d'affirmer sans rien prouver. On aurait ?t? curieux d'avoir sous les yeux une statistique de bons ?l?ves et de mauvais ?l?ves, et d'?tudier le pourcentage des hypnotisables dans ces deux cat?gories. C'est ainsi que nous proc?dons en psychologie exp?rimentale, nous donnons nos chiffres, et nous les laissons parler. L'habitude maintenant est si bien prise que lorsque nous rencontrons une affirmation sans preuves, nous la consid?rons comme une impression subjective, sujette ? des erreurs de toutes sortes. Voil? ce qu'aurait d? se rappeler un auteur am?ricain, M. Luckens, qui dit avoir ?t? tr?s frapp?, dans une visite faite ? B?rillon, de cette assimilation de la suggestibilit? ? l'?ducabilit?; il aurait d? demander des preuves, et jusqu'? ce qu'elles lui eussent ?t? fournies, suspendre son jugement. NOMBRE DES CAS O? LES ENFANTS ONT CHANG? LEUR R?PONSE Dans la Dans la comparaison Moyenne. m?moire. directe. Cours ?l?mentaire. 89% 74% 81,5% -- moyen. 80% 73% 76,5% -- sup?rieur. 54% 48% 51% Dans ces chiffres sont confondus les enfants qui, avant la suggestion, ont fait une d?signation exacte de la ligne ?gale au mod?le, et les enfants qui ont fait une d?signation fausse. Il faut maintenant distinguer ces deux groupes d'enfants, dont chacun pr?sente un int?r?t particulier. Les enfants qui se sont tromp?s une premi?re fois font en g?n?ral une d?signation plus exacte, gr?ce ? la suggestion; ainsi, si l'on compte ceux dont la seconde d?signation se rapproche plus du mod?le que la premi?re, on en trouve 81 p. 100, tandis que ceux qui s'en ?loignent davantage forment une petite minorit? de 19 p. 100. Quant aux enfants qui ont vu juste la premi?re fois, ils sont remarquables par la fermet? avec laquelle ils r?sistent ? la suggestion, qui, dans leur cas, est perturbatrice; 56 p. 100 seulement abandonnent leur premi?re opinion, tandis que dans le cas d'une r?ponse inexacte, il y en a 72 p. 100 qui changent de d?signation. |
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