Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: Le Docteur Ox by Verne Jules

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 1716 lines and 68191 words, and 35 pages

Credits: Carlo Traverso, Wilelmina Malli?re and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the Biblioth?que nationale de France at http://gallica.bnf.fr.

Les Voyages extraordinaires

Couronn?s par l'Acad?mie fran?aise

LE DOCTEUR OX

MA?TRE ZACHARIUS UN HIVERNAGE DANS LES GLACES UN DRAME DANS LES AIRS

PAR

JULES VERNE

TABLE DES MATI?RES

UNE FANTAISIE DU DOCTEUR OX

MA?TRE ZACHARIUS

UN DRAME DANS LES AIRS

UN HIVERNAGE DANS LES GLACES

QUARANTI?ME ASCENSION FRAN?AISE AU MONT-BLANC,

par Paul VERNE

AVERTISSEMENT DE L'?DITEUR

De cet ensemble, il r?sulte un volume dont les ?l?ments sont tr?s-vari?s, un m?lange de conceptions r?elles, fantastiques et imaginaires, auquel nous avons l'espoir que notre public fera bon accueil.

J. HETZEL.

UNE FANTAISIE

DOCTEUR OX

Comme quoi il est inutile de chercher, m?me sur les meilleures cartes, la petite ville de Quiquendone.

Certes, il n'y a aucun mal ? dire ni ? penser des Flamands de la Flandre occidentale. Ce sont des gens de bien, sages, parcimonieux, sociables, d'humeur ?gale, hospitaliers, peut-?tre un peu lourds par le langage et l'esprit; mais cela n'explique pas pourquoi l'une des plus int?ressantes villes de leur territoire en est encore ? figurer dans la cartographie moderne.

Cette omission est certainement regrettable. Si encore l'histoire, ou ? d?faut de l'histoire les chroniques, ou ? d?faut des chroniques la tradition du pays, faisaient mention de Quiquendone! Mais non, ni les atlas, ni les guides, ni les itin?raires n'en parlent. M. Joanne lui-m?me, le perspicace d?nicheur de bourgades, n'en dit pas un mot. On con?oit combien ce silence doit nuire au commerce, ? l'industrie de cette ville. Mais nous nous h?terons d'ajouter que Quiquendone n'a ni industrie ni commerce, et qu'elle s'en passe le mieux du monde. Ses sucres d'orge et ses cr?mes fouett?es, elle les consomme sur place et ne les exporte pas. Enfin les Quiquendoniens n'ont besoin de personne. Leurs d?sirs sont restreints, leur existence est modeste; ils sont calmes, mod?r?s, froids, flegmatiques, en un mot <>, comme il s'en rencontre encore quelquefois entre l'Escaut et la mer du Nord.

O? le bourgmestre van Tricasse et le conseiller Niklausse s'entretiennent des affaires de la ville.

<

--Je le crois, r?pondit le conseiller, apr?s quelques minutes de silence.

--C'est qu'il ne faut point agir ? la l?g?re, reprit le bourgmestre.

--Voil? dix ans que nous causons de cette affaire si grave, r?pliqua le conseiller Niklausse, et je vous avoue, mon digne van Tricasse, que je ne puis prendre encore sur moi de me d?cider.

--Je comprends votre h?sitation, reprit le bourgmestre, qui ne parla qu'apr?s un bon quart d'heure de r?flexion, je comprends votre h?sitation et je la partage. Nous ferons sagement de ne rien d?cider avant un plus ample examen de la question.

--Il est certain, r?pondit Niklausse, que cette place de commissaire civil est inutile dans une ville aussi paisible que Quiquendone.

--Notre pr?d?cesseur, r?pondit van Tricasse d'un ton grave, notre pr?d?cesseur ne disait jamais, n'aurait jamais os? dire qu'une chose est certaine. Toute affirmation est sujette ? des retours d?sagr?ables.>>

Le conseiller hocha la t?te en signe d'assentiment, puis il demeura silencieux une demi-heure environ. Apr?s ce laps de temps, pendant lequel le conseiller et le bourgmestre ne remu?rent pas m?me un doigt, Niklausse demanda ? van Tricasse si son pr?d?cesseur--il y a quelque vingt ans--n'avait pas eu comme lui la pens?e de supprimer cette place de commissaire civil, qui, chaque ann?e, grevait la ville de Quiquendone d'une somme de treize cent soixante-quinze francs et des centimes.

<>

Le conseiller Niklausse e?t ?t? incapable d'imaginer une raison qui p?t contredire l'opinion du bourgmestre.

<>

Cela dit, le bourgmestre pressa du bout du petit doigt un timbre au son voil?, qui fit entendre moins un son qu'un soupir. Presque aussit?t, quelques pas l?gers gliss?rent doucement sur les carreaux du palier. Une souris n'e?t pas fait moins de bruit en trottinant sur une ?paisse moquette. La porte de la chambre s'ouvrit en tournant sur ses gonds huil?s. Une jeune fille blonde, ? longues tresses, apparut. C'?tait Suzel van Tricasse, la fille unique du bourgmestre. Elle remit ? son p?re avec sa pipe bourr?e ? point un petit brasero de cuivre, ne pronon?a pas une parole, et disparut aussit?t, sans que sa sortie e?t produit plus de bruit que son entr?e.

L'honorable bourgmestre alluma l'?norme fourneau de son instrument, et s'effa?a bient?t dans un nuage de fum?e bleu?tre, laissant le conseiller Niklausse plong? au milieu des plus absorbantes r?flexions.

La chambre dans laquelle causaient ainsi ces deux notables personnages, charg?s de l'administration de Quiquendone, ?tait un parloir richement orn? de sculptures en bois sombre. Une haute chemin?e, vaste foyer dans lequel e?t pu br?ler un ch?ne ou r?tir un boeuf, occupait tout un panneau du parloir et faisait face ? une fen?tre ? treillis, dont les vitraux peinturlur?s tamisaient doucement les rayons du jour. Dans un cadre antique, au-dessus de la chemin?e, apparaissait le portrait d'un bonhomme quelconque, attribu? ? Hemling, qui devait repr?senter un anc?tre des van Tricasse, dont la g?n?alogie remonte authentiquement au quatorzi?me si?cle, ?poque ? laquelle les Flamands et Gui de Dampierre eurent ? lutter contre l'empereur Rodolphe de Hapsbourg.

Ce parloir faisait partie de la maison du bourgmestre, l'une des plus agr?ables de Quiquendone. Construite dans le go?t flamand et avec tout l'impr?vu, le caprice, le pittoresque, le fantaisiste que comporte l'architecture ogivale, on la citait entre les plus curieux monuments de la ville. Un couvent de chartreux ou un ?tablissement de sourds-muets n'eussent pas ?t? plus silencieux que cette habitation. Le bruit n'y existait pas; on n'y marchait pas, on y glissait; on n'y parlait pas, on y murmurait. Et cependant les femmes ne manquaient point ? la maison, qui, sans compter le bourgmestre van Tricasse, abritait encore sa femme, Mme Brigitte van Tricasse, sa fille, Suzel van Tricasse, et sa servante, Lotch? Jansh?u. Il convient de citer aussi la soeur du bourgmestre, la tante Hermance, vieille fille r?pondant encore au nom de Tatan?mance, que lui donnait autrefois sa ni?ce Suzel, du temps qu'elle ?tait petite fille. Eh bien, malgr? tous ces ?l?ments de discorde, de bruit, de bavardage, la maison du bourgmestre ?tait calme comme le d?sert.

La ville, en effet, n'?tait pas moins calme que la maison van Tricasse. Or c'?tait dans cette paisible demeure que le bourgmestre comptait atteindre les limites les plus recul?es de l'existence humaine, apr?s avoir vu toutefois la bonne Mme Brigitte van Tricasse, sa femme, le pr?c?der au tombeau, o? elle ne trouverait certainement pas un repos plus profond que celui qu'elle go?tait depuis soixante ans sur la terre.

Ceci m?rite une explication.

Chacun sait que le couteau de ce personnage typique est aussi c?l?bre que son propri?taire et non moins inusable, gr?ce ? cette double op?ration incessamment renouvel?e, qui consiste ? remplacer le manche quand il est us? et la lame quand elle ne vaut plus rien. Telle ?tait l'op?ration, absolument identique, pratiqu?e depuis un temps imm?morial dans la famille van Tricasse, et ? laquelle la nature s'?tait pr?t?e avec une complaisance un peu extraordinaire. Depuis 1340, on avait toujours vu invariablement un van Tricasse, devenu veuf, se remarier avec une van Tricasse, plus jeune que lui, qui, veuve, convolait avec un van Tricasse plus jeune qu'elle, qui veuf, etc., sans solution de continuit?. Chacun mourait ? son tour avec une r?gularit? m?canique. Or la digne Mme Brigitte van Tricasse en ?tait ? son deuxi?me mari, et, ? moins de manquer ? tous ses devoirs, elle devait pr?c?der dans l'autre monde son ?poux, de dix ans plus jeune qu'elle, pour faire place ? une nouvelle van Tricasse. Sur quoi l'honorable bourgmestre comptait absolument, afin de ne point rompre les traditions de la famille.

Telle ?tait cette maison, paisible et silencieuse, dont les portes ne criaient pas, dont les vitres ne grelottaient pas, dont les parquets ne g?missaient pas, dont les chemin?es ne ronflaient pas, dont les girouettes ne grin?aient pas, dont les meubles ne craquaient pas, dont les serrures ne cliquetaient pas, et dont les h?tes ne faisaient pas plus de bruit que leur ombre. Le divin Harpocrate l'e?t certainement choisie pour le temple du silence.

O? le commissaire Passauf fait une entr?e aussi bruyante qu'inattendue.

Lorsque l'int?ressante conversation que nous avons rapport?e plus haut avait commenc? entre le conseiller et le bourgmestre, il ?tait deux heures trois quarts apr?s midi. Ce fut ? trois heures quarante-cinq minutes que van Tricasse alluma sa vaste pipe, qui pouvait contenir un quart de tabac, et ce fut ? cinq heures et trente-cinq minutes seulement qu'il acheva de fumer.

Pendant tout ce temps, les deux interlocuteurs n'?chang?rent pas une seule parole.

Vers six heures, le conseiller, qui proc?dait toujours par pr?termission ou aposiop?se, reprit en ces termes:

<

--? ne rien d?cider, r?pliqua le bourgmestre.

--Je crois, en somme, que vous avez raison, van Tricasse.

Add to tbrJar First Page Next Page

Back to top Use Dark Theme