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Munafa ebook

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Read Ebook: Contes de la Becasse by Maupassant Guy De

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Ebook has 1088 lines and 37154 words, and 22 pages

Elle souriait toujours en le regardant; elle commen?ait m?me ? rire; et il perdait la t?te, cherchant un mot de circonstance, un compliment, quelque chose ? dire enfin, n'importe quoi. Mais il ne trouvait rien, rien. Alors, saisi d'une audace de poltron, il pensa: <>; et brusquement, sans crier <>, il s'avan?a, les mains tendues, les l?vres gourmandes, et, la saisissant ? pleins bras, il l'embrassa.

D'un bond elle fut debout criant: <>, hurlant d'?pouvante. Et elle ouvrit la porti?re, elle agita ses bras dehors, folle de peur, essayant de sauter, tandis que Morin ?perdu, persuad? qu'elle allait se pr?cipiter sur la voie, la retenait par sa jupe en b?gayant: <>

Le train ralentit sa marche, s'arr?ta. Deux employ?s se pr?cipit?rent aux signaux d?sesp?r?s de la jeune femme qui tomba dans leurs bras en balbutiant: <> Et elle s'?vanouit.

On ?tait en gare de Mauz?. Le gendarme pr?sent arr?ta Morin.

Quand la victime de sa brutalit? eut repris connaissance, elle fit sa d?claration. L'autorit? verbalisa. Et le pauvre mercier ne put regagner son domicile que le soir, sous le coup d'une poursuite judiciaire pour outrage aux bonnes moeurs dans un lieu public.

D?s le lendemain de son aventure, il vint me trouver, ne sachant que faire. Je ne lui cachai pas mon opinion: <>

Il pleurait; sa femme l'avait battu; et il voyait son commerce ruin?, son nom dans la boue, d?shonor?, ses amis, indign?s, ne le saluant plus. Il finit par me faire piti?, et j'appelai mon collaborateur Rivet, un petit homme goguenard et de bon conseil, pour prendre ses avis.

Il m'engagea ? voir le procureur imp?rial, qui ?tait de mes amis. Je renvoyai Morin chez lui et je me rendis chez ce magistrat.

J'appris que la femme outrag?e ?tait une jeune fille, Mlle Henriette Bonnel, qui venait de prendre ? Paris ses brevets d'institutrice et qui, n'ayant plus ni p?re ni m?re, passait ses vacances chez son oncle et sa tante, braves petits bourgeois de Mauz?.

Ce qui rendait grave la situation de Morin, c'est que l'oncle avait port? plainte. Le minist?re public consentait ? laisser tomber l'affaire si cette plainte ?tait retir?e. Voil? ce qu'il fallait obtenir.

Je retournai chez Morin. Je le trouvai dans son lit, malade d'?motion et de chagrin. Sa femme, une grande gaillarde osseuse et barbue, le maltraitait sans repos. Elle m'introduisit dans la chambre en me criant par la figure: <>

Et elle se planta devant le lit, les poings sur les hanches. J'exposai la situation; et il me supplia d'aller trouver la famille. La mission ?tait d?licate; cependant je l'acceptai. Le pauvre diable ne cessait de r?p?ter: <>

Je r?pondis: <> Et je pris mille francs qu'il m'abandonna pour les employer comme je le jugerais convenable.

Mais comme je ne tenais pas ? m'aventurer seul dans la maison des parents, je priai Rivet de m'accompagner. Il y consentit, ? la condition qu'on partirait imm?diatement, car il avait, le lendemain dans l'apr?s-midi, une affaire urgente ? la Rochelle.

Et, deux heures plus tard, nous sonnions ? la porte d'une jolie maison de campagne. Une belle jeune fille vint nous ouvrir. C'?tait elle assur?ment. Je dis tout bas ? Rivet: <>

La ni?ce s'?tait ?loign?e; et j'abordai la question d?licate. J'agitai le spectre du scandale; je fis valoir la d?pr?ciation in?vitable que subirait la jeune personne apr?s le bruit d'une pareille affaire; car on ne croirait jamais ? un simple baiser.

Le bonhomme semblait ind?cis; mais il ne pouvait rien d?cider sans sa femme qui ne rentrerait que tard dans la soir?e. Tout ? coup il poussa un cri de triomphe: <>

Rivet r?sistait; mais le d?sir de tirer d'affaire ce cochon de Morin le d?cida; et nous accept?mes l'invitation.

L'oncle se leva, radieux, appela sa ni?ce, et nous proposa une promenade dans sa propri?t? en proclamant: <>

Rivet et lui se mirent ? parler politique. Quant ? moi, je me trouvai bient?t ? quelques pas en arri?re, ? c?t? de la jeune fille. Elle ?tait vraiment charmante, charmante!

Avec des pr?cautions infinies, je commen?ai ? lui parler de son aventure pour t?cher de m'en faire une alli?e.

Mais elle ne parut pas confuse le moins du monde; elle m'?coutait de l'air d'une personne qui s'amuse beaucoup.

Je lui disais: <>

Elle se mit ? rire. <>

Elle me regardait en face, sans ?tre troubl?e ou intimid?e. Je me disais: <

Je repris, en badinant: <>

Elle rit plus fort, toutes les dents au vent: <>

La phrase ?tait dr?le, bien que peu claire. Je demandai brusquement: <>

Elle s'arr?ta pour me consid?rer du haut en bas, puis elle dit, tranquillement: <>

Je le savais bien, parbleu, que ce n'?tait pas la m?me chose, puisqu'on m'appelait dans toute la province <>. J'avais trente ans, alors, mais je demandai: <>

Elle haussa les ?paules, et r?pondit: <> Puis elle ajouta, en me regardant en dessous: <>

Avant qu'elle e?t pu faire un mouvement pour m'?viter, je lui avais plant? un bon baiser sur la joue. Elle sauta de c?t?, mais trop tard. Puis elle dit: <>

Je pris un air humble et je dis ? mi-voix: <>

Elle demanda ? son tour: <> Je la regardai au fond des yeux s?rieusement. <>

Elle se remit ? rire de tout son coeur.

A la fin, elle se d?gagea, rouge et bless?e. <>

Je lui saisis la main, un peu confus, balbutiant: <> Je cherchais vainement une excuse.

Elle pronon?a, au bout d'un moment: <>

Mais j'avais trouv?; je m'?criai: <>

Elle fut vraiment surprise et releva les yeux. Je repris: <>

Elle guettait la v?rit? dans mon regard, pr?te ? sourire de nouveau; et elle murmura: <>

Je levai la main, et, d'un ton sinc?re : <>

Elle dit simplement: <>

Nous ?tions seuls, tout seuls, Rivet et l'oncle ayant disparu dans les all?es tournantes; et je lui fis une vraie d?claration, longue, douce, en lui pressant et lui baisant les doigts. Elle ?coutait cela comme une chose agr?able et nouvelle, sans bien savoir ce qu'elle en devait croire.

Je finissais par me sentir troubl?; par penser ce que je disais; j'?tais p?le, oppress?, frissonnant; et, doucement, je lui pris la taille.

Je lui parlais tout bas dans les petits cheveux fris?s de l'oreille. Elle semblait morte tant elle restait r?veuse.

Puis sa main rencontra la mienne et la serra; je pressai lentement sa taille d'une ?treinte tremblante et toujours grandissante; elle ne remuait plus du tout; j'effleurais sa joue de ma bouche; et tout ? coup mes l?vres, sans chercher, trouv?rent les siennes. Ce fut un long, long baiser; et il aurait encore dur? longtemps; si je n'avais entendu <> ? quelques pas derri?re moi.

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