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Munafa ebook

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Read Ebook: Le crime de Lord Arthur Savile by Wilde Oscar Savine Albert Translator

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Ebook has 1285 lines and 37513 words, and 26 pages

OSCAR WILDE

LE CRIME DE LORD ARTHUR SAVILE

TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR ALBERT SAVINE

PR?FACE

Quelques notes, volontairement sem?es par Oscar Wilde dans son r?cit, achev?rent d'?garer les juges.

C'est possible, mais ces reflets, s'ils sont sensibles, ne sont pas capitaux.

L'?crivain y intervertit les notices du Bien et du Mal dans le cerveau de son h?ros, non en ?crivain paradoxal mais en v?ritable malade.

La distinction est ais?e ? faire.

Il en est tout autrement de lord Arthur Savile que de Georges Randal. Le point except? o? ses id?es d?raillent et s'intervertissent, on ne saurait raisonner plus normalement.

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Le lecteur aura ainsi un point de comparaison qui lui permettra de rejeter ou d'admettre les consid?rations pr?sent?es plus haut.

LE TRADUCTEUR.

LE CRIME DE LORD ARTHUR SAVILE

C'?tait la derni?re r?ception de lady Windermere, avant le printemps.

Bentinck House ?tait, plus que d'habitude, encombr? d'une foule de visiteurs.

Toutes les jolies femmes portaient leurs costumes les plus ?l?gants et, au bout de la galerie de tableaux, se tenait la princesse Sophie de Carlsr?he, une grosse dame au type tartare, avec de petits yeux noirs et de merveilleuses ?meraudes, parlant d'une voix suraigu? un mauvais fran?ais et riant sans nulle retenue de tout ce qu'on lui disait.

Bref, c'?tait une des meilleures soir?es de lady Windermere et la princesse y resta jusqu'? pr?s de onze heures et demie pass?es.

Sit?t apr?s son d?part, lady Windermere retourna dans la galerie de tableaux o? un fameux ?conomiste exposait, d'un air solennel, la th?orie scientifique de la musique ? un virtuose hongrois ?cumant de rage.

Elle se mit ? causer avec la duchesse de Paisley.

C'?tait une curieuse ?tude psychologique que la sienne.

De bonne heure dans la vie, elle avait d?couvert cette importante v?rit? que rien ne ressemble plus ? l'innocence qu'une imprudence, et, par une s?rie d'escapades insouciantes,--la moiti? d'entre elles tout ? fait innocentes,--elle avait acquis tous les privil?ges d'une personnalit?.

Elle avait plusieurs fois chang? de mari. En effet, le Debrett portait trois mariages ? son cr?dit, mais comme elle n'avait jamais chang? d'amant, le monde avait depuis longtemps cess? de jaser scandaleusement sur son compte.

Maintenant, elle avait quarante ans, pas d'enfants, et cette passion d?sordonn?e du plaisir qui est le secret de ceux qui sont rest?s jeunes.

Soudain, elle regarda curieusement tout autour du salon et dit de sa claire voix de contralto:

--O? est mon chiromancien?

--Votre quoi, Gladys? s'exclama la duchesse avec un tressaillement involontaire.

--Mon chiromancien, duchesse. Je ne puis vivre sans lui maintenant.

--Ch?re Gladys, vous ?tes toujours si originale, murmura la duchesse, essayant de se rappeler ce que c'est en r?alit? qu'un chiromancien et esp?rant que ce n'?tait pas tout ? fait la m?me chose qu'un chiropodist.

--Il vient voir ma main r?guli?rement deux fois chaque semaine, poursuivit lady Windermere, et il y prend beaucoup d'int?r?t.

--Dieu du ciel! se dit la duchesse. Ce doit ?tre l? quelque esp?ce de manucure. Voil? qui est vraiment terrible! Enfin, j'esp?re qu'au moins c'est un ?tranger. De la sorte ce sera un peu moins d?sagr?able.

--Certes, il faut que je vous le pr?sente.

--Me le pr?senter! s'?cria la duchesse. Vous voulez donc dire qu'il est ici.

Elle chercha autour d'elle son petit ?ventail en ?caille de tortue et son tr?s vieux ch?le de dentelle, comme pour ?tre pr?te ? fuir ? la premi?re alerte.

--Naturellement il est ici. Je ne puis songer ? donner une r?union sans lui. Il me dit que j'ai une main purement psychique et que si mon pouce avait ?t? un tant soit peu plus court, j'aurais ?t? une pessimiste convaincue et me serais enferm?e dans un couvent.

--Oh! je vois! fit la duchesse qui se sentait tr?s soulag?e. Il dit la bonne aventure, je suppose?

--Et la mauvaise aussi, r?pondit lady Windermere, un tas de choses de ce genre. L'ann?e prochaine, par exemple, je courrais grand danger, ? la fois sur terre et sur mer. Ainsi il faut que je vive en ballon et que, chaque soir, je fasse hisser mon d?ner dans une corbeille. Tout cela est ?crit l?, sur mon petit doigt ou sur la paume de ma main, je ne sais plus au juste.

--Mais s?rement, c'est l? tenter la Providence, Gladys.

--Ma ch?re duchesse, ? coup s?r la Providence peut r?sister aux tentations par le temps qui court. Je pense que chacun devrait faire lire dans sa main, une fois par mois, afin de savoir ce qu'il ne doit pas faire. Si personne n'a l'obligeance d'aller chercher M. Podgers, je vais y aller moi-m?me.

--Laissez-moi ce soin, lady Windermere, dit un jeune homme tout petit, tout joli, qui se trouvait l? et suivait la conversation avec un sourire amus?.

--Merci beaucoup, lord Arthur; mais je crains que vous ne le reconnaissiez pas.

--S'il est aussi singulier que vous le dites, lady Windermere, je ne pourrais gu?re le manquer. Dites seulement comment il est et, sur l'heure, je vous l'am?ne.

--Soit! Il n'a rien d'un chiromancien. Je veux dire qu'il n'a rien de myst?rieux, d'?sot?rique, qu'il n'a pas une apparence romantique. C'est un petit homme, gros, avec une t?te comiquement chauve et de grandes lunettes d'or, quelqu'un qui tient le milieu entre le m?decin de la famille et l'attorney de village. J'en suis aux regrets, mais ce n'est pas ma faute. Les gens sont si ennuyeux. Tous mes pianistes ont exactement l'air de pianistes et tous mes po?tes exactement l'air de po?tes. Je m'en souviens, la saison derni?re, j'avais invit? ? d?ner un ?pouvantable conspirateur, un homme qui avait vers? le sang d'une foule de gens, qui portait toujours une cotte de mailles et avait un poignard cach? dans la manche de sa chemise. Eh bien! sachez que quand il est arriv?, il avait simplement la mine d'un bon vieux clergyman. Toute la soir?e, il fit p?tiller ses bons mots. Certes, il fut tr?s amusant et bien de tous points, mais j'?tais cruellement d??ue. Quand je l'interrogeai au sujet de sa cotte de mailles, il se contenta de rire et me dit qu'elle ?tait trop froide pour la porter en Angleterre... Ah! voici M. Podgers. Eh bien! monsieur Podgers, je voudrais que vous lisiez dans la main de la duchesse de Paisley.... Duchesse, voulez vous enlever votre gant... non pas celui de la main gauche... l'autre...

--Ma ch?re Gladys, vraiment je ne crois pas que ceci soit tout ? fait convenable, dit la duchesse en d?boutonnant comme ? regret un gant de peau assez sale.

--Je suis s?re, Gladys, qu'il n'y a rien de ce genre dans ma main, dit la duchesse d'un ton grave.

--L?-dessus soyez discret, monsieur Podgers, cria lady Windermere.

--Rien ne me serait plus agr?able, r?pondit M. Podgers en s'inclinant, si la duchesse y avait donn? lieu, mais j'ai le regret de dire que je vois une grande constance d'affection combin?e avec un sentiment tr?s fort du devoir.

--Veuillez continuer, monsieur Podgers, dit la duchesse dont le regard marquait la satisfaction.

--L'?conomie n'est pas la moindre des vertus de votre Gr?ce, poursuivit M. Podgers.

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