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Munafa ebook

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Read Ebook: Le crime de Lord Arthur Savile by Wilde Oscar Savine Albert Translator

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Ebook has 1285 lines and 37513 words, and 26 pages

--L'?conomie n'est pas la moindre des vertus de votre Gr?ce, poursuivit M. Podgers.

Lady Windermere ?clata en rires convulsifs.

--L'?conomie est une excellente chose, remarqua la duchesse avec complaisance. Quand j'ai ?pous? Paisley, il avait onze ch?teaux et pas une maison convenable o? l'on p?t habiter.

--Et maintenant il a douze maisons et pas un seul ch?teau, s'?cria lady Windermere.

--Eh t ma ch?re, dit la duchesse, j'aime...

--Le confort, reprit M. Podgers, et les perfectionnements modernes, et l'eau chaude amen?e dans toutes les chambres. Votre Gr?ce a tout ? fait raison. Le confort est la seule chose que notre civilisation puisse nous donner.

--Vous avez admirablement d?crit le caract?re de la duchesse, monsieur Podgers. Maintenant veuillez nous dire celui de lady Flora.

Et pour r?pondre ? un signe de t?te de l'h?tesse souriante, une petite jeune fille, aux cheveux roux d'?cossaise et aux omoplates tr?s hauts, se leva gauchement de dessus le canap? et exhiba une longue main osseuse avec des doigts aplatis en spatule.

--Ah! une pianiste, je vois! dit M. Podgers, une excellente pianiste et peut-?tre une musicienne hors ligne. Tr?s r?serv?e, tr?s honn?te et dou?e d'un vif amour pour les b?tes.

--Voil? qui est tout ? fait exact! s'?cria la duchesse se tournant vers lady Windermere. Absolument exact. Flora ?l?ve deux douzaines de collies ? Macloskie et elle remplirait notre maison de ville d'une v?ritable m?nagerie si son p?re le lui permettait.

--Bon! mais c'est justement l? ce que je fais chez moi chaque jeudi soir, riposta en riant lady Windermere. Seulement je pr?f?re les lions aux collies.

--C'est l? votre seule erreur, lady Windermere, dit M. Podgers avec un salut pompeux.

--Si une femme ne peut rendre charmantes ses erreurs, ce n'est qu'une femelle, r?pondit-elle... Mais il faut encore que vous nous lisiez dans quelques mains... Venez, sir Thomas, montrez les v?tres ? M. Podgers.

Et un vieux monsieur d'allure fine, qui portait un veston blanc, s'avan?a et tendit au chiromancien une main ?paisse et rude avec un tr?s long doigt du milieu.

--Nature aventureuse; dans le pass? quatre longs voyages et un dans l'avenir... Naufrag? trois fois... Non deux fois seulement, mais en danger de naufrage lors de votre prochain voyage. Conservateur acharn?, tr?s ponctuel, ayant la passion des collections de curiosit?s. Une maladie dangereuse entre la seizi?me et la dix-huiti?me ann?e. A h?rit? d'une fortune vers la trenti?me. Grande aversion pour les chats et les radicaux.

--Extraordinaire! s'exclama sir Thomas. Vous devriez lire aussi dans la main de ma femme.

--De votre seconde femme, dit tranquillement M. Podgers qui conservait toujours la main de sir Thomas dans la sienne.

Mais lady Marvel, femme d'aspect m?lancolique, aux cheveux noirs et aux cils de sentimentale, refusa nettement de laisser r?v?ler son pass? ou son avenir.

Aucun des efforts de lady Windermere ne put non plus amener M. de Koloff, l'ambassadeur de Russie, ? consentir m?me ? retirer ses gants.

Lord Arthur Savile, cependant, qui ne savait, rien de la malheureuse histoire de lady Fermor, et qui avait suivi M. Podgers avec un tr?s grand int?r?t, avait une vive curiosit? de le voir lire dans sa main.

Comme il ?prouvait quelque pudeur ? se mettre en avant, il traversa la pi?ce et s'approcha de l'endroit o? lady Windermere ?tait assise et, avec une rougeur, qui ?tait un charme, lui demanda si elle pensait que M. Podgers voudrait bien s'occuper de lui.

--Certes oui, il s'occupera de vous, fit lady Windermere. C'est pour cela qu'il est ici. Tous mes lions, lord Arthur, sont des lions en repr?sentation. Ils sautent dans des cerceaux, quand je le leur demande. Mais il faut auparavant que je vous pr?vienne que je dirai tout ? Sybil. Elle vient luncher avec moi demain pour causer chapeaux, et si M. Podgers trouve que vous avez un mauvais caract?re ou une tendance ? la goutte, ou une femme qui vit ? Bayswater, certainement je ne le lui laisserai pas ignorer.

Lord Arthur sourit et hocha la t?te.

--Je ne suis pas effray?, r?pondit-il. Sybil me conna?t aussi bien que je la connais.

--Ch?re lady Windermere, s'?cria la marquise de Jedburgh, ayez l'obligeance de laisser M. Podgers s'arr?ter ici une minute de plus. Il est en train de me dire que je monterai sur les planches et cela m'int?resse au plus au point.

--S'il vous a dit cela, lady Jedburgh, je ne vais pas h?siter ? vous l'enlever. Venez imm?diatement, M. Podgers, et lisez dans la main de lord Arthur.

--Bon! dit lady Jedburgh faisant une petite moue, comme elle se levait du canap?, s'il ne m'est pas permis de monter sur les planches, il me sera au moins permis d'assister au spectacle, j'esp?re.

--Naturellement. Nous allons tous assister ? la s?ance, r?pliqua lady Windermere. Et maintenant, M. Podgers, reprenez-nous et dites-nous quelque chose de joli, lord Arthur est un de mes plus chers favoris.

Mais quand M. Podgers vit la main de lord Arthur, il devint ?trangement p?le et ne souffla mot.

Un frisson sembla passer sur lui. Ses grands sourcils broussailleux furent saisis d'un tremblement convulsif du tic bizarre, irritant, qui le dominait, quand il ?tait embarrass?.

Alors, quelques grosses gouttes de sueur perl?rent sur son front jaune, comme une ros?e empoisonn?e et ses doigts gras devinrent froids et visqueux.

Lord Arthur ne manqua pas de remarquer ces ?tranges signes d'agitation et, pour la premi?re fois de sa vie, il ?prouva de la peur. Son mouvement naturel fut de se sauver du salon, mais il se contint.

Il valait mieux conna?tre le pire, quel qu'il f?t, que de demeurer dans cette affreuse incertitude.

--J'attends, M. Podgers, dit-il.

--Nous attendons tous, cria lady Windermere de son ton vif, impatient.

Mais le chiromancien ne r?pondit pas.

--Je crois qu'Arthur va monter sur les planches, dit lady Jedburgh, et qu'apr?s votre sortie M. Podgers a peur de le lui dire.

Soudain M. Podgers laissa tomber la main droite de lord Arthur et empoigna fortement la gauche, se courbant si bas pour l'examiner que la monture d'or de ses lunettes sembla presque effleurer la paume.

--C'est la main d'un charmant jeune Homme.

--Certes oui, r?pondit lady Windermere, mais sera-t-il un mari charmant? Voil? ce que j'ai besoin de savoir.

--Tous les jeunes gens charmants sont des maris charmants, reprit M. Podgers.

--Je ne crois pas qu'un mari doive ?tre trop s?duisant, murmura lady Jedburgh, d'un air pensif. C'est si dangereux.

--Ma ch?re enfant, ils ne sont jamais trop s?duisants; s'?cria lady Windermere. Mais ce qu'il me faut ce sont des d?tails. Il n'y a que les d?tails qui int?ressent. Que doit-il arriver ? lord Arthur?

--Eh bien! Dans quelques jours lord Arthur doit faire un voyage.

--Oui, sa lune de miel naturellement.

--Et il perdra un parent.

--Pas sa soeur, j'esp?re, dit lady Jedburgh d'un ton apitoy?.

--Certes non, pas sa soeur, r?pondit M. Podgers avec un geste de d?pr?ciation de la main, un simple parent ?loign?.

--Bon! je suis cruellement d?sappoint?e, fit lady Windermere. Je n'ai absolument rien ? dire ? Sybil demain. Qui se pr?occupe aujourd'hui de parents ?loign?s? Voil? des ann?es que ce n'est plus la mode. Cependant, je suppose qu'elle fera bien d'acheter une robe de soie noire: cela sert toujours pour l'?glise, voyez-vous. Et, maintenant, allons souper. On a s?rement tout mang? l?-bas, mais nous pourrons encore trouver du bouillon chaud. Fran?ois faisait autrefois du bouillon excellent, mais maintenant il est si agit? par la politique que je ne suis jamais certaine de rien avec lui. Je voudrais bien que le g?n?ral Boulanger se t?nt tranquille... Duchesse, je suis s?re que vous ?tes fatigu?e!

--Pas du tout, ma ch?re Gladys, r?pondit la duchesse en marchant vers la porte, je me suis beaucoup amus?e et le chiropodist; je veux dire le chiromancien, est tr?s amusant. Flora, o? peut ?tre mon ?ventail d'?caille de tortue?... Oh! merci, sir Thomas, merci beaucoup!... Et mon ch?le de dentelle?... Oh merci, sir Thomas, trop aimable vraiment!

Et la digne cr?ature finit par descendre les escaliers sans avoir laiss? plus de deux fois tomber son flacon d'odeur.

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