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Read Ebook: Noël dans les pays étrangers by Chabot Alphonse
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 235 lines and 25799 words, and 5 pagesALLEMAGNE Dans plusieurs villages, les chanteurs s'assemblent au haut de la tour de l'?glise, ? l'aurore, le jour de No?l. Les habitants sont r?veill?s aux chants de: O du fr?liche. O du selige Gnadenbringende Weihnachtszeit! O joyeuse, ? bienheureuse Nuit de No?l, si f?conde en gr?ces! retentissant dans l'air calme du matin. Les arch?ologues pr?tendent que la plupart des coutumes de No?l, qui existent en Allemagne, eurent leur origine dans les vieilles et sombres for?ts de la Germanie, alors que les Teutons adoraient Wuotan, l'Odin Scandinave, et son ?pouse Berchta, la Terre-M?re. Il y a encore, en Allemagne, des districts o? Wuotan, avec son chapeau enfonc? sur le front, son manteau gris, et mont? sur son cheval blanc, visite les chaumi?res des paysans. Avant sa visite, le feu a ?t? soigneusement ?teint dans le foyer, mais Wuotan le rallume: il pr?f?re mettre le feu ? une b?che de ch?ne. La b?che de No?l doit br?ler sous la cendre, elle ne doit pas flamber et dans l'Allemagne du Sud, les cendres sont gard?es soigneusement et r?pandues dans les champs pour assurer leur fertilit?. Le plat favori de No?l pour le paysan est une t?te de porc ? laquelle on ajoute des saucisses et des choux-verts. M?me les bestiaux ont part au festin de No?l: leur ration de foin est doubl?e. Dans certains districts, on croit que les bestiaux ont le don de la parole, au moment o? la grande f?te commence dans l'univers. Celui, para?t-il, qui est dou? < Il est de tradition, ? la Cour de Berlin, que chaque veille de No?l, le capitaine en second de la Ire compagnie du Ier r?giment de la garde ? pied offre au souverain un g?teau de miel. Le prince imp?rial et les autres fils de Guillaume II recevront des g?teaux semblables, de la Ire compagnie du Ier r?giment de la garde. Seulement, tandis que les g?teaux du souverain et du prince h?ritier mesurent 35 X 2l X 8 centim?tres, comme dimensions, les g?teaux des autres princes ont seulement 30 X 18 X 5 centim?tres. Jadis, ces g?teaux ?taient fabriqu?s ? Thorn, mais depuis quelques ann?es c'est ? un p?tissier de Potsdam que ce travail est confi?. Le g?teau de No?l est glac?, il porte l'?toile de la garde et une inscription d?dicatoire. L'Empereur Guillaume ne manque jamais la c?r?monie de la remise du g?teau et il retient ? d?ner les officiers charg?s de cette agr?able mission. La veille de No?l, toute la terre germanique est en liesse, sur les bords du Rhin, comme sur les bords du Danube et de l'Elbe; de Mayenne ? Vienne, de Koenigsberg ? Munich, il n'y a pas une famille qui n'ait rev?tu le costume des jours de f?te. Mais ce qui, en Allemagne, domine toutes les r?jouissances populaires, ce qui fait de No?l la f?te des enfants et le jour des ?trennes, c'est l'arbre de No?l . Nulle part, il ne se pr?sente sous des formes plus captivantes et avec des pr?sents aussi appr?ci?s. Dans certaines familles, sur le conseil de la m?re, les enfants ?crivent, la veille de No?l, une lettre ? l'Enfant J?sus, afin de solliciter les objets qu'ils d?sirent: un couteau, une balle, une bicyclette, des histoires d'Indiens... souvent la liste est interminable. Pourquoi se restreindre? L'Enfant J?sus est si riche! Voici la nuit de No?l: dans les rues s'illuminent ?a et l? quelques maisons; on y entend des rires d'enfants. C'est le moment. Un son de clochette retentit dans la chambre, c'est le signe attendu. Les deux portes du salon s'ouvrent toutes grandes. Quelle magnificence! Quelle richesse! ?blouis, les enfants s'arr?tent une minute, puis s'?lancent en avant. Le voici le sapin entrevu dans leurs r?ves, mais plus beau, plus brillant. Ses branches atteignent le plafond. Sur chacune d'elles il y a des bougies bleues, vertes, jaunes; des pommes aux joues rouges et des noix d'or; des g?teaux, des massepains pendent ? c?t?. Des boules de verre colori?, des guirlandes multicolores, des ?toiles d'argent, des croissants d'or brillent dans la lumi?re. Il y a m?me de la neige sur l'arbre, mais ce n'est pas de la vraie, c'est de la ouate blanche. Joyeux, des oiseaux et des papillons artificiels se balancent sur les branches. Oh!... et ces groupes d'Anges! Quelle splendeur! Des fils rouges, bleus, verts, jaunes, grimpent de branche en branche jusqu'? la cime. Au sommet plane l'Ange de No?l avec ses blonds cheveux et ses ailes pleines de lumi?re. Au pied de l'arbre sont les cadeaux. Des poup?es, des berceaux, des m?nages, pour les petites filles; des trompettes, des soldats de plomb, des fusils, des tambours, pour les petits gar?ons. Les cris de joie ne finissent pas. < Nuit silencieuse, ? sainte nuit! Tout dort: seul veille encore Le couple tendre et tr?s saint; Bel enfant aux cheveux boucl?s, Dors dans ton calme c?leste. Nuit silencieuse, ? sainte nuit! Fils de Dieu, comme l'amour Rit sur ta bouche divine. Quand sonne pour nous l'heure du salut. Christ, par ta naissance! Puis ce sont des ?panchements d'amiti?, des remerciements sans fin, la joie brille dans tous les regards, les plus secrets d?sirs ont ?t? devin?s.... No?l est le plus beau jour de l'ann?e. Enfin, grand'm?re fait une lecture dans la Bible. D'une voix tremblante et pieuse, elle lit l'histoire du Sauveur qui naquit dans une ?table et qui fut mis dans une cr?che. Les enfants ?coutent cette histoire qu'ils connaissent d?j? et qui chaque ann?e cependant leur para?t plus belle. Dans d'autres parties de l'Allemagne, saint Nicolas et saint Martin sont les messagers de l'Enfant J?sus. Saint Martin est le fameux ?v?que de Tours et Saint Nicolas le non moins fameux ?v?que de Myre en Lycie. Leurs f?tes tombent vers le temps de No?l et c'est probablement la raison pour laquelle leurs noms sont m?l?s aux r?jouissances de cette f?te. En Allemagne, les catholiques ont adopt? saint Martin et les protestants saint Nicolas, mais ils ne sont ni l'un ni l'autre s?par?s de l'Enfant J?sus. Dans les pieuses familles allemandes on rappelle aux enfants que ce n'est pas saint Martin ou saint Nicolas, avec ses dons mat?riels, qui est le principal visiteur pendant la sainte veill?e, mais l'Enfant J?sus qui vient plus tard avec ses gr?ces divines. Dans les demeures o? la venue de l'Enfant J?sus est repr?sent?e, Il entre avec un coeur de pain d'?pices dans sa main, symbolisant le coeur renouvel? qu'il apporte ? tous ceux qui l'attendent. De leur c?t?, les enfants tiennent un verre de vin pour rafra?chir l'Enfant J?sus et une botte de foin pour l'?ne sur lequel Il est mont?. Quand Il appara?t, ils chantent un No?l enfantin des plus charmants: Christkindele, Christkindele, Komm doch zu uns herein! Wir haben ein Heub?ndele Und auch ein Gl?sele Wein. Das B?ndele f?rs Esele, F?r's Kindele das Gl?sele, Und beten k?nnen wir auch. Cher petit Enfant J?sus. Descends donc chez nous! Nous avons une botte de foin Et aussi un verre de vin. La botte est pour l'?ne Pour l'Enfant le verre. Et nous savons aussi prier. Pendant la guerre de 1870, ce ne fut pas l'un des moindres sujets d'?tonnement pour les paysans fran?ais envahis, que de voir Prussiens, Bavarois, Saxons, Wurtembergeois, etc., et les uhlans eux-m?mes, se grouper fraternellement autour de petits sapins agr?ment?s de lumi?res et chanter des choeurs glorifiant la venue du Messie.--De nombreux soldats bavarois, log?s au Petit S?minaire d'Orl?ans, ? La Chapelle-Saint-Mesmin, demand?rent une des salles d'?tude et y ?lev?rent leur arbre de No?l. Ils firent entendre leurs plus beaux chants en l'honneur de l'Enfant J?sus, et ?cout?rent avec un profond recueillement une allocution tr?s ?loquente de leur aum?nier militaire. A l'occasion des f?tes de No?l, les officiers allemands accordent des cong?s aux soldats plac?s sous leurs ordres. Mais il faut compter avec les exigences du service: tout le monde ne peut pas ?tre envoy? < Or, en vertu du principe qui d?clare que le r?giment est une < Au fond de la salle, un tonnelet de bi?re chevauche majestueusement sur un chevalet improvis?. La nuit est venue. D?j?, depuis un instant, le capitaine est arriv? avec ses officiers et attend dans la chambre du chef. La commission des sous-officiers et soldats charg?s de pr?parer la f?te fait son entr?e. Le sergent-major s'avance et dit: --Mon capitaine, tout est pr?t. --Tr?s bien. Et le tonnelet de bi?re? --Il est en place, mon capitaine. --Parfait. Voulez-vous faire venir < Cinq minutes apr?s, toute la compagnie est l?. Un profond recueillement plane sur l'assistance. Le capitaine entre alors dans la salle et aussit?t les soldats entonnent le choral: O joyeux, ? radieux. O salutaire No?l, La Terre ?tait perdue, le Christ est n?, R?jouis-toi, r?jouis-toi, ? Chr?tient?! Le chant termin?, le sergent-major d?pose dans un casque un nombre de num?ros ?gal ? celui des hommes pr?sents. Chaque troupier, ? son tour, vient en tirer un et prendre ensuite possession du cadeau correspondant. L'op?ration du tirage au sort est achev?e. Le tonneau est mis en perce. Le capitaine, verre en main, se porte au centre; apr?s un petit speech de circonstance, il termine par ces mots: , je vous souhaite ? tous de passer joyeusement la f?te.) Un trait patriotique, extrait d'un journal allemand, nous permet de compl?ter tout ce que nous avons dit des coutumes de No?l dans les pays d'Outre-Rhin. C'?tait en 1870, pendant le si?ge de Paris. La nuit ?tait glaciale et des milliers d'?toiles perlaient au firmament. Fran?ais et Allemands ?taient si rapproch?s que, d'un poste ? l'autre, on entendait clairement retentir les appels et r?sonner les armes sur le sol durci par une gel?e des plus intenses. Il pouvait ?tre minuit. Tout ? coup un soldat fran?ais, apr?s avoir demand? la permission ? son capitaine, gravit le foss? et s'avance de quelques pas vers l'ennemi. L?, il s'arr?te, salue militairement, et d'une voix puissante et grave, ? pleins poumons, il entonne: Minuit, chr?tiens, c'est l'heure solennelle O? l'Homme-Dieu descendit jusqu'? nous... Cette apparition ?tait si inattendue, si myst?rieuse, cette voix vibrait si harmonieusement dans le calme de la nuit, ce chant magistral empruntait aux circonstances une telle grandeur, une telle beaut? que tous--raconte le capitaine de mobiles t?moin du fait--parisiens sceptiques et railleurs, nous ?tions suspendus aux l?vres du chanteur.--Et du c?t? des Allemands, l'impression devait ?tre la m?me, car on n'entendit pas le moindre bruit d'armes, pas la moindre parole. Quand les derniers mots du cantique d'Adam: Peuple, debout! Chante la d?livrance! No?l! No?l! Voici le R?dempteur! eurent retenti au milieu du silence g?n?ral, comme un coup de clairon < Mais aussit?t apr?s, du c?t? des Allemands, un soldat apparaissait ? son tour: c'?tait un superbe artilleur, casque en t?te. Il s'avan?a, comme le fran?ais, de quelques pas et salua militairement avec la raideur propre aux soldats de son pays. L?, entre ces deux arm?es d'hommes qui jusqu'alors ne songeaient qu'? s'entr'?gorger, il entonna, ? son tour, en allemand, un beau cantique de No?l, hymne de reconnaissance et de foi ? J?sus Enfant, qui naquit, il y a dix-huit si?cles, et vint pr?cher aux hommes l'amour de leurs fr?res. Pas un bruit, pas un mouvement hostile du c?t? des Fran?ais ne vint troubler la voix du chanteur allemand. Quand, avec une ?motion toujours croissante, il eut redit les derni?res paroles du refrain: Weihnachtszeit! Weihnachtszeit. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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