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Munafa ebook

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Read Ebook: Le retour de l'exilé: Drame en cinq actes et huit tableaux by Fr Chette Louis Honor

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Ebook has 509 lines and 16770 words, and 11 pages

Drame en cinq actes et huit tableaux

Par Louis-H. Fr?chette

Repr?sent? ? Montr?al pour la premi?re fois, le 1er juin 1880

DRAMATIS PERSONAE

AUGUSTE, 45 ans. ADRIEN, 22 ans. JOLIN, 60 ans. CAYOU. BERTRAND. THIBEAULT. LECOURS. JULES, 9 ans. Mme SAINT-VALLIER. BLANCHE SAINT-VALLIER, sa fille. JOSEPTE, ?pouse de Cayou.

ACTE I

PREMIER TABLEAU

L'?TRANGER

SC?NE I

ADRIEN, JOSEPTE, CAYOU.

JOSEPTE--Oui, ? sa blonde probablement; ce pauvre M. Launi?re!

CAYOU--Foi de gueux! il fait plus de pattes de mouches en dix minutes, que j'en fais pendant six mois pour tenir les comptes de l'auberge.

JOSEPTE--Il en perd le boire et le manger... le pauvre jeune homme! Oublie pas de marquer les plumes et le papier; il y en a pour douze sous. Ah! dame, quand on est amoureux...

SC?NE II

CAYOU--Hein?

JOSEPTE--Es-tu pour donner ? boire ? ce qu?teux-l??

CAYOU--Tais-toi donc, la vieille; y a des qu?teux qu'ont le goussette ben gr??, va! Qu'est-ce que vous allez prendre, l'ami?

CAYOU--De la liqueur de Mme Desjardins? Je penserais, qu'y en a!

AUGUSTE--Eh bien, ma foi, je renouerai volontiers avec elle d'anciens rapports d'amiti?. Mettez deux verres; je n'ai pas l'habitude de boire seul. Quelqu'un voudra bien me tenir compagnie, j'esp?re.

CAYOU--Comment donc, mille carafes! mais ?a se refuse pas. Vous ?tes voyageur, je suppose; marin, commer?ant peut-?tre?

AUGUSTE--Un peu. Si apr?s avoir doubl? trois fois le cap Horn et cinq fois le cap de Bonne-Esp?rance, on peut se dire marin; si apr?s avoir fait quatre fois sa fortune dans le commerce maritime, on peut se dire commer?ant, je suis certainement l'un et l'autre. Mais laissons cela, si vous voulez bien, et causons d'autre chose. Y a-t-il longtemps que vous habitez Sillery?

CAYOU--Ah! ben, Josepte, comment c'qui y a que j'avons ouvert ici?

JOSEPTE--Arr?te! c'est justement qu?que temps apr?s les troubles. Doit ben y avoir ? peu pr?s une vingtaine d'ann?es.

AUGUSTE--Bien. Alors vous connaissez les environs. L'ancienne r?sidence de M. DesRivi?res, quelque part en arri?re, ici, sur le cap, existe-t-elle encore?

CAYOU--Le Domaine? Je crois bien qu'il existe encore. A peu pr?s un quart de lieue d'ici, sur la c?te, un peu au sorrois. M. Jolin, le propri?taire, passe jamais ? ma porte sans me faire un salut.

AUGUSTE--Et ce M. Jolin est sans doute un homme riche... consid?r?...

CAYOU--Ah! pour ?tre riche, vous l'avez dit. Y a pas un plus gros bourgeois que lui dans tous les environs.

AUGUSTE--Et cependant il y a vingt-deux ans, il n'?tait que simple commis de la maison DesRivi?res. Ne s'est-on pas ?tonn? que tous les biens de cette famille aient pass? ainsi entre les mains de ce Jolin?

CAYOU--J'ai vu ?a tout de suite, que vous ?tiez canayen. Et vous r'venez vous ?tablir dans le pays, je suppose.

AUGUSTE--Je ne sais pas; cela d?pendra des affaires que j'ai ? r?gler ce soir avec Jolin.

CAYOU--Vous allez chez Jolin ? soir?

AUGUSTE--Oui; qu'y a-t-il l? de si extraordinaire?

JOSEPTE--Cayou, tu sais... tourne...

AUGUSTE--Voyons, qu'y a-t-il?

CAYOU--Rien. On prend-y encore une larme?

CAYOU--Comment il a fait sa fortune? C'est pas ais? ? dire, ?a. Le vieux DesRivi?res ?tait mort; le fils Auguste, un mauvais sujet qui s'?tait m?l? aux troubles de 37, avait ?t? exil?. Jolin montra des actes prouvant qu'il avait achet? et pay? comptant toutes les propri?t?s. ?a parut dr?le; mais les actes ?taient en r?gle; la signature ?tait bonne; on finit par n'y plus penser. Depuis ce temps l?, Jolin s'est toujours enrichi; il a amass? piastre sur piastre, et il s'est retir? au Domaine o? il vit comme un ours.

AUGUSTE--Et ce jeune homme, ce mauvais sujet, l'exil?, en a-t-on jamais entendu parler? Est-il jamais revenu dans le pays?

CAYOU--Non; quand les autres exil?s sont revenus, j'ai entendu dire comme ?a, ? travers les branches qu'il avait p?ri en voulant s'?chapper du b?timent qui les emmenait dans les pays chauds, aux Barmules qu'ils appellent ces pays-l?, je pense. Mais y avait pas de danger qu'il se remontre par icitte. Il avait affront? une jeune demoiselle qu'il avait mari?e en cachette, dans les ?tats; ?pi tu? son beau-fr?re en duel, comme y disent, parce qu'il voulait venger ce qu'ils appellent l'honneur de la famille. Apr?s ?a, y fut s'fourrer parmi les r?volt?s des paroisses d'en-haut. Il fut poign?, condamn? ? ?tre pendu, un tas d'affaires; enfin il fut exil? avec les autres. Toujours qu'il est mort, et ma foi, y a pas de mal ? ?a: y en a toujours assez de ces vauriens-l? dans le monde!

AUGUSTE--Amen! Mais pour en revenir ? Jolin, est-ce qu'il passe pour honn?te homme?

CAYOU--Hum! hum! Jolin est un peu avaricieux: Il para?t qu'il shave un peu dur. Et pis, y a la bande de voleurs du Carouge qui ont l'air de pas trop l'ha?r...

AUGUSTE--Une bande de voleurs?

CAYOU--Oui, des tueurs, des meurtriers, qui volent le monde, les ?glises, tout. Tenez, je vous assure que c'est pas trop hardi de s'aventurer sur la route, le soir, de ce temps-citte. Et puis y en a qu'ont vu Jolin--? ce qui para?t--r?der la nuit avec des gens qu'avaient une petite mine. Enfin, c'est un homme qui fait jaser, quoi.

JOSEPTE--C'est honteux de r?p?ter de pareils bavardages. Parce que M. Jolin est un homme qui sort pas beaucoup, parce qu'il vit un peu seul, les gens de Sillery font des tas d'histoires; c'est honteux!

AUGUSTE--Vous dites que Jolin vit seul au Domaine?

JOSEPTE--Seul... pas tout ? fait. Depuis quelque temps y s'est ennuy?; il a fait venir chez lui une veuve avec sa fille... du beau monde, mais qu'avaient pas la t?le. C'est une bonne oeuvre qu'il a faite l?.

CAYOU--Cr? tire-bouchon! il avait ben ses raisons pour ?tre aussi charitable.

JOSEPTE--Tais-toi, Cayou! c'est encore les mauvaises langues qui disent ?a. ?a va faire un mariage, vous verrez.

AUGUSTE--Oui?... Pauvre gar?on, chacun son tour Allons, bonnes gens, merci de vos renseignements sur ma?tre Jolin. D?cid?ment ?a ne me para?t pas du bois de calvaire. Mais je saurai bient?t ? quoi m'en tenir, car je mets le cap de ce c?t?; et cette nuit m?me, Jolin et moi, nous nous reverrons.

CAYOU--Vous allez si tard au Domaine?

AUGUSTE--Pourquoi pas? y aurait-il quelque danger?

JOSEPTE--Y a les brigands, vous savez.

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