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Munafa ebook

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Read Ebook: La femme française dans les temps modernes by Bader Clarisse

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Ebook has 878 lines and 120539 words, and 18 pages

Pour la fondatrice de Saint-Cyr, il n'?tait pas jusqu'aux le?ons d'?criture qui ne servissent ? l'?ducation morale, et les exemples que Mme de Maintenon tra?ait elle-m?me sur les cahiers des ?l?ves ?taient des pr?ceptes remplis de cette haute raison, de cette douce sagesse, de cette d?licatesse de sentiment qui distinguaient cette femme c?l?bre. Elle s'appliquait ? ce que les jeunes filles s'assimilassent le suc de toutes les le?ons qu'elles entendaient, et elle les engageait ? ?crire leurs r?flexions dans un livre sp?cial.

Avec une forte instruction religieuse, tr?s justement ?loign?e toutefois des controverses th?ologiques, F?nelon ne prescrit donc ? la jeune fille que bien peu de connaissances: lire distinctement et naturellement, ?crire avec correction, parler avec puret?, savoir les quatre r?gles de l'arithm?tique pour faire les comptes de la maison, ?tre initi?e aux choses de la vie rurale, aux droits et aux devoirs seigneuriaux, apprendre les ?l?ments du droit autant que ceux-ci se rapportent ? la condition de la femme, mais ?viter cependant de faire servir ces connaissances ? une humeur processive. Apr?s ces ?tudes qui, pour lui, sont fondamentales et dont la derni?re manque ? nos programmes actuels, F?nelon permet qu'on laisse lire aux jeunes filles des livres profanes dont la solidit? les d?go?tera de la creuse lecture des romans: <>

C'est avec les m?mes pr?cautions que le v?n?rable auteur souhaite que le latin, la langue des offices de l'?glise, remplace dans l'instruction des jeunes filles l'italien et l'espagnol qui y figuraient alors, ces deux idiomes dont l'?tude entra?ne la lecture d'ouvrages passionn?s, et qui, ne f?t-ce qu'au point de vue litt?raire, ne sauraient ?galer la vigoureuse beaut? du latin.

<

<>

F?nelon souhaitait que, dans l'?ducation de la jeune fille, l'inspiration chr?tienne anim?t la po?sie, la musique, et particuli?rement l'alliance de ces deux arts, le chant. Mais cette bienfaisante inspiration lui semblait bien difficile ? rencontrer ? une ?poque o? la po?sie et la musique s'unissaient pour c?l?brer l'amour. Nous verrons comment Racine allait r?aliser le voeu de F?nelon.

Avec ce sentiment du beau qui faisait d?sirer ? F?nelon que, pour leur parure, les jeunes filles prissent pour mod?le la noble simplicit? des statues grecques, il veut qu'elles ?tudient le dessin, la peinture, ne f?t-ce que pour ex?cuter leurs travaux manuels avec un art plus d?licat et pour faire r?gner dans certains arts industriels le go?t qui y manque trop souvent.

Racine avait dirig? lui-m?me les r?p?titions de sa pi?ce. Quel ma?tre que celui-l?! Combien ce grand chr?tien devait faire p?n?trer dans les jeunes ?mes les sublimes enseignements de son oeuvre: le courage religieux qui fait braver la mort ? une femme jeune et timide, la confiance dans cette justice souveraine qui, ? son heure, abaisse l'orgueilleux et fait triompher l'innocent pers?cut?! Quel ma?tre aussi dans l'art de bien dire que le merveilleux po?te qui initiait ses ?l?ves aux d?licatesses de son style enchanteur! Mme de Maintenon avait r?ellement atteint le but qu'elle poursuivait par ces repr?sentations: remplir de belles pens?es l'esprit des jeunes filles, les habituer ? un pur langage et aussi ? ce maintien noble et gracieux qui est essentiel ? la dignit? de la femme, et que Mme de Maintenon enseignait aux demoiselles de Saint-Cyr avec toutes les biens?ances du monde.

Mme de Maintenon ?crit ? Mme de Fontaines, ma?tresse g?n?rale des classes: <>

Mais pour rem?dier au mal, Mme de Maintenon perd cette mesure qui est le trait distinctif de son caract?re. S'imaginant que c'est l'instruction qui enfle le coeur de ses ?l?ves, elle supprime, dans le programme d'?tudes l'histoire romaine, l'histoire universelle. L'histoire de France m?me trouve ? peine gr?ce ? ses yeux, et encore ? la condition de n'?tre qu'une suite chronologique des souverains. Les demoiselles de Saint-Cyr ne seront plus gu?re occup?es que par les travaux ? l'aiguille et par des instructions sur les devoirs de l'?tat auquel leur condition les destine. Peu de lectures, si ce n'est dans quelques ouvrages de pi?t?; mais ici encore Mme de Maintenon veille ? ce que ces lectures puissent former le jugement et r?gler les moeurs, en m?me temps qu'elles donneront ? la pi?t? un solide aliment.

Enfin Mme de Maintenon laisse ?chapper cette parole que rediront si souvent les adversaires de l'instruction des filles: <>

Mme de Maintenon aurait pu se dire que, dans un certain ordre de connaissances, les femmes peuvent acqu?rir plus que cette demi-instruction qui en fait des p?dantes. Elle aurait pu se dire aussi que ce qui avait enorgueilli les demoiselles de Saint-Cyr, ce n'?tait pas leur instruction, c'?tait la parade qu'on leur avait fait faire de leurs talents.

A Paris, dans la maison de l'Enfant-J?sus, trente jeunes filles nobles ?taient ?lev?es d'apr?s le mod?le de l'Institut de Saint-Louis. Mme de la Viefville, abbesse de Gomerfontaine, et Mme de la Mairie, prieure de Bisy, voulurent aussi employer cette m?thode dans leurs couvents. Mais ceux-ci admettant des filles de bourgeois et de vignerons, la fondatrice de Saint-Cyr rappela ? Mme de la Viefville et ? Mme de la Mairie, que si les m?mes principes moraux et religieux doivent ?tre donn?s aux jeunes filles de condition inf?rieure, il n'en est pas ainsi de l'?ducation sociale et intellectuelle. Elle les engage donc ? proscrire de l'?ducation donn?e ? ces enfants, tout ce qui pourrait exalter leur imagination et leur faire r?ver une autre vie que la modeste existence ? laquelle elles sont appel?es. L'instruction professionnelle, voil? ce qu'elle recommande pour ces jeunes personnes avec l'enseignement de la lecture, de l'?criture, du calcul.

Mme de Maintenon se rencontrait encore avec F?nelon dans ce principe, qu'il faut ?lever les filles pour la condition o? elles doivent ?tre plac?es, pour le lieu m?me qu'elles doivent habiter. C'est la v?ritable ?ducation professionnelle, sage, prudente, et qui, au lieu de faire m?priser aux jeunes filles l'?tat o? elles sont n?es, les rend dignes d'y faire honneur un jour.

En 1789, parmi les autres communaut?s qui donnaient aux enfants l'instruction primaire, les Filles de la Charit? avaient 500 maisons: les Soeurs d'Ernemont, 106 avec 11,660 ?l?ves; les Soeurs d'?vron recevaient dans leurs 89 ?tablissements 3,000 ?l?ves.

<> dit en 1769 un Trait? du gouvernement temporel et spirituel des paroisses.

En chassant les religieux instituteurs de la jeunesse, en spoliant les petites ?coles, la R?volution allait plonger le peuple dans les t?n?bres de l'ignorance. Et la R?volution accuse de ces t?n?bres ceux qui avaient allum? et fait rayonner depuis tant de si?cles le flambeau qu'elle-m?me a ?teint!

Les femmes les plus frivoles se passionnent pour la science. Vers 1782, c'est une mode. On a dans son cabinet <> Rien ne les rebute. Plusieurs manient la lancette et m?me le scalpel; la marquise de Voyer voit diss?quer, et la jeune comtesse de Coigny diss?que de ses propres mains.>>

Il y avait l? certainement quelques tendances louables. Nous ne pouvons, par exemple, qu'applaudir ? la d?cision qui permit aux femmes de suivre les cours du Coll?ge de France. Mais dans toutes les d?monstrations que provoqua chez la femme l'engouement de la science, il y a quelque chose qui sent la parvenue. Elle exhibe ses richesses avec un ?talage qui en rappelle la date trop fra?che. En d?pit de Moli?re et de Boileau, la p?dante a surv?cu, et avec la p?dante, le pr?jug? contre une sage instruction des filles.

Huit jours avant son mariage, la future duchesse de Doudeauville, Mlle de Montmirail, ?g?e de quinze ans, est mise dans un coin de la salle ? manger, avec une robe de p?nitence, pour avoir mal fait sa r?v?rence ? son entr?e dans le salon d'une m?re aussi s?v?re que fantasque!

Mais empruntons encore ? Mercier quelques traits relatifs ? cette ?ducation qui, <> Pour la petite fille, <

La petite fille grandit dans l'ennui et l'oisivet? sous ce toit paternel qui souvent n'abrite pour elle ni caresses ni sourire. Le matin, quand la m?re est ? sa toilette, la petite fille vient c?r?monieusement lui baiser la main; elle voit encore ses parents aux heures des repas.

Devant cette jeune fille condamn?e au r?le d'automate, Rousseau, l'ennemi, des couvents, se prend ? regretter ces maisons o? l'enfant peut se livrer ? ses joyeux ?bats, sauter et courir.

Rousseau parlait ainsi dans le livre par lequel il crut pouvoir r?former l'?ducation, aussi bien celle des femmes que celle des hommes.

Aucune r?forme s?rieuse n'?tait possible avec le syst?me d'un philosophe qui enlevait ? l'?ducation de la femme comme ? celle de l'homme la seule base solide: l'?ducation religieuse. Rousseau, qui trouvait qu'il n'est peut-?tre pas temps encore qu'? dix-huit ans, l'homme apprenne qu'il a une ?me, Rousseau permet cependant que l'on instruise plus t?t la femme des v?rit?s religieuses. Il est vrai que c'est par un motif assez irrespectueux pour l'intelligence f?minine: Jean-Jacques trouve que si, pour apprendre les v?rit?s religieuses ? la femme, on attend qu'elle puisse les comprendre, elle ne les saura jamais. Peu importe donc que ce soit plus t?t ou plus tard.

La religion de Rousseau, cette religion dont le Vicaire savoyard est l'?loquent ap?tre, est fort ?lastique: c'est la religion naturelle. Il est vrai qu'au temps o? nous vivons, il faut savoir gr? ? Jean-Jacques de n'avoir biff? ni l'existence de Dieu ni l'immortalit? de l'?me.

Impuissantes--heureusement--? passer dans la vie r?elle, les r?veries ?ducatrices de Rousseau rappellent cependant aux m?res qu'elles ont des filles. Elles ont maintenant le go?t de la sensiblerie maternelle. Mais, incapable de comprendre que cette enfant repr?sente pour elle un devoir, la m?re ne voit en elle qu'un plaisir. On initie la petite fille aux gr?ces du parler ?l?gant. On fait de cette enfant, qui y est d?j? si bien pr?par?e, une petite com?dienne de salon. Elle re?oit pour ma?tres des acteurs c?l?bres; elle joue dans les proverbes, dans les com?dies, dans les trag?dies. Rousseau n'avait sans doute pas pr?vu tous ces r?sultats, mais n'en avait-il pas pr?conis? le principe: l'art de plaire?

Une disciple de Rousseau, Mlle Phlipon, la future Mme Roland, parut donner un fondement plus solide ? l'?ducation des femmes quand elle ?crivit un discours sur cette question propos?e par l'Acad?mie de Besan?on: Comment l'?ducation des femmes pourrait contribuer ? rendre les hommes meilleurs. Suivant la m?thode de Rousseau, la jeune philosophe juge que pour r?pondre ? cette question il faut suivre les indications de la nature. Cette m?thode lui fait d?couvrir que c'est par la sensibilit? que les femmes am?liorent les hommes et leur donnent le bonheur: c'est donc la sensibilit? qu'il faut d?velopper et diriger en elles par une instruction qui ?claire leur jugement. D?velopper la sensibilit?, c'est-?-dire le foyer le plus ardent et le plus dangereux qui soit dans le coeur de la femme! En vain, Mlle Phlipon pr?tend-elle r?gler la marche du feu. Oui, avant l'incendie, on peut et l'on doit diriger la flamme; mais quand tout br?le, est-ce possible? Allumer l'incendie et se croire la facult? de se rendre ma?tre du feu, quelle utopie!

Ce n'est pas dans la pr?dominance absolue de la sensibilit?, c'est dans l'harmonie du coeur et de la raison qu'est le secret de la v?ritable ?ducation, mais il n'appartient pas ? la philosophie naturelle, de livrer ce secret.

La l?g?ret? des filles d'honneur pouvait aller jusqu'? la plus effroyable immoralit?. Brant?me nous en donne des preuves suffisantes. Ne nous montre-t-il pas de ces jeunes filles buvant dans une coupe o? un prince a fait graver les sc?nes les plus immorales! Si quelques-unes de ces jeunes filles d?tournent les yeux, d'autres regardent effront?ment, ?changent tout haut d'ignobles r?flexions, et osent m?me ?tudier les inf?mes le?ons qui leur sont pr?sent?es!

Mais dans les familles demeur?es patriarcales, d'autres habitudes pr?parent dans la jeune fille la gardienne du foyer. Au sein de l'aust?re retraite o? la prot?ge l'honneur domestique, elle verra dans la vie, non cette f?te perp?tuelle que r?vent les filles de la cour, mais une rude ?preuve ? laquelle elle doit pr?parer son ?me.

Dans les familles m?me qui ne prennent de la cour que l'?l?gance et qui en repoussent la corruption, la jeune fille conserve cette gr?ce suave et chaste, cette dignit? et cette simplicit?, cette douceur et cette force morale que lui avait donn?e le moyen ?ge. Il s'y joint m?me quelque chose de plus dans ce milieu d'une distinction souveraine. Quand, aux attraits de la vierge chr?tienne, venaient s'unir les dons exquis de l'intelligence, le charme des nobles mani?res et du gracieux parler, on avait dans son expression la plus accomplie le type de la jeune fille fran?aise.

Sans doute, comme nous l'avons remarqu?, les tendresses du foyer seront souvent comprim?es pour la jeune fille. Mais ces tendresses d?borderont plus d'une fois. On verra des Antigones soutenir leurs parents infirmes. L'amour filial, l'amour fraternel auront leurs h?ro?nes, comme la g?n?reuse soeur de Fran?ois Ier captif, comme la duchesse de Sully pendant la Fronde, Mlle de Sombreuil et Mlle Cazotte pendant la R?volution.

Mme de Miramion, qui n'avait que neuf ans lorsqu'elle perdit sa m?re, en devint malade de chagrin; et toute sa vie, sa figure, de m?me que son esprit, garda la m?lancolique impression de ce souvenir. D?s le jeune ?ge o? elle fut priv?e de sa m?re, elle devait regretter de ne l'avoir pas assez aim?e.

<>

Les terreurs de la mort agitent la jeune femme: <>, dit-elle ? l'admirable m?re qui a inspir? un tel ?loge. <> Comme l'enfant berc? par sa m?re, la malade s'endormait en sentant veiller sur elle cette tendre sollicitude. Mais la mort est l? et va saisir sa proie. <>, dit Mme de Rastignac ? sa m?re.

Elle va recevoir les sacrements: <> dit-elle au saint pr?tre qui l'assiste: <>

Aux premiers temps de sa maladie, elle avait pressenti sa fin prochaine. Jeune, charmante, ador?e, elle disait: <>

<> Ce fut avec un d?chirant accent que la malade pronon?a ces paroles qui r?v?laient que, pour cette ang?lique cr?ature, l'amour filial avait ?t? le sentiment dominant de sa vie.

Toutefois le s?v?re principe romain de l'autorit? paternelle l'emportait g?n?ralement sur l'amour dans les foyers de la vieille France. La t?che de la jeune fille ?tait particuli?rement lourde dans les familles nobles r?duites ? la pauvret?. Les filles du logis tenaient souvent lieu de servantes. A la ville, elles font le march?; elles travaillent dans un grenier. A la campagne, elles respirent du moins le grand air des champs, mais elles joignent aux travaux du m?nage les occupations de la vie rurale. Il en est qui ont ? surveiller <>, dit Mme de Maintenon qui, elle aussi, des sabots aux pieds, une gaule ? la main, avait gard? les dindons d'une tante riche cependant, mais avare.

Une lettre ?crite en 1671 et qui nous fait p?n?trer dans une gentilhommi?re normande, nous initie ? la rude existence que menaient les filles de la maison:

...Nous avons est? les mieux receus du monde tant de M. mon oncle que de Mme ma tante et de tous mes cousins et cousines... ils sont au nombre de neuf. L'aisn? est un gar?on... apr?s suivent quatre filles... l'aisn?e su nomme Nanette, 17 ? 18 ans, de taille d?gag?e, assez grande, passablement belle, fort adrette; elle fait avec sa cadette suivante tout l'ouvrage de la maison; encore dirigent-elles le manoir de la Fretelaye ? demi-lieue de l?. Cette cadette, Manon, ?g?e de 15 ans, trop grosse pour sa taille, est belle et a bonne gr?ce, mais gagneroit ? ne pas ?tre tant expos?e au soleil en faisant tout le m?nage de la maison. La troisi?me, Margot, n'est ni belle ni bonne , la quatri?me, Cathos , assez bonne petite fille, presque sourde, a des yeux de cochon, un nez fort camard, un teint tout tach? de brands de Judas. Suivent deux fr?res: Jean-Baptiste, ag? de huit ans, gros gar?on qui aura quelque jour bonne mine et promet quelque chose; Fran?ois, ag? de sept ans, promettant moins et m?chant comme un petit d?mon, sec comme un hareng soret... Vient apr?s eux une fille de cinq ans, nomm?e Madelon, qui ne s?ait pas que nous soyons partis, car elle en mourrait de d?plaisir. Le dernier, Pierrot, petit d?mon, a deux ans et sept mois, tette encore, et donne ? sa m?re, luy seul, plus de peyne que tous les autres... Pour leurs habits, ils sont assez propres et honnestes suivant que l'on se vestit dans le pays... les deux filles ont des robes d'estamine de Lude avec des jupes de serge de Londres fort propre...

Au milieu de cette nombreuse famille, de ces enfants volontaires, on se repr?sente ce qu'?tait l'existence des jeunes m?nag?res! La vie active qu'elles menaient nous semble au demeurant plus heureuse que la vie comprim?e qui ?tait le partage des jeunes filles riches.

Sous l'humble toit paternel la fille du gentilhomme pauvre ?tait prot?g?e par ces fermes principes qui, dans leur rigueur m?me, sauvegardaient sa dignit?. Mais que de d?ceptions, que d'am?res tristesses pour la jeune fille qui, ?lev?e dans un milieu aristocratique, tombait dans la mis?re sans ?tre entour?e d'une famille! Est-il rien de plus navrant que la d?tresse de Mlle de Launay, cette pauvre fille qui, r?duite ? la domesticit?, subit les humiliations de son nouvel ?tat devant les hommes m?me qui l'ont entour?e d'hommages, et essuie jusqu'aux insultants m?pris des autres cam?ristes qui n'ont ni son instruction, ni ses talents, et qui se vengent de cette inf?riorit? en se moquant de son inaptitude ? leur m?tier? Et que dire des malheureuses enfants qui, bien plus ? plaindre encore que Mlle de Launay, sont livr?es par un p?re ou par une m?re qui exploite leur honneur?

Quant aux filles de familles riches, quel sort les attendait?

Ah! Chr?tiens, quelle abomination! Et faut-il s'?tonner, apr?s cela, si des familles enti?res sont frapp?es de la mal?diction divine? Non, non, disait Salvien, par une sainte ironie, nous ne sommes plus au temps d'Abraham, o? les sacrifices des enfants par les p?res ?taient rares. Rien maintenant de plus commun que les imitateurs de ce grand patriarche. On le surpasse m?me tous les jours: car, au lieu d'attendre comme lui l'ordre du ciel, on le pr?vient... Mais bient?t corrigeant sa pens?e: Je me trompe, mes fr?res, reprenait-il; ces p?res meurtriers ne sont rien moins que les imitateurs d'Abraham; car ce saint homme voulut sacrifier son fils ? Dieu: mais ils ne sacrifient leurs enfants qu'? leur propre fortune, et qu'? leur avare cupidit?...

La Bruy?re n'est pas moins ?nergique: <>

Si les parents ne mettent pas leurs filles au couvent, ils pourront les emp?cher de se marier, dussent-ils, comme le fit le duc de la Rochefoucauld, les laisser v?g?ter dans un coin s?par? de la demeure paternelle, et r?duire m?me l'une d'elles ? ?pouser secr?tement un ancien domestique de la maison, devenu un courtisan c?l?bre.

Ces abus n'existaient pas dans les familles o? r?gnait l'esprit chr?tien. M?re de neuf filles, la mar?chale de Noailles n? voulut forcer la vocation d'aucune d'elles. Une seule re?ut l'appel divin et y r?pondit.

Dans ces pieuses familles, les filles sont dot?es par leur p?re, soit de son vivant, soit par disposition testamentaire. On en voit m?me qui, conform?ment au droit romain, re?oivent du testament paternel une part ?gale ? celle de leurs fr?res. Tel exemple nous est offert dans la famille des Godefroy. Nous voyons aussi dans cette famille une fille tendrement d?vou?e ? ses parents et qui re?oit de sa m?re <> Son p?re lui avait d?j? l?gu? <> divers domaines; et cependant elle avait des fr?res.

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