|
Read Ebook: Le château de La Belle-au-bois-dormant by Loti Pierre
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 251 lines and 26453 words, and 6 pagesAlors une piti? d?sol?e me serra le coeur, ma journ?e en fut assombrie. Je me promis de revenir le lendemain, de choisir celui-l? entre tous, de le complimenter sur le bon go?t de ses modestes embellissements, m?me de le reprendre chaque fois que je passerais. Mais, ni le lendemain, ni les jours suivants, je ne pus le retrouver. Et,--c'est peut-?tre bien pu?ril,--de toutes les mauvaises actions de ma vie, aucune ne m'a laiss? plus de remords que l'affront fait ? ce pauvre vieux, ? ses petites housses d'indienne serties d'humbles galons rouges et si laborieusement arrang?es.... PROCESSION DE VENDREDI SAINT EN ESPAGNE Depuis quinze ans bient?t, ce qui marque surtout dans ma m?moire les f?tes de P?ques--mais je ne saurais dire pourquoi,--c'est, au pays basque, ? Irun, cet instant qui suit la rentr?e de la procession du vendredi saint dans l'?glise sombre et am?ne le retour soudain du silence sur la vieille petite ville, apr?s l'agitation de l'archa?que d?fil?. Cela se passe chaque fois par quelque soir de printemps encore incertain, avec des ti?deurs qui d?j? grisent un peu, et avec des feuilles d?pli?es ? peine aux arbres de la place que l'?glise domine de ses hauts murs aust?res. Immuable, ce d?fil? de la procession depuis quinze ans que je le connais: la m?me musique; les m?mes saints et les m?mes saintes en bois peint, promen?s sur des brancards; les m?mes douze p?cheurs basques, au visage dur, aux joues ras?es comme celles des moines, figurant les douze ap?tres en toge romaine;--seulement, d'une ann?e ? l'autre, je les vois vieillir. Les m?mes humbles d?votes, figurant les trois saintes femmes, en longs v?tements noirs, ?plor?es derri?re le cercueil du Christ;--seulement, d'une ann?e ? l'autre, je les vois vieillir.... Et toujours, ces centaines de vieux paysans, ? l'expression si triste et ferm?e, qui suivent, le cierge ? la main. Quand tout cela, apr?s la promenade lente par la ville, s'est engouffr? sous le grand portail de l'?glise, d?j? obscure, alors commence pour moi cet instant d'indicible m?lancolie, sur cette place du moyen ?ge redevenue silencieuse, et o? l'on sent tout ? coup le froid du soir, tandis que l'air reste impr?gn? d'une odeur d'encens, et le sol cribl? de mille taches de cire par le passage de tous ces modestes cierges de pauvres.... UN VIEUX COLLIER Mon Dieu! les pauvres petites choses, bien rang?es, bien class?es, bien ensevelies, sur les ?tag?res de ce placard profond, que dissimulent des soies d'Orient et des armes, en ce recoin le plus cach? de ma demeure!... Pour ouvrir cet ossuaire, il faut, dans une continuelle et d?courageante p?nombre, tirer un divan, d?crocher des poignards: aussi reste-t-il clos et oubli? durant des saisons ou m?me des ann?es, et les pauvres petites choses, qui sont des souvenirs entass?s de mes premi?res campagnes de marin, continuent de durer au milieu d'obscurit? et de silence. Il n'y a rien l? qui ait moins de vingt-cinq ans; c'est le d?p?t des reliques les plus anciennes de ma vie errante, c'est le reliquaire de la p?riode pass?e aux ?les du Grand-Oc?an, au Chili, et ensuite sur les sables du S?n?gal, depuis 1872 jusqu'? mon arriv?e en Orient et mon initiation ? l'Islam. Dans des bo?tes, les unes en feuille de fer, en carton, les autres en bois exotique fabriqu?es jadis ? mon usage par des matelots,--dans de bien humbles bo?tes qui me sont devenues pr?cieuses pour avoir jadis couru les mers avec moi, au temps d?licieux de ma pauvret? et de ma jeunesse,--dorment des fleurs de Polyn?sie, vieillissent et s'?miettent des couronnes qui Born?rent des chevelures de Tahitiennes, l?-bas, pour des f?tes nocturnes, ? la lueur des ?toiles australes. On y trouve aussi des noeuds de satin; de gentils signets brod?s, avec des devises; des m?ches brunes ou blondes attach?es par des faveurs roses: souvenirs de jeunes filles de Valparaiso ou de Lima,--que je revois souples et p?les, cachant derri?re des cils tr?s longs le jeu de leurs prunelles noires,--et qui pourraient bien ?tre des jeunes grand'm?res aujourd'hui..., belles encore, sans doute, malgr? le sournois travail du temps, mais assur?ment tr?s m?tamorphos?es, ne f?t-ce que par la fantaisie des modes et des coiffures.... Qui peut dire quelle serait l'impression de nous revoir?... Qui sait, apr?s tant d'ann?es, si je m'int?resserais encore ? la jolie ?nigme de leurs yeux? Et les pauvres petites choses, bien mortes pourtant, bien momifi?es dans de la poussi?re, ont gard? le pouvoir toujours d'?veiller en moi des images de vie et de jeunesse,--de me rappeler surtout les gr?ves blanches, les nu?es et les brises du Grand-Oc?an. Oh! certain collier en fleurs d'hibiscus, li?es par des fils de roseau! Tout ce qu'il ?voque, celui-l?, lorsqu'il me r?appara?t! A des ann?es d'intervalle seulement, j'ouvre son petit cercueil fan?, car j'aurais crainte, si j'en usais trop, de laisser ?vaporer son charme et la vague senteur de l?-bas qu'il conserve encore. D?s que je le regarde, la lointaine Polyn?sie revient p?n?trer mon ?me de son myst?re:--son grand myst?re de solitude et d'ombre, que j'ai vainement cherch? ? traduire dans un de mes livres d'autrefois. Du vent et des nuages; un vent puissant, r?gulier, ?ternel comme s'il ?tait l'haleine du monde; l'Alise austral, poussant les houles d'un oc?an immense vers des ?les aux ceintures de corail blanc. Et la blancheur des gr?ves mugissantes, entourant un chaos de montagnes, de for?ts sombrement silencieuses, o? s'amassent et s'emprisonnent ces nuages que l'Alise prom?ne au-dessus du d?sert des eaux.... Je retrouve tout cela et tant d'autres choses encore,... l'allure balanc?e des filles aux pieds nus, l'ambre de leur chair, la caresse sauvage et triste de leurs yeux, et puis leurs chants du soir, sous l'obscurit? des hauts palmiers si fr?les qui s'agitent aux moindres souffles de la mer.... Tant d'autres choses encore je retrouve, de tr?s indicibles choses, quand je regarde le pauvre collier en fleurs d'hibiscus, tout dess?ch? aujourd'hui et qui, avec les ann?es, d?pose au fond de sa bo?te une mince couche de cendre. Il me vient, ce collier, d'une jeune fille rencontr?e une fois, au cr?puscule, sur une plage solitaire, et aim?e ardemment l'espace d'une heure, tandis que soufflait avec violence dans nos poitrines une brise humide et chaude qui ?tait comme satur?e de vie. Je me rappelle combien cette plage devenait blanche, au milieu de l'obscurit? envahis sant?; des coraux, ?miett?s l? depuis des si?cles, lui faisaient un tapis de neige qui bruissait l?g?rement sous nos pieds. Le lieu se d?ployait autour de nous en lignes infinies dans la p?nombre du soir; il avait l'unit? puissante d'un site des ?poques primitives, et le Grand-Oc?an l'encerclait de sa courbe souveraine. La surface des eaux luisait encore, par places, aux derniers reflets du soleil ?teint, et, sur un rideau de nu?es qui ent?n?brait toute la base du ciel, l'horizon marin se dessinait en clart?s p?les. Derri?re la blanche plage, aussit?t commen?ait, sur un sol gris, la colonnade grise des cocotiers--qui sont les arbres du bord de la nier dans ces archipels de Polyn?sie. Leur verdure, leurs bouquets de plumes vertes se tenaient si haut que nous ne voyions, en marchant, que leurs tiges couleur de cendre, trop longues et trop minces, ? ce qu'il semblait, pour supporter en l'air toutes ces palmes; rien que les gerbes des tiges, la for?t des tiges g?antes qui se courbaient au souffle du large comme d'effrayants roseaux, nous faisant tout petits et n?gligeables, nous deux, sous leur agitation de choses immenses. La beaut? de la jeune fille, survenue au milieu de cette solitude et rapproch?e de moi par le hasard, rayonnait sauvagement sous ses sourcils fronc?s, dans ses yeux de hardiesse et de candeur. Ses cheveux droits tombaient sur ses flancs comme de lourdes coul?es de lave noire. Elle avait inconsciemment la gr?ce exquise des attitudes, avec la perfection absolue de la forme, toute l'originelle splendeur humaine que les peuplades de ces ?les ont conserv?e. Et je regardais le collier en fleurs d'hibiscus, d'un rouge ardent sur le bronze clair et presque rose de la gorge nue: cette respiration de jeune fille semblait le bercer l?, au rythme d'une vie fra?che et superbe.... L'heure cr?pusculaire, la tristesse de l'heure, les aspects terribles ou d?sol?s des choses furent complices pour plus ?troitement nous unir,--enfants que nous ?tions, enfants seuls et perdus au milieu d'ambiances trop farouches. L'effroi du soir, l'horreur magnifique du lieu avivaient pour nous ce besoin qu'a toute ?me d'une autre ?me, et,--dans un ordre plus humble, mais, h?las! aussi humain,--ce d?sir que tout corps ?prouve d'un autre corps, d'un corps doux ? caresser et ? ?treindre, pour tromper l'angoisse de se sentir seul devant le myst?re des impassibles choses. Tandis que la Nature s'attestait alentour indiff?rente et fatale, nous ?changions, nous, ? plein coeur, d'un m?me ?lan spontan?, cette tendresse presque encore enfantine qui, chez les tr?s jeunes, m?le ? la brutalit? de l'amour je ne sais quoi d'infiniment bon et de sup?rieurement fraternel. Dans cette tendresse-l?, qui fit nos fronts s'appuyer l'un ? l'autre, il y avait, si l'on peut dire ainsi, un peu de l'universelle piti? qui rapproche les hommes ou les b?tes aux heures d'impr?cise angoisse,--et, sans doute, y avait-il aussi pour moi l'ivresse de fondre en cette cr?ature, tr?s voisine de l'humanit? primitive, l'enfant trop raffin? h?r?ditairement que j'avais d?j? conscience d'?tre.... Quand ce fut l'instant de nous s?parer, la nuit ?tait ? peu pr?s venue,--la nuit qui, pour l'imagination des Polyn?siens, am?ne sous ces grandes palmes l'effarante promenade des fant?mes tatou?s ? visage bleu. Toujours il y avait l?-bas, sur les rebords les plus lointains du cercle de la mer, ces lueurs p?les qui faisaient les eaux moins obscures que les voiles du ciel. Je revois encore, apr?s tant d'ann?es, l'?clairage sinistre qui persistait ? l'horizon ce soir-l?. Elle, avant de s'enfuir, ?ta son collier en fleurs d'hibiscus pour le passer ? mon cou; puis, s'avan?a brusquement tout pr?s, tout pr?s pour me regarder, son front presque sur le mien; je vis alors, ? toucher mes yeux briller ses yeux ? elle, tr?s dilat?s et mouvants. Dans l'?tranget? de son sourire ensuite, je sentis entre nous, malgr? la tendresse ?chang?e, un ab?me d'incompr?hension, comme entre deux ?tres d'esp?ce diff?rente, incapables de se p?n?trer jamais. Le lendemain, nous devions nous retrouver ? la m?me heure; mais une grande bourrasque s'?tait d?cha?n?e, il tombait une pluie de d?luge, elle ne fut pas au rendez-vous. Et, le matin suivant, notre fr?gate quitta cette ?le pour n'y plus revenir. J'en gardai plusieurs jours une tristesse qui ne s'expliquait pas, avec un d?sir attendri de la revoir,--comme il arrive quelquefois pour des jeunes femmes entrevues et aim?es en r?ve, qu'on ne peut esp?rer retrouver puisqu'on sait leur inexistence. Pour moi, celle-l? semblait bien aussi impossible ? ressaisir et aussi perdue qu'une vision de r?ve, car je n'avais alors aucun moyen, pauvre petit aspirant de marine que j'?tais, de ramener un navire vers l'Oc?anie. Entre nous deux sans doute quelque chose avait jailli de plus que le d?sir de nos jeunes chairs, sans quoi je n'aurais pas eu ce long serrement de coeur et je ne me souviendrais plus. Mais c'est surtout ce regard, l'interrogation de ce dernier regard trop pr?s du mien, c'est cela qui a grav? dans ma m?moire l'heure et le lieu, tout le grand d?cor cr?pusculaire et le cercle p?le de l'horizon. Et maintenant, l'?vocation finie, je vais renfermer, pour des ann?es peut-?tre, l'humble collier dans son humble bo?te. C'est d'ailleurs une ?vocation d?j? confuse, et il faut ? pr?sent l'effort de ma volont? pour l'obtenir, car il s'?loigne de plus en plus vite, l'instant, si furtif au milieu du glissement rapide et infini des dur?es, l'instant o? ces quelques brins de paille d?color?s ?taient de larges fleurs vivantes, d'un rouge de pourpre, posant sur cette na?ve poitrine nue.... La gorge qui fut jeune et admirable, comment est-elle aujourd'hui, et comment sont les grands yeux interrogateurs? Et qui sait entre quelles mains il sera froiss?, puis jet? aux immondices, et dans quelle poussi?re il finira, ce collier qui devrait ?tre depuis longtemps retourn? ? l'humus des ?les oc?aniennes, mais que ma fantaisie s'obstine ? maintenir dans une quasi-existence, dess?ch?e et fragile comme l'existence des momies. PR?FACE POUR UN LIVRE QUI NE FUT JAMAIS PUBLI? Mon cher ami, Combien m'ont impressionn? ces mots que tu as mis en t?te de ton livre: vieille marine! C'est pourtant vrai, mon Dieu, que la marine de notre jeunesse remonte ? un quart de si?cle, et qu'elle est d?j? vieille, d?mod?e, finie.... Et l'?lot de Cor?e, son h?pital triste et br?lant, o? tu faillis mourir! Nulle part ailleurs que dans ton livre, je n'en ai retrouv? l'oppression, l'?touffement et le silence: Gor?e, vieille petite ville du si?cle dernier, colonie de nos p?res, aujourd'hui abandonn?e et qui m?lancoliquement s'?miette sur son rocher, au souffle du Sahara voisin. En lisant ce que tu en dis, je me suis senti chaud ? la t?te, avec un fourmillement dans les cheveux, comme l?-bas quand vous prend la fi?vre. D?j? un quart de si?cle, depuis notre exil au S?n?gal! Le temps a dispers? nos camarades d'alors, et la fi?vre jaune en a fauch? plus d'un. Quant ? notre navire, il n'existe plus.... J'y ?levais, non loin de ta chambre, trois jeunes ca?mans orphelins, t'en souviens-tu encore, qui s'?vadaient parfois et jetaient dans ton existence une note inqui?te. Plus tard, mon cher ami, nous nous sommes retrouv?s ? l'?cole d'Escrime et Gymnastique, et je m'attendais ? voir repara?tre dans tes notes cette p?riode joyeuse et dr?le durant laquelle nous ?tions du matin au soir en ?quilibre ou en garde, ou bien encore, tant?t par les pieds, tant?t par les mains, suspendus ? quelque chose. Et c'est dommage que tu n'en aies point parl?, car tu aurais employ? l? si bien cette ironie immense, mais compatissante et bon enfant, qui t'est particuli?re. Dans tes courts r?cits, rapides comme ta parole, nerveux et un peu violents comme toi-m?me mais pleins de g?n?rosit? et de coeur, je te retrouve tout entier. Je retrouve aussi la gaiet? de notre ch?re marine et l'esprit de nos < Et cependant, j'ai un reproche ? te faire, un reproche assez grave. Tu as bafou? comme il convenait deux ou trois de nos ?gaux ou de nos chefs, et, quand tu cingles la pi?tre ligure de certain amiral, aujourd'hui remis?, tous les marins seront avec toi pour applaudir. Mais pourquoi n'as-tu parl? que des mauvais? Il s'en trouve aussi de bons et de charmants, de braves et d'h?ro?ques; tu en es convaincu plus que personne, toi qui as laiss? dans la marine des amis que tu aimes si sinc?rement et qui te le rendent. Alors pourquoi ne dis-tu rien de ceux que tu regrettes? ni de ceux que tu v?n?res et que tu admires? Tu aurais su le faire si bien! Il manque des chapitres ? des petites histoires, je t'assure, et je crains que cela ne te donne, pour ceux qui ne te connaissent pas, un air d'avoir ?crit une oeuvre de d?nigrement et de rancune--ce qui serait cependant tout ? fait au-dessous de ta pens?e et de ton coeur.... Maintenant, bonne chance ? ton livre, et pardonne le franc parler de ton tr?s ancien camarade d'Afrique et autres lieux. QUELQUES PENS?ES VRAIMENT AIMABLES C'est incroyable ce qu'il y a de gens chez qui l'?ge ingrat dure toute la vie. On rencontre souvent chez les choses une certaine b?tise, un certain mauvais vouloir ent?t?, qui sont bien plus r?voltants encore que chez les personnes. Je n'arrive plus ? m'irriter s?rieusement contre mon prochain. Non, les seuls ?tres qui me causent encore des indignations exasp?r?es sont les boutons de mes cols ou de mes devants de chemise, lorsqu'on voyage je me trouve seul ? leur merci. La bienfaisante science des laboratoires invente des rem?des merveilleux pour prolonger quelques pauvres ch?tifs, perfor?s de microbes, mais, dans sa sollicitude pour l'humanit?, invente aussi des poudres d?tonantes, capables de d?truire par milliers ? la minute les jeunes sujets m?les de l'esp?ce. Une grosse cloche exasp?rante, que des mauvais plaisants m'auraient accroch?e derri?re le dos et qui, d?s que je remue, se mettrait ? sonner, pour faire hurler les imb?ciles et les chiens. Tout est vrai. Mais le contraire l'est ?galement. Tout est faux. Mais le contraire l'est encore bien davantage, et notoirement plus absurde. Propagation de l'alcool, de la d?sesp?rance et des explosifs. A deux heures du matin et seul, je me trouverais beaucoup plus ? mon aise dans la jungle indienne que dans les rues de la ville la plus civilis?e de la Terre. L'homme est, je crois, la seule b?te qui tue pour le plaisir de tuer. Les bons tigres, les braves lions ne chassent que quand ils ont faim; encore le font-ils d'une fa?on moins piteuse et moins l?che, avec leurs propres griffes pour d?chirer, leurs propres jarrets pour courir, sans fusils perfectionn?s ni rabatteurs. Les bons brigands jadis sur les routes tuaient moins de monde que les gav?s qui y font aujourd'hui du 120 ou m?me du 60 ? l'heure; ils ?taient du reste bien plus excusables devant l'humanit? et sentaient, je pense, moins mauvais. Il faut admirer les villageois, les travailleurs d?bonnaires des champs, qui sont s?rs d'?tre ?cras?s un jour, eux ou leurs petits, ou seulement leurs chiens ou leurs poulets, et qui ne courent pas sus ? ces bouffis-la. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
Terms of Use Stock Market News! © gutenberg.org.in2025 All Rights reserved.