Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: La Pantoufle de Sapho by Sacher Masoch Leopold Ritter Von Dolor S D Translator

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 218 lines and 8565 words, and 5 pages

C'est surtout ? la tomb?e du rideau que les applaudissements devinrent d?lirants et, pendant que Sophie se voyait contrainte de para?tre et de repara?tre ind?finiment, le Polonais, saisi d'une id?e subite, enjamba la rampe de l'orchestre et fut en quelques instants dans la rue.

Mlle Babette ?tait, comme toujours, rentr?e la premi?re ? la maison, afin de s'occuper du th? que Sophie aimait ? trouver tout fumant sur la table. Elle haletait en montant les marches de l'escalier et t?tonna en cherchant le trou de la serrure. Soudain, une main glac?e s'empara de la sienne et elle sentit une ombre se dresser pr?s d'elle.

Mlle Babette en ?prouva une telle frayeur que la voix lui manqua pour crier. En ces temps de romantisme et d'histoires de brigands, l'apparition d'un revenant ?tait, pour une imagination exalt?e par les pi?ces de th??tre et les romans, quelque chose de tout naturel.

La gouvernante tremblait de tous ses membres et mena?ait de s'?vanouir. Heureusement, une formule pour conjurer les esprits lui revint en m?moire, et elle murmura d'une voix ?touff?e par l'angoisse:

--Tous les bons esprits louent le Seigneur.

--Je suis un tr?s bon esprit, r?pondit une voix douce, et le Seigneur que je loue, s'appelle Sophie Schroeder.

--Qui ?tes-vous? questionna Fr?ulein Babette l?g?rement rassur?e, et que me voulez-vous ? cette heure?

--Ouvrez d'abord, poursuivit l'invisible visiteur, et faites de la lumi?re, je m'expliquerai ensuite.

--Mais je ne puis vous laisser entrer, soupira Mademoiselle, vous ?tes peut-?tre....

--Et vous venez si tard ...

--Je le sais bien, mademoiselle Babette, mais il me faut vous parler, ? vous seule. Ouvrez, au nom du ciel, sans quoi Sapho va revenir et tout serait perdu.

Mlle Babette, se laissant enfin convaincre, ouvrit et chercha du feu. A la lumi?re douteuse d'une chandelle, elle reconnut le Polonais. Il se tenait devant elle, moiti? g?n?, moiti? railleur, envelopp? d'un long manteau et tenant ? la main une magnifique couronne de lauriers.

--Ah! c'est vous, dit-elle. Et vous d?sirez que je remette cette couronne ? la Schroeder?

Elle ?tendait sa maigre main, pour la prendre.

--Certainement, je le veux, mais ce n'est pas tout ce que j'ai ? vous demander.

--Parlez vite, car elle va venir, et il faut qu'elle trouve son th? pr?t, sans quoi elle se f?chera.

--Laissez-le-moi faire. Nous autres Polonais nous y entendons ? la perfection. Je serai si heureux que la grande Sapho b?t, ce soir, du th? pr?par? de ma main.

--Nous n'avons pas le temps ...

--Plus qu'il ne faut.

Babette secoua la t?te, puis se h?ta de chercher ce qu'il fallait.

--Au moins, entrez dans ma chambre, continua-t-elle, afin que je puisse vous faire sortir inaper?u. Par ici, monsieur le Comte.

On donnait, en ce temps, le titre de comte ? tous les Polonais indistinctement.

Le jeune homme ob?it et fit montre d'une v?ritable virtuosit? ? composer le breuvage ambr?.

Mlle Babette ne revenait pas de son ?tonnement. Tout en manipulant le samovar, il s'entretenait avec la gouvernante.

--Donc, ch?re Mademoiselle, vous lui remettrez la couronne?

--Certainement.

--Et vous lui exprimerez toute ma fervente admiration pour son r?le d'aujourd'hui?

--Oui, monsieur le Comte.

--Elle a ?t? insurpassable.

--Grandiose!

--Vous comprenez donc que je v?n?re votre ma?tresse.

--Je m'?tonnerais du contraire.

--Et vous comprenez que je l'aime, que je suis forc? de l'aimer, de l'adorer?

--Si j'?tais homme, je ferais comme vous.

--Par cons?quent, ma ch?re, ma bonne, mon ang?lique Mademoiselle, procurez-moi quelque chose que Sophie Schroeder ait port?, et si ce n'?tait qu'un simple ruban ayant repos? sur sa divine poitrine, je le conserverais comme un f?tiche, un talisman, aussi longtemps que je vivrais et jusqu'? l'heure de ma mort.

--C'est ce que je ne puis pas, monsieur le Comte.

--Vous ne pouvez pas? se r?cria le Polonais. Et me laisser mourir, sans une consolation, sans un r?confort, cela vous le pouvez?

--Mais que voulez-vous que je vous donne?

--Ce que vous voudrez.

--Il n'y a pas un seul objet dont elle puisse se passer.

Le Polonais, qui avait fini de pr?parer le th?, saisit le flambeau avec une h?te f?brile, et se dirigea d'un pas rapide, ? travers les salles, jusqu'? la chambre ? coucher de la trag?dienne. L? il s'arr?ta avec un tressaillement d'extase et regarda autour de lui avec ?motion.

--Que faites-vous? s'?cria Babette qui l'avait suivi ?pouvant?e, ne savez-vous pas que c'est ici un sanctuaire que le pied d'aucun mortel n'est autoris? ? fouler?

--Laissez-moi jouir de ce moment divin, repartit le Polonais avec feu. C'est derri?re ces rideaux que repose ce corps divin et, ce tapis, son pied l'effleure journellement!

Il s'agenouilla et baisa le tapis. En se relevant, il tenait ? la main une pantoufle, qu'il brandit triomphalement.

--Vous vous demandez ce que vous allez me donner? ch?re, d?licieuse Babette, donnez-moi cette pantoufle de l'immortelle, vous ferez de moi le plus heureux des mortels.

--Cette pantoufle moins que toute autre chose, repartit Babette, elle va rentrer et voudra la mettre.

--Plus jamais elle ne la mettra, s'?cria l'amoureux d'un ton r?solu.

En vain, l'excellente fille fit tous ses efforts pour la lui reprendre, le jeune homme ?chappait sans cesse ? sa poursuite et elle dut lui faire la chasse, ? travers toute la s?rie des chambres, jusque dans la cuisine. L?, le Polonais prit son manteau, mit son chapeau et voulut sortir, mais Mlle Babette le retint, nouvelle Putiphar, par le pan de son manteau.

--Seigneur Dieu! g?mit-elle, vous ferez encore mon malheur. Je ne vous laisserai point partir, monsieur le Comte, que vous ne m'ayez rendu la pantoufle.

--Je ne la rendrai qu'avec la vie.

--?tes-vous donc tout ? fait fou?

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Back to top Use Dark Theme