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Read Ebook: L'île à hélice by Verne Jules
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 354 lines and 21708 words, and 8 pages?motion. On trouve cela chose tr?s naturelle, et, e?t-il fallu r?unir une somme plus consid?rable, les fonds auraient ?t? faits en un tour de main. C'est une profonde satisfaction pour ces Milliardais de sentir qu'ils sont chez eux, ou, au moins, qu'ils ne d?pendent plus d'une Soci?t? ?trang?re. Aussi le Joyau du Pacifique, repr?sent? par toutes ses classes, employ?s, agents, fonctionnaires, officiers, miliciens, marins, veut-il adresser des remerciements aux deux chefs de famille qui ont si bien compris l'int?r?t g?n?ral. Ce jour-l?, dans un meeting tenu au milieu du parc, une motion est faite ? ce sujet et suivie d'une triple salve de hurrahs et de hips. Aussit?t nomination de d?l?gu?s, et envoi d'une d?putation aux h?tels Coverley et Tankerdon. Elle est re?ue avec bonne gr?ce, et elle emporte l'assurance que rien ne sera chang? aux r?glements, usages et coutumes de Standard-Island. L'administration restera ce qu'elle est! Tous les fonctionnaires seront conserv?s dans leurs fonctions, tous les employ?s dans leurs emplois. Et comment e?t-il pu en ?tre autrement?... Donc il r?sulte de ceci, que le commodore Ethel Simco? demeure charg? des services maritimes, ayant la haute direction des d?placements de Standard-Island, conform?ment aux itin?raires arr?t?s en conseil des notables. De m?me pour le commandement des milices que garde le colonel Stewart. De m?me pour les services de l'observatoire qui ne sont pas modifi?s, et le roi de Mal?carlie n'est point menac? dans sa situation d'astronome. Enfin personne n'est destitu? de la place qu'il occupe, ni dans les deux ports, ni dans les fabriques d'?nergie ?lectrique, ni dans l'administration municipale. On ne remercie m?me pas Athanase Dor?mus de ses inutiles fonctions, bien que les ?l?ves s'obstinent ? ne point fr?quenter le cours de danse, de maintien et de gr?ces. Il va de soi que rien n'est chang? au trait? pass? avec le Quatuor Concertant, lequel, jusqu'? la fin de la campagne, continuera ? toucher les invraisemblables ?moluments qui lui ont ?t? attribu?s par son engagement. < -- Cela tient ? ce qu'ils ont le milliard coulant! r?pond Pinchinat. -- Peut-?tre aurions-nous pu profiter de ce changement de propri?taires pour r?silier notre trait?... fait observer S?bastien Zorn, qui ne veut pas d?mordre de ses absurdes pr?ventions contre Standard-Island. Toutefois, Cyrus Bikerstaff accepte de rester ? la t?te de l'administration municipale jusqu'? la fin de la campagne. Ainsi s'est accomplie sans bruit, sans discussions, sans troubles, sans rivalit?s, cette importante transformation financi?re du domaine de Standard-Island. Et l'affaire s'est si sagement, si rapidement op?r?e, que d?s ce jour-l? le liquidateur a pu se rembarquer, emportant les signatures des principaux acqu?reurs, avec la garantie du conseil des notables. Quant ? ce personnage, si prodigieusement consid?rable, qui a nom Calistus Munbar, surintendant des beaux-arts et des plaisirs de l'incomparable Joyau du Pacifique, il est simplement confirm? dans ses attributions, ?moluments, b?n?fices, et, en v?rit?, aurait-on jamais pu trouver un successeur ? cet homme irrempla?able? < -- Nous verrons!>> murmure le t?tu violoncelliste. Voil? dans quelles conditions va maintenant s'accomplir le mariage de Walter Tankerdon et de miss Dy Coverley. Les deux familles seront unies par ces int?r?ts p?cuniaires qui, en Am?rique comme ailleurs, forment les plus solides liens sociaux. Quelle assurance de prosp?rit? pour les citoyens de Standard-Island. Depuis qu'elle appartient aux principaux Milliardais, il semble qu'elle soit plus ind?pendante qu'elle ne l'?tait, plus ma?tresse de ses destin?es! Auparavant, une amarre la rattachait ? cette baie Madeleine des ?tats-Unis, et cette amarre, elle vient de la rompre! ? pr?sent, tout ? la f?te! Est-il n?cessaire d'insister sur la joie des parties en cause, d'exprimer ce qui est inexprimable, de peindre le bonheur qui rayonne autour d'elles? Les deux fianc?s ne se quittent plus. Ce qui a paru ?tre un mariage de convenance pour Walter Tankerdon et miss Dy Coverley est r?ellement un mariage de coeur. Tous deux s'aiment d'une affection dans laquelle l'int?r?t n'entre pour rien, que l'on veuille bien le croire. Le jeune homme et la jeune fille poss?dent ces qualit?s qui doivent leur assurer la plus heureuse des existences. C'est une ?me d'or, ce Walter, et soyez convaincus que l'?me de miss Dy est faite du m?me m?tal, -- au figur? s'entend, et non dans le sens mat?riel qu'autoriseraient leurs millions. Ils sont cr??s l'un pour l'autre, et jamais cette phrase, tant soit peu banale, n'a eu un sens plus strict. Ils comptent les jours, ils comptent les heures qui les s?parent de cette date si d?sir?e du 27 f?vrier. Ils ne regrettent qu'une chose, c'est que Standard-Island ne se dirige pas vers le cent quatre-vingti?me degr? de longitude, car, venant de l'ouest ? pr?sent, elle devrait effacer vingt-quatre heures de son calendrier. Le bonheur des futurs serait avanc? d'un jour. Non! c'est en vue des Nouvelles-H?brides que la c?r?monie doit s'accomplir, et force est de se r?signer. Observons, d'ailleurs, que le navire, charg? de toutes ces merveilles de l'Europe, le < Mais les familles, mais les amis, mais la population de Standard- Island, d?sirent que cette c?r?monie soit entour?e d'un ?clat extraordinaire. Aussi les lunettes sont-elles obstin?ment braqu?es vers l'horizon de l'est. Jem Tankerdon et Nat Coverley ont m?me promis une forte prime ? quiconque signalera le premier ce steamer que son propulseur ne poussera jamais assez vite au gr? de l'impatience publique. Entre temps, le programme de la f?te est ?labor? avec soin. Il comprend les jeux, les r?ceptions, la double c?r?monie au temple protestant et ? la cath?drale catholique, la soir?e de gala ? l'h?tel municipal, le festival dans le parc. Calistus Munbar a l'oeil ? tout, il se prodigue, il se d?pense, on peut bien dire qu'il se ruine au point de vue de la sant?. Que voulez-vous! Son temp?rament l'entra?ne, on ne l'arr?terait pas plus qu'un train lanc? ? toute vitesse. Quant ? la cantate, elle est pr?te. Yvern?s le po?te et S?bastien Zorn le musicien se sont montr?s dignes l'un de l'autre. Cette cantate sera chant?e par les masses chorales d'une soci?t? orph?onique, qui s'est fond?e tout expr?s. L'effet en sera tr?s grand, lorsqu'elle retentira dans le square de l'observatoire, ?lectriquement ?clair? ? la nuit tombante. Puis viendra la comparution des jeunes ?poux devant l'officier de l'?tat civil, et le mariage religieux se c?l?brera ? minuit, au milieu des f?eriques embrasements de Milliard-City. Enfin, le navire attendu est signal? au large. C'est une des vigies de Tribord-Harbour qui gagne la prime, laquelle se chiffre par un nombre respectable de dollars. Il est neuf heures du matin, le 19 f?vrier, lorsque ce steamer double la jet?e du port, et le d?barquement commence aussit?t. < -- Fichtre! me para?t une expression juste entre toutes, fait observer Pinchinat. C'est ? vous donner envie d'?pouser miss Dy Coverley sans dot... rien que pour elle-m?me!>> Quant aux jeunes fianc?s, la v?rit? est qu'ils n'ont accord? qu'une vague attention ? ce stock des chefs-d'oeuvre de l'art et de la mode. Cependant, depuis l'arriv?e du steamer, Standard-Island a repris la direction de l'ouest afin de rallier les Nouvelles-H?brides. Si on est en vue de l'une des ?les du groupe avant la date du 27, le capitaine Sarol d?barquera avec ses compagnons, et Standard-Island commencera sa campagne de retour. Ce qui va faciliter cette navigation, dans ces parages de l'Ouest- Pacifique, c'est qu'ils sont tr?s familiers au capitaine malais. Sur la demande du commodore Simco?, qui a r?clam? ses services, il se tient en permanence ? la tour de l'observatoire. D?s que les premi?res hauteurs appara?tront, rien ne sera plus ais? que d'approcher l'?le Erromango, l'une des plus orientales du groupe, -- ce qui permettra d'?viter les nombreux ?cueils des Nouvelles- H?brides. Est-ce hasard, ou le capitaine Sarol, d?sireux d'assister aux f?tes du mariage, s'est-il appliqu? ? ne manoeuvrer qu'avec une certaine lenteur, mais les premi?res ?les ne sont signal?es que dans la matin?e du 27 f?vrier, -- pr?cis?ment le jour fix? pour la c?r?monie nuptiale. Peu importe, du reste. Le mariage de Walter Tankerdon et de miss Dy Coverley n'en sera pas moins heureux pour avoir ?t? c?l?br? en vue des Nouvelles-H?brides, et, si cela doit causer tant de plaisir ? ces braves Malais, -- ils ne le dissimulent point, -- libre ? eux de prendre part aux f?tes de Standard-Island. Rencontr? d'abord quelques ?lots du large, et, apr?s les avoir d?pass?s sur les indications tr?s pr?cises du capitaine Sarol, l'?le ? h?lice se dirige vers Erromango, en laissant au sud les hauteurs de l'?le Tanna. En ces parages, S?bastien Zorn, Frascolin, Pinchinat, Yvern?s, ne sont pas ?loign?s, -- trois cents milles au plus, -- des possessions fran?aises de cette partie du Pacifique, les ?les Loyalty et la Nouvelle-Cal?donie, ce p?nitentiaire qui est situ? aux antipodes de la France. Erromango est tr?s bois?e ? l'int?rieur, accident?e de multiples collines, au pied desquelles s'?tendent de larges plateaux cultivables. Le commodore Simco? s'arr?te ? un mille de la baie de Cook de la c?te orientale. Il n'e?t pas ?t? prudent de s'approcher davantage, car les bandes corrallig?nes s'avancent ? fleur d'eau jusqu'? un demi- mille en mer. Du reste, l'intention du gouverneur Cyrus Bikerstaff n'est point de stationner devant cette ?le, ni de rel?cher en aucune autre de l'archipel. Apr?s les f?tes, les Malais d?barqueront, et Standard-Island remontera vers l'?quateur pour revenir ? la baie Madeleine. Il est une heure apr?s midi, lorsque Standard-Island demeure stationnaire. Par ordre des autorit?s, tout le monde a sa libert?, fonctionnaires et employ?s, marins et miliciens, ? l'exception des douaniers de garde dans les postes du littoral que rien ne doit distraire de leur surveillance. Inutile de dire que le temps est magnifique, rafra?chi par la brise de mer. Suivant l'expression consacr?e, < Et pendant les heures qui se succ?dent, les rafra?chissements servis ? profusion ne laissent pas d'entretenir la belle humeur du public. Le soir venu, le parc resplendit des feux ?lectriques que les lunes d'aluminium versent ? torrents. Le soleil a sagement fait de dispara?tre sous l'horizon! N'aurait-il pas ?t? humili? devant ces effluences artificielles, qui rendent la nuit aussi claire que le jour. La cantate est chant?e entre neuf et dix heures, -- avec quel succ?s, il ne sied ni au po?te ni au compositeur d'en convenir. Et peut-?tre m?me, ? ce moment, le violoncelliste a-t-il senti se dissoudre ses injustes pr?ventions contre le Joyau du Pacifique... Onze heures sonnant, un long cort?ge processionnal se dirige vers l'h?tel de ville. Walter Tankerdon et miss Dy Coverley marchent au milieu de leurs familles. Toute la population les accompagne en remontant la Uni?me Avenue. Le gouverneur Cyrus Bikerstaff se tient dans le grand salon de l'h?tel municipal. Le plus beau de tous les mariages qu'il lui aura ?t? donn? de c?l?brer pendant sa carri?re administrative, va s'accomplir... Soudain des cris ?clatent vers l'extr?me quartier de la section b?bordaise. Le cort?ge s'arr?te ? mi-avenue. Presque aussit?t, avec ces cris qui redoublent, de lointaines d?tonations se font entendre. Un instant apr?s, quelques douaniers, -- plusieurs bless?s, -- se pr?cipitent hors du square de l'h?tel de ville. L'anxi?t? est au comble. ? travers la foule se propage cette ?pouvante irraisonn?e qui na?t d'un danger inconnu... Cyrus Bikerstaff para?t sur le perron de l'h?tel, suivi du commodore Simco?, du colonel Stewart et des notables qui sont venus les rejoindre. Aux questions qui leur sont faites, les douaniers r?pondent que Standard-Island vient d'?tre envahie par une bande de N?o- H?bridiens, -- trois ou quatre mille, -- et le capitaine Sarol est ? leur t?te. Tel est le d?but de l'abominable complot pr?par? par le capitaine Sarol, auquel concourent les Malais recueillis avec lui sur Standard-Island, les N?o-H?bridiens embarqu?s aux Samoa, les indig?nes d'Erromango et ?les voisines. Quel en sera le d?nouement? On ne saurait le pr?voir, ?tant donn?es les conditions dans lesquelles se produit cette brusque et terrible agression. La population des Nouvelles-H?brides se compose de n?gres et de Malais, d'origine kanaque. Mais le caract?re de ces indig?nes, leur temp?rament, leurs instincts, diff?rent suivant qu'ils appartiennent aux ?les du nord ou aux ?les du sud, -- ce qui permet de partager cet archipel en deux groupes. Dans le groupe septentrional, ? l'?le Santo, ? la baie de Saint- Philippe, le type est plus relev?, de teint moins fonc?, la chevelure moins cr?pue. Les hommes, trapus et forts, doux et pacifiques, ne se sont jamais attaqu?s aux comptoirs ni aux navires europ?ens. M?me observation en ce qui concerne l'?le Vat? ou Sandwich, dont plusieurs bourgades sont florissantes, entre autres Port-Vila, capitale de l'archipel, -- qui porte aussi le nom de Franceville -- o? nos colons utilisent les richesses d'un sol admirable, ses plantureux p?turages, ses champs propices ? la culture, ses terrains favorables aux plantions de caf?iers, de bananiers, de cocotiers et ? la fructueuse industrie des < Mais ces regrets seraient tr?s d?plac?s ? propos des ?les m?ridionales de l'archipel. Aussi n'est-ce pas sans raison que le capitaine Sarol a choisi le groupe du sud pour y organiser cette criminelle tentative contre Standard-Island. Sur ces ?les, les indig?nes, rest?s de v?ritables Papous, sont des ?tres rel?gu?s au bas de l'?chelle humaine, ? Tanna comme ? Erromango. De cette derni?re surtout, un ancien sandalier a eu raison de dire au docteur Hayen: < En effet, la race de ces Kanaques, d'origine inf?rieure, ne s'est, pas revivifi?e avec le sang polyn?sien comme aux ?les septentrionales. ? Erromango, sur deux mille cinq cents habitants, les missionnaires anglicans, dont cinq ont ?t? massacr?s depuis 1839, n'en ont converti qu'une moiti? au christianisme. L'autre est demeur?e pa?enne. D'ailleurs, convertis ou non, tous repr?sentent encore ces indig?nes f?roces, qui m?ritent leur triste r?putation, bien qu'ils soient de taille plus ch?tive, de constitution moins robuste que les naturels de l'?le Santo ou de l'?le Sandwich. De l?, de s?rieux dangers contre lesquels doivent se pr?munir les touristes qui s'aventurent ? travers ce groupe du sud. Divers exemples qu'il convient de citer: Telle est la population chez laquelle le capitaine Sarol a recrut? ses complices. Il leur a promis le pillage de cet opulent Joyau du Pacifique dont aucun habitant ne doit ?tre ?pargn?. De ces sauvages qui guettaient son apparition aux approches d'Erromango, il en est venu des ?les voisines, s?par?es par d'?troits bras de mer -- principalement de Tanna, qui n'est qu'? trente-cinq milles au sud. C'est elle qui a lanc? les robustes naturels du district de Wanissi, farouches adorateurs du dieu Teapolo, et dont la nudit? est presque compl?te, les indig?nes de la Plage-Noire, de Sangalli, les plus, redoutables et les plus redout?s de l'archipel. Mais, de ce que le groupe septentrional est relativement moins sauvage, il ne faut pas conclure qu'il n'a donn? aucun contingent au capitaine Sarol. Au nord de l'?le Sandwich, il y a l'?le d'Api, avec ses dix-huit mille habitants, o? l'on d?vore les prisonniers, dont le tronc est r?serv? aux jeunes gens, les bras et les cuisses aux hommes faits, les intestins aux chiens et aux porcs. Il y a l'?le de Paama, avec ses f?roces tribus qui ne le c?dent point aux naturels d'Api. Il y a l'?le de Mallicolo, avec ses Kanaques anthropophages. Il y a enfin l'?le Aurora, l'une des plus mauvaises de l'archipel, dont aucun blanc ne fait sa r?sidence, et o?, quelques ann?es avant, avait ?t? massacr? l'?quipage d'un c?tre de nationalit? fran?aise. C'est de ces diverses ?les que sont venus des renforts au capitaine Sarol. Add to tbrJar First Page Next Page |
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