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Read Ebook: L'île à hélice by Verne Jules
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 354 lines and 21708 words, and 8 pagesMais, de ce que le groupe septentrional est relativement moins sauvage, il ne faut pas conclure qu'il n'a donn? aucun contingent au capitaine Sarol. Au nord de l'?le Sandwich, il y a l'?le d'Api, avec ses dix-huit mille habitants, o? l'on d?vore les prisonniers, dont le tronc est r?serv? aux jeunes gens, les bras et les cuisses aux hommes faits, les intestins aux chiens et aux porcs. Il y a l'?le de Paama, avec ses f?roces tribus qui ne le c?dent point aux naturels d'Api. Il y a l'?le de Mallicolo, avec ses Kanaques anthropophages. Il y a enfin l'?le Aurora, l'une des plus mauvaises de l'archipel, dont aucun blanc ne fait sa r?sidence, et o?, quelques ann?es avant, avait ?t? massacr? l'?quipage d'un c?tre de nationalit? fran?aise. C'est de ces diverses ?les que sont venus des renforts au capitaine Sarol. D?s que Standard-Island est apparue, d?s qu'elle n'a plus ?t? qu'? quelques encablures d'Erromango, le capitaine Sarol a envoy? le signal qu'attendaient les indig?nes. En quelques minutes, les roches ? fleur d'eau ont livr? passage ? trois ou quatre mille sauvages. Le danger est des plus graves, car ces N?o-H?bridiens, d?cha?n?s sur la cit? milliardaise, ne reculeront devant aucun attentat, aucune violence. Ils ont pour eux l'avantage de la surprise, et sont arm?s non seulement de longues zagaies ? pointes d'os qui font de tr?s dangereuses blessures, de fl?ches empoisonn?es avec une sorte de venin v?g?tal, mais aussi de ces fusils Snyders dont l'usage est r?pandu dans l'archipel. D?s le d?but de cette affaire, pr?par?e de longue main, puisque c'est ce Sarol qui marche ? la t?te des assaillants, il a fallu appeler la milice, les marins, les fonctionnaires, tous les hommes valides en ?tat de combattre. Cyrus Bikerstaff, le commodore Simco?, le colonel Stewart, ont gard? tout leur sang-froid. Le roi de Mal?carlie a offert ses services, et s'il n'a plus la vigueur de la jeunesse, il en a du moins le courage. Les indig?nes sont encore ?loign?s du c?t? de B?bord-Harbour, o? l'officier de port essaie d'organiser la r?sistance. Mais nul doute que les bandes ne tardent ? se pr?cipiter sur la ville. Ordre est donn? tout d'abord de fermer les portes de l'enceinte de Milliard-City, o? la population s'?tait rendue presque tout enti?re pour les f?tes du mariage. Que la campagne et le parc soient ravag?s, il faut s'y attendre. Que les deux ports et les fabriques d'?nergie ?lectrique soient d?vast?s, on doit le craindre. Que les batteries de l'?peron et de la Poupe soient d?truites, on ne peut l'emp?cher. Le plus grand malheur serait que l'artillerie du Standard-Island se tourn?t contre la ville, et il n'est pas impossible que les Malais sachent la manoeuvrer... Avant tout, sur la proposition du roi de Mal?carlie, on fait rentrer dans l'h?tel de ville la plupart des femmes et des enfants. Ce vaste h?tel municipal est plong? dans une profonde obscurit?, comme l'?le enti?re, car les appareils ?lectriques ont cess? de fonctionner, les m?caniciens ayant d? fuir les assaillants. Cependant, par les soins du commodore Simco?, les armes qui ?taient d?pos?es ? l'h?tel de ville sont distribu?es aux miliciens et aux marins, et les munitions ne leur feront pas d?faut. Apr?s avoir laiss? miss Dy avec Mrs Tankerdon et Coverley, Walter est venu se joindre au groupe dans lequel se tiennent Jem Tankerdon, Nat Coverley, Calistus Munbar, Pinchinat, Yvern?s, Frascolin et S?bastien Zorn. < -- Mais ce n'est pas fini! s'?crie le surintendant. Non! ce n'est pas fini, et ce n'est pas notre ch?re Standard-Island qui succombera devant une poign?e de Kanaques!>> Bien parl?, Calistus Munbar! Et l'on comprend que la col?re te d?vore, ? la pens?e que ces coquins de N?o-H?bridiens ont interrompu une f?te si bien ordonn?e! Oui, il faut esp?rer qu'on les repoussera... Par malheur, s'ils ne sont pas sup?rieurs en nombre, ils ont l'avantage de l'offensive. Pourtant les d?tonations continuent d'?clater au loin, dans la direction des deux ports. Le capitaine Sarol a commenc? par interrompre le fonctionnement des h?lices, afin que Standard- Island ne puisse s'?loigner d'Erromango, o? se trouve sa base d'op?ration. Le gouverneur, le roi de Mal?carlie, le commodore Simco?, le colonel Stewart, r?unis en comit? de d?fense, ont d'abord song? ? faire une sortie. Non, c'e?t ?t? sacrifier nombre de ces d?fenseurs dont on a tant besoin. Il n'y a pas plus de merci ? esp?rer de ces sauvages indig?nes, que de ces fauves qui, quinze jours auparavant, ont envahi Standard-Island. En outre, ne tenteront-ils pas de la faire ?chouer sur les roches d'Erromango pour la livrer ensuite au pillage?... Une heure apr?s, les assaillants sont arriv?s devant les grilles de Milliard-City. Ils essaient de les abattre, elles r?sistent. Ils tentent de les franchir, on les d?fend ? coups de fusil. Puisque Milliard-City n'a pu ?tre surprise d?s le d?but, il devient difficile de forcer l'enceinte au milieu de cette profonde obscurit?. Aussi le capitaine Sarol ram?ne-t-il les indig?nes vers le parc et la campagne, o? il attendra le jour. Entre quatre et cinq heures du matin, les premi?res blancheurs nuancent l'horizon de l'est. Les miliciens et les marins, sous les ordres du commodore Simco? et du colonel Stewart, laissant la moiti? d'entre eux ? l'h?tel de ville, vont se masser dans le square de l'observatoire, avec la pens?e que le capitaine Sarol voudrait forcer les grilles de ce c?t?. Or, comme aucun secours ne peut venir du dehors, il faut ? tout prix emp?cher les indig?nes de p?n?trer dans la ville. Le quatuor a suivi les d?fenseurs que leurs officiers entra?nent vers l'extr?mit? de la Uni?me Avenue. < -- Ils ne nous mangeront pas tout entiers, que diable! r?pond Yvern?s. -- Et je r?sisterai jusqu'? mon dernier morceau, comme le h?ros de Labiche!>> ajoute Yvern?s. S?bastien Zorn, lui, reste silencieux. On sait ce qu'il pense de cette aventure, ce qui ne l'emp?chera pas de faire son devoir. D?s les premi?res clart?s, des coups de feu sont ?chang?s ? travers les grilles du square. D?fense courageuse dans l'enceinte de observatoire. Il y a des victimes de part et d'autre. Du c?t? des Milliardais, Jem Tankerdon est bless? ? l'?paule -- l?g?rement, mais il ne veut point abandonner son poste. Nat Coverley et Walter se battent au premier rang. Le roi de Mal?carlie, bravant les balles des snyders, cherche ? viser le capitaine Sarol, lequel ne s'?pargne pas au milieu des indig?nes. En v?rit?, ils sont trop, ces assaillants! Tout ce qu'Erromango, Tanna et les ?les voisines ont pu fournir de combattants, s'acharne contre Milliard-City. Une circonstance heureuse, pourtant, -- et le commodore Simco? a pu le constater, -- c'est que Standard-Island, au lieu d'?tre dross?e vers la c?te d'Erromango, remonte sous l'influence d'un l?ger courant, et se dirige vers le groupe septentrional, bien qu'il e?t mieux valu porter au large. N?anmoins le temps s'?coule, les indig?nes redoublent leurs efforts, et, malgr? leur courageuse r?sistance, les d?fenseurs ne pourront les contenir. Vers dix heures, les grilles sont arrach?es. Devant la foule hurlante qui envahit le square, le commodore Simco? est forc? de se rabattre vers l'h?tel de ville, o? il faudra se d?fendre comme dans une forteresse. Tout en reculant, les miliciens et les marins c?dent pied ? pied. Peut-?tre, maintenant qu'ils ont forc? l'enceinte de la ville, les N?o-H?bridiens, entra?n?s par l'instinct du pillage, vont-ils se disperser ? travers les divers quartiers, ce qui permettrait aux Milliardais de reprendre quelque avantage... Vain espoir! Le capitaine Sarol ne laissera pas les indig?nes se jeter hors de la Uni?me Avenue. C'est par l? qu'ils atteindront l'h?tel de ville, o? ils r?duiront les derniers efforts des assi?g?s. Lorsque le capitaine Sarol en sera ma?tre, la victoire sera d?finitive. L'heure du pillage et du massacre aura sonn?. < Et les fl?ches de pleuvoir, les balles aussi, tandis que le recul s'accentue. Vers deux heures, les d?fenseurs ont ?t? refoul?s jusqu'au square de l'h?tel de ville. De morts, on en compte d?j? une cinquantaine des deux parts, -- de bless?s, le double ou le triple. Avant que le palais municipal ait ?t? envahi par les indig?nes, on s'y pr?cipite, on en ferme les portes, on oblige les femmes et les enfants ? chercher un refuge dans les appartements int?rieurs, o? ils seront ? l'abri des projectiles. Puis Cyrus Bikerstaff, le roi de Mal?carlie, le commodore Simco?, le colonel Stewart, Jem Tankerdon, Nat Coverley, leurs amis, les miliciens et les marins se postent aux fen?tres, et le feu recommence avec une nouvelle violence. < L'assaut est aussit?t donn? par ordre du capitaine Sarol, qui se croit s?r du succ?s, bien que la t?che soit rude. En effet, les portes sont solides, et il sera difficile de les enfoncer sans artillerie. Les indig?nes les attaquent ? coups de hache, sous le feu des fen?tres, ce qui occasionne de grandes pertes parmi eux. Mais cela n'est point pour arr?ter leur chef, et, pourtant, s'il ?tait tu?, peut-?tre sa mort changerait-elle la face des choses... Deux heures se passent. L'h?tel de ville r?siste toujours. Si les balles d?ciment les assaillants, leur masse se renouvelle sans cesse. En vain les plus adroits tireurs, Jem Tankerdon, le colonel Stewart, cherchent-ils ? d?monter le capitaine Sarol. Tandis que nombre des siens tombent autour de lui, il semble qu'il soit invuln?rable. Et ce n'est pas lui, au milieu d'une fusillade plus nourrie que jamais, que la balle d'un snyders est venue frapper sur le balcon central. C'est Cyrus Bikerstaff, qui est atteint en pleine poitrine. Il tombe, il ne peut plus prononcer que quelques paroles ?touff?es, le sang lui remonte ? la gorge. On l'emporte dans l'arri?re-salon, o? il ne tarde pas ? rendre le dernier soupir. Ainsi a succomb? celui qui fut le premier gouverneur de Standard- Island, administrateur habile, coeur honn?te et grand. L'assaut se poursuit avec un redoublement de fureur. Les portes vont c?der sous la hache des indig?nes. Comment emp?cher l'envahissement de cette derni?re forteresse de Standard-Island? Comment sauver les femmes, les enfants, tous ceux qu'elle renferme, d'un massacre g?n?ral? Le roi de Mal?carlie, Ethel Simco?, le colonel Stewart, discutent alors s'il ne conviendrait pas de fuir par les derri?res du palais. Mais o? chercher refuge?... ? la batterie de la Poupe?... Mais pourra-t-on l'atteindre?... ? l'un des ports?... Mais les indig?nes n'en sont-ils pas ma?tres?... Et les bless?s, d?j? nombreux, se r?soudra-t-on ? les abandonner?... En ce moment, se produit un coup heureux, qui est de nature ? modifier la situation. Le roi de Mal?carlie s'est avanc? sur le balcon, sans prendre garde aux balles et fl?ches qui pleuvent autour de lui. Il ?paule son fusil, il vise le capitaine Sarol, ? l'instant o? l'une des portes va livrer passage aux assaillants... Le capitaine Sarol tombe raide. Les Malais, arr?t?s par cette mort, reculent en emportant le cadavre de leur chef, et la masse des indig?nes se rejette vers les grilles du square. Presque en m?me temps, des cris retentissent dans le haut de la Uni?me Avenue, o? la fusillade ?clate avec une nouvelle intensit?. Que se passe-t-il donc?... Est-ce que l'avantage est revenu aux d?fenseurs des ports et des batteries?... Est-ce qu'ils sont accourus vers la ville... Est-ce qu'ils tentent de prendre les indig?nes ? revers, malgr? leur petit nombre?... < -- Quelque renfort qui arrive ? ces coquins! r?pond le commodore Simco?. -- Je ne le pense pas, observe le roi de Mal?carlie, car ces coups de feu ne s'expliqueraient pas... -- Oui!... il y a du nouveau, s'?crie Pinchinat, et du nouveau ? notre avantage... -- Regardez... regardez! r?plique Calistus Munbar. Voici tous ces gueux qui commencent ? d?camper... -- Allons, mes amis, dit le roi de Mal?carlie, chassons ces mis?rables de la ville... En avant!...>> Officiers, miliciens, marins, tous descendent au rez-de-chauss?e et se pr?cipitent par la grande porte... Le square est abandonn? de la foule des sauvages qui s'enfuient, les uns le long de la Uni?me Avenue, les autres ? travers les rues avoisinantes. Quelle est au juste la cause de ce changement si rapide et si inattendu?... Faut-il l'attribuer ? la disparition du capitaine Sarol... au d?faut de direction qui s'en est suivi?... Est-il inadmissible que les assaillants, si sup?rieurs en force, aient ?t? d?courag?s ? ce point par la mort de leur chef, et au moment o? l'h?tel de ville allait ?tre envahi?... Entra?n?s par le commodore Simco? et le colonel Stewart, environ deux cents hommes de la marine et de la milice, avec eux Jem et Walter Tankerdon, Nat Coverley, Frascolin et ses camarades, descendent la Uni?me Avenue, repoussant les fuyards, qui ne se retournent m?me pas pour-leur lancer une derni?re balle ou une derni?re fl?che, et jettent snyders, arcs, zagaies. < Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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