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Munafa ebook

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Read Ebook: Barnabé Rudge Tome II by Dickens Charles Bonnomet M Translator

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Ebook has 1918 lines and 133070 words, and 39 pages

manches; ce n'est toujours pas moi que vous voulez dire; ou bien vous vous trompez joliment, moi qui suis souvent ? courir avant le lever du soleil, pour ne rentrer ? la maison qu'? la nuit. Vous me trouveriez dans les bois avant que le soleil en ait chass? l'ombre, et j'y suis bien des fois encore apr?s que la lune brille au ciel, et regarde ? travers les branches pour voir l'autre lune qui demeure dans l'eau. En allant ? droite, ? gauche, je cherche bien ? trouver, dans l'herbe et dans la mousse, s'il n'y a pas quelqu'une de ces pi?ces de monnaie pour lesquelles elle se donne tant de mal ? travailler et verse tant de larmes. Et, quand je suis couch? ? l'ombre, o? je m'endors, c'est encore pour en r?ver... Je r?ve que j'en d?terre des tas, que j'en vois des cachettes dans les broussailles, que je les vois ?tinceler dans le feuillage, comme des gouttes de ros?e. Mais, avec tout cela, je n'en trouve jamais. Dites-moi donc o? il y en a. Fall?t-il un an pour y aller, j'y vais; parce que je sais bien comme vous qu'elle serait plus heureuse si elle m'en voyait revenir charg?. Parlez donc, je vous ?coute, duss?-je vous pr?ter l'oreille toute la nuit.>>

L'aveugle passa l?g?rement sa main sur toute la personne du pauvre diable; et, voyant qu'il avait les coudes plant?s sur la table, le menton appuy? sur ses deux mains, qu'il se penchait avidement en avant, montrant dans toute son attitude l'int?r?t et l'impatience dont il ?tait anim?, il s'arr?ta une minute avant de lui r?pondre, pour laisser la veuve consid?rer la chose ? loisir.

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-- Bravo! bravo! cria Barnab?, en se frottant les mains, ? la bonne heure! voil? ce que j'aime. Et Grip aussi. Voil? ce qu'il nous faut ? tous les deux. Bravo!

-- Dans les endroits, continua l'autre, comme il en faut ? un jeune gars qui aime sa m?re et qui peut faire l? pour elle, et pour lui par-dessus le march?, en moins d'un mois, ce qu'il ne ferait pas ici dans toute sa vie... c'est-?-dire avec un ami, vous comprenez, pour lui donner de bons conseils.

-- Vous entendez, m?re? cria Barnab?, se retournant vers elle avec d?lice. Et puis maintenant venez donc me dire qu'il ne vaut pas seulement la peine qu'on le ramasse, quand m?me il serait l? reluisant ? nos pieds! Et pourquoi donc alors le recherchons-nous tant ? pr?sent, que, pour en avoir un peu, nous nous tuons de travail du matin jusqu'au soir?

-- Certainement, dit l'aveugle, certainement... La veuve, n'avez- vous pas encore votre r?ponse pr?te? Est-ce que, ajouta-t-il tout bas, vous n'?tes pas encore d?cid?e?

-- Je veux vous dire un mot... ? part.

-- Mettez votre main sur ma manche, dit Stagg se levant de table, et je vous suivrai o? vous voudrez. Courage, mon brave Barnab?! Nous reparlerons de ?a. J'ai un caprice pour vous. Attendez-moi l? un peu, je vais revenir... Allons, la veuve!>>

Elle le mena ? la porte, puis dans le petit jardin, o? ils s'arr?t?rent.

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-- Je lui dirai cela de votre part, r?pondit Stagg. Comme il a beaucoup de consid?ration pour vous, l'?loge que vous voulez bien faire de moi ne pourra que me relever dans son estime. Mais il nous faut nos droits, la veuve.

-- Des droits! savez-vous qu'un seul mot de moi...?

-- Pourquoi ne continuez-vous pas? r?pliqua l'aveugle avec calme, apr?s un long silence. Est-ce que vous croyez que je ne sais pas bien qu'un mot de vous suffirait pour faire faire ? mon ami le dernier pas de danse qu'il p?t jamais faire dans ce monde? Que si, que je le sais bien. Eh bien, apr?s? ne sais-je pas bien aussi que ce mot-l?, vous ne le direz jamais, la veuve?

-- Vous croyez ?a?

-- Si je le crois! j'en suis si s?r que je ne veux pas seulement que nous perdions notre temps ? discuter cette question. Je vous r?p?te qu'il nous faut nos droits, ou un d?dommagement. Ne vous ?cartez pas de l?, ou je retourne ? mon jeune ami, car ce gar?on- l? m'int?resse, et j'ai envie de le mettre en bon chemin pour faire fortune. Bah! je sais bien ce que vous allez dire, ajouta-t- il bien vite; vous n'avez pas besoin de m'en parler, vous me l'avez d?j? fait entendre. Vous voulez me demander si je ne devrais pas avoir piti? de vous, parce que je suis aveugle. Eh bien! non. Faut-il, parce que je ne vois pas, que vous vous imaginiez que je dois mieux valoir que ceux qui voient? Et de quel droit? Ne semble-t-il pas que la main de Dieu se manifeste plut?t ? me priver de mes yeux qu'? vous laisser les v?tres? Voil? bien votre jargon, ? vous autres! Oh! quelle horreur! c'est un aveugle et il a vol?; ou bien il a menti; ou bien il a filout?. Voyez un peu la belle histoire! Parce qu'il n'a pour vivre que les liards que vous lui jetez dans sa s?bile, le long des rues, il est bien plus coupable que vous qui pouvez voir, travailler, vivre enfin ind?pendants de la charit? d'autrui. Le diable soit de vous! Parce que vous avez vos cinq sens, vous pouvez ?tre aussi vicieux que vous voulez. Parce que nous n'en avons que quatre, et qu'il nous manque le plus pr?cieux de tous, il faut que nous vivions bien moralement de notre infirmit?. Voil? la justice et la charit? du riche pour le pauvre, comme on l'entend par tout le monde!>>

Il s'arr?ta l?-dessus un moment, et entendant sonner da l'argent dans la main de la veuve:

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-- Je veux d'abord que vous r?pondiez ? une question. Vous dites qu'il est pr?s d'ici. Est-ce qu'il a quitt? Londres?

-- S'il est pr?s d'ici, la veuve, vous comprenez qu'il faut qu'il ait quitt? Londres.

-- Oui, mais, je veux dire, est-ce pour de bon? Vous savez bien.

-- Oui, ma foi! c'est pour de bon. La v?rit? est que, s'il y ?tait rest? plus longtemps, cela pouvait avoir pour lui des cons?quences d?sagr?ables. C'est la raison qui lui a fait quitter Londres.

-- ?coutez, dit la veuve, faisant sonner des pi?ces de monnaie sur le banc pr?s duquel ils ?taient; comptez.

-- Six, dit l'aveugle en les ?coutant attentivement ? mesure. Comment! pas davantage?

-- C'est l'?pargne de cinq ann?es. Six guin?es.>>

Il prit une des pi?ces dans sa main, la t?ta soigneusement, la mit dans ses dents, la fit sonner sur le banc, et invita la veuve ? continuer.

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-- Six guin?es! dit l'aveugle, secouant la t?te; il est vrai qu'elles sont de poids et de bon aloi, mais ce n'est pas les vingt guin?es que je vous demande, la veuve; nous sommes loin de compte.

-- Vous savez bien que, pour une somme pareille, il faut que j'?crive loin d'ici. Envoyer une lettre, recevoir la r?ponse tout cela demande du temps.

-- Deux jours, peut-?tre? dit Stagg.

-- Davantage.

-- Quatre jours?

-- Huit jours. Revenez d'aujourd'hui en huit, ? la m?me heure; mais pas ici: vous m'attendrez au coin de la ruelle.

-- Et par cons?quent, dit l'aveugle d'un air rus?, je suis s?r de vous retrouver encore ici?

-- O? voulez-vous que j'aille chercher un asile ailleurs? N'?tes- vous pas encore content, apr?s m'avoir r?duite ? la mendicit? et m'avoir d?pouill?e du petit tr?sor si ch?rement amass?, que je sacrifie, en ce moment, pour pouvoir au moins rester chez moi?

-- Hum! dit l'aveugle apr?s quelques moments de r?flexion: mettez- moi la face tourn?e du c?t? que vous dites, et juste dans le chemin. Suis-je bien l??

-- Vous y ?tes.

-- Eh bien! d'aujourd'hui en huit au coucher du soleil. N'oubliez pas le gar?on qui est l? dedans. Quant ? pr?sent, bonsoir!>>

Elle ne lui fit pas de r?ponse, et il n'en attendait pas. Il s'en alla lentement, retournant de temps en temps la t?te, et s'arr?tant pour ?couter, comme s'il ?tait curieux de savoir s'il n'y avait pas quelqu'un par l? qui l'observ?t. Les ombres de la nuit s'?paississaient rapidement; il fut bient?t perdu dans leur obscurit?. Cependant, ce ne fut qu'apr?s avoir travers? la ruelle, d'un bout ? l'autre, et s'?tre assur?e qu'il ?tait parti, qu'elle rentra dans sa cabane et se d?p?cha de barrer la porte et la fen?tre.

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-- Il est parti.

-- Parti! cria-t-il en sursaut. Je voulais encore lui parler. Par o? est-il all??

-- Je ne sais pas, r?pondit-elle en le prenant ? bras-le-corps. Il ne faut pas sortir ce soir: il y a des revenants et des r?ves dehors.

-- Ah! dit Barnab?, frissonnant tout bas.

-- Il ne fait pas bon ? bouger d'ici ce soir, et demain nous quittons la place.

-- Quelle place? Cette cabane... avec le petit jardin, m?re?

-- Oui, demain matin au lever du soleil. Il nous faut aller ? Londres; t?cher de nous perdre dans cette grande cohue: on nous suivrait ? la trace dans toute autre ville: et puis, apr?s cela, nous nous remettrons en route pour aller chercher quelque nouveau g?te.>>

Il ne fallait pas grands efforts de persuasion pour r?concilier Barnab? avec l'id?e d'un changement. Au premier moment il ?tait fou de joie: le moment d'apr?s il ?tait accabl? de chagrin, en songeant qu'il allait se s?parer de ses amis les chiens. Le moment d'apr?s, il ?tait plus enchant? que jamais; puis il frissonnait ? l'id?e que sa m?re lui avait parl? de revenants pour l'emp?cher de sortir ce soir, et rien n'?galait sa terreur et la singularit? de ses questions. ? la fin, gr?ce ? la mobilit? de ses sentiments, il surmonta sa peur, et se couchant tout habill?, pour ?tre plus t?t pr?t le lendemain, il s'endormit bient?t devant le triste feu de tourbe.

La m?re ne ferma pas l'oeil; elle resta pr?s de lui ? veiller. Chaque souffle de vent qu'elle entendait au dehors retentissait ? ses oreilles comme ce pas redout? qu'elle connaissait si bien ? sa porte, ou comme cette main sc?l?rate pos?e sur le loquet; cette nuit calme de l'?t? fut pour elle une nuit d'horreur. Enfin, Dieu merci! le jour parut. Quand elle eut fini les petits pr?paratifs n?cessaires pour son voyage, et fait ? genoux sa pri?re avec bien des larmes, elle ?veilla Barnab? qui, au premier appel, sauta gaiement sur ses pieds.

Son paquet d'habillements n'?tait pas bien lourd ? porter, et Grip ?tait plut?t un plaisir qu'une g?ne. Au moment o? le soleil darda sur la terre ses premiers rayons, ils ferm?rent la porte de leur maison d?sormais abandonn?e, et partirent. Le ciel ?tait bleu et clair. L'air ?tait frais et charg? de doux parfums. Barnab?, les yeux en l'air, riait ? gorge d?ploy?e.

Mais, comme c'?tait un des jours qu'il avait l'habitude de consacrer ? ses grandes excursions, un des chiens, le plus laid de tous, vint d'un bond ? ses pieds et se mit ? sauter autour de lui en signe de joie. Quand il fallut faire la grosse voix pour le faire retourner chez lui, cela co?ta beaucoup ? Barnab?. Le chien battit en retraite, reculant d'un air moiti? incr?dule, moiti? suppliant; puis, apr?s avoir recul? quelques pas, il s'arr?ta.

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