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Munafa ebook

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Read Ebook: Barnabé Rudge Tome II by Dickens Charles Bonnomet M Translator

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Ebook has 1918 lines and 133070 words, and 39 pages

Mais, comme c'?tait un des jours qu'il avait l'habitude de consacrer ? ses grandes excursions, un des chiens, le plus laid de tous, vint d'un bond ? ses pieds et se mit ? sauter autour de lui en signe de joie. Quand il fallut faire la grosse voix pour le faire retourner chez lui, cela co?ta beaucoup ? Barnab?. Le chien battit en retraite, reculant d'un air moiti? incr?dule, moiti? suppliant; puis, apr?s avoir recul? quelques pas, il s'arr?ta.

C'?tait le dernier appel d'un vieux camarade, d'un ami fid?le... repouss? d?sormais. Barnab? ne put supporter cette id?e, et, quand il fit de la main, en secouant sa t?te, ? son compagnon de plaisir et de promenade, le dernier signe d'adieu pour le renvoyer chez lui, il ?clata en un torrent de larmes.

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Il n'?tait pas le seul ? penser au logis; elle-m?me, on voyait bien ? ses yeux noy?s dans les pleurs, qu'elle ne pouvait pas l'oublier; d'ailleurs elle ne l'aurait pas voulu, ni pour lui, ni pour elle, quand on lui aurait donn? tout l'or du monde.

Dans le catalogue des gr?ces in?puisables que le ciel a faites ? l'homme, celle qui doit occuper la premi?re place, c'est, sans contredit, la facult? que nous avons de trouver quelques germes de consolation dans nos plus rudes ?preuves: et ce n'est pas seulement parce qu'elle nous ranime et nous soutient quand nous avons le plus besoin de secours; mais c'est aussi parce que, dans cette source de consolations, il y a quelque chose, ? ce que nous pouvons croire, qui ?mane de l'esprit divin; quelque chose de cette bont? supr?me qui d?m?le au milieu de nos fautes une qualit? qui les rach?te, quelque chose que, m?me dans notre chute, nous partageons avec les anges; qui remonte au bon vieux temps o? ils parcouraient la terre, et que, en partant, ils ont laiss?e derri?re eux, par piti? pour nous.

Que de fois, pendant leur voyage, la veuve se rappela, d'un coeur reconnaissant, que, si Barnab? ?tait si gai et si aimant, il le devait surtout ? l'infirmit? de son esprit! Que de fois elle se r?p?tait que, sans cela, il aurait ?t? triste, morose, dur, ?loign? d'elle, qui sait? m?chant et cruel, peut-?tre! Que de fois elle trouva une consolation dans la force de son fils, une esp?rance dans la simplicit? de sa nature! Le monde ?tait pour lui un monde de bonheur. Il n'y avait pas un arbre, une plante, une fleur, un oiseau, une b?te, un faible insecte d?pos? sur l'herbe par le souffle de la brise d'?t?, qui ne f?t un plaisir pour lui; et le plaisir de son fils ?tait aussi le sien. Dans les conditions de sa vie, que de fils plus sens?s auraient ?t? pour elle un sujet de chagrin, pendant que ce pauvre idiot, avec la faiblesse de son esprit, remplissait le coeur de sa m?re d'un sentiment de reconnaissance et d'amour! Leur bourse ?tait bien l?g?re: mais la veuve avait retenu pour elle une guin?e du petit tr?sor qu'elle avait compt? dans la main de l'aveugle; avec quelques pence qu'elle avait ramass?s d'ailleurs, cela valait, pour leurs habitudes frugales, une bonne somme ? la banque. Ils avaient, de plus, Grip avec eux; et souvent, quand il aurait fallu changer la guin?e, ils n'avaient qu'? lui faire donner une repr?sentation ? la porte de quelque cabaret, ou sur la place d'un village, ou devant quelque maison de campagne, pour obtenir du caquet amusant de l'oiseau quelque secours, qu'ils n'auraient pas obtenu de la charit? des gens.

Un jour, car ils avan?aient lentement, et, malgr? les carrioles et les charrettes o? on voulait bien les recevoir quelquefois un bout de chemin, ils furent pr?s d'une semaine en voyage, Barnab?, le corbeau sur l'?paule, et marchant devant sa m?re, demanda la permission au concierge d'aller seulement jusqu'? un ch?teau sur la route, au bout de l'avenue, pour montrer son oiseau. Le brave concierge avait bonne envie de lui en accorder la permission, et s'y disposait sans doute, quand un gros gentleman, un fouet de chasse ? la main, et la figure anim?e comme s'il avait bu un bon coup le matin, vint ? cheval ? la grille, en jurant et temp?tant plus qu'il n'?tait n?cessaire pour se la faire ouvrir ? l'instant.

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La veuve r?pondit, avec une humble r?v?rence, qu'ils ?taient de pauvres voyageurs.

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Elle, d'un ton timide, en le voyant rouge de fureur et en entendant sa grosse voix, le pria de ne pas se f?cher, car ils ne faisaient pas de mal et allaient se remettre en route sur-le- champ.

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-- Grip, Grip, Grip, Grip le malin, Grip le savant, Grip l'habile homme, Grip, Grip, Grip, cria le corbeau, que Barnab? s'?tait empress? de renfermer ? l'approche du monsieur en col?re. Je suis un d?mon, je suis un d?mon. N'aie pas peur, mon gar?on. Hourra! coa, coa, coa. Polly, mets sur le feu la bouilloire, nous allons prendre le th?.

-- Sors-moi cette vermine, dr?le, dit le gentleman, que je la voie.>>

Barnab?, sur une invitation si gracieuse, prit son oiseau avec crainte et tremblement, et le posa ? terre. Grip ne se sentit pas plut?t libre qu'il d?boucha au moins cinquante bouteilles ? la file et se mit ? danser, regardant en m?me temps le gentleman avec une insolence sans pareille, et tournant de c?t? sa t?te en spirale, comme s'il avait jur? de la d?mancher.

Les glouglous du bouchon parurent faire plus d'impression sur l'esprit du gentleman que le babil de l'oiseau, sans doute parce qu'ils r?pondaient mieux ? ses habitudes et ? ses go?ts. Il voulut lui faire r?p?ter cet exercice; mais, malgr? ses ordres p?remptoires et les cajoleries de Barnab?, Grip resta sourd ? la requ?te et garda un morne silence.

<> dit le gentleman en montrant du doigt le ch?teau. Mais Grip, qui ne s'endormait pas, s'?tait dout? de la chose, et se mit ? sauter devant eux, ?chappant ? la poursuite de son ma?tre; il battait des ailes et criait en courant: <> afin d'annoncer ? la cuisini?re qu'il arrivait de la compagnie, pour laquelle elle ferait bien de pr?parer une petite collation.

Barnab? et sa m?re, chacun de leur c?t?, accompagnaient le gentleman qui, du haut de son cheval, les regardait, de temps en temps, d'un oeil fier et farouche, vocif?rant par-ci par-l? quelque question dont Barnab? trouvait le ton si s?v?re que, dans son trouble, il n'y faisait point de r?ponse. Ce fut dans une occasion de ce genre que, voyant le gentleman dispos? ? le ch?tier ? coups de fouet, la veuve prit la libert? de l'informer ? voix basse, et la larme ? l'oeil, que son fils ?tait imb?cile.

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-- La m?re sait ?a, dit timidement Barnab?. Moi je crois que je l'ai toujours ?t?.

-- C'est de naissance, dit la veuve.

-- Je ne crois pas ?a, dit le gentleman, je n'en crois pas un mot. C'est une excuse pour faire le paresseux. Il n'y a rien de bon comme le fouet pour gu?rir ?a tout de suite. Je vous r?ponds qu'il ne me faudrait pas dix minutes pour lui faire passer cette maladie-l?.

-- Le ciel y a mis vingt-deux ans d?j?, monsieur, sans y r?ussir, dit la veuve avec douceur.

-- Alors, pourquoi ne le faites-vous pas enfermer? Nous payons pourtant assez cher en province pour ces institutions-l?, que Dieu confonde! Mais c'est que vous aimez mieux le promener pour demander l'aum?ne, comme de raison. Oh! je vous connais bien.>>

Or, ce gentleman avait plusieurs petits surnoms d'amiti? dans ses connaissances. Les uns l'appelaient <> d'autres <> d'autres <> d'autres <>, d'autres <> mais tous ils s'accordaient en un point: c'est que c'?tait bien dommage qu'il n'y en e?t pas beaucoup comme lui, et que c'?tait l? ce qui faisait que le pays marchait tous les jours ? sa ruine. Il ?tait juge de paix: il savait ? peine ?crire son nom lisiblement; mais il avait des qualit?s de premier ordre. D'abord, il ?tait tr?s s?v?re pour les braconniers; ensuite il n'y avait pas de meilleur tireur, de cavalier plus intr?pide; nul n'avait de meilleurs chevaux, de meilleurs chiens; il mangeait de la viande, il buvait du vin comme personne; il n'y avait pas, dans tout le comt?, un homme comme lui pour se coucher tous les soirs plus avin?, sans qu'il y par?t le lendemain matin. Il se connaissait en b?tes chevalines aussi bien qu'un v?t?rinaire; il avait des connaissances en ?curie, qui faisaient honte ? son premier cocher. Il n'avait pas un porc dans ses ?tables qui p?t se vanter d'?tre aussi glouton que son ma?tre. Il n'avait pas un si?ge au Parlement en personne, mais il ?tait extr?mement patriote, et menait ses gens au vote haut la main. C'?tait un des plus chauds partisans de l'?glise et de l'?tat, et il n'aurait pas, au grand jamais, donn? un b?n?fice de son ressort ? un cur? qui n'aurait pas justifi? de boire ses trois bouteilles ? son repas, et de chasser le renard dans la perfection. Il n'avait aucune confiance dans l'honn?tet? des pauvres gens qui avaient le malheur de savoir lire et ?crire, et, dans le fond de l'?me, il n'avait pas encore pardonn? ? sa femme d'en savoir l?- dessus plus long que lui. Bien entendu qu'il avait ?pous? cette dame pour cette bonne raison que ses amis appelaient <> ? savoir que les deux propri?t?s se touchaient. Bref, si nous appelons Barnab? un idiot et Grip une cr?ature de pur instinct animal, je ne sais plus trop comment qualifier notre gentilhomme.

Il poussa jusqu'? la porte d'une belle habitation o? l'on montait par un perron; au bas des marches se tenait un domestique pour prendre le cheval. Puis il les conduisit dans un grand vestibule qui, tout spacieux qu'il ?tait, sentait encore les orgies de la veille. Des manteaux de cheval, des cravaches, des brides, des bottes ? revers, des ?perons, etc., ?taient ?pars de tous c?t?s et composaient, avec quelques grands andouillets et des portraits de chevaux et de chiens, le principal embellissement de la pi?ce.

Il se jeta dans un grand fauteuil, qui, par parenth?se, lui servait souvent ? ronfler, la nuit, quand il se trouvait que, ces jours-l?, il avait ?t?, selon ses admirateurs, plus beau gentilhomme campagnard encore que de coutume; et il donna l'ordre au valet de dire ? sa ma?tresse de descendre; et aussit?t on vit, un peu agit?e, ? ce qu'il semblait, par cet appel inaccoutum?, para?tre une dame beaucoup plus jeune que lui, qui n'avait pas l'air d'?tre bien forte de sant?, ni bien heureuse.

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La dame sourit, s'assit ? quelque distance de lui, et jeta sur Barnab? un regard de commis?ration.

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-- Est-ce que vous ?tes sa m?re? demanda la dame.

-- Oui, madame.

-- Qu'est-ce que vous avez besoin de lui demander ?a? dit le gentleman en fourrant ses mains dans ses goussets; vous savez bien qu'elle ne dira pas non. Il est probable que c'est un imb?cile qu'elle aura lou? ? tant par jour. L?! voyons! faites-lui faire quelque chose.>>

Cependant Grip avait retrouv? sa civilit?: il voulut bien condescendre, ? la pri?re de Barnab?, ? r?p?ter son vocabulaire et ? ex?cuter toutes ses gentillesses avec le plus grand succ?s. Le tire-bouchon, glou et l'encouragement ordinaire: <> amus?rent si bien le gentleman, qu'il demanda bis pour cette partie du r?le: mais Grip rentra dans son panier, et finit par refuser d?cid?ment d'ajouter un mot de plus. La dame aussi prit beaucoup de plaisir ? l'entendre; mais rien ne divertit son mari comme l'obstination de l'animal dans son refus: il en poussa des ?clats de rire ? faire trembler la maison, et demanda combien il valait.

Barnab? eut l'air de ne pas comprendre la question, et probablement il ne la comprenait pas.

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-- Il n'est pas ? vendre, r?pondit Barnab?, se d?p?chant de fermer le panier et d'en passer la courroie dans son col. M?re, allons- nous-en!

-- Voyez-vous comme c'est un idiot, madame la savante? dit le gentleman, jetant ? sa femme un regard m?prisant. Il n'est d?j? pas si b?te pour faire valoir sa marchandise. Et vous, la vieille, voyons! Qu'est-ce que vous en voulez?

-- C'est le fid?le camarade de mon fils, dit la veuve; il n'est pas ? vendre, monsieur, je vous assure.

-- Pas ? vendre! cria le gentleman, dix fois plus rouge, plus enrou?, plus tapageur que jamais; pas ? vendre!

-- Je vous assure que non, r?pondit-elle. Nous n'avons jamais eu l'id?e de nous en s?parer, monsieur; c'est la v?rit? pure.>>

Il allait ?videmment faire quelque r?plique violente, lorsque, ayant attrap? au passage quelques mots prononc?s tout bas par sa femme, il se tourna vivement vers elle pour lui dire: <

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