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Read Ebook: Mistress Branican by Verne Jules
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 2062 lines and 104207 words, and 42 pagesmanquera jamais!>> ajouta Len Burker. Mais il dit cela de ce ton froid, positif, d?plaisant, dont il ne pouvait se d?faire. < -- Aussi, r?pondit Len Burker, notre intention est-elle de la ramener ? Prospect-House et d'y demeurer avec elle. Ce chalet lui est familier, et la vue des objets auxquels elle ?tait habitu?e pourra exercer une influence salutaire sur son esprit. L?, elle sera ? l'abri des importunit?s... La campagne est ? sa porte... Jane lui fera faire quelques promenades dans les environs qu'elle conna?t, qu'elle parcourait avec son petit enfant... Ce que je propose, John ne l'approuverait-il pas, s'il ?tait l??... Et que pensera-t-il ? son retour, s'il trouve sa femme dans une maison de sant?, confi?e ? des mains mercenaires?... Monsieur Andrew, il ne faut rien n?gliger de ce qui serait de nature ? exercer quelque influence sur l'esprit de notre malheureuse parente.>> Cette r?ponse ?tait ?videmment dict?e par de bons sentiments. Mais pourquoi les paroles de cet homme semblaient-elles toujours ne pouvoir inspirer de la confiance? Quoi qu'il en f?t, sa proposition, dans les conditions o? il la pr?sentait, m?ritait d'?tre accept?e, et M. William Andrew ne put que l'en remercier, en ajoutant que le capitaine John lui en aurait une profonde reconnaissance. Le 27 avril, Mrs. Branican fut transport?e ? Prospect-House, o? Jane et Len Burker vinrent, d?s le soir, s'installer. Cette d?termination re?ut l'approbation g?n?rale. On devine ? quel mobile ob?issait Len Burker. Le jour m?me de la catastrophe, il avait eu, on ne l'a point oubli?, l'intention d'entretenir Dolly d'une certaine affaire. Cette affaire consistait pr?cis?ment en une certaine somme d'argent qu'il se proposait de lui emprunter. Mais, depuis cette ?poque, la situation avait chang?. Il ?tait probable que Len Burker serait charg? des int?r?ts de sa parente, peut-?tre en qualit? de tuteur, et, dans ces fonctions, il se procurerait des ressources, illicites sans doute, mais qui lui permettraient de gagner du temps. C'?tait bien ce qu'avait pressenti Jane, et, si elle ?tait heureuse de pouvoir se consacrer tout enti?re ? sa Dolly, elle tremblait en soup?onnant les projets que son mari allait poursuivre sous le couvert d'un sentiment d'humanit?. L'existence fut donc organis?e en ces conditions nouvelles ? Prospect-House. On installa Dolly dans cette chambre, d'o? elle n'?tait sortie que pour courir au-devant d'un ?pouvantable malheur. Ce n'?tait plus la m?re qui y rentrait, c'?tait un ?tre priv? de raison. Ce chalet si aim?, ce salon, o? quelques photographies conservaient le souvenir de l'absent, ce jardin o? tous deux avaient v?cu de si heureux jours, ne lui rappel?rent rien de l'existence pass?e. Jane occupait la chambre contigu? ? celle de Mrs. Branican, et Len Burker avait fait la sienne de la salle du rez-de-chauss?e, qui servait de cabinet au capitaine John. ? partir de ce jour, Len Burker reprit ses occupations habituelles. Chaque matin, il descendait ? San-Di?go, ? son office de Fleet Street, o? se continuait son train d'affaires. Mais ce qu'on aurait pu observer, c'est qu'il ne manquait jamais de revenir chaque soir ? Prospect-House, et bient?t il ne fit plus que de courtes absences en dehors de la ville. Il va sans dire que la mul?tresse avait suivi son ma?tre dans sa nouvelle demeure, o? elle serait ce qu'elle avait ?t? partout et toujours, une cr?ature sur le d?vouement de laquelle il pouvait absolument compter. La nourrice du petit Wat avait ?t? cong?di?e, bien qu'elle e?t offert de se consacrer au service de Mrs. Branican. Quant ? la servante, elle ?tait provisoirement conserv?e au chalet pour les besoins auxquels N? seule n'aurait gu?re pu suffire. Il entrait, sans doute, dans les intentions de Len Burker que les soins de Jane parussent suffisants ? ceux qui s'int?ressaient ? la situation de Mrs. Branican. M. William Andrew dut m?me reconna?tre que la pauvre femme ne pouvait ?tre en de meilleures mains. Au cours de ses visites, il observait surtout si l'?tat de Dolly avait quelque tendance ? s'am?liorer. Il voulait encore esp?rer que la premi?re d?p?che, adress?e au capitaine John ? Singapore ou aux Indes, ne lui annoncerait pas un double malheur, son enfant mort... sa femme... N'?tait-ce pas comme si elle f?t morte, elle aussi! Eh bien, non! Il ne pouvait croire que Dolly, dans la force de la jeunesse, dont l'esprit ?tait si ?lev?, le caract?re si ?nergique, e?t ?t? irr?m?diablement frapp?e dans son intelligence! N'?tait-ce pas seulement un feu cach? sous les cendres?... Quelque ?tincelle ne le rallumerait-il pas un jour?... Et pourtant, cinq semaines s'?taient d?j? ?coul?es, et aucun ?clair de raison n'avait dissip? les t?n?bres. Devant une folie calme, r?serv?e, languissante, que ne troublait aucune surexcitation physiologique, les m?decins ne semblaient point garder le plus l?ger espoir, et ils ne tard?rent pas ? cesser leurs visites. Bient?t m?me, M. William Andrew, d?sesp?rant une gu?rison, ne vint que plus rarement ? Prospect-House, tant il lui ?tait p?nible de se trouver devant cette infortun?e, si indiff?rente, et si inconsciente ? la fois. Lorsque Len Burker ?tait oblig?, pour un motif ou un autre, de passer une journ?e au dehors, la mul?tresse avait ordre de surveiller de tr?s pr?s Mrs. Branican. Sans chercher ? g?ner en rien les soins de Jane, elle ne la laissait presque jamais seule avec Dolly, et rapportait fid?lement ? son ma?tre tout ce qu'elle avait remarqu? dans l'?tat de la malade. Elle s'ing?niait ? ?conduire les quelques personnes qui venaient encore prendre des nouvelles au chalet. C'?tait contraire aux recommandations des m?decins, disait-elle... Il fallait un calme absolu... Ces d?rangements pouvaient provoquer des crises... Et Mrs. Burker elle-m?me donnait raison ? N?, quand elle ?loignait les visiteurs comme des importuns, qui n'avaient que faire ? Prospect-House. Aussi l'isolement se faisait-il autour de Mrs. Branican. < Pendant la troisi?me semaine de mai, Jane voulut essayer de quelques promenades aux alentours du chalet, pensant que sa cousine en ?prouverait un peu de bien. Len Burker ne s'y opposa point, mais ? la condition que N? accompagnerait Dolly et sa femme. Ce n'?tait que prudent d'ailleurs. La marche, le grand air, pouvaient d?terminer un trouble chez Dolly, peut-?tre faire na?tre dans son esprit l'id?e de s'enfuir, et Jane n'aurait pas eu la force de la retenir. On doit tout craindre d'une folle, qui peut m?me ?tre pouss?e ? se d?truire... Il ne fallait pas s'exposer ? un autre malheur. Un jour, Mrs. Branican sortit donc appuy?e au bras de Jane. Elle se laissait conduire comme un ?tre passif, allant o? on la menait, sans prendre int?r?t ? rien. Au d?but de ces promenades, il ne se produisit aucun incident. Toutefois, la mul?tresse ne tarda pas ? observer que le caract?re de Dolly montrait une certaine tendance ? se modifier. ? son calme habituel succ?dait une visible exaltation, qui pouvait avoir des cons?quences f?cheuses. ? plusieurs reprises, la vue des petits enfants qu'elle rencontrait, provoqua chez elle une crise nerveuse. ?tait-ce au souvenir de celui qu'elle avait perdu qu'elle se rattachait?... Wat revenait-il ? sa pens?e?... Quoi qu'il en soit, en admettant qu'il e?t fallu voir l? un sympt?me favorable, il s'en suivait une agitation c?r?brale, qui ?tait de nature ? aggraver le mal. Certain jour, Mrs. Burker et la mul?tresse avaient amen? la malade sur les hauteurs de Knob-Hill. Dolly s'?tait assise, tourn?e vers l'horizon de la mer, mais il semblait que son esprit f?t vide de pens?es, comme ses yeux ?taient vides de regards. Soudain sa figure s'anime, un tressaillement l'agite, son oeil s'empreint d'un ?clat singulier, et, d'une main tremblante, elle montre un point qui brillait au large. < C'?tait une voile, nettement d?tach?e sur le ciel, et dont un rayon de soleil accusait la blancheur lumineuse. < Et sa voix profond?ment alt?r?e, ne semblait plus appartenir ? une cr?ature humaine. Tandis que Jane la regardait avec ?pouvante, la m?latresse secouait la t?te en signe de m?contentement. Elle s'empressa de saisir le bras de Dolly, r?p?ta ce mot: < Dolly ne l'entendait m?me pas. < Et elle cherchait ? l'entra?ner, ? d?tourner ses regards de la voile qui se d?pla?ait ? l'horizon. Dolly r?sista. < Et elle repoussa la mul?tresse avec une force dont on ne l'e?t pas crue capable. Mrs. Burker et N? se sentirent tr?s inqui?tes. Elles pouvaient craindre que Dolly leur ?chapp?t, qu'irr?sistiblement attir?e par cette troublante vision, o? dominait le souvenir de John, elle voul?t descendre les pentes de Knob-Hill et se pr?cipiter vers la mer. Mais, subitement, cette surexcitation tomba. Le soleil venait de dispara?tre derri?re un nuage, et la voile n'apparaissait plus ? la surface de l'Oc?an. Dolly redevenue inerte, le bras retomb?, le regard ?teint, n'avait plus conscience de la situation. Les sanglots qui soulevaient convulsivement sa poitrine avaient cess?, comme si la vie se f?t retir?e d'elle. Alors Jane lui prit la main; elle se laissa emmener sans r?sistance et rentra tranquillement ? Prospect-House. ? partir de ce jour, Len Burker d?cida que Dolly ne se prom?nerait plus que dans l'enclos du chalet, et Jane dut se conformer ? cette injonction. Lorsque Len Burker eut pris connaissance de cette d?p?che que M. William Andrew jugea convenable de lui communiquer, il l'approuva, tout en exprimant sa crainte que le retour de John f?t impuissant ? produire un ?branlement moral dont on p?t esp?rer quelque salutaire effet. Mais Jane se rattacha ? cet espoir, que la vue de John pourrait rendre la raison ? Dolly, et Len Burker promit de lui ?crire dans ce sens, afin qu'il ne retard?t pas son d?part pour San-Di?go -- promesse qu'il ne tint pas, d'ailleurs. Pendant les semaines qui suivirent, aucun changement ne se produisit dans l'?tat de Mrs. Branican. Si la vie physique n'?tait nullement troubl?e en elle, et bien que la sant? ne laiss?t rien ? d?sirer, l'alt?ration de sa physionomie n'?tait que trop visible. Ce n'?tait plus cette femme qui n'avait pas encore atteint sa vingt et uni?me ann?e, avec ses traits plus accus?s, son teint dont la coloration si chaude avait p?li, comme si le feu de l'?me se f?t ?teint en elle. D'ailleurs il ?tait rare qu'on p?t l'apercevoir, ? moins que ce f?t dans le jardin du chalet, assise sur quelque banc, ou se promenant aupr?s de Jane, qui la soignait avec un d?vouement infatigable. Cette r?ponse arriva deux jours apr?s. Quant ? Jane, sa figure p?le, ses yeux rougis par les larmes, sa physionomie profond?ment abattue, disaient qu'elle devait passer de nouveau par de terribles ?preuves. Ce fut vers cette ?poque qu'un changement se produisit dans le personnel du chalet. Sans motif apparent, Len Burker renvoya la servante, qui avait ?t? gard?e jusqu'alors, et dont le service cependant ne donnait lieu ? aucune plainte. Fin d'une triste ann?e Cette suite de catastrophes, dont la famille Branican venait d'?tre victime, faisait ? Len Burker une situation sur laquelle il est n?cessaire d'appeler l'attention. On ne l'a point oubli?, si la position p?cuniaire de Mrs. Branican ?tait fort modeste, celle-ci devait ?tre l'unique h?riti?re de son oncle, le riche Edward Starter. Toujours retir? dans son vaste domaine forestier, rel?gu? pour ainsi dire dans la partie la plus inabordable de l'?tat de Tennessee, cet original s'?tait interdit de jamais donner de ses nouvelles. Comme il n'avait gu?re que cinquante-neuf ans, sa fortune pouvait se faire longtemps attendre. Peut-?tre m?me e?t-il modifi? ses dispositions, s'il avait appris que Mrs. Branican, la seule parente directe qui lui rest?t de toute sa famille, avait ?t? frapp?e d'ali?nation mentale depuis la mort de son enfant. Mais il l'ignorait, ce double malheur; il n'aurait d'ailleurs pu l'apprendre, s'?tant constamment refus? ? recevoir des lettres comme ? en ?crire. Len Burker aurait pu, il est vrai, enfreindre cette d?fense, ? raison des changements survenus dans l'existence de Dolly, et Jane lui avait laiss? entendre que son devoir exigeait qu'il avis?t Edward Starter; mais il lui avait impos? silence, et s'?tait bien gard? de suivre ce conseil. C'est que son int?r?t lui commandait de s'abstenir, et, entre son int?r?t et son devoir, il n'?tait pas homme ? h?siter, f?t-ce un instant. Ses affaires prenaient chaque jour une tournure trop inqui?tante pour qu'il voul?t sacrifier cette derni?re chance de fortune. En effet, la situation ?tait tr?s simple: si Mrs. Branican mourait sans enfants, sa cousine Jane, unique parente qui e?t qualit? pour h?riter d'elle, b?n?ficierait de son h?ritage. Or, depuis la mort du petit Wat, Len Burker avait certainement vu s'accro?tre les droits de sa femme ? l'h?ritage d'Edward Starter, c'est-?-dire les siens. Et, en r?alit?, les ?v?nements ne s'accordaient-ils pas pour lui procurer cette ?norme fortune? Non seulement l'enfant ?tait mort, non seulement Dolly ?tait folle, mais, d'apr?s l'avis des m?decins, il n'y avait que le retour du capitaine John qui p?t modifier son ?tat mental. Tel ?tait le cas de Len Burker, tel ?tait l'avenir qu'il entrevoyait, et cela au moment o? il se sentait r?duit aux supr?mes exp?dients. En effet, si la justice intervenait dans ses affaires, il aurait ? r?pondre d'abus de confiance caract?ris?s. Une partie des fonds qui lui avaient ?t? confi?s par des imprudents, ou qu'il avait attir?s en usant de manoeuvres ind?licates, n'?tait plus dans sa caisse. Les r?clamations finiraient par se produire, bien qu'il employ?t l'argent des uns ? d?sint?resser les autres. Il y avait l? un ?tat de choses qui ne pouvait durer. La ruine approchait, plus que la ruine, le d?shonneur, et ce qui touchait bien autrement un tel homme, son arrestation sous les inculpations les plus graves. Mrs. Burker soup?onnait sans doute que la situation de son mari ?tait extr?mement menac?e, mais n'en ?tait pas ? croire qu'elle p?t se d?nouer par l'intervention de la justice. Au surplus, la g?ne n'?tait pas encore tr?s sensible dans le chalet de Prospect- House. Voici pour quelle raison. Depuis que Dolly avait ?t? frapp?e d'ali?nation mentale, en l'absence de son mari, il y avait eu lieu de lui nommer un tuteur. Len Burker s'?tait trouv? tout d?sign? pour cette fonction en raison de sa parent? avec Mrs. Branican, et il avait par le fait l'administration de sa fortune. L'argent que le capitaine John avait laiss? en partant pour subvenir aux besoins du m?nage ?tant ? sa disposition, il en avait us? pour ses n?cessit?s personnelles. Add to tbrJar First Page Next Page |
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