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Read Ebook: Les parisiennes de Paris by Banville Th Odore Faullain De
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 1033 lines and 90954 words, and 21 pagesLorsqu'il n'y a plus de ressource ni de spectre de ressource, ni de vain espoir d'une ressource chim?rique; Que tout est fini; Lorsqu'il n'y a plus ni le protecteur, ni le < Lorsqu'on a ?puis? les cent francs et les louis, et les dix francs, et les cinq francs et les quarante sous; Quand on a emprunt? vingt sous ? la femme de m?nage, et dix sous ? la porti?re, et deux sous ? la laiti?re; Quand on a vendu la derni?re chemise ? la derni?re marchande ? la toilette, et le dernier mouchoir de coton ? la derni?re revendeuse borgne; Quand on a emprunt? un bouillon ? la voisine sous pr?texte que son pot-au-feu avait bonne mine, et que, depuis ce bouillon aval?, on est rest?e un jour et demi sans manger; Lorsqu'il n'y a plus qu'? mourir; Alors, Elle trouve de l'argent! elle en trouve pour payer le propri?taire, pour ravoir les diamants et pour acheter du jambon de Bayonne. Par quel proc?d?? par quelle intrigue? par quels abominables mal?fices? M. de Humboldt, qui sait tout, ne devinerait assur?ment pas cela; mais quand on a vu Th?r?se partir en chasse avec l'oeil bouillant de courroux, Th?r?se agitant, comme une menace et comme un d?fi, le cabas de paille qu'elle emporte toujours vide et qu'elle rapporte toujours plein, on peut juger qu'elle ne s'en va pas ? des combats pour rire! A-t-elle un charme pour magn?tiser les pi?ces d'or comme on a cru que les serpents magn?tisaient les oiseaux, ou bien, comme l'aurait pens? Th?odore Hoffmann, est-ce le diable lui-m?me qui les lui donne dans quelque bouge obscur, rue de la Limace? A la voix de Th?r?se, le boulanger, le boucher et l'?picier sont rentr?s dans le devoir; des meubles de palissandre, des robes de soie et une vaisselle neuve ont paru par enchantement; mais la courtisane a un ma?tre, comme si elle avait sign? un pacte avec son sang. Elle n'a plus le droit de vouloir ni de penser, ni de r?ver. Cruelles amours, et vous caprices divins, fermez vos ailes! il faut ob?ir ? Th?r?se. Cette Marco ?chevel?e qui menait hier la gentry ? coups de cravache, aujourd'hui, voyez-la au balcon des Italiens! Avant de r?pondre a un regard ardent, elle l?ve timidement les yeux vers Th?r?se pour savoir si Th?r?se lui permet d'?tre touch?e et de sentir br?ler ses veines. Un soir elle s'est ?chapp?e; la voil? ? demi couch?e sur un lit de repos; ? c?t? d'elle, sur un gu?ridon, le vin du Rhin, vers? dans les verres couleur d'?meraude, attire les rayons d'une lampe discr?te. A ses pieds, un enfant, beau comme l'Amour, la supplie tout en larmes, et elle lui abandonne ses mains moites et tremblantes. Mais tout ? coup minuit sonne; elle se l?ve comme pouss?e par un ressort; elle s'?crie avec consternation: < Apr?s mille pri?res, apr?s avoir ?puis? tous les moyens de la retenir, le jeune homme lui dit enfin:--< --< Comme si ce nom devait r?pondre ? tout, et, en effet, il r?pond ? tout. On sait qu'? la suite de ses folles amours avec un aventurier espagnol, la plus grande cantatrice de l'Europe, cette Luigia qu'on paye quatre mille francs par soir?e, avait vu sa fortune presque d?truite. Avant de partir pour l'Am?rique, pendant les deux derniers mois qu'elle passa ? Londres et ? Paris, il lui fallut prendre la bonne des grandes occasions, l'immortelle Th?r?se. Entour?e d'amis fid?les qui l'avaient accompagn?e jusqu'au navire sur lequel elle s'embarquait pour la conqu?te de la Toison-d'Or, la bonne et joyeuse artiste riait tr?s-gaiement de ses m?saventures. Mais ? une pens?e soudaine, un nuage passa sur ses yeux, et elle fit l'adorable petite moue que nous aimons tant. --< Deux jours apr?s le d?part de Luigia, un de ceux qui ?taient venus lui serrer une derni?re fois la main, rencontrait ? Paris, sur le boulevard du Temple, la grisette Mousseline, cette violette du printemps. Deux ?tres sont li?s l'un ? l'autre par la fatalit? bizarre de leur existence, le jeune F..., qui a accept? ? Paris la succession de don Juan, et Th?r?se. Depuis dix ans, sans se donner rendez-vous, ils vivent sous le m?me toit, chez des femmes diverses! Chaque fois qu'ils se rencontrent dans une maison nouvelle, leur regard dit comme au bagne: < Th?r?se a sur les hommes et les choses des appr?ciations ? r?veiller un mort. Vous nommez devant elle un de ces personnages dont la haute position et le g?nie incontest? tiennent l'Europe en ?veil. --< L'ING?NUE DE TH??TRE --?M?RANCE-- >>Mon cher tr?sor, >>Donc, c'est convenu, ? Bourges comme partout, tu es envi?e, f?t?e, applaudie, et, ce qui vaut mieux, aim?e, et, ce qui vaut mieux, heureuse! Rapporte-nous des tombereaux de fleurs et surtout beaucoup d'argent, et m?me, si tu veux, des souvenirs. Mais, ? Jacqueline fortun?e entre toutes les com?diennes, est-ce que tu as le temps d'avoir des souvenirs, toi d?esse et reine de l'heure pr?sente, toujours occup?e ? presser dans le cristal de ta coupe quelque grappe fra?chement cueillie! >>D'ailleurs, ce n'est pas de toi, mais de moi que je veux te parler aujourd'hui. Je t'?crirai une lettre tout ?go?ste, et j'ai besoin de te confier tout, car aussi bien j'?touffe, et je me meurs d'ennui, de d?go?t et de d?sespoir. Oui, ma ch?rie! et, si ?a n'?tait pas trop b?te, je crois que j'irais me jeter ? l'eau comme une grisette; mon ?me est triste jusqu'au suicide et jusqu'au r?chaud de charbon des repasseuses. Ce n'est pas que je sois lasse de vivre, non! mais, tu le sais, toi qui me connais jusque dans la moelle des os, au contraire, je suis lasse de ne pas vivre, de m'agiter dans une ?ternelle fiction et d'?tre riv?e ? un mensonge qui ne finit pas. Oh! Jacqueline, quel sort! >>Ne prends pas le temps de t'?tonner, ?coute-moi bien. Je t'?cris apr?s une rupture, encore! apr?s une rupture l?che, assassine, entour?e d'hypocrisie comme tout ce qui est ma vie. Mon coeur est d?chir? en deux, et personne ne peut me plaindre pour la catastrophe d'un amour que je n'ai avou? ? personne, et que d'ailleurs j'ai bris? moi-m?me. Il y a bien ma m?re qui sait tout; mais, ma m?re!... >>Hein, les po?tes qui se sont plu ? raconter les destin?es ironiques et ? mettre des pleurs dans les yeux de Triboulet, s'ils connaissaient la vie d'une ing?nue de th??tre!... Mais, except? nous deux, qui la conna?trait? Oui, tout saigne en moi, et il faut que je te fasse toucher une ? une toutes mes blessures; je veux te montrer le calice que j'?puise goutte ? goutte, grand Dieu! depuis dix ann?es. < >>Si elle a plus de dix-sept ans, >>Si elle prend un amant, >>Si elle se marie, >>Si elle se montre coiff?e ? la Russe, >>Si ses cheveux brunissent, >>S'il lui vient, comme ? tout le monde, des bras et des ?paules, et le reste; si ses mains s'ach?vent, >>Si on la rencontre dans la rue donnant le bras ? un ami de son p?re , >>Enfin, >>Si elle est soup?onn?e d'en savoir plus qu'Agn?s, >>L'ing?nue n'existe plus, le th??tre n'en veut plus, les auteurs n'en veulent plus, les journaux n'en veulent plus, elle n'a qu'? faire ses malles et ? aller jouer les du?gnes en province! >>Pourtant, j'ai aim?; ce n'est pas avec toi que je ferai la b?gueule! Deux fois, h?las, oui! deux fois d?j? j'ai essay? d'oublier mon enfer dans les illusions de ce r?ve! J'ai connu l'amour, mais non pas comme toi, en avouant fi?rement celui que j'avais choisi et en me glorifiant d'une passion sinc?re. C'est hypocritement, en mentant, en me cachant, que j'ai pr?t? mon coeur sans le donner, avec l'arri?re-pens?e que je tentais une chose impossible. Ces douces confidences, qui s'?changent aux clart?s amies de la nuit et parmi ses ombres silencieuses, c'est le jour que je les ai faites, au grand soleil qui les effare, dans une maison o? j'entrais voil?e, et d'o? je sortais tremblante, masqu?e avec effroi de ma pudeur jou?e et de mon enfance d'emprunt. Et pourtant, chaque fois que j'ai essay? ainsi d'?chapper ? ma solitude j'esp?rais bien que ce serait pour toujours; mais chaque fois il m'a fallu rompre en me laissant juger comme la derni?re des femmes sans coeur, car tu connais notre situation? >>Imagine ce que nous sommes l'une et l'autre, ma m?re et moi, et ce que j'?prouve quand elle me dit comme ? un enfant: < >>Quant ? ma m?re, mon r?le d'ing?nue ? la ville lui imposait l'obligation de me parler toujours s?v?rement, comme ? une petite fille ?lev?e ? la mode anglaise, et elle a pris le sien assez au s?rieux pour me tracasser encore les portes ferm?es, et comme si elle croyait r?ellement ce que tout le monde croit. Ce que je subis de tourments est in?narrable, et moi, dont le pass? cache d?j? tant de regrets, je suis surveill?e et gouvern?e comme si j'avais quatre ans! >>A toi pour la vie, >>?M?RANCE.>> LA MA?TRESSE QUI N'A PAS D'AGE --HENRIETTE DE LYSLE-- En relisant Balzac, et en voyant avec quelle insistance ce grand historien a fait de Paris et de la Province deux mondes absolument divers, aussi diff?rents et aussi ?loign?s l'un de l'autre que Jupiter et la Lune, les provinciaux se frottent aujourd'hui les mains et secouent la t?te en souriant. Regardez bien, ici et l?-bas, dans cette Chine non d?couverte encore et dans cette Ath?nes luxuriante, ville de P?ricl?s et d'Alcibiade, il semble au premier abord que ces hommes-l? et ces hommes-ci se livrent ? une occupation rigoureusement identique. Depuis l'heure o? l'Aurore aux ongles roses fait glisser sur leurs tringles d'or les porti?res de l'Orient, jusqu'? cette heure enchant?e o? la Concepcion Ruiz lance son dernier entrechat et son dernier sourire, tous ces mortels ont l'esprit tendu vers le m?me point. Ils tentent de gagner, d'acqu?rir, de trouver, de mendier, de d?terrer, de d?crocher, de gratter, d'empoigner, d'entasser, d'empiler l'or, l'argent, le cuivre monnoy?, les billets de banque, les bons au porteur, les coupons d'action, les promesses d'action, les coupons de rente, les cr?ances, les titres, les valeurs, les champs de bl?, les arpents de for?ts, les vergers, les jardins, les coteaux de vignes, les droits d'auteur et le laurier d'or, le prix de la copie et le salaire du travail manuel, tout ce qui se vend, tout ce qui se place, tout ce qui s'escompte, tout ce qui se n?gocie et ce qui se monnoie, depuis les millions de l'Usure jusqu'aux quatre sous de la Po?sie lyrique, depuis les baisers de la Torpille, qui valent mille ?cus la pi?ce, jusqu'aux paillettes d'Arlequin, qui se vendent vingt-cinq sous le mille au passage de l'Ancre! Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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