Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps (Tome 6) by Guizot Fran Ois

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 867 lines and 141494 words, and 18 pages

<

<

<

<

<

<>

Les faits ne tard?rent pas ? prouver que j'avais raison de ne pas croire la question ?gyptienne d?finitivement r?solue, et d'attendre encore avant de sortir de la situation que nous avions prise. D?s que la convention conclue le 27 novembre par sir Charles Napier avec le pacha fut connue ? Constantinople, et par l'envoi qu'en fit le commodore ? lord Ponsonby, et par une lettre de M?h?met-Ali lui-m?me au grand vizir, une vive col?re ?clata dans le divan, partag?e et soutenue par lord Ponsonby, qui ?crivit sur-le-champ ? lord Palmerston: <> Reschid-Pacha annon?a le m?me jour, et ? l'ambassadeur turc ? Londres et aux ministres des quatre puissances ? Constantinople, les r?solutions de la Porte: <>

Quelques jours apr?s, le drogman de la France ? Constantinople, M. Cor, homme d'exp?rience et de consid?ration, s'entretenant avec Reschid-Pacha de cette convention, l'engageait ? ne pas confondre la forme et le fond de l'acte: <>

La col?re turque, et surtout la mauvaise humeur hautaine de lord Ponsonby, embarrassaient un peu lord Palmerston, sans dominer pourtant ses r?solutions. D?s qu'il avait connu la conduite de sir Charles Napier, il l'avait approuv?e, tout en d?clarant que sir Charles avait agi sans instructions, et en faisant cette r?serve que les puissances signataires du trait? du 15 juillet ne pouvaient s'engager ? garantir en ?gypte ? M?h?met-Ali l'h?r?dit? qu'elles conseillaient ? la Porte de lui accorder. Il avait en m?me temps inform? lord Ponsonby de l'approbation qu'il donnait ? la convention du 27 novembre et de la r?serve qu'il y attachait. Le 15 d?cembre, causant avec le baron de Bourqueney de l'obstination du divan ? maintenir la d?ch?ance de M?h?met-Ali: <> Les d?p?ches qu'il recevait de Vienne le confirmaient dans cette disposition: <> Et quelques jours plus tard: <>

La perplexit? ?tait grande ? Constantinople. Hors d'?tat de se d?cider seul et par lui-m?me, le sultan voyait ses alli?s divis?s et incertains. Lord Ponsonby ?tait ?videmment plus hostile ? M?h?met-Ali que son chef lord Palmerston qui, ? son tour, ?tait moins d?cid? que le prince de Metternich ? soutenir le pacha vaincu. La Prusse suivait pas ? pas l'Autriche; la Russie flottait entre les puissances allemandes et l'Angleterre; et la France absente pesait sur les esprits autant que, pr?sente, elle e?t pu influer sur les d?lib?rations. Dans l'espoir de sortir d'embarras, Reschid-Pacha r?unit en conf?rence chez lui les repr?sentants des quatre puissances signataires du trait? du 15 juillet, et apr?s leur avoir rappel? le m?morandum par lequel, le 14 novembre pr?c?dent, leurs gouvernements avaient conseill? ? la Porte d'accorder ? M?h?met-Ali l'investiture h?r?ditaire du pachalik d'?gypte pourvu qu'il se soum?t sans d?lai aux conditions indiqu?es: <> Sur cette question positive, lord Ponsonby refusa positivement de s'expliquer: <> L'internonce d'Autriche, le baron St?rmer, qui avait re?u de Vienne des instructions pr?cises, fut moins bref et plus d?cid?, quoique non sans ambages: <>

Les ministres de Prusse et de Russie adh?r?rent, avec quelques nuances, au vote de l'internonce d'Autriche. L'ambassadeur d'Angleterre r?p?ta qu'il devait attendre la d?cision du sultan sur la valeur de la soumission de M?h?met-Ali pour donner le conseil qui lui ?tait prescrit par les ordres de son gouvernement. Reschid-Pacha fit de vains efforts pour amener les quatre pl?nipotentiaires ? un avis plus formel et plus unanime; et la conf?rence se termina sans autre conclusion que les derni?res paroles de l'internonce d'Autriche qui <>

Quelques jours apr?s cette conf?rence, le baron de St?rmer ?crivit ? lord Ponsonby: <>

M. de St?rmer fit sur-le-champ, aupr?s de Reschid-Pacha, la d?marche qu'il annon?ait. Le ministre de Russie, M. de Titow, se d?clara d?cid? ? agir comme l'internonce d'Autriche et en informa lord Ponsonby. L'ambassadeur d'Angleterre r?pondit, avec son d?dain ironique: <>

Trois jours apr?s, le 10 janvier 1841, lord Ponsonby ?crivit ? M. Fr?d?ric Pisani, drogman d'Angleterre ? Constantinople: <> Et au m?me moment, en termes aussi brefs, il annon?a ? MM. de St?rmer et de Titow ses instructions et sa d?marche.

En pr?sence de toutes ces h?sitations, contradictions et procrastinations de la diplomatie europ?enne, il ?tait bien naturel que le sultan et ses conseillers h?sitassent aussi, et qu'ils cherchassent, soit par des paroles vagues, soit par des lenteurs r?p?t?es, ? repousser le calice que tant?t on approchait, tant?t on ?cartait de leurs l?vres. Apr?s avoir protest? contre la convention de sir Charles Napier ? Alexandrie comme nulle et de nul effet, le divan ?tait pourtant rentr? en n?gociation avec M?h?met-Ali, et le grand vizir, en lui envoyant Mazloum-Bey, l'un des principaux employ?s de la Porte, pour recevoir sa soumission, lui avait ?crit que, d?s qu'elle serait accomplie, le sultan <> mais sans faire aucune mention de l'h?r?dit?. Quand lord Ponsonby eut d?clar? ? la Porte que le gouvernement britannique lui conseillait de faire au pacha cette concession, le sultan rendit un hatti-sh?riff portant: <>

Le hatti-sh?riff fut envoy?, le jour m?me, ? M?h?met-Ali; mais le z?le promis manqua, tout autant que la veille, pour le mettre ? ex?cution. La Porte se flattait toujours qu'elle finirait par ?chapper ? des exigences qu'elle ne croyait pas toutes ?galement sinc?res. Contents d'avoir ob?i ? leurs instructions, lord Ponsonby et le baron de St?rmer ne pressaient pas beaucoup le divan de se h?ter. Plus habile, M?h?met-Ali mettait le bon droit et les bonnes apparences de son c?t? en donnant tous les ordres n?cessaires pour le renvoi de la flotte turque et l'?vacuation de la Syrie. A Londres, le prince Esterhazy, le baron de B?low, M. de Br?nnow lui-m?me insistaient pour que la question ?gyptienne f?t enfin vid?e; et dans le cabinet comme dans le public anglais, les amis de la paix t?moignaient leur inqui?tude de voir se prolonger, sans autre motif que des ind?cisions ou des lenteurs frivoles, une situation europ?enne lourde et pr?caire. Lord Palmerston sentit qu'il fallait conclure. Le 28 janvier 1841, Ch?kib-Effendi vint lui demander ce qu'il fallait ?crire enfin ? Reschid-Pacha sur l'?tablissement h?r?ditaire de M?h?met-Ali dans le pachalik d'?gypte: <

<

<>

Le surlendemain de cet entretien, les repr?sentants des quatre puissances ? Londres adress?rent ? Ch?kib-Effendi, et lord Palmerston envoya ? lord Ponsonby une note d?velopp?e par laquelle ils recommandaient au sultan <> Trois jours apr?s l'arriv?e de cette note ? Constantinople, le 13 f?vrier 1841, le sultan signa d?finitivement le firman qui conf?rait en effet ? M?h?met-Ali et ? ses descendants l'h?r?dit? du pachalik d'?gypte, en en d?terminant les conditions.

Pendant tout le cours de cette n?gociation et ? travers ses fluctuations, nous y ?tions rest?s compl?tement ?trangers, bien r?solus ? ne pas sortir de notre isolement tant que le trait? du 15 juillet vivrait encore et que la question ?gyptienne ne serait pas d?finitivement vid?e. Mais, depuis l'acte de l'amiral Napier devant Alexandrie et l'approbation que lord Palmerston lui avait donn?e, je ne doutais pas que l'h?r?dit? de l'?gypte ne f?t accord?e ? M?h?met-Ali. Il me revenait bien de Londres que la passion de lord Ponsonby contre le pacha ne d?plaisait gu?re ? lord Palmerston, et que, tout en reconnaissant ses engagements quant ? l'h?r?dit?, celui-ci laissait entrevoir quelque vell?it? ? saisir les occasions d'y ?chapper. Je ne tins compte de ces bruits, et, jugeant que le moment ?tait venu de bien marquer la conduite que nous tiendrions quand ils seraient bien et d?ment tomb?s devant les faits, j'?crivis, le 13 janvier 1841, au comte de Sainte-Aulaire: <

<

<

<

<<1? La cl?ture des deux d?troits.

<<3? Les garanties qu'on peut obtenir de la Porte pour les populations chr?tiennes de la Syrie, non-seulement dans leur propre int?r?t, mais dans un int?r?t g?n?ral, ottoman et europ?en; car si la Syrie retombe dans l'anarchie, la Porte et l'Europe peuvent retomber ? leur tour dans l'embarras.

<<4? Certaines stipulations en faveur de J?rusalem. Cette id?e s'est ?lev?e et commence ? pr?occuper assez vivement les esprits chr?tiens. Je ne sais ce qui est possible, ni sous quelles formes et dans quelles limites l'intervention europ?enne serait en mesure de procurer ? J?rusalem un peu de s?curit? et de dignit?; mais les gouvernements, qui se plaignent avec raison de l'affaiblissement des croyances des peuples, devraient bien, quand l'occasion s'en pr?sente, donner eux-m?mes ? ces croyances quelque marque ?clatante d'adh?sion et d'int?r?t. Que l'Europe et la politique de l'Europe reprennent la figure chr?tienne; personne ne peut mesurer aujourd'hui tout ce que l'ordre et le pouvoir ont ? y gagner.

<<5? Enfin il y a, quant aux routes commerciales, soit entre la M?diterran?e et la mer Rouge, par l'isthme de Suez, soit entre la M?diterran?e et le golfe Persique, par la Syrie et l'Euphrate, des stipulations de libert? g?n?rale, et peut-?tre de neutralit? positive, qui sont pour toute l'Europe d'un grand int?r?t, et qui poseraient, pour les relations si rapidement croissantes de l'Europe avec l'Asie, des principes excellents que jamais peut-?tre on ne trouvera une si bonne occasion de faire pr?valoir.

<>

Je prenais les devants en tenant ce langage. Les pl?nipotentiaires r?unis ? Londres n'exprimaient pas aussi clairement leurs vues: <> J'?tais d?cid? ? ne point me pr?occuper de cette obscurit? des intentions et des paroles des alli?s: quand on n'a point de parti pris, on a raison d'attendre et de garder en silence toute sa libert? pour se d?cider selon les circonstances; mais quand on sait bien ce qu'on peut et veut faire, c'est agir sagement de s'en expliquer d'avance et sans r?serve; on s'?pargne ainsi des embarras et des entra?nements qui jettent souvent, quand on les laisse venir, dans des fautes et des p?rils graves.

Sous la pression des nouvelles d'Orient, on ne tarda pourtant pas, ? Londres, ? serrer les questions de plus pr?s et ? leur chercher des solutions pr?cises. J'avais r?solu d'envoyer le comte de Rohan-Chabot en mission ? Alexandrie pour expliquer cat?goriquement au pacha nos intentions et nos conseils. Je l'avais eu aupr?s de moi, en Angleterre, comme second secr?taire d'ambassade; il s'?tait tr?s-bien acquitt? de sa mission ? Sainte-H?l?ne, avec M. le prince de Joinville, et son caract?re comme sa capacit? m'inspiraient une enti?re confiance. Avant de partir pour l'?gypte, il fit une course ? Londres, o? il ?tait aussi estim? que connu, et apr?s s'en ?tre entendu avec M. de Bourqueney, il me rapporta avec d?tail leurs informations et leurs conjectures communes sur la situation prochaine qui se pr?parait l? pour nous. <

<

<

<

<

<

<

<>

Je ne me dissimulai point le p?ril de cette situation et la n?cessit? de le pr?venir. Je r?pondis ? M. de Bourqueney: <

<

<

<

<

<

<

<

<

<>

Mise ainsi ? l'aise, la n?gociation marcha rapidement. Comme les pl?nipotentiaires d'Autriche et de Prusse s'?taient montr?s les plus press?s, ce fut avec eux que s'entretint d'abord M. de Bourqueney et qu'il discuta confidentiellement les bases, soit du protocole qui devait clore la question ?gyptienne, soit du nouveau trait? qui devait r?tablir le concert europ?en. Inform? par ses alli?s des dispositions de la France, lord Palmerston dit un soir au baron de Bourqueney: <> dit lord Palmerston; et le lendemain en effet, 21 f?vrier 1841, le charg? d'affaires de France eut, avec le ministre d'Angleterre, un long entretien dont il me rendit compte le soir m?me. <

<

<<2? La cl?ture des deux d?troits, du Bosphore et des Dardanelles, est un principe ?galement acceptable pour toutes les puissances qui veulent de bonne foi le respect de l'ind?pendance de l'empire ottoman. Il y a avantage europ?en ? le sanctionner de nouveau dans un acte solennel.

<<3? La libre jouissance, par toutes les puissances, des grandes voies de communication de l'Europe avec l'Asie passerait pour un avantage sp?cialement et exclusivement acquis ? l'Angleterre. Un des plus graves reproches adress?s ? sa politique depuis le 15 juillet 1840, c'est d'avoir poursuivi, ? travers la question ?gyptienne, le monopole de ces communications. Que servirait de l'?tendre en principe ? toutes les autres puissances? Quelle est celle qui poss?de un empire dans l'Inde? On dira, et c'est surtout en France qu'on le dira, que l'Angleterre a tromp? ses alli?s sous un faux semblant de d?sint?ressement. On dira qu'elle a plaid? elle-m?me pour l'insertion d'un article qui ne pouvait profiter qu'? elle, qu'elle en a fait la condition de sa r?conciliation avec la France. Nous n'avons pas de privil?ge. Nous n'en voulons pas. Libre ? tout le monde de demander et d'obtenir ce qu'a cr?? l'esprit d'entreprise d'un simple particulier. Il n'y a pas l? mati?re ? stipulation dans un trait?.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Back to top Use Dark Theme