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Munafa ebook

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Read Ebook: Comme il vous plaira by Shakespeare William Guizot Fran Ois Translator

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Ebook has 795 lines and 25758 words, and 16 pages

tous les jours aupr?s de lui, et qu'ils passent les jours sans soucis, comme on faisait dans l'?ge d'or.

OLIVIER.--Ne devez-vous pas lutter demain devant le nouveau duc?

CHARLES.--Oui vraiment, monsieur, et je viens vous faire part d'une chose. On m'a donn? secr?tement ? entendre, monsieur, que votre jeune fr?re Orlando avait envie de venir d?guis? s'essayer contre moi. Demain, monsieur, je lutte pour ma r?putation, et celui qui m'?chappera sans avoir quelque membre cass?, il faudra qu'il se batte bien. Votre fr?re est jeune et d?licat, et je ne voudrais pas, par consid?ration pour vous, lui faire aucun mal; ce que je serai cependant forc? de faire pour mon honneur s'il entre dans l'ar?ne. Ainsi, l'affection que j'ai pour vous m'engage ? vous en pr?venir, afin que vous t?chiez de le dissuader de son projet, ou que vous consentiez ? supporter de bonne gr?ce le malheur auquel il se sera expos?; il l'aura cherch? lui-m?me, et tout ? fait contre mon inclination.

OLIVIER.--Je te remercie, Charles, de l'amiti? que tu as pour moi, et tu verras que je t'en prouverai ma reconnaissance. J'avais d?j? ?t? averti du dessein de mon fr?re, et sous main j'ai travaill? ? le faire renoncer ? cette id?e; mais il est d?termin?. Je te dirai, Charles, que c'est le jeune homme le plus ent?t? qu'il y ait en France, rempli d'ambition, jaloux ? l'exc?s des talents des autres, un tra?tre qui a la l?chet? de tramer des complots contre moi, son propre fr?re. Ainsi, agis ? ton gr?; j'aimerais autant que tu lui brisasses la t?te qu'un doigt, et tu feras bien d'y prendre garde; car si tu ne lui fais qu'un peu de mal, ou s'il n'acquiert pas lui-m?me un grand honneur ? tes d?pens, il cherchera ? t'empoisonner, il te fera tomber dans quelque pi?ge funeste, et il ne te quittera point qu'il ne t'ait fait perdre la vie de quelque fa?on indirecte; car je t'assure, et je ne saurais presque te le dire sans pleurer, qu'il n'y a pas un ?tre dans le monde, aussi jeune et aussi m?chant que lui. Je ne te parle de lui qu'avec la r?serve d'un fr?re; mais si je te le diss?quais tel qu'il est, je serais forc? de rougir et de pleurer, et toi tu p?lirais d'effroi.

CHARLES.--Je suis bien content d'?tre venu vous trouver: s'il vient demain, je lui donnerai son compte: s'il est jamais en ?tat d'aller seul, apr?s s'?tre essay? contre moi, de ma vie je ne lutterai pour le prix: et l?-dessus Dieu garde Votre Seigneurie!

OLIVIER.--Adieu, bon Charles.--A pr?sent, il me faut exciter mon jouteur: j'esp?re m'en voir bient?t d?barrass?; car mon ?me, je ne sais cependant pas pourquoi, ne hait rien plus que lui; en effet, il a le coeur noble, il est instruit sans avoir jamais ?t? ? l'?cole, parlant bien et avec noblesse, il est aim? de toutes les classes jusqu'? l'adoration; et si bien dans le coeur de tout le monde, et surtout de mes propres gens, qui le connaissent le mieux, que moi j'en suis m?pris?. Mais cela ne durera pas: le lutteur va y mettre bon ordre. Il ne me reste rien ? faire, qu'? exciter ce gar?on l?-dessus, et j'y vais de ce pas.

SC?NE II

Plaine devant le palais du duc.

ROSALINDE et C?LIE.

C?LIE.--Je t'en conjure, Rosalinde, ma ch?re cousine, sois plus gaie.

ROSALINDE.--Ch?re C?lie, je montre bien plus de gaiet? que je n'en poss?de; et tu veux que j'en montre encore davantage? Si tu ne peux m'apprendre ? oublier un p?re banni, renonce ? vouloir m'apprendre ? me souvenir d'une grande joie.

C?LIE.--Ah! je vois bien que tu ne m'aimes pas aussi tendrement que je t'aime; car si mon oncle, ton p?re, au lieu d'?tre banni, avait au contraire banni ton oncle, le duc mon p?re, pourvu que tu fusses rest?e avec moi, mon amiti? pour toi m'aurait appris ? prendre ton p?re pour le mien; et tu en ferais autant, si la force de ton amiti? ?galait celle de la mienne.

ROSALINDE.--Eh bien! je veux t?cher d'oublier ma situation, pour me r?jouir de la tienne.

C?LIE.--Tu sais que mon p?re n'a que moi d'enfants; il n'y a pas d'apparence qu'il en ait jamais d'autre; et certainement ? sa mort tu seras son h?riti?re; tout ce qu'il a enlev? de force ? ton p?re, je te le rendrai par affection; sur mon honneur, je le ferai, et que je devienne un monstre s'il m'arrive d'enfreindre ce serment! Ainsi, ma charmante Rose, ma ch?re Rose, sois gaie.

ROSALINDE.--Je le serai d?sormais, cousine; je veux imaginer quelque amusement. Voyons, que penses-tu de faire l'amour?

C?LIE.--Oh! ma ch?re, je t'en prie, fais de l'amour un jeu; mais ne va pas aimer s?rieusement aucun homme, et m?me par amusement ne va jamais si loin que tu ne puisses te retirer en honneur et sans rougir.

ROSALINDE.--Eh bien! ? quoi donc nous amuserons-nous?

C?LIE.--Asseyons-nous, et par nos moqueries d?rangeons de son rouet cette bonne m?nag?re, la Fortune, afin qu'? l'avenir ses dons soient plus ?galement partag?s.

ROSALINDE.--Je voudrais que cela f?t en notre pouvoir, car ses bienfaits sont souvent bien mal plac?s, et la bonne aveugle fait surtout de grandes m?prises dans les dons qu'elle distribue aux femmes.

C?LIE.--Oh! cela est bien vrai; car celles qu'elle fait belles, elle les fait rarement vertueuses, et celles qu'elle fait vertueuses, elle les fait en g?n?ral bien laides.

ROSALINDE.--Mais, cousine, tu passes de l'office de la Fortune ? celui de la Nature. La Fortune est la souveraine des dons de ce monde, mais elle ne peut rien sur les traits naturels.

C?LIE.--Non?... Lorsque la Nature a form? une belle cr?ature, la Fortune ne peut-elle pas la faire tomber dans le feu? Et, bien que la Nature nous ait donn? de l'esprit pour railler la Fortune, cette m?me fortune envoie cet imb?cile pour interrompre notre entretien.

ROSALINDE.--En v?rit?, la Fortune est trop cruelle envers la Nature, puisque la Fortune envoie l'enfant de la nature pour interrompre l'esprit de la nature.

C?LIE.--Peut-?tre n'est-ce pas ici l'ouvrage de la Fortune, mais celui de la Nature elle-m?me, qui, s'apercevant que notre esprit naturel est trop ?pais pour raisonner sur de telles d?esses, nous envoie cet imb?cile pour notre pierre ? aiguiser, car toujours la stupidit? d'un sot sert ? aiguiser l'esprit.--Eh bien! homme d'esprit, o? allez-vous?

TOUCHSTONE.--Ma?tresse, il faut que vous veniez trouver votre p?re.

C?LIE.--Vous a-t-on fait le messager?

TOUCHSTONE.--Non, sur mon honneur; mais on m'a ordonn? de venir vous chercher.

ROSALINDE.--O? avez-vous appris ce serment, fou?

TOUCHSTONE.--D'un certain chevalier, qui jurait sur son honneur que les beignets ?taient bons, et qui jurait encore sur son honneur que la moutarde ne valait rien: moi, je soutiendrai que les beignets ne valaient rien, et que la moutarde ?tait bonne, et cependant le chevalier ne faisait pas un faux serment.

C?LIE.--Comment prouverez-vous cela, avec toute la masse de votre science?

ROSALINDE.--Allons, voyons, d?muselez votre sagesse.

TOUCHSTONE.--Avancez-vous toutes deux, caressez-vous le menton, et jurez par votre barbe que je suis un fripon.

C?LIE.--Par notre barbe, si nous en avions, tu es un fripon.

TOUCHSTONE.--Et moi, je jurerais par ma friponnerie, si j'en avais, que je suis un fripon; mais si vous jurez par ce qui n'est pas, vous ne faites pas de faux serment; aussi le chevalier n'en fit pas davantage, lorsqu'il jura par son honneur, car il n'en eut jamais, ou s'il en avait eu, il l'avait perdu ? force de serments, longtemps avant qu'il v?t ces beignets ou cette moutarde.

C?LIE.--Dis-moi, je te prie, de qui tu veux parler?

TOUCHSTONE.--De cet homme que le vieux Fr?d?ric, votre p?re, aime tant.

C?LIE.--L'amiti? de mon p?re suffit pour l'honorer: en voil? assez; ne parle plus de lui; tu seras fouett? un de ces jours pour tes moqueries.

TOUCHSTONE,--C'est une grande piti?, que les fous ne puissent dire sagement ce que les sages font follement.

C?LIE.--Par ma foi, tu dis vrai; car, depuis que le peu d'esprit qu'ont les fous a ?t? condamn? au silence, le peu de folie des gens sages se montre extraordinairement.--Voici monsieur Le Beau.

ROSALINDE.--Avec la bouche pleine de nouvelles.

C?LIE.--Qu'il va d?gorger sur nous, comme les pigeons donnent ? manger ? leurs petits.

ROSALINDE.--Alors nous serons farcies de nouvelles.

C?LIE.--Tant mieux, nous n'en trouverons que plus de chalands. Bonjour, monsieur Le Beau; quelles nouvelles?

LE BEAU.--Belle princesse, vous avez perdu un grand plaisir.

C?LIE.--Du plaisir! de quelle couleur?

LE BEAU.--De quelle couleur, madame? Que voulez-vous que je vous r?ponde?

ROSALINDE.--Au gr? de votre esprit et du hasard.

TOUCHSTONE.--Ou comme le voudront les d?crets de la destin?e.

C?LIE.--Tr?s-bien dit: voil? qui est ma?onn? avec une truelle.

TOUCHSTONE.--Ma foi, si je ne garde pas mon rang...

ROSALINDE.--Tu perds ton ancienne odeur.

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