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Read Ebook: Le marquis de Loc-Ronan by Capendu Ernest
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 2460 lines and 61720 words, and 50 pages--Ian Carfor! s'?cria-t-elle. Le sans-culotte la saisit par le bras. --Ah! tu me reconnais encore! dit-il avec rage. Voil? la seconde fois que cela t'arrive! La raison te revient: il faut en finir. Et, repoussant la jeune fille, il l'envoya violemment rouler ? quelques pas. Yvonne tomba sans pousser un cri. Pinard frappa du poing sur la table avec col?re. --Fougueray dira ce qu'il voudra, murmura-t-il; mais il est temps de prendre des pr?cautions. Au diable mes id?es de ce soir! Demain elle ira ? l'entrep?t, et le soir aux d?portations verticales, comme dit Carrier. Je savais bien que la raison lui revenait peu ? peu, moi, et ce serait par trop dangereux de la laisser vivre! JULIE DE CH?TEAU-GIRON Situ?e sur la route de Nantes ? Vannes, formant le point central du petit golfe o? la Vilaine vient se perdre dans l'Oc?an, et ? l'extr?mit? sud duquel se trouve P?nestin, la petite ville de la Roche-Bernard ?l?ve orgueilleusement, sur la limite du d?partement du Morbihan et de celui de la Loire-Inf?rieure, ses maisons gothiques dont les toits aigus se mirent pittoresquement dans les eaux limpides de la rivi?re qui coule ? leurs pieds. La Roche-Bernard, dont la premi?re partie du nom vient d'un gros rocher qui s'?l?ve du lit m?me de la Vilaine, et la seconde du plus ancien seigneur du lieu que l'on connaisse, la Roche-Bernard est un de ces nombreux ports naturels aux entr?es difficiles comme il en abonde sur les c?tes de Bretagne. Il ?tait six heures du matin. Une brume ?paisse, qui enveloppait les c?tes de son manteau humide, augmentait encore la profondeur des t?n?bres. Les vagues de la mar?e montante, refoulant les eaux de la rivi?re, venaient mourir en clapotant sur la car?ne d'un petit navire. Sur le pont de ce navire, du grand m?t au beaupr?, ?taient diss?min?s les marins de quart: les uns assis sur les canons, les autres appuy?s sur les bordages, tous faisant bonne veille avec cette conscience du pr?sent et cette insouciance de l'avenir qui distinguent l'homme de mer. Deux personnages occupaient seuls l'arri?re. L'un portant les insignes de ma?tre d'?quipage, les galons d'or aux manches et le sifflet suspendu ? la boutonni?re de la veste, se promenait lentement de b?bord ? tribord avec cette impassibilit? du marin qui sait se contenter du plus ?troit espace pour accomplir des promenades interminables. Le lavage du navire venait d'?tre termin? sous l'oeil vigilant du chef, et chacun ?tait ? son poste. Pr?s du banc de quart se tenait assise une femme rev?tue du costume de l'ordre religieux que, plusieurs ann?es auparavant, portaient seules les nonnes de l'abbaye de Plogastel. Cette femme, ? la d?marche digne, au geste ?l?gant, ? la beaut? ang?lique, aux regards r?veurs, aux yeux rougis par les larmes, aux traits fatigu?s par la souffrance, courbait la t?te sous le voile qui lui descendait sur les ?paules, et les mains entrelac?es sur sa poitrine, ?grenant un chapelet de ses doigts effil?s, elle offrait la vivante image de l'ange de la pri?re, tant elle paraissait absorb?e dans ses pieuses pens?es. Un l?ger bruit, qui retentit pr?s d'elle, vint rappeler la religieuse aux choses de ce monde. Ce bruit ?tait caus? par un petit mousse. Le pauvre enfant, accroupi au pied du m?t d'artimon auquel ?tait adoss?e la sainte femme, s'?tait laiss? engourdir par le sommeil, et un vieux matelot, passant pr?s de lui, l'avait r?veill? brusquement ? l'aide d'un coup de poing paternellement administr?. Le mousse se dressa sur ses jambes, secoua sa t?te intelligente, se frotta les yeux, et courut en avant se m?ler aux hommes de quart. La religieuse se leva alors, et, laissant retomber le lourd chapelet attach? ? sa ceinture, elle tourna les regards vers le ciel noir en poussant un profond soupir. --Rien encore, murmura-t-elle. Aucune nouvelle de terre. Marcof aurait-il ?chou? dans son entreprise? Serait-il bless?? Serait-il mort? H?las! que deviendrait Philippe? que deviendrions-nous tous? --Une embarcation! dit-il ? voix basse. --La vois-tu? demanda le contrema?tre. --Non, pas encore, la brume est trop forte; mais j'entends le bruit des rames. --Dans quelle aire? --A b?bord.... Ah! j'aper?ois un point noir se d?tachant dans l'obscurit?. --Chacun ? son poste, alors! commanda le contrema?tre sans ?lever la voix. Si ce sont des bleus, nous les recevrons au bout de nos piques. Les servants ? leurs pi?ces! Parez tout et vivement! Puis s'adressant au mousse qui dormait quelques minutes auparavant aupr?s de la religieuse: --Va pr?venir le patron! dit-il. L'enfant se d?tacha aussit?t du groupe des matelots, et, tandis que ceux-ci gagnaient silencieusement leur poste de combat, il courut ? l'arri?re. Le bruit des avirons devenait plus distinct, et un canot s'avan?ait certainement dans les eaux du lougre. Le mousse avait interrompu bravement la promenade du marin, devant lequel il se planta en tenant respectueusement ? la main son chapeau goudronn?. --Ma?tre! fit l'enfant levant ses yeux bleus sur le vieux marin, on signale une embarcation ? b?bord. --Venant de terre? --Oui, ma?tre! On le suppose, du moins. --Qu'on ne la laisse pas accoster! Le mousse porta rapidement l'ordre. Le ma?tre s'approcha alors des bastingages du navire, et, concentrant ses regards vers la terre, il s'effor?a ? son tour de percer la brume. La religieuse s'?tait plac?e pr?s de lui. --Madame? r?pondit le marin en se retournant et s'effor?ant de rendre doux et agr?able le rude accent de son organe. --Que vient-on de vous dire, mon ami? --Rien d'important, madame. --Mais encore? --On me signale une embarcation venant de terre. --Oh! ce sont sans doute des nouvelles de Marcof. --Je ne crois pas. --Pourquoi? --Parce que le commandant aurait donn? le signal convenu si c'?tait lui, et une embarcation du bord serait all?e le prendre. --Qui croyez-vous que ce soit, alors? --Je l'ignore. Peut-?tre des ennemis, des bleus damn?s. --Ils ne sont pas ? la Roche-Bernard cependant, vous le savez bien. --Je sais qu'ils n'y ?taient pas hier soir, madame, mais ils peuvent bien ?tre venus cette nuit; aussi, pour plus de pr?caution, ai-je donn? l'ordre de ne pas laisser accoster le canot. --Et si ce sont des amis? --Ils se feront reconna?tre. --Tenez! je crois entendre le bruit des rames. --Vous ne vous trompez pas, madame, r?pondit Bervic en quittant la religieuse pour monter sur le bastingage. Puis, portant la main ? son sifflet et le sifflet ? ses l?vres, il en tira un son aigu accompagn? de modulations. Tous les hommes de quart se pr?cipit?rent vers les carabines suspendues au pied du grand m?t et s'en saisirent vivement. Trois matelots s'approch?rent d'une caronade. Les deux servants se mirent de chaque c?t? de l'aff?t mobile, l'un un goupillon, l'autre un refouloir ? la main, puis le chef de pi?ce pointa le petit canon dans la direction de la chaloupe qui semblait vouloir accoster le lougre. Alors se reculant et se pla?ant de c?t?, il prit une m?che allum?e et attendit. --Tout est par?! dit-il en s'adressant ? Bervic. --Bien! r?pondit le vieux ma?tre d'?quipage. Un profond silence se fit ? bord du navire et suivit ce court ?change des paroles sacramentelles que nous venons de transcrire. La religieuse s'?tait remise ? prier avec une ferveur nouvelle. On entendait alors tr?s distinctement le bruit des avirons criant sur le bordage de l'embarcation inconnue dont on distinguait nettement l'ombre sur les flots et le sillage plus clair. Bervic jeta un coup d'oeil rapide autour de lui, et, assur? que tous ses hommes ?taient ? leur poste et pr?ts au combat, il se pencha alors sur le bastingage de l'arri?re. --Oh! du canot! cria-t-il d'une voix imp?rieuse. Aucune r?ponse ne lui fut faite. Add to tbrJar First Page Next Page |
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