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Read Ebook: A Study of Pueblo Architecture: Tusayan and Cibola Eighth Annual Report of the Bureau of Ethnology to the Secretary of the Smithsonian Institution 1886-1887 Government Printing Office Washington 1891 pages 3-228 by Mindeleff Cosmos Mindeleff Victor Nichols Hobart Illustrator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 85 lines and 28412 words, and 2 pagesAvant de partir il exp?dia un message ? Naples par l'un des deux avisos qui servaient ? ses communications avec les c?tes d'Italie. En mandant ? Murat son embarquement pour la France, Napol?on le chargeait d'envoyer un courrier ? Vienne, afin d'annoncer ? la cour d'Autriche qu'il arriverait dans peu ? Paris, mais qu'il y arriverait avec la ferme r?solution de maintenir la paix, et de se renfermer dans le trait? de Paris du 30 mai 1814. Il lui tra?ait en outre la conduite ? tenir comme roi de Naples. Il lui recommandait express?ment de pr?parer ses troupes, de les concentrer dans les Marches o? elles ?taient en partie r?unies, mais de ne pas prendre l'initiative des hostilit?s, d'attendre patiemment ce qui se passerait ? Paris et ? Vienne avant d'op?rer aucun mouvement, et s'il ?tait absolument r?duit ? combattre, de r?trograder plut?t que d'avancer jusqu'? ce qu'on p?t lui tendre la main, car plus la bataille se livrerait pr?s de Naples, plus il serait fort, et plus les Autrichiens seraient faibles. ? un signal donn?, et au bruit du canon, on arbora sur tous les b?timents le drapeau tricolore, chaque soldat prit la cocarde aux trois couleurs, et on mit les chaloupes ? la mer pour op?rer le d?barquement. Napol?on ordonna au capitaine d'infanterie Lamouret d'aller avec vingt-cinq hommes s'emparer d'une batterie de c?te, situ?e au milieu du golfe. Le capitaine Lamouret s'y transporta en chaloupe, ne trouva que des douaniers charm?s d'apprendre l'arriv?e de Napol?on, et fort press?s de se donner ? lui. On toucha terre avec une joie facile ? comprendre, et tandis que les chaloupes op?raient le va-et-vient des b?timents ? la c?te, le capitaine Lamouret imagina de se diriger sur Antibes pour enlever la place, ce qui e?t procur? un point d'appui d'une assez grande importance. Ces vingt-cinq hommes trop confiants se trouvaient donc perdus pour Napol?on, et on aurait pu regarder ce d?but comme de fort mauvais augure, si, en m?me temps, on n'avait vu une multitude de soldats du 87e se jeter ? bas des remparts, et courir vers Cannes pour se joindre, disaient-ils, ? leur empereur. ? cinq heures le d?barquement ?tait termin?. Les onze cents hommes de Napol?on, avec quatre pi?ces de canon et leur bagage, ?taient descendus ? terre, et avaient ?tabli leur bivouac dans un champ d'oliviers, sur la route d'Antibes ? Cannes. D'abord les habitants en voyant plusieurs b?timents charg?s de monde tirer le canon, crurent que c'?taient des Barbaresques qui enlevaient des p?cheurs, et furent ?pouvant?s. Mais bient?t mieux renseign?s, ils accoururent avec curiosit?, sans se prononcer ni dans un sens ni dans un autre, car les populations du littoral n'?taient pas en g?n?ral tr?s-favorables ? l'Empire, qui leur avait valu quinze ans de guerre maritime. Napol?on envoya Cambronne ? la t?te d'une avant-garde ? Cannes, pour commander des vivres et acheter des chevaux, et sachant que pour attirer les gens il ne faut pas commencer par froisser leurs int?r?ts, il fit tout payer argent comptant. Les vivres furent en effet pr?par?s, et quelques mulets, quelques chevaux achet?s. Malgr? l'ordre de ne laisser sortir personne de Cannes, surtout par la route qui menait ? Toulon, un officier de gendarmerie, auquel Cambronne avait propos? d'acheter des chevaux et qui avait feint de vouloir les c?der, s'?chappa au galop pour aller ? Draguignan donner avis au pr?fet du Var du grand ?v?nement qui venait de s'accomplir. Heureusement pour Napol?on, cet officier ayant remarqu? que l'artillerie qu'on avait d?barqu?e ?tait plac?e sur la route de Toulon, s'en fia aux premi?res apparences, et alla r?pandre la nouvelle que l'exp?dition se dirigeait vers la Provence, c'est-?-dire vers Toulon et Marseille. Il n'en ?tait rien, comme on va le voir. Dans le champ d'oliviers o? Napol?on avait ?tabli son bivouac, on lui avait dress? un si?ge et une table, et il y avait d?ploy? ses cartes. Deux routes s'offraient: l'une d'un parcours facile, celle de la basse Provence, aboutissant ? Toulon et Marseille, l'autre, celle du Dauphin?, h?riss?e de montagnes escarp?es, couverte alors de neige et de glace, et coup?e d'affreux d?fil?s o? cinquante hommes d?termin?s auraient pu arr?ter une arm?e. Cette derni?re, trac?e au milieu des Alpes fran?aises, ?tait en plusieurs endroits non carrossable, de fa?on qu'il fallait, si on la pr?f?rait, commencer par se s?parer de son artillerie. Malgr? ces difficult?s effrayantes au premier aspect, Napol?on n'h?sita point, et par le choix qu'il fit en ce moment assura le succ?s de son aventureuse entreprise. Les obstacles physiques dont la route des Alpes ?tait h?riss?e consistaient dans des chemins escarp?s ou couverts de glace, dans des d?fil?s ? forcer ou ? tourner, et ces obstacles on pouvait les surmonter avec de la patience, de l'opini?tret?, de l'audace. Napol?on amenait avec lui onze cents hommes, capables de tout, et tr?s-suffisants pour triompher de la r?sistance qui pouvait s'offrir dans ces contr?es, o? il ?tait impossible qu'il trouv?t autre chose que de petites garnisons command?es par un capitaine ou un chef de bataillon. Au contraire les obstacles moraux qui l'attendaient sur la route du littoral ?taient bien autrement redoutables. En suivant cette route qui passe par Toulon, Marseille, Avignon, Valence, il devait rencontrer des populations violentes, anim?es d'un royalisme furieux, et capables de retenir le z?le des troupes pour lui. De plus il allait trouver sur son chemin des autorit?s d'un ordre ?lev?, des amiraux ? Toulon, un mar?chal de France ? Marseille . Or, dans l'entreprise qu'il tentait, les hauts grades ?taient le plus grand des dangers. Dans l'arm?e, les soldats, presque tous anciens au service, venus des prisons ou des garnisons ?trang?res, ?prouvaient pour Napol?on un v?ritable fanatisme. Les officiers partageaient cette disposition, mais avec un peu plus de r?serve, parce qu'ils ?taient g?n?s par leurs serments et par le sentiment de leur devoir. Les g?n?raux, les mar?chaux surtout, plus retenus encore par ces m?mes consid?rations, et d'ailleurs appr?ciant mieux le danger du r?tablissement de l'Empire, craignant aussi de se compromettre gravement, devaient c?der plus difficilement que les officiers ? l'entra?nement des troupes. Il y avait donc moins de chances d'enlever un mar?chal ? la t?te de huit ou dix mille hommes, qu'un colonel ou un capitaine ? la t?te de quelques centaines de soldats. Par toutes ces raisons il fallait ?viter les autorit?s sup?rieures, civiles ou militaires, et pr?f?rer les chemins m?me les plus mauvais, si on devait n'y rencontrer que des officiers de grade inf?rieur. Sur la route du Dauphin?, Napol?on ne pouvait avoir affaire, comme nous venons de le dire, qu'? de petites garnisons faiblement command?es, et ? des paysans qui n'aimaient ni les nobles, ni les pr?tres, et qui presque tous ?taient acqu?reurs de biens nationaux. La plus grande ville ? traverser, en prenant par les montagnes, ?tait Grenoble. Or, Napol?on savait que les Grenoblais, anim?s d'un fort esprit militaire, comme toutes les populations de la fronti?re, et fid?les aux traditions lib?rales, depuis la fameuse assembl?e de Vizille, ?taient tout ? fait oppos?s aux Bourbons. Il avait dans sa garde un chirurgien, Dauphinois de naissance, le docteur ?mery, qui avait entretenu des relations secr?tes avec sa ville natale, et qui r?pondait de ses compatriotes. Napol?on choisit donc la route des montagnes, en laissant sur sa gauche la belle route du littoral et le royalisme marseillais, et fit preuve ici encore une fois de ce coup d'oeil sup?rieur, qui lui avait si souvent procur? les plus grands triomphes militaires, et qui devait lui procurer en cette occasion le plus grand triomphe politique que jamais ait obtenu un chef d'empire ou de parti. Il fit toutes ses dispositions en cons?quence. < Apr?s avoir ainsi expliqu? ses revers, Napol?on cherchait ? caract?riser l'esprit de l'?migration, qui s'appuyait, disait-il, sur l'?tranger, et voulait r?tablir les abus du r?gime f?odal. Il ajoutait: Napol?on disait ? l'arm?e: < >>Nous n'avons pas ?t? vaincus: deux hommes sortis de nos rangs ont trahi nos lauriers, leur pays, leur prince, leur bienfaiteur. >>Ceux que nous avons vus pendant vingt-cinq ans parcourir toute l'Europe pour nous susciter des ennemis, qui ont pass? leur vie ? combattre contre nous, dans les rangs des arm?es ?trang?res, en maudissant notre belle France, pr?tendraient-ils commander et encha?ner nos aigles, eux qui n'ont jamais pu en soutenir les regards? Souffrirons-nous qu'ils h?ritent du fruit de nos travaux, qu'ils s'emparent de nos honneurs, de nos biens, qu'ils calomnient notre gloire? Si leur r?gne durait, tout serait perdu, m?me le souvenir de nos plus m?morables journ?es. >>Votre g?n?ral, appel? au tr?ne par le choix du peuple, et ?lev? sur vos pavois, vous est rendu: venez le joindre. Ainsi dans ces proclamations ardentes, empreintes de toutes les passions du temps, mais touchant avec habilet? ? tous les points essentiels du moment, Napol?on, sans s'inqui?ter d'?tre juste, livrait aux fureurs des soldats Augereau et Marmont, qu'il savait odieux ? l'arm?e. Aux droits des Bourbons, il opposait le droit populaire, et touchait ainsi les masses par leur c?t? le plus sensible. Il promettait adroitement l'oubli, en imputant certaines faiblesses ? la toute-puissance des r?volutions, faisait appel ? la cocarde tricolore qu'il savait cach?e dans le sac des soldats, leur rappelait leur immortelle gloire fl?trie par la haine maladroite des ?migr?s, et en une image saisissante, rest?e populaire, il annon?ait la victoire ? ses partisans. Ces proclamations n'?taient pas le moins profond, et ne devaient pas ?tre le moins efficace de ses calculs. Vers le soir il s'?tait approch? de Cannes, et on lui amena ? son bivouac, par suite de l'ordre qu'il avait donn? d'arr?ter toutes les voitures, le prince de Monaco, pass?, comme tant d'hommes du temps, d'un culte ? l'autre, de l'Empire ? la Restauration. Il le fit rel?cher sur-le-champ, l'accueillit avec gaiet?, et lui demanda o? il allait.--Je retourne chez moi, r?pondit le prince.--Et moi aussi, r?pliqua Napol?on. Puis il quitta le petit souverain de Monaco, en lui souhaitant bon voyage. ? minuit il partit pour Grasse, suivant Cambronne qui avait pris les devants avec un d?tachement de cent hommes. Au centre se trouvait le bataillon de la vieille garde, escortant le tr?sor et les munitions, puis venait le bataillon corse formant l'arri?re-garde. Au sortir de Cannes commen?ait la route de montagnes qu'il fallait suivre pendant quatre-vingts lieues pour atteindre Grenoble. On arriva le 2 mars ? Grasse, vers la pointe du jour. Les quelques heures pass?es aux environs de Cannes avaient ?t? employ?es ? pr?parer des rations, ? se procurer des chevaux, et surtout ? imprimer les deux proclamations. ? dater de ce moment, Napol?on ?tait d?cid? ? ne plus perdre une heure, afin d'arriver ? Grenoble avant tous les ordres exp?di?s de Paris. Il d?jeuna debout, entour? de son ?tat-major, un peu en dehors de la ville de Grasse, sous les yeux de la population curieuse mais perplexe, et ne manifestant rien de l'enthousiasme qu'il esp?rait bient?t rencontrer. Le 3 mars on partit de grand matin. On rencontra encore des chemins montueux et couverts de neige, et le soir, apr?s avoir parcouru une distance ? peu pr?s ?gale ? celle de la veille, on vint coucher ? Barr?me, dans la vall?e m?me de la Durance, mais ? dix lieues de ses bords. Le 4 on ?tait en route de bonne heure malgr? la fatigue croissante; on fit une halte ? Digne pour y d?jeuner, et on poussa jusqu'? Malijay. On ?tait presque au bord de la Durance, et il fallait la remonter par Sisteron et Gap, pour se jeter ensuite par un col ?troit dans le bassin de l'Is?re. On allait rencontrer ici un obstacle des plus inqui?tants. ? Sisteron, la route passait de la rive gauche sur la rive droite de la Durance, et traversait un pont que les feux de la place auraient rendu inaccessible s'il avait ?t? d?fendu. Un officier fid?le aux Bourbons, en fermant seulement les portes de cette ch?tive forteresse, pouvait arr?ter la colonne exp?ditionnaire. Il aurait fallu dans ce cas qu'elle descend?t la Durance pour la franchir au-dessous, perd?t des heures pr?cieuses, laiss?t ainsi ? tous les commandants des environs le loisir de se reconna?tre, et ? la fougueuse population marseillaise le temps de se pr?cipiter sur les traces de Napol?on. Le danger ?tait donc fort grand, mais toujours confiant dans son ascendant, Napol?on marcha sans h?siter sur Sisteron. Il avait devin? juste, et dans leur trouble ceux qui lui ?taient oppos?s, au lieu d'accumuler les difficult?s sur sa route, les faisaient dispara?tre. En effet, d'apr?s les indications de l'officier de gendarmerie dont nous avons parl?, le pr?fet du Var, croyant que Napol?on se dirigeait sur Toulon et Marseille, avait plac? dans la for?t de l'Esterel, c'est-?-dire sur la route du littoral, tout ce qu'il avait pu r?unir de gardes nationales et de troupes, les premi?res fort z?l?es, les secondes au contraire anim?es de sentiments tr?s-?quivoques. Ces pr?cautions prises dans la journ?e du 2, il avait exp?di? au mar?chal Mass?na ? Marseille une estafette qui ne pouvait arriver que le 3 mars, et une autre ? Grenoble qui ne pouvait y parvenir que le 4. En m?me temps il avait t?ch? d'informer de ce qui se passait tous les commandants des petites places des Alpes, sans leur donner des instructions que du reste, malgr? son z?le, il aurait ?t? incapable de leur tracer. Dans cet ?tat de choses, chaque commandant, frapp? d'une sorte de saisissement en apprenant la terrible nouvelle, n'avait song? qu'? se retirer derri?re ses murailles, sans oser en sortir pour barrer le chemin ? Napol?on. Le g?n?ral Loverdo, qui avait sous son autorit? le d?partement des Basses-Alpes, avait repli? le peu de troupes dont il disposait sur la basse Durance et sur Aix; de leur c?t? les commandants d'Embrun et de Mont-Dauphin, press?s de s'enfermer dans les places confi?es ? leur honneur, avaient rappel? tous leurs postes sur la haute Durance, et de la sorte Sisteron, situ? entre-deux, s'?tait trouv? sans d?fense. Cette esp?ce de mouvement de contraction, naturel chez des gens surpris et effray?s, avait ainsi ouvert le chemin ? Napol?on, sans que la trahison y f?t pour rien. Son nom seul avait produit ces r?solutions irr?fl?chies dont il allait si bien profiter. Malgr? le bon accueil qu'il avait re?u ? Sisteron, Napol?on n'eut garde de s'y arr?ter, et il alla coucher ? Gap, afin de s'emparer des d?fil?s qui conduisent du bassin de la Durance dans celui de l'Is?re. Sa troupe ?tait ext?nu?e de fatigue, car il lui faisait faire dix ou douze lieues par jour, quand ce n'?tait pas quinze, et beaucoup d'hommes restaient en arri?re. Mais les paysans les recueillaient, les voituraient, et il suffisait de quelques heures de repos pour que les tra?nards eussent rejoint. Arriv? ? Gap le 5 au soir, il avait franchi pr?s de cinquante lieues en quatre jours, par d'affreux chemins de montagnes, marche d'arm?e prodigieuse et qui allait devenir plus surprenante encore les jours suivants. Napol?on, fort bien re?u ? Gap, y apprit cependant des nouvelles qui ne lui permettaient point d'y s?journer. Il avait envoy? un ?missaire pour sonder la garnison d'Embrun, et cet ?missaire avait rapport? que les soldats ?taient pr?ts au premier signal ? prendre la cocarde tricolore, mais que le sentiment du devoir retenant les officiers, ceux-ci, loin de vouloir livrer la place, songeaient au contraire ? occuper le d?fil? dit de Saint-Bonnet, qui communique de la vall?e de la Durance dans celle du Drac, affluent de l'Is?re. Ce d?fil? commence au sortir de Gap, traverse une haute montagne au col dit de Saint-Guignes, et descend ensuite sur Saint-Bonnet. Napol?on craignant d'?tre pr?venu ? un passage aussi dangereux, y achemina son avant-garde le 6 de tr?s-bonne heure, et la suivit lui-m?me apr?s avoir attendu jusqu'? midi la queue de sa colonne ? Gap. Le d?fil? n'?tait point gard?, et il put aller coucher le soir au bourg de Corps, sur la limite du d?partement de l'Is?re. Jusqu'ici tout lui avait parfaitement r?ussi: il ?tait en plein Dauphin?, et pouvait m?me ressentir d?j? les ?motions de la ville de Grenoble, profond?ment agit?e ? son approche. S'il enlevait cette ville, importante par son site, ses ouvrages, son arsenal, sa nombreuse garnison, et la valeur politique et morale de ses habitants, il ?tait presque ma?tre de la France, car Grenoble lui donnait Lyon, et Lyon lui donnait Paris. Ne voulant n?gliger aucune pr?caution il se fit pr?c?der par le docteur ?mery, qui avait des intelligences dans Grenoble, et qui pouvait y pr?parer les esprits en sa faveur. L'estafette exp?di?e de Draguignan par le pr?fet du Var ?tait arriv?e ? Grenoble le samedi 4 mars, dans la soir?e. Un savant illustre, M. Fourier, ?tait pr?fet de l'Is?re. Le g?n?ral Marchand, l'un des officiers de l'Empire les plus estim?s, commandait ? Grenoble, si?ge de la 7e division militaire. Le pr?fet et le g?n?ral furent tr?s-d?sagr?ablement surpris par la nouvelle qu'on leur mandait, car, outre ce qu'elle avait de grave pour la France enti?re, elle s'aggravait pour eux de la responsabilit? qui allait peser sur leur t?te. En effet le pr?fet du Var, mieux inform?, venait de leur indiquer la direction de Grasse, Digne, Gap et Grenoble, comme celle que Napol?on avait d? prendre. L'orage se portait donc directement sur eux. Par une disposition assez naturelle ? tous les gouvernements qui apprennent un ?v?nement f?cheux, ils tinrent la nouvelle cach?e, ce qui du reste avait l'avantage de leur laisser quelques heures de calme pour d?lib?rer sur la conduite ? tenir. M. Fourier ?tait du nombre de ces savants que les agitations publiques importunent, et qui ne demandent aux gouvernements qu'ils servent, que l'aisance dans l'?tude. Il aurait donc fort d?sir? que la Providence e?t ?cart? de lui cette terrible ?preuve. Attach? ? Napol?on par des souvenirs de gloire , aux Bourbons par estime et par amour du repos, il n'avait de pr?f?rence bien marqu?e pour aucune des deux dynasties, et ?tait fort dispos? ? en vouloir ? celui qui venait troubler sa paisible vie: Ajoutez ? ce sentiment un honn?te amour de son devoir, et on comprendra qu'il voul?t d'abord ?tre fid?le aux Bourbons, sans toutefois pousser le d?vouement jusqu'au martyre. Quant au g?n?ral Marchand, quoique largement associ? ? la gloire imp?riale, il ?tait s?v?re observateur de la discipline militaire, et, tout en d?sapprouvant la conduite de l'?migration, il ?tait assez intelligent pour comprendre les dangers auxquels le retour de Napol?on allait exposer la France. Sa r?solution ?tait beaucoup plus ferme que celle du pr?fet, mais ? cette heure le plus ou le moins d'?nergie ne procurait gu?re de moyens de r?sistance. Les troupes ne manquaient pas dans le pays. Le mouvement de concentration vers les Alpes, ordonn? ? la suite des imprudences de Murat, avait commenc?, et il y avait dans la Franche-Comt?, le Lyonnais, le Dauphin?, plus de soldats que n'en comportait l'effectif g?n?ral de l'arm?e. Malheureusement en pr?sence de Napol?on, ce n'?tait pas le nombre des troupes qui importait, mais leur fid?lit?. R?sisteraient-elles ? son nom, et bient?t ? sa pr?sence? Le g?n?ral Marchand connaissait assez l'arm?e pour en douter. Il convoqua en secret les chefs de corps, et ceux-ci d?clar?rent que, pr?ts ? faire leur devoir, ils r?pondaient m?diocrement de leurs officiers, et nullement de leurs soldats. On ?tait m?me assez mal partag? ? Grenoble quant au choix des r?giments. ? c?t? du 5e d'infanterie, bien disciplin? et bien command?, on avait le 4e d'artillerie, dans lequel Napol?on avait fait ses premi?res armes, et qui depuis la dissolution de l'artillerie de la garde imp?riale, en avait re?u plusieurs compagnies. On avait aussi le 3e du g?nie, anim? de sentiments peu favorables aux Bourbons, et on craignait avec raison l'ordinaire influence des corps savants sur le reste des troupes. Le g?n?ral Marchand con?ut donc de vives inqui?tudes, et attendit pour prendre un parti l'arriv?e du g?n?ral Mouton-Duvernet, qui commandait la subdivision de Valence. La 7e division militaire, form?e alors de quatre d?partements, ?tait partag?e en deux subdivisions, celle de Grenoble qui comprenait l'Is?re et le Mont-Blanc, celle de Valence qui comprenait la Dr?me et les Hautes-Alpes. Il en r?sultait que le g?n?ral Mouton-Duvernet, pour aller donner des ordres dans les Hautes-Alpes, c'est-?-dire ? Gap, ?tait oblig? de passer par Grenoble. Ce g?n?ral inform? de son c?t? des ?v?nements, avait pris ? la h?te quelques pr?cautions pour la d?fense du pont de Romans sur l'Is?re, en cas que Napol?on suiv?t les bords du Rh?ne, puis ?tait parti pr?cipitamment pour les Hautes-Alpes, et il ?tait arriv? ? Grenoble le dimanche 5, au matin. L?, dans une r?union compos?e du pr?fet Fourier, du g?n?ral Marchand, du g?n?ral Mouton-Duvernet, et de quelques officiers d'?tat-major, on avait d?lib?r? sur les mesures qu'il convenait d'adopter. Il n'?tait pas ais? d'en imaginer qui r?pondissent aux justes inqui?tudes des esprits pr?voyants. La nouvelle, d'abord renferm?e entre les principales autorit?s de la ville, s'?tait bient?t r?pandue, et dans le milieu de la journ?e du dimanche elle ?tait devenue publique. Le pr?fet, le g?n?ral, crurent alors qu'il convenait de l'annoncer officiellement, et publi?rent une proclamation dans laquelle ils engageaient les fonctionnaires de toutes les classes ? remplir leurs devoirs, promettant de leur donner eux-m?mes l'exemple. Grenoble offrait un ?chantillon complet de l'?tat de la France ? cette ?poque. On y voyait quelques anciens nobles affichant imprudemment leurs esp?rances et leurs voeux, mais ayant compris depuis le proc?s Exelmans, depuis les fun?railles de mademoiselle Raucourt, qu'ils devaient se contenir s'ils ne voulaient s'exposer ? de nouveaux malheurs. On y voyait une bourgeoisie nombreuse, riche, ?clair?e, n'ayant donn? ni dans les exc?s ni dans les brusques retours de l'esprit r?volutionnaire, admirant le g?nie de Napol?on, d?testant ses fautes, profond?ment bless?e de la conduite de l'?migration, mais sentant vivement le danger d'un r?tablissement de l'Empire en pr?sence de l'Europe en armes. On y voyait enfin un peuple laborieux, ais?, brave, moins combattu dans ses sentiments que la bourgeoisie parce qu'il ?tait moins ?clair?, passionn? pour la gloire militaire, ayant en aversion ce qu'on appelait les nobles et les pr?tres, partageant en un mot toutes les dispositions des paysans du Dauphin?, bien que pour sentir comme eux il n'e?t pas le motif int?ress? des biens nationaux. On devine, sans qu'il soit besoin de le dire, les ?motions que la nouvelle de l'approche de Napol?on dut produire parmi ces diverses classes. La noblesse poussa des cris de col?re, et courut chez les autorit?s pour les exciter ? faire leur devoir, en les mena?ant de tout son courroux si elles montraient la moindre h?sitation. Mais tout en criant, s'agitant, elle n'apportait aucun moyen s?rieux de r?sistance. Toutefois elle en avait un ? sa disposition, c'?tait de fournir quelques hommes d?vou?s qui tireraient le premier coup de fusil, seule mani?re d'engager les troupes et de les d?cider. Elle promettait de trouver ces quelques hommes, mais on en doutait, et elle en doutait elle-m?me. La bourgeoisie se montra inqui?te et partag?e, car si elle condamnait la marche politique des Bourbons, elle entrevoyait clairement les p?rils attach?s ? leur chute. Quant au peuple, dans les rangs duquel s'?taient m?l?s beaucoup d'officiers ? la demi-solde, il tressaillit de joie, et ne cacha gu?re ses d?sirs et ses esp?rances. Les fonctionnaires dissimulaient plus que jamais leurs v?ritables sentiments, mais au fond du coeur ils souhaitaient le succ?s de Napol?on, pour ?tre dispens?s envers les Bourbons d'une hypocrisie fatigante, qui les humiliait sans les rassurer sur la conservation de leurs emplois. Une population dispos?e de la sorte ne pr?sentait donc pas beaucoup de ressource. Si on avait poss?d? une garde nationale unie et bien organis?e, on aurait pu en la m?lant aux troupes les contenir par le bon exemple. Mais les nobles avaient comme partout affect? de se renfermer dans la cavalerie de la garde nationale, et laiss? ? la bourgeoisie seule le soin de composer l'infanterie. Celle-ci ayant manifest? plus d'une fois une vive opposition ? la marche du gouvernement, avait ?t?, sous divers pr?textes, priv?e de ses fusils, et elle ?tait en ce moment d?sarm?e et d?sorganis?e. On n'avait par cons?quent sous la main que les troupes de ligne, dont la fid?lit? ?tait le grand probl?me du jour. Le lundi 6, au milieu du jour, on eut des nouvelles du g?n?ral Mouton-Duvernet. S'?tant avanc? en toute h?te sur la route de Gap par Vizille, ce g?n?ral avait rencontr? un voyageur qu'il avait fait arr?ter. C'?tait le docteur ?mery, d?p?ch? ? Grenoble par Napol?on. Il avait questionn? ce voyageur, qui avait d?clar? ne rien savoir, ?tre parti de l'?le d'Elbe depuis plusieurs mois, et revenir tranquillement ? Grenoble, sa patrie, pour y fixer son s?jour. Tromp? par ces d?clarations, le g?n?ral Mouton-Duvernet avait laiss? passer le docteur ?mery, et s'?tait ensuite port? en avant. Il avait bient?t appris que Napol?on, apr?s avoir couch? la veille ? Gap, marchait ce jour-l? m?me sur Corps, o? il allait arriver, apr?s avoir franchi le d?fil? de Saint-Bonnet. Il n'?tait donc plus temps de l'arr?ter, et rebrousser chemin vers Grenoble ?tait la seule chose que le g?n?ral Mouton-Duvernet e?t ? faire. En route, ce g?n?ral s'?tant ravis? ? l'?gard du docteur ?mery, avait fait courir apr?s lui pour s'emparer de sa personne. Mais le docteur, fort alerte, avait eu le temps de gagner Grenoble, o? il ?tait all? se cacher chez des amis qu'il avait charg?s de r?pandre les proclamations de Napol?on et la nouvelle de son approche. Quand on sut ? Grenoble qu'il n'avait pas ?t? possible de devancer Napol?on aux d?fil?s qui s?parent le bassin de la Durance de celui de l'Is?re, qu'il serait dans la soir?e ? Corps, et peut-?tre le lendemain ? Grenoble, l'agitation redoubla. D'une part, on disait que rien ne lui r?sisterait, et que les troupes envoy?es ? sa rencontre ne serviraient qu'? augmenter ses forces; de l'autre, on pr?tendait qu'une arm?e, command?e par le comte d'Artois et plusieurs mar?chaux, se r?unissait ? Lyon pour arr?ter l'?vad? de l'?le d'Elbe, et le punir d'une mani?re ?clatante. Les royalistes, qui r?pandaient cette nouvelle afin de reprendre courage, ne parvenaient gu?re ? se rassurer. Ils entouraient les autorit?s, les gourmandaient, les accusaient de ne rien faire, sans faire davantage eux-m?mes, et leur reprochaient am?rement de s'enfermer passivement dans Grenoble. ? les entendre, c'?tait ouvrir toutes les issues ? Napol?on, et lui livrer la France. On citait un nouvel endroit o? il serait possible de l'arr?ter en faisant sauter un pont. Ce pont ?tait celui de Ponthaut sur une petite rivi?re, la Bonne, qui se jette dans le Drac, affluent de l'Is?re, et barre la route de Gap. On disait qu'en faisant sauter ce pont, on r?duirait Napol?on ? se r?fugier dans les montagnes, ou bien ? descendre dans la plaine, c'est-?-dire au bord du Rh?ne, o? les forces assembl?es ? Lyon ne manqueraient pas de le d?truire. On insista tellement aupr?s des autorit?s civiles et militaires, que le pr?fet et le g?n?ral prirent le parti d'envoyer ? ce pont de la Bonne une compagnie d'artillerie, une compagnie du g?nie, et un bataillon du 5e de ligne, dont on augurait bien ? cause de sa parfaite discipline. Ce bataillon ?tait command? par un officier tr?s-distingu?, nomm? Lessard, ayant servi jadis dans la garde imp?riale, mais rigoureux observateur de ses devoirs, et r?solu ? tenir ses serments. On suivit ces troupes jusqu'? la porte de Bonne par laquelle elles sortirent, les royalistes se confiant en leur excellente tenue, les bonapartistes, au contraire, disant que les regards, les gestes des soldats ne laissaient aucun doute sur la conduite qu'ils tiendraient en pr?sence de Napol?on. La colonne ?tant partie dans la soir?e, on ne pouvait avoir de ses nouvelles que le lendemain, et on les attendit avec impatience. Le lendemain, mardi 7, arriv?rent le 11e et le 7e de ligne, venus de Chamb?ry, et le 4e de hussards venu de Vienne. En m?me temps on s'?tait mis ? l'ouvrage, et on avait activement travaill? ? l'armement de la place, en tirant les canons de l'arsenal pour les hisser sur les murailles. Les royalistes fondaient beaucoup d'esp?rances sur l'un des deux r?giments d'infanterie arriv?s de Chamb?ry, sur le 7e, command? par le colonel de La B?doy?re, jeune officier des plus brillants, ayant fait les campagnes les plus rudes de l'Empire, tr?s-ancien gentilhomme, alli? par sa femme ? la famille des Damas, prot?g? de la cour, et paraissant lui ?tre d?vou?. On racontait qu'en entrant dans Grenoble, il avait distribu? ? ses soldats une somme d'argent prise sur ses propres deniers, et on ne doutait pas qu'il ne l'e?t fait pour s'attacher son r?giment et le maintenir dans la voie du devoir. Ce jeune colonel d?nait en ce moment avec les officiers de la garnison chez le g?n?ral Marchand, qui les avait r?unis ? sa table pour mieux s'assurer de leurs dispositions. La plupart, sous les yeux de l'autorit? sup?rieure, manifestaient assez de z?le, mais quelques-uns plus sinc?res, tout en affirmant qu'ils feraient leur devoir, n'avaient pas cach? qu'il leur en co?terait de le faire contre Napol?on. Au milieu de ces manifestations diverses, le colonel de La B?doy?re s'?tait tu, et ce silence, de la part d'un officier suppos? royaliste, avait paru singulier, mais nullement inqui?tant, tant le doute semblait impossible ? son ?gard. On quitta la table vers deux heures, et comme ? cette heure les troupes envoy?es au pont de Ponthaut devaient ?tre en face de Napol?on, et que la crise approchait, chacun se retira pour vaquer ? ses fonctions. En effet, les troupes parties la veille au soir s'?taient dirig?es par Vizille, La Frey, La Mure, sur Ponthaut, les deux compagnies du g?nie et de l'artillerie en semant la route de leurs cocardes blanches et en tenant de fort mauvais propos, le bataillon du 5e au contraire en ne donnant aucun signe de ses sentiments. Les deux compagnies du g?nie et de l'artillerie s'?taient arr?t?es au village de La Mure, ? une petite distance du pont de Ponthaut sur la Bonne. Le maire et les habitants de La Mure en apprenant ce qu'on venait faire s'?murent vivement, et s'oppos?rent ? la destruction d'un pont qui ?tait leur principal moyen de communication avec la Provence. Ils all?gu?rent pour raison de leur r?sistance qu'un peu au-dessus de Ponthaut la Bonne ?tait gu?able, et que tout le tort qu'on ferait ? la colonne imp?riale serait de l'obliger ? passer la rivi?re dans une eau assez froide. Les soldats du g?nie feignirent de trouver suffisantes les raisons des habitants de La Mure, et sans insister ils demand?rent des logements, qu'on s'empressa de leur procurer en attendant l'arriv?e du 5e de ligne. La nuit se passa de la sorte, l'anxi?t? la plus vive r?gnant chez ceux qui ?taient charg?s d'arr?ter Napol?on, comme chez ceux qui le suivaient. Pendant ce temps, le chef de bataillon du 5e avait fait une marche r?trograde de quelques heures pour emp?cher toute communication entre ses soldats et ceux de Napol?on, et s'?tait arr?t? dans une bonne position, ayant ? droite des montagnes, ? gauche des ?tangs. Il ?tait l? en mesure de se d?fendre, et procurait ? sa troupe un peu de repos. Il attendit jusque vers midi, ne voyant rien venir, et se flattant d?j? que Napol?on aurait chang? de route, ce qui l'e?t d?charg? d'une immense responsabilit?. Vers une heure quelques lanciers se montr?rent, et plusieurs d'entre eux s'approch?rent assez pour ?tre entendus des soldats du 5e, leur annon?ant que l'Empereur allait para?tre, les pressant de ne pas tirer et de se donner ? lui. Le brave chef de bataillon, fid?le ? son devoir, les somma de s'?loigner, mena?ant de faire feu s'ils s'obstinaient ? donner ? sa troupe des conseils de d?fection. Ces cavaliers se repli?rent sur une colonne plus consid?rable qui s'avan?ait, et paraissait ?tre de plusieurs centaines d'hommes. Cette colonne ?tait celle de l'?le d'Elbe dirig?e par Napol?on lui-m?me. Il avait couch? ? Corps, ?tait venu ? La Mure, o? il avait laiss? ? sa troupe le temps de manger la soupe, et s'?tait ensuite dirig? sur la position o? on lui disait que se trouvait un bataillon du 5e de ligne avec quelques troupes d'artillerie et du g?nie, dans l'attitude de gens pr?ts ? se d?fendre. Les lanciers qui s'?taient repli?s lui avaient dit que les officiers semblaient dispos?s ? r?sister, mais que probablement les soldats ne feraient pas feu. Napol?on regarda quelque temps avec sa lunette la troupe qui ?tait devant lui, pour observer sa contenance et sa position. Dans ce moment survinrent des officiers ? la demi-solde, d?guis?s en bourgeois, qui lui donn?rent des d?tails sur les sentiments de la troupe charg?e de lui barrer le chemin.--L'artillerie et le g?nie ne tireraient pas, assuraient-ils. Quant ? l'infanterie, l'officier qui la commandait ordonnerait certainement le feu, mais on doutait qu'il f?t ob?i.--Napol?on, apr?s avoir entendu ce rapport, r?solut de marcher en avant, et de d?cider par un acte d'audace une question qui ne pouvait plus ?tre d?cid?e autrement. Il rangea sur la gauche de la route l'avant-garde de Cambronne, sur la droite le gros de sa colonne, et en avant la cinquantaine de cavaliers qu'il ?tait parvenu ? monter. Puis d'une voix distincte il commanda ? ses soldats de mettre l'arme sous le bras gauche, la pointe en bas, et il prescrivit ? l'un de ses aides de camp de se porter sur le front du 5e, de lui dire qu'il allait s'avancer, et que ceux qui tireraient r?pondraient ? la France et ? la post?rit? des ?v?nements qu'ils auraient amen?s. Il avait raison, h?las! et ceux qu'il interpellait ainsi allaient d?cider si Waterloo serait inscrit ou non sur les sanglantes pages de notre histoire! Tels furent les d?tails rapport?s ? Napol?on, d?tails qui ?taient de nature ? dissiper ses inqui?tudes, s'il avait pu en conserver apr?s ce qui venait de se passer ? La Mure. Bient?t le 7e s'?tant rapproch?, on vit La B?doy?re se jeter ? bas de cheval pour courir vers Napol?on, et celui-ci de son c?t? mettre pied ? terre, recevoir dans ses bras le colonel, et le remercier avec effusion du mouvement spontan? qui l'avait port? vers lui, dans un moment o? tout ?tait incertain encore. La B?doy?re r?pondit qu'il avait agi de la sorte pour relever la France humili?e, puis, avec l'abandon d'un coeur qui ne se poss?dait plus, dit ? Napol?on qu'il allait trouver la nation bien chang?e, qu'il devait renoncer ? son ancienne mani?re de gouverner, et qu'il ne pouvait r?gner qu'? la condition de commencer un nouveau r?gne.--Je le sais, dit Napol?on, je reviens pour relever votre gloire, pour sauver les p Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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