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Read Ebook: Jane Journeys On by Mitchell Ruth Comfort
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 1853 lines and 62331 words, and 38 pagesG. REVAL Les S?vriennes PARIS SOCI?T? D'?DITIONS LITT?RAIRES ET ARTISTIQUES Librairie Paul Ollendorff 50, CHAUSS?E D'ANTIN, 50 DU M?ME AUTEUR Les Lyc?ennes. Un Lyc?e de jeunes filles. Tous droits de traduction et de reproduction r?serv?s pour tous les pays, y compris la Su?de, la Norv?ge, la Hollande et le Danemark. S'adresser, pour traiter, ? la librairie Paul Ollendorff, 50, Chauss?e d'Antin, Paris. SAINT-DENIS.--IMP. H. BOUILLANT, 20, RUE DE PARIS.--16811. A Madame Marni. Madame, Le vieil usage n'est-il pas qu'un auteur, avant d'abandonner son livre aux caprices du Destin, le voue ? quelque G?nie bienfaisant? Faites-moi la gr?ce, Madame, d'accepter l'hommage de mon premier livre: vous ?tes ce bon G?nie, et c'est d'un coeur tout ? vous, que je vous offre, en t?moignage d'admiration et de gratitude, les pages qui vous ont plu. Vous m'?tes t?moin, Madame, qu'en ?crivant un livre sur l'?cole de S?vres, je n'ai fait autre chose que grouper mes souvenirs de S?vrienne, initiant ainsi le public, qui nous ignore, ? une vie d'ardent et p?nible labeur, ? des ?motions ?pres ou pu?riles. Je l'ai fait sinc?rement, m?me en ce qui touche quelques sujets d?licats. Ce n'est point une oeuvre p?dagogique que j'entreprends, et ce n'est pas une satire de la tr?s haute culture que re?oivent ? S?vres les privil?gi?es de nos lyc?es de jeunes filles. Je ne suis pas assez l'ennemie de moi-m?me, pour d?chirer le sein qui m'a si copieusement nourrie. Mon dessein a ?t? de peindre, par des tableaux successifs, et par le r?cit d'une courte aventure, un milieu tr?s sp?cial, < S?vres n'est pas un couvent, et n'est pas davantage une Universit? f?minine. Ni nonnes, ni ?tudiantes, les S?vriennes, au nombre de soixante, vivent l? comme en un gyn?c?e lib?ral, dont les portes s'ouvrent avec confiance, avec amour, devant la Po?sie, l'Art, la Science. Il est facile, en feuilletant les cours des Litt?raires et des Scientifiques, de se rendre compte de l'oeuvre poursuivie par nos Ma?tres. S?vres est le cerveau de ce grand enfant barbare, imprudent, mais tenace, qu'est l'Enseignement secondaire des jeunes filles. Ce qu'il est plus difficile de juger, c'est le charme de cette vie solitaire et studieuse, c'est la transformation de ces ?tres inachev?s, dans l'aube d?j? resplendissante de la pens?e qui s'?veille, c'est ce moment extraordinaire, o? soudain l'esprit atteint sa pubert?, moment d'orgueil immense, o? la jeune fille se croit assez forte pour marcher seule dans la vie. Alors, c'est une rupture compl?te avec le pass?: elle entre ? S?vres; d'o? vient-elle? peu importe, rien ne va subsister de ce qu'elle apporte en patrimoine. Elle est le sol d?j? remu? par la charrue, mais non ensemenc?. Voil? le semeur qui passe, jetant aux sillons la graine, et sur le germe f?cond, pieusement la Vierge referme les l?vres, mystiques gardiennes de la moisson. Le Sacerdoce commence. Pour donner corps ? ma pens?e, j'ai choisi un groupe de S?vriennes tr?s diff?rentes par temp?rament les unes des autres, n'ayant de commun entre elles, que le travail, les habitudes, le but ? atteindre. Je n'ai point indiqu?, ou tr?s peu, ce qu'elles ?taient avant d'entrer ? S?vres: l'histoire d'?coli?res pauvres, mais intelligentes, voulant trouver un gagne-pain dans l'Enseignement, leur est commune ? toutes; si elles doivent souffrir de la confusion des milieux, ce n'est qu'une fois professeurs; alors je dirai leur triste roman, quand elles retombent sans famille, sans amis, dans la plus terrible r?alit?. Cette fois ce sera le roman du professeur-femme, dont cette ?tude sur les S?vriennes n'est que la pr?face. Aux sc?nes de la vie intime de l'?cole, j'ai m?l? une intrigue romanesque, celle d'une S?vrienne d'?lite, ?me tr?s pure, mais inqui?te, ? la merci de la douleur, et qui, affranchie par la culture de ses Ma?tres, ne recule pas devant l'extr?me cons?quence de ses principes. Le cas est exceptionnel, j'en conviens: il est vrai, je le sais: donc il est int?ressant. Mes autres personnages montrent assez que l'avenir, si avare de bonheur qu'il soit, saura leur convenir, et qu'en toute S?vrienne, s'il y a l'?toffe d'un ?loquent ma?tre de Sorbonne, ? la longue il y aura peut-?tre une ?ducatrice d'?mes. Ce livre est vrai aujourd'hui, comme il le fut hier. La fondatrice est morte, son oeuvre subsiste, seules quelques coutumes ont disparu avec elle. Les S?vriennes jouissent de leur sup?riorit?, toisent un tantinet les petits ?chelons qui sont au-dessous d'elles, dans cette courte ?chelle universitaire, et se comparent volontiers ? ces pages, damerets et damoiseaux, qui se formaient au bien dire et aux belles mani?res courtoises, aupr?s des dames d'antan. Elles ont, elles aussi, jeux de gr?ces et joutes viriles, avant de m?riter < Vous montrer mon ?cole, toute nue, chaste d'?tre belle, voil? ce que j'ai voulu faire, Madame. J'ai ?crit ce livre avec passion, ?tant toujours amoureuse de mon ?cole, et parce que ce seul nom de S?vres est pour moi,--pour nous toutes, h?las!--la r?surrection d'un temps o?, corps et ?mes, nous ?tions en beaut?. GABRIELLE R?VAL. Janvier 1900. LES S?VRIENNES PREMI?RE PARTIE CHAPITRE PREMIER LA COUR DE LA VIEILLE SORBONNE Par ce frais matin de juin, le soleil glisse sur les toits biscornus qui coiffent la vieille Sorbonne et jette, sur le cadran de pierre, la premi?re ombre de l'aiguille. Il est sept heures et demie; quoique tr?s anim?e, la cour reste maussade comme le giron d'une vieille dame grise pr?chant l'aust?rit?. Des groupes de jeunes filles attendent, la serviette sous le bras, qu'on ouvre la petite porte de l'Amphith??tre. Les unes restent immobiles, clou?es aux pav?s luisants, on en voit qui su?otent l'eau de m?lisse; les affam?es se lestent d'un dernier croissant; d'autres, fi?vreuses, arpentent la cour, des marches de la chapelle aux grillages des portes; l'une s'esquive pour repasser < Elles sont l? cinquante, soixante, quatre-vingts. Tout ? l'heure, il y en aura plus de cent: ce sont les aspirantes litt?raires et scientifiques au concours de l'?cole normale sup?rieure de S?vres. On en voit de gentilles, dix-huit ? vingt-cinq ans, pas plus, p?lies par l'?moi ou la houppette, les yeux vifs, fi?vreux, un peu battus. Du chic dans une robe de quatre sous, qu'elles portent avec aisance ou d?sinvolture. Quelques scientifiques ont l'aspect < En corbeille autour des aspirantes, les m?res de famille observent les rivales, lisent sur les figures les chances de r?ussite: < Les papas, plus avis?s, supputent la cote suppl?mentaire d'une bouche rieuse, et des yeux qui seront jolis ? voir pleurer. Jalousement on s'observe, on se d?fie; puis d'instinct les groupes se forment, s'isolent. Il n'y a plus que des gens qui vont se battre ? la course: jeu terrible dont quelques-unes ne se rel?veront pas. Premier groupe.--Lyc?e F?nelon. Celui-l? tr?s en vue, le plus nombreux, porte beau. Une brunette s?millante, de jolie tournure parisienne, Jeanne Viole, interpellant une de ses compagnes, Berthe Passy, sorte de gavroche enjuponn?: --Dis donc, sommes-nous assez M?duses! Les pauvres petites, elles tremblent ? nous regarder. Oui, Mesdemoiselles, c'est nous le Lyc?e F?nelon, ? nous les premi?res places, ? vous les autres... s'il en reste. --Il nous manque un Suisse, pour nous annoncer, r?pond l'autre; entends-tu ?a, dans le vieil Amphith??tre: < Un ?clat de rire g?n?ral accueille cette boutade, et Jeanne Viole, heureuse de cacher son ?moi, sous ce papotage d'?coli?re, reprend: --C'est gentil ce que notre Plumkett a fait hier pour Didi, son chouchou! --Quoi donc? est-ce qu'il lui aurait donn? des tuyaux sur notre examen, le l?che! --Mais non, Plumkett, tu le sais bien, est incapable de ?a. Il a confi? ? Didi, avec mille rougeurs, un petit bout de crayon, un f?tiche quoi, afin qu'? l'examen, elle retrouve sa note coutumi?re. --Chic, chic, voil? qui m?ritait un baiser! Gageons, fait Berthe railleuse, que Didi ne l'aura pas compris. Cette fille-l? ne saura jamais dire merci. Pourtant 18 toute l'ann?e!!! que Dieu fasse, elle a gard? son 18. Ce qu'ils la gobent au Lyc?e. Il n'y a que Mlle Adrienne Chantilly qui sache parler, qui sache dire; pour elle, on trouve d'illustres comparaisons; crois-tu, que dans les petites classes, on r?p?te: Didi fait du Heredia, Didi parle comme Jules Lema?tre, Didi a la voix de Mor?no. Je voudrais seulement qu'on dise de moi: elle a le coup de paupi?re de cette Didi: je serais s?re aujourd'hui d'entrer premi?re ? S?vres! En bonne compagne, Jeanne Viole, cherchant ? concilier tous les esprits, arr?te ce flux de paroles: Add to tbrJar First Page Next Page |
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