Read Ebook: My New Curate by Sheehan Patrick Augustine

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Ebook has 52 lines and 2065 words, and 2 pages

YVETTE GUILBERT

La Vedette

ROMAN

Tout exemplaire est num?rot? au verso du faux-titre.

PARIS H. SIMONIS EMPIS, ?DITEUR 21, RUE DES PETITS-CHAMPS, 21

Tous droits de traduction et de reproduction r?serv?s pour tous pays, y compris la Su?de, la Norv?ge et le Danemark. S'adresser, pour traiter, ? M. H. Simonis Empis.

?MILE COLIN, IMPRIMERIE DE LAGNY

Il a ?t? tir? de cet ouvrage:

Ces exemplaires sur papier du Japon ont ?t? souscrits par M. A. FERROUD , 127, boulevard Saint-Germain.

Soixante-dix exemplaires sur papier de Hollande num?rot?s de 1 ? 70.

AVANT-PROPOS

Le Parisien du boulevard, client de passage ou habitu? de la Scala, de l'Eldorado, de l'Olympia et des Folies-Berg?re ne conna?t gu?re, avec la Cigale, le Concert Europ?en et le Divan Japonais o? l'on grimpe parfois, d'autres ?tablissements o? la chanson fait flor?s.

Il ignore que dans les quartiers excentriques, des petites salles de bal, de conf?rences, de banquets, des sous-sols de caf?s et de troquets s'ouvrent ? tous les amateurs, chanteurs, ouvriers, petits employ?s venant l? chercher entre eux un semblant de petite gloire.

Les arrondissements lointains sont remplis de guinguettes joyeuses, pourvues d'une client?le assidue, et plus d'un chanteur connu a commenc? sa carri?re et pris go?t aux bravos dans une de ces petites cases... encourag? par les camarades ? l?cher le burin ou le marteau pour les joies du tremplin qui les fait r?ver tous! A Paris, tout le populo chante--m?contents et satisfaits.

Je me souviens, quand j'?tais petite fille, il y a de cela vingt-huit ans! avoir demeur? dans une maison voisine d'un caf?, o?, le soir, les gens du quartier se r?unissaient et chantaient les romances en vogue, accompagn?es au piano par un M. Petit, qui, du temps de Renard ? l'Eldorado, faisait r?p?ter et chanter les artistes.

Que ces temps sont loin, mon Dieu! Ai-je assez travaill? depuis!!! Qui sait? j'ai peut-?tre bien cent ans...

Et mademoiselle Marguerite Walin! La belle blonde ? la peau mate, aux yeux clairs, qui ravageait les coeurs, de la Place de la R?publique aux Filles du Calvaire!

Pr?s du cirque, ?tait un autre temple de la chanson, encore un caf? o? le dimanche se retrouvaient les m?mes personnes. Jamais je n'oublierai un ouvrier ferblantier qui montait sur l'estrade, et grin?ait d'une voix qui semblait ?tre un tambourin sur lequel on fait sauter des trousseaux de clefs! une de ces voix de m?tal, qu'on obtient en mettant du fer et du papier dans les int?rieurs de pianos... pour faire danser les Belle-Fatma. Il avait avec cela une horreur de t?te... Une chim?re chinoise! je ne sais au juste, des yeux qui sortaient comme pour sauter par terre... un nez ?norme, large, avec des trous noirs et poilus... une bouche en fente de broc, bref, une telle t?te de massacre, que papa, ignorant son nom, l'avait surnomm? <> et le nom lui resta!

Celui-l?, grimacier et comique, chantait:

J'avais d? mou... J'avais d? mou...rir pour Charlotte!

Je me le rappelle comme si c'?tait hier!

Dieu! le vilain ferblantier de chanteur! Que j'aimais mieux le coiffeur, peign? ? la Rochefort, avec son toupet carotte, sa figure de porcelaine, ses yeux ?teints, d'un bleu fan? sale, comme en ont les pastels sur lesquels on a pass? la manche: il me semblait du dernier bien!... et puis il chantait la tyrolienne! et la tyrolienne ?tait mes amours!!! Ah les troulala?tou de ma jeunesse! Lebassy! Qui se souvient de Lebassy?

<>... et les troulala?tou ? n'en plus finir! C'?tait superbe! Qu'est-il devenu? Et Massacro? Et mon coiffeur? Que tout cela est loin, mon Dieu!

Mon coiffeur et Massacro n'ont jamais d? d?passer le p?rim?tre de leur quartier; d'autres, mieux dou?s, se sont envol?s vers des horizons plus lointains, mais que de haltes, que de parcours lents et nombreux, avant d'arriver ? figurer sur l'affiche d'un ?tablissement, je ne dirai pas connu, mais simplement pas tout ? fait ignor?!

Aussi quel soupir de joie quand l'un de ces braves gens arrive enfin au but de ses voyages, ? son entr?e dans un <>! Dame! c'est pour lui l'avenir assur?, c'est-?-dire la province ouverte sur toute la ligne... la France en long et en large ? ses pieds, quelquefois m?me l'?tranger! et pas besoin d'?tre pour cela une vedette en vogue, non, il suffit--mais cela est indispensable--d'?tre de la Scala, de l'Eldorado, ou de l'Olympia, ou des Folies-Berg?re, c'est l'?tiquette passe-partout!

C'est beaucoup de travail, de peines, pour une cro?te de pain au bout de la vie... et encore pas toujours!... c'est m?me rare...

Le public parisien ne se doute pas que le monsieur et la dame qu'il trouve emb?tants, et n'?coute m?me pas, entre huit heures et neuf heures du soir, deviennent, d?s qu'ils se d?placent, l'?toile et le favori de toute une population qui les f?te, ? Lyon, ? Marseille ou ? Bordeaux. Pensez donc! ce sont des <> de Paris, et de la Scala encore!!! Et ce bon accueil r?chauffe leur z?le et console ces pauvres gens de ces Parigots de malheur qui n'ont de sourires que pour leurs favoris... Ah! si on n'avait pas la Province! on finirait par croire qu'on n'a pas de talent! Mais, Dieu merci! les d?partements sont l? qui prouvent le contraire.

Bonne province!!! Bons petits cabots piocheurs, et si souvent d?courag?s, allez, roulez, trottez sur les routes, chantez et ramassez, l? o? on vous les donne, les bravos que vous qu?tez.

Si quatre-vingt-six d?partements vous font la risette, contre un seul qui vous boude, consolez-vous!...--et dites-vous que d?j? du temps d'Henri IV, Paris ne valait qu'une messe! et que ce sont les quatre-vingt-six d?partements qui ont raison--et zut pour le reste!

Y. G.

LA VEDETTE

--Mademoiselle Edm?e va vous chanter les <>

Parmi le brouhaha des conversations, le grincement des chaises remu?es, le cliquetis des verres sur le marbre des tables, cette annonce ne produisit qu'un silence relatif.

Cependant, ?mergeant du nuage de fum?e qui fanait les papillons des becs de gaz dont s'?clairait la salle, mademoiselle Edm?e se hissait d?j? sur la caisse d'emballage retourn?e, figurant la sc?ne, et les premiers accords de la romance de Massenet vagissaient sur le clavier du piano ?tique accot? ? l'estrade.

Et ceci se passait, rue Julien-Lacroix, dans le sous-sol d'une boutique de marchand de vins, temple lyrique, ce dimanche soir comme tous les autres dimanches, de la soci?t? musicale <>.

Ce sous-sol ?tait une sorte de carr? long, au plafond bas, o? l'on acc?dait par un escalier en colima?on, sans cesse encombr? par les mont?es et les descentes du gar?on qui, irrespectueux du grand art, ne se g?nait point pour couper les meilleurs effets des monologues, et les plus brillants traits des chansons, par des retentissants <> ou <> lesquels suivis immanquablement des <> et des <>, vocif?r?s par les auditeurs m?lomanes, d?cha?naient un charivari plut?t impropre ? la parfaite ex?cution des chefs-d'oeuvre...

Mais, n'est-ce pas? tout le monde ne peut pas louer la salle de l'Op?ra, et les virtuoses de la Fauvette de M?nilmontant, heureux de faire appr?cier leurs belles voix, n'y regardaient pas de si pr?s. Qu'est-ce que ?a faisait, pourvu qu'on chante!

C'?taient pour la plupart des petits employ?s, des ouvriers, des commis de magasins; quelques jeunes filles aussi, qui domptaient leurs timidit?s et jetaient ?perdument ? la figure du public tous les chats qu'elles nichaient dans la gorge.

Les familles de ces demoiselles et les copains de ces messieurs venaient assister ? leurs triomphes, en sirotant des demi-setiers, des canettes et des liqueurs ? l'eau, laissant apr?s leur absorption des petits ronds poisseux sur les gu?ridons de fer, jamais nettoy?s--ou si peu!...

Mais ce soir, peste! c'?tait bien une autre paire de manches que les soirs ordinaires... Des pancartes, suspendues aux colonnes, proclamaient que le prix des consommations serait, par exception, major? de dix centimes et qu'une qu?te serait faite ? la fin du concert. C'?tait au b?n?fice d'une infortune que la Fauvette, aujourd'hui, donnait de tout son gosier!

A ne rien c?ler, l'incomparable comique Lourbillon, depuis longtemps, ne daignait plus faire ? la capitale l'aum?ne de son prestigieux g?nie... et, seuls, les modestes beuglants de province avaient le bonheur et l'honneur de le poss?der sur leurs planches.

Ce qui, au fond, ?tait injuste, car elle ?tait vraiment jeune, fra?che et jolie, blonde et grasse, et si elle n'avait point chant?, elle e?t ?t? sans d?faut.

Blanche M?sange et Lourbillon ?taient les points de mire de cent regards admirateurs, et vers eux la reconnaissance de tout un quartier montait en murmure ?mu.

Mademoiselle Edm?e, une brunisseuse, coiff?e d'un canotier de paille noire, d'une voix suraigu? et d'un geste sans r?plique, affirma:

--Les coccinelles sont couch?-?-es, et sauta du perchoir du haut duquel elle avait s?vi.

--Une autre! une autre! cria-t-on soudain dans un coin.

--La ferme! fut-il r?pondu d'un antre angle de la salle.

Quelques applaudissements assez maigres et des <> plus ?nergiques se crois?rent.

Les bravos partaient surtout d'une table o? si?geaient une vieille dame, qui d?gustait une groseille au vin, et un galopin d'une douzaine d'ann?es qui fouillait dans son nez d'un air pensif. Quant ? la personne qui, impoliment, avait r?clam? <> c'?tait une grande bringue en cheveux, ? peu pr?s de l'?ge de mademoiselle Edm?e, dix-huit ans, et ? qui celle-ci, sans nul doute, avait vendu des pois qui ne voulaient pas cuire.

Mademoiselle Edm?e, d'ailleurs, ne pipa point. Elle se contenta de grincer entre ses dents un mot que seul, le pianiste put entendre: mot qui ?voquait tout le Sahara...

Puis elle d?clara:

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