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Read Ebook: La vie et la mort du roi Richard II by Shakespeare William Guizot Fran Ois Translator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 574 lines and 30794 words, and 12 pagesTranslator: Fran?ois Pierre Guillaume Guizot Note du transcripteur. OEUVRES COMPL?TES DE SHAKSPEARE TRADUCTION DE M. GUIZOT NOUVELLE ?DITION ENTI?REMENT REVUE AVEC UNE ?TUDE SUR SHAKSPEARE DES NOTICES SUR CHAQUE PI?CE ET DES NOTES PARIS A LA LIBRAIRIE ACAD?MIQUE DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-?DITEURS 35, QUAI DES AUGUSTINS 1862 LA VIE ET LA MORT DU ROI RICHARD II TRAG?DIE NOTICE SUR LA VIE ET LA MORT DU ROI RICHARD II Dans un pareil entourage, o? Shakspeare pouvait-il puiser ce path?tique qu'il aurait aim? ? r?pandre sur le spectacle de la grandeur d?chue? Lui qui a donn? au vieux Lear, dans sa mis?re, tant de nobles et fid?les amis, il n'en a pu trouver un seul ? Richard; le roi est tomb? d?pouill?, nu, entre les mains du po?te comme de son tr?ne, et c'est en lui seul que le po?te a ?t? oblig? de chercher toutes les ressources: aussi le r?le de Richard II est-il une des plus profondes conceptions de Shakspeare. Les commentateurs sont en grande discussion pour savoir si c'est ? la cour de Jacques ou ? celle d'?lisabeth que Shakspeare a pris les maximes qu'il professe assez commun?ment en faveur du droit divin et du pouvoir absolu. Shakspeare les a prises ordinairement dans ses personnages m?mes; et il lui suffisait ici d'avoir ? peindre un roi ?lev? sur le tr?ne. Richard n'a jamais imagin? qu'il f?t ou p?t ?tre autre chose qu'un roi; sa royaut? fait ? ses yeux partie de sa nature; c'est un des ?l?ments constitutifs de son ?tre qu'il a apport? avec lui en naissant, sans autre condition que de vivre: comme il n'a rien ? faire pour le conserver, il n'est pas plus en son pouvoir de cesser d'en ?tre digne que de cesser d'en ?tre rev?tu: de l? son ignorance de ses devoirs envers ses sujets, envers sa propre s?ret?, son indolente confiance au milieu du danger. Si cette confiance l'abandonne un instant ? chaque nouveau revers, elle revient aussit?t, doublant de force ? mesure qu'il lui en faut davantage pour suppl?er aux appuis qui s'?croulent successivement. Arriv? enfin au point o? il ne lui est plus possible d'esp?rer, le roi s'?tonne, se regarde, se demande si c'est bien lui. Une autre esp?ce de courage s'?l?ve alors en lui; c'est celui que donne un malheur tel que l'homme qui le subit s'exalte par la surprise o? le plonge sa propre situation; elle devient pour lui l'objet d'une si vive attention qu'il ose la consid?rer sous tous ses rapports, ne f?t-ce que pour la comprendre; et par cette contemplation il ?chappe au d?sespoir, et s'?l?ve quelquefois ? la v?rit?, dont la d?couverte calme toujours ? un certain point: mais ce calme est st?rile, et ce courage inactif; il soutient l'esprit, mais il tue l'action: aussi toutes les actions de Richard sont-elles de la derni?re faiblesse; ses r?flexions m?mes sur son ?tat actuel d?c?lent un sentiment de sa nullit? qui descend, en de certains moments, presque ? la bassesse: et qui pourrait le relever, lui qui, en cessant d'?tre roi, a perdu, dans sa propre opinion, la qualit? distinctive de son ?tre, la dignit? de sa nature? Il se croyait pr?cieux devant Dieu, soutenu par son bras, arm? de sa puissance; d?chu de ce rang myst?rieux o? il s'?tait plac?, il ne s'en conna?t plus aucun sur la terre; d?pouill? de la force qu'il croyait son droit, il ne suppose pas qu'il lui en puisse rester aucune: aussi ne r?siste-t-il ? rien; ce serait essayer ce qu'il suppose impossible: pour r?veiller son ?nergie, il faut qu'un danger pressant, soudain, provoque, pour ainsi dire, ? son insu, des facult?s qu'il d?savoue: attaqu? dans sa vie, il se d?fend et meurt avec courage. Pour en avoir eu toujours, il lui a manqu? de savoir ce que vaut un homme. Cette pi?ce est toute en vers, et en grande partie rim?e. L'auteur para?t y avoir fait des changements depuis la premi?re ?dition, publi?e en 1597. La sc?ne du proc?s de Richard, en particulier, manque tout enti?re dans cette ?dition, et se trouve pour la premi?re fois dans celle de 1608. LA VIE ET LA MORT du ROI RICHARD II TRAG?DIE PERSONNAGES La sc?ne se passe successivement dans plusieurs parties de l'Angleterre et du pays de Galles. ACTE PREMIER Londres.--Un appartement dans le palais. RICHARD.--Vieux Jean de Gaunt, v?n?rable Lancastre, as-tu, comme tu t'y ?tais engag? par serment, amen? ici ton fils, l'intr?pide Henri d'Hereford, pour soutenir devant nous l'injurieux d?fi qu'il adressa derni?rement au duc de Norfolk, Thomas Mowbray, et dont nous n'e?mes pas alors le loisir de nous occuper? GAUNT.--Oui, mon souverain, je l'ai amen?. RICHARD.--R?ponds-moi encore: l'as-tu sond?? sais-tu s'il l'a d?fi?, pouss? par une vieille haine, ou s'il a c?d? ? la vertueuse col?re d'un bon sujet, fond?e sur quelque trahison dont il sache Mowbray coupable? GAUNT.--Autant que j'ai pu le p?n?trer sur cette question, c'est sur la connaissance de quelque danger dont Mowbray menace Votre Altesse, et non par aucune haine inv?t?r?e. RICHARD.--Fais-les compara?tre tous deux en notre pr?sence; nous voulons entendre nous-m?me l'accusateur et l'accus? parler librement face ? face, et se mena?ant l'un l'autre du regard. Ils sont tous deux hautains, pleins de col?re, et, dans leur fureur, sourds comme la mer, imp?tueux comme la flamme. BOLINGBROKE.--Que de longues ann?es d'heureux jours ?chouent en partage ? mon gracieux souverain, ? mon bien-aim? seigneur! NORFOLK.--Puisse chaque jour ajouter au bonheur de la veille, jusqu'? ce que le ciel, envieux des f?licit?s de la terre, ajoute ? votre couronne un titre immortel! RICHARD.--Nous vous remercions tous deux: cependant il y en a un de vous qui n'est qu'un flatteur, ? en juger par le sujet qui vous am?ne, c'est-?-dire l'accusation de haute trahison que vous portez l'un contre l'autre.--Cousin Hereford, que reproches-tu au duc de Norfolk, Thomas Mowbray? BOLINGBROKE.--D'abord c'est excit? par le z?le d'un sujet d?vou?, et en vue de la pr?cieuse s?ret? de mon prince, que, libre d'ailleurs de toute autre haine ill?gitime, je viens ici le d?fier en votre royale pr?sence.--Maintenant, Thomas Mowbray, je me tourne vers toi, et remarque le salut que je t'adresse; car ce que je vais dire, mon corps le soutiendra sur cette terre, o? mon ?me, divine, en r?pondra dans le ciel. Tu es un tra?tre et un m?cr?ant, de trop bon lieu pour ce que tu es, et trop m?chant pour m?riter de vivre, car plus le ciel est pur et transparent, plus affreux paraissent les nuages qui le parcourent; et pour te noter plus s?v?rement encore, je t'enfonce dans la gorge une seconde fois le nom de d?testable tra?tre, d?sirant, sous le bon plaisir de mon souverain, ne point sortir d'ici que mon ?p?e, tir?e ? bon droit, n'ait prouv? ce que ma bouche affirme. NORFOLK.--Que la mod?ration de mes paroles ne fasse pas ici suspecter mon courage. Ce n'est point par les proc?d?s d'une guerre de femmes, ni par les aigres clameurs de deux langues anim?es que peut se d?cider cette querelle entre nous deux. Il est bien chaud le sang que ceci va refroidir. Cependant je ne peux pas me vanter d'une patience assez docile pour me r?duire au silence et ne rien dire du tout: et d'abord je dirai que c'est le respect de Votre Grandeur qui me tient court, m'emp?chant de l?cher bride et de donner de l'?peron ? mes libres paroles; autrement elles s'?lanceraient jusqu'? ce qu'elles eussent fait rentrer dans sa gorge ces accusations redoubl?es de trahison. Si je puis mettre ici de c?t? la royaut? de son sang illustre, et ne le tenir plus pour parent de mon souverain, je le d?fie, et lui crache au visage comme ? un l?che calomniateur et un vilain, ce que je soutiendrais en lui accordant tous les avantages, et je le rencontrerais quand je serais oblig? d'aller ? pied jusqu'aux sommets glac?s des Alpes, ou dans tout autre pays inhabitable o? jamais Anglais n'a encore os? mettre le pied. En tout cas, je maintiens ma loyaut?, et d?clare, par tout ce que j'esp?re; qu'il en a menti faussement. BOLINGBROKE.--P?le et tremblant poltron, je jette mon gage, refusant de me pr?valoir de ma parent? avec le roi, et je mets ? l'?cart la noblesse de ce sang royal que tu all?gues par peur et non par respect. Si un effroi coupable t'a laiss? encore assez de force pour relever le gage de mon honneur, alors baisse-toi. Par ce gage et par toutes les lois de la chevalerie, je soutiendrai corps ? corps ce que j'ai avanc?, ou tout ce que tu pourrais imaginer de pis encore. NORFOLK.--Je le rel?ve, et je jure par cette ?p?e, qui apposa doucement sur mon ?paule mon titre de chevalier, que je te ferai honorablement raison de toutes les mani?res qui appartiennent aux ?preuves chevaleresques; et une fois mont? ? cheval, que je n'en descende pas vivant si je suis un tra?tre ou si je combats pour une cause injuste! RICHARD.--Quelle est l'accusation dont notre cousin charge Mowbray? Il faut qu'elle soit grave pour parvenir ? nous inspirer m?me la pens?e qu'il ait pu mal faire. BOLINGBROKE.--?coutez-moi, j'engage ma vie ? prouver la v?rit? de ce que je dis: Mowbray a re?u huit mille nobles ? titre de pr?ts pour les soldats de Votre Altesse, et il les a retenus pour des usages de d?bauche, comme un faux tra?tre et un insigne vilain. De plus, je dis et je le prouverai dans le combat, ou ici ou en quelque lieu que ce soit, jusqu'aux extr?mit?s les plus recul?es qu'ait jamais contempl?es l'oeil d'un Anglais, que toutes les trahisons qui depuis dix-huit ans ont ?t? complot?es et machin?es dans ce pays ont eu pour premier chef et pour principal auteur le perfide Mowbray. Je dis encore, et je soutiendrai tout cela contre sa d?testable vie, qu'il a complot? la mort du duc de Glocester; qu'il en a sugg?r? l'id?e ? ses ennemis faciles ? persuader, et par cons?quent que c'est lui qui, comme un l?che tra?tre, a fait ?couler son ?me innocente dans des ruisseaux de sang; et ce sang, comme celui d'Abel tir? ? son sacrifice, crie vers moi du fond des cavernes muettes de la terre; il me demande justice et un ch?timent rigoureux: et, j'en jure par la noblesse de ma glorieuse naissance, ce bras fera justice, ou j'y perdrai la vie. RICHARD.--A quelle hauteur s'est ?lev? l'essor de son courage!--Thomas de Norfolk, que r?ponds-tu ? cela? NORFOLK.--Oh! que mon souverain veuille d?tourner son visage, et commander ? ses oreilles d'?tre sourdes un instant, jusqu'? ce que j'aie appris ? celui qui d?shonore son sang ? quel point Dieu et les gens de bien d?testent un si ex?crable menteur. RICHARD.--Mowbray, nos yeux et nos oreilles sont impartiales: f?t-il mon fr?re, ou m?me l'h?ritier de mon royaume, comme il n'est que le fils du fr?re de mon p?re, je le jure par le respect d? ? mon sceptre, cette parent? qui l'allie de si pr?s ? notre sang sacr? ne lui donnerait aucun privil?ge et ne rendrait point partiale l'inflexible fermet? de mon caract?re int?gre. Il est mon sujet, Mowbray, toi aussi; je te permets de parler librement et sans crainte. NORFOLK.--Eh bien! Bolingbroke, ? partir de la basse r?gion de ton coeur, et ? travers le tra?tre canal de ta gorge, tu en as menti. De cette recette que j'avais pour Calais, j'en ai fid?lement remis les trois quarts aux soldats de son Altesse: j'ai gard? l'autre de l'aveu de mon souverain, qui me devait cette somme pour le reste d'un compte consid?rable d? depuis le dernier voyage que je fis en France pour aller y chercher la reine. Avale donc ce d?menti.--Quant ? la mort de Glocester... je ne l'ai point assassin?: seulement j'avoue ? ma honte qu'en cette occasion j'ai n?glig? le devoir que j'avais jur? de remplir.--Pour vous, noble lord de Lancastre, respectable p?re de mon ennemi, j'ai dress? une fois des emb?ches contre vos jours, crime qui tourmente mon ?me afflig?e; mais avant de recevoir pour la derni?re fois le sacrement, je l'ai confess?, et j'ai eu soin d'en demander pardon ? Votre Gr?ce, qui, j'esp?re, me l'a accord?. Voil? ce que j'ai ? me reprocher. Pour tous les autres griefs qu'il m'impute, ces accusations partent de la haine d'un vilain, d'un tra?tre l?che et d?g?n?r?, sur quoi je me d?fendrai hardiment en propre corps: je jette donc ? ce tra?tre outrecuidant mon gage en ?change du sien; je lui prouverai ma loyaut? de gentilhomme aux d?pens du meilleur sang qu'il renferme dans son sein; et pour ce faire promptement, je conjure sinc?rement Votre Altesse de nous assigner le jour de l'?preuve. RICHARD.--Gentilshommes enflamm?s de col?re, laissez-moi vous diriger: purgeons cette bile sans tirer de sang. Sans ?tre m?decin, voici ce que je prescris: un ressentiment profond fait de trop profondes incisions; ainsi donc, oubliez, pardonnez, terminez ensemble et r?conciliez-vous; nos docteurs disent que ce n'est pas la saison de saigner.--Mon bon oncle, que cette querelle finisse o? elle a commenc?: nous apaiserons le duc de Norfolk; vous, calmez votre fils. GAUNT.--Il convient assez ? mon ?ge d'?tre un m?diateur de paix.--Jette ? terre, mon fils, le gage du duc de Norfolk. RICHARD.--Et toi, Norfolk, jette ? terre le sien. GAUNT.--Eh bien, Henri, quoi? L'ob?issance commande; je ne devrais pas avoir ? te commander deux fois. RICHARD.--Allons, Norfolk, jette-le, nous l'ordonnons: cela ne sert de rien. NORFOLK.--C'est moi, redout? souverain, qui me jette ? tes pieds: tu pourras disposer de ma vie, mais non pas de ma honte; la premi?re appartient ? mon devoir; mais je ne te livrerais pas, pour en faire un usage d?shonorant, ma bonne renomm?e, qui en d?pit de la mort vivra sur mon tombeau. Je suis ici insult?, accus?, conspu?, perc? jusqu'au coeur du trait empoisonn? de la calomnie, sans pouvoir ?tre gu?ri par aucun autre baume que par le sang du coeur d'o? s'est exhal? le venin. RICHARD.--Il faudra bien que cette rage se contienne. Donne-moi son gage: les lions apprivoisent les l?opards. NORFOLK.--Oui, mais ils ne peuvent changer leurs taches. Effacez mon d?shonneur, et je c?de mon gage. Mon cher ma?tre, le tr?sor plus pur que puisse donner cette vie mortelle, c'est une r?putation sans tache: d?pouill?s de ce bien, les hommes ne sont plus qu'une terre dor?e, une argile peinte. Le diamant pr?cieux enferm? sous les dix verrous d'un coffre-fort, c'est un esprit hardi dans un coeur loyal. Mon honneur est ma vie, tous deux existent conjointement: si tu m'?tes l'honneur, je n'ai plus de vie. Ainsi mon cher souverain, laisse-moi d?fendre mon honneur; c'est par lui que je vis, et je mourrai pour lui. RICHARD.--Cousin, jetez votre gage: commencez-le premier. BOLINGBROKE.--Que Dieu pr?serve mon ?me d'un si horrible p?ch?! Ne montrerai-je le front humili? ? la vue de mon p?re, et d?mentirai-je ma fiert? par la crainte d'un p?le mendiant, devant ce l?che que j'ai brav?? Avant que ma langue outrage mon honneur par une indigne faiblesse, et se pr?te ? une si honteuse composition, mes dents d?chireront le servile instrument de la crainte ren?gate, et le cracheront sanglant pour compl?ter sa honte, l? o? si?ge la honte, ? la face de Mowbray. RICHARD.--Nous ne sommes pas n?s pour solliciter, mais pour condamner. Puisque nous ne pouvons vous rendre amis, soyez pr?ts, le jour de Saint-Lambert, ? r?pondre sur vos vies: c'est l? que vos ?p?es et vos lances d?cideront les d?bats toujours grossissant de votre haine obstin?e. Puisque nous ne pouvons vous adoucir, nous, verrons la justice manifester par la victoire de quel c?t? se trouve l'honneur.--Mar?chal, ordonnez ? nos officiers d'armes de se tenir pr?ts pour diriger ce combat domestique. SC?NE II La sc?ne est toujours ? Londres, dans le palais du duc de Lancastre. GAUNT.--H?las! cette part que j'avais dans le sang de Glocester me sollicite plus fortement que vos cris ? poursuivre les bouchers de sa vie. Mais puisque le ch?timent r?side dans les mains qui ont fait le crime que nous ne pouvons punir, remettons notre cause ? la volont? du ciel, qui, lorsqu'il en verra les temps m?rs sur la terre, fera pleuvoir sa br?lante vengeance sur la t?te des coupables. LA DUCHESSE DE GLOCESTER.--Quoi! la qualit? de fr?re ne trouvera pas en toi un aiguillon plus p?n?trant? ton vieux sang n'a pas conserv? vivante une ?tincelle d'affection? Les sept fils d'Edouard, au nombre desquels tu te comptes, ?taient comme sept vases de son sang sacr?, comme sept belles branches sorties d'une seule racine: quelques-uns de ces vases ont ?t? dess?ch?s par le cours de la nature; quelques-unes de ces branches ont ?t? tranch?es par la destin?e: mais Thomas, mon cher ?poux, ma vie, mon Glocester, ce vase rempli du sang d'Edouard, a ?t? bris? sous la main de la haine et de la sanglante hache du meurtre, sa pr?cieuse liqueur s'est ?panch?e: cette branche florissante de la tr?s-royale souche a ?t? coup?e, et les feuilles de son ?t? se sont fl?tries. Ah! Gaunt, son sang ?tait le tien: c'est de la couche, c'est du flanc, de la mati?re, de la substance m?me qui t'ont form? qu'il avait tir? son existence; et quoique vivant et respirant, tu as ?t? assassin? en lui. C'est ? beaucoup d'?gards consentir ? la mort de ton p?re que de voir ainsi mourir ton malheureux fr?re, qui ?tait la repr?sentation de la vie de ton p?re. N'appelle point cela patience, Gaunt, c'est du d?sespoir. En souffrant ainsi qu'on ?gorge ton fr?re, tu montres ? d?couvert le chemin qui conduit ? ta vie, tu instruis le meurtrier farouche ? t'assassiner. Ce que dans les hommes du bas ?tage nous appelons patience est dans un noble sein une froide et tranquille l?chet?. Que te dirai-je enfin? Pour mettre ta vie en s?ret?, le meilleur moyen c'est de venger la mort de mon Glocester. Add to tbrJar First Page Next Page |
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