|
Read Ebook: Le Tour du Monde; Australie Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860 by Various Charton Douard Editor
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 42 lines and 18785 words, and 1 pagesAussi je me r?serve de vous d?crire une autre fois, et avec les d?tails qu'elle m?rite, cette partie de mon voyage. Je ne veux aujourd'hui que vous retracer ? la h?te les principales impressions qu'elle m'a laiss?es. .... Les aborig?nes ont de nombreux vices, il est vrai, mais, nous devons l'avouer, il en est beaucoup qu'ils doivent au contact du monde civilis?; ils sont cruels, durs dans leurs rapports de famille, en un mot, poss?dent en grand nombre de ces d?fauts qui distinguent les tribus sauvages et barbares. Cependant, d'apr?s les observations recueillies depuis vingt ans par tous les directeurs et inspecteurs que l'administration anglaise leur a donn?s, les Australiens poss?dent des qualit?s qui pourraient servir d'?l?ments ? la constitution d'un caract?re moral d'un ordre plus ?lev?. Ils ont l'intelligence vive, observent et ?tudient avec finesse les objets inconnus; leur pouvoir d'imitation est extraordinaire; ils peuvent repr?senter les objets dans leur exacte proportion, et quand ils examinent un dessin, aucun d?tail ne leur ?chappe. Tr?s-habiles ? manoeuvrer la lance et le boomerang, ils d?ploient une vraie sagacit? dans l'emploi surtout de cette arme de jet, dont le principe scientifique a, jusqu'? ce jour, ?chapp? aux explications de la science. Rien ne peut ?galer l'adresse avec laquelle ils jettent cette arme bizarre qui apr?s avoir frapp? le but revient tomber aux pieds de celui qui l'a lanc?e. Leurs facult?s perceptives sont donc tr?s-d?velopp?es; mais l'absence des facult?s r?flectives, et surtout le manque d'esprit de suite dans leurs id?es, est le plus grand obstacle ? leur civilisation; obstacle s?rieux mais non insurmontable, et nous pourrions citer de nombreux cas o? l'intelligence sup?rieure des blancs, aid?e de leur d?vouement, a su relever des tribus sauvages bien plus d?grad?es encore. M. Thomas, le directeur actuel des aborig?nes dans le district de Victoria, qui a beaucoup ?tudi? ce sujet, dit que les enfants des deux sexes parviennent ais?ment ? lire et ? ?crire; qu'ils apprennent facilement par coeur des morceaux de po?sie et de chant; qu'ils aiment beaucoup les le?ons orales traitant de la g?ographie, et qu'ils comprennent parfaitement l'usage des cartes. Un jeune aborig?ne a eu, deux ans de suite, le prix de g?ographie ? l'?cole normale de Sydney; mais il ?tait d'une ignorance compl?te en arithm?tique. Les filles comprennent vite les travaux d'aiguille et de couture, et les gar?ons tout ce qui a trait ? l'agriculture et ? l'?l?ve des bestiaux. Comme on a exag?r? leurs d?fauts, on n'a pas manqu? d'exag?rer leur laideur et leur type. Certes, ce ne sont ni des Apollons ni des Antino?s; mais parmi nos deux cent cinquante et quelques millions de cong?n?res qui se pr?tendent fils de Japhet ou de Prom?th?e, combien y a-t-il de types qui puissent servir de mod?le ? un statuaire? combien de t?tes vraiment belles? Je n'ose r?pondre. .... Le teint des Australiens est brun de rouille ou couleur de chocolat; leur grandeur moyenne varie entre cinq pieds quatre pouces et cinq pieds sept pouces , leur t?te est petite, leurs cheveux sont longs, couleur noire de poix, lisses et gros, parfois aussi boucl?s et fins; ils ont g?n?ralement les l?vres grosses, le nez large et aplati, le front en arri?re, mais une denture superbe et de grands yeux vifs. L'abdomen pr?dominant et les membres gr?les dont nos peintres caricaturistes les ont tant gratifi?s, ne sont gu?re leur apanage que dans leur bas ?ge et quand ils sont mal nourris. Je le r?p?te, dans tout travail qui exige l'emploi des facult?s perceptives, l'aborig?ne est sup?rieur au blanc. Les enfants n?s de parents europ?ens et ?lev?s en Australie semblent acqu?rir ? un haut degr? cette extraordinaire facult? de perception qui caract?rise les indig?nes. Jusqu'? pr?sent on a ?t? injuste, inhumain ? leur ?gard. Les blancs ne se sont pas fait faute de les tuer en grand nombre sans plus de souci que du gibier: on les a expuls?s des endroits qu'ils occupaient, on leur a pris leur terrain de chasse sans se pr?occuper le moindrement de leurs moyens d'existence. Il faut dire qu'ils ?taient peu nombreux, sans chefs, et qu'ils fuyaient ? l'approche des blancs. Ils n'ont pas, comme les nouveaux Z?landais, r?sist? les armes ? la main aux envahissements des colons. Eussent-ils ?t? plus puissants, les Europ?ens seraient arriv?s ? composer plus ?quitablement avec eux. Dans les deux millions cinq cent mille kilom?tres carr?s de la province de Victoria, il est ? peine un endroit o? un aborig?ne puisse trouver le repos; le b?tail, dit-on, ne veut pas rester l? o? habitent les noirs, et trop souvent le blanc n'a pas h?sit? ? sacrifier les quelques noirs qui s'opposaient ? l'installation de ses boeufs et de ses moutons. Navigation sur le Murray. -- Fronti?res de l'Australie du sud Le lac Alexandrina. -- Le Kanguroo rouge. Ayant trouv? ? Albury un petit steamer qui, pour la premi?re fois, avait pu remonter jusque-l?, je m'y embarquai, et apr?s huit jours d'une navigation r?guli?re sur le Murray, nous franch?mes le cent quarante et uni?me m?ridien de longitude, qui forme la ligne de d?marcation entre la colonie de Victoria et celle de South-Australia. Nous f?mes aussi nos adieux ? la Nouvelle-Galles qui, jusque-l?, avait ?t? limit?e par la berge de droite de la rivi?re. L'abondance de beurre, d'oeufs, de lait, etc., que nous trouv?mes ? la premi?re escale, apr?s avoir franchi la limite de ces deux provinces, me d?montra clairement la sup?riorit? de l'esprit industrieux des colons du sud sur celui de leurs voisins de l'est. Au del? de ce point, le fleuve se replie vers le sud, en se dirigeant directement vers la mer. Les falaises de roches, qui bordent son cours inf?rieur, sont de plus en plus rapproch?es et de plus en plus ?lev?es. Elles consistent en gr?s jaune, alternant avec des couches de calcaire, remarquables par leur horizontalit?. Lentement d?sagr?g?es par l'action de l'atmosph?re pendant des si?cles, leur stratification toutefois s'est ajust?e au niveau de l'eau avec une pr?cision math?matique. Ces roches sont perc?es de trous en tout sens, creus?s, dans le but d'y nicher, par les kakato?s blancs, aussi bien que par d'autres oiseaux. Sur la saillie d'une de ces roches, fort pr?s de l'eau et dans un voisinage tr?s-solitaire, je ne fus pas peu surpris de voir un lapereau sautillant de?? et del?. Il faut croire que quelques sujets de cette esp?ce ont ?t? mis en libert? en cet endroit par un naturaliste philanthrope, et qu'ils se sont multipli?s. Le onzi?me jour de notre navigation nous d?bouch?mes avec le fleuve dans le lac Alexandrina. Il est difficile de calculer la distance parcourue par la vapeur, tant ? cause des innombrables m?andres que d?crit le Murray, qu'? cause des arr?ts que l'on fait en route; n?anmoins on estime g?n?ralement la portion navigable du Murray ? environ deux mille kilom?tres, ce qui est suffisant, je pense, pour faire de ce fleuve un cours d'eau respectable. Le lac Alexandrina, dans lequel il d?bouche, pr?sente la plus belle nappe d'eau douce que j'aie jamais vue. Car, agit?e comme elle l'?tait sous l'effort d'un vent qui soufflait assez rudement pour tourner le coeur ? qui n'avait pas pied marin, on l'e?t prise pour tout autre chose qu'un bassin continental. Il mesure quarante ? cinquante milles de long sur douze ? quinze de large, et ses bords s'abaissent et s'effacent ? l'horizon de mani?re ? rappeler les gr?ves de la mer. Goolwa, qui commande l'entr?e et la sortie du Murray, est le point de cette navigation int?rieure le plus rapproch? d'Ad?la?de; c'est une ville naissante de peu d'?tendue et sans pr?tentions. Au port Elliot, situ? dans la baie Enconter, il y a une voie ferr?e fort bien faite, qui dessert ? bon march? les navires en chargement pour l'exportation, ainsi que ceux qui apportent ? la colonie les produits du dehors. Cette voie ferr?e m?rite d'?tre ?tudi?e; elle traverse sept milles de pays assez favorables ? sa construction, qui est form?e de rails de fer plac?s sur des traverses de bois. Elle est desservie par des chevaux. Deux de ces animaux peuvent y mouvoir quatorze tonnes au trot, et elle n'a co?t? que quarante-sept mille francs par kilom?tre. La colonie de l'Australie du sud. -- Ad?la?de. -- Culture et mines. En visitant la colonie de l'Australie du sud, je m'attendais ? y rencontrer l'association d'une industrie intelligente avec de s?rieuses applications pratiques, le tout sans les d?tails insignifiants, ins?parables d'une communaut? restreinte. J'avais connu, pendant nombre d'ann?es, de tr?s-intelligents colons de ce pays qui m'avaient paru singuli?rement enthousiastes dans leurs appr?ciations des nombreuses vertus de leur colonie. Je ne me sentais gu?re entra?n? ? leur donner pleine confiance, car l'exag?ration de leurs ?loges me portait ? r?agir int?rieurement. Ces colons me semblaient par trop entra?n?s par leurs sentiments personnels, et, bien que j'aime l'enthousiasme, je m'en m?fie. Mais la seule vue d'une portion fort limit?e de l'Australie du sud me convainquit qu'il y avait r?ellement dans cette colonie les ?l?ments capables d'exciter les sympathies et de justifier les ?loges de quiconque est l'ami des terres australiennes. D?s le premier pas que je fis en dedans de sa fronti?re, je fus ? m?me de constater un d?veloppement remarquable de patiente et laborieuse industrie. Le m?me esprit r?gne dans toute la colonie. Les ressources ne sont peut-?tre pas ? comparer avec celles d'un voisinage plus favoris?, mais quelles qu'elles soient, elles sont d?velopp?es avec autant d'intelligence que d'activit?. Aussit?t que l'on arrive au lac Alexandrina, des terrains en pleine culture, des habitations confortables, des moulins ? vapeur, des centres de populations prosp?res apparaissent de toutes parts, et l'on se sent dans un pays o? tous les besoins d'un peuple civilis? peuvent facilement trouver satisfaction. Rarement j'?prouvai une sensation plus agr?able que celle que me procura la vue soudaine de Villianga, un charmant hameau situ? ? mi-route de Goolwa ? Ad?la?de. Nous avions chass? tout le jour et sans beaucoup de succ?s ? travers une contr?e mis?rable et st?rile; notre patience ?tait ? bout comme nos forces. Les broussailles de gommiers, une incessante succession de coteaux poussi?reux, n'avaient ?t? qu'imparfaitement compens?s par quelques belles ?chapp?es et par une abondance de ces belles fleurs sauvages que l'Australie semble r?server aux parties de son sol les plus ingrates, lorsque soudain, au d?clin du soleil, les tristes broussailles parurent s'?vanouir et le spectacle qui s'offrit ? nous ne ressembla ? rien de ce que j'avais vu depuis mon d?part d'Angleterre. Du haut de la colline o? nous ?tions, on aper?oit une ?tendue de pays de plusieurs milles de rayon; et du nord au sud, de l'est ? l'ouest, jusqu'? la mer qui borne l'horizon, ce ne sont que terres cultiv?es. ? trente milles de l?, les brumes d'une grande ville indiquent l'emplacement d'Ad?la?de, et de tous c?t?s les flancs ?maill?s des l?g?res collines, les cl?tures qui s'?tendent dans la plaine, les jardins bord?s de haies, les vergers plantureux, les habitations confortables signalent la pr?sence d'une race agricole active et industrieuse, qui a su ?chapper aux griffes du plus d?testable des propri?taires, le gouvernement. L? des moissons verdoyantes dont la tendre coloration contraste avec les blondissantes c?r?ales qui, sem?es en hiver, se parent BOUT la moisson prochaine; ici un champ fra?chement labour? dont les teintes sombres d?c?lent la richesse du sol; plus loin, des pr?s, des foins en meules embaument l'air, tout, en un mot, r?v?le un grand pays agricole. Depuis longtemps mon regard ne s'?tait pas repos? sur une aussi grande ?tendue de terres cultiv?es. Ce fut comme la r?alisation d'un r?ve; car, ? Sydney, pendant des ann?es, je m'?tais efforc?, dans mon humble sph?re, d'attirer l'attention de mes voisins sur la possibilit? d'entrer dans cette voie, avec un pays aussi plein de ressources que le leur, et de leur d?montrer la n?cessit? d'en finir avec le vieux syst?me de monopole et d'exiger du sol le meilleur produit possible. J'appuyais surtout, de mon mieux, sur la culture vari?e, l'extension des terres cultiv?es, du jardinage, le d?veloppement des vergers, les essais de viticulture; mais en vain, et ici je trouvais mes id?es r?alis?es et les r?sultats pratiques de tout ce que j'avais pr?ch? th?oriquement. ? partir de ce jour, je visitai les localit?s les plus int?ressantes de l'Australie m?ridionale, et rien n'est venu d?truire cette premi?re impression. C'est l'Angleterre, mais l'Angleterre sans ses monstrueuses anomalies d'extravagantes richesses, auxquelles des mis?res profondes servent de cadre. C'est l'Angleterre avec un beau climat, un sol vierge, avec la libert? sans ses antiques abus; c'est l'Angleterre avec des institutions plus g?n?reuses, avec des citoyens plus libres. Le syst?me territorial de l'Australie du sud est bas? sur une division de quatre-vingts acres, servant de base fixe, et toute la superficie du pays est divis?e en lots de m?me grandeur. C'est une ?tendue bien calcul?e. Un bon agriculteur sait qu'avec le travail intelligent d'une ann?e il peut mettre de c?t? deux mille francs, et ses efforts tendent ? r?aliser cette somme. Chaque jour il apprend ? utiliser ses connaissances agronomiques dans un nouveau climat, et il conna?t de mieux en mieux le terrain o? il pourra fonder un ?tablissement. Apr?s l'acquisition de la terre il peut encore avoir besoin de travailler afin d'enclore son terrain, d'acheter un attelage de boeufs ou une paire de chevaux. Enfin il arrive ? poss?der un ?tablissement ? lui, et il se met courageusement ? l'oeuvre pour devenir un fermier ind?pendant. La premi?re r?colte lui laissera probablement des ressources, la deuxi?me le mettra ? m?me d'acheter une ou deux parcelles attenantes ? la sienne, et ainsi, graduellement, il arrive ? ?tre un propri?taire ais? et en agriculteur consid?rable, sans toutefois que la progression lui tourne la t?te et l'entra?ne ? des erreurs, mais cependant avec assez de rapidit? pour soutenir son ?nergie. C'est ainsi que le nombre croissant de pareils hommes a amen? l'Australie m?ridionale au point de prosp?rit? o? elle se trouve, et l'on pourra avantageusement comparer cette race d'industrieux travailleurs avec n'importe quelle autre au monde. Pour d?montrer la diff?rence de cette colonie avec Victoria sa voisine, il me suffira de citer la d?pense d'h?tel que je fis la derni?re fois que je fus ? Melbourne, o? je payais cinq francs soixante centimes pour chaque repas. Dans le premier h?tel de l'Australie du sud, je payai deux francs cinquante centimes pour un repas plus abondant et de meilleure qualit?. Deux choses me frapp?rent dans mes excursions au travers du pays, le nombre des moulins et celui des enclos form?s de haies vives. Je consid?re que l'existence de nombreux moulins est un sympt?me de vitalit? dans une colonie dont toutes les tendances se dirigent vers l'agriculture. Quant aux haies, il est curieux de voir combien Victoria en manque, en la comparant avec les colonies limitrophes. Dans l'?le de Tasmanie, tout le pays est divis? par des haies ?paisses d'?glantiers, dont l'effet charme et la vue et l'odorat, l'air en est embaum?. Dans l'Australie du sud l'on se sert de l'acacia ?pineux que fournit, je pense, l'?le des Kanguroos et qui forme d'excellentes haies. Il pousse vite, et, bien men?, il forme une palissade ?paisse qui garantit admirablement les jardins et les vergers. Son seul inconv?nient est d'?tre facilement d?truit par le feu, m?me ? l'?tat vert. La g?n?ralit? des haies ajoute encore ici ? l'apparence cultiv?e du pays, et vous fait faire un triste retour sur la nudit? des poteaux et des pieux qui bornent les propri?t?s dans les banlieues de Sydney et de Melbourne. Quelques avantages que l'on puisse trouver dans les districts ruraux de cette colonie, on ne saurait cacher les d?sagr?ments de ses villes. Ad?la?de est situ?e assez avantageusement, m?me judicieusement, et toutefois, pendant plusieurs mois de l'ann?e, elle est compl?tement inhabitable, et en cela aussi mal appropri?e ? la r?sidence de l'homme que Melbourne, que l'on vante tant et pour les m?mes causes. D'abord la poussi?re y est insupportable; on me d?crivait une fois Ad?la?de comme une ville o?, d?s le matin, on devait se laver la bouche avant de pouvoir parler, et o?, pendant le jour, on entendait ses paupi?res crier quand on clignait des yeux. Je n'en avais rien voulu croire, mais mon exp?rience personnelle me fit reconna?tre que l'?tat poudreux d'Ad?la?de, tel que l'on me l'avait d?crit, n'?tait que l?g?rement exag?r?. Sans cet inconv?nient, la ville serait agr?able, et l'on con?oit difficilement que dans une agglom?ration d'habitants comme celle que l'on trouve dans nos villes d'Australie, telles que Melbourne, Sydney, Ad?la?de ou Hobart-Town, l'on n'ait jamais song? ? adopter des mesures tendant ? faire dispara?tre les inconv?nients de la salet? et de la poussi?re. La population d'Ad?la?de commence ? donner le bon exemple d'?lever des plantations en ville. Les particuliers peuvent planter devant leurs propri?t?s, et la municipalit? a fait garnir le pourtour de la ville et les places d'arbres d'ornement. Ad?la?de est b?tie dans une vaste plaine limit?e par le Torrens qui l'alimente d'eau. Cette rivi?re est insignifiante, pendant l'?t? surtout, et n'a gu?re plus d'eau ? cette ?poque que les torrents alg?riens ou andalous; toutefois, si peu abondante que soit l'eau, elle ne tarit pas et est d'assez bonne qualit?. D'un c?t? Ad?la?de est abrit?e par une rang?e de coteaux d'une grande beaut?. Ces collines sont distantes entre elles de cinq milles ? peu pr?s; la plus haute mesure, dit-on, deux mille pieds. Elles courent depuis les plaines de la c?te jusqu'au district de Burra, pendant l'espace d'une centaine de milles, et pr?sentent partout un charmant aspect. L?g?rement ondul?es, tant?t couvertes de bois, tant?t arrondies en d?mes, accident?es de mille mani?res pittoresques, jamais elles ne fatiguent l'oeil qui se repose sur la succession de leurs contours. Que le soleil se l?ve, qu'il plane au z?nith ou qu'il se couche, elles pr?sentent mille beaut?s de lumi?re et d'ombre, auxquelles s'ajoutent les caprices des nuages qu'entra?n? le vent; puis, ?a et l? au milieu des cultures, des parcelles d'un vert intense ajoutent aux aspects d'un paysage o? l'on sent l'action de la main de l'homme. Les jardins des environs d'Ad?la?de sont plus nombreux que dans les autres colonies; tr?s-?tendus, bien cultiv?s, ils sont d'un bon rapport. Pendant la saison, les fruits abondent, depuis la grosse groseille jusqu'? l'orange. Il y a de grands jardins plant?s d'oliviers, mais, ? ma grande surprise, on n'utilise pas leurs fruits, qui tombent et noircissent le sol o? ils pourrissent; les frais pour l'extraction de l'huile ou pour conserver les olives sont encore si ?lev?s qu'on est forc? de perdre la r?colte, et ? ce sujet un jardinier m'avoua avoir offert toute la sienne ? qui pourrait l'utiliser, et n'avoir pas trouv? d'amateur. Les orangers sont, au contraire, cultiv?s avec succ?s par plusieurs colons. J'en ai vu chez un seul propri?taire une plantation de sept acres, et, bien que jeunes encore, les arbres sont vigoureux et commencent ? rapporter abondamment. La culture n'en est pas tr?s-d?velopp?e, mais aussit?t que l'usage de ce pr?cieux fruit s'?tendra, les jardiniers qui y ont consacr? leurs soins en retireront de bons revenus. La vigne aussi est cultiv?e sur une grande ?chelle; on conna?t le beau raisin qu'exp?di? Ad?la?de; on n'en a pas vu de pareils dans les autres parties de l'Australie. La fabrication du vin prend de l'extension, et la qualit? des produits est aussi bonne que celle des meilleurs crus de la Nouvelle-Galles m?ridionale. Peut-?tre ont-ils un go?t de terroir trop prononc?. Mon opinion est que les vignes sont plant?es dans une terre trop forte, et le colon, habitu? ? faire fructifier la meilleure terre possible, applique les m?mes principes ? la culture de la vigne que ceux qui conviennent ? celle du bl? et de la pomme de terre. Mais ce sont l? des d?fauts que le temps et l'exp?rience corrigeront. Enfin, ? l'honneur de cette jeune colonie, on doit constater qu'elle a d?j? mis en culture au moins 15 000 hectares de plus que chacune de ses deux a?n?es, la Nouvelle-Galles et Victoria, bien plus riches et bien plus peupl?es. Les chemins de fer et le t?l?graphe progressent assez lentement. Une ligne ferr?e relie Ad?la?de avec le port et s'?tend jusqu'? Gawler-Town, ? vingt-cinq milles dans l'int?rieur, dans la direction des grandes mines de cuivre de Burra. Le t?l?graphe ?lectrique qui communique avec Victoria doit se relier avec Sydney; son installation laisse bien quelque chose ? d?sirer; mais il faut un peu d'indulgence pour l'application d'une d?couverte si r?cente de la science du vieux monde, dans un monde n? d'hier en quelque sorte. Le point le plus int?ressant ? visiter dans l'Australie m?ridionale est la belle mine de cuivre de Burra. Situ?e au nord d'Ad?la?de, elle est ?loign?e de cette ville d'? peu pr?s cent milles. On peut s'y rendre en voyageant toujours en plaine le long de la ligne des charmants coteaux dont je vous ai parl?. Les premiers vingt-cinq milles se font en chemin de fer, et puis on prend la voiture, qui vous m?ne par une route assez bonne en g?n?ral, mais parfois d?testable. La mine de Burra pr?sente une sc?ne des plus anim?es. Neuf cents hommes et enfants y sont employ?s par la Compagnie ? extraire la gangue et ? la travailler pour la livrer au commerce. Une autre compagnie se charge de la fonte, elle ach?te la mati?re premi?re ? la compagnie mini?re et la r?duit en cuivre pur pour ?tre exp?di?. Les mines par elles-m?mes sont de grande ?tendue, le gisement des filons varie entre une profondeur de quelques m?tres et celle de cent dix; et le syst?me des galeries peut pr?senter un d?veloppement de pr?s de six milles. Cette mine a d?j? donn? aux actionnaires plus que soixante-deux fois le capital premier, et elle progresse encore! Il y a d'autres mines ? Kapunda et dans d'autres localit?s, mais aucune ne saurait ?tre compar?e en rendement et en ?tendue avec celle-ci. J'ai encore bien des observations ? vous communiquer sur l'Australie m?ridionale et sur les entreprises r?centes tent?es, avec un ?gal enthousiasme, et par les particuliers et par le gouvernement local pour l'exploration de l'int?rieur du continent; entreprises qui viennent d'illustrer les noms des voyageurs Stuart, Babbage, Warburton, Hack, du gouverneur Mac-Donel lui-m?me, et qui ne sont ni sans grandes fatigues, ni sans grands dangers, t?moin ce pauvre Coulthard, mort de soif dans le d?sert, o? il s'?tait ?gar?, et retrouv? plusieurs semaines apr?s, sa main de squelette encore ?tendue sur une cantine en ?tain, o? il avait grav? ses derni?res impressions d'agonie!!! Laissez-moi terminer cette lettre en vous affirmant qu'en d?pit des richesses min?rales que j'ai contempl?es de mes yeux ou touch?es du doigt depuis quelques mois, je vivrai et je mourrai dans la conviction que le vrai bonheur est ?troitement associ? aux op?rations agricoles, au bon march? et ? l'abondance des simples biens dus ? la f?condit? de noire m?re la terre. Traduit par F. de LANOYE. GRAVURES. CARTES ET PLANS. Carte de la Sicile, par M. A. Vuillemin. 3 Carte de la Perse, par M. A. Vuillemin. 19 Carte des grandes et petites Antilles, par M. A. Vuillemin. 51 Carte du haut T?l?mark , d'apr?s M. Paul Riant. 67 Carte de la presqu'?le de Bergen, d'apr?s M. Paul Riant. 83 Carte de la Chalcidique, par M. A. Vuillemin. 115 Partie du gouvernement d'Yakoutsk, par Piadischeff. 167 Carte de l'Australie, par M. A. Vuillemin. 187 Carte des voyages du docteur Henri Barth en Afrique d'apr?s M. de Lanoye. 195 Voyage du docteur Barth , par M. A. Vuillemin. 234 Carte du cours inf?rieur de l'Irawady comprenant les possessions britanniques et la partie sud du royaume d'Ava, d'apr?s le capitaine H. Yule. 260 Plan d'Amarapoura et de sa banlieue, d'apr?s les relev?s du major Grant Allan. 280 Carte du cours sup?rieur de l'Irawady et partie nord du royaume d'Ava, d'apr?s le cap. Yule. 296 Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique orientale . 307 Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique orientale . 338 Carte de l'?le de Cuba, par M. A. Vuillemin. 355 Carte du Dauphin? , par M. A. Vuillemin. 371 Carte du Dauphin? , par M. A. Vuillemin. 404 ERRATA. La note qui commence la page 139 donne la date du voyage et avertit les lecteurs que le texte a ?t? publi? en anglais. IMPRIMERIE G?N?RALE DE CH. LAHURE Rue de Fleurus, 9, ? Paris. Add to tbrJar First Page Next Page |
Terms of Use Stock Market News! © gutenberg.org.in2025 All Rights reserved.