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Read Ebook: Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier (1/2) by R Camier Jeanne Fran Oise Julie Ad La De Bernard Lenormant Am Lie Cyvoct Editor
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 1061 lines and 93296 words, and 22 pagesndant son voyage en Angleterre, t?moigne de l'effet qu'elle y produisait. LE G?N?RAL BERNADOTTE ? Mme R?CAMIER. < < < < Mme R?camier revint en France en passant par la Hollande, et en visita les principaux monuments. L'ann?e qui suivit ce voyage vit s'accomplir de terribles et grands ?v?nements. Au mois de f?vrier 1804, Moreau, Pichegru et Cadoudal ?taient arr?t?s; le 21 mars de la m?me ann?e, Bonaparte faisait saisir et fusiller un prince de la maison de Bourbon, le duc d'Enghien; l'Empire ?tait proclam? le 4 mai. Le proc?s des g?n?raux se jugeait pendant que se pr?paraient les f?tes de cette prise de possession du tr?ne par une nouvelle dynastie, et Pichegru p?rissait dans sa prison en avril, quelques jours avant la c?r?monie. L'opinion publique incertaine, terrifi?e ou ?blouie, ne savait si elle devait, en maudissant l'auteur d'un crime odieux, pr?ter plus d'attention aux d?bats du proc?s politique qui s'instruisait ou aux r?cits des f?tes et des adh?sions ? l'Empire. Mais ici je retrouve le texte des m?moires de Mme R?camier, et je la laisse parler. < < < < < < < < < < < < < < < < < < < Par tout ce qui pr?c?de, il est facile de comprendre que les opinions et les sympathies de la famille de Mme R?camier et celles de ses amis personnels formaient autour d'elle une atmosph?re qui, de jour en jour et d'?v?nement en ?v?nement, la pla?ait parmi les personnes les moins favorables ? l'ambition et ? l'?l?vation supr?me de Bonaparte. L'arrestation de M. Bernard avait commenc? ? mettre dans les rapports de Mme R?camier avec la famille du premier consul une nuance, l?g?re encore, de refroidissement. Elle voyait toujours Mme Bacciocchi et surtout sa soeur Caroline, qu'elle avait connue tr?s-jeune chez Mme Campan. Caroline Bonaparte, Mme Murat, de toutes les soeurs de Napol?on, ?tait celle qui avait le plus de ressemblance de caract?re avec lui. Elle n'?tait point aussi r?guli?rement belle que sa soeur Pauline, mais elle avait bien le type napol?onien; elle ?tait d'une fra?cheur ? ?blouir; son intelligence ?tait prompte, sa volont? imp?rieuse, et le contraste de la gr?ce un peu enfantine de son visage avec la d?cision de son caract?re faisait d'elle une personne extr?mement attrayante. Elle venait de se marier, et continuait, comme elle l'avait fait ?tant jeune fille, ? venir ? toutes les f?tes de la rue du Mont-Blanc. Dans la disposition d'?me o? ?tait Mme R?camier, son indignation pour ?tre muette n'en ?tait pas moins vive. Cependant sa vie ext?rieure ?tait la m?me; son salon continuait ? r?unir et les amis et les adversaires du pouvoir nouveau, et Fouch?, alors ministre de la police, y venait particuli?rement avec assiduit?. Au moment de son av?nement au tr?ne imp?rial, Napol?on cherchait ? rattacher ? sa nouvelle cour tout ce qui pouvait, en quelque genre que ce f?t, lui donner du lustre et en rehausser l'?clat. On ?tait dans l'?t? de 1805: Juliette recevait, s'il ?tait possible, plus de monde encore que les ann?es pr?c?dentes au ch?teau de Clichy. Fouch? multipliait ses visites, et Mme R?camier, tout en s'?tonnant qu'un homme surcharg? d'affaires e?t le loisir de venir aussi fr?quemment ? la campagne, mettait ? profit le cr?dit dont il disposait pour venir en aide ? quelques-uns des malheureux en grand nombre qui s'adressaient ? elle. Un jour, Fouch?, qui ne voyait Mme R?camier qu'au milieu d'un cercle sans cesse renouvel?, sollicita d'elle un entretien particulier; elle lui r?pondit en l'engageant ? d?jeuner pour le lendemain, et promit que s'il venait de bonne heure, elle le recevrait un moment dans son appartement particulier avant qu'on se m?t ? table. Le ministre de la police arriva de fort bonne heure, et fut admis en t?te ? t?te chez Mme R?camier. Dans la conversation qu'il eut avec elle, il insista avec une apparence d'int?r?t tr?s-marqu? sur le regret qu'il ?prouvait en voyant petit ? petit s'accro?tre la nuance d'opposition qui, depuis l'?poque de l'arrestation de M. Bernard, avait r?gn? dans le salon de sa fille. Cette opposition que rien ne motivait, car le premier consul avait ?t? bien indulgent pour M. Bernard, avait vivement bless? Napol?on, et Fouch? engageait fortement Mme R?camier ? ?viter toutes les occasions de montrer une hostilit? dont l'empereur finirait par s'irriter. Une autre femme, jeune, brillante, consid?rable par l'?l?vation de son rang et le puissant appui de ses alliances, la duchesse de Chevreuse, avait, comme Mme R?camier, montr? plus que de la froideur pour le nouvel empire que venait de fonder un h?ros. L'empereur avait promptement fait cesser ces r?sistances f?minines, et rappel? ? la hautaine duchesse, par une de ses brusques sorties, l'origine des grands biens de la famille de Luynes et la possibilit? d'une nouvelle confiscation. < Mme R?camier, un peu surprise de ces conseils, remercia le ministre de son int?r?t, protesta qu'elle ?tait fort ?trang?re ? la politique, mais qu'une chose lui serait impossible, abandonner ses amis et se s?parer d'eux. La conversation n'alla pas plus loin ce jour-l?. Quelque temps apr?s, Fouch? se promenant avec Mme R?camier dans le parc de Clichy, lui dit en souriant: < Fouch?, sans tenir compte du peu de sympathie que lui exprimait Mme R?camier, aborda alors r?sol?ment le sujet qui l'amenait. Il engageait la belle Juliette ? demander une place ? la cour, et prenait sur lui d'assurer que cette place serait imm?diatement accord?e. Cette ouverture inattendue frappa Mme R?camier de surprise, car elle sentait une invincible r?pugnance pour le parti qui lui ?tait offert; mais promptement remise de ce premier trouble, elle dit au ministre que tout devait la porter ? refuser une offre semblable, quelque flatteuse qu'elle f?t: la simplicit? de ses go?ts, une timidit? excessive que la fr?quentation du monde n'avait point fait dispara?tre, sa passion d'ind?pendance, sa position sociale. Celle de l'homme dont elle portait le nom, en la condamnant ? une repr?sentation continuelle, lui imposait des devoirs de ma?tresse de maison, impossibles ? concilier avec l'exactitude et le temps qu'exige le service d'une princesse. Fouch? sourit et protesta que la place laisserait une enti?re libert?; puis, saisissant avec finesse le seul c?t? par lequel une situation ? la cour pouvait s?duire une ?me g?n?reuse, il parla des services ?minents qu'on pouvait rendre aux opprim?s de toutes les classes: sur combien d'injustices ne serait-il pas possible d'?clairer la religion de l'empereur! Il insistait sur l'ascendant qu'une femme d'une ?me noble et d?sint?ress?e, dou?e d'agr?ments comme ceux dont la nature avait combl? Mme R?camier, pouvait et devait prendre sur l'esprit de l'empereur. < Fouch? s'animait de plus en plus, et ne s'apercevait pas du d?go?t avec lequel il ?tait ?cout?. Mme R?camier crut ne devoir repousser que par la plaisanterie les r?ves romanesques complaisamment d?roul?s par le ministre de la police. Mais cette conversation lui laissa une vive et juste inqui?tude; elle n'en fit part qu'? Mathieu de Montmorency, incertaine qu'elle restait encore si les propositions que le duc d'Otrante lui avait faites venaient de lui seul ou ?taient l'accomplissement d'un ordre du ma?tre. Mathieu de Montmorency conseilla beaucoup de prudence et de r?serve, et partagea toutes les anxi?t?s de son amie. ? quelques jours de l?, pour r?pondre ? un gracieux message de Mme Murat, alors ?tablie ? Neuilly, Mme R?camier alla lui faire une visite; accueillie par elle avec le plus aimable empressement, elle accepta la proposition instamment faite de d?jeuner ? Neuilly avec elle le surlendemain. Au jour fix?, Mme R?camier trouva, en arrivant chez la princesse Caroline, Fouch? qu'elle ne s'attendait gu?re ? y voir. Apr?s le d?jeuner, la princesse eut la fantaisie de passer dans l'?le, o? l'on jouirait plus facilement, disait-elle, d'un moment de solitude et de conversation intime. Le ministre de la police fut admis en tiers, et, apr?s l'?change de quelques propos sur des sujets divers et indiff?rents, il ramena le sujet qui lui tenait au coeur. Il raconta ? Mme Murat les instances qu'il faisait aupr?s de Mme R?camier, et la r?sistance qu'elle opposait ? l'id?e d'accepter une place parmi les dames du palais. La princesse, qu'elle conn?t ou qu'elle ignor?t un projet qu'on paraissait lui apprendre, en saisit la pens?e avec joie, appuya de mille arguments l'avis de Fouch?, et finit par dire, avec le ton d'une amiti? sinc?re, que si Mme R?camier acceptait un titre de dame du palais, elle entendait et demandait que ce f?t aupr?s d'elle. Les maisons des princesses ayant ?t? mises par Napol?on sur le m?me pied que celle de l'imp?ratrice, le rang ?tait semblable chez les unes et chez les autres. Mme Murat ajouta qu'elle se f?liciterait d'un arrangement qui rapprocherait d'elle une personne pour laquelle elle avait toujours eu le go?t le plus vif; et d'ailleurs c'?tait le moyen de se mettre ? l'abri des susceptibilit?s jalouses de l'imp?ratrice Jos?phine, qui ne verrait pas sans ombrage aupr?s de sa personne une si brillante et si belle dame du palais. Au moment de se s?parer, la princesse rappela avec gr?ce ? Mme R?camier l'admiration qu'elle lui connaissait pour Talma, et mit ? sa disposition sa loge du Th??tre-Fran?ais. < < < < < Mme R?camier profita deux fois de la loge. Hasard ou volont?, l'empereur assista ? ces deux repr?sentations, et mit une persistance tr?s-affich?e ? braquer sa lorgnette sur la femme plac?e vis-?-vis de lui. L'attention des courtisans, si ?veill?e sur les moindres mouvements du ma?tre, ne pouvait manquer de s'emparer de cette circonstance: on en conclut et on r?p?ta que Mme R?camier allait jouir d'une haute faveur. Les choses arriv?es ? ce terme, Mme R?camier ne pouvait tarder ? faire conna?tre ? son mari l'offre qui lui ?tait faite et sa r?pugnance invincible ? l'accepter. Lorsque M. R?camier vint ? son ordinaire d?ner ? Clichy, elle eut avec lui une courte conversation. Il entra sans difficult? dans les sentiments qu'elle exprimait, et lui laissa la plus enti?re libert? de les suivre. Assur?e de n'?tre pas d?savou?e par M. R?camier, elle attendit avec plus de tranquillit? le retour de Fouch?. Add to tbrJar First Page Next Page |
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