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Read Ebook: Hero-Myths & Legends of the British Race by Ebbutt M I Maud Isabel
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 377 lines and 11614 words, and 8 pagesEDMOND HARAUCOURT LES NAUFRAG?S PARIS BIBLIOTH?QUE-CHARPENTIER EUG?NE FASQUELLE, ?DITEUR 11, RUE DE GRENELLE, 11 EUG?NE FASQUELLE, ?DITEUR, 11, RUE DE GRENELLE, PARIS DU M?ME AUTEUR Dans la BIBLIOTH?QUE-CHARPENTIER ? 3 fr. 50 le volume. L'Ame nue, po?sies 1 vol. Amis, roman 1 vol. Seul, po?sies 1 vol. TH?ATRE Shylock, pi?ce en 5 actes, en vers 2 fr. 50 La Passion, myst?re en 2 chants et 6 parties, en vers 2 fr. 50 H?ro et L?andre, po?me dramatique en 3 actes 1 fr. 50 Don Juan de Manara, drame en 5 actes, en vers 2 fr. 50 Tous droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous pays, y compris le Danemark, les Pays-Bas, la Su?de et la Norv?ge. Paris.--L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette.--2155. ENVOI ?paves que le flot emporte, il est des vies Que le flot de la vie emporte on ne sait o? Et qui voguent ? la d?rive, d'un air fou, Loin des h?vres connus et des routes suivies. Loques d'espoirs, lambeaux d'?mes inassouvies, Vieilles planches portant la blessure d'un clou, Elles s'en vont couler ? pic dans quelque trou Avec tout ce qui fut leurs voeux ou leurs envies. On les voit s'agiter au creux des tourbillons, Puis, douloureusement grotesques, ces haillons S'enfoncent, et plus rien ne reste ? la surface. Courages morts, projets d?funts, r?ves d??us, Tout dispara?t: le flot qui passe les efface, Et le grand flot des jours repasse par-dessus... LES NAUFRAG?S MADAME H?L?NE Madame Bonnavent, n?e de Romell de Candeleus, m?prisait son mari. Elle atteignait vingt ans lorsqu'on lui donna cet ?poux. Orpheline et fille unique, n'ayant connu ni p?re ni m?re, elle sortait alors du couvent, o? son enfance et sa jeunesse avaient grandi dans une longue pi?t?. Elle ne savait rien du monde, mais elle poss?dait sur les choses des id?es cat?goriques, qui ?taient droites, plates et solides comme des murs. Avec son teint mat et ses yeux noirs, sa chevelure opaque et sa taille ?lanc?e, elle pouvait para?tre jolie, mais sans charme. Elle s'inclinait toute, par l'habitude de la pri?re et de l'humilit?, tenait le dos courb?, le cou tendu, ne regardait que le sol, jamais rien autour d'elle, glissait ? petits pas, et semblait toujours s'?loigner dans l'ombre d'un couloir; parfois, elle risquait vers les gens un coup d'oeil rapide et en-dessous, aussit?t rabaiss? vers la terre; elle parlait peu, souriait court, et s'habillait de noir. Qu'elle f?t n?e pour devenir la compagne d'Eug?ne Bonnavent, cela n'?tait gu?re probable. Avant leurs fian?ailles, elle n'e?t pas daign? le saluer dans la rue; l'aristocratique demoiselle, h?riti?re des preux, se f?t tenue pour offens?e par un simple regard de ce pl?b?ien, et jamais le millionnaire sans-culotte, fils d'un industriel et petit-neveu d'un conventionnel, n'e?t ?t? accueilli dans sa maison, s'il n'y f?t entr? comme ?poux. Mais Monseigneur l'?v?que et le Chanoine de Saint-G?r?me avaient combin? ce mariage, fort convenable ? tous points de vue, puisqu'il allait r?unir, sous la tutelle de l'?glise, deux familles notables du d?partement, et, du m?me coup, englober dans la Soci?t? Bien-Pensante, la grosse fortune industrielle des Bonnavent. D'ailleurs, un projet de Monseigneur et de M. le Chanoine ne pouvait ?tre que de haute sagesse, et indiscutable; une jeune fille, ? peine sortie du couvent, n'avait qu'? entendre, sans le discuter, l'avis de ces graves personnages, alors qu'ils voulaient bien s'occuper d'elle. C'est pourquoi, en apprenant la d?cision de l'?v?ch?, H?l?ne de Romell n'?prouva qu'un ?tonnement respectueux. Elle ne protesta pas d'un seul mot: ses principes, joints ? son excellente ?ducation, ne l'eussent pas permis. On daigna lui exposer les raisons d'ordre sup?rieur qui rendaient souhaitable cette union: elle s'honora doublement d'une confidence ?piscopale qui la flattait, et d'un mariage qui prenait ? ses yeux l'importance des n?cessit?s politiques; par-del? son bon plaisir, elle entrevit l'int?r?t de la Foi: c'?tait plus qu'il n'en fallait pour la convaincre. Elle avoua, en souriant, que le pr?tendu, personnellement, lui agr?ait peu, et que jamais elle n'e?t song? ? lui; mais elle s'empressa d'ajouter que ce d?tail ?tait de minime importance. Elle s'enquit de savoir s'il ne serait pas inconvenant de rencontrer son pr?tendu dans quelque r?union familiale, avant le mariage, et de causer avec lui. Tout le monde approuva ce d?sir, et la tante de Conflans organisa une soir?e intime o? l'on chanterait peut-?tre une romance. H?l?ne y parut sans contrainte ni malaise: sa parfaite innocence en mati?re conjugale ne lui sugg?rait aucun souci qui p?t alarmer la pudeur d'une novice, et la vierge se pr?senta sans rougir ni baisser les yeux. Elle ne voyait, dans le futur ?poux, qu'un parent futur, une sorte de cousin ajout? sur le tard aux membres de la famille, un associ?, son collaborateur dans une affaire grave; ils auraient ensemble des devoirs ? remplir, des d?cisions ? prendre, des int?r?ts ? g?rer, toutes choses s?v?res. La blanche H?l?ne, en regardant le lustre, songeait aux jours pass?s, ? l'heureuse insouciance du couvent, aux bonnes soeurs qui parlent bas et sourient, rondes et glabres sous leurs coiffes, et qu'il fallait quitter maintenant, pour vivre parmi les ?tres sans id?al qui dansent, boivent, rient, remuent, et ne vont ? la messe qu'une fois par semaine. D'ailleurs, mademoiselle de Romell constata sans d?plaisir que son fianc?, bien qu'indigne et m?prisable, n'?tait pas repoussant. L'arri?re-neveu d'un R?gicide pouvait ?tre une brute abreuv?e de sang: H?l?ne s'?tonna de le trouver simplement lourd et commun. C'?tait un solide gar?on masqu? de barbe jusque sous les cils, casqu? de cheveux jusque vers les sourcils; ses yeux, au fond de cette broussaille, ?taient bleus, doux et timides; on n'y lisait qu'une sant? heureuse, la s?r?nit? canine: tout de suite, et surtout pour un regard de femme, l'ensemble de cet homme d?gageait l'impression d'une faiblesse morale enferm?e dans une force physique, et tout de suite H?l?ne sentit qu'elle r?gnerait. De cela, d'ailleurs, elle avait la volont? ferme: non pas qu'elle f?t despotique par nature; mais sa conviction de poss?der la v?rit? lui cr?ait un devoir d'inculquer cette v?rit? tout enti?re dans les cr?atures que Dieu confierait ? son gouvernement. L'?poux, premier disciple, lui parut mall?able ? souhait: elle comprit la profonde sagesse qui avait inspir? les combinaisons de Monseigneur et de M. le Chanoine; elle les admira d'avoir invent? une union si bien assortie, et le rapide examen du jeune homme la confirma dans sa r?solution d'ob?ir aux sacr?s conseils. Elle voulut donner aussit?t une marque publique de son consentement, et, pour bien prouver que d'ores et d?j? elle classait M. Bonnavent dans une cat?gorie particuli?re, elle ne lui adressa aucune parole. Lorsque, par deux fois, le malheureux gar?on essaya d'entamer avec elle une conversation banale, elle ne lui r?pondit que par une silencieuse inclinaison de t?te, et se d?tourna de lui. --Allons, disait la tante, ?a va bien... Et la famille enti?re se r?jouissait et louangeait le tact d'une jeune fille bien ?lev?e, qui se fait comprendre en ?vitant de se commettre. --On a beau dire: une bonne ?ducation, cela se reconna?t toujours. Lors de la deuxi?me rencontre, mademoiselle de Romell de Candeleus se maintint dans cette significative r?serve. Mais la troisi?me fois, sans transition, elle parla cat?goriquement ? son fianc?, et, comme une matrone, elle formula ses dogmes, posa ses conditions, organisa l'avenir. On e?t dit qu'elle ?num?rait les articles d'un pacte appris par coeur, et certainement sa monastique cervelle n'avait pas, ? elle seule et sans aide, analys? ainsi les pr?visions de l'existence ou l'installation d'un foyer: la prudence du clerg? se manifestait dans ses propos, relatifs ? la belle ordonnance d'une famille; le futur ?coutait, abasourdi, ravi, balbutiait des assentiments, acquies?ait aux projets. Quand cette virginale cr?ature lui d?clara qu'elle entendait se r?server l'?ducation des filles et des fils, une subite lueur gaie cr?pita dans les yeux du m?le. Mais H?l?ne, en son ignorance des choses, ne vit dans cet ?clair qu'un fr?missement d'enthousiasme, et fut toute fi?re d'avoir ?clair? un esprit sur les beaut?s de la saine ?ducation. La petite flamme qui aurait d? l'inqui?ter ne lui donna que la certitude de ses prochains triomphes. Mademoiselle de Romell de Candeleus tendit la main ? M. Bonnavent, et neuf jours apr?s les bans se publi?rent. La noce fut somptueuse. Monseigneur officia lui-m?me. Toute la ville ?tait sur pied, et l'on vint des trois arrondissements. Pour la premi?re fois, on vit le pr?fet entrer ? la cath?drale, o? sa dame, d'ordinaire, allait seule. La fille du g?n?ral fut au nombre des qu?teuses, et les robes de soie verte, puce, bleue, violette, resplendissaient sur le parvis. Apr?s le lunch, la mari?e exigea que M. Bonnavent v?nt avec elle saluer la Sup?rieure du couvent. --Ma premi?re visite doit ?tre pour celle que j'ai toujours appel?e: < La sainte femme re?ut ces enfants avec bont?. Elle embrassa H?l?ne qui l'embrassa, et toutes deux pleuraient; le mari, correct et debout, souriait niaisement, portant le poids de son corps sur une jambe et sur l'autre, alternativement; la bonne religieuse fit ? sa ch?re Fille des recommandations vagues sur les devoirs multiples, et se retira pour prier Dieu de b?nir cette union. Nulle autre voix n'instruisit la brune orpheline, car personne ne se souciait de scandaliser l'innocence, et c'est pourquoi, le lendemain, d?s la pointe du jour, l'?pous?e, rasant les murs et cach?e sous un voile ?pais, revenait sonner au couvent. --Ma m?re ayez piti? de moi! J'ai ?pous? un fou! Je ne peux pas vous dire la preuve, mais il est fou, ma m?re! Il va falloir qu'on l'enferme, et c'est affreux, si vous saviez! Sans savoir, la bonne Soeur soup?onnait un peu la v?rit?; par crainte d'en apprendre trop, elle conseilla ? la douloureuse enfant de se rendre au tribunal de la p?nitence, et le Chanoine entendit la confession d'une nuit de noces. H?l?ne s'en revint honteuse et d?sol?e, ne comprenant plus rien au monde. Le digne Chanoine lui avait enseign? que l'?glise ne r?prouve point l'oeuvre de chair, entre les ?poux b?nis par Elle; mais cette assurance d?concertante, qui bouleversait toutes les notions de la pieuse fille, arrivait trop tard. L'atroce attentat de la nuit, outrageant ses pudeurs, r?voltant sa conscience, l'avait emplie d'horreur et d'?pouvante: elle avait cru se d?battre sous les attaques d'une b?te sauvage, et les angoisses de ce cauchemar avaient ?t? si vives, qu'un frisson de froid la gla?ait toute, ? la seule pens?e qu'il faudrait les subir encore. Ah! non, certes, elle n'aurait pas accept? le mariage, si elle avait soup?onn? ? quelles profanations il condamne une femme! Surtout, elle n'aurait pas accept? ce mariage-ci, et du moins elle aurait choisi un homme de son monde, car l'insulte n'e?t alors offens? qu'elle seule, sans d?shonorer toute une race! Et tr?s na?vement, la noble fille souffrait pour ses a?eux presque autant que pour sa pudeur. Une chose ?vidente, c'est qu'on avait abus? de son ignorance: Monseigneur, en cela, n'avait pas bien agi. Il aurait d? comprendre, et l'avertir! Dans son indignation, elle osait juger un pr?lat, et m?me elle se demanda si les ?v?ques de la R?publique n'?taient pas, peu ou prou, entach?s d'h?r?sie: ce qui expliquerait tout, m?me les trahisons. Cette pens?e lui fit du bien; non parce qu'elle s'y complut, mais au contraire parce qu'elle la r?prouva bient?t, comme une irr?v?rence dont elle se sentit coupable: la notion de sa faute l'amena promptement ? conclure qu'il y avait p?ril ? penser toute seule, et elle r?solut de s'en r?f?rer toute aux conseils de son directeur. Add to tbrJar First Page Next Page |
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