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Read Ebook: Le Tour du Monde; Scandinavie Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860 by Various Charton Douard Editor
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 113 lines and 24299 words, and 3 pagesassure et nos carrioles s'arr?tent au perron. Une servante nous re?oit et nous introduit dans un vaste salon orn? d'un piano ? queue et de deux ?normes lauriers-roses en pleine fleur. De seigneur, point. Au bout de trois quarts d'heure, la m?me servante nous fait monter dans les mansardes, o? deux lits et du th? nous attendent. La fatigue nous fait profiter sans r?flexion de cette silencieuse hospitalit?. Le lendemain, nous nous hasardons ? parler de r?tribution. On accepte, on demande m?me davantage. De seigneur, toujours point. Nous allons aux remises, nous faisons atteler. C'?tait ? croire ce castel inhabit?, lorsque, tout ? coup, au moment o? nous prenions les guides, le piano de la veille rompt le silence et la Marseillaise, ex?cut?e par des doigts novices, nous r?v?le l'existence de quelque princesse, h?riti?re invisible du domaine. Telle est l'hospitalit? norv?gienne. Autrefois gratuite, elle se fait payer m?me chez les gens qui pourraient l'exercer autrement. Est-ce un exc?s de fiert? qui fait fuir ces h?tes que le voyageur aimerait ? voir? Je ne sais. En tout cas, si ce r?cit vient ? tomber sous les yeux de la dame du logis, qu'elle y voie un regret plut?t qu'un reproche. Nous voulions, de Sillegjord, gagner le Bandak avec l'intention de passer deux ou trois jours au milieu de ces sites romantiques qui sont en m?me temps le premier pays de chasse et de p?che de la Norv?ge. De Sillegjord au Bandak il y a quatre ou cinq lieues. La route d'abord plate et monotone monte bient?t sur un fjeld tout entour? de roches ? pic. De ce cirque naturel o? l'on entre par une vaste br?che, s'?chappe une belle chute qui forme un lac. On monte encore, puis on tourne brusquement pour redescendre dans la vall?e du Bandak. M?me vue immense, m?me paysage splendide qu'? Sundbo. De tous c?t?s des prairies pr?tes ? ?tre fauch?es, des pentes fleuries d'?glantiers, des fermes bien b?ties et, ? l'horizon, la nappe longue et sinueuse des Bandaks. La route aboutit dans la cour d'un gaard de la plus belle apparence. Un monsieur en lunettes fume sa pipe sur le perron; c'est le ma?tre de poste, et de jeunes ?l?gants arrivent en pha?ton pour d?ner ? Mo?n. L'orage dure deux heures. Le lac, enferm? entre deux hautes cha?nes de montagnes, r?sonne des coups multipli?s du tonnerre. La pluie tombe ? flots; mais la petite barque glisse sur l'eau et, deux heures apr?s, aborde ? Laurdal. Rien de ravissant comme ce coin solitaire. Quelque riche bourgeois l'a choisi pour s'y b?tir une demeure confortable, au milieu d'un grand parc de sapins. ? c?t?, une chute fait aller quelques scieries. En face, s'ouvre une vall?e fertile; c'est un paradis en miniature. Vers cinq heures du soir, nos bateliers nous d?posaient dans une prairie inond?e o? finit le lac et o? commence la vall?e de Bandak. Le Ravnedjupet est c?l?bre dans les contes du T?l?mark; la tradition pr?tend que ce gouffre rejette sur ses bords, par la seule force du vent qui y tourbillonne, tout ce qu'on y jette. En r?alit? Ravnedjupet n'est qu'un site horriblement sauvage, surtout alors qu'il n'est ?clair? que par les lueurs tremblotantes du cr?puscule norv?gien. Paul RIANT. VOYAGE DANS LES ?TATS SCANDINAVES, PAR M. RIANT. LE T?L?MARK ET L'?V?CH? DE BERGEN. LE T?L?MARK Ces < Le paysan norv?gien, longtemps annihil? par le Danois, revient peu ? peu, depuis qu'il a recouvr? son ind?pendance, ? sa dignit? d'autrefois. Rien de fr?quent comme les familles o? le grand-p?re, encore affubl? du costume national, voyage avec ses petits-fils, parfaits gentlemen ?lev?s en Angleterre et familiaris?s avec tous les raffinements de la civilisation. M. B., qui sert de cavalier ? ces dames, est du nombre: c'est un chasseur d?termin? qui regrette le s?jour forc? que ses fonctions l'obligent ? faire ? Christiania, o? il va retourner. Il nous parle d'ours et nous offre des lettres pour des montagnards d'Haegland, fameux chasseurs qui habitent ? six ou sept lieues de la pointe orientale du Bandak sur les bords du Langvand. ? midi nous arrivons ? Strengnen au bout du lac, et si nous voulions, nous serions ? Christiania le lendemain dans la journ?e; car une fois par semaine tous les petits steamers du T?l?mark se correspondent, et de lac en lac, de fjord en fjord, on arrive assez vite ? destination. Il ne faut pas croire cependant que cette facilit? de communication ait beaucoup civilis? les contr?es qui en jouissent. Le pays est si abrupte, si sauvage, que ces lacs sont de vraies impasses sans route qui les longent ou les unissent. Quittez les stations interm?diaires ? peine dignes du nom de villages, et vous retombez dans la barbarie traduite par l'absence du pain et la pr?sence du lait caill?. ? Strengnen commencent ? dispara?tre ces costumes t?l?markiens ? formes antiques, les hautes culottes des hommes, les jupes ray?es des femmes et ces petits ch?les enroul?s en turban sur le front et descendant en pointe sur les ?paules pour cacher les longues chevelures blondes des paysannes. Nous entrons dans une baraque o? un jeune couple affair? nous sert dans un salon de bois brut un d?ner passable. Mme B. cherche ? tirer d'un piano antique quelques sons harmonieux; puis nous nous s?parons de nos compagnons d'un jour, qui retournent ? Christiania apr?s nous avoir d?cid?s ? partir pour la montagne. Une chasse ? l'ours n'a d'int?r?t pour le lecteur que par les dangers m?mes qu'ont pu courir les chasseurs; mais la v?rit? oblige ? d?clarer que sans chien et au mois de juin une exp?dition de ce genre est toujours compl?tement infructueuse. Deux ou trois jours pass?s ? Haegland sur le Langvand, dans une famille de chasseurs d'ours, de longues excursions p?destres sur les pentes du B?fjeld et jusqu'? Drangedal, les explorations minutieuses des hautes cavernes o? dorment en hiver les ?normes plantigrades n'eurent donc d'autre r?sultat que la d?couverte des traces fra?ches d'une m?re ourse et de ses petits, et les balles explosibles ne purent m?me trouver dans ces solitudes quelque ?lan ?gar? sur qui s'exercer. Malgr? l'insucc?s de la chasse, il est impossible de ne point garder un bon souvenir de ces montagnards au caract?re ouvert et franc, de ces vigoureux jeunes hommes souvent balafr?s dans leurs luttes avec les terribles b?tes, de leurs r?cits na?fs, de leur indomptable duret? ? la fatigue. Le dimanche soir nous quittions Haegland, et apr?s un mille dans la plus sauvage des for?ts de pins, nous d?bouchions sur la vall?e du Nordsj?; au loin brillaient d'un ?clat singulier des toits resplendissants; nous approchons: c'?taient les toits de grandes serres; un peu plus loin un ch?teau du meilleur style, des pelouses et des corbeilles de roses, de grands tilleuls et toute une colonie de femmes ?l?gantes assises sous une v?randa ... ? trois lieues d'un pays ? ours. Ces contrastes sont perp?tuels en Norv?ge; les propri?taires d'usine, gens fort riches, condamn?s ? passer toute l'ann?e dans ces d?serts, s'y installent avec luxe et presque toujours avec go?t. Ainsi Ulefoss, petit village, plein de scieries aliment?es par une puissante chute, a deux de ces habitations princi?res. Il est onze heures du soir; ? deux heures du matin, apr?s avoir c?toy? le lac, nous entrons ? Skien qui dort du plus profond sommeil, quoique le soleil soit d?j? haut sur l'horizon. Cette ville, plac?e entre la mer et le lac Nordfsj?, est l'entrep?t de tous les bois du T?l?mark. Le mouvement y est plus grand encore qu'? Drammen. Au pied d'une falaise ? pic s'?tendent de longs docks de bois, encombr?s de marchandises; de tous c?t?s les chevaux tra?nent des poutres qu'ils ont retir?es du fleuve pour les porter aux scieries. La ville n'a d'autre pav? que la sciure de bois, amass?e l? par les ann?es; aussi est-il d?fendu d'y fumer sous les peines les plus s?v?res, un cigare oubli? d?vorerait des millions. L'?V?CH? DE BERGEN. Quand on a vu le T?l?mark, la vall?e de Gudbrandsdal, les villes commer?antes du sud, et qu'on a fait le p?lerinage moiti? historique, moiti? industriel de Frederikstad-Sarpborg, on peut sans regret quitter Christiania et chercher sous de plus hautes latitudes des paysages plus admirables encore: la c?te ouest de Norv?ge, depuis Stavanger jusqu'? Throndjem, offrirait ? elle seule un d?veloppement ?gal ? celui des c?tes fran?aises de Bayonne ? Dunkerque, si la mer suivait, comme chez nous, des falaises presque rectilignes, au lieu d'enfoncer, comme elle le fait l?-bas, ses mille bras dans un d?dale de montagnes et de vall?es, d'?les et de r?cifs. Quand on quitte la grande mer pour entrer dans le golfe de Hardanger, ? R?vaer, il faut faire pr?s de cent cinquante kilom?tres avant d'atteindre Odde ou Eidfjord, l'une des extr?mit?s du fjord. Si l'on ajoute au caract?re tout particulier de la c?te occidentale, la hauteur ?norme des falaises ou des pics qui bordent ces golfes innombrables, on comprendra pourquoi, dans son orgueil national, le Norv?gien met son pays bien au-dessus des sites les plus vant?s de la Suisse; c'est la mer qui anime toutes ces montagnes; c'est la mer qui vient baigner le pied de tous ces glaciers; c'est la mer dont les temp?tes viennent s'engouffrer dans ces formidables gorges et ajouter ? leur sublime horreur. Bergen occupe le centre de ce r?seau de fjords; b?tie ? l'extr?mit? d'une presqu'?le montagneuse, elle ne peut communiquer que par mer avec le reste du pays. Tous les efforts de l'art n'ont pu jusqu'? ce jour arriver ? cr?er, dans le massif rocheux qui relie au continent la presqu'?le de Bergen, une route carrossable. Comment suspendre un chemin au flanc de falaises de quatre mille pieds de haut? comment descendre des pentes o? les plus hardis pi?tons ne s'aventurent qu'en tremblant? Pour le touriste qui arrive de Christiania par terre, soit qu'il ait pris la route du Hallingdal, soit qu'il ait remont? la vall?e de la Baegna ou Beina et ait pass? le Fille fjeld, par le col de Nystuen, il arrive in?vitablement au fond du Sognefjord, le plus septentrional des deux grands fjords. Des sommets neigeux du Fille fjeld, ? deux pas de Galdh?piggen et du J?kul, les pics les plus ?lev?s du massif des Horunger, il descendra par une pente tr?s-rapide dans la vall?e de Laerdal, gigantesque impasse o? vient se perdre le dernier flot du Sognefjord. La presqu'?le de Bergen. -- Laerdal. -- Le Sognefjord. .... ? Tune commencent les vrais costumes du district de Laerdal: les hommes ont des culottes de peau jaune; les femmes, un corsage de gros drap bleu, pliss? aux ?paules, garni de velours noir au collet, et ferm? par un rang de boutons d'argent; une jupe courte ? carreaux et un large bonnet blanc, pliss? par derri?re en ?ventail, compl?tent le costume; les jeunes filles, au lieu du bonnet, portent dans leurs cheveux blonds une couronne form?e d'un foulard rouge roul?: rien de gai comme cette coiffure, dont la couleur vive tranche avec l'aust?rit? du corsage. D'ailleurs les Laerdaliennes sont en g?n?ral fort jolies et portent admirablement ces habits aux formes antiques. ? Qvien commencent d'?normes travaux faits pour endiguer deux torrents imp?tueux, puis l'on monte pendant trois heures avant d'atteindre Nystuen, sorte d'hospice b?ti de temps imm?morial au milieu des neiges ?ternelles, pour la plus grande s?ret? du voyageur qui y trouve, sinon du pain, du moins un abri chaud et des lits immenses. Sur la route de Christiania ? Throndjem, au col du Dovre, il y a aussi un de ces hospices remontant au treizi?me si?cle; mais il est plus vaste et rappelle mieux encore, par l'empressement silencieux des h?tes, par le confort de l'int?rieur, par la v?n?rable antiquit? du mobilier, certains hospices des Alpes. ? Nystuen, une temp?te, qui, depuis deux jours, grondait vers la mer, et dont nous avions ? peine, de l'autre c?t? du Fille fjeld, ressenti le contre-coup, nous r?veille d?s le matin par le bruit lugubre des rafales qui envoyaient contre les vitres des torrents d'eau m?l?e de neige; aussi je ne sais comment nous faisons les deux milles qui s?parent Nystuen de Maristuen, plac? un peu plus bas vers la mer, dans un bois de bouleaux nains. ? Maristuen, la pluie cesse pour faire place ? une bourrasque qui durera toute la journ?e. Depuis deux ou trois relais, de petits chiens, dress?s en temps de neige ? aller chercher du secours aux relais, courent devant les carrioles, arr?tant les chevaux par leurs aboiements quand le vent, trop violent aux tournants, pourrait ?tre dangereux. Il y a vingt ans, toute cette route, depuis Nystuen jusqu'? la mer, n'?tait qu'un casse-cou ?pouvantable, fameux par de lugubres accidents. ? force d'art, de patience et d'argent, le g?nie norv?gien a r?ussi ? rendre ? peu pr?s s?re la moiti? de la descente; la route, support?e par d'immenses massifs de ma?onnerie, perc?e ? la mine ? travers les roches surplombantes du pr?cipice, est presque partout bord?e de barri?res en fer; par deux fois elle traverse la vall?e sur des viaducs ?tablis ? grands frais, et ce n'est point sans un sentiment de l?gitime reconnaissance pour les officiers de l'arm?e norv?gienne, qu'on contemple, de l'autre c?t? des pr?cipices, l'?troit sentier sans garde-fous et les ponts pourris que suivait l'ancienne voie. Rien ne saurait peindre la grandeur du paysage: ? chaque instant d'?normes chutes roulant sur les flancs gris?tres du fjeld vont grossir le torrent qui ?cume ? quinze cents pieds plus bas dans le lit qu'il s'est creus? lui-m?me; dans les gorges ?troites le vent s'engouffre avec plus de force encore qu'? Ravnedjupet, et grossit de ses mugissements la voix tonnante des rapides. Un peu avant Hoegg, on rejoint la route qui vient d'Hallingdal; ? la bifurcation, de longues files de charrettes d?tel?es attendent, pour monter au fjeld, que l'ouragan soit pass?. On dit qu'un souverain du continent a achet? une de ces rares ?glises de bois, et l'a transport?e pi?ce ? pi?ce dans un parc pour la soustraire au marteau de l'?dilit? locale. ? voir l'abandon o? est laiss? Borgund, on se prend ? souhaiter que la m?me fantaisie prenne ? quelque autre royal amateur, qui la sauverait du sort d'Hitterdal. Quand on sort de la porte sculpt?e qui ferme le cimeti?re de Borgund, on voit la route grimper perpendiculairement jusqu'au bord m?me de l'entonnoir montagneux qui ferme la vall?e; ? droite, au fond, le torrent passe dans une haute et ?troite fissure et dispara?t apr?s un coude. Les Norv?giens sont fiers, et ? juste titre, de ce beau travail. Un tunnel e?t ?t? plus court, peut-?tre moins co?teux. En tout cas, on e?t perdu un paysage splendide. Au bas de la c?te, un lourd carrosse, tra?n? par deux des petits chevaux du pays s'arr?te au relais, tant le vent est fort. Le soleil, du reste, brille de tout son ?clat. Le vent soufflant avec violence sur les chutes qui tombent du plateau, les soul?ve ? mi-chemin en gerbes ?tincelantes que le soleil irise en les traversant. Apr?s trois ou quatre heures de chemin dans la vall?e, d?j? plus fertile, nous arrivions ? Laerdal. Laerdal n'est pas encore une ville et n'est plus un village. Si j'osais, je la comparerais ? ?tretat; mais ici la grandeur du site jure un peu avec la petitesse de ce qu'y a b?ti l'homme. T?te de la grande route de Christiania ? Bergen, Laerdal deviendra important quand on lui aura creus? un port. Pour le moment, c'est une longue rue bord?e de maisons blanches, alternant avec des masures. Au bout, est la mer, large d'un kilom?tre ? peine. C'est ici qu'on quitte la terre ferme pour prendre, soit le steamer hebdomadaire, soit la barque de poste qui vous m?ne ? Bergen. Le steamer ne part que le lendemain, et la temp?te interdit toute esp?ce d'excursion nautique. En un jour on aie temps de voir Laerdal, d'explorer les hautes montagnes qui s'y baignent dans la mer, et m?me d'assister ? la revue que, dans une sorte de champ de Mars, voisin de la ville, passe le contingent du canton. Les h?tels sont pleins d'officiers, et les rues de soldats qui jouent, chantent et grignotent ces biscuits enfil?s, aliment ordinaire des robustes charpentes du Nord. Un bon bourgeois de la ville, quelque chose comme le maire ou le sous-pr?fet, avait consenti ? nous donner l'hospitalit?, vu l'encombrement des auberges. Le caf? le matin, du saumon ? midi et du th? le soir, le tout sans pain: voil? le menu des repas de la famille pendant une journ?e enti?re. Il sera facile, d'apr?s cela, de juger de la frugalit? du peuple. L'honorable fonctionnaire qui nous traitait ainsi de son mieux, moyennant une l?gitime r?tribution, ne se doutait point que l'estomac d'un touriste a besoin d'une alimentation plus solide. Le fait est que ma?tresse et servante furent grandement scandalis?es de nous voir exhiber les provisions de la route tout comme dans un gaard de paysan. Durdrekke surtout se livrait aux plus judicieuses r?flexions. Le long de la route d?filent devant vos yeux les paysages les plus splendides, les coins les plus sauvages et les plus retir?s du Sogn. Autrefois, pour faire le chemin qu'il vous fait parcourir en deux jours, il e?t fallu toute une semaine. ? chaque station o? il s'arr?te, des familles de paysans du Sogn, dans leurs habits de f?te, montent ? bord; chevaux et vaches suivent sans plus d'embarras. L'?tonnement de ces bonnes gens, ? la vue des splendeurs du paquebot que beaucoup voient pour la premi?re fois, est indescriptible. Le fait est qu'un ethnographe ?rudit pourrait faire sur les paysans du Sogn de curieuses ?tudes. Il est impossible de ne pas ?tre frapp? de la ressemblance qui existe entre les plus beaux types anglais et normands et les types si purs du Sogn. Je dis anglais, je me trompe; je ne devrais parler que des familles anglaises o? l'aristocratie a conserv? la puret? de la race conqu?rante; plus d'une paysanne du Sogn porte la t?te haute et fi?re comme les pairesses d'outre-Manche. Yeux d'un bleu profond, profils olympiens, tailles imposantes, rien ne manque ? la ressemblance. Tous ces gens-l? sont, ? un degr? antique, cousins des membres de la haute chambre.... et ils le savent. Ils parlent de leur Ganger Rolf comme s'il s'agissait d'un personnage d'hier; les pirateries de ses coll?gues deviennent de splendides conqu?tes, et tout cela est racont? dans les veill?es, c?l?br? dans les chansons comme le si?ge de Troie chez les Grecs. On s'explique alors la fiert? de ces laboureurs, de ces p?cheurs, qui n'ont pas voulu de nobles dans leur jeune constitution, par ce qu'?tant tous de la m?me race, ils remontaient tous aux m?mes h?ros, ? ces contemporains d'Odin, grands guerriers, grands tueurs, peut-?tre grands mangeurs de chair humaine. Au retour, nous touchons de nouveau ? Laerdal; nos carrioles, hiss?es ? bord, seront confi?es ? l'honn?tet? des passagers; une lettre envoy?e d'avance ? Bergen pr?viendra l'aubergiste de leur arriv?e solitaire; nous les retrouverons dans la remise sans que rien manque ? nos provisions, abandonn?es ? la bonne foi publique. Quel est le pays o? l'on pourrait en faire autant. Add to tbrJar First Page Next Page |
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