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Read Ebook: Les Cent Jours (1/2) Mémoires pour servir à l'histoire de la vie privée du retour et du règne de Napoléon en 1815. by Fleury De Chaboulon Pierre Alexandre Douard Baron
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 823 lines and 87772 words, and 17 pages < < < Que d'hommes qui, aveugl?s, abrutis par une sotte pr?somption, se croyaient assez habiles pour renverser avec des ?dits et des ordonnances l'oeuvre de tout un peuple et de vingt-cinq ans de r?volution! que d'hommes enfin, qui, loin de vouloir ?clairer le souverain sur les projets des ministres et de la faction dont ils n'?taient plus que l'instrument docile, s'?taient rendus leurs complices, et conspiraient avec eux l'an?antissement de la Charte royale! Dans le sein du minist?re se trouvaient plac?s, cependant, des hommes d'?tat pleins de talens et d'exp?rience. Ils avaient senti qu'au lieu d'inqui?ter les esprits en laissant entrevoir le r?tablissement des anciens privil?ges, on devait au contraire s'efforcer de les rassurer en garantissant la stabilit? des institutions nouvelles; qu'en voulant r?tablir la monarchie sur ses anciennes bases, on ?tait au nouveau gouvernement le seul avantage qu'il poss?d?t sur l'ancien: celui d'?tre lib?ral; enfin que, si le caract?re distinctif du gouvernement de Napol?on avait ?t?, comme on le pr?tendait, l'arbitraire et la force, il fallait que le caract?re distinctif du gouvernement royal f?t la justice et la mod?ration. Mais ils n'avaient point assez d'empire, assez de consid?ration personnelle, pour pouvoir lutter avec succ?s contre les ?migr?s et leurs protecteurs. Leurs vues, souvent sages, et toujours bienveillantes, ?taient approuv?es en conseil; hors du conseil, chaque ministre n'agissait plus qu'? sa guise, et malheureusement les minist?res appel?s ? exercer le plus d'influence sur les personnes et sur les choses, avaient ?t? confi?s ? des hommes qui semblaient prendre ? t?che d'aigrir et de soulever les esprits. L'un, charg? du d?partement de la guerre, avait d? ce poste ?minent au m?rite d'avoir ?t? proscrit par l'Empereur; car, alors, on appela proscription le ch?timent mod?r?, l'exil qui lui fut impos? pour avoir m?connu son souverain, et conduit honteusement sous le joug les l?gions qui lui avaient ?t? confi?es. Faible, indolent, irr?solu, d?nu? de toute esp?ce de caract?re et de moyens, il n'eut jamais ni l'ambition, ni le talent d'?tre un seul jour le ministre de la nation et du roi. Il ne fut et ne pouvait ?tre que le ministre complaisant de la cour et des courtisans en cr?dit. L'autre, qu'une ?loquence douce et persuasive avait fait remarquer ? l'Assembl?e constituante, et dont la mod?ration semblait garantie par sa qualit? de ministre de l'?vangile, par une vie paisible, et une sant? chancelante, avait re?u le portefeuille de l'int?rieur. Humble, doux, timide tant qu'il ne fut pas le plus fort, il devint, lorsqu'il fut puissant, d?daigneux, irascible, intol?rant. Un seul principe, haine et m?pris pour la r?volution, j'ai presque dit pour la France, dirigeait son administration. Il n'examinait point si telle et telle institution ?tait bonne et utile, si elle avait co?t? ? ?tablir, si elle pouvait ?tre modifi?e, am?lior?e, appropri?e aux circonstances actuelles; il regardait seulement l'?poque de sa cr?ation, et cette ?poque d?cidait tout. Un troisi?me, qui, jeune encore, s'?tait distingu? dans nos parlemens, non moins par ses talens que par sa sagesse et ses principes, se trouvait plac? ? la t?te de la magistrature. Rappel? d?s long-tems sur le sol de la patrie, il avait rempli en citoyen z?l?, en sujet fid?le, ses devoirs envers l'?tat, envers l'Empereur; et tout portait ? croire qu'il serait le protecteur des institutions sous lesquelles il avait si long-tems v?cu paisible et honor?. Mais ? peine fut-il rev?tu de la simarre, qu'il devint l'oppresseur des tribunaux et des juges, l'antagoniste des lois nouvelles, et le z?lateur stupide des formules serviles, des coutumes et des ?dits barbares, que l'ascendant des lumi?res, de la raison et de la libert? avait plong?s depuis un quart de si?cle dans le n?ant et l'oubli. Le malheur de voir une partie de l'administration confi?e ? de pareils chefs, ne fut point le seul: on avait annonc? que Louis r?gnerait en personne; et autant les Fran?ais sont heureux et empress?s d'ob?ir ? la voix de leur souverain, autant ils ?prouvent de r?pugnance ? se soumettre aux ordres de ses favoris. Quelle ne fut donc point la consternation g?n?rale, lorsqu'on apprit que Louis, affaibli par une maladie opini?tre et douloureuse, avait laiss? tomber les r?nes du gouvernement dans les mains de M. de Blacas! et combien cette consternation ne s'accrut-elle pas encore, quand on sut quels ?taient les principes, les projets, et le funeste ascendant de ce ministre! Avec de semblables ?l?mens, il ?tait impossible que le gouvernement royal p?t conserver la confiance publique. On vit avec chagrin que les efforts insens?s d'une poign?e d'individus allaient faire na?tre la guerre civile, ou replonger la France dans les d?sordres et l'asservissement dont la r?volution l'avait affranchie. Le besoin de s'opposer ? ces tentatives monstrueuses se fit sentir d'une extr?mit? de la France ? l'autre: personne ne voulut rester neutre. Dans les premiers jours de la Restauration, le parti des ?migr?s et celui des Bonapartistes n'?taient, ? vrai dire, que de grandes cat?gories dans lesquelles se trouvaient class?s les anciens privil?gi?s et les nouveaux parvenus. Plus occup?s d'abord de leurs int?r?ts priv?s que des int?r?ts publics, ils s'?taient born?s ? se disputer les emplois de l'?tat et la faveur du prince, et ne s'?taient fait r?ciproquement qu'une guerre de calcul et d'amour-propre Mais quand leurs divisions vinrent ? se compliquer des int?r?ts essentiels de la r?volution; quand des personnes, les ?migr?s voulurent en venir aux choses, la nation, jusqu'alors t?moin du combat, prit part ? la querelle, et la France enti?re se trouva partag?e en deux partis distincts. L'un cherchait ? an?antir la Charte, et l'autre ? la conserver; en sorte que par une contradiction bizarre, la Charte royale avait pour ennemis les royalistes, et pour d?fenseurs les Bonapartistes pr?tendus. Des ?crivains, d?vou?s ou vendus ? la cause anti-nationale, se pr?cipit?rent dans l'ar?ne et cherch?rent ? persuader aux Fran?ais que le r?tablissement de la monarchie absolue, de la f?odalit? et des momeries religieuses pouvait seul leur rendre et leur garantir le bonheur et la paix. D'autres ?crivains se d?clar?rent les soutiens des libert?s et des droits publics. Ces fautes graves, quoique sensibles ? la nation, n'avaient point ?t? relev?es au moment m?me, parce qu'on craignait de perdre par des r?criminations le fruit des sacrifices autrement importans qu'on avait fait au bien g?n?ral. Mais quand les patriotes reconnurent que le gouvernement avait lev? le masque, ils rompirent le silence et l'attaqu?rent sans m?nagement. Le M?moire de M. Carnot, les ouvrages de M. Benjamin Constant, pleins de faits irr?cusables et de v?rit?s aust?res, contribu?rent puissamment encore ? ?clairer la nation sur les projets contre-r?volutionnaires des ministres, et sur les dangers dont ?taient menac?s nos libert?s et nos droits. Mais les avertissemens, les le?ons, les reproches ?taient perdus pour le gouvernement. Loin d'?tre intimid? et retenu par les clameurs publiques, il tenait ? honneur de les braver; son parti ?tait pris: tromp? par l'opinion qu'il s'?tait form? de la faiblesse des partisans de la r?volution et de la toute puissance de la faction r?gnante, il se croyait assez fort, assez craint, pour se passer de m?nagemens et marcher droit au but qu'il s'?tait propos?. Nous allons donc le voir, aveugl? par ses erreurs et ses passions, heurter de front les individus, et attaquer, sans scrupule et sans d?guisement, les uns apr?s les autres, leurs int?r?ts les plus chers et leurs droits les plus pr?cieux. On se h?ta de les ?loigner et de les remplacer par des troupes de ligne. Ces troupes nouvelles ne tard?rent point ? faire ?clater elles-m?mes leur propre m?contentement. On les indisposa en brisant leur ancienne organisation, et en introduisant dans leurs rangs des officiers inconnus. On les d?go?ta du service en les fatiguant par des manoeuvres et des revues perp?tuelles, ordonn?es non plus pour leur instruction, mais bien pour celle de leurs nouveaux chefs. On les humilia en les maltraitant; en les contraignant de porter les armes aux gardes-du-corps qu'elles avaient pris en aversion: et l'on sait qu'on n'humilie pas en vain l'amour-propre fran?ais. L'amour-propre chez le soldat est le v?hicule de la gloire. C'est en le flattant, c'est en l'?levant par des proclamations dignes de l'antiquit?, que Napol?on, dans ses immortelles campagnes d'Italie, parvint ? ranimer le courage de son arm?e et ? faire de chaque soldat un h?ros. C'est en l'humiliant, cet amour-propre, par le m?pris des victoires nationales, par des airs de hauteur et de fiert?, par le vain ?talage de la sup?riorit? de la naissance et du rang, que les nouveaux chefs donn?s ? l'arm?e s'ali?n?rent sa confiance et son affection. Cependant ce n'?tait point l? l'exemple ni les pr?ceptes qu'ils recevaient journellement du plus grand et du plus redoutable de nos ennemis. Ce prince, qu'il est inutile de nommer, au lieu de chercher ? rabaisser la gloire des Fran?ais, se plaisait ? rendre un hommage sans cesse renouvel? ? leurs talens, ? leur bravoure. Les g?n?raux qui l'approchaient n'?taient point accueillis par lui avec ce d?dain d?guis? qu'on prodigue aux vaincus, mais avec la franche estime qu'inspire la valeur, et avec les ?gards, j'ai presque dit le respect, qu'on doit ? une noble infortune. Si quelquefois il se trouvait entra?n? par la nature de ses entretiens ? rappeler nos revers, il en adoucissait le souvenir en donnant des ?loges anim?s, aux efforts que nous avions faits pour lui arracher la victoire, et semblait s'?tonner lui-m?me de n'avoir point succomb?. Quel effet cette magnanime g?n?rosit? ne devait-elle pas produire sur le coeur de nos guerriers, quand ils la comparaient aux efforts qu'on faisait pour empoisonner le souvenir qui leur restait de leurs triomphes, souvenir qui seul pouvait les consoler de leurs malheurs et les leur rendre supportables! Cependant la plupart des officiers et des g?n?raux s'?taient ralli?s franchement ? la cause royale; et si quelques-uns moins confians montraient encore de la ti?deur ou de l'?loignement, il e?t ?t? facile de les ramener, soit avec ces mots flatteurs si bien plac?s dans la bouche des rois, soit en donnant ? leur ressentiment le tems de s'apaiser de soi-m?me. Les titres de noblesse que nos braves avaient obtenus en r?pandant leur sang pour la patrie, ?taient d?nigr?s publiquement; et publiquement on anoblissait Georges Cadoudal dans la personne de son p?re, pour avoir ?gorg? des Fran?ais et tent? de commettre un parricide. L'anoblissement de la famille de Georges n'?tait point le seul scandale donn? ? l'arm?e et ? la France. Des titres honorifiques, des grades, des pensions furent port?s dans la Vend?e aux Chouans les plus horriblement c?l?bres, et distribu?s, au grand jour, sous les yeux des victimes de leurs brigandages et de leur f?rocit?. Ce n'?tait point encore assez pour la faction dominante de chercher ? ?lever les hommes qui avaient combattu la France, au-dessus de ceux qui l'avaient d?fendue et illustr?e; il fallait encore rabaisser et d?truire les institutions qui pouvaient rappeler les services et la gloire des d?fenseurs de la patrie. On commen?a d'abord, au m?pris des promesses les plus saintes, ? d?pouiller la L?gion d'honneur de ses pr?rogatives. On fit insinuer ensuite dans les feuilles minist?rielles, que l'ordre de Saint-Louis serait d?sormais le seul ordre militaire, et que la L?gion d'honneur ne serait plus que la r?compense de services civils... Le coup ?tait mortel: l'arm?e fr?mit, les mar?chaux s'indign?rent... Le gouvernement fut oblig? d'abandonner son projet et de le d?savouer. Il lui restait un autre moyen d'avilir la L?gion d'honneur: c'?tait de la prodiguer; il l'employa. La croix, qu'on n'obtenait qu'apr?s l'avoir si long-tems m?rit?e et attendue, devint alors la proie facile de la faveur et de la bassesse; elle fut prostitu?e ? une foule d'intrigans et de favoris subalternes, sans autre titre que le caprice des uns, ou la protection v?nale des autres. Les militaires qui n'avaient obtenu cette r?compense qu'au prix de leur g?n?reux sang; l'administrateur, le magistrat, le savant, le manufacturier, qui l'avaient re?ue pour prix des services signal?s rendus ? l'?tat, aux sciences, aux arts, ? l'industrie, furent constern?s de se voir associ?s ? des hommes sans m?rite, sans r?putation, souvent sans honneur; et par un juste mouvement d'orgueil, la plupart cess?rent de porter une d?coration qui ne servait plus ? les honorer, mais ? les confondre avec des hommes poursuivis et fl?tris par l'opinion publique. Le gouvernement ne s'en tint point ? ce premier succ?s. L'Empereur avait ouvert de nobles asiles aux filles des membres de la L?gion: le minist?re, sous le pr?texte d'une ?conomie de quarante mille francs, surprit au roi l'ordre de les en chasser. En vain le mar?chal Macdonald d?clara-t-il que les anciens chefs de l'arm?e n'abandonneraient jamais les enfans de leurs compagnons d'armes, et qu'ils ?taient pr?ts ? d?poser au tr?sor public les quarante mille francs qui servaient de pr?texte ? leur expulsion. En vain la sup?rieure de la maison de Paris offrit-elle de se passer des secours du gouvernement, et de consacrer sa fortune enti?re au soulagement de ses jeunes ?l?ves. En vain repr?senta-t-on qu'un grand nombre de ces enfans n'avaient ni parens, ni protecteurs, ni amis, et qu'en les abandonnant ? leur malheureux sort, on les livrerait indubitablement ? la mis?re, ou aux pi?ges de la s?duction; rien ne put ?mouvoir la compassion minist?rielle. Cependant l'indignation publique trouva de dignes interpr?tes dans l'enceinte de la repr?sentation nationale, et les mandataires du peuple allaient adresser au chef de l'?tat des remontrances, lorsque le minist?re d?concert? renon?a honteusement ? ses criminelles entreprises. Cette audacieuse violation des principes de la Charte souleva de nouveau la repr?sentation nationale, et le minist?re fut encore oblig? de reculer. Pour se venger de ces affronts r?it?r?s, et dans l'espoir mal con?u de diminuer les moyens de r?sistance, il effa?a des cadres de l'arm?e une masse innombrable d'officiers, et r?duisit de moiti? leur solde, dont la conservation et l'int?gralit? avaient ?t? formellement garanties. Le nombre des officiers de l'ancienne arm?e n'?tait plus, sans doute, en harmonie avec la force de l'arm?e royale; mais puisqu'on les r?formait sous pr?texte de surabondance et d'?conomie, il n'aurait point fallu insulter ? leur disgr?ce en accordant, sous leurs yeux, des grades et de l'emploi ? une multitude d'?migr?s incapables de servir; et en cr?ant cinq ? six mille gardes-du-corps, mousquetaires, chevau-l?gers, gendarmes de la garde, etc., qui, par leurs ?paulettes fra?chement acquises, et le luxe et l'?clat de leurs uniformes, scandalisaient Paris et r?voltaient l'arm?e. Enfin, le gouvernement dans sa fureur subversive, ne respecta m?me point les vieux soldats que la mort moins cruelle avait ?pargn?s sur les champs de bataille; sans ?gards, sans piti? pour leurs cheveux blancs, pour leurs glorieuses mutilations, il ravit, sous pr?texte d'?conomie, ? deux mille cinq cents de ces infortun?s, l'asile et les bienfaits que la patrie reconnaissante leur avait accord?s. Si le gouvernement ne redoutait point d'offenser publiquement l'arm?e dans ses plus ch?res affections; s'il ne craignait point de m?conna?tre ouvertement ses services et ses droits: de combien de d?go?ts et d'injustices ne dut-elle pas ?tre abreuv?e dans ses rapports individuels avec le minist?re? Je n'entrerai point dans le d?tail des plaintes, des accusations qui s'?lev?rent de tous c?t?s; je rapporterai seulement le fait suivant, parce qu'il peint doublement l'esprit dans lequel on agissait alors. Le g?n?ral Milhaud s'?tait distingu? dans le cours des guerres nationales par une foule de succ?s et de belles actions. Lors de l'invasion des alli?s, il s'?tait couvert de gloire en sabrant, ? la t?te d'une poign?e de dragons, un corps consid?rable de troupes ennemies. Ce g?n?ral, par son grade, son rang, ses services, avait ?t? nomm?, de droit, chevalier de Saint-Louis. Au moment de sa r?ception, la croix lui fut retir?e ignominieusement, parce que vingt ans auparavant il avait eu le malheur de voter la mort du roi. Mais tandis que les militaires de tout grade ?taient en butte aux offenses et aux pers?cutions du parti dominant, les fonctionnaires des ordres civil et judiciaire enduraient ?galement les traitemens et les injustices les plus r?voltantes. Cette flatteuse illusion fut de courte dur?e. Un grand nombre d'?migr?s nouvellement rentr?s furent nomm?s commissaires; et au lieu de s'entourer des conseils d'hommes sages et exp?riment?s, ils se laiss?rent circonvenir par une foule de pr?tres et d'anciens nobles d?pourvus de lumi?res ou de mod?ration. La classe interm?diaire, qui, par ses rapports journaliers avec les classes inf?rieures, exerce une si grande influence, ne leur parut qu'un assemblage grossier de roturiers parvenus; ils la trait?rent avec hauteur, avec m?pris. Tromp?s par les souvenirs des exc?s de la r?volution, ils se persuad?rent qu'on ?tait ma?tre de la France, quand on avait pour soi la populace; et comme, ? d?faut d'argent, le plus s?r moyen de lui plaire est de flatter ses passions, ils publi?rent qu'ils ?taient venus pour rendre justice au peuple, pour entendre ses plaintes, pour faire cesser les abus, pour abolir les droits r?unis, la conscription, etc. Des assembl?es furent convoqu?es dans les villages, dans les petites villes. Les gens honn?tes ne s'y pr?sent?rent point, les intrigans, et la populace avide de bruit et de nouveaut?, s'y rendirent en foule. Mille griefs, plus d?risoires les uns que les autres, furent accumul?s contre les d?positaires de l'autorit? publique. Les magistrats, les pr?fets, les sous-pr?fets, les maires, les agens de l'administration, les pr?pos?s du fisc, personne ne fut ?pargn?. Les commissaires, au lieu de m?priser ces accusations populaires, ou de les soumettre ? un examen impartial, les accueillaient avec transport; ils regardaient ce tumulte comme un triomphe; et pleins du bonheur que leur inspirait le pr?tendu succ?s de leurs efforts, ils s'?criaient sans cesse avec une joie toujours croissante: Mes amis, c'est parfait; soyez tranquilles; le roi est votre p?re, ces gens-l? sont de la canaille, ils seront chass?s, foi de gentilshommes, etc. Bient?t, en effet, et selon leurs promesses, les employ?s, les fonctionnaires de toutes les classes, furent ? peu pr?s destitu?s, et leurs places donn?es ? leurs principaux d?nonciateurs ou aux nobles. La populace, promptement refroidie et d?tromp?e, ne s'en trouva ni plus riche ni plus d?vou?e; et les commissaires, au lieu d'avoir popularis? la royaut?, comme ils l'avaient cru, la d?cri?rent, en la compromettant par des sc?nes tumultueuses, et en l'avilissant par des actes injustes et arbitraires. Ce ne fut point ainsi que proc?d?rent les commissaires non-?migr?s: ils surent appr?cier, ? leur juste valeur, les d?clamations mensong?res des nobles et de la canaille qu'ils avaient ameut?e. Cette diff?rence de conduite produisit comme il est facile de le penser, les effets les plus disparates. Les fonctionnaires publics furent conserv?s dans un d?partement, honnis et conspu?s dans un autre. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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