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Read Ebook: Correspondance de Voltaire avec le roi de Prusse by Frederick II King Of Prussia Voltaire Pompery Edouard De Commentator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 734 lines and 53150 words, and 15 pagesCommentator: Edouard de Pomp?ry BIBLIOTH?QUE NATIONALE COLLECTION DES MEILLEURS AUTEURS ANCIENS ET MODERNES CORRESPONDANCE DE VOLTAIRE AVEC LE ROI DE PRUSSE NOTICE PAR E. DE POMPERY PARIS LIBRAIRIE DE LA BIBLIOTH?QUE NATIONALE RUE DE RICHELIEU, 8, PR?S LE TH?ATRE-FRAN?AIS Tous droits r?serv?s. NOTICE On ne l'a pas assez remarqu?, parce que Voltaire a tant fait, tant ?crit; son activit? s'est d?ploy?e de tant de c?t?s qu'on ne saurait prendre garde ? tout, et qu'il est difficile d'attacher ? chacune de ses oeuvres une importance suffisante. Il me semble qu'on ne conna?t pas une correspondance d'autant de valeur entre un roi et un philosophe que celle dont nous allons nous occuper. Nous poss?dons les billets du jeune Marc Aur?le ? son pr?cepteur Fronton, ce sont d'aimables et tendres t?moignages de respect, d'affection et de reconnaissance. Ces billets montrent combien ?tait sensible et bonne l'?me du futur empereur. Mais ces relations ne pouvaient avoir l'importance de celles du prince royal de Prusse, ?g? de vingt-quatre ans, et plus tard du roi avec Voltaire, ayant dix-huit ans de plus que son correspondant et d?j? en possession d'une notori?t? consid?rable par ses travaux litt?raires et philosophiques. Cette correspondance, commenc?e en 1736, a dur? jusqu'? la mort de Voltaire, c'est-?-dire pendant quarante-deux ans. Elle comprend plus de cinq cents lettres, dont quelques-unes sont fort ?tendues. On y traite tous les sujets avec une enti?re libert? d'esprit: m?taphysique, philosophie, litt?rature, sciences, po?sie, histoire, politique, etc. Assur?ment, cette correspondance permet d'appr?cier plus justement Fr?d?ric que l'histoire de ses faits et gestes, car elle nous fait conna?tre l'homme dans sa spontan?it?, avec ses intentions, avec sa volont? toute nue et non modifi?e par les circonstances. Pour p?n?trer ? fond l'?me d'un homme, rien ne saurait suppl?er au spectacle procur? par l'?change continu de lettres nombreuses et famili?res. On voit vivre les gens pour ainsi dire jour ? jour, on les surprend en d?shabill? et dans des situations tr?s diff?rentes. Ce petit volume est loin de contenir toutes les lettres qui nous ont ?t? conserv?es. Nous avons d? en ?carter le plus grand nombre. Nous nous sommes propos?, par un choix judicieux de ces lettres, de donner un ensemble qui en fasse ressortir exactement la physionomie. Nous aurons ainsi atteint notre but, qui est de satisfaire en peu de pages la curiosit? du lecteur. Tout le monde avait les yeux sur lui. Le savant, aussi bien que le lettr? ou le philosophe, lui adressait son oeuvre. Voltaire s'?tait fait centre, et comme il rayonnait pour tous, tous rayonnaient vers lui. D'Alembert, Diderot, J.-B. et J.-J. Rousseau, Vauvenargues, Condillac, Condorcet, Franklin, Mairan, Clairault, la Condamine, Maupertuis, Lalande, Bailly, R?aumur, Spallanzani, Parmentier, Turgot, l'abb? d'Olivet, Duclos, Thomas, La Harpe, Marmontel, l'abb? Morellet, Saurin, Piron, la Motte, Rulhi?re, Suard, Dorat, Dubelloi, Cailhava, Champfort, Sedaine, Saint-Lambert, Goldoni, Algarotti, la Chalottais, Servan, Dupaty, Bourgelat, fondateur des ?coles v?t?rinaires, tous all?rent ? lui. Le roi dont il s'occupa le plus et qui lui fit concevoir les plus hautes esp?rances, le grand Fr?d?ric, est peut-?tre celui qui, par la nature de son caract?re absolu et dur, fut le moins accessible ? son influence. Voltaire sentait juste, lorsqu'il ?crivait en 1759 ? d'Argental: < Voltaire s'acquit l'estime et l'affection des autres membres de la famille royale de Prusse, qui lui t?moign?rent toujours un v?ritable attachement. VOLTAIRE ET FR?D?RIC Nous mettons le nom de Voltaire avant celui de Fr?d?ric, parce que nous croyons que Voltaire restera le plus grand aux yeux de la post?rit?. En outre, Voltaire a toujours aim? les hommes et leur a fait beaucoup de bien, tandis que Fr?d?ric est au rang de ceux qui les ont broy?s pour les m?ler. Quoi qu'il en soit, il y a de beaux c?t?s dans les rapports de ces deux hommes, et Fr?d?ric est, apr?s tout, un de ceux qui ont le mieux compris Voltaire et lui ont le plus rendu justice. Si Fr?d?ric ?tait haut plac? par la naissance, il le fut encore par le g?nie; il put donc admirer Voltaire par un c?t? qui leur ?tait commun, l'intelligence. Fr?d?ric avait vingt-quatre ans lorsqu'il engagea avec Voltaire une correspondance qui, malgr? quelques interruptions, a dur? jusqu'? la mort de ce dernier. Cultivant les arts, les lettres et la philosophie, le jeune prince, apr?s avoir cruellement souffert des brutalit?s f?roces de son p?re, vivait le plus souvent retir? ? la campagne et ne revenait ? Berlin qu'? certaines ?poques d?termin?es. Il importe de dire ici quelques mots du caract?re singulier du p?re de Fr?d?ric pour expliquer le sien. Le roi Fr?d?ric-Guillaume avait deux go?ts dominants, pouss?s jusqu'? la manie: une avarice sordide et l'ambition de poss?der l'infanterie la mieux exerc?e et compos?e des plus beaux hommes du monde. Il joignait ? cela des moeurs dures et grossi?res. Il jetait au feu les livres de son fils et lui cassait ses fl?tes; un beau jour il fit promener et fesser sur la place publique de Postdam une malheureuse femme qui ?tait la ma?tresse du jeune homme et raccompagnait au piano. Ces proc?d?s inspir?rent au prince le d?sir de quitter furtivement le toit paternel, pour voyager en Angleterre et en Europe avec deux jeunes officiers, ses amis. Le roi le sut, fit empoigner tout le monde, mit son fils au cachot en attendant qu'on lui fit un proc?s captal. L'un des officiers parvint ? s'?chapper; l'autre fut ex?cut? sous la fen?tre du prince royal, qui s'?vanouit de douleur entre les mains des quatre grenadiers charg?s de le faire assister ? ce spectacle, auquel le roi ?tait lui-m?me pr?sent. Heureusement pour Fr?d?ric, l'empereur Charles VI d?p?cha ? son p?re un ambassadeur, sp?cialement charg? de lui repr?senter qu'un souverain de l'Empire n'avait pas le droit de faire mourir un prince royal, comme un sujet ordinaire. Le terrible Guillaume finit par se rendre ? ces motifs de haute politique. Lorsqu'il d?couvrit le projet de son fils, le roi ?tait entr? dans une telle col?re que, soup?onnant l'a?n?e de ses filles d'y avoir pris part, il faillit la jeter ? coups de pied par la fen?tre de l'appartement. La reine s'attacha aux v?tements de sa fille en d?sesp?r?e et le crime ne s'accomplit pas. Voltaire raconte que la margrave de Bareith lui montra, sous le sein gauche, la marque ind?l?bile de cette paternelle cruaut?. On con?oit ais?ment que Fr?d?ric dut recevoir de funestes impressions de traitements aussi barbares. Sa jeunesse s'?coula triste et mis?rable, mais il la remplit d'occupations s?rieuses, car il ?tait dou? d'une activit? d?vorante et anim? du plus louable d?sir de s'instruire. En ao?t 1736, Fr?d?ric adresse ? Voltaire une premi?re lettre pleine des sentiments les plus nobles et finissant ainsi: < Voltaire lui r?pond en ces termes le 26 ao?t: < < En avril 1737, Voltaire ?crit ? Fr?d?ric: < Le 19 avril 1738, je trouve dans une lettre de Fr?d?ric: Le 16 f?vrier 1739, Voltaire disait au prince, au milieu de l'amertume que lui causaient les pers?cutions: < Fr?d?ric lui r?pond, le 15 avril: < Consolez-vous toujours de votre mieux, mon cher ami, et pensez que pour ?tablir une ?galit? de conditions parmi les hommes, il vous fallait des revers capables de balancer les avantages de votre g?nie, de vos talents et de l'amiti? de la marquise.>> Pendant la maladie du roi son p?re, Fr?d?ric termine ainsi une lettre du 23 mars 1740: < Enfin Fr?d?ric est sur le tr?ne, le 6 juin 1740, il ?crit ? Voltaire: < Il y a trois ?poques ? distinguer dans la correspondance aussi bien que dans les rapports de Fr?d?ric et de Voltaire. La premi?re comprend les ann?es qui pr?c?d?rent l'av?nement du prince au tr?ne, la seconde celles qui s'?coul?rent depuis cette date jusqu'? la fin des guerres dont Fr?d?ric sortit vainqueur apr?s avoir ?t? ? deux doigts de sa perte, la troisi?me embrasse les derni?res ann?es de leur vie. Dans la premi?re ?poque, le ton des lettres est celui d'un jeune homme tr?s s?rieusement occup? de s'instruire et tr?s enthousiaste du g?nie de son correspondant. L'admiration de Fr?d?ric est profonde, il le t?moigne par un juste respect et par une sorte de culte, qui se traduit par mille attentions et des craintes tr?s vives et tr?s r?p?t?es sur la mauvaise sant? de Voltaire. La seconde est celle qui fait le moins d'honneur au monarque. L'ambition s'est presque enti?rement empar?e de l'homme. L'usage du pouvoir en a fait un despote tr?s dur et qui souffre peu la contradiction. Le mauvais succ?s de ses affaires, la n?cessit? de mener la rude vie des camps au milieu des horreurs qu'entra?ne la guerre, l'habitude de manier les hommes pour les asservir ? sa volont? et les faire marcher ? son but, la goutte et diff?rentes incommodit?s, le poids d'une couronne de conqu?rant et de roi absolu, toutes ces causes troubl?rent profond?ment l'?me de Fr?d?ric. Il y a loin du ton du jeune prince ? celui de l'homme m?r. Cette p?riode comprend aussi les relations directes de Fr?d?ric et de Voltaire. L'amour-propre d'auteur, l'humeur despotique du souverain, les basses manoeuvres de leur entourage troubl?rent bient?t ces rapports, malgr? leur admiration mutuelle et la gr?ce incomparable de l'esprit de Voltaire. Le roi lui fit subir ? Francfort de grossi?res avanies, tout ? fait dignes de la barbare rusticit? de son p?re. Jamais Voltaire ne put les oublier, tant elles furent odieuses, et jamais Fr?d?ric ne les a convenablement r?par?es, tant ?tait absolu le caract?re de ce despote de g?nie. La margrave de Bareith principalement, et les autres membres de la famille royale de Prusse, firent au contraire tout ce qui d?pendait d'eux pour panser cette blessure profonde. ? deux reprises cependant, Voltaire se donna le plaisir, digne d'une ?me g?n?reuse, d'essayer d'?tre utile ? Fr?d?ric en le raccommodant avec la cour de France; puis de consoler et de fortifier son h?ros, lorsque, dans une crise supr?me, quelque temps avant la bataille de Rosbach, il avait pris la r?solution de mettre fin ? sa vie. En cette circonstance grave, Voltaire montra autant de coeur que de raison et agit heureusement sur l'?me de Fr?d?ric et sur celle de la malheureuse margrave de Bareith, plus digne de ces preuves de haute sympathie. Le lecteur retrouvera quelques traces touchantes de ces rapports affectueux dans les circonstances les plus extr?mes. Apr?s avoir d?sesp?r? de sa cause et r?solu de s'?ter la vie , Fr?d?ric auquel Voltaire avait ?crit deux lettres tr?s nobles et tr?s affectueuses pour l'en d?tourner, Fr?d?ric abandonna ce funeste dessein. Add to tbrJar First Page Next Page |
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