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Read Ebook: Correspondance de Voltaire avec le roi de Prusse by Frederick II King Of Prussia Voltaire Pompery Edouard De Commentator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 734 lines and 53150 words, and 15 pagesApr?s avoir d?sesp?r? de sa cause et r?solu de s'?ter la vie , Fr?d?ric auquel Voltaire avait ?crit deux lettres tr?s nobles et tr?s affectueuses pour l'en d?tourner, Fr?d?ric abandonna ce funeste dessein. Pour moi, menac? du naufrage, Je dois, affrontant l'orage Penser, vivre ou mourir en roi. Voltaire r?pond ? l'?p?tre qui se termine par ces trois vers: < >>Je dois me borner ? repr?senter ? Votre Majest? combien sa vie est n?cessaire ? sa famille, aux ?tats qui lui demeureront, aux philosophes qu'elle peut ?clairer et soutenir, et qui auraient, croyez-moi, beaucoup de peine ? justifier devant le public une mort volontaire, contre laquelle tous les pr?jug?s s'?l?veraient. Je dois ajouter que quelque personnage que vous fassiez, il sera toujours grand. >>Je prends du fond de ma retraite plus d'int?r?t ? votre sort que je n'en prenais dans Postdam et Sans-Souci. Cette retraite serait heureuse et ma vieillesse infirme serait consol?e, si je pouvais ?tre assur? de votre vie, que le retour de vos bont?s me rend encore plus ch?re. C'est ?tre v?ritablement roi que de soutenir l'adversit? en grand homme .>> Plus tard, lorsque l'ambition de Fr?d?ric est satisfaite, lorsqu'il n'est plus aux prises avec la fortune et plong? dans les horreurs et les crimes de la guerre, il semble retrouver la trace des sentiments de sa jeunesse. Il est vrai que la brillante activit? de Voltaire lui fait une aur?ole lumineuse qui ne pouvait manquer de frapper un homme tel que Fr?d?ric. Malgr? la mauvaise opinion qu'il a de l'humanit?, le despote ne peut s'emp?cher de l'admirer en Voltaire. En t?moignant au philosophe un sinc?re enthousiasme pour son g?nie in?puisable, il est forc? de reconna?tre son grand coeur; et il s'associe ? quelques-unes de ses bonnes actions. Enfin on voit avec plaisir chez cette ?me, endurcie par la guerre et la rude besogne qui incombe ? tout despote, des ?clairs de sensibilit? et des retours d'affection pour le noble vieillard, que la maladie et les ann?es assi?gent sans jamais l'abattre. Voici quelques extraits des lettres ?chang?es entre le roi et le philosophe dans la fin de la seconde et pendant la troisi?me ?poque, que j'ai d?termin?es. >>En voil? trop si vous ?tes en pr?sence de l'ennemi, et trop peu si vous ?tes avec vous-m?me dans le sein de la philosophie, qui vaut encore mieux que la gloire. >>Comptez que je suis toujours assez sot pour vous aimer, autant que je suis assez juste pour vous admirer. Reconnaissez la franchise et recevez avec bont? le profond respect du Suisse Voltaire.>> AU M?ME, 21 avril 1760.--< >>......C'est vous qui me faites des reproches et ajoutez ce triomphe aux insultes des fanatiques! Cela me fait prendre le monde en horreur avec justice; j'en suis heureusement ?loign? dans mes domaines solitaires. Je b?nirai le jour o? je cesserai, en mourant, d'avoir ? souffrir et surtout ? souffrir par vous; mais ce sera en vous souhaitant un bonheur dont votre position n'est peut-?tre pas susceptible et que la philosophie pouvait seule vous procurer dans les orages de votre vie, si la fortune vous permet de vous borner ? cultiver longtemps ce fonds de sagesse que vous avez en vous; fonds admirable, mais alt?r? par les passions ins?parables d'une grande imagination, un peu par humeur, et par des situations ?pineuses qui versent du fiel dans votre ?me, enfin par le malheureux plaisir que vous vous ?tes toujours fait de vouloir humilier les autres hommes, de leur dire, de leur ?crire des choses piquantes, plaisir indigne de vous, d'autant plus que vous ?tes plus ?lev? au-dessus d'eux par votre rang et par vos talents uniques. Vous sentez sans doute ces v?rit?s. >>Pardonnez a ces v?rit?s que vous dit un vieillard qui a peu de temps ? vivre; et il vous le dit avec d'autant plus de confiance que, convaincu lui-m?me de ses mis?res et de ses faiblesses infiniment plus grandes que les v?tres, mais moins dangereuses par son obscurit?, il ne peut ?tre soup?onn? par vous de se croire exempt de torts pour se mettre en droit de se plaindre de quelques-uns des v?tres. Il g?mit des fautes que vous pouvez avoir faites autant que des siennes, et il ne veut plus songer qu'? r?parer avant sa mort les ?carts funestes d'une imagination trompeuse, en faisant des voeux pour qu'un aussi grand homme que vous soit aussi heureux et aussi grand en tout qu'il doit l'?tre.>> R?PONSE DU ROI, 12 mai 1760.--< >>Je n'entre pas dans la recherche du pass?. Vous avez eu sans doute les plus grands torts envers moi. Votre conduite n'e?t ?t? tol?r?e par aucun philosophe. Je vous ai tout pardonn? et m?me je veux tout oublier. Mais si vous n'aviez pas eu affaire ? un fou amoureux de votre beau g?nie, vous ne vous en s?riez pas tir? aussi bien chez tout autre. Tenez-vous le donc pour dit et que je n'entende plus parler de cette ni?ce qui m'ennuie...>> DE FR?D?RIC., 31 octobre 1760.--< >>Vous me trouverez peut-?tre un peu misanthrope. Je suis malade, je souffre, et j'ai affaire ? une demi-douzaine de coquins et de coquines qui d?monteraient un Socrate, un Antonin. Vous ?tes heureux de suivre les conseils de Candide et de vous borner ? cultiver votre jardin. Il n'est pas donn? ? tout le monde d'en faire autant. Il faut que le boeuf trace un sillon, que le rossignol chante, que le dauphin nage et que je fasse la guerre.>> DE FR?D?RIC.--24 octobre 1765.--< >>On vous aura l'obligation d'avoir corrig? les hommes de la plus cruelle, de la plus barbare folie qui les ait poss?d?s et dont les suites font horreur.>> DE FR?D?RIC, 14 octobre 1773,--< DE VOLTAIRE, 8 novembre 1773.--< DU M?ME, 18 novembre 1774.--< DU ROI, 18 juin 1776.--< DU M?ME, 22 octobre 1776.--< DU M?ME, d?cembre 1776.--< DU M?ME, 10 f?vrier 1777.--< DU M?ME, 9 novembre 1777.--< DU M?ME, 25 janvier 1778.--< On est heureux de voir se terminer, avec dignit? et affection, une amiti?, n?e dans l'enthousiasme et l'estime r?ciproques, presque rompue par de cruels orages, enfin raviv?e par le malheur et consacr?e par le temps, car elle ne dura pas moins de quarante-deux ans. Fr?d?ric voulut faire lui-m?me l'?loge de son ami, de l'homme du si?cle, dans le sein de l'Acad?mie de Berlin. D'Alembert, Condorcet, Diderot, Fr?d?ric, Catherine, Turgot, Franklin, Goethe, ont bien veng? Voltaire de la myopie du pan?gyriste Laharpe, myopie caract?ristique et qui donne la juste mesure de la pauvret? de coeur et d'intelligence de ce faiseur de phrases. Le roi surv?cut huit ans ? son ami et mourut en 1786, ? l'?ge de 74 ans. La correspondance de Voltaire avec la plupart des membres de la famille royale de Prusse est assez consid?rable. Assur?ment, au point de vue du coeur, tous les membres de cette famille valaient beaucoup mieux que leur illustre chef. Ici, plus de traces d'amour-propre d'auteur, plus de paroles sentant le despote ayant mauvaise opinion de l'esp?ce humaine. On ne voit que des preuves d'une affection sinc?re, d'une v?ritable admiration, et souvent d'une reconnaissance tr?s r?elle. La margrave de Bareith et le prince royal qui succ?da ? son oncle le grand Fr?d?ric, m?ritent d'?tre particuli?rement distingu?s. Par son d?vouement ? son fr?re, par la part qu'elle prit ? ses malheurs, par ses communications plus fr?quentes et plus importantes avec Voltaire, par la mani?re gracieuse avec laquelle elle s'effor?a de r?parer l'indigne conduite de Fr?d?ric ? Francfort, la margrave de Bareith occupe naturellement la premi?re place dans ce recueil. Cette princesse avait v?cu pr?s de Voltaire pendant son s?jour en Prusse. Elle avait de l'instruction et un esprit, sans pr?jug?s. On voit de ses lettres qui commencent ainsi: < Mais c'est pendant la guerre de Sept Ans, lorsque Fr?d?ric, attaque ? la fois par l'Autriche, la France et la Russie, faillit succomber sous tant d'ennemis, que les lettres de la margrave empruntent ? la gravite des circonstances et ? l'?tat violent de son ?me d?sesp?r?e un int?r?t extr?me. Voltaire songea ? op?rer un rapprochement entre la cour de Berlin et celle de Versailles. Il en ?crivit ? cette princesse et au mar?chal de Richelieu qui commandait une de nos arm?es en Allemagne. C'?tait quelques mois avant Rosbach. Le roi de Prusse semblait perdu et Voltaire, qui ne d?sirait point la ruine de son ancien disciple, ne songea qu'? le consoler et ? essayer de le tirer de ce mauvais pas. Cette n?gociation n'aboutit pas, quoiqu'elle f?t opportune et dans l'int?r?t de la France. Mais Fr?d?ric avait bless? l'amour-propre de Mme de Pompadour et l'abb? de Bernis, sa cr?ature, ?tait ministre des affaires ?trang?res. Le 19 ao?t 1757, la margrave r?pondait ? Voltaire: < Vingt-huit jours apr?s, le 12 septembre, la malheureuse princesse continue ainsi: < Apr?s la bataille de Rosbach, 6 novembre 1757, les affaires du roi de Prusse, quoique toujours en f?cheux ?tat, prirent une meilleure tournure; mais la sant? de la margrave avait re?u des atteintes trop profondes pour qu'elle p?t se remettre. Cette princesse mourut le 14 octobre 1758. Fr?d?ric ?crivait ? Voltaire le 6 novembre de cette ann?e: < Le po?te satisfit aux d?sirs du roi comme aux besoins de son coeur et loua la grandeur d'?me et l'intelligence ?lev?e de la princesse dans une ode qui courut l'Europe. Le 28 du m?me mois, Voltaire r?pond: < < >>Le syst?me des ath?es m'a toujours paru extravagant. Spinosa lui-m?me admettait une intelligence universelle. Il ne s'agit plus que de savoir si cette intelligence a de la justice. Or il me para?t impertinent d'admettre un Dieu injuste. Tout le reste me semble cach? dans la nuit. Ce qui est s?r, c'est que l'homme de bien n'a rien ? craindre.>> Le prince r?pond, 10 mars 1771: < ? l'exposition universelle de 1867, on fit figurer ? Paris le moulage en pl?tre du monument ?lev? ? Berlin en l'honneur du grand Fr?d?ric. Je ne veux point ici appr?cier cette oeuvre au point de vue artistique. Mais je remarquais alors et je crois bon de faire remarquer que sur les bas-reliefs, illustrant les quatre faces du pi?destal de cette statue ?questre, l'un d'eux repr?sentait Fr?d?ric entour? des savants et des membres de l'Acad?mie dont il ?tait le fondateur. On y voit les figures de Maupertuis, d'Argens, etc., mais on y cherche en vain celle de Voltaire, qui fut cependant le plus illustre membre de cette acad?mie, laquelle a entendu de la bouche du roi philosophe l'?loge du patriarche de Ferney. Pourquoi cette ?clatante omission? pourquoi Voltaire brille-t-il par son absence dans cette r?union? Est-il besoin de le constater encore une fois c'est que Voltaire libre-penseur, avocat du genre humain, promoteur et pr?curseur de 89, ne peut ?tre amnisti? par des partisans du droit divin, tels que Guillaume et Bismarck. Il est bon de le faire remarquer, car cela est tout ? l'honneur de Voltaire. Son esprit est partout, mais son coeur est ici! Jusque-l? ce vase avait ?t? pr?cieusement conserv? ? Villette, avec quelques autres reliques par le fils de la pupille de Voltaire. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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