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Munafa ebook

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Read Ebook: Mémoires du prince de Talleyrand Volume 1 by Broglie Albert De Annotator Talleyrand P Rigord Charles Maurice De Prince De B N Vent

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Ebook has 1227 lines and 160462 words, and 25 pages

Annotator: Duc de Broglie

Notes au lecteur: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es.

M?MOIRES

DU PRINCE

DE TALLEYRAND

PUBLI?S AVEC UNE PR?FACE ET DES NOTES

PAR

LE DUC DE BROGLIE

DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE

PARIS CALMANN L?VY, ?DITEUR RUE AUBER, 3, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15 A LA LIBRAIRIE NOUVELLE.

M?MOIRES

PRINCE DE TALLEYRAND

PR?FACE

M. le prince de Talleyrand est mort le 17 mai 1838.

Quatre ans avant sa mort, le 10 janvier 1834, il avait fait un testament dont toutes les dispositions ?taient relatives au partage de sa fortune entre ses h?ritiers et ? la distribution de souvenirs destin?s ? ses parents, amis ou domestiques.

Deux ann?es apr?s le 1er octobre 1836, il ajoutait ? cet acte testamentaire la d?claration suivante, d'un caract?re diff?rent:

Ceci doit ?tre lu ? mes parents, ? mes h?ritiers et ? mes amis particuliers ? la suite de mon testament.--Je d?clare d'abord que je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine.

Je ne veux pas parler ici de la part que j'ai eue dans les diff?rents actes et travaux de l'Assembl?e constituante, ni de mes premiers voyages soit en Angleterre, soit en Am?rique.

J'avais donn? ma d?mission de l'?v?ch? d'Autun, qui avait ?t? accept?e par le pape, par qui j'ai depuis ?t? s?cularis?. L'acte de ma s?cularisation est joint ? mon testament. Je me croyais libre, et ma position me prescrivait de chercher ma route. Je la cherchai seul, car je ne voulais faire d?pendre mon avenir d'aucun parti. Il n'y en avait aucun qui r?pond?t ? ma mani?re de voir. Je r?fl?chis longtemps et je m'arr?tai ? l'id?e de servir la France, comme France, dans quelque situation qu'elle f?t: dans toutes, il y avait quelque bien ? faire. Aussi ne me fais-je aucun reproche d'avoir servi tous les r?gimes depuis le directoire jusqu'? l'?poque o? j'?cris. En sortant des horreurs de la R?volution, tout ce qui conduisait d'une mani?re quelconque ? de l'ordre et de la s?ret? ?tait utile ? faire; et les hommes raisonnables ? cette ?poque ne pouvaient pas d?sirer davantage.

Passer de l'?tat dans lequel ?tait la France au r?gime royal, ?tait impossible. Il fallait des r?gimes interm?diaires, il en fallait plusieurs. Il ne fallait pas s'attendre ? trouver m?me une ombre de royaut? dans le directoire; l'esprit conventionnel devait y dominer et y dominait en effet, quoique adouci: mais en raison de cet esprit, il devait durer peu. Il pr?parait au consulat o? d?j? la royaut? se trouvait, quoique encore voil?e. Il y avait l? du bien ? faire, il y avait l? un rapprochement, lointain, ? la v?rit?, mais r?el vers la monarchie.

Le r?gime imp?rial qui vint ensuite, sans ?tre une autocratie, y ressemblait plus qu'? une monarchie v?ritable. Cela est vrai, mais ? l'?poque o? Bonaparte ceignait le diad?me, la guerre avec l'Angleterre ?tait rallum?e; d'autres guerres ?taient imminentes; l'esprit de faction dominait et le salut du pays pouvait ?tre gravement compromis, si son chef se renfermait dans l'unique fonction qu'admet la vraie royaut?. Je servis donc Bonaparte, empereur, comme je l'avais servi consul: je le servis avec d?vouement, tant que je pus croire qu'il ?tait lui-m?me d?vou? uniquement ? la France. Mais d?s que je le vis commencer les entreprises r?volutionnaires qui l'ont perdu, je quittai le minist?re, ce qu'il ne m'a jamais pardonn?.

Les monarques ne sont monarques qu'en vertu d'actes qui les constituent chefs des soci?t?s civiles. Ces actes, il est vrai, sont irr?vocables pour chaque monarque et sa post?rit? tant que le monarque qui r?gne reste dans les limites de sa comp?tence v?ritable; mais si le monarque qui r?gne se fait ou tente de se faire plus que monarque, il perd tout droit ? un titre que ses propres actes ont rendu ou rendraient mensonger. Telle ?tant ma doctrine, je n'ai jamais eu besoin de la renier pour accepter, sous les divers gouvernements, les fonctions que j'ai remplies.

Parvenu ? ma quatre-vingt-deuxi?me ann?e, rappelant ? ma pens?e les actes si nombreux de ma vie politique, qui a ?t? longue, et les pesant au poids du sanctuaire, je trouve en r?sultat:

Que de tous les gouvernements que j'ai servis, il n'y en a aucun de qui j'aie re?u plus que je ne lui ai donn?;

Que je n'en ai abandonn? aucun avant qu'il se f?t abandonn? lui-m?me;

Ce jugement que je porte de moi-m?me sera confirm?, je l'esp?re, par les hommes impartiaux; et d?t cette justice m'?tre refus?e, quand je ne serai plus, sentir qu'elle m'est due suffira pour assurer le calme de mes derniers jours.

Je recommande aussi au d?positaire de mes papiers de ne n?gliger aucune des pr?cautions n?cessaires, ou du moins propres ? pr?venir, ou ? rendre vaines, toutes entreprises furtives dont ils pourraient ?tre l'objet.

De plus, comme le temps o? nous vivons est inond? de faux M?moires, fabriqu?s les uns par des hommes fam?liques ou cupides, les autres par des hommes pervers et l?ches qui, pour exercer, sans risques, des vengeances de partis, osent fl?trir, autant qu'il d?pend d'eux, la m?moire de quelques morts c?l?bres sous le nom desquels ils r?pandent les mensonges les plus grossiers et les calomnies les plus absurdes, je charge express?ment les d?positaires de mes manuscrits de d?savouer publiquement, p?remptoirement et sans retard, comme d'avance je d?savoue, tout ?crit quelconque qui viendrait ? ?tre publi? sous mon nom avant l'expiration des trente ann?es sp?cifi?es ci-dessus.

Quant aux d?bris d'une immense collection de papiers fort peu curieux que j'ai eu la duperie d'acheter en Allemagne et en Italie et dont j'ai inutilement tent? de me d?faire en les offrant ? des amateurs ou ? des archivistes qui recueillent ce genre de vieilleries, je les donne en toute propri?t? aux personnes ? qui j'en ai pr?t? une partie, comme ? celles qui croyant prendre quelque chose m'en ont beaucoup d?rob?; elles peuvent en disposer comme elles le voudront.

Valen?ay, 1er octobre 1836.

Cette pi?ce importante contient, comme on le voit, deux ordres de consid?rations tr?s distinctes:

C'est d'abord une profession de principe que M. de Talleyrand ne soumet qu'au jugement de sa conscience et de la post?rit?, qui n'appelle par cons?quent aucun commentaire.

Viennent ensuite des prescriptions relatives ? la garde et ? la publication de ses papiers.

Ces prescriptions ont ?t? renouvel?es et compl?t?es dans un codicille joint au testament et ? l'acte de 1836, le 17 mars 1838, et ainsi con?u:

Madame la duchesse de Dino, appel?e bient?t apr?s ? prendre le titre et le nom de duchesse de Talleyrand et de Sagan, est d?c?d?e le 29 septembre 1862, six ans avant la date fix?e par M. de Talleyrand pour que la publication de ses papiers p?t ?tre permise ? ses h?ritiers.

Madame la duchesse de Talleyrand n'en avait pas moins pris possession compl?te de tous les papiers de son oncle, ainsi que le fait voir son testament fait ? Sagan le 19 septembre 1862 et qui porte dans son paragraphe 17 la disposition suivante:

Les papiers de feu mon oncle, le prince de Talleyrand, qui m'ont ?t? remis conform?ment ? son testament, se trouvent en grande partie ? la garde de M. Adolphe de Bacourt; une partie d'entre eux pourvus des indications n?cessaires, se trouvent dans ma succession. J'ordonne par ces pr?sentes que cette derni?re partie soit remise ?galement bient?t apr?s mon d?c?s ? M. de Bacourt qui les recevra sous les m?mes conditions fix?es par feu mon oncle, sous lesquelles je les ai re?us moi-m?me ? cette ?poque.

M. de Bacourt, mort le 28 avril 1865, n'a pas surv?cu longtemps ? madame la duchesse de Talleyrand; mais du vivant m?me de la duchesse, il avait ?t?, comme on le vient de voir, associ? par elle ? la garde et au travail de classement dont l'illustre homme d'?tat l'avait charg?e. Il avait re?u d'elle la commission de rassembler tous les papiers qui lui ?taient l?gu?s, tant ceux qui ?taient rest?s en Angleterre, que ceux qui pouvaient se trouver encore en France.

C'est assur?ment dans le dessein que cette t?che ? laquelle il s'?tait vou? avec un d?vouement religieux f?t continu?e apr?s lui avec l'esprit qu'il y avait port? lui-m?me, qu'il a cru devoir prendre dans son testament un ensemble de dispositions dont le texte doit ?tre litt?ralement rapport?:

Par suite des dispositions prises dans les deux testaments que je viens de citer , je me trouve dans la n?cessit? de pourvoir aux cons?quences qui pourraient r?sulter, si je mourais avant d'avoir accompli le devoir qui m'est impos? ? l'?gard des papiers laiss?s par M. le prince de Talleyrand, lesquels sont tous en ma possession.

J'impose comme condition expresse ? MM. Ch?telain et Andral qu'aucune publication tir?e de ces papiers ne pourra ?tre faite, en aucun cas, avant l'ann?e mil huit cent quatre-vingt-huit, ajoutant ainsi un terme de vingt ann?es ? celui de trente ans fix? par M. le prince de Talleyrand.

M. de Bacourt, en ajoutant comme on vient de le voir, un nouveau d?lai de vingt ans ? celui de trente fix? par M. de Talleyrand, usait d'une facult? r?serv?e par le prince lui-m?me ? ses h?ritiers. Ceux qui recevaient ? leur tour le legs de M. de Bacourt n'avaient aucun droit de s'y soustraire.

Avant que ce d?lai f?t expir?, l'un d'entre eux, M. Ch?telain, avait cess? de vivre, et dut ?tre remplac? par son fils; et quand le terme fix? est ?chu, son associ?, M. Andral, ?tait d?j? atteint du mal qui l'a enlev? l'ann?e suivante ? l'affection de ses amis.

Ce n'est donc qu'au commencement de l'ann?e courante que j'ai ?t? inform? de la marque de confiance que cet ami ? jamais regrettable m'avait donn?, en me substituant ? lui dans l'accomplissement de la t?che que lui avaient impos?e les derni?res volont?s de M. de Bacourt, et que sa maladie l'avait emp?ch? de remplir. Rien ne m'y avait pr?par?, et aucune communication de sa part ne me l'avait laiss? pressentir. J'avais compris, et je partageais l'impatience qu'?prouvait depuis longtemps le public de prendre connaissance d'une oeuvre d'une haute valeur, objet d'une l?gitime curiosit?. Mais quel que f?t notre d?sir, ? M. Ch?telain et ? moi, de satisfaire ce voeu, encore fallait-il prendre le temps n?cessaire pour ne n?gliger aucun des soins r?clam?s par une publication de cette importance.

Cette pr?caution, en soi tr?s naturelle, ?tait d'ailleurs particuli?rement justifi?e par la connaissance d'un fait tr?s grave, dont les cons?quences avaient, avant la mort m?me de M. de Talleyrand, caus? tant ? lui qu'? sa famille une juste pr?occupation.

Un secr?taire admis dans sa confidence pendant les ann?es o?, soit comme ministre, soit comme ambassadeur, il avait ?t? charg? des plus graves int?r?ts de l'?tat, avait d? ?tre ?loign? apr?s vingt ans de ce service intime, pour des motifs assur?ment graves; et, bien qu'on n'e?t pas n?glig? la pr?caution d'exiger de lui la remise de toutes les pi?ces qui pouvaient ?tre entre ses mains, on ne tarda pas ? apprendre que non seulement cette restitution avait ?t? loin d'?tre compl?te, mais que le secr?taire ?conduit se vantait lui-m?me d'avoir conserv? plus d'une pi?ce importante dont il mena?ait de faire usage sans la permission de son ancien protecteur et dans l'intention de lui nuire.

Ce qui rendait la conduite de cet agent infid?le aussi dangereuse que r?pr?hensible, c'est que pendant ces ann?es de commerce familier avec M. de Talleyrand, il avait acquis l'art de contrefaire son ?criture, de mani?re ? tromper ceux qui devaient le mieux la conna?tre, et on sut bient?t qu'il mettait ? profit ce triste talent pour faire circuler, comme ?man?s de M. de Talleyrand, des ?crits suppos?s ou falsifi?s, de nature ? porter le trouble dans ses relations de famille ou d'amiti?, et ? accr?diter contre lui les plus f?cheuses imputations.

Un hasard a permis ? M. de Bacourt de se procurer les preuves mat?rielles et irr?cusables de cette fraude, et de les laisser dans un dossier sp?cial de ses papiers, o? elles se trouvent encore. En regard de lettres originales de M. de Talleyrand, il a pu placer des fac-simil?s, trouv?s dans la succession du copiste, si semblables ? leurs mod?les qu'on ne pourrait les en distinguer si des phrases interpol?es dans une intention ?videmment malfaisante ne trahissaient l'imposture.

Quant aux M?moires politiques de M. de Talleyrand, on sait qu'ils ne doivent voir le jour que trente ans apr?s sa mort, mais son secr?taire, M. Perrey, s'?tant empar? d'une grande partie du manuscrit, on croit qu'? moins de grands sacrifices p?cuniaires, les intentions du d?funt ne pourront en grande partie se r?aliser. Parmi les papiers dont on sait que M. Perrey s'est empar?, il y a des portraits satiriques de plus de cent de nos contemporains.

Cette copie se trouve mentionn?e dans l'inventaire des papiers de M. de Bacourt joint ? son testament en ces termes:

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