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Munafa ebook

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Read Ebook: Mémoires du prince de Talleyrand Volume 1 by Broglie Albert De Annotator Talleyrand P Rigord Charles Maurice De Prince De B N Vent

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Ebook has 1227 lines and 160462 words, and 25 pages

Cette copie se trouve mentionn?e dans l'inventaire des papiers de M. de Bacourt joint ? son testament en ces termes:

De plus, le premier de ces quatre volumes porte ? la suite du dernier feuillet l'attestation suivante:

Sagan, 20 mai 1858.

DOROTH?E DE COURLANDE,

Duchesse de Talleyrand et de Sagan.

Une attestation, exactement pareille et portant la m?me signature, termine le dernier feuillet du second volume.

A la fin du troisi?me, c'est M. de Bacourt survivant seul qui s'exprime ainsi:

Bade, 20 janvier 1863.

AD. DE BACOURT.

Aucune attestation ne se trouve ? la fin du quatri?me volume, par la raison que la derni?re partie de ce volume devait ?tre compos?e de pi?ces jointes dont la transcription compl?te n'?tait pas achev?e quand M. de Bacourt a ?t? surpris par la mort.

M. de Talleyrand ne para?t pas non plus avoir eu le dessein de r?pondre par voie d'explication ou d'apologie aux diverses accusations dont il a ?t? l'objet. Sauf la part que quelques ?crivains lui ont pr?t?e dans l'attentat qui a mis fin aux jours du duc d'Enghien, et dont il se d?fend avec indignation dans une note sp?ciale, sur tous les autres griefs il garde un silence qui ne para?t pas seulement du d?dain: c'est plut?t une sorte de parti pris de ne pas occuper ses lecteurs ? venir de ce qui ne touche que lui seul, et de r?server toute leur attention pour les grands int?r?ts politiques et nationaux dont il a tenu plusieurs fois le sort entre ses mains, et dont la France et la post?rit? ont le droit de lui demander compte.

Si telle a ?t? sa pens?e , s'il n'a r?ellement song? ? faire ni satire, ni plaidoyer, ni confession d'aucune esp?ce, mais seulement ? se rendre le t?moignage que la fortune de la France n'avait pas souffert d'avoir plac? en lui sa confiance, il ne pouvait trouver de meilleure mani?re pour ?carter de sa m?moire les accusations qui, ne l'ayant pas ?pargn? pendant sa vie, ne devaient assur?ment pas faire silence sur sa tombe. Il y a dans la vie priv?e de M. de Talleyrand, des erreurs et des torts qu'on n'a pas le droit de justifier, puisqu'il en est qui ont ?t? de sa part, ? sa derni?re heure, le sujet d'une r?tractation solennelle. Son r?le dans la politique int?rieure pendant les diverses phases des r?volutions auxquelles il a ?t? m?l?, donnera toujours lieu ? des appr?ciations diff?rentes; et comme il n'a appartenu ? aucun des partis qui divisent encore la France, il n'en est aucun qui ne se croie le droit de juger certains de ses actes avec s?v?rit?. Mais quand il a eu, soit comme ministre, soit comme ambassadeur, ? d?fendre en face de l'?tranger la cause de la grandeur et de l'ind?pendance nationales, il serait difficile de contester et on ne trouvera pas qu'il exag?re l'importance des services qu'il a rendus.

Pour lui faire ? cet ?gard justice tout enti?re, il ne faut pas s'arr?ter au r?cit qu'il fait de l'action qu'il a pu exercer comme ministre, soit du directoire, soit du premier empire. Lui-m?me passe assez rapidement sur ces premi?res phases de son existence minist?rielle, et quelle que soit la grandeur des ?v?nements qui se succ?dent dans cette p?riode, s'il en trace souvent le tableau avec l'art d'un historien consomm?, c'est en t?moin qu'il parle plut?t qu'en acteur. Il tient ? laisser entendre que, de quelque fonction ?minente qu'il f?t alors rev?tu, son pouvoir ?tait nominal. Il n'?tait que l'ex?cuteur de d?cisions qu'il avait le plus souvent combattues. Ne pouvant ni se faire comprendre de l'incapacit? des parvenus de la R?volution, ni se faire ?couter d'un ma?tre imp?rieux qui ne prenait conseil que de son g?nie ou de ses passions, toute son habilet? s'employait, apr?s avoir donn? des conseils qui n'?taient pas suivis, ? r?parer des fautes qu'il n'aurait pas commises. C'est au congr?s de Vienne, apr?s la Restauration, ? l'ambassade de Londres, apr?s 1830, que pleinement investi de la confiance des souverains qu'il repr?sente, il se montre en pleine libert? d'agir.

Dans ces deux circonstances, les plus ?clatantes de sa longue carri?re, et qui tiennent naturellement la plus grande place dans les volumes qu'on va lire, Talleyrand fait jouer ? la diplomatie un r?le qui ne lui ?tait peut-?tre jamais ?chu dans l'histoire, et fait prendre ? l'action personnelle d'un ambassadeur une importance ? peu pr?s sans exemple. D'ordinaire, les diplomates les plus renomm?s ne sont que les heureux interpr?tes d'une pens?e qui n'est pas la leur, et les habiles ex?cuteurs de desseins qui leur viennent de plus haut. Qu'e?t ?t? le P?re Joseph sans Richelieu? Leur cr?dit, d'ailleurs, tient moins ? leur m?rite propre qu'? l'usage qu'ils savent faire de la crainte ou de la confiance qu'inspirent les gouvernements qu'ils repr?sentent. Qu'auraient pu faire les grands n?gociateurs de la paix de Westphalie ou des Pyr?n?es, sans les victoires de Cond? et de Turenne? Aucun appui de ce genre n'est venu en aide ? Talleyrand dans les deux occasions o? tous les int?r?ts de notre patrie lui ont ?t? remis. Dans l'une comme dans l'autre, il a d? puiser toute sa force en lui-m?me.

A Vienne, il para?t devant quatre puissances victorieuses, unies et encore en armes; il parle au nom d'une royaut? r?tablie apr?s vingt-cinq ans de troubles, sur un sol tremblant, et encore couvert de troupes ?trang?res, ne disposant elle-m?me que d'une arm?e d?cim?e qui n'est m?me pas fid?le. Avant que le congr?s ait fait toute son oeuvre, la triste aventure des Cent-jours le r?duit au r?le presque d?risoire d'ambassadeur d'un prince exil?. A Londres, il est l'organe d'un pouvoir naissant, sorti d'une r?volution, tenu par l? m?me en m?fiance par toutes les monarchies d'Europe, et menac? ? tout moment d'?tre r?pudi? et renvers? par la force populaire qui l'a cr??. Il y a des jours o? la voix de l'ambassadeur apportant des assurances pacifiques dans les conf?rences est couverte par les ?chos venus de Paris, qui retentissent des clameurs belliqueuses de la multitude et des grondements de l'?meute.

On ne peut contester cependant que M. de Talleyrand n'a pas cess? un seul jour, pas plus ? Vienne qu'? Londres, d'?tre l'?me des congr?s et des conf?rences et le v?ritable inspirateur des r?solutions de l'Europe assembl?e, dont en fin de compte, et ?tant donn?es les difficult?s des circonstances, la France n'a pas eu ? souffrir. Il est plus facile de constater que de d?finir l'art souverain qui lui permit de suppl?er par les ressources propres de son habilet? et de son intelligence, au soutien qui, ? tout moment, lui faisait d?faut du dehors. Dans la vie publique comme dans les rapports priv?s, l'ascendant qu'un homme sait prendre sur ceux qui l'approchent et traitent avec lui, tient ? un don naturel dont aucun genre de sup?riorit? ne rendra jamais suffisamment compte. Les succ?s inattendus qu'il obtint s'expliquent pourtant en grande partie par la rare justesse de coup d'oeil qui lui faisait apercevoir du premier coup, et avant toute ?preuve, les ressources qu'on pouvait encore tirer d'une situation que tout autre aurait trouv? d?sesp?r?e.

Ainsi en 1814, entr? dans le s?nat europ?en, d?nu? de tout moyen de se faire craindre, il sait discerner tout de suite que, m?me au lendemain d'une victoire, la force mat?rielle n'est pas tout, et que le cours des ?v?nements qui paraissent lui ?tre le plus d?favorables a pourtant mis ? son service une force morale dont le ressort, habilement m?nag?, peut lui tenir lieu des armes d'une autre nature qui lui manquent. Cette puissance morale, sup?rieure m?me ? celle que les cours alli?es contre nous doivent au nombre de leurs soldats, il va tout droit la chercher, et il la trouve dans le principe hautement proclam? de la l?gitimit? monarchique. On lira le texte des instructions qu'il apporte au congr?s, et qu'il s'est donn?es ? lui-m?me, puisqu'il est ? la fois ministre et ambassadeur; c'est un plan g?n?ral de restauration du principe de la l?gitimit? sur toute la surface de l'Europe; et par suite, la restitution ? tous les souverains d?poss?d?s de tous les domaines de leurs a?eux. Le projet est d?velopp? syst?matiquement, article par article, et ?tat par ?tat, sans r?serve, sans restriction, sans embarras; je dirais volontiers, sans respect humain, sans que Talleyrand paraisse se douter un moment que cette foi monarchique, ?rig?e ? la hauteur d'un dogme, pourra causer quelque surprise dans la bouche d'un ancien ministre de la r?publique et de l'empire.

M. de Talleyrand n'a pas mis le pied sur le sol anglais, qu'il est d?j? averti de ce revirement par tous les courants de l'atmosph?re qui l'environne, et il devine ? l'instant les nouveaux moyens d'action qu'une nouvelle situation lui r?serve. Son plan est fait: ? la coalition des monarchies du continent que toute r?volution effraye, il opposera l'alliance de deux monarchies lib?rales, fond?es l'une et l'autre sur un choix national, et dans le discours qu'il adresse au roi d'Angleterre, la premi?re fois qu'il est re?u en audience solennelle, il ne craint pas d'offrir ? l'h?ritier de la maison de Brunswick l'amiti? du roi des Fran?ais au nom d'une communaut? de principes et d'une fraternit? d'origine.

A partir de ce moment, sa marche est assur?e; l'av?nement d'un minist?re anglais pris dans le parti lib?ral, dont il a pressenti la venue, ne fera qu'aplanir devant lui les obstacles. Il a pris en main le levier qu'il peut faire mouvoir. La coalition mena?ante est tu?e dans son germe, d?s que l'Angleterre s'en retire. L'alliance anglaise devient m?me le pivot de la longue n?gociation qui aboutira ? substituer sur notre fronti?re une neutralit? amicale ? un voisinage d'une hostilit? incommode, en consacrant ? Bruxelles une royaut? de plus, issue comme celle de France d'un choix populaire.

Nous voil? loin de Vienne, il faut le reconna?tre, et du principe absolu de la l?gitimit?. Il va de soi qu'il ne peut plus ?tre invoqu? au moins avec la m?me autorit?. C'est le respect du voeu national qui l'a remplac?. A coup s?r, il y aurait plus d'une objection ? faire ? cette libert? d'esprit qui permettait de consid?rer les principes politiques, non comme des v?rit?s absolues, mais comme des instruments d'une utilit? pratique dont la valeur d?pend de la convenance de leur application. N'est-ce pas l?, pourtant, l'effet ? peu pr?s in?vitable de la fr?quence des r?volutions? Talleyrand, assur?ment, n'est pas le seul de cette g?n?ration de 1789 entr?e dans la vie avec de nobles illusions, chez qui une s?rie d'essais impuissants, suivis d'autant de d?ceptions, ait engendr? le d?dain de la th?orie et un fond de scepticisme politique. Cette r?serve faite, dont je suis loin d'att?nuer la gravit?, il est difficile de n'?tre pas sensible ? la souplesse, ? la riche f?condit? de cet esprit qui, des ?preuves les plus dissemblables et des points de d?part m?me les plus oppos?s, sait tirer au service d'une m?me cause une vari?t? in?puisable de ressources et d'arguments; et il n'est que juste de reconna?tre, sous la flexibilit? de la forme, la pers?v?rance d'une vue patriotique toujours attach?e ? la France, et n'oubliant jamais que, quel que soit son ?tat int?rieur, qu'elle soit en travail de restauration ou en cours de r?volution, c'est toujours la France, et elle doit ?tre servie avec un souci ?gal de sa s?curit? pr?sente et de sa grandeur ? venir.

DUC DE BROGLIE.

J'apprends dans l'instant que les Prussiens ont min? le pont d'I?na et que vraisemblablement ils veulent le faire sauter cette nuit m?me. Le Duc d'Otrante dit au g?n?ral Maison de l'emp?cher par tous les moyens qui sont en son pouvoir. Mais vous savez bien qu'il n'en a aucun; faites tout ce qui est en votre pouvoir, soit par vous-m?me, soit par le duc soit par lord Castlereagh, etc... Quant ? moi, s'il le faut, je me porterai sur le pont, on me fera sauter, si l'on veut.

J'ai ?t? fort content des deux lords pour la contribution.

Samedi ? 10 heures. LOUIS.

M?MOIRES

PRINCE DE TALLEYRAND

PREMI?RE PARTIE

Je suis n? en 1754; mon p?re et ma m?re avaient peu de fortune; ils avaient une position de cour, qui, bien conduite, pouvait mener ? tout, eux et leurs enfants.

Pendant longtemps, les grandes maisons de France avaient, sinon formellement d?daign?, du moins peu recherch? le genre de services qui attachait ? la personne du souverain. Il leur avait suffi d'?tre ou de se croire au premier rang de la nation. Aussi les descendants des anciens grands vassaux de la couronne ont-ils eu moins d'occasion de se faire conna?tre que les descendants de quelques barons particuliers du duch? de France, port?s naturellement ? des places plus ?lev?es aupr?s du monarque.

L'orgueil qui engageait la plupart des maisons d'une haute origine ? se tenir ? l'?cart, les rendait par cela m?me moins agr?ables au roi.

Le cardinal de Richelieu, pour accro?tre le pouvoir royal, appela pr?s du souverain les chefs des grandes maisons. Ils vinrent s'?tablir ? la cour, abdiqu?rent leur ind?pendance, et cherch?rent ? compenser par un d?vouement plus profond le d?savantage d'?tre arriv?s plus tard.

La R?gence avait ?t? une esp?ce d'interr?gne dont la tranquillit? avait r?sist? au bouleversement des finances, et ? la d?pravation des moeurs qui, ? la fin du r?gne pr?c?dent, avait ?t? s?v?rement r?prim?e.

Marie Br?lart de la Borde, fille d'un premier pr?sident au parlement de Dijon, ?pousa en deuxi?mes noces, en 1732, Philippe d'Albert, duc de Luynes. Elle fut dame d'honneur de la reine, et mourut en 1763.

Marie-Louise de Rohan-Soubise, parente du mar?chal de ce nom, n?e en 1720, ?pousa en 1736, Gaston de Lorraine, comte de Marsan. Elle fut gouvernante des enfants de France.

Marguerite de Talleyrand, fille de Louis de Talleyrand prince de Chalais, grand'tante de l'auteur. N?e en 1727, elle ?pousa en 1743 Gabriel de Talleyrand, comte de P?rigord.

Anne d'Auxy de Monceaux, n?e en 1721 ?pousa en 1736 Andr? de Rosset, duc de Fleury, descendant du cardinal. Elle fut nomm?e dame du palais de la reine en 1739.

Louis-Fran?ois du Bouchet, comte de Sourches, marquis de Tourzel, n? en 1744, chevalier de Malte, grand pr?v?t de France, mari? en 1764 ? Louise de Croy d'Havre.

Gabrielle de Noailles, fille du mar?chal duc de Noailles, n?e en 1706, ?pousa en 1721, Armand, duc de Villars, fils du mar?chal de Villars. Nomm?e dame du palais de la reine, puis dame d'atours, elle mourut en 1771.

Charles, comte de Saulx-Tavannes, n? en 1713, ?tait lieutenant g?n?ral et chevalier d'honneur de la reine .

Marie de La Rochefoucauld , n?e en 1718, ?pousa en 1737 Louis de La Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac, grand ma?tre de la garde-robe.

Mes parents tenaient par diff?rentes places ? la famille royale. Ma grand'm?re ?tait dame du palais de la reine: le roi avait pour elle une consid?ration toute particuli?re; elle demeurait toujours ? Versailles et n'avait point de maison ? Paris.

Ses enfants ?taient au nombre de cinq. Leur premi?re ?ducation, comme celle de tout ce qui tenait imm?diatement ? la cour, avait ?t? assez n?glig?e, ou du moins peu remplie de notions importantes. La seconde ne devait consister qu'? leur donner ce qu'on appelait l'usage du monde. Des avantages ext?rieurs pr?venaient en leur faveur.

Ma grand'm?re avait des mani?res nobles, polies et r?serv?es. Sa d?votion la faisait respecter, et une famille nombreuse rendait simples les d?marches fr?quentes qu'elle faisait pour l'avancement de ses enfants.

La mode des soins paternels n'?tait pas encore arriv?e; la mode m?me ?tait tout autre dans mon enfance; aussi ai-je ?t? laiss? plusieurs ann?es dans un faubourg de Paris. A quatre ans, j'y ?tais encore. C'est ? cet ?ge que la femme chez laquelle on m'avait mis en pension, me laissa tomber de dessus une commode. Je me d?mis un pied; elle fut plusieurs mois sans le dire; on s'en aper?ut lorsqu'on vint me prendre pour m'envoyer en P?rigord chez madame de Chalais, ma grand'm?re, qui m'avait demand?. Quoique madame de Chalais f?t ma bisa?eule, il a toujours ?t? dans mes habitudes de l'appeler ma grand'm?re; je crois que c'est parce que ce nom me rapproche davantage d'elle. L'accident que j'avais ?prouv? ?tait d?j? trop ancien pour qu'on p?t me gu?rir; l'autre pied m?me qui, pendant le temps de mes premi?res douleurs, avait eu seul ? supporter le poids de mon corps, s'?tait affaibli; je suis rest? boiteux.

Marie-Fran?oise de Rochechouart, fille de Louis de Rochechouart, duc de Mortemart, mari?e en premi?res noces ? Michel Chamillart, marquis de Cany dont elle eut une fille qui fut la grand'm?re de l'auteur.--Elle ?pousa en secondes noces Louis-Charles de Talleyrand, prince de Chalais, grand d'Espagne, mort en 1757.

On me mit, sous la garde d'une excellente femme nomm?e mademoiselle Charlemagne, dans le coche de Bordeaux, qui employa dix-sept jours ? me conduire ? Chalais.

Chalais, chef-lieu de canton de la Charente, pr?s Barbezieux.

Madame de Chalais ?tait une personne fort distingu?e; son esprit, son langage, la noblesse de ses mani?res, le son de sa voix, avaient un grand charme. Elle avait conserv? ce qu'on appelait encore l'esprit des Mortemart; c'?tait son nom.

Je lui plus; elle me fit conna?tre un genre de douceurs que je n'avais pas encore ?prouv?. C'est la premi?re personne de ma famille qui m'ait t?moign? de l'affection, et c'est la premi?re aussi qui m'ait fait go?ter le bonheur d'aimer. Gr?ces lui en soient rendues!... Oui, je l'aimais beaucoup! Sa m?moire m'est encore tr?s ch?re. Que de fois dans ma vie je l'ai regrett?e! Que de fois j'ai senti avec amertume le prix dont devait ?tre une affection sinc?re trouv?e dans sa propre famille. Quand cette affection est pr?s de vous, c'est dans les peines de la vie une grande consolation. Si elle est ?loign?e, c'est un repos pour l'esprit et pour le coeur, et un asile pour la pens?e.

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