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Munafa ebook

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Read Ebook: Traité des eunuques by Ancillon Charles

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Ebook has 354 lines and 49349 words, and 8 pages

TRAIT?

DES

EUNUQUES,

DANS LEQUEL

On explique toutes les diff?rentes sortes d'Eunuques, quel rang ils ont tenu, & quel cas on en a fait, &c.

Et l'on fait plusieurs Remarques curieuses & divertissantes ? l'occasion des

EUNUQUES, &c.

EPITRE

DEDICATOIRE

M^R. BAYLE.

MONSIEUR,

Je connois plus d'un Fanfaron A cr?te & mine fi?re, Bien dignes de porter le Nom De la Chaponardi?re. Cr?te aujourd'hui ne suffit pas Et les plus simples Filles, De la Cr?te font peu de cas Sans autres B?atilles.

MONSIEUR

V?tre tr?s humble & tr?s ob??ssant serviteur.

C. D'OLLINCAN.

DESSEIN ET DIVISION DE L'OUVRAGE.

Pour r?pondre au but que je me propose, il s'agit ici de voir dans quel de ces rangs on doit mettre le Mariage des Eunuques. Voici donc le plan g?n?ral que j'ai dessein de suivre pour ?claircir cette mati?re, & pour la r?gler par une d?cision incontestable & certaine. Ce Trait? sera divis? en trois Parties.

Dans la premi?re j'?xaminerai ce que c'est qu'un Eunuque, de combien de sortes il y en a, quel rang ils ont tenu & tiennent dans la Soci?t? Eccl?siastique & Civile; & quelle consid?ration on y a eu, & on y a actuellement pour eux.

Dans la seconde, je discuterai leur droit par rapport au Mariage, & j'?xaminerai s'il doit leur ?tre permis de se marier.

Dans la troisi?me enfin, je rapporterai les Objections qui pourroient ?tre faites contre les maximes que j'aurai avanc?es, & contre les d?cisions que j'aurai ?tablies, & je t?cherai de les r?soudre, & de lever les difficultez qui pourroient y donner atteinte.

TABLE DES CHAPITRES

Contenus dans cet Ouvrage.

PREMIERE PARTIE.

SECONDE PARTIE.

TROISIEME PARTIE.

Objections

Fin de la Table.

TRAIT? DES EUNUQUES,

Dans lequel on ?xamine principalement s'il doit leur ?tre permis de se marier.

PREMI?RE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Il est de l'ordre de faire voir qu'il y a des Eunuques avant que d'entreprendre d'en faire la description, & que de raisonner sur leur sujet; Puis que selon le sentiment des Philosophes il est ridicule de raisonner d'une chose avant que de s?avoir si elle ?xiste.

Il est certain que parmi les Babyloniens Bagoas signifie un Eunuque. Il y en a eu un aussi de ce nom qui a ?t? Eunuque, & dont Plutarque dit beaucoup de choses plus dignes pourtant du silence que de n?tre curiosit?. Quelques S?avans croyent que ce Bagoas dont parle Lucien ?toit un homme qui avoit la mine si disgraci?e qu'on le prenoit pour Eunuque. Quintilien parle d'un Bagoas & il y a apparence qu'il se sert de ce nom comme d'un nom commun ? une esp?ce d'hommes, car il parle en m?me tems de Megabyse & de Doriphoron, or il est certain que Megabyse est un nom commun aux Pr?tres de Diane, ils devoient ?tre tous Eunuques parce qu'ils avoient la garde des filles qui lui ?toient consacr?es; Et Doriphoron signifie un homme qui porte une lance; Il est vrai qu'il d?signe aussi cette statu? si admirable d'un jeune homme bien fait qui ?toit arm? d'une lance que Policlete avoit fait, dont il ?toit amoureux, & qu'il appelloit sa Ma?tresse; mais il suffit qu'il marque aussi un nom g?n?ral, sous lequel tout homme portant une lance est d?sign?.

Il semble qu'il ne soit point impossible que certaines cr?atures humaines viennent au monde destitu?es des parties qui servent ? la g?n?ration. On voit tous les jours des enfans qui naissent sans yeux, sans oreilles, sans mains, ou sans quelqu'autre partie du corps, il peut aussi ais?ment arriver que quelques-uns naissent d?pourv?s de celles dont il est ici question. La Nature qui produit tous les jours tant de monstres pourroit bien en former un de cette esp?ce; cependant les Naturalistes disent qu'il n'y en a point d'?xemple. Et en effet, Pline qui rapporte ?xactement & amplement les figures humaines monstrueuses dont le nombre & la diversit? sont grands parmi tous les Peuples, ne parle point de celles dont il s'agit ici; Je puis dire n?anmoins que j'en ai v? une, & peut ?tre a-t-elle ?t? v?? de toute l'Europe; car ses parens ayant remarqu? que le Public avoit de la curiosit? pour un corps humain aussi singulier que l'?toit celui dont je vai parler, & qu'ils pouvoient amasser beaucoup d'argent en le menant de lieu en lieu & de Pa?s en Pa?s, l'ont sans doute port? par tout. Il ?toit ? Berlin en l'ann?e 1704. C'est un cul de jatte qu'un homme portoit sur le dos dans une bo?te; avec cette diff?rence, qu'au lieu que ceux qu'on nomme ainsi n'ont ni jambes, ni cuisses, dont ils puissent se servir, & qu'ils marchent sur leur derri?re enferm? dans une jarre, celui-ci n'a pas m?me un derri?re, c'est ? dire de fesses; Il a la t?te bien faite, le visage beau & doux, le tein brun & les cheveux chatains; mais quoi qu'il ait eu alors plus de vingt ans, il n'avoit point de barbe, ni aucune apparence qu'il en auroit un jour. Il avoit des bras & des mains fort bien proportionnez, son corps ?toit assez bien fait, il ?toit de la hauteur d'environ deux ? trois pieds; c'?toit par le bout d'en bas une esp?ce de tronc, il marchoit avec ses mains; il avoit deux conduits comme les autres hommes par lesquels la nature se d?chargeoit de ses excr?mens, celui de devant ?toit fort court & fort petit, & au dessous il y avoit un suspensoire flasque & fl?tri dans lequel il n'y avoit aucun Cr?mast?re. Je m'informai fort particuli?rement de ses parens s'il ?toit n? ainsi, ils m'assur?rent qu'il ?toit absolument tel que la nature l'avoit form?. Comme je s?ai qu'il ne faut pas to?jours mal juger de la virilit? d'un homme, lors qu'on ne lui trouve point de Cr?mast?re au dehors, parce qu'il arrive quelque fois que quoi qu'ils soient demeurez au dedans, & qu'ils ne soient point descendus dans les suspensoires par des obstacles qui se sont opposez ? leur sortie, les hommes, n?anmoins, qui les ont ainsi cachez ne laissent pas d'?tre aussi parfaits que ceux qui les ont au dehors: qu'ils sont forts & vigoureux, & qu'ils ont tous les autres signes n?cessaires pour prouver la virilit? de l'homme, j'?xaminai fort ?xactement ce cul de jatte, & lui trouvant d'ailleurs toutes les marques d'un v?ritable Eunuque, j'en concl?s qu'il l'?toit en effet & qu'il a ?t? produit tel par la nature dans le sein de sa m?re. Ainsi voila une preuve qu'il y a des Eunuques qui naissent tels, quoi qu'en disent les Naturalistes, & particuli?rement Pline dans le chapitre second du septi?me livre de son Histoire du Monde.

S'il est vrai que Semiramis ait ?t? la premi?re qui se soit avis?e de faire faire des Eunuques, & que la raison qu'on en rapporte soit certaine, la premi?re cause de cette mutilation a ?t? la jalousie de cette Reine, qui apr?s s'?tre servie des hommes les mieux faits de son Arm?e, les fit ch?trer, de peur qu'ils n'allassent encore depuis servir au divertissement de quelqu'autre femme. Mais sans m'arr?ter aux conjectures, voici d'autres causes plus s?res de cet usage.

Il est vrai qu'ils en ont fait faire pour servir de victimes qu'ils offroient ? des Divinitez; c'est contre cette horrible co?tume que Saint Augustin, qui rel?ve, qui condamne & qui r?fute les ridiculitez, les infamies, les cruautez de la Religion des Payens, se d?cha?ne dans son excellent Livre de la Cit? de Dieu. Il falloit m?me que les Pr?tres fussent Eunuques, afin, disoit on, de s'employer aux choses Sacr?es plus purement et plus chastement. C'?toit sur tout la pratique des Ath?niens; les Pr?tres de la Diane d'Ephese ?toient aussi obligez d'?tre Eunuques.

La Religion Chr?tienne a eu ses Eunuques malgr? elle, & quoi qu'elle les abhorre, un certain Valesius Arabe de Nation, forma une Secte qui so?tint que bien loin que la mutilation f?t un obstacle au Sacerdoce, comme le Concile de Nic?e l'avoit d?clar?, il ?toit au contraire absolument n?cessaire d'?tre Eunuque pour l'?xercer. Non seulement ils pratiquoient sur eux-m?mes le cruel ?xemple d'Orig?ne, mais m?me ils r?duisoient dans ce triste ?tat tous ceux qui tomboient entre leurs mains; cette H?r?sie est la cinquante-huiti?me de celles que Saint Epiphane r?fute.

Depuis on a fait des Eunuques pour avoir des gens qui eussent la voix belle & qui pussent la conserver long tems. Macrobe rend d'amples & de bonnes raisons pour lesquelles les Eunuques ont la voix belle, au chapitre cinquante-deuxi?me de ses Saturnales. C'est principalement le but que les Italiens se proposent encore aujourd'hui lors qu'ils font ch?trer des jeunes gens.

Les Adult?res ?toient faits Eunuques pour peine de leur crime; je pourrois le faire voir par plusieurs ?xemples, mais j'en rapporterai trois seulement qui sont pr?cis, l'un sera tir? de Val?re Maxime, il y est dit que Vibienus & Publius Cernius ayant surpris l'un Carbo Accienus, & l'autre Pontius en adult?re ils les firent ch?trer; L'autre est contenu dans Martial,

Le troisi?me & le principal est l'?xemple d'Abelard; ce Docteur amoureux ayant abus? d'H?lo?se qu'on lui avoit donn?e ? instruire, les parens de cette fille lui firent couper les parties viriles avec lesquelles il avoit deshonor? leur famille; Ils all?rent jusqu'? la racine du mal & l'arrach?rent de telle forte qu'ils ?t?rent au coupable le pouvoir de la rechute.

La n?cessit? contraint aussi quelquefois de faire des Eunuques; Il se trouve souvent des hommes attaquez de tels maux que le M?decin est oblig? d'ordonner cette op?ration, & le Chirurgien de la faire. La maladie est la cause de ce malheur, & bien loin que ceux qui ont ce sujet d'affliction doivent ?tre regardez de mauvais oeil, ils doivent au contraire ?tre plaints & consolez.

Cependant, comme le Christianisme n'approuve point l'Eunuchisme, la Loi du Talion a ?t? abrog?e ? son ?gard par l'Empereur Leon, pour les raisons sages & Chr?tiennes qu'il en rend dans sa Constitution;

Il y a enfin des Eunuques qui se sont faits, ou fait faire Eunuques eux m?mes par divers motifs que nous allons rapporter dans le chapitre suivant.

Il y a eu des hommes qui se sont faits Eunuques par un esprit de d?votion, dans la pens?e de se rendre plus agr?ables ? Dieu, & plus capables de travailler ? leur salut. Comme Orig?ne a ?t? le premier, le P?re pour le dire ainsi, & le Patriarche de ces sortes d'Eunuques, il est bon de faire voir en peu de mots le v?ritable motif qui l'a fait penser & agir d'une mani?re si singuli?re ? cet ?gard. Je s?ai bien que Justin Martyr parle d'un jeune homme d'Al?xandrie ant?rieur ? Orig?ne, qui pour faire voir que ceux qui accusoient les Chr?tiens de commettre dans leurs Assembl?es des saletez horribles, n'?toient que des calomniateurs, pr?senta requ?te ? Felix, Gouverneur de cette Ville, pour obtenir de lui un Chirurgien qui le mit hors d'?tat d'?tre jamais soup?onn? d'aucune impuret?; Mais comme Felix le lui refusa parce que les lois Romaines le deffendoient, comme les Canons de l'Eglise le deffendirent depuis, je crois avoir raison de mettre Orig?ne le premier en ordre; parce que s'il n'a pas ?t? le premier qui ait eu un semblable dessein, au moins a-t-il ?t? le premier qui l'ait ?x?cut?.

D'autres motifs ont succ?d? ? ceux d'Orig?ne & de Valesius, & il y a eu des gens qui se sont faits Eunuques eux-m?mes par des raisons diff?rentes. Tout le monde s?ait l'histoire de Combabus, elle est dans Lucien, mais l'illustre Monsieur Bayle l'a rendu? fort publique accompagn?e de toutes ses circonstances dans son Dictionnaire historique. Combabus ?toit un jeune Seigneur s?avant dans l'Architecture, ? la Cour du Roi de Syrie. Il fut choisi par ce Monarque pour accompagner la Reine Stratonice dans un voyage assez long qu'elle devoit faire, pour aller b?tir un Temple ? Junon suivant les ordres qu'elle en avoit re??s en songe. C'?toit un tr?s beau gar?on, il cr?t que le Roi concevroit infailliblement quelque jalousie contre lui, il le supplia donc tr?s instamment de ne lui point donner cet Emploi, & n'ayant p? obtenir cette dispense il se compta pour mort s'il ne prenoit garde ? lui d'une mani?re qui ne souffrit point de reproche. Il obtint seulement sept jours pour se pr?parer ? ce voyage; voici donc quels furent ses pr?paratifs. D?s qu'il fut ? son logis, il d?plora le malheur de sa condition, qui l'exposoit ? la triste alternative de perdre sa vie ou son s?xe, & apr?s avoir bien so?pir? il se coupa les parties secrettes qu'on ne nomme pas, & les mit bien embaum?es dans une bo?te qu'il cacheta; lors qu'il fallut partir il donna la bo?te au Roi en pr?sence d'un grand nombre de personnes, & le pria de la lui garder jusqu'? son retour. Il lui dit qu'il y avoit mis une chose dont il faisoit plus de cas que de l'or & de l'argent & qui lui ?toit aussi ch?re que la vie. Le Roi mit son cachet sur cette bo?te & la donna ? garder au Ma?tre de sa garderobe. Le voyage de la Reine dura trois ans, & ne manqua pas de produire ce que Combabus avoit pr?v?, de sorte que l'?venement justifia la pr?caution qu'il avoit prise.

Le m?me Montagne raconte l'action d'un pa?san de son voisinage, qui se fit Eunuque par une raison bien diff?rente; ce fut par chagrin contre sa femme, & par emportement. Ce bon homme rentrant dans sa maison, sa femme qui ?toit jalouse de lui ? outrance, & qui le tourmentoit sans cesse, lui ayant fait un mauvais accueil ? son ordinaire, fond? sur les soup?ons que sa jalousie lui donnoit, il se coupa, avec la serpe qu'il tenoit, les parties qui lui donnoient de l'ombrage & les lui jetta au nez.

Il y a des gens, enfin, qui se font Eunuques, parce qu'?tans condamnez ? la mort ils craignent l'infamie ou les douleurs du supplice & veulent les pr?venir par cette op?ration qui les tu? infailliblement, parce qu'elle est mal faite & mal dirig?e. D'autres ?tans accusez de crimes graves & ?normes craignent d'?tre appliquez ? la question, & pour ?viter cette terrible ?preuve & la confession qu'elle extorqueroit de leur bouche, ils s'?tent la vie par cette mutilation.

On appelle Eunuque un homme chaste, qui vit sagement dans le C?libat. Tels ?toient les Juifs Esseniens dont parle Joseph l'Historien & ces Juifs Pharisiens qui demeuroient dans la continence, & qui se faisoient pour cela des violences ridicules & superstitieuses, qui gardoient dis-je la virginit? pendant plusieurs ann?es pour le Royaume des Cieux, dans la pens?e qu'ils le m?ritoient & qu'ils se l'aqueroient par cette voye. Il y a plusieurs Interpr?tes tr?s sensez qui croyent que quand Jesus Christ dit dans Saint Matthieu qu'il y a des Eunuques qui se sont faits Eunuques eux-m?mes pour le Royaume des Cieux, il fait allusion ? ces deux Sectes de Juifs. Qu'il n'entend point prescrire aux Chr?tiens ce qu'ils doivent faire ? cet ?gard, mais qu'il leur parle de ce qui s'?toit pratiqu? jusqu'alors dans le Juda?sme depuis que la R?publique, & la Religion corrompu? ?toient pass?es aux Juifs. Il bl?me la t?m?rit? de ces gens qui se faisoient Eunuques, pour le dire ainsi, dans la v?? de gagner le Paradis par-l?, soit en demeurant Eunuques pendant un certain tems, comme si la continence n'?toit pas au dessus des forces humaines, & comme si ce n'?toit point un don de Dieu qu'il accorde ? peu de gens. En effet il ne dit pas aux Chr?tiens qu'il y en aura qui se feront Eunuques, ou qu'il doit y en avoir qui doivent se faire Eunuques, mais qu'il y en a qui se sont faits Eunuques par le pass?. Le mot Grec qui est employ? dans l'Original est un pr?t?rit, ce qui marque non ce qui se pratiquoit parmi les Chr?tiens, ou ce qui devoit se pratiquer ? la suite parmi eux, mais ce qui s'?toit pratiqu? avant eux & qui se pratiquoit encore alors parmi quelques sectes de Juifs. Saint Epiphane r?fute les H?r?sies de ces deux sortes de Sectes, & fait voir ?xactement en quoi elles consistoient alors. Un c?l?bre Docteur Anglois pr?tend que ceux dont J?sus Christ parle dans Saint Matthieu, sont ceux qui vivent chastement, parce que Dieu l'a command?, soit qu'ils soient mariez ou non.

Comme on a mis de tout tems une grande diff?rence entre les Eunuques qui ?toient nez Eunuques, ou qui avoient ?t? faits tels d?s leur naissance, ou par force dans un ?ge plus avanc?, & entre ceux qui se sont faits Eunuques eux-m?mes volontairement, il est n?cessaire de les distinguer ici. J'en ferai donc deux classes, & d'abord j'?xaminerai quel rang les Eunuques forcez que je mets dans la premi?re, ont tenu dans la soci?t? civile.

On ne peut pas faire une histoire ?xacte & suivie qui montre le rang que ces sortes de gens ont tenu dans la soci?t? civile, cela m?neroit trop loin & m'?carteroit trop de mon but. Je dirai donc seulement, qu'il paro?t par l'Histoire Sainte, & par l'histoire profane, que les Eunuques ont poss?d? les premi?res & les principales Charges dans les Cours, & qu'ils ont eu la confiance & la faveur de leurs Princes; Et je me contenterai d'en donner quelques ?xemples.

Je ne parlerai point d'une raison odieuse pour laquelle les Princes les aimoient autrefois; Tout le monde s?ait l'histoire de Sporus; N?ron le fit ch?trer, & sa folie fut si grande qu'il t?cha de lui faire changer de s?xe; Il lui fit prendre l'habit de femme, il l'?pousa ensuite avec toutes les formalitez acco?tum?es, il lui donna un douaire, un voile nuptial, & le tint dans sa maison en qualit? de femme; ? propos de quoi quelqu'un dit assez plaisamment que le monde e?t ?t? bien heureux si son P?re Domitien e?t eu une telle femme; Il fit habiller ce Sporus ? la mani?re des Imp?ratrices, & le faisant porter en liti?re il l'accompagna aux Assembl?es & aux marchez de la Gr?ce, & ? Rome dans le quartier des sigillaires, o? il le baisoit ? chaque moment. Je ne rapporte que cet ?xemple, parce que j'en ai dit assez sur ce sujet dans le chapitre cinqui?me de cette premi?re partie de mon Ouvrage.

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