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Read Ebook: Traité des eunuques by Ancillon Charles
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 354 lines and 49349 words, and 8 pagesJe ne parlerai point d'une raison odieuse pour laquelle les Princes les aimoient autrefois; Tout le monde s?ait l'histoire de Sporus; N?ron le fit ch?trer, & sa folie fut si grande qu'il t?cha de lui faire changer de s?xe; Il lui fit prendre l'habit de femme, il l'?pousa ensuite avec toutes les formalitez acco?tum?es, il lui donna un douaire, un voile nuptial, & le tint dans sa maison en qualit? de femme; ? propos de quoi quelqu'un dit assez plaisamment que le monde e?t ?t? bien heureux si son P?re Domitien e?t eu une telle femme; Il fit habiller ce Sporus ? la mani?re des Imp?ratrices, & le faisant porter en liti?re il l'accompagna aux Assembl?es & aux marchez de la Gr?ce, & ? Rome dans le quartier des sigillaires, o? il le baisoit ? chaque moment. Je ne rapporte que cet ?xemple, parce que j'en ai dit assez sur ce sujet dans le chapitre cinqui?me de cette premi?re partie de mon Ouvrage. Nous voyons dans le Livre d'Esther que sept Eunuques ?toient les Officiers ordinaires du Roi Assuerus, & qu'en particulier l'Eunuque Eg?e avoit le soin de garder les femmes de ce Roi; Il y en avoit deux autres nommez Bagathan & Thar?s qui commandoient ? la premi?re entr?e du Palais du Roi; l'Histoire de Judith nous apprend, que les Huissiers de la Chambre d'Olopherne ?toient des Eunuques, & que Vagao, ou Bagoas en ?toit le principal; c'?toit lui qui avoit soin de la personne du Ma?tre & de ce qui concernoit sa garderobe & son lit; l'Eunuque de la Reine de Candace qui fut batis? par Philippe, ?toit un des premiers Officiers de cette Reine, & Sur-intendant de ses finances, & de tous ses tr?sors; c'?toit un Eunuque qui commandoit les troupes de Sedecias Roi des Juifs. Cyrus victorieux de tous ses ennemis, Croesus & Sardes ?tans entre ses mains, ayant pris Babylone, ?tablit sa demeure dans le Palais Royal de la plus grande Ville de l'Univers; & consid?rant qu'on ne l'y voyoit pas de bon oeil, & qu'on ne lui vouloit point de bien, cr?t qu'il avoit besoin d'une forte Garde pour la s?ret? de sa personne. Il ne prit cependant que des Eunuques pour ses gardes & pour les Officiers de sa Maison; & les raisons qui l'y port?rent sont amplement & ?xactement d?duites sur la fin du chapitre sixi?me du Livre septi?me de son Histoire ou de la Cyropedie. On donnoit les enfans en garde aux Eunuques, on leur laissoit le soin de les ?lever, de leur donner de l'?ducation, de les instruire dans les belles lettres, & de leur enseigner les sciences & les disciplines; Tous ces diff?rens emplois les avoient rendus recommandables dans le monde. Les Rois & les Princes, soit qu'ils eussent ?t? leurs ?l?ves, soit qu'ils ne l'eussent point ?t?, les estimoient & les honoroient particuli?rement; Ils avoient en eux beaucoup de confiance, & ces Eunuques profitant de ces avantages se rendoient insensiblement les Ma?tres du Gouvernement & de l'Etat, & abus?rent beaucoup de leur cr?dit; la Religion Chr?tienne en a quelquefois souffert. Les Cours se remplissoient de ces sortes de gens, ils s'emparoient de tous les principaux emplois. Voici un ?xemple bien pr?cis qui justifie cette v?rit?; C'est la Cour de l'Empereur Constance, elle ?toit pleine d'Eunuques & ils y ?toient les ma?tres de toutes les affaires; Voici de quelle mani?re Mr. Herman en parle dans l'excellente Vie de St. Athanase. < < < Ce Saint fait paro?tre une juste indignation contre les Eunuques qui ?toient alors absolus ? la Cour, & qui se sont rendus ?x?crables ? leur si?cle & ? toute la post?rit?. L'Arrianisme ?toit tellement r?pandu parmi eux, qu'en ce tems-l? porter le nom d'impie & celui d'Eunuque ?toit la m?me chose, selon Saint Gr?goire de Nazianze. Et leurs violences ont ?t? si odieuses aux Payens m?mes, qu'Ammian Marcellin a ?crit d'eux, qu'ayant to?jours de la fiert? & de l'aigreur, & n'ayant pas les liaisons domestiques & les engagemens naturels qu'ont les autres hommes, ils n'embrassent que leurs richesses qu'ils consid?rent comme leurs tr?s ch?res & tr?s agr?ables filles. Mr. Herman dit, que l'Histoire de ce combat est devenu? si c?l?bre dans toute la post?rit?, que les Payens m?mes en ont marqu? l'?v?nement; mais qu'il aime mieux puiser dans les sources pures que d'avoir recours ? ces ruisseaux si bourbeux; Et que comme il pr?f?re avec raison le t?moignage de Saint Athanase ? celui de tous les Auteurs de ce si?cle, c'est par ses propres paroles qu'il doit commencer l'importante relation de laquelle j'ai tir? ce que je viens de rapporter sur ce sujet. Les Eunuques furent plus consid?rez sous Constantin pendant un certain tems. Ils le furent encore plus sous Constance, comme je l'ai fait voir. Ce Prince ni ses fr?res, ne furent ni aimez de leurs Sujets, ni craints de leurs ennemis, comme Constantin leur P?re l'avoit ?t?, & ils avoient peine ? so?tenir une partie du fardeau qu'il avoit port? lui seul avec tant de gloire; les Eunuques furent en cr?dit sous leur R?gne. Il paroit qu'ils ont encore ?t? en faveur du tems de Theodose le jeune; car on voit dans le Code qui a ?t? fait par son ordre, qu'au lieu que ceux qui obtenoient des confiscations ?toient obligez d'en donner la moiti? au fisc, il dispensa ses Eunuques de cette obligation & leur laissa le tout. Et Zozime remarque que cet avantage porta ces Eunuques ? commettre mille faussetez insignes, comme de faire entendre au Prince que ceux dont ils demandoient que les biens fussent confisquez ? leur profit ?toient morts sans laisser de veuves, d'enfans, ni de parens, ce qui causoit souvent la d?solation de plusieurs familles, & des larmes & des g?missemens aux h?ritiers l?gitimes, qui ?toient souvent de vieilles veuves caduques ou infirmes, & des orphelins innocens. Il est certain pourtant qu'il fit un Edit qui deffendoit qu'aucun Eunuque ne fut du nombre des Patriciens, mais ce fut par une v?? particuli?re, & pour deshonorer Antiochus qu'il contraignit par l? ? se renfermer dans un Clo?tre. Lucien nous apprend que Philoeterus qui le premier a eu la Principaut? de Pergame ?toit Eunuque, & qu'il a v?cu quatre vingt ans. Il y a eu un autre Prince nomm? Hermias qui a ?t? Eunuque; Il ne pouvoit jamais souffrit que personne parl?t en sa pr?sence de couteau, ni de section, parce qu'il s'imaginoit qu'? cause qu'il ?toit Eunuque, ces mots lui ?toient adressez. Si l'extrait d'une lettre ?crite de Batavia dans les Indes occidentales le 27, Novembre 1684. contenu dans une lettre de Mr. de Fontenelles, re??? ? Rotterdam par Monsieur B?nage, fait le recit d'une avanture v?ritable, comme on peut le croire, puisque l'illustre Mr. Bayle qui l'a rapport? ne la donne point pour fabuleuse, & qu'il la certifie en quelque sorte, bien loin de la rendre suspecte; Mre? Reine de l'Isle de Borneo, veut que tous ses Ministres soient Eunuques; E?negu, Princesse qui lui dispute le Tr?ne, ne veut point d'Eunuques dans sa Cour. Comme nous ne s?avons pas quel succ?s, ont eu les contestations & la guerre que ces deux Princesses ont eu?s entr'elles, ni par cons?quent laquelle des deux jou?t pr?sentement de l'Empire, on ne s?ait pas si les Ministres de la Reine de l'Isle de Borneo sont Eunuques, ou s'ils ne le sont point. On peut dire seulement que Mre? agit comme Plautiames qui du tems des Antonins fit ch?trer tous ceux qui devoient servir ? Maison de Plautilla sa fille que Caracalla avoit ?pous?e, sans ?pargner les hommes non plus que les jeunes gar?ons, comme nous le voyons dans les recueils de Constantin Porphyrogen?te sur Dion. Pour peu de connoissance qu'on ait de l'histoire de la Cour Ottomane, on n'ignore pas que les Eunuques y parviennent aux premi?res dignitez de l'Etat, & qu'il n'y a qu'eux, ? proprement parler, qui les poss?dent. Les deux plus illustres Bascha qui ayent eu de la r?putation pendant les guerres si c?l?bres dans l'histoire, ?toient Eunuques; l'un a ?t? Halis, & l'autre Sinar. Mr. de Thou rapporte un bon mot dit par le premier, il se moqua, dit-il, du Courier qui lui annon?oit comme une fort mauvaise nouvelle, la prise de la Ville de Strigonie par les Chr?tiens l'an 1556, lui disant qu'il avoit bien fait une autre perte lors qu'on lui avoit enlev? la plus importante pi?ce qu'il eut. Et Paul Jove nous apprend que ce fut une truye qui Ch?tra Sinar en lui arrachant & devorant le membre viril, comme il dormoit ? l'ombre, d?s sa plus tendre jeunesse. Tout ce que je viens de dire ne concerne le rang que les Eunuques ont tenu dans la soci?t? civile que par rapport aux Princes & aux Souverains; il est bon de voir aussi quelle id?e les Peuples en ont eu? & quel cas ils en ont fait. Les Eunuques ayans abus? de la faveur des Princes, comme on l'a v? dans le chapitre pr?c?dent, & s'?tans rendus les Tyrans impitoyables de leurs sujets, il ne faut pas douter que ces sujets ne les ayent eus en horreur, & qu'ils ne les ayent craint beaucoup plus qu'ils ne les ont aimez. Mais il ne s'agit point ici de s?avoir ce que les Peuples ont pens? de leur servitude & de leur oppression, & du cr?dit de ces Eunuques qui les tyrannisoient; Il n'est ici question que d'?xaminer quelle opinion les Peuples avoient d'un Eunuque entant qu'Eunuque, & non point d'un Eunuque entant que Tyran; & quelle id?e ils s'en faisoient. L'histoire nous apprend non seulement qu'ils les m?prisoient souverainement, mais m?me qu'ils avoient de la r?pugnance ? les voir. Les Eunuques ne sont que des troncs dess?chez, selon l'expression d'Esa?e, de ces arbres secs qui le sont jusqu'? la racine, & qui comme parle Os?e, ne porteront plus de fruits; de ces arbres qu'il faut couper, c'est ? dire d?truire, & en abolir la m?moire: car pourquoi faut-il encore qu'ils occupent la terre? Il n'y a personne qui ne voul?t donner le premier coup pour les renverser ou pour les arracher; ce sont des Cr?atures imparfaites, en un mot des monstres auxquels la nature n'avoit rien ?pargn?, mais que l'avarice, la luxure, le luxe, ou la malignit? des hommes ont d?figur?es. S'ils ont ?t? quelquefois dans la prosp?rit? & dans l'?l?vation, les Peuples ont regard? ces avantages comme des productions erron?es de l'esprit g?t? & du coeur corrompu des Princes qui les ont ?levez & ch?ris; Ils s'en sont m?me moquez entr'eux, & lors qu'ils ont os? le faire en public, ils ont fait ?clater leur haine & leur m?pris & pour les Eunuques & pour le choix qu'on en faisoit. L'Empereur Domitien deffendit au commencement de son R?gne ? toutes sortes de personnes, tant dans l'Empire Romain, que dans ses limites, d'avoir la hardiesse d'entreprendre de ch?trer les petits enfans; Cette Ordonnance passa pour un avantage tr?s grand, & pour une action digne d'un Prince sage & g?n?reux; Martial l'en f?licite par cette belle Epigramme, Cependant il est certain que son motif ne fut nullement louable, car il ne fit cette deffense, comme le remarque Xiphilin dans sa Vie, & Dion Cassius, qu'en haine de Tite son fr?re qui aimoit les Eunuques. Suetone ne rapporte pas cette particularit?, mais elle n'en est pas moins certaine. Cette Loi & cette Ordonnance, n'est pas mise dans le Code au t?tre des Eunuques, sous le nom de Domitien, ni sous celui de Nerva, qui fit depuis la m?me deffense, mais sous les noms de Constantin & de Leon; cependant, Suetone ne permet pas de douter qu'elle ne soit de lui. L'illustre & le c?l?bre Monsieur de Leibnitz ? qui j'ai propos? cette difficult? par mani?re de conversation, m'a donn? cet ?claircissement, que la Loi dont il s'agit ici ?toit mise sous les noms de ces deux derniers Empereurs, parce qu'ils l'ont renouvell?e, & qu'on ne s?avoit alors que par le moyen de l'Histoire, que Domitien & Nerva en fussent les premiers Auteurs, ? peu pr?s comme il en est de ces Loix somptuaires, des Ordonnances contre les Duels, & de divers R?glemens de cette nature qui passent pour ?tre les Ouvrages des Princes modernes qui les publient, quoi qu'on s?ache par le moyen de l'Histoire, que d'autres Princes les ont donnez ? leurs Peuples plusieurs si?cles auparavant. Je me suis assez ?tendu sur cette mati?re je passe ? une autre; J'ajo?te seulement ici par forme d'?claircissement, qu'il faut faire to?jours une grande diff?rence entre les Eunuques volontaires qu'on a fait tels de leur gr? & de leur consentement, & entre ceux qu'on a ?t? contraint de faire tels pour leur sauver la vie, ou par quelqu'autre n?cessit? semblable; les uns ont to?jours ?t? odieux & m?prisables, mais les autres ont ?t? ? plaindre, & ont ?t? dignes de support & de secours. Ce Po?te ?toit apparemment du sentiment des vieux naturalistes qui ont cr? & qui croyent encore que le Castor coupe ses parties viriles afin de se d?livrer des mains des chasseurs, parce qu'il croit qu'on ne le poursuit que pour les avoir; Mr. le Baron de la Hontan nous a bien d?trompez de cette vieille erreur, voici ce qu'il dit sur ce sujet. SECONDE PARTIE. Dans laquelle on discute le droit des Eunuques par rapport au mariage; & dans laquelle on ?xamine s'il doit leur ?tre permis de se marier. CHAPITRE PREMIER. Le Mariage est la plus excellente de toutes les unions. 1. Parce que c'est Dieu qui l'a institu? dans le Paradis terrestre, durant l'?tat d'innocence. 2. Parce qu'il n'y a rien qui convienne mieux ? l'homme que le mariage, ni qui se rapporte plus parfaitement ? ses besoins. 3. Parce que le mariage est tr?s n?cessaire au monde pour y conserver les Soci?tez, & pour y entretenir la sagesse & la pudeur. Il dit encore, ou pl?t?t comme s'exprime le m?me Po?te qui dit plusieurs v?ritez en raillant d'une mani?re tr?s agr?able & tr?s enjou?e, Si cette id?e paro?t outr?e, il y en a une autre qui n'est pas plus avantageuse aux Eunuques, & dont les cons?quences ne sont pas plus favorables ? eux & ? leurs femmes. Voila la v?ritable description d'un Eunuque; Et voici deux traits qui en ach?vent le portrait; l'un est donn? par les Jurisconsultes, & l'autre par un Ecrivain sacr?. Je me suis ?tonn? en lisant l'extrait que Mr. Bernard a fait du Recueil des Traitez de Paix, &c. de voir qu'il y traite de malheureuse Marguerite Duchesse de Carinthie, ? laquelle l'Empereur Lou?s de Bavi?re a accord? des lettres de divorce d'avec Jean fils du Roi de Boh?me pour cause d'impuissance; voici ses termes. < Si cela est, il n'a pas pris garde qu'on a fait voir aux Moralistes qu'ils se trompent fort lors que pour donner de la confusion ? l'homme sur ses d?fauts ils le conduisent ? l'?cole des b?tes; je le prierois d'en voir les preuves dans le Dictionaire de Mr. Bayle, si je n'?tois averti qu'il ne lit point les Ouvrages de cet illustre Auteur. Mr. de Beauval pourra donc le d?tromper sur ce sujet, & lui faire voir en particulier, que l'?xemple de la biche n'est point juste, s'il veut se donner la peine de lire l'extrait que cet Ecrivain s?avant & judicieux a fait de ce Dictionnaire. Je dirai seulement, que si cette Duchesse de Carinthie, dont Mr. Bernard parle, ?toit coupable, le corps de droit entier, m?riteroit d'?tre condamn?; il fournit aux femmes des actions & des loix contre leurs maris Eunuques, ou impuissans, au lieu que, selon la Th?ologie scrupuleuse de Mr. Bernard, il devroit r?primer l'incontinence de ces femmes, & s'?crier contre celles qui oseroient se plaindre. Ce Didyme avoit une femme, cependant on ne le consid?roit pas comme un homme mari?, parce qu'il ?toit Eunuque. La Constitution de l'Empereur Leon n'?toit pas encore donn?e, car on peut dire que depuis ce tems il n'y a point d'?xemple qu'aucun Eunuque ait eu la permission de se marier, except? celui de Saxe Gotha dont je parlerai dans la suite. Toutes les Soci?tez Eccl?siastiques ne se sont pas content?es d'improuver & de bl?mer ces sortes de mariages, elles les ont m?me express?ment deffendus. La Religion Romaine qui consid?re le mariage comme un Sacrement, n'a garde de permettre qu'on prophane un de ses Myst?res. Quelques ?xemples authentiques que je rapporterai serviront de preuves ? cet ?gard. Il pouvoit y joindre l'Epigramme 99. du Livre septi?me de Martial, qui finit par ce Vers si expressif. Le chapitre dixi?me du Livre quatri?me des Arr?ts d'Anne Robert, qui ne traite que de la dissolution du mariage pour cause de frigidit? & d'impuissance, montre que c'est une Jurisprudence constante, que les Eunuques ne peuvent pas se marier. Sixte Cinqui?me fit autrefois une Bulle qu'il envoya en Espagne, par laquelle il d?claroit nuls les mariages des Eunuques. Les Th?ologiens & les Jurisconsultes de cette Communion sont fort scrupuleux sur cette mati?re, & leurs motifs sont tr?s judicieux & tr?s conformes ? la raison & ? la Religion. La d?licatesse de ces Th?ologiens va si loin qu'ils ne permettent pas ? un Hermaphrodite de se marier, ? moins qu'un s?xe ne pr?vale si visiblement & si consid?rablement sur l'autre, qu'il n'y ait rien ? craindre pour les suites de son engagement; & si cet Hermaphrodite fait difficult? de se laisser ?xaminer par des M?decins, des Chirurgiens & des Matr?nes, il se rend suspect d?s l?, & toute permission de se marier lui est refus?e. Il n'est pas difficile de faire voir que la Religion R?form?e ne permet pas le mariage des Eunuques. Il n'y a aucune autre Communion Chr?tienne qui se soit d?clar?e aussi formellement qu'elle sur ce sujet, outre qu'il est tout ? fait oppos? ? l'Esprit dont elle est anim?e, & ? la Doctrine qu'elle professe, elle en a fait un Canon expr?s de sa Discipline: Discipline que l'on s?ait ?tre le r?sultat, ou pl?t?t la Quintessence de ses Synodes Nationaux. Cet article est le quatorzi?me du chapitre treizi?me qui traite des mariages; voici quels en sont les termes. TROISI?ME PARTIE. Dans laquelle on r?pond aux objections qui peuvent ?tre faites contre ce qui est contenu dans la seconde Partie de cet Ouvrage; & dans laquelle on les r?fute. CHAPITRE PREMIER. Premi?re Objection. R?ponse ? cette Objection. Pour ?xaminer cette Objection & pour y r?pondre avec ordre, il faut voir premi?rement, de quelle nature sont ces desirs auxquels un Eunuque est capable de satisfaire, s'ils sont l?gitimes & permis; & en second lieu, quels Eunuques sont capables de satisfaire ? ces desirs. C'est cette Gellia dont Martial fait ailleurs un si vilain portrait; & des larmes de laquelle il parle de cette mani?re, Le desir l?gitime & permis d'une femme est d'avoir des enfans. Donnez moi des enfans, disoit la chaste Rachel ? Jacob son mari. Didon se voyant sur le point d'?tre abandonn?e de son AEn?e, lui parle en ces termes, Seconde Objection. R?ponse ? cette Objection. Il y a plusieurs causes pour lesquelles le mariage ne peut ?tre contraint; les Jurisconsultes en ont renferm? les principales dans ces trois Vers; Mais il faut entrer dans un ?xamen plus particulier de cette mati?re qui est digne d'attention; Les causes qui emp?chent le mariage sont en assez grand nombre & de diverse nature. Les unes sont tir?es ?galement du Droit Civil, & du Droit Canon; les autres ?manent uniquement du Droit Civil, & les autres sont ?tablies particuli?rement par le Droit Canon. Celles qui sont communes ? l'un & ? l'autre droit, sont l'?ge de pubert? qu'on n'a point atteint; la parent?, l'alliance, la diff?rence de Religion, l'impuissance du mari, ou de la femme, & l'honn?tet? publique; Celles enfin qui sont particuli?res au Droit Canon, sont de deux sortes, les unes d?clarent le mariage ill?gitime & inutile tout ensemble, tels sont les ordres sacrez qu'on a pris, le voeu solemnel qu'on a fait, ou la profession d'une vie r?guli?re, le rapt, & le crime; les autres rendent ill?gitime seulement, telles sont les fian?ailles contract?es avec une autre femme; le simple voeu, la deffense du Sup?rieur; le tems deffendu par l'Eglise; la parent? spirituelle qu'un ma?tre contracte en enseignant ? une jeune fille les principes de la Religion; l'h?r?sie, la p?nitence publique, & le crime: ce crime dont le Droit Canon parle ici a diverses esp?ces. 1. L'inceste. 2. La mort qu'un mari a donn? ? sa femme pour en ?pouser une autre. 3. La mort donn?e ? un Pr?tre; le rapt fait de la promise d'un autre. 4. Un mariage contract? auparavant avec une Moinesse, ou une Religieuse. Voila donc beaucoup de causes qui emp?chent de contracter mariage, de sorte qu'on ne peut pas dire qu'il soit permis ? tout le monde, & to?jours, de le Contracter. L'impuissance du mari est une des principales, aussi est-elle ?galement ?tablie par le Droit Canon, comme je l'ai fait voir amplement dans la seconde partie de cet Ouvrage. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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