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Munafa ebook

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Read Ebook: Mémoires du comte Reynier ... Campagne d'Égypte deuxième partie by Langlois Isidore Annotator Berthier Louis Alexandre Reynier Jean Louis Eben Zer

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Ebook has 74 lines and 9319 words, and 2 pages

e vous fais juge de la question, et je vous somme, au nom de l'honneur, de me r?pondre cat?goriquement. Que penseriez-vous, que penserait votre g?n?ral en chef, que penserait votre roi, que penserait votre parlement, que penserait la nation anglaise, si une portion d'une de vos arm?es avait fait ce que vient de faire au Caire une portion de l'arm?e fran?aise d'Orient? Je ne vous ferai pas le tort de douter un seul instant de votre r?ponse.

La conversation se portait encore, dites-vous, sur le d?sir qu'a chacun de voir terminer une lutte p?nible pour tous, et trop long-temps prolong?e. J'aurai encore l'honneur de vous demander, monsieur, si par l? vous entendez parler de la lutte g?n?rale entre la France et l'Angleterre, ou seulement de la lutte particuli?re en ?gypte. Si c'est de la premi?re, cette question n'est pas de ma comp?tence; elle appartient tout enti?re ? nos gouvernemens respectifs. Je me permettrai seulement de dire ? cet ?gard que je donnerais la moiti? de mon existence pour la voir termin?e, et je suis certain, en vous parlant ainsi, de penser comme le premier consul, toujours grand et infiniment au-dessus de la politique vulgaire. Je sais m?me que la paix ne d?pend que de l'Angleterre, et que le premier consul n'a voulu faire que des propositions ?galement honorables pour les deux nations.

Si c'est de la lutte particuli?re en ?gypte que vous avez voulu parler, oserais-je vous demander pourquoi vous ?tes venus la commencer? Mais si vous avez cru de votre int?r?t de venir nous attaquer, et de terminer promptement, pourquoi ne voulez-vous pas croire que ceux des Fran?ais qui ne sont pas mus par des passions d?shonorantes, aient pens?, par la m?me raison que vous, qu'il ?tait de l'int?r?t de la r?publique de se d?fendre avec opini?tret?, et de prolonger la lutte?

Soyez donc juste, monsieur; c'est l? tout ce que vous demande celui qui a l'honneur de commander l'arm?e fran?aise.

Au reste, monsieur, vous devez savoir par vous-m?me, puisque vous y ?tiez pr?sent, et les rapports de vos g?n?raux en font foi, que si, ? l'affaire du 30 vent?se, tous les Fran?ais eussent ?t? dirig?s par l'honneur, les Anglais ne seraient plus aujourd'hui en ?gypte, et la lutte aurait ?t? promptement termin?e, ainsi que vous paraissez le d?sirer. Ce n'est pas, monsieur, je le proteste hautement, que je veuille jeter quelques nuages sur la valeur de l'arm?e anglaise. Le 30 vent?se, deux nations belliqueuses combattaient l'une contre l'autre: il fallait bien que la fortune se d?cid?t en faveur de l'une des deux; et de fait, ainsi que le disent vos g?n?raux, elle se serait d?cid?e pour les Fran?ais, si tous avaient fait leur devoir.

Je dois encore vous ajouter, monsieur, que si un ?v?nement tellement extraordinaire, tel que la post?rit? ne voudra pas y croire, ne f?t pas arriv? au Caire, vos troupes, et celles des deux officiers de la Porte ottomane, se seraient morfondues et d?truites devant cette place, sans pouvoir l'entamer. D'apr?s tout ce que je viens d'avoir l'honneur de vous dire, convenez donc qu'il ?tait extr?mement naturel que j'eusse quelque d?fiance de votre promenade devant le camp fran?ais, et que je cherchasse ? pr?venir les troupes que je commande contre des insinuations qui pouvaient avoir lieu, surtout apr?s l'?v?nement du Caire. Je ne crois pas, monsieur, qu'il soit arriv? ? aucun g?n?ral fran?ais d'aller faire de semblables conversations avec les avant-postes anglais. Je vous d?clare que je ne l'eusse pas permis.

Vous vous plaignez, monsieur, que je vous ai attaqu? en votre absence et avec la plume, quand j'ai dit qu'on ne devait s'attaquer que le sabre ? la main; quant ? votre absence, monsieur, je ne la connaissais pas, puisque vous ?tiez au camp, et que vous le d?clarez vous-m?me; quant ? la plume, il m'?tait difficile de me servir d'une autre arme. Au reste, monsieur, ? moins que le sort de la guerre n'en d?cide autrement, nous ne serons pas toujours en ?gypte, vous et moi, et alors je chercherai ? m?riter votre estime de pr?s comme de loin.

Je ne connais point, monsieur, les petites passions, ou les fausses impressions, qui, m'assurez-vous, dict?rent le fameux ordre du jour du 30 germinal devant Acre, ainsi que les notes qui furent ajout?es ? la narration du g?n?ral Berthier. Je n'ai jamais lu cet ordre du jour; je n'en ai entendu parler que tr?s vaguement, et je ne me m?le jamais de ce qui ne me regarde pas. Quant ? moi, je d?clare que je n'ai d'autre passion qu'un attachement inalt?rable pour ma patrie et pour l'honneur, ainsi qu'un d?sir bien vif de m?riter l'estime m?me des ennemis que les circonstances de la guerre me forcent ? combattre.

Je ne sais, monsieur, si on ne se battra plus qu'une bonne fois pour toutes, ainsi que vous le dites, apr?s quoi, ajoutez-vous, on finira par ne plus s'attaquer en aucune mani?re, et l'on vivra en paix et en bonne intelligence.

Si c'est encore, je le r?p?te, de la guerre g?n?rale que vous me parlez, je le d?sire de toute mon ?me. C'est le voeu de tout homme qui pense, et qui ch?rit l'humanit?. Je me permettrai encore de vous dire que cela, suivant moi, ne d?pend que de l'Angleterre.

Si c'est de l'?gypte que vous voulez parler, je dois vous assurer, monsieur, que les troupes fran?aises qui sont ? Alexandrie, ne se conduiront pas comme celles du Caire: elles soutiendront leur r?putation avec d'autant plus d'?nergie qu'elles auront ? lutter contre des g?n?raux et des troupes faites pour ?tre estim?es sous tous les rapports.

Dans toute autre circonstance, monsieur, je n'aurais peut-?tre pas r?pondu ? une lettre qui n'est que sous la forme d'une note; mais ici les circonstances sont telles que tout devient extr?mement int?ressant, et qu'un jour tout ce qui s'est pass? en ?gypte devra ?tre rendu public, parce que, sous tous les rapports, il faut que la v?rit? soit connue.

J'ai d'ailleurs saisi avec d'autant plus d'empressement, monsieur, l'occasion de vous t?moigner mon estime, que j'ai su parfaitement, dans le temps, que c'?tait vous qui aviez averti avec beaucoup de loyaut? le g?n?ral en chef mon pr?d?cesseur, que la capitulation d'El-A'rych allait ?tre rompue, et qu'il devait prendre ses pr?cautions.

J'ai l'honneur.

ABDALLAH MENOU.

AU G?N?RAL EN CHEF MENOU.

Chacun, dans ce bas monde, suit, sans s'en douter, le chemin bon ou mauvais que le destin lui prescrit. Les uns font des conqu?tes, les autres font des souliers; les uns font des constitutions, les autres font des enfans, des arr?t?s, des processions, des tableaux, etc.; moi, citoyen G?n?ral, je fais des projets; c'est ma partie: de m?me que l'immortel Rapha?l a plac? le P?re ?ternel, coiff? de son triangle ?quilat?ral, au haut du firmament, pour juger les mortels; moi, je me place souvent de moi-m?me au-dessus du monde physique et moral. L?, du n?ant o? le hasard m'a plong? depuis quelques ann?es, je travaille tout ? mon aise; et, si quelque obstacle ose s'opposer ? mon pouvoir supr?me, mon imagination le surmonte bient?t. Quelle belle chose que l'imagination! combien elle fait d'heureux! autrefois je l'?tais; par elle je me figure l'?tre encore. Cette jouissance vaut bien la premi?re, pour un philosophe qui n'a point su d?finir le bonheur.

Je pris la libert? de vous proposer dans le temps, citoyen G?n?ral, de contenir pour toujours l'?gypte par les effets contraires du fanatisme de ses habitans: vous n'avez cess? de rire de cette id?e, qui aurait, dites-vous, fait crucifier Cr?billon; mais vous rirez peut-?tre bien davantage, lorsque, dans un m?moire raisonn? d'apr?s toutes les r?gles de la logique et de l'hydraulique, sans autre d?pense pour le gouvernement que cinq cent mille livres une fois pay?es, dix hommes par village, ? mes frais pendant dix ans, cent quintaux de poudre par trimestre, et un brevet de folie, que d?j? tout le monde m'accorde gratuitement, je rendrai le Nil si docile ? vos ordres, que vous pourrez alors lui faire arroser, ? votre bon plaisir et dans les divers temps de l'ann?e, tous les terrains, m?me les plus ?lev?s de l'?gypte. Cet ouvrage, digne des temps les plus recul?s de ces contr?es fameuses, procurera annuellement une inondation ?galement bonne, en centuplant au moins la surface cultivable de l'?gypte. Je vous demande d?s ? pr?sent, citoyen G?n?ral, la propri?t? des d?serts que je rendrai cultivables. Cette marque de bont? de votre part me servira de stimulant n?cessaire au travail qu'il me reste ? faire encore, pour porter cette id?e sublime ? la perfection que je voudrais lui donner avant de la soumettre ? votre approbation. Mais, comme je ne d?sire ?tre riche que pour embellir l'?gypte, les revenus des d?serts rendus comme ci-dessus ? l'agriculture, seront par moi employ?s ? l'?dification de la nouvelle ville fran?aise.

? Batn-el-Bahra, deux mille toises environ au nord de l'angle sud du Delta, s'?l?veront les murs de cette ville; sa droite d?fendue par la branche orientale, sa gauche par la branche occidentale du Nil. Un canal de soixante pieds de largeur sur trente de profondeur, apportera dans le centre de cette ville magnifique les productions du milieu de l'Afrique, que l'enti?re libert? de plus de mille lieues de navigation de ses fleuves y am?nera sans cesse. Cette ville recevra dans son sein les marchandises de l'Europe et de l'Asie par deux autres canaux, qui, d?riv?s du premier ci-dessus au centre de la ville, aboutiront ? la branche de Rosette et de Damiette. Les richesses de tout l'univers seront ainsi conduites par eau jusque dans les divers quartiers de cette ville unique: elles y seront vendues et exp?di?es par toute la terre. Deux superbes ponts, aboutissant chacun ? un faubourg au-del? des deux branches du Nil, seront d?fendus par de bons ouvrages. Ils ?loigneront ainsi toute hostilit? de la ville centrale, qui, de trois c?t?s, sera ainsi rendue imprenable. Quant ? son front vers le Delta, il offrira une longue ligne droite flanqu?e de bastions et autres ouvrages, dont les feux seront tellement crois?s sur les approches, qu'il sera impossible ? des assi?geans de la p?n?trer.

Cette ville opulente couvrira bient?t les campagnes voisines de toutes les beaut?s que l'art et la nature s'efforceront ? l'envi de produire. On y verra s'?lever, comme par enchantement, des palais magnifiques, dont le B?douin hideux ne pourra que convoiter les richesses; des jardins vastes et d?licieux, des routes, des canaux plant?s d'arbres de toute esp?ce. L?, sous un ciel toujours pur, et ? l'ombre de bosquets verts et imp?n?trables aux ardeurs du soleil, les petites ma?tresses de Paris que les affaires de commerce de leur maison, ou mille autres motifs, am?neront en ?gypte, oubliant les plaisirs bruyans et passagers de la France, s'abandonneront aux charmes r?els et constans de la douce volupt? orientale, que l'influence des moeurs et du climat leur fera bient?t pr?f?rer: et si elles deviennent par la suite des ?pouses fid?les et laborieuses; si, enti?rement occup?es de l'int?rieur de leur harem, elles ?cartent d'elles-m?mes tous les vices s?ducteurs, qui font en Europe la peste des familles, cette heureuse r?g?n?ration du sexe fran?ais sera due au s?jour charmant de M?nopolis.

Mais, citoyen G?n?ral, c'est, comme on le dit quelquefois fort ?l?gamment, attacher la charrette avant les boeufs. Avant que vous soyez ma?tre d'ordonner l'inondation du Nil, avant que moi-m?me j'?l?ve les murs de la superbe M?nopolis, nous devons chercher ? rendre la conqu?te de l'?gypte profitable ? la patrie, soit que la paix g?n?rale nous assure ou nous prive de cette belle colonie.

Si elle nous l'assure, vous aurez vous-m?me, je l'esp?re, citoyen G?n?ral, le bonheur de la conduire ? cet ?tat de splendeur que votre patriotisme, vos lumi?res, et m?me un sentiment de commis?ration pour ces pauvres ?gyptiens, promettent d?j? ? leur pays, digne d'un meilleur sort. Comme les ressources na?tront alors sous vos pas, et que tout nous prouve ? pr?sent que vous saurez bien en profiter ? cette heureuse ?poque, je crois superflu de hasarder ici mes opinions particuli?res sur les moyens de porter cette colonie au plus haut point d'utilit? pour la m?tropole.

Mais si la malheureuse ?gypte, ou plus encore, si ses malheureux habitans ne doivent ?tre consid?r?s ? la paix g?n?rale que comme un pur objet d'?change, et que nous soyons oblig?s de sortir d'ici; comme nous connaissons actuellement trop bien ce pays pour ne pas chercher ? le revoir en son temps, je suis persuad? que la France l'aura alors ou de gr? ou de force. Dans cette hypoth?se, il serait tr?s important d'y laisser un parti puissant, qui p?t s'y maintenir arm? pour y entretenir notre influence politique et commerciale, et seconder enfin les Fran?ais d'un c?t?, tandis qu'ils l'attaqueraient de l'autre.

Mais comment trouver ce parti? En quels lieux et comment pourrait-il se maintenir en force?

Ce parti est tout trouv?; il n'y a plus qu'? presser son organisation. L'?gypte, si on doit l'abandonner ? la paix, ne pouvant retourner qu'? ses anciens ma?tres, ils y extermineraient par vengeance ou par fanatisme toutes nos cr?atures. La s?dition du Caire n'a que trop bien prouv? leurs sentimens sanguinaires; tous ceux qui ont ? craindre leur retour en sont si persuad?s, qu'ils deviendraient plut?t soldats contre eux que de s'exposer ? leur ressentiment barbare. Il ne faut donc plus que seconder loyalement leurs g?n?reux efforts, pour en recueillir nous-m?mes tous les avantages et les pr?server ainsi de l'horrible boucherie dont toute la honte rejaillirait sur la France, si, comme on allait le faire, ces malheureuses victimes de leur d?vo?ment aux Fran?ais, pour prix des services qu'ils leur ont rendus, allaient par nous ?tre livr?es aux vengeances, aux haines particuli?res que nous avons suscit?es, en un mot, au fanatisme g?n?ral qui animera pour toujours les Osmanlis gouvernans, contre nos amis malheureux et abandonn?s. Le voil? donc ce parti.

En quels lieux et comment pourrait-il se maintenir en force? Ceci est tr?s simple: il n'a qu'? abandonner le midi de l'?gypte, et aller ainsi renforcer Mour?d-Bey, qu'un trait? d'alliance nous oblige de soutenir en cas d'?vacuation. Fort de ses mameloucks et de nos auxiliaires, que le s?jour des Fran?ais en ?gypte aguerrira toujours plus, il ne tardera pas d'en chasser les Osmanlis et de s'en rendre totalement ma?tre. D?s-lors nos auxiliaires, par un trait? secret conclu avec lui, seront consid?r?s par Mour?d-Bey dans le Sa?d, comme nous-m?mes nous l'y consid?rons aujourd'hui. Ils le tiendront, en quelque mani?re, d?pendant de la France par le besoin qu'il aura d'en ?tre ?tay?; ils maintiendront ainsi notre influence politique et commerciale dans ces contr?es que d'autres puissances jalouses nous enl?veraient bient?t, si Mour?d gouvernait seul l'?gypte. Il est trop fin sans doute en ce moment pour ne pas para?tre enti?rement d?vou? ? nos int?r?ts tant qu'il devra nous craindre, ou attendre de nous sa r?int?gration d?finitive; mais qui peut nous r?pondre de lui, lorsque se voyant ?tay? par des alliances qu'il trouvera ais?ment contre nous, nous serons loin de lui et hors d'?tat de lui nuire?

Soutenir comme ci-dessus l'ind?pendance de nos cr?atures en ?gypte, pour y conserver l'influence de la France et nous m?nager ainsi des moyens faciles d'y rentrer, tels sont, citoyen G?n?ral, les avantages que vous pouvez ais?ment procurer de vous-m?me ? la R?publique, si, ? la paix g?n?rale, elle doit renoncer ? ce pays. Ceux qu'elle pourra obtenir en traitant elle-m?me son ?vacuation, et qui doivent ?tre tr?s consid?rables, ne peuvent plus se n?gocier qu'entre les puissances bellig?rantes, qui seules peuvent et doivent avoir ce droit. C'est une v?rit? hardie, qu'il ?tait r?serv? ? vous seul, citoyen G?n?ral, de proclamer ? l'arm?e, ? une ?poque difficile et m?morable, o? moins de sagesse, de caract?re et de d?vo?ment en son chef e?t pu la perdre sans ressource.

J'ose donc, citoyen G?n?ral, appeler toutes vos sollicitudes sur l'augmentation, l'instruction militaire et l'armement de nos auxiliaires d'?gypte. D?j? par vos ordres, ils se rallient ? un chef qui, soldat, prodigue, et fran?ais plus qu'aucun des scribes ses confr?res, a manifest? son courage et ses talens en combattant avec nous pour la conqu?te du Sa?d. Sans cesse entour? de dangers pour nous servir, il brave en ce moment les menaces des habitans du Caire, qu'il contraint d'expier leur r?volte; il est rev?tu de l'enti?re confiance des siens; comme eux il est issu de ces anciens ?gyptiens qui ?tonnent encore l'univers par leurs monumens: quels souvenirs ces monumens rappellent! Quelles lumi?res! Quelle politique! En un mot, quelle civilisation ces pyramides, ces temples, ces lacs, ces canaux, annoncent chez les peuples qui les imagin?rent! Mais, ? vicissitude des temps! des hommes, ma?tres de toute la terre sous le grand S?sostris, sont m?connaissables dans leurs descendans. Le Cophte, avili, abruti m?me par des milliers d'ann?es d'esclavage, n'a su jusqu'ici que ramper servilement aux pieds de ses ma?tres, sans cesse renaissans pour lui; mais si les Perses, les Grecs, les Romains, les Turcs, furent des tyrans barbares et fiers, les Fran?ais, dont la philosophie sait appr?cier la dignit? de l'homme, seront pour eux des vainqueurs g?n?reux; et si des circonstances majeures font qu'on doive pour un temps les abandonner, ce ne sera qu'en les mettant ? m?me, comme je l'ai dit ci-dessus, de pouvoir se garantir contre de nouveaux possesseurs sanguinaires et fanatiques, qui, en exterminant m?me par le conseil de leurs alli?s, nos auxiliaires d'?gypte, rassureraient leurs craintes, en d?truisant nos vues politiques sur ce pays.

J'ai t?ch? jusqu'ici de d?montrer la n?cessit? des auxiliaires, dans le cas o? la paix nous enl?verait cette pr?cieuse conqu?te: il me reste ? vous prouver son utilit? dans le cas o? elle nous la conserverait.

Par eux toutes les riches productions de l'int?rieur de l'Afrique s'amoncellent en ?gypte; il ne faut pour cela que former deux ou trois ?tablissemens de sept ? huit mille hommes chacun, sur le Nil, ou le fleuve Abiad qui s'y joint; ces ?tablissemens ne sauraient ?tre form?s que par des hommes d?j? accoutum?s aux chaleurs de l'int?rieur de l'Afrique: la latitude des lieux qu'ils occuperaient serait peut-?tre fatale ? des Europ?ens. Ces ?tablissemens assureront ? la France plus de mille lieues de navigation int?rieure de cette partie du monde encore si peu connue; elle ne le deviendra successivement alors que par le commerce exclusif que pourront y faire nos n?gocians Fran?ais ?tablis en ?gypte.

Le destin, qui me prescrit de faire des projets, vous donne ? vous seul, citoyen G?n?ral, les moyens faciles de les ex?cuter. Les id?es ci-dessus, immenses dans leurs r?sultats, sont simples et faciles dans leur ex?cution; elles se r?duisent pour le moment ? prot?ger et encourager nos auxiliaires, et accorder de la confiance et des honneurs ? leur chef.

Excusez, citoyen G?n?ral, si j'ai t?ch? d'?tre plaisant en commen?ant ce M?moire; je d?sirerais ?tre persuasif en le finissant. Si mes id?es sur les auxiliaires n'excitent que votre rire, le destin me d?signera alors pour ?tre votre bouffon, et je veux l'?tre absolument; mais j'aurai en moi-m?me la douce consolation d'avoir plaid? la cause de nos cr?atures en ?gypte, qui, abandonn?es par nous, sont d?vou?es ? une boucherie in?vitable. Votre moralit?, votre loyaut?, leur est un gage assur? que vous ?pouserez leur cause, soit que la paix g?n?rale nous donne ou nous prive de l'?gypte. D?s qu'elles en seront persuad?es, vous verrez alors tous leurs moyens se d?velopper en notre faveur.

FIN DU TOME PREMIER

TABLE DES MATI?RES CONTENUES DANS LE TOME PREMIER.

Consid?rations g?n?rales sur l'organisation physique, militaire, politique et morale de l'?gypte. 1

Organisation physique. 2

Syst?me de guerre adopt? par les Fran?ais. 13

Fortifications construites par les Fran?ais. 16

Des routes et marches d'arm?e dans l'int?rieur de l'?gypte. 31

Consid?rations sur la civilisation des diff?rentes classes d'habitans de l'?gypte. 33

Des fell?hs ou cultivateurs. 45

Des habitans des villes, des mameloucks et de leur gouvernement. 54

R?sum? de l'?tat social des peuples de l'?gypte. 76

DE L'?GYPTE APR?S LA BATAILLE D'H?LIOPOLIS. 83

PREMI?RE PARTIE.

SECONDE PARTIE.

PI?CES JUSTIFICATIVES.

Menou, g?n?ral en chef de l'arm?e fran?aise, aux habitans de l'?gypte. 166

Lagrange, g?n?ral de division, chef de l'?tat-major g?n?ral de l'arm?e, au g?n?ral Bonaparte, premier consul de la R?publique fran?aise. 172

Damas, g?n?ral de division, au g?n?ral en chef Menou. 176

Le g?n?ral de division Reynier au g?n?ral en chef Menou. 178

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