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Read Ebook: L'Illustration No. 0034 21 Octobre 1843 by Various
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 235 lines and 27413 words, and 5 pagesJ'y suis tr?s-dispos? pour ma part, et voici pourquoi: Ce ministre avait un ami, brave militaire ainsi que lui; vous voyez que notre ministre ?tait probablement charg? du d?partement de la guerre. Dans une bataille, l'un des deux amis, voyant l'autre menac? d'un coup mortel, se jeta au-devant et re?ut la coup. Il en mourut, comme de raison, en disant ? l'autre: < < Romberg ?tait jeune, et il y avait dans le monde une jeune veuve appel?e la baronne de Rosenthal, ? qui la nature avait donn? des cheveux noirs magnifiques, des veux noirs pleins d'?clat et de feu, un visage et un cou d'une blancheur ?blouissante, et des ?paules arrondies avec une gr?ce parfaite. Romberg eut recours aux grands moyens: il s'adressa au roi, et lui demanda l'annulation du testament. Pendant qu'il attendait, avec toute l'impatience d'un h?ritier et d'un colonel amoureux, la d?cision de Sa Majest?, la comtesse sa tante, cette soeur du d?funt dont je vous ai d?j? parl?, arriva tout ? coup, tenant d'une main le testament, et pr?sentant de l'autre la jeune Mina de Ronsfeld. < Fille ?tait ravissante, en effet: taille l?g?re et fine, minois piquant, avec un petit air ing?nu et mille petits mots na?fs qui doublaient le charme de ce minois et de cette taille. Il faut savoir qu'elle avait ?t? ?lev?e par une vieille tante, qui s'?tait retir?e dans un ermitage apr?s avoir jur? haine mortelle ? tout le sexe masculin--apparemment elle avait eu ? s'en plaindre--et qui n'avait jamais souffert qu'un homme adress?t la parole ? sa ni?ce, ni m?me qu'on pronon??t devant elle le mot de mariage. Bref, en comparaison de Mina, Agn?s aurait pu passer pour un prodige d'?rudition. < Qu'en serait-il advenu? je l'ignore. La bigamie est un cas terrible et qui peut mener bien loin un colonel. Heureusement que M. de Limbourg, capitaine d'ordonnance, arriva tout ? point pour le tirer d'embarras. Il venait chercher madame la comtesse, par ordre expr?s de la reine, dont cette noble dame ?tait dame d'atours. La reine l'attendait pour s'habiller: il n'y avait pas une minute ? perdre. < La Prusse n'est pas un pays comme un autre: on peut s'y marier sans t?moins... Il faut du moins que vous ayez la complaisance de le supposer, si vous voulez que je continue cette tr?s-vraisemblable histoire. La comtesse partie, il vint ? la baronne une id?e tr?s-originale, qu'elle mit sur-le-champ ? ex?cution. < --Me marier? mais je ne sais ce que c'est. --Je vais vous le dire. Nous allons nous rendre au temple, o? vous trouverez M. de Romberg; vous vous mettrez ? genoux avec recueillement; vous ?l?verez votre coeur vers Dieu; vous lui promettrez d'?tre toujours bonne, modeste et sage, comme aujourd'hui. Puis vous reviendrez, vous habiterez ce pavillon, vous aurez de jolies robes el de belles parures, et vous vous appellerez madame de Romberg. --Comment! voil? ce que c'est que le mariage? --A tr?s-peu de chose pr?s.>> Tout s'ex?cuta comme la baronne l'avait dit; et au retour, Romberg et elle install?rent Mina dans l'appartement qu'elle devait occuper seule, lui souhait?rent une bonne nuit, et se retir?rent dans le pavillon que madame de Rosenthal habitait, et o?, chaque nuit, elle recevait en secret l'amoureux colonel, pendant que tout le monde le croyait ? son poste, dans la forteresse voisine, dont il ?tait commandant. Quinze jours ?coul?s, Mina ?tait reconnue partout femme l?gitime du commandant Romberg, et avait, ? ce titre, re?u la visite de toutes les autorit?s constitu?es et de toute la noblesse du pays. Romberg ?tait plein de bont? pour elle, il l'entourait de soins et d'attentions; seulement, comme il tenait ? ses devoirs, et qu'il ?tait intraitable sur la discipline, d?s que le tambour de la citadelle sonnait l'heure de la retraite, il prenait en soupirant cong? de Mina; c'est-?-dire qu'il quittait son m?nage ostensible, et se rendait dans son m?nage secret. Il n'avait pour cela qu'une, all?e de jardin ? traverser et une porte mal ferm?e ? ouvrir. Romberg s'accommodait ? merveille de cet arrangement. Il ?piait du coin de l'oeil et en souriant les na?ves coquetteries de Mina et la strat?gie amoureuse de son ami Limbourg; et quand les billets doux de ce dernier ?taient surpris par la comtesse, il s'en d?clarait l'auteur. Mais la vieille dame avait lu dans le jeune coeur de Mina, et n'entendait pas raillerie sur le chapitre de l'honneur conjugal. < --Ah! ma tante, gardez-vous-en bien! Je vais vous dire le mot de l'?nigme, que vous ne soup?onnez pas. Apprenez que Limbourg est amoureux de madame de Rosenthal. C'est pour elle qu'il vient; il doit l'?pouser dans huit jours. --S'il est ainsi, je n'ai plus rien ? dire.>> Elle se garda bien pourtant de se taire. Elle n'eut rien de plus press? que de tout conter ? Mina, et de la mani?re la plus propre ? troubler la s?curit? de la pauvre enfant, ? ?veiller son imagination, ? d?chirer son coeur: Limbourg doit ?pouser la baronne, il l'aime, il n'aime qu'elle, et lui jure toute la journ?e qu'il est indiff?rent ? toute autre femme. Mina, jalouse sans le savoir, ne pouvait rester plus longtemps dans sa charmante ignorance. Il y avait au ch?teau un jardinier qui avait ?t? jadis le serviteur et, jusqu'? un certain point, l'ami de son enfance. Elle l'appela soudain. < --Moi, madame? mon sang, ma vie vous appartiennent... --Je n'en veux pas; je veux seulement que tu me r?pondes avec sinc?rit?. Qu'est-ce que c'est que l'amour?>> Jacquet n'?tait gu?re en ?tat d'improviser une r?ponse satisfaisante ? une pareille question, il passa plusieurs fois de suite son chapeau d'une main dans l'autre, et fit porter alternativement le poids de son corps sur son pied gauche et sur son pied droit; c'?tait sa mani?re de r?fl?chir. Quand il eut cherch? quelque temps, il jugea qu'il devait avoir trouv? quelque chose. < Et comme Mina ne paraissait pas compl?tement ?clair?e par cette d?finition: < --Eh bien! s'?cria Mina, qui comprenait, ? peu de chose pr?s, tout ce que Jacquet ne lui avait pas dit, je vais l'apprendre une chose ?pouvantable: M. de Limbourg est amoureux de madame de Rosenthal. --Ah! ah! dit finement Jacquet, c'est donc lui qui s'introduit chaque nuit chez la baronne, et que je guette depuis quelque temps sans avoir jamais pu l'atteindre? --Eh bien! mon pauvre Jacquet, il faut que tu m'introduises, moi aussi, cette nuit m?me, chez la baronne, sans qu'elle le sache. Je veux savoir ce qu'ils se disent. Je veux prendre M. de Limbourg en flagrant d?lit de trahison!>> La nuit suivante, en effet. Mina vint se blottir derri?re un paravent dans le salon de la baronne. Elle entendit bient?t entrer, par l'extr?mit? oppos?e du pavillon, celui qu'elle croyait ?tre M. de Limbourg. Mais que devint-elle quand Limbourg, qui l'avait suivie , vint se placer aupr?s d'elle ? l'abri du paravent?--Ce n'est pas lui qui est avec madame de Rosenthal!--Qui donc alors?--Elle ?coute, elle regarde, et reconna?t son mari! Romberg en robe de chambre et en pantoufles, et buvant avec la baronne le th? conjugal! Quel charmant tableau! Limbourg n'avait ni th? ni robe de chambre, mais, ? cela pr?s, il sut ? merveille tirer parti de la situation, et r?p?ter, d'un cot? du paravent, tous les d?tails de la sc?ne qui se passait de l'autre, et je prie le lecteur de consulter la gravure annex?e ? ce v?ridique r?cit, laquelle a ?t? faite pour emp?cher son imagination d'aller trop loin; si bien que lorsque la comtesse vint tomber tout ? coup au milieu de ce double t?te-?-t?te, apportant la d?claration du roi qui cassait enfin le testament du ministre d?funt, tous la re?urent ? bras ouverts, tous convinrent qu'elle ?tait arriv?e fort ? propos, et elle fut, sur ce point, de l'avis de tout le monde. Tels sont, en abr?g?, les faits dont M. de Planard a fait une tr?s-spirituelle com?die. M. Ambroise Thomas s'est piqu? d'honneur, et n'a pas voulu ?tre en reste avec lui. Sa musique est vive, l?g?re, spirituelle et toute gracieuse.--Faut-il analyser sa partition? Non, la musique est comme l'amour: les plaisirs qu'elle donne sont d'autant plus vif? qu'on est moins en ?tat de les expliquer. Levassor vient de rentrer au th??tre du Palais-Royal, qu'il avait trahi, pendant deux ans, pour le th??tre des Vari?t?s; et, pour racheter sa d?sertion, il d?bute par un succ?s et par un v?ritable tour de sorcier. Voyez-vous ce jeune Jean-Jean? c'est Levassor! voyez-vous ce troupier rompu ? la bataille et relevant fi?rement une moustache grise? encore Levassor! voyez-vous ce soldat sexag?naire, blanc, courb?, chevrotant? toujours Levassor! et, pour comble de surprise, c'est dans le m?me vaudeville et presqu'au m?me instant que Levassor repr?sente ces trois ?ges de troupier. La m?tamorphose s'accomplit si lestement; au menton imberbe succ?de si vite la moustache grise, ? la moustache grise le front chenu de l'invalide, qu'il semble qu'en effet ils sont trois ? l'oeuvre; mais, en r?alit?, il n'y a que Levassor, un Levassor en trois personnes! Les trois sont du m?me sang et du m?me nom; l'a?eul, le p?re et le petit-fils, tous trois nomm?s Gargousse et tous trois soldats. Le Gargousse invalide conte ses batailles et ses victoires pass?es ? qui veut l'entendre; le Gargousse fils, h?ros en pleine activit? de service, vole de belle en belle et de triomphe en triomphe; les bastions tombent devant lui aussi bien que les coeurs; et Gargousse le petit-fils? celui-l? a besoin d'?tre aguerri; jusqu'ici il semble d?g?n?r? de ses p?res; c'est lui qui baisse les yeux et rougit ? la vue de mademoiselle C?sarine; ah! si Gargousse Ier et si Gargousse II ?taient ? sa place, comme mademoiselle C?sarine y passerait! Or, non-seulement il se conduit comme un Jean-Jean en amour, mais encore le petit Gargousse a peur d'un sabre; ? son premier duel, ne s'enfuit-il pas ? toutes jambes? < Ici on rit un peu moins; il est vrai que le Gymnase se pla?t dans le sentiment et le larmoyant; et puis ne faut-il pas travailler pour tous les go?ts? S'il est amusant de rire, n'est-il pas, de temps en temps, agr?able de pleurer? Pleurons donc! Comment rire, en effet, des infortunes du comte de Boism?nil et de sa fille Alix? Il faudrait avoir le coeur bien cannibale. Le comte, vieil ?migr? retir? en Angleterre, se trouve sans ressources; l'h?te qui l'abrite et le nourrit, un horrible avare, va le chasser, faute de paiement. Que faire? que deviendra Alix, une si charmante fille? C'est la surtout la grande douleur du comte. Un jeune homme, Armand de Courvil, s'est attach? au malheur de cette famille; il aime Alix, et pour tout au monde voudrait soulager l'infortune de la fille et du p?re. Il y a un moyen de le faire; mais ce moyen est plein de p?rils; il ne s'agit de rien moins que d'exposer sa vie, et voici comment: le comte, en quittant la France, a cach? 100,000 livres dans un mur de son ch?teau: si on pouvait les reprendre! < Il part d?guis? en matelot, aborde en Bretagne, et, au milieu des plus grands dangers, arrive enfin au ch?teau de Boism?nil. C'est quelque chose, mais ce n'est pas tout: il faut trouver le tr?sor, l'enlever, et surtout d?jouer la surveillance de Jean Lenoir, ancien fermier du comte, et r?publicain clairvoyant. A cette qualit? d'ennemi politique de M. de Boism?nil, Jean Lenoir joint une vieille rancune: le comte l'a renvoy? injustement, et a injustement soup?onn? sa probit?. La tentative r?ussit d'abord: Armand de Courvil d?couvre le tr?sor, s'en empare, et se dispose ? regagner l'Angleterre, quand Jean Lenoir arrive. Il a flair? l'?migr? et l'arr?te. L'affaire devient sombre. Armand fait volontiers le sacrifice de sa vie; mais Alix, mais le comte, que deviendront-ils? Heureusement, Jean Lenoir n'a pas l'?me aussi noire que son nom. Il s'?meut en apprenant le d?vouement d'Armand, et lui rend non-seulement la libert?, mais la pr?cieuse cassette; puis Jean Lenoir imagine un moyen tr?s-noble de se venger de l'injustice du comte: il remplit la cassette de pi?ces et de papiers qui prouvent clairement sa probit? et son innocence. Or, Armand de Courvil arrivant avec la ch?re cassette, le comte n'a rien de plus press? que de l'ouvrir. < Grande joie parmi les Boism?nil, et mariage d'Armand et d'Alix. Tout cela est bien jou? par Tisserant, Julien et mademoiselle Rose Ch?ri. Le public a soupir?, le public a pleur?, le public a pris plus d'une fois son mouchoir. Quand le mouchoir s'en m?le, le succ?s est flagrant. Nous tombons en plein m?lodrame: le ch?teau de Valanza est bien le plus souterrain et le plus sc?l?rat de tous les ch?teaux: des faux monnayeurs et des bandits y travaillent de compagnie, et pour surcro?t de terreur, un affreux monstre, le comte de Monzzani, y joue toutes sortes de tours pendables ? son cousin Lucio et ? la belle Virginie Salviati. Quel est le but de toutes ces infamies de Monzzani? Oh! mon Dieu! le tra?tre veut tout simplement, comme c'est l'habitude de ses pareils en m?lodrame, escroquer ? son cousin Lucio la belle Virginie, qu'il aime, et un h?ritage de plusieurs millions; ceci vaut la peine que Lucio y fasse attention. Mais Lucio est le meilleur des hommes et la plus docile des victimes; on l'empoisonne, on l'assassine, on le jette ? trois cents pieds sous terre, on l'enterre avec une facilit? digne d'?tonnement. Lucio a cependant ceci de remarquable, que si, par impr?voyance, il se laisse tuer sept ? huit fois et pr?cipiter dans les ab?mes du ch?teau de Valanza, il en revient toujours et ne meurt jamais; tel est son caract?re; il met de l'ent?tement ? vivre autant de fois qu'on l'enterre. Mais on se lasse de tout, m?me de faire le mort. Un beau soir d'ao?t, Lucio ressuscite d?finitivement au nez du f?roce Monzzani, qui p?lit, chancelle, et tombe aux mains des gendarmes, vengeurs du crime.--Ce terrible m?lodrame arrive en droite ligne du cerveau de MM. Alboise et Paul Foucher. Le th??tre des D?lassements Comiques a aussi son m?chant g?nie: ce dr?le s'appelle Rocaillon, il en est bien digue. Rocaillon poursuit de son furieux amour la Fille du Ciel, qui ne veut pas entendre parler de lui; Eloa, en effet, a bien d'autres choses ? faire que d'?couter ce vilain Rocaillon. Elle a de tendres rendez-vous avec Phosphoriel, charmant esprit en chair et en os, qui lui conte fleurette ? l'ombre des arbres et des charmilles. En vain Rocaillon fait jouer des ficelles abominables, Phosphoriel et la Fille du Ciel se marient ? sa m?chante barbe, et Rocaillon retombe au fond des plus ?pouvantables ab?mes. Il faut bien que justice se fasse. Le dialogue est plein de trappes et de feux de Bengale. De la Traite et de l'Esclavage. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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