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Read Ebook: Musiciens d'autrefois by Rolland Romain

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Ebook has 798 lines and 104305 words, and 16 pages

Musiciens d'autrefois

OUVRAGES DU M?ME AUTEUR

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

LIBRAIRIE OLLENDORFF

Chaque vol. 3 fr. 50

LIBRAIRIE FONTEMOING

Musiciens d'autrefois

L'OP?RA AVANT L'OP?RA

L' <> DE LUIGI ROSSI--LULLY--GLUCK

GR?THY--MOZART

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

MUSICIENS D'AUTREFOIS

INTRODUCTION

DE LA PLACE DE LA MUSIQUE DANS L'HISTOIRE G?N?RALE

La musique commence seulement ? prendre dans l'histoire g?n?rale la place qui lui est due. Chose ?trange qu'on ait pu pr?tendre ? donner un aper?u de l'?volution de l'esprit humain, en n?gligeant une de ses plus profondes expressions. Mais ne savons-nous pas combien les autres arts, mieux favoris?s pourtant, plus accessibles ? l'intelligence fran?aise, ont eu de peine ? acqu?rir droit de cit? dans l'histoire g?n?rale? Et y a-t-il si longtemps que celle-ci s'est ouverte ? l'histoire de la litt?rature, des sciences, de la philosophie, de toute la pens?e humaine? Cependant la vie politique d'une nation n'est que l'aspect le plus superficiel de son ?tre. Pour conna?tre sa vie int?rieure, source de son action, il faut p?n?trer jusqu'? l'?me par la litt?rature, la philosophie, les arts, o? se sont refl?t?s les id?es, les passions, les raves de tout un peuple.

Ainsi la connaissance des arts ?largit et anime l'id?e que l'on se fait d'un peuple, d'apr?s sa seule litt?rature.

Combien cette id?e sera encore enrichie, si, pour la compl?ter, nous recourons ? la musique!

La musique d?route ceux qui ne la sentent point; sa mati?re semble insaisissable: elle ?chappe au raisonnement, elle para?t sans contact avec la r?alit?. Quels secours l'histoire pourrait-elle donc tirer de ce qui para?t hors de l'espace, hors de l'histoire?

Mais d'abord il n'est pas exact que la musique ait un caract?re aussi abstrait; elle a des rapports constants avec la litt?rature, avec le th??tre, avec la vie d'un temps. Ainsi, il n'?chappera ? personne que l'histoire de l'Op?ra ?claire l'histoire des moeurs et de la vie mondaine. Toute forme de musique est li?e ? une forme de la soci?t?, et la fait mieux comprendre.--D'autre part, en beaucoup de cas, l'histoire de la musique est en relations ?troites avec celle des autres arts. Il arrive sans cesse que les arts influent les uns sur les autres, qu'il se p?n?trent mutuellement, ou que, par un effet de leur ?volution naturelle, ils en arrivent, pour ainsi dire, ? se prolonger hors de leurs limites, dans celles de l'art voisin. Tant?t c'est la musique qui se fait peinture. Tant?t c'est la peinture qui se fait musique. <> dit Michel-Ange, ? un moment o? la peinture c?de en effet le pas ? la musique, o? la musique italienne se d?gage, pourrait-on dire, de la d?cadence m?me des autres arts. Les barri?res entre les arts ne sont pas ? beaucoup pr?s aussi herm?tiquement closes que le pr?tendent les th?oriciens; constamment ils d?bordent l'un sur l'autre. Un art se continue et s'ach?ve dans un autre art: c'est le m?me besoin de l'esprit qui, apr?s avoir rempli jusqu'? la faire ?clater la forme d'un art, cherche et trouve dans un autre son expression compl?te. Ainsi la connaissance de l'histoire de la musique est souvent n?cessaire ? l'histoire des arts plastiques.

Ainsi, la musique nous montre ici la continuit? de la vie sous la mort apparente, l'?ternel renouveau sous la ruine du monde. Comment donc pourrait-on ?crire l'histoire de ces ?poques, si l'on n?gligeait quelques-uns de leurs caract?res essentiels? Comment les comprendra-t-on, si l'on m?conna?t leur vraie force intime?--Et qui sait si cette erreur initiale ne conduit pas ? fausser non seulement l'aspect d'un moment de l'histoire, mais de l'histoire tout enti?re? Qui sait si ces mots de Renaissance et de D?cadence, que nous appliquons ? certaines p?riodes du monde, ne proviennent pas, comme dans l'exemple pr?c?dent, de ce que nous bornons notre vue ? un seul aspect des choses? Un art peut d?cliner; mais l'Art meurt-il jamais? Il se m?tamorphose, il s'adapte aux circonstances. Il est bien ?vident que dans un peuple ruin?, d?chir? par la guerre ou par les r?volutions, la force cr?atrice pourra difficilement s'exprimer par l'architecture: l'architecture veut de l'argent; et elle veut le besoin de nouvelles constructions, le bien-?tre, la confiance dans l'avenir. On peut m?me dire que les arts plastiques en g?n?ral ont besoin, pour se d?velopper pleinement, du luxe et des loisirs, d'une classe raffin?e, d'un certain ?quilibre de civilisation. Mais quand les conditions mat?rielles se font plus dures, quand la vie devient ?pre, pauvre, harcel?e de soucis, quand il lui est interdit de s'?panouir au dehors, elle se replie sur elle-m?me, et son besoin ?ternel de bonheur lui fait trouver d'autres voies artistiques; la beaut? se transforme, elle prend un caract?re plus int?rieur, elle se r?fugie dans les arts profonds: la po?sie, la musique. Elle ne meurt pas. Je crois bien sinc?rement qu'elle ne meurt jamais. Il n'y a ni mort, ni renaissance de l'humanit?. La lumi?re ne cesse pas de br?ler; seulement elle se d?place, elle va d'un art ? l'autre, comme d'un peuple ? l'autre. Si vous n'en ?tudiez qu'un, vous serez naturellement amen? ? trouver, dans l'histoire, des interruptions, des syncopes o? le coeur cesse de battre. Au lieu que si vous avez une vue d'ensemble de tous les arts, vous sentirez couler l'?ternit? de la vie.--Voil? pourquoi je crois qu'? la base de toute histoire g?n?rale, il faut une sorte d'histoire compar?e de toutes les formes d'art; l'oubli d'une seule d'entre elles risque de rendre erron? tout le reste du tableau. L'histoire doit avoir pour objet l'unit? vivante de l'esprit humain. Elle doit donc maintenir la coh?sion de toutes ses pens?es.

A la fin du si?cle, la musique exprime le r?veil de l'individualisme r?volutionnaire qui a remu? le monde. Le prodigieux accroissement de son pouvoir d'expression, gr?ce aux recherches des ma?tres fran?ais et allemands et au d?veloppement soudain de la musique symphonique, mettait ? sa disposition un instrument d'une richesse sans ?gale, et qui de plus ?tait encore presque neuf. En trente ans, la symphonie d'orchestre et la musique de chambre produisirent leurs chefs-d'oeuvre. L'ancien monde qui mourait y trouva son dernier portrait, le plus accompli peut-?tre, avec Haydn et Mozart. Et voici la R?volution, qui, apr?s s'?tre essay?e chez les musiciens fran?ais de la Convention: Gossec, M?hul, Lesueur et Cherubini, a sa voix la plus h?ro?que en Beethoven: Beethoven, le plus grand po?te de la R?volution et de l'Empire, celui qui a le plus passionn?ment exprim? toutes les temp?tes des temps napol?oniens, les angoisses, les troubles, les ardeurs guerri?res, les emportements enivr?s de l'?me libre.

Que l'on veuille bien excuser cette esquisse un peu grossi?re. J'ai essay? seulement de donner l'aspect panoramique de cette vaste histoire, en montrant combien la musique est toujours intimement m?l?e au reste de la vie sociale.

Le spectacle de cette ?ternelle floraison de la musique est un bienfait moral. C'est un repos au milieu de l'agitation universelle. L'histoire politique et sociale est une lutte sans fin, une pouss?e de l'humanit? vers un progr?s constamment remis en question, arr?t? ? chaque pas, reconquis pouce ? pouce, avec un acharnement effroyable. Mais de l'histoire artistique se d?gage un caract?re de pl?nitude et de paix. Le progr?s n'existe pas ici. Si loin que nous regardions derri?re nous, la perfection a d?j? ?t? atteinte; et bien absurde celui qui croirait que les efforts des si?cles ont pu approcher l'homme d'une ligne plus pr?s de la beaut?, depuis saint Gr?goire et Palestrina! Il n'y a l? rien de triste ni d'humiliant pour l'esprit: au contraire. L'art est le r?ve de l'humanit?, un r?ve de lumi?re, de libert?, de force sereine. Ce r?ve ne s'interrompt jamais; et nous n'avons nulle crainte pour l'avenir. Notre inqui?tude ou notre orgueil voudraient souvent nous persuader que nous sommes parvenus au fa?te de l'art et ? la veille du d?clin. C'est ainsi depuis le commencement des temps. Dans tous les si?cles, on a g?mi: <>--Tout est dit, peut-?tre. Mais tout est encore ? dire. L'art est in?puisable, comme la vie. Rien ne le fait mieux sentir que cette musique intarissable, cet oc?an de musique qui remplit les si?cles.

L'OP?RA AVANT L'OP?RA

Mais le tort de tous les historiens qui ont jusqu'? pr?sent abord? ce sujet, a ?t? de croire ou de laisser croire qu'une forme d'art aussi caract?ristique p?t r?ellement sortir, cr??e de toutes pi?ces, de la t?te de quelques inventeurs. Les inventions de toutes pi?ces sont rares en histoire. Il est bon de se rappeler la devise sereine, inscrite au front d'une maison de Vicence:

Ce que nous appelons une cr?ation n'est souvent qu'une re-cr?ation; et, dans la question pr?sente, il y a lieu de se demander si cet op?ra, que les Florentins croyaient, de bonne foi, inventer, n'existait pas, ? quelques nuances pr?s, bien longtemps avant eux, d?s le commencement de la Renaissance.--C'est ce que je voudrais montrer, en m'appuyant sur les travaux non pas tant des historiens de la musique que des historiens de la litt?rature et des arts plastiques: car il est assez curieux que les musiciens aient presque toujours n?glig? de recourir ? ces derniers. C'est malheureusement une habitude trop commune aux historiens d'un art, que, pour l'?tudier, ils l'isolent de l'histoire des autres arts, du reste de la vie intellectuelle et sociale. Or, si un tel esprit doit n?cessairement conduire ? des constructions factices, sans rapports avec la r?alit? vivante, nulle part ce danger n'est plus grand que dans l'analyse d'une forme, comme l'op?ra, qui est faite de l'union de tous les arts. Je m'efforcerai donc de replacer l'op?ra dans l'ensemble de l'histoire artistique de l'Italie, et d'y faire voir ainsi le terme d'un mouvement po?tico-musical tr?s ancien, la conclusion naturelle d'une ?volution dramatique de plusieurs si?cles.

LES <> DE FLORENCE, ET LES <> DE LA CAMPAGNE TOSCANE

Vincenzo Borghini rapporte m?me, ? ce sujet, un fait extr?mement curieux:

En quoi consistait le chant de ces Repr?sentations?

Or que Mai est de retour, mes r?v?r?s seigneurs, de. belles roses et de fleurs gracieuses sont rev?tus la colline et le pr?.

Quelle devait ?tre la beaut? de ces spectacles, et combien sup?rieurs ? tous les op?ras, on l'imagine ais?ment. La saintet? du cadre et son immensit? y ajoutait un myst?re po?tique, que rien ne peut remplacer. Ce n'?tait pas un jeu, c'?tait une action v?ritable, ? laquelle le public ?tait directement m?l?. Point de sc?ne: tout ?tait sc?ne.

Mais l'esprit de l'?poque va changer, et, avec lui, musique, po?sie, peinture, architecture, th??tre,--tous les arts ? la fois.

LES COM?DIES LATINES ET LES REPR?SENTATIONS A L'ANTIQUE

Jamais il n'aurait eu cette puissance, cette popularit?, cette dur?e, et cette universalit?, s'il n'avait ?t? qu'un pur mouvement arch?ologique. Il ne faudrait pas croire que ces repr?sentations latines fussent des spectacles exceptionnels pour des publics restreints de p?dants et de snobs. A Rome, ? Urbin, ? Mantoue, ? Venise, ? Ferrare, elles furent constamment r?p?t?es, de 1480 jusque vers 1540, et dans de tr?s grands th??tres. A Ferrare surtout, qui fut le foyer de cet art,--? Ferrare, qui joua un si grand r?le dans l'histoire de la pens?e, de la po?sie, de la musique, et du th??tre italien, puisqu'elle fut la ville de Boiardo, de l'Arioste, de Tasso, de Savonarole, de Frescobaldi, le centre des spectacles latins, le berceau des pastorales en musique,--? Ferrare, en une seule ann?e, en une seule semaine, pour les f?tes de 1502, en l'honneur du mariage de Lucr?ce Borgia avec le fils d'Hercule d'Este, on joua jusqu'? cinq com?dies de Plaute, dans un th??tre qui contenait plus de cinq mille spectateurs; et il ne se passait pas d'ann?e que ces fameuses repr?sentations latines n'attirassent les princes et l'?lite de l'Italie.

D'o? pouvait venir une telle passion? Elle serait inexplicable par le seul engouement de la mode. La mode peut imposer un succ?s, un an, deux ans, cinq ans; elle ne peut emp?cher qu'on s'ennuie, ni qu'on finisse par le montrer, si la contrainte se prolonge, comme ce fut le cas, pendant cinquante ou soixante ans. Or, loin de diminuer, le go?t pour l'art antique ne fit qu'augmenter. Il faut donc qu'il y ait de ce ph?nom?ne des raisons plus profondes.

Personne n'eut plus de part ? ce changement d'orientation dans l'esprit du th??tre que Laurent de M?dicis. C'?tait un homme souple, adroit ? saisir le faible de chacun, et qui ne n?gligeait aucun des petits moyens pour r?ussir. Deux si?cles plus tard, Mazarin, qui fut un politique de sa trempe, cherchait ? tenir les Fran?ais occup?s avec les divertissements; et l'op?ra italien joue un r?le important dans sa politique int?rieure, avant la Fronde. J'ai t?ch? de le montrer ailleurs, en ?tudiant Luigi Rossi'. Laurent de M?dicis n'agit pas autrement. Savonarole l'accusait, non sans raison, <>. Il savait toute la puissance du th??tre et de la musique sur la soci?t? de son temps, et il n'eut garde de la n?gliger. Il avait cette sup?riorit? sur Mazarin, qu'il ?tait non seulement un dilettante, mais un grand artiste; il ne se contenta pas d'agir indirectement sur l'art; il donna des mod?les nouveaux, il ouvrit des voies nouvelles.

Puis les spectacles antiques ressuscitent, de toutes parts: ? Rome, sous Sixte IV, Alexandre VI et L?on X; ? Venise, o? l'aristocratie s'enthousiasme pour ces f?tes; surtout ? Ferrare, gr?ce ? Hercule Ier d'Este. Passionn? pour l'antiquit?, ce prince ?leva un superbe th??tre de cinq mille places, dont l'Arioste dirigea la construction; et il entretint une troupe de com?diens fameux, qu'il ne d?daignait pas d'accompagner ? travers l'Italie, pour les faire conna?tre des autres cours.

Dans quelle mesure la musique ?tait-elle associ?e ? ces repr?sentations?

--On voit quelle place l'?l?ment plastique avait prise au th??tre, L'?l?ment dramatique est presque ?limin?. C'est l'esprit de l'op?ra-ballet avant Lully.

LES PASTORALES EN MUSIQUE ET TORQUATO TASSO

La pastorale exprimait fid?lement l'?me de l'?poque: nulle force de passion, nulle grandeur de pens?e, nulle libert?, nulle sinc?rit? vigoureuse. Une vie mondaine, une sensibilit? ?rudite, subtile et voluptueuse, une r?verie aristocratique, une ?me musicale.

Ainsi, depuis un demi-si?cle, la musique s'emparait des peintres italiens, c'est-?-dire des repr?sentants par excellence de la Renaissance italienne. Et o? la musique entre, elle laisse une empreinte profonde. Sans qu'on s'en aper??t, elle transformait l'esprit de l'art. Je citais tout, ? l'heure cette parole de Michel-Ange: <>. Mot frappant, qui montre l'abdication de la peinture devant la musique.

Le type le plus g?nial de ces po?tes-musiciens est Tasso. Nul ne repr?sente mieux la r?volution morale de la fin de la Renaissance. Dans cette m?me ville de Ferrare, o? l'Arioste ?tait mort en 1532, Torquato Tasso vint s'?tablir en 1565. Quelle diff?rence entre les deux po?tes! L'Arioste, lumineux, souriant, conservant dans un monde d'action et une vie difficile ce grand esprit serein, o?, suivant le beau mot de Carducci, <>, artiste classique dans l'?me, po?te pr?cis, dou? d'un gentiment plastique ?gal ? celui des grands peintres de son temps;--et Tasso, nerveux, inquiet, exalt?, d'une ?motion ? la fois sinc?re et litt?raire, se tourmentant de peines, de joies, de terreurs imaginaires, ce grand agit? moderne, d'une po?sie vaporeuse et troublante, musicien de coeur, musicien de style, musicien de tout son ?tre et par tout son oeuvre:

Tasso adorait la musique. Elle tient une grande place dans sa vie. Son premier amour,--le premier du moins qui nous soit connu,--celui pour Lucrezia Bendidio, de Ferrare, fut caus? par le chant de la jeune fille. Il l'a cont? dans son gracieux sonnet:

Il dit qu'il avait ferm? les yeux pour ?chapper au danger de l'amour; mais il ne se d?fiait pas du pire des dangers:

Plus tard, les premi?res po?sies qu'il ?crivit pour L?onore d'Este sont encore inspir?es par la musique. C'est un sonnet ? L?onore, ? l'occasion de la d?fense qui lui avait ?t? faite de chanter, parce qu'elle ?tait malade:

La musique est donc associ?e ? ses souvenirs d'amour. Ce sont l? choses qu'on n'oublie pas.

Don Carlo Gesualdo appartenait ? la plus noble famille de Naples, avec les Avalos , ses cousins. Il y eut dans sa vie une trag?die sanglante. Il avait ?pous? sa cousine, donna Maria de Avalos. Il la surprit, une nuit, dans son palais, en flagrant d?lit d'adult?re avec don Fabrizio Carrafa, duc d'Andria; et il les tua . Ce drame bouleversa Naples, et suscita une quantit? de narrations et de complaintes. Tasso, qui connaissait Don Gesualdo, et qui avait ?crit en son honneur et en l'honneur de donna Maria diverses po?sies, fut particuli?rement ?mu par cette nouvelle, qu'il apprit ? Rome. Elle lui inspira plusieurs sonnets et un madrigal. Environ un an plus tard, il vint ? Naples , et il fut attir? par le h?ros de cette histoire. Don Gesualdo avait institu? dans sa maison une Acad?mie, qui avait pour objet de r?pandre et de perfectionner le go?t de la musique. Compositeurs, chanteurs et instrumentistes, s'y trouvaient r?unis. Tasso y vint. On lui demanda des vers ? mettre en musique; et il donna trente-six madrigaux, anciens, ou express?ment compos?s pour l'Acad?mie de Don Gesualdo. Nous avons conserv? huit de ces madrigaux, et deux sonnets, avec la musique du prince de Venosa.

Inoubliable figure, qui, sous des noms divers, r?gne sur l'op?ra jusqu'aux Ysolde de notre temps.

La personnalit? de Tasso, si profond?ment moderne, a rayonn? sur tous les arts. La forme de son imagination s'est souvent impos?e ? la peinture et aux arts plastiques, comme ? la po?sie. Mais rien ne porte plus directement sa marque que l'op?ra pastoral, r?alis? ? Florence, sous ses yeux, en quelque sorte sous son patronage, et que son disciple, Rinuccini, devait faire triompher.

Ce qu'il y avait encore, dans l'Italie, de fra?cheur et de force, on l'a vu, par la suite, aux richesses qu'elle trouva moyen de r?pandre, avec un faste de prodigue, dans la forme d'art hybride o? elle se trouvait r?duite: l'op?ra, par lequel elle conquit le monde qui l'avait conquise.

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