Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: Histoire de France 1661-1690 (Volume 15/19) by Michelet Jules

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 559 lines and 76122 words, and 12 pages

La Su?de, notre fid?le alli?e depuis quarante ann?es, nous l?chait ?galement.

On fut surpris. Tout trait?, en Hollande, devait ?tre soumis aux villes qui en d?lib?raient. Mais de Witt, pour brusquer la chose dans ce p?ril, avait risqu? sa t?te. Il avait hardiment sign? .

Le 2 mai 1668, il signe enfin la paix ? Aix-la-Chapelle, et rend la Franche-Comt?.

Il gardait la Flandre fran?aise; la Hollande la gloire.

Elle triompha modestement par une simple m?daille, sans phrase, et vraiment historique: <>

LA D?B?CLE DES MOEURS PUBLIQUES--D?POPULATION DE L'EUROPE M?RIDIONALE

La guerre est infaillible. On peut pr?voir d'ici que cet orgueil bouffi va crever en temp?tes, que la France, arr?t?e dans son effort pour se renouveler, rentrera dans la voie mis?rable o? sont les ?tats du Midi.

La guerre naturelle et fatale de la royaut? catholique contre la r?publique protestante, l'essor effr?n? des d?penses et la furie des f?tes, l'infamie triomphale des favorites et favoris, l'av?nement de madame de Montespan et du chevalier de Lorraine, la surprenante soumission des confesseurs aux moeurs publiques, c'est le spectacle de ce temps.

Ces brillantes ann?es, entre les chants de gloire de Moli?re, Quinault et Lulli, sont comme un arc de triomphe qu'on croirait une porte de cit? populeuse, et qui ne conduit qu'au d?sert.

Que sera-ce des autres familles, des bourgeois peu ais?s, des pauvres? Deux choses les st?rilisent:

La France est sur cette pente. Mais, pour voir o? elle va, il faut d'abord bien regarder les ?tats qui l'ont d?j? descendue, les deux empires surtout qui port?rent si haut le drapeau des religions du Moyen ?ge, l'Espagne et la Turquie. Diff?rents dans la vie, ils se ressemblent dans la mort, et sont comme fr?res dans le tombeau. Une m?me chose les caract?rise, la d?population.

D?s 1619, les Cort?s ont dit ce mot fun?bre: <>

Sous autre forme, m?mes plaintes en Turquie. Un Turc des plus vaillants, un des h?ros de la guerre de Candie, d?j? vieux, ne pouvait rencontrer des femmes par les villes, sans s'?crier: <>

Le fils du cuisinier, un savant, un guerrier, Ahmed Kiuperli, submerge la Hongrie d'un d?luge de Turcs et de Tartares, qui monte au nord, et jusqu'en Sil?sie. C'est surtout pour faire des esclaves; quatre-vingt mille filles et enfants en une campagne, tandis que les Barbaresques en ramassent sur toutes les c?tes. L'empire, sous ce vizir lettr?, retourne, par calcul, ? ses barbaries primitives, les grandes razzias d'enfants grecs pour le s?rail qui les donne ? l'arm?e. Ahmed en une fois fait deux mille pages du sultan.

La France, de plus en plus chef de la catholicit?, de moins en moins s'entend avec les Turcs. Nos volontaires, sous la Feuillade, brillent ? Saint-Gothard, o? le Turc, repouss?, n'en impose pas moins la paix ? l'Autriche, et le tribut ? la Transylvanie . M?me ?v?nement en Candie, o? la Feuillade, Noailles, nos vaillants ?tourdis, embarrassent les V?nitiens qu'ils viennent secourir. Ahmed triomphe encore et ach?ve de prendre Candie . Ces succ?s, et ceux qu'il aura sur la Pologne, n'emp?chent pas que la Turquie ne s'affaisse, ne croule, par l'?nervation de la race et sa st?rilit? immonde. Les casuistes turcs et le mufti lui-m?me donnent l'exemple et le pr?cepte. Le Coran est vaincu. Toutes les fastueuses rigueurs de s?v?rit? musulmane sont inutiles. Un ath?e br?l? vif, la fermeture des cabarets, la d?fense du vin, ne rel?vent pas Mahomet. Kiuperli lui-m?me d?laisse sa r?forme; d?courag?, succombe. En d?fendant le vin, il mourra d'eau-de-vie .

L'Espagne ?tait plus bas, beaucoup plus bas que la Turquie. Les Kiuperli parvinrent ? cr?er de grandes arm?es. L'Espagne, contre le Portugal qui l'envahit, trouve ? peine quinze mille invalides. La Castille n'est qu'?pines et ronces; dans la Vieille seulement, trois cents villages abandonn?s, deux cents dans la Nouvelle, et deux cents autour de Tol?de. L'Estramadure est un grand p?turage, habit? des seuls m?rinos. Mille villages en ruine au royaume de Cordoue. La Catalogne voit tous ses laboureurs fuir aux montagnes et devenir brigands.

De saign?e en saign?e, l'Espagne s'est ?vanouie. Une fois un million de juifs, puis deux millions de Maures, ou chass?s ou d?truits. Et l'?migration d'Am?rique , co?te trente millions d'hommes en un si?cle!

Du reste, il suffisait de la vie noble pour annuler l'Espagne. Elle tombe ? six millions d'?mes, dont un million sont nobles ou pr?tres. Mais tout le pays devient noble. Le chevrier sauvage vit noblement sur la bruy?re; son fils noblement sera moine.

Le mariage vaut la virginit?; il devient inf?cond. On a vu le progr?s du docteur en st?rilit?, du grand casuiste, le Diable, qui, dans ses f?tes du sabbat, avait enr?l? les sauvages populations du nord de l'Espagne, des montagnes de France. Il est int?ressant de voir les premiers Espagnols qui firent une science de la casuistique, l'ing?nieux Basque Navarro et le savant Sanchez, lutter encore pour la g?n?ration, sans laquelle tout finit ? la fois, l'?tat et l'?glise. Pour obtenir de l'?poux que la famille dure et pour qu'on naisse encore, ils subtilisent et se tourmentent, descendent aux plus ?tranges complaisances, y plient l'?pouse. En vain. Tout cela n'?meut gu?re le triste seigneur qui ne veut rien que finir noblement. Rien ne gagnera l'Espagne que la st?rilit? permise, l'autorisation de mourir.

Le brillant pamphlet de Pascal est loin de donner l'id?e de cette grande r?volution des moeurs europ?ennes, loin de faire soup?onner l'?tonnante ?lasticit? avec laquelle la casuistique s'accommoda aux besoins de chaque peuple, c?da selon les lieux, les temps.

Par exemple, en Pologne, ce qui pesait le plus ? ce g?nie fier et mobile, ce cavalier sans frein, c'?tait l'?ternit? du mariage, ses emp?chements, ses servitudes. On le gagna par l?. Tant?t doux et tant?t s?v?res, les J?suites, parfois, dispens?rent des vieux emp?chements canoniques pour parent?. Et parfois, au contraire, pour favoriser les divorces, ils firent valoir ces emp?chements, rendirent aux ?poux le service de trouver qu'ils ?taient parents. Les reines leur livr?rent les rois, et ceux-ci le royaume. Casimir fut J?suite. De l? advint ce qu'on peut appeler le premier d?membrement. Les Cosaques, pers?cut?s par le clerg? latin, reni?rent la Pologne et se donn?rent ? la Russie.

Le mariage resta indissoluble en Italie, mais le mariage ? trois. La casuistique, ayant soulag? le mari de tout devoir envers sa femme, consola celle-ci en lui laissant un chevalier servant, mari plus assidu qui sauvait l'autre de l'ennui de vivre avec elle. Ces unions ?taient publiques; tous trois, confess?s et absous, communiaient ensemble aux grands jours. Elles devinrent l?gales, furent stipul?es dans les contrats. Un illustre vieillard de G?nes, un S., en 1840, montrait un de ces actes parmi ses papiers de famille, acte notari? au dernier si?cle: <>

Ces languissantes Italiennes, dans leur oisivet?, au lieu d'avoir un singe, un petit chien, aimaient ? tra?ner apr?s elles un homme-femme, qui portait l'?ventail ou donnait le mouchoir. Rien de plus froid. L'?ternel t?te-?-t?te se passait ? b?iller. Mais le mari b?illait aussi d'avoir ? perp?tuit? cette ombre ins?parable de sa femme, presque toujours un cadet sans fortune, un parasite. Chaque famille eut un enfant, sans plus. L'amour ?tait st?rile autant que le mariage. Tout ?tait sec, la table maigre, avec des dehors fastueux. De r?forme en r?forme, on fit la plus ?conomique, de supprimer la femme et ne plus se marier. Plus de maison. Ils vivaient seuls dans leurs palais d?serts, avec quelques pages en guenilles.

Du reste, ces exemples eurent peu d'imitateurs. Les mornes plaisirs ?go?stes, leur somnolence, n'all?rent jamais aux n?tres. Ils ne contentaient nullement le besoin de gaiet?, de malice, qui est au fond de ce peuple. La d?bonnairet? des casuistes alla plus loin que nos p?ch?s.

La femme reste la reine du plaisir, de l'intrigue. La vieille farce du mari tromp?, si populaire chez nos a?eux, devient l'histoire universelle, autoris?e d'en haut. Qui donc sera plus sage que le victorieux roi de France? D'Amphitryon surgit un rire inextinguible. Cette glorieuse apoth?ose du cocuage par un cocu de g?nie qui s'ex?cutait noblement, convertit tout le monde. Chacun sentit, go?ta la moralit? de la pi?ce: Tout est divin, venant des dieux.

Ici c'est le contraire des romans de chevalerie, o? l'inf?rieur, le pauvre, le vassal, est favoris? de la dame. Le myst?re est plus simple. L'amant, c'est le ma?tre, le roi, celui de qui l'on attend tout, celui chez qui l'on mange. Comment r?sister ? cela? Vivonne, fr?re de la Montespan, montrant ses joues ros?es, rendait hommage ? la cuisine royale. Et, pour la grasse Alcm?ne, le secret de son coeur fut le mot de Moli?re: <>

Tout cela est fort gai, et le semblerait davantage s'il ne s'y m?lait point de larmes. Mais la farce n'amuse gu?re si elle n'en est assaisonn?e. La Montespan e?t ennuy? bien vite si elle n'e?t poss?d? la Valli?re, n'e?t eu ? piquer le souffre-douleur. Elle le sent si bien, qu'elle ne permet pas que ce jouet ?chappe; elle la garde, elle s'en sert, la prend pour femme de chambre, se fait coiffer par elle. Bien plus, ils l'avilissent, ne la comptant pas plus qu'un petit chien que le roi lui jette un jour avec ris?e.

Une autre chose qui amusait la cour, c'?taient les cris, les plaintes de M. de Montespan. Mais il passa toute mesure en allant faire vacarme chez madame de Montausier, malade, et qui mourut bient?t. Le roi, alors, fit une chose nouvelle en France, qui jamais ne se vit, ni avant ni apr?s. Lui-m?me, de sa main, ?crivit le divorce de M. et de madame Montespan, envoya cet acte bizarre au Ch?telet.

Il ne s'en tint pas l?. Il en tira une honteuse vengeance, le fl?trit de l'argent qu'il le for?a de prendre; il lui paya sa femme, le chassa de Paris avec cent mille ?cus.

Partout m?me spectacle. Du plus haut au plus bas, chacun avilit bravement le faible et l'inf?rieur, qui avale ses larmes, t?che de rire, et fl?trit ? son tour quelqu'un plus bas encore, qui ne se vengera pas. Cascade et cataracte de honte qui va de classe en classe, de la cour ? la ville, de la ville ? la France, de la France aux nations.

CHAPITRE X

MORT DE MADAME

Dans l'?t? de 1667, elle fit une fausse couche, et re?ut en m?me temps deux tr?s-sensibles coups. Le roi qui vint de Flandre la voir, la consoler, avait pris justement ? ce moment une ma?tresse, et la plus odieuse, la m?chante, la moqueuse, la Montespan. D?s l'hiver, elle remplit tout de sa grosse personnalit?. En m?me temps, Monsieur, subjugu? et d?cid?ment femme, eut un ami en titre, le chevalier de Lorraine, son cavalier qui lui donnait le bras et le menait au bal, en jupe, minaudant et fard?.

D?sormais, c'est une autre cour. Et nous sommes tomb?s d'un degr?. La m?diocrit? du roi, sa mat?rialit? pesante apparaissent sans rem?de dans l'objet de son choix. Le scandale du double adult?re s'affiche hardiment, effac? par la honte d'un fr?re avili.

Avec ces moeurs grossi?res, le charme doux et fin de Madame n'avait plus gu?re chance d'agir. ? vingt-deux ans d?j?, elle dut chercher l'influence par des moyens plus s?rieux. Elle avait confiance dans un certain Gascon, Cosnac, son aum?nier, ?v?que de Valence, qui br?lait d'avoir le chapeau, et, pour cela, travaillait de son mieux ? la rendre ambitieuse. C'?tait un homme laid, ? mine basse, de beaucoup d'esprit, de vigueur peu commune. Il lui fit entendre que peut-?tre il y avait encore moyen de relever Monsieur, de le tirer du bourbier. Les deux ?poux, se rapprochant et s'appuyant de Charles II, auraient plus de poids sur le roi. Pour cela, il fallait affermir Monsieur, et le rendre un peu homme, le produire et le faire valoir. Madame entra dans cette id?e. ? l'entr?e de la guerre de Flandre, elle ?crivit ? Charles II pour qu'il obt?nt du roi que Monsieur command?t l'arm?e.

Je n'ai rien vu de plus comique que ce tableau de Monsieur allant en guerre ? la remorque du pr?tre qui le tra?ne. Cosnac ne se m?nage pas; il va ? la tranch?e pour que Monsieur y aille. Mais Monsieur dit qu'il n'est pas confess?... ? cela ne tienne! on l'absout, on le pousse en avant.

Vaines esp?rances des hommes! Un matin descend chez Monsieur son chevalier de Lorraine. Monsieur redevient femme. Cosnac n'en peut plus tirer rien. Il reste dans sa tente ? se parer, farder, en quatre miroirs.

Trois fois par jour, il va admirer le bel ami ? la t?te des troupes. Pour comble, celui-ci est bless?. C'est une ?gratignure, n'importe. Monsieur en perd l'esprit. De retour ? Villers-Cotterets, ne pouvant parler d'autre chose, il se confie, ? qui? ? Madame, lui explique les qualit?s du chevalier, la fait juge d'un si grand m?rite.

Il n'y eut jamais chose plus ?trange. Sans honte ni respect humain, le chevalier s'?tablit au Palais-Royal, ordonna, r?gla tout. Il transforma Monsieur, et le rendit tr?s-violent. Lui-m?me, depuis trois ou quatre ans, il ?tait quasi mari? avec une fille d'honneur de Madame. Mais il rompit avec ?clat, et la fit chasser par Monsieur, qui ne daigna pas m?me en parler ? sa femme. Monsieur lui enleva encore son aum?nier Cosnac, et le fit exiler. Ces coups d'?tat montr?rent ce que pouvait le chevalier, terrifi?rent le palais, et Madame fut abandonn?e, m?me de ses serviteurs personnels. Son ?cuyer, son capitaine des gardes, son ma?tre d'h?tel, devinrent les agents d?vou?s du favori, et elle n'eut plus en eux que des espions.

Cette histoire d'H?liogabale en plein christianisme et dans ce si?cle lumineux, comment s'arrangeait-elle avec le confessionnal? Le roi communiait aux grandes f?tes devant la foule, et aurait trouv? fort mauvais que Monsieur s'abst?nt, ou Madame. Son confesseur, ? elle, ?tait un moine, un rustre, un capucin, qui ne la g?nait gu?re, et dont la belle barbe figurait bien dans un carrosse pour imposer au peuple .

Celui-ci lui ?crit , le 8 juillet 1668, que, <> En ao?t, il dit ? notre ambassadeur: <>

Il avait, m?me avant, encore en pleine guerre, puis en entrant dans la Triple alliance, ?crit au roi qu'il ?tait entra?n?, agissait malgr? lui. En r?alit?, tout le menait vers la France, et son besoin d'argent, et l'ennui de son parlement, son caract?re m?me, son enfance et ses souvenirs. Sa m?re voulait le refaire catholique, et de bonne heure, on y employa la petite soeur. Celle-ci ?tait pouss?e encore de ce c?t? par Cosnac, son vaillant ?v?que, qui se voyait d?j?, bott?, le chapeau rouge en t?te, descendre en Angleterre ? la t?te d'une arm?e fran?aise.

Mais il aurait fallu que la premi?re conqu?te f?t l'Angleterre elle-m?me. Il en e?t co?t? des torrents de sang. Voil? ce que Madame, avec sa douceur, sa bont?, ne voyait pas sans doute quand elle s'engagea si loin dans les funestes voies de sa grand'm?re Marie Stuart. Elle n'en avait nullement la violence, mais quelque peu l'esprit d'intrigue romanesque, et ce plaisir de femme d'avoir en main un ?cheveau brouill? pour en tirer le fil.

Donc, ce bonhomme ?tudie ? Paris, et son ancien lieutenant, le duc d'York, ?tudie de son c?t? ? Londres. Heureux coup de la Gr?ce! Tous deux sont ?clair?s, convertis. L'effet fut immense. Turenne ?tait si froid, si sage, si pesamment judicieux, que sa conversion sembla un arr?t du bon sens. En France, on dit partout que personne n'oserait rester protestant, sans se couvrir de ridicule. En Angleterre, York et ses J?suites convertisseurs centralisent le parti papiste. Et Charles II est entra?n? si vite, que, devant ses ministres, il pleure de ne pas ?tre encore catholique. Le seul, dans ce conseil, qui r?sist?t encore, quoique secr?tement papiste, Arlington, dut c?der, et il ?crivit ? Madame qu'il lui appartenait, et ne lutterait plus contre elle. Il fut d?cid? qu'on demanderait l'appui du roi de France .

Le vrai roi du moment ?tait le commis de la guerre, cette rouge figure de Louvois, qui, occupant le roi de choses ? sa port?e, des d?tails du mat?riel, le menait comme il voulait. Il ne m?nageait rien, ni Cond?, ni Turenne. Il ne tenait pas compte de Madame, si n?cessaire! Il avait adopt? le chevalier de Lorraine. De sorte que ce petit gar?on, autre Louvois dans le Palais-Royal, t?te haute, ne voyait plus personne, ne saluait plus, ne connaissait plus la ma?tresse de la maison.

Madame avait pourtant ses lettres chez Cosnac, qui, quoique fort malade, secr?tement revient, les lui rend. Louvois le sait, l'arr?te, ne lui trouve plus rien, et il en est si furieux qu'en le renvoyant ? Valence il lui fit faire cent lieues sans respirer pour qu'il en mour?t en chemin. Le roi aussi ?tait fort irrit? de ce retour de l'exil?. Madame agit finement. Sans agir elle-m?me ni se servir des lettres, elle fit savoir ici que l'?tourdi avait le secret de l'?tat, jasait et bavardait. Louvois l'abandonna et le roi le fit arr?ter. ? ce moment, il ?tait dans la chambre m?me de Monsieur. On ne respecta pas ce sanctuaire. Tir? des bras de son ma?tre ?plor?, on le mena au ch?teau d'If, prison tr?s-dure des criminels d'?tat.

Monsieur donna la com?die ? tout le monde. Pleurant et sanglotant comme Orph?e pour son Eurydice aux for?ts de la Thrace, il s'en alla en plein hiver dans les bois de Villers-Cotterets. Madame en eut piti?. Elle n'attendait pas un ch?timent si rigoureux. Elle le fit all?ger, obtint qu'il p?t envoyer de l'argent au cher ami, adoucir et ouater sa cage.

C'est la triste, honteuse, d?plorable n?gociation que le roi imposa ? Madame. Elle lui avait toujours ob?i , et elle lui ob?it encore en ce point, rendant son fr?re deux fois tra?tre par l'abandon de la condition derni?re qui att?nuait sa trahison.

D?s longtemps son fr?re l'avait demand?e. En mai 1670, le roi arrangea ce voyage. Sous pr?texte de visiter ses conqu?tes de Flandre, il emmena la cour ? Lille. Madame dit qu'elle voulait passer ? Douvres et voir son fr?re. Monsieur, qui e?t voulu ?tre de la partie, fut retenu, en accusa Madame. Un jour, en ce voyage, la voyant alit?e, il s'?chappa, dit un mot mena?ant: <>

Madame endura tout. Elle esp?rait que son fr?re lui obtiendrait du pape la cassation de son mariage. Elle serait rest?e pr?s de lui, vraie reine d'Angleterre, et le gouvernant par les femmes. On se ligua contre elle; il lui fallut revenir ici.

Elle y trouva deux choses, non-seulement Monsieur exasp?r?, envenim?, mais, ce qu'elle n'e?t pas attendu, le roi tr?s-froid. Il avait d'elle ce qu'il voulait avoir. Il n'alla pas au-devant d'elle, comme on l'avait pens?. La cabale en fut enhardie.

Add to tbrJar First Page Next Page

Back to top Use Dark Theme