|
Read Ebook: Thury Zoltán összes művei (2. kötet) Emberhalál és egyéb elbeszélések by Thury Zolt N
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 178 lines and 27189 words, and 4 pagesAu milieu de la chambre suivante perchaient vingt oiseaux de proie. Dans l'autre encore vingt beaux destriers. < Mess. Gauvain avance le heaume lac?, l'?p?e nue. Il pr?te l'oreille et n'entend rien. Il avance encore, et dans les angles de la chambre vo?t?e et carr?e, il aper?oit dix lits occup?s par autant de chevaliers arm?s, les ?cus sur la poitrine, les heaumes pos?s sur le chevet. Il marche avec pr?caution; aucun ne se r?veille. Il ?teint un grand cierge, gagne l'autre porte et la ferme apr?s lui. Au milieu de cette seconde chambre ?tait un lit magnifique, et sous la couverture d'hermine reposait une jeune fille dont la beaut? ?tait facile ? reconna?tre, gr?ce ? quatre cierges allum?s dans la salle. Il les ?teint, ?te son heaume, abat sa ventaille, d?tache son ?p?e et vient au lit. Ses baisers r?veillent la demoiselle qui d'abord se plaint comme femme dont on vient ? troubler le sommeil; puis en ouvrant les yeux: < Or la partie de la maison r?serv?e ? la demoiselle et aux chevaliers qui la gardaient donnait sur une cour, en face des chambres du roi de Norgalles. Le malheur voulut que Tradelinan eut besoin de se lever: en revenant, il ouvre la fen?tre, et comme les cierges ?taient allum?s, il voit ? n'en pas douter les bras de la jeune fille pass?s autour du cou d'un chevalier. < Les chambellans munis du mail et de l'?p?e, entrent dans la chambre de la pucelle, par la porte oppos?e ? celle des chevaliers. Ils restent un instant en admiration de la beaut? de l'amoureux couple: puis le premier avance la lame de l'?p?e, l'autre recule d'un pas pour mieux frapper de long. Mais mess. Gauvain, dont le bras ?tait hors de la couverture, sent le froid de l'acier; il s'?veille, il rel?ve le bras et d?tourne par ce mouvement la lame, et le mail frappe de telle force sur le pommeau de l'?p?e que la pointe, qui venait de remonter et changer la vis?e, va se ficher dans le mur o? elle p?n?tre d'un demi-pied. Mess. Gauvain en ouvrant les yeux voit devant lui un homme arm?: il s'?lance du lit, arrache l'?p?e de la paroi murale, et perce d'outre en outre celui qui l'avait tenue. L'autre chambellan gagnait la porte; mais il est devanc?; mess. Gauvain d'un coup d'?p?e lui met ? jour la cervelle. Cela fait, il soul?ve et rapproche les deux corps, puis les pousse hors de la chambre. Au bruit de leur chute, le roi, la reine arrivent et crient alarme: les chevaliers de l'autre chambre se r?veillent. < Nous ?pargnerons au lecteur le r?cit assez compliqu? des luttes que mess. Gauvain eut ? soutenir. Il suffira de dire qu'il eut grand'peine ? triompher non-seulement des vingt chevaliers de garde, mais de tous ceux qui se trouvaient dans les chambres du roi et dans le verger qu'il lui fallut traverser de nouveau. Heureusement Sagremor par sa prouesse, la demoiselle par ses ruses, le second?rent ? merveille. Un des chevaliers du roi, plus hardi que les autres, avait arr?t? Sagremor comme il rentrait dans le verger. Apr?s un long combat, il demanda et obtint merci, ? condition de les aider ? regagner la planche sur laquelle ils avaient pass? dans le verger. Ce chevalier les conduisit, et en prenant cong? il obtint de Sagremor la permission d'?tre ? jamais son chevalier. La ni?ce de Manass?s qui les avait amen?s semblait craindre de rester apr?s eux: < Sagremor, son nouvel ami, offrit de l'accompagner jusqu'au ch?teau d'Agravain. Elle y consentit, et chargea un valet qui l'avait suivie de conduire mess. Gauvain jusqu'? l'entr?e du Sorelois, o? nous saurons comment il arriva, apr?s avoir appris ce que devient un autre de nos amis, le bon Hector des Mares. Nous avons vu le ch?telain des Mares retenir le chevalier auquel un de ses fils avait d? la vie et l'autre la mort. Hector n'eut pas ? subir longtemps cette prison courtoise. Une cousine de Lidonas, sur le r?cit qu'on lui avait fait de ses prouesses, vint un jour prier son oncle de le lui c?der. < <<--Demoiselle, dit Hector, le chevalier que je devrai combattre est-il au roi Artus?--Non, il est au roi Tradelinan de Norgalles.--Il suffit: je consens ? vous appartenir.>> < Ces r?cits ajoutaient ? l'impatience qu'Hector avait de juger par lui-m?me de tant de beaut? et de tant de prouesse. Ils arriv?rent au ch?teau de Garonhilde, r?sidence de Perside. La dame ?tait dans le donjon; ils en montent les degr?s et s'arr?tent ? la porte de la chambre d'H?l?ne. < Un chevalier arrive et demande ? Hector s'il a bien l'intention de soutenir, les armes ? la main, la supr?me beaut? d'H?l?ne. < Hector aussit?t relace son heaume et descend au pied de la tour o? son cheval l'attendait. Perside, en l'apercevant, lui demande s'il veut toujours soutenir qu'H?l?ne soit plus belle que son ?poux n'est vaillant. < Alors ils s'entr'?loignent, puis reviennent de toute la force de leurs chevaux. Perside rompt sa lance; Hector de la sienne le porte ? terre. < Perside releva le pan de son haubert et prit une clef qu'il tendit ? l'heureux lib?rateur d'H?l?ne. Hector ?ta son heaume avant d'aller ouvrir la porte de la ge?le: < Hector passa la nuit au ch?teau de Garonhilde, et l'on devine la joie que montr?rent la soeur d'H?l?ne sans pair et les gens de la maison. Perside lui-m?me n'?tait pas f?ch? de se voir affranchi du serment indiscret qui l'emp?chait de t?moigner ? la belle H?l?ne l'amour qu'il n'avait pas cess? de lui porter. Le lendemain au point du jour, Hector entendit la messe, rev?tit ses armes et prit cong?. Perside lui pr?senta son meilleur coursier, il fut convoy? jusqu'au carrefour voisin. La soeur de Perside lui demandant alors quel chemin il voulait prendre: < Ici le conte lui laisse continuer sa qu?te, pour revenir au jeune Lionel qui s'en allait porter ? la cour d'Artus le message de Lancelot et de Galehaut. Le roi Artus ?tait dans la grande cit? de Londres quand y arriva Lionel. Le varlet vit d'abord la dame de Malehaut qui le conduisit dans la chambre de la reine. Grande fut la joie des deux dames en apprenant qu'il venait du Sorelois. < Les deux dames, apr?s s'?tre conseill?es, croyaient avoir trouv? le moyen de contenter leurs amis, quand arriva la nouvelle de l'entr?e des Saisnes et des Irois en ?cosse. Ils avaient d?j? mis le si?ge devant le ch?teau d'Arestuel. Le roi Artus avait aussit?t mand? aux barons de se rendre ? Carduel. Il voulait r?clamer le secours de Galehaut; mais la reine lui persuada d'attendre que le besoin en f?t plus pressant. Cependant, elle donnait cong? ? Lionel en lui recommandant de dire ? Lancelot que son intention ?tait de suivre le roi en ?cosse: il aurait donc soin d'y venir avec son ami, mais sous des armes d?guis?es. Elle chargea encore Lionel de lui remettre une bande de soie vermeille qu'il pourrait attacher ? son heaume, et une bande blanche oblique dont il chargerait le champ noir de l'?cu qu'il avait port? ? la derni?re assembl?e. ? ces dons elle joignit encore le fermaillet de son cou, l'annelet de son doigt, un riche peigne dont les dents ?taient garnies de ses cheveux, enfin son aum?ni?re et sa ceinture. Nous passerons rapidement sur l'entr?e de mess. Gauvain et du gentil Hector dans le pays de Sorelois. Mess. Gauvain triomphe des nombreux obstacles qui en d?fendaient l'entr?e: apr?s avoir abattu le chevalier charg? de l'arr?ter sur le pont qu'il lui fallait passer, il voit inscrire son nom pr?s de ceux qui avaient avant lui mis ? fin les m?mes ?preuves. C'?tait le roi Ydier de Cornouailles, le roi Artus de Logres, Dodinel le Sauvage et Melian du Lis. Quand Hector arrive pour lutter contre le dernier occupant du pont , il allait peut-?tre garder l'avantage sur le neveu d'Artus, si celui-ci ne se f?t avis? de lui demander son nom et l'objet de sa qu?te. Alors ce fut ? qui des deux persisterait ? s'avouer vaincu, ? refuser l'honneur que l'autre voulait lui d?cerner. Mais il leur fallait respecter la coutume et attendre que de nouveaux chevaliers vinssent tenter de passer le pont qu'ils auraient d?fendu. Heureusement Galehaut envoya un de ses hommes pour occuper la place. Une demoiselle leur apprit que le prince des Lointaines-?les ?tait avec son ami dans un manoir ?cart? de l'?le-Perdue. Pour y arriver, il leur fallut livrer de nouveaux combats; d'abord contre deux chevaliers de Galehaut, puis contre le Roi des cent chevaliers et Lancelot lui-m?me. Lionel arriva justement de la cour de Logres pour interrompre ces luttes aveugles et faire embrasser messire Gauvain et Lancelot. Puis, la demoiselle amie d'Agravain sachant que mess. Gauvain devait se trouver dans le Sorelois, vint lui rappeler que son fr?re avait besoin du sang du meilleur des chevaliers. Messire Gauvain ne l'avait pas oubli?. Il tira d'abord ? part Galehaut et Lancelot, pour leur demander s'il ne leur conviendrait pas de se rendre ? l'ost du roi. C'?tait leur intention; mais, pour r?pondre au d?sir de la reine, ils lui d?clar?rent qu'ils tenaient ? n'y para?tre que sous armes d?guis?es. < Lancelot n'avait jamais eu besoin qu'on lui tir?t du sang; mais il ne voulait rien refuser ? mess. Gauvain. Il se laissa donc ouvrir les veines, et la demoiselle recueillit le sang et se h?ta de le rapporter ? son amie. D?s qu'Agravain en fut l?g?rement arros?, il sentit ?teindre l'ardeur de ses plaies; son bras reprit sa premi?re vigueur, comme auparavant le sang de mess. Gauvain l'avait rendue ? sa jambe malade. Sur la fin de la semaine, ils quitt?rent le Sorelois et ils approchaient des marches d'?cosse, quand une demoiselle parut et leur vint demander s'ils tenaient ? savoir o? campait l'ost du roi Artus?--< On doit se souvenir que mess. Gauvain et les vingt compagnons de sa qu?te s'?taient tous engag?s ? retourner, si le roi venait ? r?clamer leur service, avant l'heureux succ?s de leur recherche; mais ils devaient, dans ce cas, repara?tre sous des armes d?guis?es. Or Lancelot voulant de son c?t? demeurer inconnu, mess. Gauvain ne pouvait encore annoncer le succ?s de sa qu?te et par cons?quent repara?tre devant le roi Artus. Il fut donc convenu que tout en apprenant ? ses compagnons qu'il avait trouv? Lancelot, il leur ferait comprendre que le moment n'?tait pas arriv? de le d?clarer. Il les retrouva sous des tentes s?par?es de celles du camp. Sagremor seul n'avait pas reparu, retenu plus longtemps qu'il n'e?t voulu par sa nouvelle amie. Mess. Gauvain fit dresser sa tente et celle de son jeune ami Hector assez pr?s des compagnons de la qu?te. < Galehaut et Lancelot partag?rent la tente de mess. Gauvain. Elle ?tait plac?e entre la ville d'Arestuel et le camp du roi. Avec nos chevaliers ?taient dix vaillants ?cuyers, sans compter le gentil Lionel. Ils avaient repos? une nuit quand le Roi, impatient de combattre sous les yeux de la belle Camille, donna le signal de monter, passa le gu? et alla attaquer les Saisnes jusque dans leur camp. Hector, messire Gauvain et ses dix-neuf compagnons form?rent avec leurs nombreux sergents une forte ?chelle qui rejoignit les Bretons quand d?j? l'action ?tait engag?e et que les Saisnes, revenus d'un premier effroi, avaient repris l'avantage sur leurs moins nombreux assaillants. Galehaut et Lancelot apprirent encore plus tard, que les Bretons et les Saisnes ?taient aux prises: ils s'arm?rent, Galehaut des armes du Roi des cent chevaliers, Lancelot de ses armes ordinaires, sauf la bande blanche ? travers le champ noir de l'?cu, et le pennon flottant sur le heaume. Pour la premi?re fois ?tait port? ce signe de reconnaissance. Ils arrivent sous la tour o? la reine Geni?vre se trouvait avec la dame de Malehaut; et quand, en levant les yeux vers les cr?neaux, ils reconnurent leurs dames, Lancelot eut grande peine ? se maintenir en selle. Lionel les accompagnait avec le chapeau et le haubergeon des sergents: la reine le fit appeler par une de ses demoiselles; il descendit de cheval, posa les lances dont ses bras ?taient charg?s contre le mur de la tour et il monta les premiers degr?s. Geni?vre, de son c?t?, descendit vers lui. < Pour bien comprendre les incidents de la journ?e, il ne faut pas oublier qu'un cours d'eau s?pare les Bretons de leurs ennemis. Sur la rive occup?e par les Bretons est la tour de la reine; sur l'autre rive la Roche aux Saisnes, et plus loin le camp des pa?ens. Ceux-ci, pris ? l'improviste, avaient ?t? d'abord assez maltrait?s; mais une fois arm?s, comme ils ?taient deux fois plus nombreux, ils allaient contraindre les Bretons ? repasser la rivi?re, quand mess. Gauvain et ses dix-neuf compagnons, suivis de pr?s par Lancelot et Galehaut, arrivent ?-propos et repoussent les Saisnes jusqu'aux premi?res lices de leur camp. Lionel cependant, ?tonn? de ne pas voir Lancelot r?pondre aux voeux de sa dame, se jette au frein de son cheval et lui r?p?te que la reine d?sire vivement que la bataille ait lieu devant la tour. Voil? Lancelot tout ?perdu: < Galehaut applaudit au plan de son ami, mais mess. Gauvain h?sitait: < Jamais Lancelot n'avait tant frapp? ni re?u tant de horions: son ?cu ?tait trou?, son heaume bossel? et fendu, le cercle s'en ?tait d?tach?. La reine, qui ne le perdait pas de vue, appelle une de ses demoiselles, et lui met entre les mains un riche heaume appartenant au roi Artus. < Mais l'approche de la nuit contraignit enfin les Bretons victorieux ? cesser la poursuite. Il fut convenu que mess. Gauvain resterait pour prot?ger le retour, pendant que Lancelot et Galehaut reviendraient jusqu'? la tour de la reine. Geni?vre descendit et tous, ? l'envi la salu?rent. Les bras de Lancelot ?taient ensanglant?s jusqu'aux ?paules: < Le roi n'?tait pas revenu de la chasse aux Saisnes en m?me temps que mess. Gauvain. Il s'?tait arr?t? de l'autre c?t? de la rivi?re, dans l'esp?rance d'apercevoir au moins la dangereuse Camille. Elle parut en effet ? sa fen?tre et lui fit signe qu'elle voulait descendre et parler ? lui. Quand elle fut ? la porte du ch?teau, < Le roi rejoignit ses chevaliers; ils ne furent aucunement surpris de le voir rayonnant de joie. Il envoya aussit?t vers la reine, pour lui annoncer qu'il ?tait revenu sain et sauf de la chasse, et qu'il avait l'intention de passer la nuit au camp. Il l'engageait de son c?t? ? faire belle ch?re. La reine avait averti, comme on a vu, Lionel de venir lui parler; il arriva et elle le chargea de dire aux deux grands amis de se rendre le soir dans la tour et d'entrer dans le jardin par une porte secr?te. < Lionel remplit fid?lement le message: vous devinez la joie et le doux espoir de Lancelot. Artus ne se promettait pas moindre fortune aux m?mes heures. Quand les chambellans furent endormis, il r?veilla son neveu Gaheriet, auquel il avait confi? le secret de son amoureux aveuglement. Le valet de Camille les attendait ? la premi?re entr?e et les conduisit du verger, dans la premi?re salle o? la belle Camille les re?ut d'un visage riant. Elle aida m?me ? d?sarmer le roi; Gaheriet fut conduit ? la couche d'une belle et jeune fille, et Camille passa avec le roi dans une autre chambre o? elle n'eut rien ? lui refuser. Il s'endormit dans les bras de sa trompeuse ma?tresse: mais bient?t un grand bruit le r?veille; quarante chevaliers frappent ? la porte et paraissent. Le roi se l?ve et court ? son ?p?e, avant m?me d'avoir pass? ses braies. Les chevaliers l'entourent, l'avertissent que la d?fense ne lui servira de rien et qu'il est leur prisonnier. Ils lui arrachent des mains sa bonne ?p?e, et le saisissent pendant que d'autres vont prendre Gaheriet. Puis on les enferme dans une chartre dont la porte ?tait ferr?e. Comme cela se passait ? la Roche aux Saisnes, Lancelot et Galehaut, apr?s avoir doucement quitt? leur couche, s'?taient arm?s et, sous la conduite de Lionel, avaient gagn? l'entr?e du jardin. La reine avait su trouver une raison pour ?loigner de ses chambres toutes ses dames: elle vint elle-m?me avec la dame de Malehaut ouvrir la porte secr?te, et les deux chevaliers ayant d?pos? leurs armes et attach? leurs chevaux dans un endroit couvert, les suivirent dans l'une et l'autre chambre. Douce fut pour eux la nuit, la premi?re o? leur ?taient donn?es toutes les joies r?serv?es aux plus tendres amoureux. Avant le retour du jour, il prit envie ? la reine d'aller, sans lumi?re, toucher l'?cu fendu que la Dame du lac lui avait envoy?. Les deux parties en ?taient rejointes, comme si elles n'eussent jamais ?t? s?par?es. Ainsi reconnut-elle que de toutes les femmes elle ?tait la plus aim?e. Elle courut aussit?t r?veiller la dame de Malehaut pour lui montrer la merveille. La dame en riant prit Lancelot par le menton, non sans le faire rougir en se faisant reconna?tre pour celle qui l'avait si longtemps retenu dans sa ge?le: < Et cependant, Camille la magicienne faisait pendre aux cr?neaux de la Roche les ?cus du roi Artus et de Gaheriet. Ce fut un grand sujet d'?tonnement et de douleur quand les Bretons les aper?urent. Ils ne devinaient pas comment les Saisnes avaient fait une telle capture; seulement ils supposaient qu'on les avait entour?s comme ils allaient reconna?tre le camp ennemi. D?s que la reine aper?ut ces douloureux troph?es, elle manda mess. Gauvain et Lancelot. Lancelot et mess. Gauvain allaient se rendre pr?s de la dolente reine, quand entra dans leur tente la demoiselle qui leur avait, quelques jours auparavant, indiqu? la place o? les Bretons avaient ?tabli leur camp. Nos chevaliers ne soup?onnaient pas en elle une ?missaire de la perfide Camille: elle venait les sommer de tenir la promesse qu'ils lui avaient faite. < Elle les quitte et laisse ouverte la poterne qu'elle avait su d?fermer. Nos quatre chevaliers demeurent en aguet, et bient?t Lancelot entend la pucelle crier: < l'aide! ? l'aide!>>. Il s'?lance dans le courtil et voit ? peu de distance vingt fer-arm?s qui attaquent deux chevaliers couverts des armes du roi Artus et de Gaheriet. Il broche vers eux; mais ceux qu'il venait d?fendre le saisissent et le font tomber de cheval. Les autres se jettent sur lui, lui prennent son ?p?e et lui crient de se rendre s'il tient ? la vie. < Les trois autres compagnons commen?aient ? perdre patience. Enfin Galehaut croit apercevoir un chevalier rev?tu des armes qu'on venait de prendre ? Lancelot, et qui semblait demander aide. Galehaut s'?lance; mais il est assailli comme Lancelot par vingt gloutons qui l'abattent, le lient et le jettent en prison. Le m?me pi?ge attendait Hector et messire Gauvain. D?sarm?s ? leur tour, ils sont li?s et conduits dans une grande ge?le o? ils eurent tout le temps de maudire la messag?re de la perfide magicienne. Cependant la reine attendait Lancelot et mess. Gauvain. Quelle ne fut pas sa douleur, son d?sespoir en apprenant de Lionel qu'une pucelle les avait emmen?s et sans doute trahis, puisqu'ils n'?taient pas revenus. Le lendemain, elle vit, ainsi que tous les Bretons de l'ost, les ?cus des quatre chevaliers suspendus aux murs de la Roche et r?unis ? ceux du roi Artus et de Gaheriet. Pour comble de disgr?ce, les Saisnes devaient, ce jour-l? m?me, tenter l'attaque du camp; et c'?tait pour leur donner plus de chances de succ?s que Camille avait attir? dans la Roche les plus redoutables champions de l'arm?e oppos?e. La reine manda sur-le-champ messire Yvain de Galles qui dut, avant d'aller vers elle, prendre l'avis des chevaliers revenus avec lui de la qu?te de Lancelot. Elle le re?ut en pleurant, au bas de la tour: < Les Saisnes sortirent de leur camp en bon ordre, remplis de confiance dans le succ?s de la journ?e. Mess. Yvain disposa et r?gla la d?fense, en cela merveilleusement second? par le roi Ydier de Cornouailles. Celui-ci pour la premi?re fois parut mont? sur un cheval bard? de fer, et non, comme c'?tait jusqu'alors l'usage, de cuir vermeil ou de drap. On fut d'abord tent? de le bl?mer, on finit en l'imitant par montrer qu'on l'approuvait. Il fit encore une autre chose nouvelle, ce fut d'arborer une banni?re de ses armes, en jurant d'avancer toujours au del? de toutes les autres banni?res, et de ne pas reculer d'un pas. Elle ?tait blanche ? grandes raies vermeilles, le champ de cordouan, les raies en ?carlate d'Angleterre; car en ce temps-l?, les banni?res n'?taient pas de cendal, mais de cuir ou de drap. Jamais les compagnons de la Table-Ronde ne firent mieux en l'absence du roi Artus: aucune ?chelle ennemie ne put arr?ter le preux Ydier: de toute la journ?e il ne d?la?a pas son heaume, et jusqu'? la fin il tint le serment de pousser en avant, tant qu'il y aurait des pa?ens ? frapper. < Dans cette journ?e, les Saisnes et les Irois avaient perdu tant de leurs meilleurs chevaliers qu'ils n'os?rent de longtemps renouveler leurs attaques. Les Bretons transport?rent leur camp de l'autre c?t? du fleuve, et cern?rent la Roche d'aussi pr?s que pouvait le permettre la pluie de fl?ches et de carreaux que les assi?g?s ne cessaient d'entretenir, du haut de leurs cr?neaux et de leurs murs. Plusieurs semaines pass?rent: mais pour le grand coeur de Lancelot, l'?preuve ?tait trop rude. Il se voyait pour la premi?re fois victime d'une odieuse trahison; d?sarm?, enferm?: il pensait au message de Lionel, aux souffrances de la reine en ne le voyant pas arriver. Avait-elle pu savoir qu'il e?t suivi une demoiselle inconnue, pour partager avec mess. Gauvain, Hector et Galehaut, la prison de l'artificieuse Camille. Ces tristes pens?es ne tard?rent pas ? ?branler sa sant?. Il cessa de manger, il devint sourd ? la voix de mess. Gauvain et de Galehaut lui-m?me. Peu ? peu le vide se fit dans sa t?te; il sentit un trouble ?trange; ses yeux grandirent et s'allum?rent. Il devint un objet d'?pouvante pour ses compagnons de captivit?. Le ge?lier le voyant hors de sens ouvrit une autre chambre et l'y enferma. Galehaut e?t bien voulu ne le pas quitter, au risque d'avoir ? se d?fendre de sa fureur insens?e. < La nouvelle de la fr?n?sie de Lancelot arriva bient?t aux oreilles de la trompeuse enchanteresse. Elle demanda si le malheureux chevalier pouvait ?tre mis ? ran?on. < La sortie du ch?teau de la Roche donnait pr?cis?ment sur la tour du roi Artus. Sur la porte, Camille avait jet? un charme: les gens du ch?teau pouvaient seuls l'ouvrir et la fermer; elle r?sistait ? tous les efforts de ceux qui auraient du dehors essay? de la rompre; et quand les Saisnes y ?taient rentr?s, ils n'avaient plus rien ? craindre de ceux qui les poursuivaient. Lancelot, au sortir de la Roche, arriva au milieu des tentes et commen?a par les renverser ?? et l?. Puis il se jeta sur les Bretons, qui ne le connaissaient pas, ne l'ayant vu que couvert de ses armes, au passage du Gu?. Tous s'enfuirent effray?s: il arrive devant le logis du roi; la reine ?tait aux fen?tres. Elle regarde, entend crier: Au fou! et reconna?t dans ce fou Lancelot. Ses genoux fl?chissent, elle tombe sans mouvement. Quand elle revient de p?moison:--< Les jours, les mois passent sans produire le moindre changement dans la forcenerie de Lancelot et dans les douleurs de la reine. Un jour il arriva que les Saisnes firent une sortie contre les Bretons. Lancelot, pour la premi?re fois depuis dix jours, dormait. La reine attir?e par les cris d'alarme vient aux fen?tres, et voit les deux partis pr?ts ? fondre l'un contre l'autre. De sa chambre, la dame de Malehaut l'entend sangloter: elle vient ? elle: < La dame du lac en prenant cong? laissait la reine Geni?vre plus joyeuse qu'elle n'avait ?t? depuis longtemps; gr?ce ? l'espoir de la gu?rison de Lancelot. Elle s'approcha de lui, en prenant garde de ne pas h?ter le moment de son r?veil. Lancelot ouvrit enfin les yeux, en exhalant une faible plainte.--< Voil? donc Lancelot revenu en parfaite sant?: toutes les joies que l'amour peut donner, il les ressent; il les partage avec la reine qui ne se lasse pas de le contempler et de lui t?moigner sa vive tendresse. Que serait pour elle la vie, si elle n'en partageait avec lui toutes les douceurs? Elle a pourtant un regret, une inqui?tude: c'est de le savoir trop vaillant, trop intr?pide: elle ne pourra l'emp?cher de courir au-devant de tous les dangers, et d'exposer constamment une vie dont d?pend la sienne. Mais quoi! sans cette incomparable prouesse, pourrait-elle se pardonner l'amour qu'elle lui a vou?, comme au plus loyal, au plus parfait des chevaliers? Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
Terms of Use Stock Market News! © gutenberg.org.in2025 All Rights reserved.