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Munafa ebook

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Read Ebook: Les réprouvés et les élus (t.2) by Souvestre Mile

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Ebook has 3215 lines and 111580 words, and 65 pages

En quittant Marc pour se rendre chez la baronne de Luxeuil, le duc avait promis de faire conna?tre au gar?on de bureau, avant le soir, le r?sultat de sa d?marche; mais le jour s'?coula sans qu'il repar?t. L'attente et l'inqui?tude redoubl?rent la fi?vre du bless?. Vers le soir ses id?es commenc?rent ? se troubler; il prenait l'infirmier tant?t pour le duc, tant?t pour Arthur de Luxeuil, et lui adressait mille questions sans suite sur le mariage, sur les cr?anciers, sur Clotilde.

Fran?oise vint le soir; il ne la reconnut pas, et l'interne, qui veillait au service de la salle, d?clara ? la jeune fille que son ?tat laissait peu d'espoir.

Celle-ci retourna ? la rue des Morts le coeur serr?.

Elle trouva Brousmiche ?tonn? de l'absence de M. de Saint-Alofe. Il l'avait vu ressortir, apr?s sa visite au gar?on de bureau, dans le costume ?l?gamment surann? dont nous avons parl?, mais sans savoir o? il se rendait. La fleuriste l'ignorait ?galement et passa la nuit dans une v?ritable inqui?tude, le lendemain elle courut ? l'h?pital, dans l'espoir d'obtenir quelques renseignements du bless?; son d?lire ?tait toujours le m?me; apr?s d'inutiles tentatives, elle revint ? la h?te et apprit que le duc n'?tait point rentr?.

D?j? troubl? par les ?tranges incidents qui s'?taient succ?d? depuis trois jours, Fran?oise sentit ses inqui?tudes grandir. Apr?s l'assassinat de Marc tout lui paraissait possible; l'absence de M. de Saint-Alofe devait ?tre l'annonce d'un nouveau malheur.

S'exaltant de plus en plus dans ces pressentiments funestes, elle ne tarda pas ? les ?tendre davantage. Le billet ?crit ? Charles, il y avait quatre jours, sur la demande du voyageur de l'h?tel des Etrangers, ?tait rest? sans r?ponse, et ce silence semblait d'autant plus inexplicable que la lettre ?tait plus pressante. Charles n'avait annonc? aucun projet d'absence: ? d?faut de temps pour venir il pouvait ?crire; le pr?tendu conseiller se serait-il pr?sent? ? lui sans l'entremise de Fran?oise? l'aurait-il attir? dans quelque rendez-vous?... La pens?e de la jeune fille n'osa aller plus loin; mais prise d'une terreur subite elle remit ? la h?te son bonnet, son tartan et courut au num?ro 12 de la rue d'Enghien.

Nous avons d?j? vu comment la crainte de nuire ? la bonne r?putation du commis avait, jusqu'alors, emp?ch? Fran?oise d'y venir; la violence de ses angoisses avait pu seule la d?cider ? une d?marche qu'elle e?t elle-m?me condamn?e en toute autre occasion; car dans son humble d?vouement, la grisette avait accept? que son amour p?t ?tre pour Charles un embarras ou une honte et que la r?putation ? sauver ne f?t pas la sienne mais celle de son amant.

Voulant pr?venir tous les soup?ons, elle se pr?senta un carton ? la main, comme une fille de comptoir qui apporte une commande.

La porti?re ?tait absente et la loge gard?e par une petite fille de huit ans, occup?e ? feuilleter un journal illustr? qu'elle avait adroitement d?gag? de sa bande.

Fran?oise entr'ouvrit la porte et demanda M. Charles.

--Escalier B, quatri?me au-dessus de l'entresol, porte ? gauche, r?pondit la petite fille machinalement.

--Alors il est chez lui? dit la grisette joyeuse.

--Non, r?pliqua l'enfant, en continuant ? regarder les gravures.

--Il est sorti?

--Oui, Mademoiselle.

--Et quand reviendra-t-il?

--Je ne sais pas.

Fran?oise, qui avait eu un moment d'espoir, laissa ?chapper un geste de d?sappointement.

--C'est peut-?tre quelque chose qu'on peut lui dire? demanda la petite fille, qui savait par coeur le vocabulaire oblig? de la loge.

--Je voulais lui parler ? lui-m?me, reprit Fran?oise; et vous ?tes bien s?re qu'il n'est pas chez lui?

--Bien s?re, voil? sa clef et ses lettres.

La grisette tourna les yeux vers l'endroit indiqu? par la petite fille et reconnut, sur une des adresses, sa propre ?criture.

--Mon, billet! s'?cria-t-elle; il ne l'a point encore re?u?... mais il n'est donc pas rentr? depuis quatre jours?

--Depuis que la voiture l'a emmen?, dit l'enfant.

--Une voiture?

--Oui, il a dit ? maman d'aller lui chercher un fiacre, parce qu'il ?tait press?... que quelqu'un l'attendait.

--Et depuis?

--Depuis il n'est pas revenu.

Fran?oise se sentit frissonner: tout ce que lui apprenait l'enfant confirmait ses appr?hensions. Charles avait pu ?tre attir? dans un pi?ge; il y avait succomb? peut-?tre... Cette pens?e lui fit froid jusqu'au coeur.

--Et voil? quatre jours que vous n'avez eu aucune nouvelle de lui? demanda-t-elle ? la petite fille.

--Oui, r?pondit l'enfant, mais il est venu des lettres ?crites ? l'encre bleue.

--Comment?

--Oh! il en arrive souvent, et comme celles-l? sont des lettres d'affaires, M. Charles veut qu'on les lui adresse en son absence ? un autre endroit.

--O? cela?

--Je ne sais pas bien, mais il a mis l'adresse ici, dit l'enfant en ouvrant le registre de la loge.

Fran?oise se pencha, et reconnut ces mots ?crits de la main de Charles:

<>

Sa r?solution fut aussit?t prise; elle dit adieu ? l'enfant, et courut ? l'adresse indiqu?e.

Cette fois, l'?motion lui avait ?t? toute prudence. Sans autre pens?e que de conna?tre le sort de Charles, elle demanda ? parler ? M. Aristide Marquier.

?conduite d'abord, elle insista, pria, supplia, suivit le valet qui l'avait cong?di?e, arriva avec lui au premier salon et y renouvelait ses supplications, lorsque la voix du banquier se fit entendre dans la pi?ce voisine.

Fran?oise, saisie, s'arr?ta court, et pr?ta l'oreille: la voix s'approchait, elle devenait plus distincte; elle finit par ?clater, m?l?e de rires et d'exclamations; enfin Marquier entra avec de Cillart, qu'il tenait par le bras.

Fran?oise ne pensa d'abord qu'au bonheur de le revoir, et se pr?cipita vers lui, avec un cri de joie; le banquier y r?pondit par un cri d'?pouvante. Les noms de Charles et de Fran?oise, r?p?t?s presque en m?me temps, avec une expression oppos?e, se confondirent, tandis que la grisette, hors d'elle, et profitant de la premi?re stupeur de Marquier, se jetait dans ses bras.

Celui-ci se d?gagea vivement.

--Eh bien! que fais-tu... que faites-vous... balbutia-t-il honteux et courrouc?.

Dans ce moment, les convives qui avaient entendu les deux cris se montr?rent, et Fran?oise recula confuse.

--Qu'y a-t-il donc? demanda Arthur ?tonn? de la pr?sence d'une femme portant le costume d'ouvri?re?

--Venez, venez! s'?cria de Cillart en riant, nous avons spectacle apr?s le caf?. Une sc?ne de sentiment jou?e ? deux.

--Comment cela?

--Ne voyez-vous pas? Mademoiselle vous repr?sente une des conqu?tes du banquier.

--Du tout, interrompit Marquier; Messieurs... je vous assure... qu'il y a erreur!

--Laissez donc, reprit l'ancien garde-du-corps, vous l'avez tutoy?e... regardez, d'ailleurs, comme elle a rougi.

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