|
Read Ebook: Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 3 / 7) by Thureau Dangin Paul
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 463 lines and 179120 words, and 10 pagesHISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET PAR PAUL THUREAU-DANGIN TOME TROISI?ME PARIS LIBRAIRIE PLON E. PLON, NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS RUE GARANCI?RE, 10 HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET LA CRISE DU GOUVERNEMENT PARLEMENTAIRE CHAPITRE PREMIER LE PREMIER MINIST?RE DE M. THIERS SA POLITIQUE INT?RIEURE. La dissolution du cabinet du 11 octobre et l'av?nement du minist?re de M. Thiers marquent une date importante dans l'histoire du gouvernement de Juillet. C'est la fin des luttes ouvertes, violentes, souvent sanglantes, soutenues par la royaut? nouvelle contre la faction r?volutionnaire; luttes p?rilleuses, mais non sans grandeur, qui ont abouti ? la d?faite de cette faction. D?sormais, la monarchie semble ma?tresse du pr?sent et assur?e de l'avenir; la paix ext?rieure n'est plus en p?ril; le pays jouit d'une s?curit? mat?rielle et, par suite, d'une prosp?rit? inconnues depuis six ans. Mais cette s?curit? m?me engendre, dans le parti vainqueur, des divisions n?fastes. ? l'?re des combats tragiques, va succ?der, pendant pr?s de cinq ans, l'?re parfois plus d?plaisante et m?me plus nuisible des crises parlementaires. Ces crises ont, d?s cette ?poque, diminu? dans beaucoup d'esprits le cr?dit de cette forme de gouvernement libre, que, depuis 1814, la France avait emprunt?e ? l'Angleterre; et nous ne nous dissimulons pas qu'aujourd'hui, vues de loin, d?pouill?es du prestige oratoire qui enveloppait alors et voilait leurs mis?res, elles risquent de para?tre plus laides et plus st?riles encore. Conviendrait-il donc de glisser sur cette faiblesse passag?re? On sait que cette histoire est, de parti pris, rebelle ? de telles complaisances. Son syst?me est de tout dire. Cette sinc?rit? n'est-elle pas plus honn?te, plus virile, plus digne du r?gime dont nous honorons la m?moire, plus profitable aux g?n?rations nouvelles dont il importe d'aider l'inexp?rience? D'ailleurs, ? qui voudra r?fl?chir il appara?tra que ces crises ont ?t? des accidents caus?s par l'erreur des hommes et le malheur des temps, non le r?sultat normal et essentiel du r?gime repr?sentatif sagement contenu et intelligemment pratiqu?. On y apprendra donc ? mettre, dans l'avenir, la monarchie en garde contre le retour de fautes semblables, nullement ? douter des institutions elles-m?mes. Dans le minist?re tel que nous l'avons vu se constituer le 22 f?vrier 1836, M. Thiers exerce, pour la premi?re fois, en qualit? de pr?sident du conseil, le pouvoir d'un chef de gouvernement et en porte la responsabilit?. Jusqu'alors, il avait ?t? ministre; il n'avait eu ni ? former, ni ? diriger un cabinet. Associ? ? des hommes consid?rables dont le caract?re et les id?es diff?raient beaucoup des siennes, on e?t ?t? embarrass? de dire dans quelle mesure la politique appliqu?e avait ?t? la sienne ou la leur. D?sormais, il va donner sa vraie mesure, et l'on pourra le juger d'apr?s son oeuvre propre: d'autant mieux qu'il ne risque pas d'?tre domin? ou ?clips? par aucun des coll?gues qu'il s'est donn?s; quel que f?t le m?rite de ces derniers, leur renom ?tait loin d'?galer celui de leur pr?sident, et d'ailleurs leurs origines ?taient trop diverses, trop contraires m?me, pour que leur r?union e?t une signification bien nette. Aussi, dans le cabinet, le public ne voyait-il que M. Thiers. Cet effacement des autres ministres faisait ressortir davantage la hardiesse, d'aucuns eussent dit volontiers la pr?somption, avec laquelle leur jeune chef, de fortune r?cente et de consid?ration encore discut?e, s'?tait ?lev? au poste nagu?re occup? par les P?rier, les Soult et les Broglie. La curiosit? dont le nouveau pr?sident du conseil se trouvait l'objet n'?tait pas, en effet, toute bienveillante. Pour ?tre plus populaire que M. Guizot, il n'avait pas acquis une importance morale en rapport avec son talent. Les circonstances m?mes de son av?nement pr?taient aux critiques, et il semblait naturel de soup?onner quelque intrigue dans le fait de cet homme qui grandissait par la chute du cabinet dont il avait fait partie, et qui prenait parmi les adversaires les plus acharn?s de ce cabinet plusieurs de ses nouveaux coll?gues. Pour le moins se croyait-on autoris? ? y voir une ambition un peu impatiente, et l'on ne manquait pas d'y opposer le d?sint?ressement si vrai et si fier du duc de Broglie, ou la retraite, moins sereine au fond, mais tr?s-digne aussi, de M. Guizot; on montrait ce dernier rentrant simplement, avec sa vieille m?re et ses enfants, dans sa modeste maison de la rue de la Ville-l'?v?que, et y reprenant cette vie de famille et de travail dont l'aust?rit? puritaine imposait le respect aux plus ennemis. Chacun se disait que le jeune premier ministre, pour justifier une ?l?vation aussi anormale, chercherait ? faire quelque chose d'extraordinaire et d'?clatant. Mais que serait-ce? On l'ignorait. Il avait d?j? donn? assez de preuves de son agilit? et de sa mobilit? pour que personne ne p?t pr?voir, la veille, l'attitude qu'il aurait fantaisie de prendre le lendemain. On attendait: attente un peu inqui?te; car, si la merveilleuse intelligence de l'homme ?tait connue, on n'ignorait pas ce qu'il s'y m?lait d'infatuation et de l?g?ret? aventureuse. Aussi ceux-l? m?me qui avaient, comme M. de Talleyrand, le plus pouss? au changement de cabinet, tenaient-ils, aussit?t la chose faite, ? d?gager leur responsabilit?, ? se garer de toute solidarit? avec le nouveau pr?sident du conseil. Dans une lettre ?crite, le 2 mars, ? M. de Sainte-Aulaire, la duchesse de Dino protestait avec vivacit? contre les bruits qui attribuaient ? son oncle le renversement du minist?re pr?c?dent; ne pouvant nier cependant toute participation de M. de Talleyrand ? l'?l?vation de M. Thiers, elle jugeait prudent de la limiter autant que possible. < M. Thiers ne pouvait cependant se faire illusion sur les difficult?s que voilait cet accueil, en apparence si unanimement bienveillant. Les divers partis pr?tendaient tous lui imposer leurs conditions, et celles-ci ?taient contradictoires et inconciliables. Les conservateurs n'?taient dispos?s ? le soutenir qu'autant qu'il resterait fid?le ? la politique de r?sistance, et il pouvait s'en fier ? la vigilance peu indulgente des doctrinaires, pour signaler toute d?viation. Si la gauche lui permettait les transitions et les dissimulations n?cessaires, c'?tait dans l'espoir qu'il se dirigerait r?ellement vers elle. Entre les deux, ? la v?rit?, ?tait le tiers parti, mais il ne pouvait suffire, ni comme qualit? ni comme quantit?; lui-m?me d'ailleurs ?tait malais? ? satisfaire: jaloux, si les ministres m?nageaient trop les doctrinaires; ?pouvant?, s'ils penchaient trop vers la gauche. Pour sortir d'embarras, M. Thiers imagina tout de suite une tactique d'autant plus int?ressante ? ?tudier qu'elle lui servira dans l'avenir, toutes les fois qu'il se retrouvera au pouvoir. Elle ne consistait pas ? prendre nettement parti dans un sens ou dans l'autre. Le nouveau pr?sident du conseil ne songeait pas ? rester encha?n? ? cette politique de r?sistance qui lui paraissait un peu vieillie et qui, en le brouillant avec la gauche, l'e?t plac? sous la protection et la d?pendance des doctrinaires. Il n'avait pas davantage dessein de passer nettement ? l'ancienne opposition et d'y chercher une majorit? nouvelle qu'il aurait eu peine ? trouver; son pass? conservateur si proche l'e?t g?n? pour cette compl?te ?volution; et d'ailleurs il ne lui convenait pas plus d'?tre ? la merci de M. Odilon Barrot qu'? celle de M. Guizot. La majorit? fixe que, d'ordinaire, les hommes d'?tat d?sirent comme un appui, M. Thiers semblait plut?t la redouter comme un lien. Il lui suffisait d'emp?cher qu'on n'en form?t une contre lui, se fiant ? sa prestesse pour manoeuvrer entre les divers groupes et y trouver, au jour le jour, des majorit?s form?es d'?l?ments multiples et variables. Le morcellement extr?me de l'assembl?e paraissait faciliter cette tactique. Le jeu du ministre ?tait de plaire simultan?ment, ou tout au moins successivement, aux conservateurs et aux hommes de gauche, disant aux premiers: < Ce fut d'abord aux conservateurs que M. Thiers jugea n?cessaire de donner des gages. Le jour m?me o? il venait de prendre le pouvoir, le 22 f?vrier, quand il se rendit ? la Chambre, l'attitude de l'ancienne majorit? le frappa. Autour de M. Guizot qui ?tait entr? la t?te haute, une foule empress?e. Le nouveau pr?sident du conseil se trouva au contraire si d?laiss?, qu'un doctrinaire, M. Duvergier de Hauranne, le prit en compassion et vint s'asseoir un moment aupr?s de lui; M. Thiers le remercia, en lui serrant la main avec effusion. < Ce silence, rapproch? de l'attitude gard?e en face des d?clarations du minist?re, r?v?lait toute une tactique de la part des anciens opposants. Ceux-ci croyaient, ou du moins feignaient de croire que les paroles de M. Thiers ?taient une com?die destin?e ? faciliter certaines ?volutions, et qu'entre le minist?re et eux, il y avait un sous-entendu autorisant toutes leurs esp?rances. C'est ce que l'un des d?put?s de la gauche, qui aimait ? jouer les enfants terribles, M. de Sade, ne craignit pas d'exprimer tout haut, ? la tribune, quelques semaines plus tard. < Les doctrinaires n'?taient pas d'humeur ? faciliter cette tactique de la gauche. D?s le premier jour, leurs journaux s'?taient employ?s ? compromettre M. Thiers en appuyant sur ses d?clarations, ? provoquer l'ancienne opposition en lui demandant quelle com?die cachait sa satisfaction feinte, ? emp?cher enfin qu'il rest?t entre eux aucun sous-entendu. Cela ne suffit pas. M. Guizot et ses amis r?solurent de continuer avec plus d'?clat la m?me manoeuvre ? la tribune de la Chambre. Une demande de fonds secrets leur fournit l'occasion qu'ils cherchaient. Le rapport de la commission, r?dig? par l'un d'eux, M. Dumon, posa tout d'abord la question avec une nettet? calcul?e pour interdire toute ?chappatoire. Apr?s avoir rappel? que le vote des fonds secrets ?tait un vote de confiance, il concluait ? l'accorder, par la raison que le cabinet avait formellement promis de continuer le < Le d?bat, ainsi pr?par?, s'ouvre le 24 mars. Apr?s quelques discours sans grand int?r?t, M. Guizot para?t ? la tribune, et chacun a aussit?t le sentiment qu'une grosse partie se joue. Dans son discours, aucune apparence d'attaque contre M. Thiers, mais tout y est combin? pour l'encha?ner ? sa d?claration du 22 f?vrier. L'orateur rappelle comment cette d?claration a ?t? faite pour rassurer ceux qui avaient pu craindre qu'un changement de cabinet n'amen?t un changement de syst?me; il insiste sur ce que cette politique, ? laquelle on a promis de demeurer fid?le, est la sienne, celle qu'il a toujours pratiqu?e et dont il se pose encore comme le champion et le docteur; il se f?licite enfin, non sans ironie, d'y voir ralli?s des hommes qui l'ont si longtemps combattue. De l?, il s'?l?ve ? une magnifique apologie de cette politique, revendiquant fi?rement pour elle l'honneur d'?tre le vrai < Le soir, dans les salons parlementaires, on ne cause que de la s?ance. L'avis g?n?ral est que, sans avoir ?t? directement attaqu?, M. Thiers sort de l? gravement atteint. M. Guizot a parl? en chef de la majorit? et s'est appropri? la politique que le minist?re se vantait de continuer. Si le pr?sident du conseil accepte cette situation, il se trouve diminu?; s'il proteste, ne risque-t-il pas de tomber ? gauche? En tout cas, apr?s cette rencontre de M. Guizot et de M. O. Barrot, il semble impossible de r?unir plus longtemps les amis de l'un et de l'autre autour du m?me minist?re: il faut choisir. Aussi attend-on avec curiosit? la s?ance du lendemain, pour voir comment M. Thiers se tirera de cette difficult?. La trouve-t-il au-dessus de ses forces? ? la surprise g?n?rale, il prend le parti de se taire et se fait remplacer ? la tribune par le garde des sceaux, M. Sauzet. Celui-ci, venu du tiers parti, profite de la mission qui lui est confi?e, pour donner--est-ce par l'ordre ou seulement avec la tol?rance de son chef?--un coup de bascule ? gauche. Au lieu de se pr?senter, ainsi que l'a fait M. Thiers, le 22 f?vrier, comme le continuateur de l'ancienne politique, il proclame que le minist?re a une politique nouvelle. < Le double jeu du pr?sident du conseil se manifestait jusque dans ses invitations ? d?ner. Un jour, il avait ? sa table la fine fleur de l'ancienne majorit? et m?me des doctrinaires; alors il semblait n'?tre que l'homme du 13 mars, du 11 octobre; la gauche, le tiers parti m?me ?taient trait?s lestement et de haut. Le lendemain, autour de la m?me table, s'asseyaient MM. Dufaure, Vivien, ?tienne; cette fois le 13 mars et le 11 octobre avaient fait leur temps, et la chute irr?m?diable des doctrinaires ?gayait la conversation. Dans ces libres propos, l'ancienne opposition avait le sentiment qu'elle ?tait mieux partag?e que l'ancienne majorit?. Cela l'aidait ? se consoler du d?plaisir que lui causaient certaines d?clarations de tribune. D'ailleurs, quand ce d?plaisir ?tait trop vif, il restait toujours au cabinet un moyen de l'apaiser, c'?tait de lui distribuer des places, d'offrir aux personnes la compensation de la r?sistance que l'on croyait encore prudent de faire aux id?es. M. Thiers aimait cet exp?dient. Il se fiait d'ailleurs, un peu pr?somptueusement peut-?tre, ? son adresse ? manier les hommes, pour se faire servir par ses nouvelles recrues, sans se laisser compromettre par elles. Ce genre d'avances n'?tait pas moins go?t? de ceux ? qui elles ?taient faites. Il leur semblait que c'?tait, de la part du pr?sident du conseil, une mani?re de leur dire, en clignant de l'oeil et en leur faisant des signes d'intelligence: < La bataille, ainsi plus ou moins sourdement engag?e aux abords du Parlement, ne pouvait pas ne pas y p?n?trer de temps ? autre. M. Dupin, ami et protecteur du cabinet, s'adressant au Roi, le jour de sa f?te, et portant la parole au nom de la Chambre dont il ?tait le pr?sident, ne se priva pas d'introduire, dans cette harangue officielle, des allusions blessantes pour les doctrinaires. ? l'entendre, le pays avait montr? sa volont? de ne pas < M. Guizot n'avait pris personnellement aucune part ? l'incartade de ses jeunes amis. Au fond, sans doute, et malgr? les apparences que de part et d'autre on t?chait de garder, entre lui et M. Thiers il y avait eu de l'irr?parable, et l'on pouvait consid?rer la s?paration comme ?tant d'ores et d?j? consomm?e; mais, ? d?faut de bienveillance pour le minist?re, le chef des doctrinaires ?tait trop soucieux de la dignit? de son propre r?le pour se commettre dans une mesquine querelle. S'attachant ? garder cette attitude de surveillance expectante, sans apparente animosit?, qu'il avait prise d?s le d?but, il ne paraissait que rarement ? la tribune, et la plus grande partie de la session s'?coula sans qu'il se trouv?t en contradiction directe avec M. Thiers. Il ?tait sans doute intervenu dans le d?bat sur les fonds secrets, et l'on se rappelle avec quel ?clat, mais il avait affect? plut?t de prot?ger le cabinet que de le critiquer, et le pr?sident du conseil avait ?vit? de lui r?pondre. Ce fut seulement ? la veille de la s?paration des Chambres que, sur un terrain fort impr?vu, les deux grands orateurs se rencontr?rent face ? face. Il s'agissait du budget de l'Alg?rie. On avait entendu successivement les adversaires et les partisans de l'occupation, d'un c?t? MM. Duvergier de Hauranne, Desjobert, le comte Jaubert, de l'autre M. Delaborde, M. Thiers, le mar?chal Clauzel, quand M. Guizot demanda la parole. Il se pronon?a hautement pour le maintien et m?me le d?veloppement de notre conqu?te; seulement, inquiet des projets qu'il supposait au mar?chal Clauzel, nomm? r?cemment gouverneur g?n?ral,--et le d?sastre de Constantine devait prochainement prouver que ses inqui?tudes n'?taient pas sans fondement,--il crut devoir donner des conseils de prudence. Opposant ? la politique < Dans leur ?volution vers une opposition plus ou moins d?clar?e, les doctrinaires n'?taient pas suivis par toute l'ancienne majorit?. Nombre de bonnes gens ? vue courte et ? coeur timide se laissaient prendre aux ?quivoques de M. Thiers. D'ailleurs, pour avoir combattu quelque temps sous les ordres de M. Guizot, ces conservateurs n'avaient presque rien de commun avec lui, plus effarouch?s que curieux des doctrines, plus jaloux qu'admirateurs des sup?riorit?s intellectuelles, amen?s ? la r?sistance, au lendemain de 1830, moins par conviction que par int?r?t, moins par courage que par peur, moins par volont? propre et r?fl?chie que par docilit? un peu subalterne ? l'imp?rieuse impulsion de P?rier et de ses successeurs. Les doctrinaires, importants par le talent, mais peu nombreux, n'avaient gu?re fait d'adeptes parmi ceux dont ils semblaient avoir ?t? les chefs: ils leur ?taient plut?t superpos?s que m?l?s. On e?t dit une sorte d'?tat-major commandant ? une arm?e d'une autre nationalit?. Situation toute particuli?re qui aide ? comprendre la facilit? relative avec laquelle M. Thiers parvint ? d?tacher de M. Guizot une partie de ceux qui le suivaient la veille. Le m?me ph?nom?ne devait se produire plus tard, sous M. Mol?. Vers la fin de la session de 1836, cette division dans le sein de l'ancienne majorit? ?tait assez visible pour ne pas ?chapper aux observateurs. Un des amis du duc de Broglie, ?tranger ? la Chambre, mais spectateur attentif et avis? de ce qui s'y passait, ?crivait alors, en parlant des doctrinaires: < Il y avait l? autre chose que le m?compte d'un groupe particulier; il y avait la dislocation du grand parti de gouvernement et de r?sistance dont la laborieuse formation, sous Casimir P?rier, avait sauv? la monarchie, la soci?t? et la France en p?ril, et que, pendant trois ans et demi, le minist?re du 11 octobre avait eu tant de peine ? maintenir. De toutes les cons?quences que pouvait avoir la politique ?quivoque du 22 f?vrier, nulle n'?tait plus funeste. Si M. Thiers f?t nettement pass? ? gauche, c'e?t ?t? un malheur; son exemple e?t, peut-?tre, entra?n? quelques d?fections; mais le parti conservateur, m?me s'il ?tait devenu minorit?, n'en serait pas moins demeur? uni et compacte: il aurait pu ?tre r?duit, non d?compos?. Telle n'?tait pas la conduite du pr?sident du conseil; il pr?tendait demeurer conservateur, tout en attirant ? lui les gauches, parlait un double langage, en disait assez pour tromper une partie de ses alli?s de la veille, trop pour ne pas inqui?ter les autres. Ainsi, il faisait pis que de combattre la majorit? conservatrice; il l'?garait et la divisait, commen?ant l'oeuvre dissolvante qu'il reprendra toutes les fois que les ?v?nements le porteront au pouvoir, en 1840 et en 1871, aussi bien qu'en 1836. M. Thiers ne sentait pas le malheur de cette dissolution du parti conservateur, ou tout au moins ne s'en inqui?tait pas. Bien au contraire, il y voyait une facilit? de plus pour ses ?volutions. Sans avoir une majorit? ? lui, il trouvait, pour tous les votes qu'il demandait ? la Chambre, des majorit?s d'autant plus ?tendues qu'elles ?taient compos?es d'?l?ments plus divers. Elles lui servaient ? franchir lestement les obstacles sur lesquels on e?t pu s'attendre ? le voir tr?bucher. Au nombre de ces obstacles, ?tait la proposition de conversion des rentes. On n'a pas oubli? dans quelles conditions elle se pr?sentait. Peu de semaines auparavant, la Chambre l'avait jug?e si urgente, que, pour ne pas la laisser ajourner, elle avait bris? le minist?re du 11 octobre. Or, si certains membres de la nouvelle administration, comme M. Passy ou M. Sauzet, avaient soutenu alors la conversion, d'autres, comme M. d'Argout et surtout M. Thiers, l'avaient vivement combattue. Le cabinet se d?cida ? accepter le principe de la mesure, mais ? en renvoyer ? plus tard la discussion et l'ex?cution; le seul engagement qu'il prit fut de pr?senter lui-m?me un projet de conversion dans la session suivante, < En m?me temps qu'il trouvait moyen d'?carter les questions g?nantes, le minist?re faisait voter plusieurs lois utiles, dont quelques-unes, il est vrai, lui venaient de ses pr?d?cesseurs: loi supprimant les maisons de jeu et les loteries d'immeubles, comme avait ?t? supprim?e, l'ann?e pr?c?dente, la loterie royale; lois relatives aux chemins de fer de Paris ? Versailles, et de Montpellier ? Cette; loi augmentant les ressources de notre mat?riel naval; loi du 21 mai 1836, sur les chemins vicinaux, qui devait donner un grand d?veloppement ? la construction de ces chemins, et dont les dispositions fondamentales subsistent encore aujourd'hui. La session se termina par le budget, qui fut vot? rapidement, tel ? peu pr?s que le gouvernement l'avait pr?sent?. La Chambre, fatigu?e, n'?tait pas en go?t de discuter longuement. Le seul ?pisode ? signaler fut un d?bat provoqu? par une sortie de M. Laffitte. Celui-ci, aigri par sa chute et surtout par sa d?consid?ration, avait pr?tendu reprocher ? la royaut? nouvelle de n'avoir pas diminu? le budget de l'ancienne. < M. Thiers prenait part ? toutes ces discussions, pr?t ? parler sur chaque sujet, avec une abondance, une lucidit?, une prestesse incomparables, s'amusant de cette vari?t? m?me, et mettant sa coquetterie ? para?tre expert dans les sp?cialit?s les plus diverses. Le public admirait, surpris, une intelligence si prompte et une si universelle aptitude. Sans y voir au fond beaucoup plus clair dans la politique du ministre, il se laissait charmer par la parole de l'orateur et ?tait ?bloui, alors m?me qu'il demeurait inquiet. M. Guizot, t?moin peu suspect, constatait que < La session n'?tait pas encore termin?e, qu'un nouvel attentat contre la vie du Roi vint r?veiller brusquement M. Thiers de son optimisme. Le 25 juin 1836, ? six heures du soir, Louis-Philippe, accompagn? de la Reine et de Madame Ad?la?de, sortait en voiture des Tuileries, quand une d?tonation se fit entendre. Le coup ?tait tir? de si pr?s, que la voiture fut remplie de fum?e; les balles effleur?rent la t?te du Roi: personne cependant ne fut bless?. L'assassin, aussit?t reconnu et arr?t?, encore porteur d'une canne-fusil, se trouvait ?tre un jeune homme de vingt-six ans, d'une figure r?guli?re et calme, nomm? Louis Alibaud; ancien sous-officier, ayant re?u quelque instruction, non sans courage, il s'?tait jet?, sous l'excitation de 1830, dans les id?es d?magogiques, et s'y ?tait comme infect? d'un fanatisme sombre, sauvage, haineux, qui avait absolument perverti son esprit et sa conscience. Interrog? tout d'abord sur le mobile de son crime: < Barb?s, venu ? Paris comme ?tudiant, avait de la fortune. On comprendrait mal ce qui a conduit un jeune homme riche, dont la nature ?tait par certains c?t?s g?n?reuse, ? devenir l'?mule d'un Blanqui, ? se mettre hors la loi et la soci?t?, si l'on ne trouvait dans les drames intimes qui avaient troubl? sa famille le secret de cette sorte de d?classement. On a racont? qu'il ?tait le fils d'un pr?tre; son p?re se serait mari? aux colonies, pendant la R?volution, en cachant son caract?re sacerdotal ? la jeune fille qui s'?tait ?prise de lui; quand la malheureuse sut plus tard ? qui elle s'?tait unie, son horreur fut telle, qu'elle en mourut, laissant deux fils et deux filles aux soins d'un homme troubl? lui-m?me par le remords; le veuf ?tant revenu dans le midi de la France, une de ses filles inspira une passion qu'elle partageait ? un jeune homme distingu? et d'une famille honorable; le mariage allait se faire, quand fut d?couvert le secret du pr?tre mari?: le fianc? rompit aussit?t avec ?clat; le p?re se tua de d?sespoir. C'est probablement sous l'impression de ces ?v?nements que Barb?s con?ut une rancune mortelle contre la soci?t? qui n'avait pas pardonn? ? son p?re la honte de son sacril?ge. Peut-?tre tout n'?tait-il pas bien s?rieux dans les menaces devant lesquelles le gouvernement reculait. Quelques mois plus tard, le 15 d?cembre, comparaissaient en cour d'assises deux jeunes gens poursuivis pour avoir ?t? engag?s dans le complot qui avait fait ajourner la f?te du 28 juillet. Il fut ?tabli, en pleine audience, que le complot,--au moins en ce qui touchait ces jeunes gens, les seuls sur lesquels on e?t pu mettre la main,--?tait imaginaire; ils avaient ?crit eux-m?mes les lettres anonymes qui les avaient d?nonc?s ? la police. Comme on demandait ? l'un d'eux pour quel motif il avait jou? cette ?trange com?die: < Tous ces ?v?nements ne semblaient pas de nature ? affermir le cr?dit du minist?re. N'?taient-ils pas une sorte de d?menti apport? aux d?clarations de M. Thiers? Celui-ci avait annonc? le d?sarmement ou l'impuissance des partis r?volutionnaires, et il lui ?tait r?pondu par des complots et un attentat; il avait beaucoup parl? de d?tente, de conciliation, et il se voyait oblig? de reprendre les poursuites contre les journaux et contre les soci?t?s secr?tes; il avait pr?tendu inaugurer une politique de confiance, et la suppression de la revue ?tait le plus solennel t?moignage de d?fiance qu'aucun cabinet e?t donn? depuis 1830. Ce qui se passait n'?tait-il pas plut?t la justification du fameux discours de M. Guizot sur la persistance du mal r?volutionnaire et la n?cessit? de la r?sistance? Dans la lettre cit?e d?j? plus haut, M. Duch?tel ?crivait: < De tout cela, le minist?re sortait affaibli: il avait perdu les avantages que lui avaient donn?s, ? la fin de la session, les succ?s oratoires de M. Thiers. M. Guizot s'en apercevait, et le constatait, probablement sans d?plaisir: < CHAPITRE II LE PREMIER MINIST?RE DE M. THIERS LA POLITIQUE EXT?RIEURE. Si M. Thiers se bornait, dans les affaires int?rieures, a vivre d'exp?dients, d'ajournements et d'?quivoques, sans rien tenter d'?clatant ni de d?cisif, ?tait-ce qu'il se r?servait de chercher au dehors le succ?s qui devait illustrer son administration? Les circonstances dans lesquelles il avait remplac? le duc de Broglie au minist?re des affaires ?trang?res, les influences qui l'avaient pouss? ? ce poste, indiquaient ? elles seules un changement de politique. Il semblait que ce f?t un pas d?cisif vers le syst?me diplomatique que le Roi, depuis quelques ann?es, avait t?ch? de faire pr?valoir sur les id?es diff?rentes de son ministre doctrinaire, syst?me tendant ? rapprocher la France des puissances continentales. M. Thiers s'?tait laiss? persuader par M. de Talleyrand qu'il ?tait seul capable de r?concilier la r?volution de Juillet avec ces puissances. < M. de Broglie, ? la fin de son minist?re, avait, lui aussi, r?v? d'un rapprochement avec l'une des cours continentales, avec l'Autriche; mais c'?tait dans le dessein de s?parer celle-ci des deux autres cours, de la rattacher ? l'alliance franco-anglaise. Ce projet, si lointain qu'en f?t la r?alisation dans la pens?e du ministre, n'avait pas laiss? que de pr?occuper le gouvernement prussien. Quand M. de Barante ?tait pass? par Berlin, en d?cembre 1835, M. Ancillon lui avait demand?, avec inqui?tude, s'il ?tait vrai que nous eussions le d?sir de faire < L'Angleterre, par contre, ?tait inqui?te et m?contente: elle comprenait que la premi?re cons?quence d'un rapprochement entre la France et les puissances continentales ?tait, sinon une rupture, du moins un rel?chement entre les deux ?tats occidentaux. M. Thiers n'avait-il pas dit assez haut pour ?tre entendu des ambassadeurs ?trangers: < Parfois cependant, quand cette alt?ration de nos rapports avec l'Angleterre devenait trop visible, M. Thiers s'en alarmait, et pour la politique de son pays, et pour sa propre popularit?: il s'?puisait alors en protestations aupr?s de l'ambassadeur britannique, l'assurant que l'intimit? des deux pays ne recevrait aucune atteinte. Il n'h?sitait m?me pas ? porter ces protestations ? la tribune; c'est ainsi que, le 1er juin 1836, il saisissait l'occasion d'une attaque v?h?mente du duc de Fitz-James contre l'Angleterre, pour faire une ?clatante apologie de l'alliance des deux monarchies lib?rales, et pour rappeler de quel secours cette alliance nous avait ?t? dans les trois grandes questions de Belgique, d'Espagne et d'Orient. En m?me temps, ? la v?rit?, il se f?licitait d'avoir < Au moment m?me o? M. Thiers prenait le pouvoir, arrivait la nouvelle de l'occupation, par les troupes autrichiennes, russes et prussiennes, de la petite r?publique de Cracovie. Cette ville et sa banlieue, peupl?es d'environ cent mille habitants, avaient ?t? reconnues, en 1815, comme un ?tat souverain, jouissant d'une compl?te ind?pendance, sous la protection des trois puissances qui l'entouraient: combinaison assez bizarre, n?e en r?alit? de l'impossibilit? de s'entendre sur celle de ces puissances ? qui l'on aurait attribu? ce territoire. L'article 9 du trait? de Vienne portait qu'aucune force arm?e ne pourrait jamais ?tre introduite sur le sol de la r?publique, < Le 9 f?vrier 1836, sommation fut faite au s?nat de la r?publique d'avoir ? expulser, dans les huit jours, tous les r?fugi?s, faute de quoi l'Autriche, la Russie et la Prusse y pourvoiraient elles-m?mes. Le d?lai ?tait illusoire. Les autorit?s de Cracovie, se fiant ? l'inviolabilit? de leur territoire, ? l'irr?solution habituelle des puissances, ? la protection des ?tats occidentaux, essay?rent une r?ponse ?vasive et dilatoire. Mais les trois cours ?taient r?solues ? tout brusquer; le 17 f?vrier, les Autrichiens, bient?t suivis des Russes et des Prussiens, envahirent la r?publique. Avis fut donn? ? Paris de l'occupation: on pr?tendit m?me se faire valoir aupr?s de nous de cette politesse, en nous faisant remarquer qu'on n'avait pas pris cette peine avec le gouvernement de Londres. Tout, en cette affaire, le sans g?ne avec lequel aucun compte n'avait ?t? tenu des stipulations du trait? de 1815, comme la brutalit? de l'ex?cution, ?tait fait pour ?mouvoir l'opinion fran?aise, alors si susceptible en ce qui touchait ? la Pologne. Cette opinion n'?tait-elle pas encore tout ?chauff?e des pol?miques de presse et des d?bats parlementaires qu'avait soulev?s le discours provocant du Czar ? la municipalit? de Varsovie? Mais M. Thiers ne voulait pas risquer de se brouiller avec les trois puissances, particuli?rement avec l'Autriche, qui avait jou? le premier r?le dans cette entreprise. Il ne lui paraissait pas d'ailleurs que nous fussions bien venus ? invoquer les trait?s de 1815, apr?s n'avoir permis qu'on nous les oppos?t en Belgique. Il chargea donc son ambassadeur de d?clarer ? M. de Metternich < La direction nouvelle donn?e par M. Thiers ? la diplomatie de la monarchie de 1830 apparut mieux encore dans les rapports avec la Conf?d?ration helv?tique. Pour bien comprendre cette question qui devait, jusqu'en 1848, occuper souvent le gouvernement fran?ais, il convient de revenir un peu en arri?re. La Suisse ?tait un des pays o? le contre-coup des ?v?nements de Juillet s'?tait le plus fait sentir. Dans plusieurs cantons, des r?volutions avaient aussit?t violemment renvers? les constitutions aristocratiques ?tablies apr?s 1815. ? ces r?volutions locales se joignit bient?t, en 1831 et 1832, une agitation pour la r?forme du pacte f?d?ral. La constitution d'un gouvernement central, en ?tat de jouer un r?le actif au dehors et d'imposer au dedans sa volont? aux cantons, ?tait depuis longtemps le premier article du programme radical. Pendant la premi?re r?volution fran?aise, par l'effet de la contagion, la Suisse avait ?t? transform?e en r?publique une et indivisible. C'?tait faire violence ? la tradition historique, au g?nie de la race et m?me ? la nature des lieux. Aussi, en 1803, les populations re?urent-elles comme un bienfait l'Acte de m?diation par lequel Napol?on Ier r?tablit l'ind?pendance des cantons et organisa la Conf?d?ration helv?tique. Le pacte f?d?ral, d?cr?t?, en 1815, par le congr?s de Vienne, ?tait, ? peu de chose pr?s, fond? sur les m?mes principes. Si peu heureuse qu'e?t ?t? la premi?re exp?rience du r?gime unitaire, le parti radical refit campagne dans ce sens aussit?t apr?s 1830. Il fut appuy?, dans une certaine mesure, par les lib?raux, qui, sans vouloir d?truire compl?tement l'autonomie cantonale, cherchaient ? augmenter notablement les attributions du gouvernement f?d?ral; leur pr?tention ?tait de transformer la Suisse, jusqu'alors conf?d?ration d'?tats, en un ?tat conf?d?r?. Au moyen de ce pouvoir central fortifi?, ils comptaient imposer les r?formes d?mocratiques ? certains cantons demeur?s fid?les aux vieilles id?es. Les puissances, qui d?j? n'avaient pas vu sans d?plaisir les r?volutions cantonales, s'?murent plus encore de ce projet de r?volution f?d?rale. Une Suisse unitaire et radicale leur paraissait devoir changer, ? leur d?triment, les conditions de l'?quilibre et de la s?curit? de l'Europe, M. de Metternich, plus que tout autre, attentif ? ce qui se passait de ce c?t?, s'inqui?tait d'un tel voisinage pour les possessions italiennes de l'Autriche. Le roi de Prusse avait un int?r?t particulier ? la question, ?tant demeur?, par une combinaison bizarre, souverain du canton de Neuch?tel, qui cependant faisait partie de la Conf?d?ration. Quant au Czar, il pr?tendait continuer, ? l'?gard de la petite r?publique, le r?le de protecteur et surtout de surveillant qu'avait assum? Alexandre apr?s 1814. Enfin tous, et avec eux le gouvernement anglais, soutenaient que le pacte f?d?ral, sanctionn? par l'Europe, en 1815, ne pouvait ?tre modifi? sans son aveu; qu'il ?tait la condition essentielle de l'ind?pendance et de la neutralit? alors garanties par les puissances signataires du trait? de Vienne. Des remontrances furent donc adress?es ? la Suisse, et, pour les appuyer, la plus proche int?ress?e, l'Autriche, ordonna quelques concentrations de troupes sur sa fronti?re. La France de Juillet, sans trop se demander si, dans l'agitation unitaire, il n'y avait pas plus de passion de secte que d'esprit de libert?, se crut d'abord tenue ? prot?ger ce mouvement n? de sa propre r?volution. Il lui semblait que les m?mes raisons qui lui faisaient soutenir les patriotes de Bruxelles ne lui permettaient pas d'abandonner les radicaux de Berne. N'?tait-ce pas d'ailleurs une fa?on d'augmenter sa client?le en Europe, de faire une recrue pour la ligue lib?rale qu'elle r?vait d'opposer ? la coalition des puissances absolutistes? Et puis, ne fallait-il pas avant tout faire ?chec ? l'influence autrichienne qui pr?tendait s'exercer en ma?tresse jusque sur nos fronti?res? Ces consid?rations parurent d?cisives ? Casimir P?rier et au duc de Broglie. Ils ne se content?rent pas de proclamer que la Suisse ?tait, avec la Belgique et le Pi?mont, l'un des pays o? ils ne tol?reraient jamais l'intervention d'une puissance ?trang?re; notre ambassadeur, le marquis de Rumigny, pensa suivre ses instructions en soutenant, ouvertement et souvent m?me avec un z?le un peu intemp?rant, le mouvement de r?forme f?d?rale. Sentant la France derri?re lui, le gouvernement helv?tique r?pondit d'assez haut aux puissances, revendiqua le droit de r?gler ? sa guise sa constitution int?rieure, et fit m?me mine de mettre la main sur la garde de son ?p?e, en appelant sous les drapeaux une partie de son arm?e. Notre attitude avait peut-?tre pr?serv? la Suisse d'une intervention europ?enne; mais elle ne parvint pas ? triompher de l'attachement des cantons pour leur ind?pendance; malgr? l'appui de notre ambassadeur, la r?vision, discut?e dans deux di?tes successives, ne put aboutir . Add to tbrJar First Page Next Page |
Terms of Use Stock Market News! © gutenberg.org.in2025 All Rights reserved.