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Read Ebook: Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 8/8) by Saint Victor J B De Jacques Benjamin
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 511 lines and 128638 words, and 11 pagesCependant, absorb? par les embarras toujours croissants de cette guerre insens?e, troubl? par mille cabales, agit? de mille intrigues subalternes, le minist?re, comme si le g?nie des Dubois et des Fleuri e?t encore pr?sid? ? notre marine, ne s'en occupoit gu?re plus que si l'Angleterre e?t ?t? notre alli?e; et celle-ci, profitant savamment, ou de cette incurie, ou, ce qui est plus probable, des intelligences secr?tes qu'elle s'?toit cr??es dans le centre m?me de notre administration maritime , pr?ludoit aux grands coups qu'elle alloit frapper, par des descentes sur nos c?tes, des attaques contre nos ports, qui n'avoient pas en apparence de grands r?sultats, o? souvent m?me elle sembloit ?prouver des ?checs, mais dont elle obtenoit ce r?sultat bien autrement important, d'arr?ter les secours en hommes, en munitions et en vaisseaux que demandoient nos colonies, et d'o? d?pendoit leur conservation. Ceux qui les commandoient poussoient des cris d'alarme qui parvenoient jusqu'en France, et qui ne laissoient pas que d'accro?tre le trouble que causoient tant d'embarras o? l'on s'?toit si inutilement jet?. Cependant on n'avoit qu'? dire un seul mot, qu'? laisser entrevoir la moindre disposition pacifique, et l'on finissoit ? l'instant m?me cette guerre d?plorable du continent, dont l'Autriche elle-m?me ?toit fatigu?e. Ce fut alors que l'abb? de Bernis, revenant ? ses premi?res id?es, commen?a ? faire des instances pour la paix; et quelque servilit? qu'il y e?t alors dans le minist?re, si l'on en excepte le mar?chal de Belle-Isle, qui s'y montroit oppos? uniquement sans doute parce qu'il avoit le d?partement de la guerre, et que cependant il n'e?t pas ?t? difficile de ramener au meilleur avis, il n'y eut qu'une seule voix pour cette paix devenue si n?cessaire. Le roi lui-m?me commen?oit ? ?tre persuad? et avoit permis que des n?gociations fussent entam?es ? ce sujet. Mme de Pompadour, dont l'amour-propre se sentoit froiss? de toutes parts, que la clameur publique, dont elle ?toit le principal objet, irritoit, parce qu'elle n'avoit pas assez de sens pour en ?tre effray?e, s'ent?ta seule ? la guerre, parla de la honte qu'il y auroit ? c?der, de l'honneur de la France compromis, joua la femme forte et le grand caract?re, ce qui offrit le m?lange de l'odieux et du ridicule; et telle ?toit cette d?gradation ? laquelle tout ?toit parvenu, qu'il fallut continuer ? verser du sang et ? ravager des provinces, pour venger Mme de Pompadour des chansons des Parisiens, apr?s avoir commenc? ces ravages et cette effusion de sang, pour punir le roi de Prusse de ses ?pigrammes et payer Marie-Th?r?se de ses cajoleries. L'abb? de Bernis, pour prix de la seule bonne action qu'il e?t faite depuis qu'il ?toit entr? dans les affaires, fut destitu?; et c'est alors que l'on vit paro?tre dans ce minist?re, o? bient?t il alloit jouer le premier r?le, le plus grand fl?au de la France, dans ce si?cle o? tout ce qui prenoit part au gouvernement ?toit fl?au pour elle, le duc de Choiseul. On le savoit ambitieux, actif, entreprenant; on croyoit qu'il ha?ssoit la favorite, parce qu'il en avoit souvent parl? sans m?nagement: on applaudit donc ? sa faveur et l'on en con?ut quelques esp?rances. Mais pour esp?rer ainsi d'un homme qui montoit au pouvoir, il e?t fallu lui supposer de la conscience; et le nouveau ministre des affaires ?trang?res donna sur-le-champ la mesure de la sienne en se livrant tout entier ? l'idole que, la veille, il insultoit encore. Pour complaire ? Mme de Pompadour, il alla m?me plus loin qu'elle n'e?t os?, et signala son entr?e au conseil par le second trait? de Versailles, plus d?sastreux encore que le premier, dans lequel la France enti?re, avec ses arm?es et ses finances, ?toit mise ? la disposition de l'Autriche. Ce trait? fut sign? le 30 d?cembre 1758. ? partir de ce moment, la guerre de sept ans n'offre plus pour la France qu'une suite de revers et d'humiliations. Sur le continent, les vicissitudes du roi de Prusse se multiplient, et son courage ainsi que son activit? semblent s'en raffermir. Les arm?es fran?oises, mieux conduites par Contades et surtout par Broglie, qui partage avec lui le commandement, continuent de faire une guerre infructueuse et meurtri?re dans des provinces d?vast?es, mais se soutiennent du moins sans honte jusqu'? la bataille de Minden, que, de l'aveu m?me du roi de Prusse, Contades devoit gagner, et qu'il perd en criant ? la trahison contre son compagnon d'armes, selon l'usage adopt? alors par tous nos g?n?raux. Celui-ci reste seul ? la t?te de l'arm?e, et d?j? vainqueur du prince Ferdinand ? Berghen, sait se maintenir dans la Hesse et dans le Hanovre; continue, pendant la campagne suivante, ? tenir en ?chec son habile ennemi. Battu par lui ? Warbourg, il prend sa revanche ? Clostercamp, et semble destin? ? relever la r?putation des armes fran?oises, lorsque, dans une troisi?me et derni?re campagne, Mme de Pompadour envoie le malencontreux prince de Soubise, toujours poss?d? de la manie d'?tre un grand capitaine, entraver les op?rations de Broglie, et, sous deux g?n?raux d?sunis, fait battre les arm?es fran?oises ? Fillingshaussen; nouveau d?sastre qui produisit de part et d'autre de nouvelles accusations, et dont le r?sultat fut de faire exiler dans ses terres le seul g?n?ral qui, jusqu'alors, e?t montr? quelque talent. Cependant, et nous venons de le dire, cette habilet? de Broglie n'avoit eu d'autre r?sultat que de sauver aux arm?es fran?oises la honte de reculer sans cesse devant l'ennemi. Pendant ces trois campagnes les soldats manoeuvr?rent ? peu pr?s sur le m?me terrain, se battirent dans les m?mes plaines ou autour des m?mes forteresses, et il n'en arriva rien de plus. Dans le centre de l'Allemagne, la sc?ne ?toit du moins plus vari?e et plus dramatique: les Russes avoient commenc? ? prendre leur revanche de la victoire du roi de Prusse en battant un de ses lieutenants; s'?tant ouvert par ce succ?s les marches de Brandebourg, ils y avoient occup? la ville de Francfort-sur-l'Oder, o? s'?toit r?uni ? leur arm?e un corps autrichien command? par le g?n?ral Laudon. Fr?d?ric se met aussit?t en marche, traverse la for?t de Kunersdorf, les surprend et les attaque dans la position o? ils s'?toient retranch?s: la victoire se d?clare d'abord pour lui, puis lui ?chappe bient?t parce qu'il la veut trop compl?te, et que, d?cid? ? ne rien laisser ?chapper de cette arm?e, il s'acharne avec trop de fureur contre un ennemi dont la r?sistance devient d'autant plus terrible qu'il l'a rendue lui-m?me d?sesp?r?e. Par les suites de cette faute, il voit presque toute son arm?e p?rir dans cette lutte sanglante et t?m?raire contre des masses immobiles, et quitte en fr?missant ce champ de carnage, n'ayant plus autour de lui que cinq mille soldats. C'en ?toit fait de la Prusse et de son souverain, si le g?n?ral russe Soltikoff e?t su profiter de sa victoire; mais il se montra timide et irr?solu, n'osa agir avant l'arriv?e de la grande arm?e command?e par Daun; et le prince Henri, en arr?tant tout court celui-ci dans la Haute-Lusace, fut, dans cette circonstance critique, le lib?rateur de son pays. On vit alors les Russes victorieux se retirer une seconde fois vers la Pologne; et quoique douze mille Prussiens, surpris et cern?s par toute l'arm?e de Daun, eussent ?t? forc?s de mettre bas les armes, la prise de Dresde avoit ?t?, dans cette campagne, le seul exploit utile de ce g?n?ral temporiseur. Mais Fr?d?ric, dans trois d?faites, avoit perdu cinquante mille hommes, et, dans la campagne suivante, il se ressentit cruellement de cet ?puisement de ses forces militaires. Un de ses lieutenants fut encore battu ? Landshut par le m?me g?n?ral Laudon; Glatz, l'une des principales forteresses de la Sil?sie, lui fut enlev?e par un coup de main; apr?s s'?tre ?puis? en vains efforts pour reprendre le ch?teau de Dresde, il s'?toit vu forc? d'abandonner cette entreprise, o? s'?toient encore affoiblis les d?bris de ses arm?es. Rien ne pouvant d?sormais mettre obstacle ? la r?union des Russes et des Autrichiens, les deux arm?es ennemies, devant lesquelles le prince Henri n'avoit pu que se retirer en bon ordre, march?rent ? grandes journ?es sur Berlin, qu'il lui ?toit impossible de couvrir: alors Fr?d?ric, dont la perte sembloit assur?e, se vit r?duit ? faire la guerre en partisan, tournant autour des arm?es ennemies, et dans cette situation extraordinaire, battant encore les corps isol?s qu'il avoit l'art et le sang-froid de surprendre. Cependant Russes et Autrichiens ?toient entr?s ? Berlin, et la capitale de la Prusse subissoit la loi rigoureuse des vainqueurs, lorsque, par une r?solution subite et inexplicable, le g?n?ral Soltikoff se retira pr?cipitamment et repassa l'Oder, abandonnant les Autrichiens qui, de leur c?t?, se repli?rent sur Torgau. Fr?d?ric, qui se disposoit ? marcher au secours de Berlin, se dirige aussit?t vers ceux-ci, les atteint dans cette position, et, apr?s un long carnage qui d?truisit en grande partie l'une et l'autre arm?e, remporte une victoire comparable aux plus ?clatantes de celles qu'il avoit remport?es dans des jours plus heureux. Cependant ce vainqueur, qui remplissoit l'Europe du bruit de sa renomm?e, ?toit r?duit aux abois par ses triomphes comme par ses revers, et la nouvelle campagne le prouva: mais aussi elle mit en ?vidence la fatigue et l'affoiblissement de ses ennemis. De part et d'autre, on ne fit que de foibles efforts, et sur tous les points; et tandis que les g?n?raux fran?ois, Broglie et Soubise, remuoient lentement des masses ?normes, pour venir perdre cette derni?re bataille dont nous venons de parler, les op?rations des Autrichiens se born?rent dans la Sil?sie ? s'emparer d'une seule forteresse; les Russes se content?rent de la prise de la ville de Colberg, qu'ils avoient deux fois inutilement assi?g?e, et l'extr?me foiblesse des Prussiens se manifesta par l'impossibilit? o? ils furent de se maintenir dans la Saxe, qu'ils furent enfin forc?s d'?vacuer. Pense-t-on que, pendant une telle guerre qu'accompagnoient tant de mis?res et que signaloient chaque jour tant de d?sastres, le parlement e?t du moins laiss? entrevoir quelques sentiments de patriotisme en cessant de troubler au dedans la France d?sol?e au dehors? Nous l'avons d?j? dit: satisfait du nouvel exil de l'archev?que de Paris, second? dans ses vues par quelques pr?lats pr?varicateurs, il avoit bien voulu donner un peu de rel?che au clerg?; et ce fut alors qu'on le vit, dans cette position ? la fois odieuse et ridicule o? il s'?toit plac? entre les ministres du ciel et les supp?ts de l'enfer, se montrer plus hostile envers le parti philosophique, qu'il poursuivit quelquefois ? outrance dans les livres impies et s?ditieux que ce parti, plus habile et plus cons?quent que lui, ne cessoit de publier, montrant en ce point une sorte d'accord avec les ?v?ques qui, dans toutes leurs assembl?es, ne cessoient d'?lever vers le tr?ne des cris d'alarmes sur ce fl?au toujours croissant et qui mena?oit de tout d?truire. Mais ce moment de calme ?toit le pr?curseur d'une plus horrible temp?te, qui devoit ?branler jusque dans ses fondements l'antique et saint ?difice de l'?glise de France. Il existoit une soci?t? religieuse si fortement constitu?e, que, depuis son origine, elle ?toit la seule qui n'e?t pas eu besoin d'?tre r?form?e; organis?e de telle sorte qu'embrassant toutes les oeuvres de la religion que se partageoient les autres communaut?s, elle se pr?sentoit partout o? le clerg? s?culier avoit besoin de son secours, et se montroit pr?te ? tout et propre ? tout; tellement catholique dans son essence et dans ses actes, que partout o? se rencontroient des novateurs, ils n'avoient pas de surveillants plus actifs ni d'adversaires plus redoutables; soci?t? cr??e ? la fois pour ?difier et pour combattre, qui avoit commenc? ? na?tre au moment m?me o? avoit paru dans le monde la derni?re des h?r?sies, puisqu'elle est la derni?re expression de toutes les h?r?sies possibles; soci?t? que, d?s sa naissance et pendant tout le cours de son existence marqu?e par tant de prodiges et de travaux, le coup d'oeil per?ant de l'impi?t? avoit signal?e comme son ennemie la plus dangereuse, et que ses fauteurs, h?r?tiques ou ath?es, soit par cette pr?vision, soit par une sorte d'instinct infernal, n'avoient cess? de poursuivre avec une rage qui ne s'?toit pas un seul instant ralentie. Elle avoit la premi?re d?nonc? le jans?nisme, et les jans?nistes lui avoient vou? une haine aussi implacable que les enfants de Luther et de Calvin. Sp?cialement consacr?e ? l'?ducation de la jeunesse, elle formoit des g?n?rations chr?tiennes sans cesse mena?antes pour les ennemis de la religion; pr?f?r?e, pour la direction de leurs consciences, par les souverains et les personnes pieuses des hautes classes de la soci?t?, elle devenoit ainsi pour l'impi?t? un sujet d'alarmes encore plus vives; et le minist?rialisme, qui commen?oit ? ?tablir son despotisme abject dans toutes les cours, ne la ha?ssoit pas moins que tous ces fauteurs de r?volte et d'anarchie. La compagnie de J?sus , sembloit alors parvenue au plus haut degr? de prosp?rit?, et plus solidement ?tablie qu'elle ne l'avoit jamais ?t?. Elle r?pandoit ? la fois les lumi?res de la religion, et exer?oit les oeuvres de la charit? ?vang?lique au milieu des nations les plus polic?es, et parmi les hordes sauvages les plus abruties; les puissances catholiques de l'Europe lui devoient l'accroissement de leur commerce dans les deux h?misph?res et la civilisation de leurs colonies; ce qui ?toit surtout frappant ? l'?gard du Portugal, dont la puissance, si petite en Europe, ?toit ainsi devenue colossale dans les Indes et dans le Br?sil. Les miracles et l'apostolat de Xavier, les travaux, les sueurs et le sang de ses compagnons et de ses fr?res, avoient valu ? la cour de Lisbonne ces conqu?tes immenses aux extr?mit?s de l'Asie, et avoient f?cond? pour elle ces vastes contr?es de l'Am?rique m?ridionale. Aussi n'?toit-il aucun royaume de la chr?tient? o? les j?suites eussent plus de cr?dit et de pr?pond?rance, dans toutes les classes de la soci?t?, que le Portugal: ce fut du Portugal que partit le signal de leur destruction. Il n'y avoit pas moins de perversit? ? la cour de France qu'? celle de Portugal, et le nombre des pervers y ?toit plus grand. Ils entouroient de m?me un roi livr? ? la paresse et ? la volupt?, mais que des moeurs plus douces et un sentiment inquiet de religion dont il ?toit toujours obs?d?, n'auroient pas permis de rendre complice de mesures violentes contre les j?suites fran?ois; il ne montroit contre eux aucune pr?vention, et avoit m?me donn? des marques d'un vif int?r?t ? ceux de leurs fr?res qui venoient d'?tre pers?cut?s en Portugal. Sa pieuse famille les aimoit et les consid?roit. Appuy?s de ces puissants protecteurs, jouissant de l'estime publique pour la r?gularit? de leurs moeurs et l'utilit? de leurs travaux, non pas seulement dans l'?ducation publique dont ils ?toient presque exclusivement charg?s, mais encore dans toutes les parties du saint minist?re, il ne semble pas qu'il y ait eu d'abord, dans cette coterie d'intrigants qui r?gnoient ? la place du monarque, un projet arr?t? d'imiter les exemples que venoit de donner le ministre portugais. Les complots que l'on faisoit contre les J?suites s'ourdissoient hors de son sein; et il est probable, qu'en ce moment du moins, elle ne se f?t point associ?e ? ses ennemis, si Mme de Pompadour e?t pu trouver, parmi ces religieux, l'instrument docile qu'elle cherchoit, pour l'aider ? masquer son hypocrisie, et ? se perp?tuer dans le pouvoir, en trompant la religion d'une reine vertueuse, dont elle avoit si long-temps encouru le m?pris et entretenu les douleurs. La trop grande simplicit? du J?suite ? qui elle s'?toit adress?e, pour ex?cuter le pr?tendu projet de conversion qu'elle avoit con?u, compromit sa compagnie enti?re, dans l'injonction qu'il lui fit comme premi?re r?paration de ses scandales, de quitter ? jamais la cour. N'ayant jou? cette com?die que dans l'intention de s'y ?tablir plus honorablement, elle fut ? la fois irrit?e et alarm?e de cette d?cision; et jura, d?s ce moment, la perte d'un ordre dont l'influence ?toit grande au sein m?me de cette cour si corrompue, et qui pouvoit, t?t ou tard, jeter, dans l'?me de son royal complice, assez de trouble et de remords pour lui faire ex?cuter lui-m?me la sentence qui venoit d'?tre si unanimement prononc?e contre elle. Pombal avoit ?prouv? les m?mes alarmes et le m?me ressentiment; et des causes ? peu pr?s semblables produisirent de semblables effets. Les plus dangereux ennemis des j?suites, ceux qui pouvoient servir le plus efficacement la vengeance de la favorite, ?toient dans le parlement. Nous avons vu que l? ?toit le foyer du jans?nisme, et que la secte philosophique y avoit aussi ses partisans. Il faut ajouter qu'en sa qualit? d'opposition politique, cette compagnie accusoit les j?suites d'?tre, depuis long-temps, les provocateurs secrets de tous les coups d'autorit? qui avoient pu la contrarier dans ses pr?tentions, ou l'arr?ter dans ses exc?s; et c'?toit l? surtout ce qu'elle ne leur pardonnoit pas. Ce fut Berryer, l'une des cr?atures de Mme de Pompadour, et de lieutenant de police devenu, par sa protection, ministre de la marine, qui pr?para les premiers ressorts de cette intrigue, en lui indiquant, comme propres ? l'aider dans son projet, trois parlementaires qui jouissoient, dans leur corps, d'un grand ascendant; l'abb? de Chauvelin, l'abb? Terray, Laverdy. L'abb? de Bernis fut le quatri?me personnage que l'on initia dans cette manoeuvre t?n?breuse; et l'ami intime de Duclos ?toit bien digne d'y entrer. Tout ?tant ainsi pr?par?, il falloit ou trouver ou faire na?tre une occasion d'?clater: elle se pr?senta malheureusement d'elle-m?me. Un j?suite, dont le nom a acquis une bien triste c?l?brit?, le p?re Lavalette, charg? du temporel des ?tablissements que la soci?t? avoit form?s ? la Martinique, imagina de faire des sp?culations commerciales dans lesquelles il ne pouvoit avoir qu'un seul but, celui d'enrichir son ordre: tout autre e?t ?t? folie. Ses sp?culations, d'abord heureuses, et que ses sup?rieurs imm?diats eurent la foiblesse de tol?rer, ne r?fl?chissant pas que ce qui est innocent pour un particulier cessoit de l'?tre pour un religieux, tourn?rent mal ensuite. Le commerce de France s'?toit plaint, d?s le principe, d'une semblable concurrence: ce qui avoit ?t? un premier scandale. Les fr?res Lioney, n?gociants de Marseille, et d'autres encore, se trouv?rent compromis dans les op?rations d?sastreuses du j?suite-banquier: on le sut, et des agents, mis en oeuvre par la cabale, leur persuad?rent de renoncer ? un projet de conciliation qu'ils avoient entam? avec les maisons de l'ordre, dans la d?pendance desquelles ?toit le p?re Lavalette, pour attaquer l'ordre entier, comme solidaire des ?carts d'un de ses membres. En droit, la maison de la Martinique ?toit seule responsable: toutefois, et malgr? ce droit si ?vident, il e?t mieux valu mille fois, en un cas si grave et si d?licat, consulter la prudence, et ?touffer l'affaire au moyen d'une contribution lev?e sur toutes les maisons de la soci?t?. La cabale manoeuvra avec la m?me adresse aupr?s des premiers sup?rieurs de l'ordre, qu'elle l'avoit fait aupr?s des cr?anciers; et de m?me qu'elle avoit d?termin? ceux-ci ? l'attaque, elle persuada ? ceux-l?, non seulement de se d?fendre, mais, ce qui ?toit le chef-d'oeuvre de sa perfidie, d'user du cr?dit que les J?suites de Paris avoient ? la cour, pour faire attribuer ? la grand'chambre le jugement de ce proc?s. On a peine ? croire qu'une soci?t?, o? dominoient les conseils de tant de personnages ?galement remarquables par l'esprit, les lumi?res, et cette grande exp?rience du monde que leur donnoient leurs nombreuses et continuelles relations avec les classes sup?rieures de la soci?t?, ait pu se laisser prendre ? un pi?ge aussi grossier, se jeter ainsi, t?te baiss?e, dans les filets que lui tendoient des ennemis si bien connus. Il y a, dans ce singulier aveuglement, un dessein de la providence, qu'il ne nous est pas donn? de p?n?trer. Toutefois, d?s le premier pas qu'ils firent dans ce funeste proc?s, les J?suites parurent comprendre les dangers qu'il entra?noit avec lui, puisqu'ils cherch?rent ? ?viter l'?clat des plaidoiries, et demand?rent, par requ?te, que la cause se discut?t par ?crit. Leur demande fut rejet?e; et les premiers m?moires que publi?rent les avocats de leurs adversaires, les premiers plaidoyers qu'ils prononc?rent, leur firent d?j? entrevoir ce qu'on leur pr?paroit. L'affaire des cr?anciers du p?re Lavalette n'y fut trait?e que subsidiairement: ce fut sur les constitutions de la soci?t? que s'exer?a la faconde des l?gistes, que l'on avoit d?cha?n?s contre eux. Dans ces constitutions, si semblables, pour le fond, ? celles de tous les ordres religieux, et sp?cialement en ce qui concerne la loi d'ob?issance enti?re aux sup?rieurs, sans laquelle aucune institution de ce genre ne pourroit subsister, loi d'ob?issance qui n'avoit ici plus d'extension que parce que la compagnie de J?sus embrassoit un plus grand nombre d'oeuvres, ces sophistes gag?s virent le germe de tous les crimes que l'hypocrisie peut commander au fanatisme; et les ayant ainsi travesties, ils les expos?rent avec tous les artifices et toutes les brutalit?s du style de palais, devant un tribunal qui, d'avance, avoit prononc? son arr?t. Sur les conclusions de l'avocat g?n?ral, Pelletier de Saint-Fargeau, jans?niste fougueux, tous les j?suites de France furent d?clar?s solidaires du p?re Lavalette, et condamn?s ? payer les sommes consid?rables dues ? ses cr?anciers. Cet arr?t fut rendu le 8 mai 1761, au milieu des acclamations, des tr?pignements de pieds, et de mille autres d?monstrations d'une joie furieuse que firent ?clater leurs ennemis, accourus en foule pour jouir de leur d?faite. Ce fut comme un signal donn? aux libellistes qui, sur le champ, inond?rent le public de pamphlets o? reparurent, sous toutes les formes, toutes les calomnies invent?es ou recueillies par de plus habiles qu'eux, contre la soci?t?; tactique us?e et mis?rable, que nous signalons, pour ainsi dire, ? chaque instant, dans cette guerre anti-religieuse, mais toujours nouvelle et d?cisive pour la multitude dont le vice incurable est d'?tre ignorante et passionn?e. Ce fut en cette circonstance, tant ?toit effr?n?e la haine des jans?nistes, que commen?a leur alliance ouverte avec les philosophes qui, dans une occasion si favorable au succ?s de leurs doctrines, ne pouvoient manquer d'en faire leurs instruments, en feignant de se pr?senter comme leurs auxiliaires. Les circonstances ne les servoient que trop: une guerre de jour en jour plus d?sastreuse achevoit d'avilir l'autorit? du prince, et l'affoiblissoit de tout ce qu'elle ajoutoit de force au m?contentement de la nation. Ils ?toient s?rs du parlement: le minist?re, et particuli?rement celui qui en ?toit alors le chef, applaudissoit ? leurs doctrines, et ?toit affili? ? leur clique: la perte des J?suites fut jur?e. et des bulles qui y sont relatives, et je lui donne cordialement ma b?n?diction apostolique. >>3? Je ne suis point propri?taire, mais administrateur des domaines du Saint-Si?ge. Je ne puis c?der ni vendre le comtat d'Avignon, ni le duch? de B?n?vent; tout ce que je ferois ? cet ?gard seroit nul, et mes successeurs pourroient r?clamer comme d'abus. >>Au reste, je c?derai ? la force, et ne repousserai pas par la force, quand je le pourrois: je ne veux pas r?pandre une goutte de sang pour des int?r?ts. Vous ?tes, Sire, fils a?n? de l'?glise; je connois la droiture de votre coeur. Je travaillerai volontiers, seul ? seul, avec Votre Majest?, tous les int?r?ts que nous avons ? d?m?ler. Je prie, tous les jours, pour votre prosp?rit?, et je vous donne cordialement ma b?n?diction apostolique.>> Alors se fit sentir, dans toutes les parties du saint minist?re, la plaie qu'avoit faite ? la France la destruction de cet ordre religieux. La pr?dication ?vang?lique perdit en eux ses organes les plus ?loquents; et les moyens mercenaires que l'on crut devoir employer pour exciter, en ce genre, quelque ?mulation, ne servirent qu'? prouver que le z?le et le d?sint?ressement font seuls les orateurs sacr?s. On vit, d?s lors, languir les missions nationales par lesquelles se renouveloit en quelque sorte la face des dioc?ses et des paroisses, se r?paroient les scandales, se ranimoit la ferveur religieuse, et dont les J?suites ?toient les principaux et les plus habiles ouvriers. Le vide fut plus affligeant encore dans les missions ?trang?res: elles tomb?rent presque enti?rement; la soci?t? de J?sus, qui les avoit si admirablement organis?es, ayant seule, dans ses institutions, les moyens de les maintenir florissantes et d'en d?velopper compl?tement les progr?s, au milieu de tant d'obstacles dont elles sont environn?es. Mais c'est surtout dans l'?ducation de la jeunesse que cette plaie fut sensible; c'est l? qu'elle devint irr?m?diable. ? ces ?coles, o? les semences des doctrines et des sentiments religieux p?n?troient de toutes parts l'intelligence des ?l?ves, en m?me temps qu'elle se fortifioit de ces ?tudes profanes dans lesquelles les J?suites encore n'avoient point de rivaux, succ?d?rent des coll?ges, que nous peindrons d'un seul trait, en disant que d'Alembert fut charg? d'y fournir le plus grand nombre des professeurs. Alors venoit de na?tre la g?n?ration qui a fait la r?volution de 1789; et c'est l? qu'elle a ?t? ?lev?e. Ce n'?toit pas contre de semblables ?dits que ce parlement faisoit des remontrances: il se h?ta de montrer combien il approuvoit celui-ci, en rendant un arr?t pour faire ex?cuter une nouvelle loi de silence que le minist?re avoit publi?e, en m?me temps qu'il r?tablissoit les quatre articles, ce qui les mettoit sans contredit hors de toute discussion; et sans perdre un moment il fit payer au clerg? s?culier cette esp?ce de tr?ve qu'il lui avoit accord?e, alors que les j?suites occupoient tout son temps, en recommen?ant ses proc?dures sur les refus de sacrements, remettant en vigueur les poursuites, les d?crets de prise de corps, les bannissements; ordonnant ? des ?v?ques, convoqu?s ? Paris par les agents du clerg?, d'en sortir dans trois jours, comme il auroit pu le faire ? des malfaiteurs; bravant les arr?ts du conseil qui essayoit vainement de mod?rer ses exc?s, et qui commen?oit ? s'en effrayer. QUARTIER SAINT-GERMAIN-DES-PR?S. L'H?TEL DES MONNOIES. Le nombre des g?n?raux ou ma?tres des monnoies a beaucoup vari?. Il n'y en eut d'abord que trois, et alors ils furent unis et incorpor?s aux ma?tres des comptes et aux tr?soriers des finances, qui n'?toient ?galement que trois, dans chacune de ces deux juridictions; et ces neuf officiers furent plac?s dans le palais ? Paris, au lieu qu'occupe encore aujourd'hui la chambre des comptes. Les g?n?raux des monnoies avoient, dans cette enceinte, une chambre particuli?re, dans laquelle ils s'assembloient, pour ce qui concernoit le fait de leur juridiction. Ces trois corps ayant ?t? augment?s sous Charles V, cette circonstance amena leur s?paration, qui fut faite vers 1358. Alors la chambre des monnoies fut plac?e au-dessus du bureau de la chambre des comptes; et ce tribunal y tint ses s?ances jusqu'en 1686, qu'il fut transf?r? au pavillon neuf du palais, du c?t? de la place Dauphine, o?, depuis cette ?poque jusqu'? celle de la r?volution, il a toujours ?t? ?tabli. Les g?n?raux des monnoies ?toient alors au nombre de huit; ils furent ensuite successivement maintenus ainsi, ou diminu?s par les successeurs de Charles V jusqu'? Fran?ois Ier, qui porta jusqu'? onze le nombre de ces officiers, un pr?sident et dix conseillers. Au mois de janvier 1551, la chambre des monnoies fut ?rig?e en cour et juridiction souveraine et sup?rieure, comme ?toient les cours du parlement, pour juger par arr?t, et en dernier ressort, toutes mati?res tant civiles que criminelles, dont les g?n?raux avoient auparavant connu ou d? conno?tre. Il y eut encore, ? cette ?poque et depuis, plusieurs cr?ations et suppressions dont le d?tail deviendroit fastidieux: il nous suffira de dire qu'en 1789, on comptoit, dans cette cour, un premier pr?sident, huit autres pr?sidents, deux chevaliers d'honneur, trente-cinq conseillers, tous officiers de robe longue, deux avocats g?n?raux, un procureur g?n?ral et deux substituts, un greffier en chef, deux commis du greffe, un receveur des amendes et ?pices, un huissier en chef, et seize huissiers, etc., etc. Cette cour, suivant sa cr?ation, avoit le droit de conno?tre, en toute souverainet?, du travail des monnoies, des fautes, malversations et abus commis par les ma?tres-gardes, tailleurs, essayeurs, monnoyeurs, ajusteurs, changeurs etc., et autres faisant des monnoies, circonstances ou d?pendances d'icelles, ou travaillant et employant les mati?res d'or, d'argent, en ce qui concernoit leurs charges, m?tiers, etc. Elle connoissoit ?galement par pr?vention, et en concurrence avec les baillis, s?n?chaux et autres juges, des faux monnoyeurs, rogneurs, alt?rateurs des monnoies, et g?n?ralement de tous ceux qui transgressoient les ordonnances sur le fait des monnoies, tant fran?oises qu'?trang?res. Ce fut le d?p?rissement sensible de ces vieilles constructions qui d?termina M. de Laverdy, alors ministre des finances, ? faire b?tir un nouvel h?tel des Monnoies. Il choisit, ? cet effet, un emplacement d'un bel aspect, mais qui du reste n'?toit rien moins que favorable, dans sa disposition, ? la construction d'un semblable monument, l'ancien h?tel de Conti. La premi?re pierre de l'?difice fut pos?e en 1771, par M. l'abb? Terray, contr?leur g?n?ral; et le monument s'?leva sous la direction de M. Antoine, habile architecte, dont le ministre avoit adopt? les dessins. Destin? ? contenir une foule d'objets d'une nature diff?rente, tels qu'une ?cole et un cabinet de min?ralogie, une grande administration, de vastes ateliers, une forte manipulation de m?taux, une immense r?union d'ouvriers, cet h?tel pr?sentoit ? l'architecte de nombreuses difficult?s; et il ne sembloit pas ais? de bien d?terminer le genre de d?coration propre ? un semblable monument; car s'il ne devoit avoir ni l'aspect pompeux d'un arc de triomphe, ni l'?l?gance magnifique et recherch?e d'un palais, destin? cependant ? donner une grande id?e de la richesse nationale, il ne pouvoit ?tre trait? dans le style s?v?re d'un simple monument d'utilit? publique. L'architecte a r?solu ce probl?me avec une habilet? et un succ?s qui ne laissent rien ? d?sirer. Il sut profiter, avec beaucoup d'art, des deux faces que pouvoit offrir le monument, pour les accorder avec la nature des objets qu'il devoit renfermer, et combiner sa distribution int?rieure avec l'effet ext?rieur de la d?coration. Les ateliers furent rejet?s sur la rue Gu?n?gaud; les pi?ces d'apparat et l'entr?e principale se d?velopp?rent sur le quai de Conti. Il d?cora cette derni?re fa?ade d'une ordonnance d'Architecture et de figures all?goriques, tandis qu'il adoptoit, pour les b?timents secondaires, un style plus ferme, qui, pour ?tre priv? de la pr?sence des ordres, n'en a pas moins le genre de beaut? et le caract?re qui lui sont propres. Il y joignit la pr?caution essentielle d'isoler des autres b?timents celui o? l'on frappe la monnoie, pour leur ?viter l'?branlement et la secousse des balanciers. Cet ?difice ne pr?sente que deux faces d'un triangle, ayant chacune environ soixante toises. Il est divis? en trois grandes cours et plusieurs autres moins consid?rables, toutes entour?es de b?timents. Le principal corps de logis, ayant face sur le quai, renferme un superbe vestibule, orn? de vingt-quatre colonnes doriques, un bel escalier que d?corent ?galement seize colonnes ioniques, un immense et pr?cieux cabinet de min?ralogie, plusieurs cabinets de machines, des salles pour l'administration et de vastes logements. Au fond de la grande cour, entour?e de galeries, est la salle des balanciers; celle d'au-dessus est occup?e par les ajusteurs. Elles ont chacune soixante-deux pieds de longueur sur trente-neuf de largeur; ? c?t? est une chapelle dont on a fait depuis une pi?ce de travail. Le surplus des b?timents se compose d'ateliers et autres d?pendances. La d?coration de la fa?ade principale pr?sente un avant-corps de six colonnes ioniques, ?lev?es sur un soubassement de cinq arcades, orn? de refends; un grand entablement, avec consoles et modillons, couronne l'?difice dans toute sa longueur. L'avant-corps est surmont? d'un attique, au devant duquel sont six figures isol?es. Ces figures ex?cut?es par Pigale, Mouchy et Le Comte, repr?sentent la Loi, la Prudence, la Force, le Commerce, l'Abondance et la Paix. La seconde fa?ade, sur la rue Gu?n?gaud, offre un attique, sur un soubassement de m?me hauteur que celui de la premi?re, et orn? de bossages. Sur l'avant-corps, on a plac? les figures des quatre ?l?ments, ex?cut?es par Caffieri et Dupr?. L'extr?mit? du grand b?timent forme pavillon ? l'un des bouts de cette fa?ade. On en a construit un pareil ? l'autre bout, mais uniquement pour la r?gularit? de la d?coration. Le cabinet de min?ralogie, qui occupe le pavillon du milieu au premier ?tage, est d?cor? de vingt colonnes corinthiennes d'un grand module, qui soutiennent une tribune r?gnant au pourtour dans la hauteur du deuxi?me ?tage; il est orn? de bas-reliefs et d'arabesques. Les corniches, les chambranles des portes et des crois?es, sont enrichis d'ornements sculpt?s et dor?s, mais distribu?s avec go?t et sans confusion. Un lambris circulaire renferme des banquettes pour les personnes qui assistent au cours de min?ralogie, et sert de fond aux armoires ?tablies sur sa face ext?rieure, pour renfermer la collection des min?raux. Personne n'ignore que cette collection pr?cieuse est la plus compl?te qui existe en Europe. La pi?ce qui la contient et que nous venons de d?crire est d'un style tr?s noble; mais elle p?che peut-?tre par un exc?s de richesse. Ces dorures, cette vari?t? de couleurs dont elle est par?e, lui donnent plut?t l'air d'une salle de concert ou de bal, que d'un lieu destin? ? l'?tude. Telle qu'elle est cependant, il n'en est aucune du m?me genre qu'on puisse lui comparer. Les cours de l'?cole royale des mines, ind?pendants des cours publics qui se tenoient trois fois la semaine, avoient lieu tous les jours dans cette salle. Le public pouvoit y assister; mais on n'?toit admis au nombre des ?l?ves qu'apr?s avoir subi des examens. LE COLL?GE MAZARIN, DIT DES QUATRE-NATIONS. Le monument, commenc? sur les dessins de Levau, premier architecte du roi, fut ex?cut? par deux autres architectes, Lambert et d'Orbay. On d?molit ? cet effet, en 1662, la tour de Nesle, reste des anciens h?tels dont nous venons de parler; et sur ce vaste emplacement, s'?lev?rent assez rapidement, et les immenses constructions qui forment le corps de cet ?difice, et cette fa?ade, unique dans son genre ? Paris, qui se compose d'un avant-corps, surmont? d'un d?me et de deux ailes en demi-cercle, que terminent deux gros pavillons; m?lange singulier de parties incoh?rentes, de lignes ressaut?es, de pilastres alli?s avec des colonnes et de toutes les combinaisons syst?matiques de l'ancienne architecture fran?oise, mais dont la masse pr?sente cependant une d?coration d'un effet imposant, et tel qu'on pouvait le d?sirer pour accompagner heureusement la fa?ade lat?rale du Louvre, situ?e en regard, sur la rive oppos?e de la Seine. On a reproch? aux deux pavillons du coll?ge des Quatre-Nations d'intercepter le passage et m?me la vue du quai dans toute son ?tendue; et, depuis long-temps, l'opinion g?n?rale semble demander leur d?molition. Le quai y gagneroit sans doute; mais il faudrait renoncer ? l'heureux effet que produisent les masses combin?es du d?me et de ces pavillons, disposition pittoresque et th??trale que l'on trouve si rarement ? Paris, o? la plupart des monuments, ensevelis au milieu d'une foule de constructions ?trang?res, ne se pr?sentent presque jamais, dans tout leur d?veloppement, et sous un point de vue agr?able. Il est certain que, ces deux parties du b?timent ?tant d?truites, le d?me, isol? dans une trop vaste ?tendue, ne paro?troit plus qu'un point maigre et de l'aspect le plus mesquin. CURIOSIT?S DE LA CHAPELLE. SCULPTURES. Dans les pendentifs de la coupole, les quatre ?vang?listes en bas-reliefs; par le m?me. Entre les pilastres de l'ordre sup?rieur, les douze ap?tres en m?daillons; par le m?me. Sur la balustrade qui r?gne ext?rieurement au dessus du portail, les quatre ?vang?listes et les p?res des ?glises grecque et latine; par le m?me. Dans le fronton, un cadran accompagn? des deux figures all?goriques de la Science et de la Vigilance. Le pav? et toutes les d?corations de l'autel, ex?cut?s en marbre, pr?sentoient une grande magnificence. S?PULTURE. Les b?timents de ce coll?ge sont immenses et se prolongent le long de la rue Mazarine, divis?s en trois cours. Toutes ces constructions, celles de la premi?re cour except?es, n'ont absolument aucun m?rite sous le rapport de l'architecture. Cette premi?re cour pr?sente, de chaque c?t?, un portique en arcades, orn? de pilastres corinthiens; l'un m?ne ? la biblioth?que qui occupe le pavillon de la gauche, et la plus grande partie de cette face lat?rale; l'autre sert d'entr?e ? la chapelle. La seconde cour, l'une des plus vastes de Paris, n'a de b?timents que de deux c?t?s seulement. Au rez de chauss?e ?toient les classes, et au premier ?tage les appartements, des ma?tres et les dortoirs des boursiers. La troisi?me, qui est la plus petite, renfermoit les cuisines, les offices, etc.. BIBLIOTH?QUE. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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